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L' ÉVEIL DU MAITRE
L' ÉVEIL DU MAITRE
L' ÉVEIL DU MAITRE
Livre électronique426 pages6 heures

L' ÉVEIL DU MAITRE

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À propos de ce livre électronique

Découvrez un nouvel univers fantastique en suivant les tribulations d’un maître et de son disciple à travers une série d’aventures formidables. Ensemble, ils rencontreront de nouvelles races, survivront à des guerres et accompliront des quêtes qui dévoileront en partie ce qu’on peut faire quand il est possible de manipuler le mana, ou qu’on possède certains artefacts magiques.
Voyez comment Belan enseignera à Jeffren la musique, la science du combat et l’art de convaincre ceux qu’ils croiseront sur leur chemin. Pendant ce temps, le disciple découvrira plusieurs leçons de vie alors qu’il s’entraînera à narrer l’histoire d’un ancien héros légendaire.
Voici le premier volume de Chants et légendes d’Artiyan : L’odyssée du maître.
LangueFrançais
Date de sortie10 nov. 2023
ISBN9782897758585
L' ÉVEIL DU MAITRE
Auteur

Stéphane Jalbert

Auteur et conférencier, Stéphane Jalbert offre à ses clients une approche différente : celle d’accéder à leurs propres réponses à travers une voie qui unit spiritualité et psychologie. Il souhaite ainsi permettre au génie qui réside en chacun de nous de s’exprimer librement. Cette philosophie de vie, qu’il applique lui-même, est le fruit de plus de trente années d’études, d’observations et d’expérimentations.

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    Aperçu du livre

    L' ÉVEIL DU MAITRE - Stéphane Jalbert

    Chants et légendes d'Artiyan

    Tome 2

    L’éveil de l’ombre

    Stephane Jalbert

    Conception de la page couverture : © Les Éditions de l’Apothéose

    Images originales par DaZ

    Erratum : Images originales du livre L’odyssée du maître par DaZ

    Sauf à des fins de citation, toute reproduction, par quelque procédé que ce soit, est interdite sans l’autorisation écrite de l’auteur ou de l’éditeur.

    Distributeur : Distribulivre  

    www.distribulivre.com  

    Tél. : 1-450-887-2182

    Télécopieur : 1-450-915-2224

    © Les Éditions de l’Apothéose

    Lanoraie (Québec)  J0K 1E0

    Canada

    apotheose@bell.net

    www.leseditionsdelapotheose.com

    Dépôt légal — Bibliothèque et Archives nationales du Québec, 2023

    Dépôt légal — Bibliothèque et Archives Canada, 2023

    ISBN EPUB : 978-2-89775-858-5

    Imprimé au Canada

    Chants et légendes d'Artiyan

    Tome 2

    L’éveil de l’ombre

    Eayins

    Nous avons demandé à un valeureux paladin de nous expliquer comment un eayin parvient à manier le mana. Voici ce qu’il nous a répondu.

    « Un eayin est quelqu’un dont une des glandes dans le cerveau est activée de telle sorte qu’elle donne accès à la dimension où résident les Dieux. Celle-ci agit en fait comme une porte entre ce monde et le nôtre. C’est ce qui permet à une personne de manipuler le mana. 

    Cette énergie aux propriétés magiques se trouve naturellement dans l’eau, dans l’air et dans la nourriture, bien qu’en infime quantité. Il est donc nécessaire de l’emmagasiner en soi afin de la manier et de lui faire prendre la forme désirée à travers un sort.

    Un eayin doit alors s’assurer d’avoir suffisamment de mana en lui pour créer les sorts dont il a besoin. Plus un eayin s’entraîne, plus sa capacité à accumuler et à manipuler cette forme d’énergie est considérable. Cependant, plus l’eayin a de l’expérience, plus ses sorts sont puissants et, ainsi, nécessitent une plus grande quantité d’énergie. Il est donc essentiel de bien gérer la puissance de ceux-ci lors d’un combat.

    C’est en ouvrant la porte vers l’autre dimension que la capacité de manipuler le mana s’active. À ce moment, un halo, plus ou moins grand, enveloppe celui ou celle qui utilise son pouvoir. Plus le sort est puissant, plus l’énergie qui entoure l’eayin occupe d’espace, ou reste tout près de celui qui l’active et connaît une extrême densité. Cette enveloppe magique est invisible pour quelqu’un qui n’est pas un eayin.

    Quand deux eayins alliés combinent leurs énergies, celles-ci peuvent s’alimenter l’une l’autre, créant ainsi une immense aura de pouvoir. Cependant, lorsque deux ennemis se rencontrent, le choc entre les deux énergies de natures contraires peut devenir un danger pour ceux qui se trouvent trop près, bien que je n’aie vu personne possédant un niveau de puissance suffisant pour qu’un impact réel se fasse sentir.

    La glande donnant accès au monde divin est naturellement ouverte et un eayin qui ne contrôle pas cette ouverture s’expose à de graves dangers. En effet, comme la personne est constamment entourée d’un halo d’énergie, un autre eayin pourrait s’attaquer à lui pour le tuer et prendre la glande pour lui-même, augmentant ainsi ses propres capacités. Il est donc essentiel pour un eayin, s’il souhaite survivre longtemps et progresser, de pouvoir garder cette porte fermée s’il n’a pas besoin d’utiliser ses facultés magiques. Cette aptitude peut s’avérer fort utile si l’on veut passer inaperçu en territoire ennemi !

    Ah ! Une dernière chose : pour plusieurs d’entre nous, le potentiel s’éveille en même temps qu’un stress immense est vécu. Les grands maîtres qui se sont penchés sur cette question n’ont pas encore déterminé si c’est l’activation de la glande qui cause le stress, ou si c’est l’inverse. Tout ce qu’il nous est possible d’affirmer, c’est que plusieurs innocents ont été grièvement blessés, voire tués, lors de l’éveil du pouvoir d’un eayin. »

    Extrait de l’Encyclopedia Artiyana

    Artiyan

    Une image contenant texte, dessin, carte, croquis Description générée automatiquementUne image contenant dessin, carte, texte, croquis Description générée automatiquement

    L’ombre

    Une ombre se détacha du mur d’une vieille maison abandonnée. Elle flottait librement dans l’air sans avoir besoin d’une paroi ou même du sol pour se mouvoir. Elle semblait n’avoir aucun maître et possédait visiblement sa propre volonté. L’ombre, d’apparence humaine, paraissait vêtue d’un voile noir avec un capuchon qui dissimulait ce qui était situé à l’emplacement de la tête, bien qu’elle n’eût pas de substance physique. Pour se déplacer, la forme sombre se repliait sur elle-même en même temps qu’elle se déployait, le tout dans un mouvement perpétuel.

    L’entité sentit une présence. Un homme la suivait. Est-ce un curieux ou bien celui qui me suit depuis des jours ? se demandait la conscience désincarnée. Elle se dissimula dans une ruelle, profitant de la noirceur qui s’installait en espérant trouver ce dont elle avait besoin pour se défendre. L’homme qui pourchassait la forme hésita avant d’entrer. Il sortit de sa sacoche une petite fiole d’où émanait une lueur blanchâtre. Il murmura une incantation et pénétra dans le passage.

    Il sentait son cœur battre à tout rompre et tout ce qu’il percevait à ce moment était le sang qui percutait violemment ses tempes de l’intérieur. Boum boum… boum boum… boum boum… Il ne pouvait trouver la chose qu’il poursuivait, car n’importe quel coin était propice à dissimuler la présence de celle-ci.

    Le poursuivant sentit quelque chose à la cheville… une morsure ? Par réflexe, il regarda derrière lui. Ce qu’il aperçut éveilla en lui une peur incontrôlable. Un énorme rat, ou plutôt le cadavre d’un rat en décomposition, rongeait furieusement sa botte !

    Puis, une deuxième bête arriva et monta sur sa jambe. Il était maintenant incapable de réagir. Ce rat croqua la cuisse, juste au-dessus du genou. L’homme poussa un cri de douleur en s’effondrant sur le sol. Bientôt, trois créatures revenues de la mort se nourrissaient de la chair fraîche de leur victime qui gisait sur le dos. Encore conscient, il pouvait sentir ces monstres affamés se nourrir de ses entrailles pendant qu’un autre rongeait sa langue avant de continuer de se frayer un passage par la gorge.

    Éclairé par la lueur magique qui émanait de la petite fiole, la dernière chose qu’il vit fut une ombre qui flottait au-dessus de lui. Il crut voir se dessiner un sourire triomphant là où on devinait le visage couvert de la créature ténébreuse, puis, comme si un faible vent soufflait, il entendit un murmure.

    — Dommage que tu n’étais qu’un simple mortel…

    Chacun son chemin

    Enfin arrivés à la ville de Wesburn, Belan, Jeffren, Blarg et O’Strelec, accompagnés de Sivak le loup des collines, dénichèrent une taverne où ils pourraient déguster un repas ensemble. L’archer brisa le lourd silence qui régnait entre les amis.

    — Je ne sais pas ce que vous allez faire, mais pour ma part, je compte m’éloigner le plus possible de ce côté du continent. Je crois que je vais voyager avec Sivak toujours plus en direction de l’est, annonça-t-il.

    — Moi, sais pas encore quoi faire. Pas décidé si va trouver clan. Moi un peu habitué à vie ensemble… O… Toi déranger pas trop si moi fais chemin avec toi et Sivak ? demanda Blarg.

    — Au contraire mon ami. Ce serait avec joie ! répondit l’archer.

    — En ce qui me concerne, j’ai bien réfléchi pendant notre traversée. J’ai aimé voyager en votre compagnie, mais j’ai trop négligé mon devoir de maître et je compte bien me rattraper. Fini pour Jeffren et moi cette dangereuse vie d’aventurier. Nous allons nous laisser guider par le hasard, tout en travaillant à l’éducation musicale de ce jeune homme, dit Belan.

    Chacun s’étreignit pendant quelques secondes et, sans prolonger les adieux, O’Strelec s’éloigna sur la route en direction de l’est, accompagné de Blarg et de Sivak pendant que Belan et Jeffren prenaient le chemin du nord.

    Ce fut donc sans cérémonie que le groupe se sépara définitivement.

    Une image contenant carte, texte, dessin Description générée automatiquement

    Nuremb

    Le quotidien de Belan et Jeffren faisait qu’ils avançaient lentement vers le nord. Le disciple s’entraînait tous les jours et devenait de plus en plus habile dans l’art de maintenir son équilibre dans des positions qui n’avaient rien de naturel. Le maître, lui, profitait de la moindre occasion pour le traiter d’idiot dès que celui-ci commettait une erreur dans la narration de la légende de Cerlann.

    Malgré la tristesse de s’être séparés de leurs amis, les deux bardes se sentaient heureux d’avoir retrouvé le rythme qu’ils avaient établi il y avait plusieurs années déjà. Cette vie, plus simple, permettait à Belan de continuer de transmettre ses vastes connaissances à son disciple. Après tout, c’était bien pour ce prétexte que Jeffren avait tant insisté pour le suivre.

    Après quelques jours, les voyageurs aperçurent un jeune homme à cheval s’approcher d’eux. Celui-ci affichait un air de noblesse, sans toutefois se montrer arrogant. Il semblait au contraire curieux, inspiré et passionné. Visiblement dans le début de la vingtaine, il était droit et fier, ce qui contrastait avec la monture plutôt commune qu’il chevauchait. Le cavalier revêtait une tunique couleur de blé et arborait sur la poitrine ce qui était vraisemblablement le blason familial : un cheval sur ses quatre pattes, la tête haute, avec un pelage brun, tout comme la bête qu’il montait.

    Ses cheveux bruns qu’il portait jusqu’aux épaules étaient soyeux et bien peignés. Son visage imberbe était propre. Ses mains étaient immaculées et paraissaient douces. Tout de lui indiquait qu’il ne faisait pas partie de la classe ouvrière, sans toutefois être issu d’une famille très riche.

    Celui-ci s’adressa aux aventuriers pendant qu’il débarquait de sa monture.

    — Bonjour ! Je me nomme Valther. Allez-vous comme moi à Nuremb pour prendre part au festival ? demanda-t-il.

    — Nous ne sommes que de simples voyageurs, Valther. Mon nom est Belan et voici mon disciple, Jeffren. Nous venons d’arriver dans les parages et nous ne connaissons rien à propos du festival dont vous venez de parler, répondit le barde.

    — Vous êtes visiblement des musiciens. Je suis certain que vous allez aimer. J’ai entendu dire que maître Veit, l’organisateur de l’événement, a l’intention de remettre au gagnant son trésor le plus précieux : la perle de Nuremb ! Je dois confesser que c’est pour cette unique raison que je compte m’inscrire au concours du festival. Je démontrerai mon talent et remporterai le premier prix ! expliqua Valther.

    — Dans ce cas, partageons la route. Nous aurons la chance de faire connaissance. De plus, je dois avouer que vous avez piqué ma curiosité. J’ai bien envie d’en savoir plus sur ce festival et cette perle dont vous venez de nous révéler l’existence ! répondit Belan.

    Puis, le maître demanda à son disciple de faire le récit de leur voyage, depuis leur rencontre jusqu’à ce jour, à leur nouveau compagnon. Celui-ci narra donc La Balade de Belan, le Barde, tout en s’accompagnant d’un air de luth. Réfléchissant depuis plusieurs mois à une façon de raconter leur aventure, il n’avait trouvé ce titre que depuis quelques semaines. C’était maintenant l’occasion rêvée de vérifier l’impact de l’histoire qui se voulait une véritable épopée épique, digne des plus grandes légendes. Jeffren relata les moments forts de leur périple, n’oubliant aucun détail tout en embellissant les instants de gloire pendant lesquels son maître avait su se démarquer.

    Valther écoutait attentivement, s’exclamant de OH ! et de AH ! ce qui soutenait la narration du garçon qui éveillait chez son auditoire des images de paysages magnifiques et de dangereuses aventures.

    Le jeune noble était emballé par les prouesses du garçon, enviant presque la vie de l’apprenti barde qui cheminait avec lui.

    — Bravo ! Vraiment, je suis sous le charme ! Que dire de vos talents de conteur, jeune maître Jeffren ! s’exclama Valther, visiblement impressionné.

    Jeffren rougit sous le poids du compliment, chose qu’il n’avait jamais eu l’occasion d’entendre jusqu’à ce moment. Il se sentait fier de recevoir une telle marque de reconnaissance de la part d’un étranger, mais surtout de n’avoir entendu aucun commentaire contradictoire provenant de son maître. Il savait bien qu’il n’avait pas encore droit à ce titre, mais cet éloge, qui semblait venir du cœur de son nouvel ami, éveilla une grande fierté chez le garçon.

    Le groupe passa par plusieurs villages et fermes sur la route vers Nuremb. Les paysans et habitants des petites agglomérations saluaient le chevalier chaleureusement. Il était évident que celui-ci était connu et aimé de ceux qu’ils rencontraient.

    — Êtes-vous le seigneur de ce territoire, Valther ? demanda Belan.

    — Mon père est le maître de la région et il est apprécié de tous. C’est un homme juste et toutes les décisions qu’il prend ont pour but d’améliorer la vie de ceux qui habitent dans sa seigneurie, expliqua Valther.

    — C’est moi qui devrais hériter de son titre, mais le goût de l’aventure est plus grand que le désir de régner. Avant de quitter la résidence familiale, je lui ai annoncé que je laissais ma place à mon frère cadet, car je ne reviendrai pas au terme de ce voyage, ajouta-t-il.

    — Nuremb est donc un nouveau départ pour vous ? demanda le barde.

    — En effet. Je vais commencer par remporter le prix du concours, puis je déciderai de la suite, répondit le chevalier en fixant l’horizon, rêveur.

    Pendant qu’ils se dirigeaient tranquillement vers Nuremb, Valther démontra à ses compagnons ses capacités musicales en récitant plusieurs chants dont certains étaient ses propres compositions. Celui-ci possédait visiblement un immense talent et touchait particulièrement le cœur de ses amis quand il entonnait des airs qui se voulaient de véritables hymnes à l’amour et à la beauté de la femme.

    Puis, au milieu de la matinée du quinzième jour de route, les trois voyageurs virent se dessiner au loin les palissades de la cité dans laquelle aurait lieu le fameux festival. Jeffren se sentit excité par la promesse d’admirer ce bijou précieux dont le simple espoir de le posséder avait été suffisant pour faire entreprendre un aussi long voyage à leur compagnon de route.

    Le jeune disciple se mit à s’imaginer qu’il possédait un tel joyau, puis il pensa à Valther. Il se doutait que son maître préférerait que leur nouvel ami gagne cette inestimable récompense. Il se disait en outre que dans le cas où son maître triomphait, ce prix pourrait devenir un véritable fardeau pour eux. Ils auraient probablement à défendre ce trésor de leurs vies. Non, il valait mieux que ce soit Valther qui remporte la victoire.

    Avant de pénétrer l’enceinte de Nuremb, le jeune noble s’arrêta, sortit son épée de son fourreau et la plaça à la hauteur de son cœur.

    — Mes amis, je vous jure que je vais gagner cette compétition. Vous allez assister à mon triomphe ! annonça-t-il solennellement.

    Sur cette promesse, Valther, qui était connu des gardes, passa les portes en saluant ceux-ci, sans avoir à répondre aux questions habituelles, en compagnie de Belan et Jeffren. Il guida les bardes dans cette cité réputée dans tout le continent pour ses nombreux artisans de tous genres. Belan inventa un chant pour encourager son nouvel ami et amuser son disciple.

    Voici, voici,

    Messieurs, mesdames

    Valther-le-Beau

    Il est ici

    Prenez garde

    Fous, méchants et vils

    Vous y trouverez la fin

    S’il vous passe au fil

    Voici, voici

    Attention à vous

    Maîtres chanteurs

    Valther-le-Beau le grand des grands

    La perle il gagnera

    À coup sûr

    Lorsqu’il chantera

    Du coup, c’est sûr

    Attention à vous

    Maîtres chanteurs

    Sans le savoir

    Perdus, vous serez

    Valther-le-Beau

    Dès qu’il chantera

    La perle, le joyau

    Perdu, vous aurez !

    Valther dirigea le groupe jusqu’à la place centrale sans attendre. Une scène y avait été installée exprès pour l’événement et déjà un chanteur démontrait son savoir-faire aux curieux qui s’étaient regroupés devant. Le jeune chevalier serra les mâchoires et les poings machinalement, essayant de garder la rage qu’il ressentait pour lui-même. Il invita ses amis à le suivre jusqu’au bureau d’inscription où il donna son nom à la personne responsable après avoir remis une bourse pleine de pièces d’or. Il aurait l’occasion de chanter dès le lendemain matin, selon le vieil homme qui avait noté les informations du jeune noble.

    — Valther, qui est cet homme qui est sur scène à vos yeux ? s’informa Jeffren.

    — C’est David, mon rival. Son maître et lui ont influencé le conseil des Maîtres Chanteurs pendant de longues années afin de m’empêcher de prendre part à ce concours. Particulièrement pour celui de cette année ! répondit Valther d’un ton empreint de colère.

    — À cause du prix à gagner, c’est bien ça ? demanda Jeffren.

    — C’est bien ce que je crois, mon cher ami, répliqua Valther.

    Belan écoutait la conversation entre son apprenti et leur nouveau compagnon. Il lui sembla que son disciple se montrait plus observateur, plus perspicace. Il est vrai qu’il n’a plus dix ans. Il a vécu beaucoup de choses depuis le début de notre voyage, conclut-il intérieurement.

    Ils trouvèrent une auberge où ils pourraient manger et dormir. Comme le lendemain allait être une journée haute en émotion pour leur camarade, il valait mieux se reposer le plus possible. En silence, les trois profitèrent d’un bon repas chaud. Valther révisait mentalement son répertoire pour le lendemain. Jeffren se demandait à quoi ressemblait cette perle et de quelle grosseur elle pouvait bien être pendant que Belan ressentait un léger malaise de ne pas jouer et chanter pour payer son repas et sa chambre, puisque leur compagnon de voyage avait insisté pour régler la note.

    Une nuit de sommeil dans un lit confortable dans un endroit chaud fut un changement fort apprécié pour tous. Le lendemain, après un bon repas, les trois amis se rendirent à la place publique. Valther allait enfin pouvoir démontrer son savoir-faire devant les spectateurs et les juges du concours. Pendant que le crieur annonçait le prochain candidat, le jeune chanteur tentait de canaliser sa nervosité en respirant profondément. Il focalisa toute son attention sur son objectif premier qui était de donner le meilleur tour de chant de sa vie. La clé était d’éliminer le stress, ou plutôt de le transformer en une sorte de feu intérieur, ce qui lui fournirait l’énergie nécessaire pour donner une performance irréprochable.

    Le présentateur venait de terminer son annonce et descendait de la scène pendant que la foule, déjà nombreuse, applaudissait pour encourager le prochain candidat. Valther monta sur scène, prit une courte pause afin de se concentrer et commença à chanter. Jeffren ressentit un frisson dont il connaissait maintenant très bien la signification. Il se précipita sur la plateforme et se rua sur Valther pour le bousculer et le renverser sur le sol sans avertissement. Au même moment, une dague volait à l’endroit où se trouvait le chanteur. L’arme écorcha un passant à l’arrière et alla se planter dans un arbre. Quelques secondes après, l’homme tomba par terre pris par de terribles convulsions et s’éteignit après quelques minutes dans d’immenses souffrances.

    Belan, qui ne connaissait pas ce détail, poursuivait celui qui avait attaqué son ami. Il bouscula les personnes qui se trouvaient sur son chemin en faisant son possible pour ne pas perdre l’assassin de vue. Immédiatement, Jeffren réalisa que son maître ne savait rien du danger vers lequel il se précipitait. Le disciple tenta de le contacter télépathiquement, mais se souvint qu’ils n’avaient pas apporté leurs oreillettes de communication. Pourquoi l’aurions-nous fait ! se dit-il. Il s’assura que Valther alla bien avant de partir à la rescousse de son maître.

    Pendant ce temps, le barde crut qu’il venait de prendre un mauvais tournant, mais c’était celui qu’il poursuivait qui l’avait sournoisement guidé dans un piège. Merde, je me suis fait avoir comme un débutant, songea-t-il en réalisant qu’il se trouvait dans le fond d’un cul-de-sac. Belan se retourna et vit deux hommes masqués lui barrer le chemin.

    — Toi, tu devrais apprendre à te mêler de tes affaires, dit l’un des deux.

    — Dis donc, David. Tu devrais passer plus de temps à pratiquer le chant. Tu n’aurais pas besoin d’agir comme tu le fais, espèce de petit paresseux, répondit Belan qui avait reconnu la voix de son assaillant pour le provoquer.

    — J’imagine que ton maître est un piètre chanteur et ne possède qu’un talent limité pour continuer d’enseigner à un disciple aussi minable que toi ! ajouta Belan pour s’assurer de porter un solide coup à l’orgueil de ses deux adversaires.

    L’autre homme enleva son masque et montra une expression indignée à celui qu’il menaçait.

    — Espèce d’arrogant ! Je vais te faire ravaler tes paroles, pauvre imbécile ! dit-il rageusement.

    — Attendez, maître ! Laissez-moi fermer le clapet à cette ordure, répliqua l’autre qui retira lui également son masque en regardant son complice, confirmant qu’il s’agissait bien de David.

    — Les jambes ! hurla subitement Belan.

    Les deux attaquants se retournèrent vers le barde, surpris par son cri. Ils comprirent immédiatement après pourquoi leur ennemi avait agi ainsi, car l’un et l’autre ressentirent une douleur intense dans la cuisse avant de s’effondrer. C’était Jeffren qui leur avait fait goûter aux jumelles Raijin, ces dagues qu’il avait reçues de Baazenduz, le chef des pirates des mers du sud du continent, et de son maître à l’occasion d’une visite dans un magasin tenu par les hrotons.

    Bientôt, Valther arriva avec quelques soldats. Les deux hommes furent amenés au bureau du capitaine de la garde pour y être détenus et interrogés. Valther remercia ses amis pendant qu’ils retournaient vers la scène.

    — C’est à Jeffren qu’il faut témoigner ta gratitude. C’est lui qui a flairé le danger et qui a réagi à temps, répliqua Belan.

    — En effet, merci Jeffren. Sans toi, je serais probablement mort ! Ces deux hommes risquent la pendaison, vous savez ? annonça Valther.

    — Pour une tentative de meurtre ? Oui, j’imagine que c’est ce qu’ils méritent, répondit Belan qui ignorait tout de la nature de la dague qui avait été lancée vers son ami.

    — Maître, il s’agit d’une double tentative de meurtre et d’un meurtre. Un passant a été égratigné et est mort dans les secondes qui ont suivi. Ils utilisaient des lames empoisonnées ! expliqua Jeffren.

    Valther s’arrêta et fit face à ses deux compagnons. Puis, dans un geste solennel, il sortit son épée et la plaça devant son cœur, pointe vers le haut. À ce moment, son expression se fit plus grave que la première fois qu’il avait agi de la sorte.

    — Maître Belan et jeune maître Jeffren. J’ai une dette immense envers vous. Je vous jure solennellement de veiller à votre sécurité à partir de maintenant, et ce, jusqu’au moment où vous me libérerez de ce serment. Considérez-vous officiellement sous ma protection ! annonça le jeune noble.

    Sur ce, il rengaina son arme. Le chevalier ne plaisantait pas. Son geste était sincère. Belan, qui n’avait jamais reçu une offre pareille de toute sa vie de barde, répondit à son protecteur en s’inclinant subtilement.

    — Merci Maître Valther. Nous sommes touchés par ce serment et nous espérons ne jamais avoir à vous demander de tirer votre épée en notre nom ! répliqua-t-il avec un sourire taquin et un clin d’œil, ce qui déclencha un fou rire général, permettant à tous de relâcher la tension qu’ils avaient accumulée.

    Pendant le serment du jeune noble, le barde réalisa qu’il s’était jeté tête baissée dans un danger insoupçonné et que son disciple lui avait encore une fois sauvé la vie ! Le trio était maintenant de retour à la place centrale où était située la scène. Valther aperçut le parrain du festival.

    — Voici maître Veit ! C’est lui qui organise la semaine de festivités et qui offrira au grand gagnant le prix le plus précieux jamais accordé : la perle de Nuremb, expliqua le jeune homme.

    Veit salua Valther et ses compagnons.

    — J’ai appris ce qui vient de se passer. Je suis content de voir que tu n’as rien, mon petit. Mais qui donc a pu faire une chose pareille ? demanda le vieillard.

    — C’était David et son maître, Sacx ! Mes amis m’ont sauvé la vie et ont contribué à l’arrestation de ces brutes, expliqua Valther, encore sous le choc.

    — Dans ce cas, je vous invite à passer le reste de la semaine dans ma demeure. J’insiste ! Dites-moi où sont vos choses et je les ferai prendre par un de mes serviteurs, répliqua Veit sans hésiter.

    Les trois compagnons suivirent le vieux maître jusque chez lui. Belan et Jeffren se trouvèrent éblouis par la richesse de l’endroit. Il s’agissait d’une grande construction située sur un immense terrain. L’avant était garni d’un jardin de fleurs et de petits arbres brillamment agencés. À l’arrière, un petit lac était entouré par plusieurs arbres matures qui offraient une ombre rafraîchissante. Il y avait tout près de l’étendue d’eau un kiosque prévu pour des spectacles entre amis.

    L’intérieur de la maison était richement décoré. Des tapisseries et des peintures habillaient les murs dans un équilibre parfait. Des vases faits de poteries artisanales côtoyaient des objets d’or et d’argent sur des tables conçues spécifiquement pour mettre ces œuvres en valeur. Les planchers étaient de marbre parfaitement poli.

    — Tout ce qui orne ma demeure a été fabriqué par un des artisans de la cité, expliqua fièrement Veit à ses invités.

    — Venez à la bibliothèque. Nous prendrons un rafraîchissement avant de manger. Je vous présenterai ma fille par le fait même, ajouta-t-il.

    Une fois tout le monde bien assis, Veit demanda à un serviteur d’aller chercher sa fille. Un rapide coup d’œil révéla à Belan que Valther semblait fébrile. Est-il nerveux de la voir ? se questionna-t-il. Puis, une jeune femme d’environ seize ans, selon l’évaluation de Belan, arriva dans la pièce en compagnie de sa nourrice, Magda, une femme un peu plus grande que la moyenne et au teint étrange, comme s’il était verdâtre sans toutefois donner l’impression qu’elle fut malade. Les cheveux de celle-ci étaient bruns comme la terre.

    — Ah ! Voici donc ma grande fierté, ma fille Eva, la perle de Nuremb ! annonça Veit.

    Jeffren se sentit soudainement ému. C’était la première fois qu’il contemplait une femme de cette façon. Un feu incontrôlable s’éveilla en lui depuis la région en dessous de son sternum pour s’étendre partout dans son corps, mais avec une concentration particulièrement plus élevée dans la zone de son bas-ventre. Il eut le souffle coupé tellement il était touché par la beauté qui rayonnait de cette jeune déesse. C’est alors qu’il se souvint de ce qu’il avait ressenti la première fois qu’il avait essayé l’oreillette de communication chez les hrotons. Il reconnaissait la sensation que son maître lui avait transmis sans le réaliser Oh ! Il pensait à Vilna ! comprit enfin le garçon qui pouvait maintenant réunir toutes les pièces du puzzle.

    La jeune femme était grande et son corps mince bougeait avec une grâce incomparable. Sous une chevelure qui évoquait le feu se révélait un visage d’une immense beauté. Elle avait un regard profond avec ses yeux couleur d’émeraude. Sa peau claire vous invitait à la caresser tellement elle semblait douce. Belan comprit pourquoi les deux autres avaient tenté d’assassiner Valther. La passion pouvait éveiller les instincts les plus barbares chez les hommes les plus civilisés. Cette émotion pouvait en effet transformer les plus grands poètes en brutes incontrôlables !

    Veit demanda à Magda de servir une tisane à ses invités et pria sa fille de s’occuper d’eux, car il devait se retirer quelques instants afin de régler quelques détails importants.

    — Bien sûr, père. Messieurs, laissez-moi vous guider dans cet endroit rempli de connaissances de tous genres, commença la jeune fille avec une voix douce comme le miel pendant que son père sortait de la pièce.

    — Vous avez ici un traité sur la taille des bijoux et autres pierres précieuses. Un livre que mon père a étudié pendant de longues années, m’a-t-il assuré. Vous saviez qu’il a fait fortune dans ce domaine ? expliqua-t-elle.

    — Ici, vous trouverez un manuel qui porte sur le jardinage. Il est resté sur les tablettes depuis que Magda, qui est de la race des goggans, est entrée au service de mon père, semble-t-il. Ha ! Ha ! Ha ! fit-elle en riant pendant qu’elle dépoussiérait le bouquin.

    Son rire était délicat, doux, charmant. Loin des rires gras de Blarg, de Baazenduz ou de Vilna ! se disait Jeffren qui arborait un sourire niais sans s’en rendre compte. Eva continua, brisant le fil de pensées du garçon.

    —  Ah. Voici un exemplaire de l’Encyclopedia Artiyana. Ce livre contient une vaste quantité d’informations sur notre continent. Il a été écrit par des moines d’une région montagneuse à l’est d’Artiyan. On dit que plusieurs d’entre eux ont connu un destin tragique pendant qu’ils collectaient les nombreuses connaissances pour créer cet ouvrage, dit-elle.

    Voyant que Belan démontrait un intérêt particulier face à ce document, elle l’invita à s’asseoir à une table de lecture et y déposa le volume avec un geste délicat. Ce manuel était composé d’une couverture de cuir beige qui était fermée par une lanière faite depuis le même matériau. Le barde caressa la reliure du bout des doigts. La texture de la couverture était souple et douce au toucher. Le titre en lettres noires avait été tracé avec grand soin. Il détacha le nœud qui fermait l’ouvrage et puis ouvrit celui-ci en s’assurant de ne pas l’abîmer.

    Il y avait des chapitres sur les différentes races, d’autres sur la flore et sur les différents climats qu’on retrouve sur le continent. D’autres parlaient des dieux que plusieurs personnes révéraient. Il reconnut Dalyan, dont il avait vu l’image dans les villes jumelles. Celle d’un homme dont un halo émanait de son front. Une autre description attira l’attention du lecteur.

    Azokk, dieu de la destruction et du chaos. Celui-ci était représenté par un homme dont l’expression inspirait une crainte incontrôlable. Ses yeux rouge sang, bien qu’ils ne fussent que peints sur une page, semblaient sonder votre âme en vous jugeant froidement. La lecture du barde lui enseigna que ceux qui priaient ce Dieu étaient des gens qui possédaient un grand sens de la loyauté. Il n’y avait aucune place pour un traître chez ces dévots. Selon l’encyclopédie, les guerriers qui portent la bannière d’Azokk cherchent à dominer le monde. Rien de moins ! Et que les eayins utilisaient une magie d…

    — Voici votre tisane, monsieur, annonça une voix grave, bien que féminine, interrompant les réflexions de Belan.

    C’était Magda qui venait de revenir. Elle n’avait pas remarqué que le barde était complètement absorbé par sa lecture. Ou peut-être qu’elle le savait et qu’elle s’était amusée en faisant sursauter l’invité de son maître. Celui-ci la remercia en refermant l’encyclopédie.

    — Où est-il possible de trouver un exemplaire de ce livre ? demanda-t-il à Eva.

    — Vous pourrez les dénicher dans les grandes bibliothèques et chez quelques nobles assez fortunés et chanceux pour avoir mis la main sur un de ceux-ci. Si vous avez le désir de posséder un tel livre, il vous sera plus facile de vous en emparer par la force, à moins que vous soyez assez chanceux ou rusé pour trouver quelqu’un qui cherche à se séparer du sien, expliqua la jeune femme.

    Le peuple goggan

    L’information que nous

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