Insight: Acte III : Le Maître

Par Frédéric Tort

Alexandre Vicerain, 30 ans, étouffé par le poids d’une vie professionnelle qu’il déteste, est un auteur frustré qui ne parvient pas à assouvir sa passion pour l’écriture. Chaque fois qu’il essaye de coucher un mot sur le papier, il est saisi d’une terreur viscérale qui le paralyse et le plonge peu à peu dans une dépression profonde.
Afin de lui sauver la mise et libérer son monde intérieur de l’emprise de trois mystérieux dictateurs, Alexis, son inconscient, va risquer le tout pour le tout, au péril de sa propre intégrité. Au gré de maintes aventures, durant lesquelles il va rencontrer des personnages exceptionnels, il va tenter d’aider Alexandre à enfin embrasser sa liberté.
Deux trames narrées en parallèle qui nous racontent l’histoire d’une quête universelle : celle du bonheur.

« Quoi que l’on puisse s’infliger à soi-même ou quel que soit l’endoctrinement subi, le Maître sommeille tout au fond. Il se terre, guettant un signe... »

• Langue: Français
• Éditeur: Éditions Hélène Jacob
• Date de sortie: 13 nov. 2023
• ISBN: 9782370117472

Frédéric Tort

Bien que né au siècle dernier, Frédéric Tort a toujours su rester jeune.Après avoir survécu à quelques années de petits boulots dérisoires, il s’est lancé dans une carrière de réalisateur/producteur audiovisuel qu’il poursuit encore aujourd’hui.Depuis toujours passionné de littérature, ce n’est qu’à l’aube de ses 45 ans qu’il écrit son premier roman. Il y a toujours dans ses créations cette urgence de réveiller un sentiment de plaisir dans le cœur de ses lecteurs. Une intrigue prenante, pour le transporter, un rythme calculé pour le faire basculer dans une fantaisie créée et matérialisée par un imaginaire qui lui est propre. Une envie également de pousser son public sur des pistes de réflexion, de le faire réagir sur des points de la réalité qui lui sont sensibles.Qui ne se rappelle pas ses premières lectures ? Celles de Frédéric Tort ont été une succession d’aventures inimaginables, inconcevables, d’intrigues palpitantes, de retournements de situation, de voyages autour de la Terre, au centre de la Terre, sur la Lune ! L’envie que le lecteur reçoive ce plaisir est sa motivation première. L’irrésistible attrait de l’histoire qui nous fait tourner page après page.

Aperçu du livre

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INSIGHT

Acte III

Le Maître

Frédéric Tort

Published by Éditions Hélène Jacob at Smashwords

Copyright 2023 Éditions Hélène Jacob

Smashwords Edition, License Notes

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© Éditions Hélène Jacob, 2023. Collection Fantasy. Tous droits réservés.

ISBN : 978-2-37011-747-2

Mieux vaut une bonne guerre qu’une mauvaise paix.

Proverbe finlandais

Tout doit pouvoir être libéré de sa coque… Ne vous croyez pas à l’intérieur d’une caverne, mais à la surface d’un œuf.

André Breton

Précédemment…

Le second acte du présent ouvrage a présenté un Alexandre plus offensif et bien décidé à prendre le taureau par les cornes. La guerre a enfin été déclarée pour mettre à bas les nombreux blocages qui paralysaient son écriture et il se jette corps et âme dans ce combat contre lui-même qu’il repoussait depuis si longtemps.

Dans son monde intérieur, Alexis déborde d’un enthousiasme tout aussi considérable. Accompagné de Liane, une jeune pensée positive qui l’a aidé à s’échapper de l’Hospitalum, il vole un souvenir bien particulier dans l’un des centres d’archivage d’Encéphalon pour l’injecter ensuite dans la conscience de l’Amphitryon. L’idée est de déclencher chez l’hôte une cassure avec sa façon d’être actuelle.

La démarche fait son effet. Ne supportant plus la routine imbécile et exécrable de son travail, Alexandre laisse exploser toute sa fureur au visage d’une cliente mécontente, ce qui lui vaut une convocation dans le bureau de son patron. Ce dernier lui sert un abondant et ennuyeux sermon qui provoque l’une de ses fameuses absences, durant laquelle il voyage jusqu’aux frontières de lui-même. C’est Maurice, un chauffeur de taxi transvibrationnel et détenteur de la flamme d’équinoxe, qui le mène vers ce qu’Alexandre mentionnera plus tard comme le tribunal de sa conscience. Il y est confronté à la dure réalité de sa situation et comprend qu’il ne doit plus blâmer le reste du monde pour ses propres échecs. Une fois qu’il a réintégré son corps, Alexandre démissionne de son travail. Il s’empresse de rejoindre Mélanie pour fêter avec elle cette liberté fraîchement retrouvée.

Pendant ce temps, Alexis est contacté par Invictus, le leader de la résistance, qui le convie à une rencontre, car il sent le Passeur enfin prêt à récupérer le contrôle de son ministère. Malheureusement, la réunion n’a jamais lieu et toute l’initiative bascule dans le drame. Il constate alors l’étendue de la trahison dont il est victime.

Poussée par monsieur Angoisse, Liane dévoile son vrai visage. Elle n’est autre que Lanie, la Passeuse de Mélanie s’est déguisée en pensée positive et suit les ordres du chef des SSS, depuis l’évasion de l’Hospitalum. Une machination diabolique orchestrée de main de maître et destinée à repérer le quartier général des résistants, afin de les anéantir. Un pauvre type, désigné comme Invictus, est tué d’une balle dans le crâne, à quelques pas d’Alexis. Tous les espoirs du Passeur sont alors ruinés… Il vient d’être brisé sous les yeux des membres de la Triade, dont on découvre enfin les vrais visages. Ils ne sont autres que Pater, Mater et le Dominus.

Lorsque Alexandre revient chez lui, il tombe lui aussi dans une embuscade. Obéissant à contrecœur aux ordres du psychiatre Lefol, Mélanie a invité les parents de son mari à déjeuner. Une réunion familiale pour le dissuader, une bonne fois pour toutes, de poursuivre son rêve insensé d’écriture. Le jeune homme est dévasté par la trahison de sa femme et s’enfuit de son appartement. Il traîne sa misère sur les berges de la Garonne lorsque le destin lui envoie une personne insolite. Vanessa, une coach de vie, se prend de pitié pour lui et lui propose de l’aider à remettre le pied à l’étrier.

Sur le chemin qui conduit Alexis à l’Hospitalum, le convoi de monsieur Angoisse est la cible d’une attaque-surprise. Invictus a vu clair dans les basses manœuvres de son ennemi et l’a battu à son propre jeu. Assisté d’un peloton de résistants, il réussit à récupérer le Passeur pour le placer en lieu sûr. Ce dernier, blessé lors du violent sauvetage, va être pris en charge par Nessa, une mystérieuse et charismatique guérisseuse…

Bienvenue, ô lecteur impénitent.

Si vous lisez ces lignes, c’est que, une fois encore, la curiosité vous tient et caresse votre intellect de ses longs doigts délicieux. Vous ne pouvez résister à l’appel de l’aventure initiatique qui est à l’œuvre. La résolution de cet infernal imbroglio du subconscient qui chamboule si ardûment le destin d’Alexandre est enfin à portée de main. La solution à tous les maux, une vérité millénaire fort longtemps bafouée, est sur le point d’être révélée.

Cramponnez-vous toutefois à ces quelques pages restantes, car l’histoire n’a pas fini de tournebouler et vous réserve encore quelques surprises douces-amères.

Nyx, le nain boursicoteur de rêves

1 – La deuxième année

La lumière diffuse et colorée qui traversait les splendides vitraux de la majestueuse salle de cérémonie de l’école des Passeurs conférait encore plus de solennité à l’événement qui y prenait place. Tous les élèves des trois années qui constituaient la totalité du cursus scolaire étaient présents et attentifs. Ils écoutaient le recteur et illustre professeur Protagores qui présidait le rituel d’ouverture. Petit Alexis était assis aux côtés de son bon ami Totof dans les rangs de ceux de son âge. Il buvait les paroles de celui qu’il considérait de plus en plus comme son mentor. Le jeune Passeur avait clôturé l’année précédente avec honneur, terminant parmi les premiers de sa promotion. Lui qui avait commencé dans la défaveur la plus totale avait maintenant surpassé la plupart de ses compagnons et cela lui procurait une certaine fierté.

— Les cycles régentent tout ce qui est et sera. Tout cycle a un enclenchement et un trépassement. Parfois, les prémisses peuvent être la fin et rebrousse-versa. Notre école ne déroge pas à la règle. Vous avez claboté le cursus d’une année scolaire pour en commencer une nouvelle. Et nous voilà tous réunis au même endroit que l’année dernière… La seule distinction, et non des moindres, étant la somme d’expériences assimilées que nous trimbalotons avec nous. À la fin de cet an, nos « troisième année » vont concourir au tournoi international des Passeurs pour boucleter leurs études et valider leur diplôma.

Une clameur bienheureuse parcourut les rangs des intéressés. Ce tournoi représentait l’accomplissement de trois dures années d’apprentissage, mais surtout la prise de contrôle du destin de l’Amphitryon. C’était un événement saturé d’épreuves divertissantes et difficiles qui baignait dans la joie de belles rencontres avec les Passeurs des régions voisines.

— Nos « deuxième année » complètent leur huitième année d’existence et connaîtront leur Maître dans quelques mois. C’est un aboutissement révélateur dont l’importance est capitale pour le futur de vos Hôtes. Le Bivium Initiatis n’est pas un rituel à prendre à la légère. Certains pourraient s’y emberlificoter le cervelet, s’il n’est pas entrepris aux suites d’une préparation rigoureuse. Pour cela, les « deuxième année » commenceront un cours avec madame Cervola, qui est notre nouvelle professeure de Cogita. Elle remplace madame Sirbius, qui a décidé de mettre fin à sa carrière d’enseignante pour se consacrer à l’étude du Nirvana.

Une dame, dont la silhouette fine inspirait respect et admiration, se leva à la demande de Protagores. Ses yeux presque transparents semblaient percer les secrets de l’univers et lui conféraient un charme indéniable. Cette femme azimute au-delà des âmes, pensa Petit Alexis. Elle avança avec élégance jusqu’à l’autel qui flottait devant le vieux professeur et toisa un instant les rangs des « deuxième année ».

— La Cogita est une discipline exigeante qui vous trimballera jusqu’aux tréfonds de vos êtres. Et ces genres de transbahutages sont extrêmement dangereux. Je vous initierai aux techniques fondamentales et vous fournirai les armes mentales nécessaires pour survivre à la fission et ensuite à la fusion avec votre Maître. Cette année sera l’une des plus déterminantes de votre vie, car elle en tracera le chemin.

Petit Alexis était émerveillé par les dires de ces deux professeurs. Il mesurait intuitivement l’importance du savoir qu’il allait engranger au cours de l’année. Une impatience craintive lui titilla les intestins, lorsqu’il imagina la rencontre avec son propre Maître. Cet enseignement allait assurément influencer le reste de son existence et il était bien décidé à donner tout ce qu’il avait pour en tirer le maximum. Il visualisa une vie passée aux commandes de son destin et cela le tranquillisa. Toutefois, une sorte d’appréhension vint recouvrir de son voile pesant cette douce vision de futur. Comme une intuition insidieuse qui le poussa, sans trop savoir pourquoi, à poser le regard sur le professeur Fervérus. Il remarqua avec effarement que ce dernier ne le quittait pas des yeux. Il affichait la mine de ceux qui ourdissent des traquenards et conspirent intérieurement. Cela l’incommoda au plus haut point. J’abomine ce professeur, il me frissonne l’échine avec sa tête de corbeau !

— Pour la première fois dans l’histoire de l’école des Passeurs, intervint Protagores, nous vous concéderons un accès au Pantallum. C’est un artefact qui permet de miroiter ce que visiote votre Amphitryon en temps réel. Ce sera votre fenestrage sur le monde extérieur, un hublot par lequel vous zieuterez ses trépidations. Cela n’était autorisé qu’aux « troisième année », mais, après de longues et passionnantes conversations avec madame Cervola, nous avons décidé de changer le programme.

— Lorsque vous vivrez votre Bivium Initiatis, vous serez seuls et seules dans des limbes qui seront à l’image de vos états d’âme, continua l’élégante professeure. Je vais vous apprendre à dompter votre esprit, afin d’être en totale maîtrise de ces événements fondateurs. Je vous souhaite une excellente année.

Madame Cervola retourna s’asseoir auprès de ses confrères, au fond de la salle. Petit Alexis était perturbé par le sentiment désagréable qu’il avait éprouvé en croisant le regard de son ancien Dominus. Que je sois interné par tous les psychiatres si ce croque-mitaine de professeur ne tripote pas un sale coup !

— Je déclare ouverte la transcendance spirituelle de l’année cent quatre-vingt-dix-huit mille neuf cent sept ! clama Protagores.

Le tonnerre d’applaudissements arracha Petit Alexis à ces sombres pensées. Après tout, Fervérus n’est plus mon Dominus. Mes inquiétudes ne sont pas nécessaires ! Il embrassa avec plaisir la bonne humeur générale et rejoignit ses camarades qui allaient prendre possession de leurs quartiers.

2 – Le point de rendez-vous

Cela faisait plusieurs heures qu’Alexis et Nessa arpentaient la montagne des exilés. Entièrement vêtus de noir et chargés de gros sacs à dos, ils haletaient sous le soleil et devaient pourtant forcer le pas.

— Hâtons-nous, dit-elle, les compères doivent déjà être en poireautage.

— Nous nous trouvons à courte distance, répondit-il entre deux souffles.

Il les ralentissait et en était conscient. Son état de santé s’était grandement amélioré, mais il était encore en convalescence, à la suite de son sauvetage musclé, et traînait un peu la patte. Nessa affirmait que son entraînement ne serait efficace que s’il était totalement isolé et seul face à lui-même. La veille, Capuche leur avait fait parvenir un message de la résistance, qui offrait son assistance. Ils rejoignaient donc maintenant un groupe de combattants qui venaient leur prêter main-forte dans l’attaque du centre de communications. La mission était simple : couper toutes les transmissions, autant intérieures qu’extérieures. Encéphalon tel qu’ils le connaissaient ne serait plus. Un changement radical qui était forcé par la situation particulière dans laquelle se trouvait l’Hôte. Ce serait un coup très dur pour la Triade, qui ne s’attendait probablement pas à une réaction si drastique de la part du Passeur. Il s’agissait d’un acte très audacieux, car le danger de perte d’identité était grand. L’Amphitryon serait « en roue libre », sans aucune influence de son ministère, qui lui-même ne percevrait plus rien des faits et gestes de son Hôte. Parfois, il était nécessaire de tailler les branches corrompues d’un arbre moribond pour que de plus saines les remplacent et donnent ainsi une chance à la vie d’éclore naturellement.

Au détour d’un rocher un peu plus saillant que les autres, et poussée par une intuition soudaine, Nessa leva silencieusement son poing fermé pour stopper son compagnon. Elle lui fit signe de ne faire aucun bruit avant de surgir comme un diable et de surprendre un pauvre gonze qui les attendait sous le couvert d’un buisson. Il porta un souffleur de sommeil à sa bouche, mais fut désarmé avant qu’il n’ait pu lancer son dard. Elle lui tordit le bras et l’immobilisa à terre.

— Qui es-tu, cornecul ? Pourquoi es-tu là ?

En voyant la sarbacane et les vêtements du type, Alexis en déduisit qu’il faisait partie de la résistance. Il était des leurs.

— Parle ou je te brise l’os !

— Je crois bien que nous avons aboulé au point de rendez-vous, annonça le Passeur en s’amusant de la réaction de la guerrière.

— Effectivement ! lança une voix qu’il lui sembla avoir déjà entendue.

Un homme à la barbe blanche trônait fièrement sur le rocher et tenait Nessa en joue avec son fusil. Un béret retenait tant bien que mal ses cheveux hirsutes et lui conférait un air de révolutionnaire désaxé. Une veste de couleur marron en cuir épais le recouvrait jusqu’à mi-cuisses. Son regard vif étincelait d’expérience et dominait un petit nez retroussé qui semblait taillé dans une roche semblable à la pierre qu’il surplombait.

— Je vous conseille de décoincer mon camarade.

Aussitôt, une dizaine de compagnons surgirent de nulle part et encerclèrent les arrivants. Tous pointèrent leur arme sur la guerrière. Elle contempla ses assaillants pour mesurer le niveau de danger qu’ils représentaient et lâcha finalement prise en levant les bras en l’air.

— Je suis venu avec les plus coriaces pensées de mon groupe, vous en avez pisté un, mais manqué neuf autres.

Le chef descendit de son rocher et posa une main bienveillante sur l’épaule d’Alexis.

— Je vois que tu t’es remis sur pied vitement, dit-il avant de détailler Nessa de la tête aux pieds. Et que tu as défagoté une aide inespérée.

— Invictus, répondit le Passeur avec admiration.

Cet homme-là n’avait presque rien en commun avec le vieux fou pétillant qu’il avait rencontré dans l’Hospitalum. Sa charpente solide, malgré l’âge de l’individu, produisait une certaine sensation de sécurité. La façon dont il toisait Alexis était assurément celle d’un meneur. Il suffisait d’un simple regard pour comprendre que ce gaillard était sans équivoque le chef de la résistance.

— Je n’ai pas eu l’occasion de vous remercier de m’avoir sauveté des griffes de monsieur Angoisse. Par deux fois, qui plus est.

— Je n’ai fait que mon devoir, jeune homme.

Il lui tapota paternellement la joue.

— Je le referai avec plaisir.

— Vous m’avez bien dindonné à l’Hospitalum, je vous croyais totalement foldingo.

Le visage d’Alexis s’assombrit.

— J’ai été trahi. Je suis désolé de vous avoir coltiné autant de contrariétés.

— Nous le savions depuis le début. Nous supposions également que cette pensée positive qui t’accompagnait était de mèche avec l’ingrat. C’est pour cela que nous ne t’avons pas mis dans la confidence et que nous avons traficoté cette petite mascarade, au quartier général. Ça a été grâce à toi, d’ailleurs.

— Moi ?

— Comme tu as eu la bonté d’ouvrir ma cellule, j’ai pu fuguer. J’ai surpris Angoisse tandis qu’il te laissait filocher entre ses doigts. J’ai alors pigé que tout était prémédité et que je devais m’entremettre vitement. Grâce à toi, nous avons raperché l’initiative !

— Ils ont déquillé quelqu’un sous mes yeux !

— Un pauvre bougre condamné qu’ils ont exécuté à ma place.

Une triste pensée déforma le visage d’Invictus.

— C’était l’un des nôtres… un grand combattant mort pour la cause.

Il porta une main à son cœur, puis à son front, tout en levant le regard vers le ciel.

— Vers le néant et le repos.

— Vers le néant et le repos, reprirent à l’unisson tous les résistants, en faisant le même geste.

— Ils m’ont bien eu, les sales crottés ! J’ai cru perdre la raison.

— La raison n’éclaire que les naufrages{1}, mon ami, et il est parfois nécessaire de la perdre pour en rapercher plus tard le bon usage.

— Je ne veux pas tournebouler vos retrouvailles, mais la nuit est bientôt sur nous, interrompit Nessa.

— En effet, mais nous ne nous sommes pas présentés. Je suis Invictus, le chef de la résistance.

— Nessa, une Passeuse. Mon Amphitryonne a décidé de secourir le sien, précisa-t-elle en pointant Alexis du menton.

— Toute aide est bienvenue.

Deux maquisards arrivèrent en courant par le sentier qui serpentait vers le sommet de la montagne.

— Parfait ! Voilà Alexander et Aubrac, mes deux meilleurs éclaireurs.

Ils se dirigèrent directement vers Invictus. Tous formèrent un cercle pour entendre ce qu’ils avaient à dire.

— Le centre est entouré d’une trentaine de soldats répartis par groupes de deux et qui patrouillent constamment, commença Alexander.

— Il y a une seconde issue dans la partie arrière du bâtiment, seulement gardée par