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Inversion Aversion: Science-fiction
Inversion Aversion: Science-fiction
Inversion Aversion: Science-fiction
Livre électronique159 pages2 heures

Inversion Aversion: Science-fiction

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À propos de ce livre électronique

Je vous invite à entrer dans un monde où les hommes sont emprisonnés, où les femmes règnent sur un univers qu’elles croient parfait, et où pourtant l’amour et la rébellion font leur apparition, aux risques et périls de notre héroïne.

Ceci n’est pas un livre féministe. Ce n’est pas un livre antiféministe. Ce n’est pas une histoire réelle, et pourtant elle n’est pas irréelle non plus. Alors qu’est-ce ? Ce sera à vous d’en juger. Mais je peux vous dire que c’est un roman, un roman avec des personnages attachants, un roman qui interroge notre humanité, qui questionne notre monde et ses limites.

À PROPOS DE L'AUTEURE

Camille Lebienvenu-Afaf :
Naître à la fin d’une décennie, c’est à la fois appartenir à l’avenir et au passé, c’est être condamnée à chercher sa place. Suis-je de la génération sacrifiée ou de la génération qui ne vit que par internet ? Des deux et d’aucune, je pense être de celles qui se posent des questions, de celles qui interrogent le monde et tentent de comprendre comment nous en sommes arrivés là. Passionnée de voyages, j’ai vu la splendeur et la laideur de l’Humain, et je vois tous les jours notre monde osciller entre pessimisme et optimisme. C’est cette dualité qui m’intrigue, qui m’inspire et qui m’a poussée à écrire. Parce que l’un ne va jamais sans l’autre, parce que le bien et le mal sont liés, parce que le yin et yang se complètent et parce que l’homme et la femme ne font qu’un, il faut écrire.
LangueFrançais
ÉditeurEncre Rouge
Date de sortie7 sept. 2021
ISBN9782377898022
Inversion Aversion: Science-fiction

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    Inversion Aversion - Camille Lebienvenu-Afaf

    cover.jpg

    Inversion

    Aversion

    par

    Camille Lebienvenu-Afaf

    Chapitre 1

         Assise en tailleur sur le canapé, Sophie a l’air consterné. Ariana, quant à elle, est carrément hilare et je la comprends. « La planète des singes », a tout d’un film comique tellement il est masculinisant. Pourtant, derrière le ridicule, je ne peux m’empêcher de noter la profonde ironie de la situation : les hommes sont allés jusqu’à imaginer que les singes prenaient le pouvoir et dominaient le monde mais ils n’ont pas envisagé un seul instant que les femmes puissent être l’espèce qui les mènerait à leur perte. Qu’ils aient pu faire si peu de cas des femmes restent un mystère entier et qui, je l’avoue, me fascine grandement. Mama trouve ça malsain, mais il faut dire qu’elle se méfie de tout ce qui est trop clairement masculin, même si cela appartient au passé. Elle hausse toujours un sourcil réprobateur en me voyant lire Tom Sawyer ou Harry Potter.

    Elle fait partie de ce groupe qui pense que les œuvres du passé, si elles sont l’œuvre d’un homme ou si elles parlent d’un homme, ne méritent pas qu’on s’y attarde. Ce groupe reste heureusement minoritaire parce qu’en suivant ces idées, trop de choses viendraient à disparaître et que contrairement aux hommes qui ont mené le monde au bord de l’extinction, la domination des femmes s’appuie sur le passé pour comprendre l’avenir. Et il faut bien reconnaître que si en littérature, on peut trouver pour chaque époque de grandes figures féminines, il y a des domaines où elles brillent par leur absence (à l’exception du dernier siècle de l’ère masculine, et encore) : peut-on ignorer les pyramides ou le Taj Mahal sous prétexte que des hommes les ont construits ? Doit-on supprimer tous les concepts philosophiques, domaine ô combien masculin ? Ou doit-on se priver d’écouter Mozart sous prétexte qu’il était homme ? Attention, reconnaître le génie de certains hommes ne justifie en rien leur conduite. Si les œuvres masculines prédominent, c’est juste parce que les femmes n’avaient aucun droit et aucune chance de rivaliser avec les hommes. La sœur de Mozart était au moins tout aussi douée que lui, si ce n’est plus. Mais elle n’avait aucune chance de montrer son génie dans la société masculine.

    Mamou, elle, est beaucoup plus tolérante et, en passionnée de musique qu’elle est, reconnaît que le génie peut exister dans les deux sexes. Mais aucune de mes mères, ni d’ailleurs ma sœur Sophie ou mes amies, ne semble ressentir cette curiosité profonde que j’éprouve pour le genre masculin. Je sais toutes les atrocités que les hommes ont commises. Il n’y a pas un seul livre que j’ai lu (et je lis beaucoup, croyez-moi) qui ne montre à quel point les femmes ont souffert à cause des hommes. Je sais que depuis leur extinction, les viols n’existent plus, la prostitution n’existe plus, la guerre n’est qu’un lointain souvenir, et la planète reprend peu à peu vie et tente de se relever des siècles d’exploitation et de destruction que lui ont fait subir les hommes. Je sais tout cela. J’ai vu les films sur les guerres, j’ai lu les statistiques sur les violences conjugales et les viols, notamment ceux des enfants (honnêtement quiconque regarde ces chiffres est forcé d’admettre qu’il y avait quelque chose de foncièrement mauvais et dégénéré dans l’espèce masculine), j’ai étudié la situation des femmes sur tous les continents et à toutes les époques et j’en viens à la même conclusion que tout le monde : la destruction de la race humaine masculine est la meilleure chose qui soit arrivée à l’humanité et à la terre depuis l’apparition de l’être humain (qu’il ne faut jamais appeler « homme », au risque d’être condamné à payer une amende). Tout cela je le sais. Et pourtant, il a existé de ces femmes libres et indépendantes, qui ne devaient rien à personne, et qui ont aimé des hommes. Mon héroïne, Isabelle Eberhardt, écrivain et espion, femme caméléon se jouant des codes du genre, a aimé Slimène. Pourquoi ? Cette question me hante. Elle n’en avait pas besoin pour s’élever socialement, pour la protéger, pour lui assurer un revenu, pour satisfaire sa famille… Alors pourquoi ? Pourquoi Didon se suicide-t-elle pour Enée ? Pourquoi Médée commet-elle autant de crimes pour Jason ? Qu’avaient de si fabuleux les hommes pour que certaines femmes, même quand elles avaient tout, risquent leur vie pour eux ? Je connais l’argument que ma sœur m’a déjà cité quand je lui ai parlé de ma curiosité.

    A cette époque, les femmes n’avaient pas le droit de s’aimer entre elles, c’était interdit et surtout c’était si secret que beaucoup de femmes n’envisageaient pas cette possibilité. Alors leur amour se reportait sur ce que leur culture et leur éducation jugeaient acceptable : les hommes. Et si je pense que cette explication est vraie pour la plupart des femmes, il me semble que certaines femmes, comme Isabelle, n’étaient pas influencées par la culture ou l’éducation. Alors pourquoi ? Et puis au fond, si l’homme a réussi à régner sur la terre, avec les résultats désastreux que l’on connait, pendant si longtemps, c’est quand même qu’il doit avoir une force, un pouvoir. Certains disent que les hommes étaient seulement plus avantagés par la biologie et que c’est ce qui facilita leur ascension. Mais la science actuelle a comblé toutes les différences et a donc prouvé que l’homme était superflu. Cette explication ne me suffit pas. Et c’est cette attraction, que Sophie qualifie de malsaine, qui va me pousser à prendre la première vraie décision de ma vie qui va décevoir mes mamans.

    La semaine prochaine, à la rentrée, il va falloir que nous choisissions à quelle carrière nous nous destinons. Sophie, comme à son habitude, a choisi la catégorie la plus difficile mais aussi la plus prestigieuse et bien entendu la mieux payée : la catégorie des Aidants. Ce sont tous les métiers qui permettent de venir en aide aux autres. Dans l’ordre il y a les médecins et infirmières, ce sont les métiers les plus prestigieux, mais également professeurs, pompiers, ambulanciers, assistantes sociales etc… N’importe lequel de ces métiers t’assure un avenir à l’abri du besoin et la considération de tout le monde. La deuxième catégorie regroupe tous les métiers de la culture : l’histoire, l’art, la littérature etc… Vu ma passion pour l’histoire et les livres, il est clair que tout le monde s’attend à ce que je rentre dans cette catégorie de métiers. Une fille en catégorie 1 et une en catégorie 2, la vie serait belle pour Mamans. Bien sûr, on accède aux catégories selon nos notes mais Sophie et moi avons toujours été de bonnes élèves. Plus tes notes sont mauvaises, plus tu descends dans les catégories. La catégorie 3 est le domaine scientifique, la 4 le domaine agricole, la 5 le domaine de la construction et de l’architecture, la 6 le domaine politique et journalistique et c’est seulement la catégorie 7, donc l’avant-dernière, qui représente le monde de la finance, des banques etc…

    Un des problèmes fondamentaux du système des hommes, c’était qu’ils avaient fait de l’argent leur valeur suprême et de l’humain une valeur négligeable.

    Quand les femmes ont repris le pouvoir, elles ont rectifié immédiatement ce problème : aider son prochain doit forcément primer sur l’idée de produire de l’argent.

    S’enrichir pour le plaisir de s’enrichir est une valeur vue comme très masculinisante et celles qui se retrouvent dans cette catégorie sont généralement considérées comme des personnes peu intéressantes. Il nous reste donc la dernière catégorie. C’est la pire, la plus basse, celle dont personne ne veut. Et pourtant, c’est celle que j’ai choisie. Les doigts de Katia effleurent mécaniquement ma peau. Je vois bien qu’elle est pensive. Pourtant, elle n’a pas vraiment été surprise, contrairement à ma sœur. Peut-être au fond me connaît-elle mieux. Notre famille nous voit toujours à travers le prisme des souvenirs, de leurs espoirs et de leurs attentes. Alors que lorsqu’on rencontre quelqu’un, on est libre de se présenter comme on veut, on commence un nouveau chapitre. J’ai rencontré Katia il y a six mois, dans une soirée. Je vais à l’école Aurore Dupin et elle à Zénobie. L’attraction a été immédiate et il n’a pas fallu longtemps pour qu’elle devienne ma copine. Cet après-midi, après l’amour, je lui ai dit :

    ⸺  Et dire que pendant des siècles, les hommes ont essayé de faire croire que le plaisir féminin n’existait pas, que c’était mal et autres conneries. Quand tu vois comment même au XXIè siècle, la grande majorité des femmes n’avaient jamais eu d’orgasmes, n’utilisaient pas de sex-toys ou simulaient ! Simuler ! Tu te rends compte ! Tout ça pour que l’orgueil surdéveloppé de ces ignobles créatures ne soit pas blessé ! 

    J’avais essayé de mettre de la rage dans cette réplique, de l’indignation plutôt que de la curiosité. Mais Katia m’a souri indulgemment. On aurait dit qu’elle avait su lire les sous-titres :

    ⸺  Que pouvait-il y avoir de si fascinant chez les hommes pour que les femmes soient prêtes à mentir sur leur plaisir pour ne pas les blesser ? Il était pourtant déjà prouvé que les femmes atteignaient beaucoup plus facilement l’orgasme en couchant avec une autre femme ou en utilisant des sex-toys. Les hommes étaient en général de très grands maladroits qui ne connaissaient pas grand-chose au plaisir féminin. Alors pourquoi ?

    Ce pourquoi me hante et je ne m’étais jamais rendue compte à quel point. Katia ne parle pas beaucoup, je l’ai toujours trouvée mystérieuse. Avec sa peau noire et ses longs cheveux frisés, elle est magnifique.

    Elle attend que je parle, patiemment, souriante, comme si elle savait déjà ce que j’allais dire. Mais elle me laisse le champ libre, c’est à moi de le formuler. Peut-être est-ce un bon entrainement pour l’annonce aux mamans. Voilà, je le lui ai dit et elle continue à caresser mon bras, mes seins, d’un doigt rêveur et paresseux. Je la sens pensive, mais pas surprise.

    ⸺  Au fond, j’ai toujours su que cette question te fascinait. Moi j’ai toujours voulu être psychologue, depuis aussi longtemps que je m’en souvienne. Et toi, tu as toujours été fascinée par ce grand Pourquoi ? Pourquoi avons-nous laissé les hommes nous écraser pendant des millénaires ? Pourquoi les avons-nous laissés nous utiliser, nous soumettre, nous briser, nous torturer, nous vendre, nous violer, nous troquer et nous traquer. Pourquoi ? Et surtout, n’en valaient-ils pas un peu la peine ? Cette question te hante et si tu la formulais à haute voix, on t’enverrait direct chez un psy pour soigner tes pulsions masculinisantes. Mais je ne suis pas encore psy alors je ne vais pas te dire quoi faire. Je veux juste te poser une question : es-tu sûre que cette question vaille bien la peine de définir toute ta vie ? Parce que si tu empruntes la route dont tu me parles, tu vas trouver ta réponse. Mais tu ne pourras pas revenir en arrière. Et si cette réponse est décevante ? Si elle est juste celle qui nous a toujours été donnée, « que les femmes étaient conditionnées par la religion, la culture, l’éducation et qu’elles n’arrivaient pas à s’en affranchir » Alors tu auras fait ce choix de vie pour rien. Et tu te retrouveras à travailler dans ce milieu qui te dégoutera. Parce que tu connais les lois : on peut changer de métiers, reprendre des études etc… mais dans la catégorie que tu as choisie, il faut attendre trois ans. Tu pourrais devenir historienne, chercheuse et vivre de ton pourquoi : étudier, analyser, chercher à comprendre, disséquer l’histoire, la grande et la petite, t’interroger…

    ⸺  Mais je serai condamnée à ne pas savoir.

    ⸺  Oui.

    ⸺  Je ne crois pas que je pourrais. J’ai pris ma décision. Je ne te demande pas de l’accepter. Je comprendrais très bien si…

    ⸺  Ne sois pas bête. Notre histoire est trop belle pour qu’un choix professionnel la gâche. Et puis, je suis curieuse de voir comment tout ça va évoluer.

    J’ai souri. La curiosité est définitivement une qualité que nous partageons, Katia et moi. Je ne sais pas qui a dit que c’était un vilain défaut. Il me paraît au contraire qu’elle est la base de toute connaissance. Encore une phrase d’homme, ça.

    Alors ce soir-là, entre le fromage et le dessert, j’ai annoncé à mes deux mamans et au crâne de Sophie (elle baissait tellement la tête sous le poids de ma honte que j’ai cru que son front allait s’écraser dans son camembert) quelle carrière j’avais choisie.

    ⸺  Mama, Mamou, je veux devenir gardienne d’hommes.

    ⸺ Chapitre 2

         C’est Mamou qui est venue avec moi. Mama, elle, a refusé de venir. Elle m’a à peine parlé depuis l’autre jour. Je m’approche timidement du bureau pour rendre mes formulaires d’inscription complétés. A côté de moi, une jeune fille a du mal à retenir ses larmes en complétant ses formulaires. De toute évidence elle n’a pas choisi cette carrière de gaieté de cœur. La femme derrière

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