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Lever Le Voile
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Livre électronique419 pages3 heures

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À propos de ce livre électronique

Depuis le 11 septembre 2001, le monde occidental est particulièrement préoccupé par le terrorisme islamique, mais le débat public est polarisé. D'un côté, on prétend que l'islam est « une religion de paix » ; de l'autre, que les musulmans sont des terroristes. La militante et activiste Yasmine Mohammed postule que ces deux camps sont dans l'erreur et que leurs positions sont néfastes. Dans LEVER LE VOILE ou Comment les progressistes occidentaux favorisent l'islam radical, Yasmine raconte son histoire : celle d'une femme née dans le monde occidental, mais élevée dans un foyer musulman fondamentaliste. Une femme jamais totalement chez elle. Jamais à l'aise ni dans un Canada aveuglé par la tolérance ni dans sa famille, les écoles coraniques ou le hidjab imposé dès ses neuf ans. De cette dichotomie est né ce récit : celui d'une femme à la fois assez éloignée de ces deux mondes pour les contempler objectivement, et assez proche pour les juger honnêtement. À la fois Insoumise, d'Ayaan Hirsi Ali, et La servante écarlate, de Margaret Atwood, cette autobiographie nous entraîne dans un monde que peu d'Occidentaux connaissent. L'objectif de l'autrice, qui a été éducatrice pendant quinze ans, est de dévoiler la nécessité d'une prise de conscience collective - de celle qui va bien au-delà de la douce plénitude de la bien-pensance. Yasmine nous enjoint à oser poser les vraies questions : l'excision est-elle une pratique religieuse ou culturelle ? Le port du hidjab est-il un choix ou une obligation ? L'État islamique est-il une représentation fidèle et légitime de l'islam, ou l'oriflamme de sa version rigoriste et corrompue ? Et pourquoi tant d'informations contradictoires à ce sujet ? Comme beaucoup d'autres communautés isolées, le monde musulman présente deux faces, l'une interne et l'autre externe, ce qui complique grandement l'analyse… et permet trop souvent à la complaisance de s'installer à demeure. LEVER LE VOILE ne cherche pas à imposer la vérité. Il guide plutôt à travers les méandres des communications publiques engraissées au politiquement correct, dévoile leurs mensonges et place le lectorat face à son libre-arbitre, à ses propres conclusions

 

LangueFrançais
Date de sortie13 juil. 2023
ISBN9781999240554
Lever Le Voile
Auteur

Yasmine Mohammed

Canadian human rights activist Yasmine Mohammed advocates for the rights of women living within Islamic majority countries, as well as those who struggle under religious fundamentalism. Yasmine is also the founder of Free Hearts Free Minds, an organization that provides psychological support for ex-Muslims living within Muslim majority countries—where the state-sanctioned punishment for leaving Islam is death. Today she lives in Canada with her two daughters, who let their gorgeous hair flow, and with her loving, supportive husband who had no idea what he was in for when he married her over a decade ago. Unveiled: How Western Liberals Empower Radical Islam is her first book. Meet Yasmine at www.YasmineMohammed.com.

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    Aperçu du livre

    Lever Le Voile - Yasmine Mohammed

    Yasmine Mohammed

    LEVER LE VOILE

    ou

    Comment les progressistes occidentaux favorisent l’islam radical

    ESSAI

    Traduction française : Noé Jacomet

    Design de la couverture : D’après UNVEILED. How Western Liberals Empower Radical Islam (2019)

    Dépôt légal - Bibliothèque et Archives Canada, 2023 Troisième édition:

    ISBN 978-1-9992405-4-7 (imprimé)

    ISBN 978-1-9992405-5-4 (numérique)

    (Deuxième édition : ISBN 978-2-9818065-9-8 (imprimé), ISBN 978-2-9820767-0-9 (numérique), JET BLEU

    ÉDITRICE /UniversElles.

    Édition originale : ISBN 978-1-9992405-0-9 (imprimé), par

    Free Hearts Free Minds)

    Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation, totales ou par-tielles, interdits sans autorisation préalable et écrite de l’éditrice.

    Pour Tiffany

    Aux personnes qui se sentent écrasées par l’énorme pression et les terrifiantes menaces de l’islam. J’espère que mon his- toire pourra vous aider à vous libérer de vos chaînes et à dé- ployer vos ailes.

    À ceux qui ne peuvent s’empêcher de diaboliser les musul- mans dans leur ensemble. J’espère que vous comprendrez que nous sommes tous humains et que chacun d’entre nous doit affronter ses propres démons.

    Aux gens qui croient louable de protéger l’islam de l’examen public et de la critique. J’espère que vous comprendrez qu’en posant ces obstacles, vous empêchez aussi d’éclairer l’esprit de millions de gens qui vivent prisonniers des ténèbres.

    À mes frères et sœurs d’armes : ex-musulmans, athées, libres- penseurs et autres fauteurs de troubles.

    Préface

    ––––––––

    À 11 h 26 le 17 juillet 2018, je reçus une notification sur mon téléphone. Dans le doute, je fis défiler mes courriels, mon fil Facebook, Twitter, et même quelques applications de jeux ; je consultai finalement mes SMS :

    -  Bonjour, M. Fabbro, je suivais vos cours de théâtre en qua- trième, année scolaire 1988/89... Je ne sais pas si vous vous souvenez de moi...

    Mon cœur ne fit qu’un bond, quelques larmes coulèrent :

    -  Yasmine, non seulement je me souviens de toi, mais j’ai pen- sé à toi de nombreuses fois ces trente dernières années !

    Avec une clarté intense, le souvenir d’une courageuse jeune fille de treize ans me revint en tête. Assise en face de moi, dé- crivant les horreurs qu’elle avait subies. Ce jour-là, il m’avait été difficile de croire que des humains puissent se montrer aussi cruels, en particulier avec une personne aussi innocente et sans défense. Elle était déterminée à entrer en contact avec les autorités afin d’être sauvée de cette vie familiale violente.

    Les autorités furent contactées, et je ne la revis plus. Je sup- posai qu’elle avait été emmenée dans un foyer plus sain et qu’à terme, tout irait bien.

    À la fin de l’année, je fus nommé dans une autre école et res- tai donc dans le doute quant au devenir de Yasmine :

    -  Je voulais simplement vous remercier. Mais, malheureuse- ment à l’époque ça n’a pas fonctionné.

    J’étais désemparé. Maintenant, de nouvelles questions me brûlaient les lèvres.

    Nous nous sommes retrouvés, nous nous sommes étreints...

    Nous avons beaucoup parlé et pleuré, et elle m’a demandé de lire une ébauche de ce livre.

    LEVER LE VOILE raconte toute l’histoire et répond à ces questions : forces familiales, forces gouvernementales, forces culturelles et religieuses, toutes ont tenté d’exercer leur pou- voir sur Yasmine. Malgré des passages où elle semble abat- tue, ce livre raconte comment son courage et sa détermination ont prévalu.

    C’est un ouvrage important, pas uniquement du fait des récits personnels saisissants, mais aussi parce que son histoire n’est pas unique. La voix de Yasmine doit être entendue par toutes celles et tous ceux qui sont opprimés par des forces qui en- travent leur droit à une vie libre.

    - Rick Fabbro

    Jusqu’à maintenant, il m’a été impossible de parler à qui que ce soit de mes problèmes. J’aurais été par trop gênée, et puis le courage me manquait. Le peu de bravoure que j’avais a été anéanti dans ma jeunesse. Mais tout à coup, me voilà prise d’une envie désespérée de tout raconter.

    - Roald Dahl, Matilda

    Prologue

    Le fait que j’aie grandi dans la tradition musulmane ne devrait être qu’un lointain souvenir, j’ai pris mes distances avec cet univers en 2004. Mais ce milieu traumatisant me définit : il est dans ma chair, coule dans mes veines, je ne peux pas y échapper. J’avais pensé pouvoir m’en départir, tout recom- mencer, me redéfinir, vivre ma vie selon mes propres règles. Mais les connexions qui se font dans mon esprit, les réactions viscérales de mon corps, je n’ai aucun contrôle sur tout ça... et je ne peux pas me reconstruire totalement. Dès que je baisse la garde, les souvenirs dormants refont surface et montrent leurs vilaines têtes.

    Le sol sur lequel j’ai grandi, l’eau dont je m’abreuvais, tout était empoisonné. Jeux de dupes, peurs, mensonges, trahisons, chagrins et maltraitances en tout genre... voilà l’étendue de mon calvaire. D’un regard extérieur, j’ai sans doute l’appa- rence d’un arbre sain, mais dans mes racines, une sombre vé- rité se terre. J’arrive pourtant à tromper tout le monde : ces amis que je connais depuis des années ne soupçonnent rien. En découvrant mon passé, ils disent des choses du genre :

    « Mais tu as l’air tellement normale ! » et « Comment as-tu fait pour ne pas devenir folle ? » ou encore : « Je n’aurais jamais deviné ! »

    Même mon mari a du mal à concilier le passé de cette fille avec la vie de la femme dont il est tombé amoureux. Nous nous sommes rencontrés quelques années après que j’aie rompu tout contact avec ma famille. Je n’étais en aucun cas guérie, mais j’avais appris à vivre malgré la douleur. Il n’y avait de toute façon aucun exutoire. Personne ne pouvait com- prendre. Sans compter le malaise généralisé à l’idée de parler de l’islam - alors j’ai mis tout ça de côté.

    Des années après avoir quitté la religion, je suis tombée sur la page Facebook du comédien Bill Maher. Des ex-musulmans y parlaient de la critique de l’islam formulée par Sam Harris et de la réaction de Ben Affleck sur le plateau de son émission. Ses cris au racisme sont désormais légendaires, et assez caricatu- raux.

    (Je n’avais jamais entendu le terme « ex-musulman ». J’igno-

    rais totalement qu’il existait d’autres personnes comme moi. J’ai gardé pour moi mes secrets, ma vie non politiquement cor- recte qui ne correspond pas au récit qui plaît. Mon histoire est une vérité qui dérange et les gens préfèrent de loin leurs men- songes confortables. Mais leur réaction à la diatribe de Ben Affleck m’a donné envie de m’impliquer.)

    Sam Harris, auteur du révolutionnaire The End of Faith, était invité à l’émission de Bill Maher en octobre 2014 pour parler de l’islam. Il y a abordé le sujet avec la rigueur académique appliquée à tous ses travaux de recherche sur la religion, en parlant de l’islam de la même manière qu’il parle du christia- nisme, du judaïsme et de nombreuses autres religions et idéo- logies... en énonçant des faits.

    Sam et Bill ont débuté cette interview en déplorant le fait que les progressistes ont, s’agissant de l’islam radical, globalement échoué à défendre les valeurs de liberté qui sont les leurs. Bill expliquait d’ailleurs comment son public était prêt à applaudir des principes tels que la liberté d’expression, la liberté de conscience et l’égalité des femmes ou des minorités, mais que ces mêmes applaudissements s’arrêtaient dès lors que quel- qu’un mentionnait leur irrespect dans le monde musulman.

    Et Sam d’ajouter que lesdits progressistes n’ont généralement aucun mal à critiquer les théocraties blanches, les théocraties chrétiennes, mais qu’ils rechignent à critiquer ces mêmes maux dans le monde musulman. Harris précisait en outre que l’islam, la religion (c’est-à-dire un ensemble d’idées) est une chose distincte des personnes de confessions musulmanes.

    Comme si c’était sa réplique, Ben (qui rappelons-le, jouait un ange déchu dans le film Dogma), s’est empressé d’incarner la caricature du progressiste confus, lançant des accusations de racisme contre l’invité et son hôte - comparant même leurs analyses aux sorties antisémites des années 1930 et à ce que la période ségrégationniste avait produit de pire aux États-Unis

    ... Et insistant sur le fait que les musulmans « veulent juste manger des sandwichs » (!).

    Ben Affleck, premier rôle d’un film axé spécifiquement sur la critique du christianisme, estimait inacceptable pour Sam Har- ris et Bill Maher d’avoir une conversation courtoise et factuelle sur l’islam.

    Malgré les chiffres avancés par Sam et Bill (des statistiques selon lesquelles environ 90 % des Égyptiens pensent que les gens devraient être tués pour avoir quitté leur religion1), Ben estimait que ces idées n’étaient portées que par un nombre réduit de musulmans.

    De mon point de vue, il est impardonnable de censurer la cri- tique d’une idéologie qui a causé tant de souffrances dans le monde. De manière générale, personne en Occident ne se soucie de savoir si des femmes musulmanes ont été empri- sonnées ou tuées en Iran ou en Arabie saoudite pour avoir re- fusé de couvrir leurs cheveux. Personne ne se soucie non plus du fait que des blogueurs au Bangladesh se fassent tuer en pleine rue à l’arme blanche parce qu’ils ont osé louer les mé- rites de la pensée humaniste. Personne ne se soucie du fait que des étudiants soient battus à mort au Pakistan pour avoir remis en question l’islam. Et, alors qu’on parlait enfin à la télé- vision de ces problèmes qui sévissent dans le monde musul- man depuis 1 400 ans, cet homme, certes bien intentionné, mais rongé par une culpabilité occidentale déplacée, avait dé- cidé de faire obstruction au débat !

    J’étais furieuse.

    J’ai senti le besoin de m’exprimer, de hurler et de rejoindre Sam Harris dans cette bataille des idées. Mais j’étais égale- ment terrifiée. Face à un précipice surplombant l’océan, en sé- curité sur la terre ferme et libérée de ces eaux dangereuses, je ressentais l’envie, irrésistible, d’y replonger. L’envie de rencon- trer d’autres personnes, avec le même passé. De partager mes récits avec elles, et avec tous les autres. D’intégrer une communauté capable de comprendre mes peurs, mes né- vroses et mes obsessions.

    C’était un risque énorme.

    Personne ne connaissait ma véritable histoire. La seule qui savait était décédée des années plus tôt. Sans aucun témoin, j’aurais très bien pu continuer à vivre cette vie parallèle, choisir de ne pas sauter de la falaise et de rester invisible. Ou alors, opter pour le courage, m’exposer, me couvrir d’eau salée et d’algues, et même risquer la noyade.

    ––––––––

    1 Pew Research Center.

    Je pouvais choisir de partager mon point de vue, de reprendre ces amis affirmant avec insistance que l’islam est une religion pacifique. Choisir de mettre mal à l’aise avec mon histoire, de faire face aux réactions négatives, à ces amis qui prendraient leurs distances... et aux menaces de mort.

    Une personne plus saine d’esprit se serait éloignée de cet océan. Aurait fait demi-tour. Serait restée sur la terre ferme, pour laquelle elle avait tout risqué, jusqu’à sa vie.

    Mais j’ai choisi de plonger.

    Violence I

    - S’il  te  plaît!  NON  !  S’il  te  plaît,  je  m’excuse!

    Maman ! MAMAN! S’IL TE PLAÎT !

    Étendue sur mon lit, comme il vient de me l’ordonner, je re- doute le cauchemar, beaucoup trop réel. Il attrape ma che- ville, tire brusquement. Surtout, ne pas résister : ça serait pire. Je pleure. Manque de souffle. J’ai peur. Il attache mes pieds au lit, avec ma corde à danser. Prend son bâton en plastique orange préféré, qui remplace ceux en bois, trop fragiles et qui cassent facilement. (La première fois, j’étais contente, ça m’é- pargnerait les échardes... Depuis, je déteste la couleur orange.) Il me fouette la plante des pieds, là où les cicatrices resteront cachées aux enseignants.

    J’ai six ans.

    C’est ma punition pour ne pas avoir mémorisé correctement des sourates (chapitres) du Coran.

    -  Tu crois que tu t’en souviendras ?

    -  Oui !

    J’implore ma mère du regard : Pourquoi tu me protèges pas ? Pourquoi tu dis rien ? Pourquoi tu le laisses faire ? A-t-elle peur de lui ? Est-elle en partie responsable de ce qui m’arrive ? Non. Impossible. Le seul parent que je connaisse n’accepterait jamais qu’on me traite de cette façon... C’est lui, le méchant. Pas ma mère. Voilà la vérité.

    Alors pourquoi lui avoir téléphoné et demandé de venir ? Pour- quoi ?

    -  La prochaine fois que je passe, je veux entendre les trois sourates, c’est compris ?

    -  Oui...

    -  On parle de quelles sourates ?

    J’hésite une fraction de seconde. Il lève la main, les yeux brillants d’excitation.

    Quand il n’y a plus de chair nouvelle sur laquelle frapper, ses coups se rabattent sur mes pieds, déjà meurtris. Mon corps est glissant de sueur ; mon cœur bat la chamade. J’ai du mal à respirer. Mais ça ne s’arrêtera pas tant qu’il n’aura pas sa ré- ponse :

    Al-Fatiha, Al-Kawthar, et... Al-Ikhlas2.

    Des mots rugueux, étouffants, à peine audibles.

    -  Si tu fais ne serait-ce qu’une erreur, une seule... tu vas comprendre ta douleur.

    Il détache la corde. La jette par terre. Sort.

    Et moi, j’attends que ma mère vienne me consoler. Ça n’arrive pas. Ça n’arrive jamais, après. Après, ils sortent de la chambre, papotent et rient derrière la porte fermée. Et moi, j’attends qu’il parte pour me détendre. Je regarde les lumières des voitures balayer le plafond en reprenant mon souffle. Me recroqueville, glisse le pouce dans ma bouche et, malgré la douleur dans les pieds et les sanglots dans la poitrine, tombe dans un sommeil profond. Le genre qui menace de détruire l’existence tout entière.

    Au milieu de la nuit, la tache familière, froide et humide, me réveille. L’idée d’aller aux toilettes sur des petons déchirés, enflés, couverts d’ampoules gorgées de sang, et piqués par l’urine, me donne envie de pleurer. Je descends du lit avec précaution, marche sur les côtés extérieurs pour que les plaies ne touchent pas le tapis, boitillante, essayant de trouver l’équi- libre à chaque pas - en m’appuyant sur le lit, sur la commode, sur la poignée de la porte, sur le mur du couloir.

    ––––––––

    2 Les trois courtes sourates nécessaires pour les cinq prières

    quotidiennes.

    Près de quarante ans plus tard, je ressens encore la déchirure quand, inévitablement, les blessures se rouvraient.

    "

    Toute cette douleur n’était rien, on me l’assurait, comparée au feu de l’enfer si je ne mémorisais pas les sourates. Avant d’apprendre à tenir ma langue, je posais beaucoup de ques- tions :

    -  Si Allah brûle ma chair, puis la regarnit, puis la brûle à nou- veau pour l’éternité, ne serai-je pas habituée à la douleur au bout d’un moment ?

    -  Non. Allah fera en sorte que chaque fois fasse aussi mal que la première.

    J’avais peur d’Allah, du Jugement dernier, de brûler en enfer. Ce ne sont pas des préoccupations normales pour un enfant. Enfin, pour un enfant non-musulman.

    000

    YouTube regorge de vidéos d’enfants qui subissent des at- taques féroces dans des médersas (écoles coraniques). On y voit des filles tirées par les cheveux et traînées par terre parce qu’elles ne portent pas le hidjab (voile), des garçons être fouet- tés et frappés. Les sévices que j’ai subis, aussi violents soient- ils, sont plutôt bénins par rapport aux histoires que j’ai enten- dues. Une fille en Somalie m’a raconté comment sa mère avait versé de l’huile chaude dans la gorge de son frère (qui était attaché à un lit), forçant la fratrie à regarder.

    Selon des rapports récents, dans les pays à majorité musul- mane du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord, plus de 70 % des enfants âgés de deux à quatorze ans font l’objet de mesures disciplinaires violentes. Dans certains pays (comme le Yémen, la Tunisie, la Palestine, l’Égypte), plus de 90 % des enfants déclarent avoir été violemment maltraités. Pour quelles rai- sons ? Pourquoi ces pays ont-ils de telles incidences de vio-

    lences envers les enfants ? De fait, le fil conducteur est qu’ils suivent tous la même doctrine. Une religion qui leur intime l’ordre de battre leur progéniture.

    D’après les hadiths (récit des paroles et des actes de Maho- met), le Prophète a dit : « Apprenez à vos enfants à prier quand ils ont sept ans, et frappez-les s’ils ne le font pas quand ils en ont dix3 ». Mahomet a également dit : « Accrochez votre fouet là où les membres de votre maison (vos enfants, votre femme et vos esclaves) peuvent le voir, car cela les discipline- ra.4 » En effet, il est de la responsabilité des parents de s’assu- rer que leurs enfants mémorisent le Coran, ne manquent pas une prière quotidienne et suivent le chemin qui leur est tracé.

    « Chacun de vous est un berger et chacun de vous est res- ponsable de son troupeau. Le souverain est un berger et il est responsable de son troupeau. Un homme est le berger de sa famille et il est responsable de son troupeau. Une femme est la bergère de la maison de son mari et elle est responsable de son troupeau. Un serviteur est le berger de la richesse de son maître et il est responsable de son troupeau. Chacun de vous est un berger et il est responsable de son troupeau5 ».

    Ainsi, lorsque les parents battent leurs enfants, ils le font par devoir religieux et par peur ; ils doivent veiller à ce que leurs rejetons soient des musulmans dévoués. Sinon, ce sont les parents qui ont échoué et ils devront répondre de leurs actes lors du Jugement dernier. Et si leurs enfants ne sont pas des musulmans pieux, l’âme des parents risque de brûler

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