GRACE LY, L’AUTEURE ANTIRACISTE “JE NE LAISSE PLUS RIEN PASSER”
Longtemps, Grace Ly fut une petite fille parfaite, l’écolière assise au premier rang et en tête du classement. Dans son lycée privé, où les autres mères s’habillaient en Gérard Darel et se parfumaient à L’Air du Temps, sa mère courage détonnait avec ses chemisiers à fleurs de pivoine et ses effluves d’ail frit, raconte-t-elle dans son roman , une fiction inspirée de son histoire. Elle non plus ne sera pas une jeune femme rangée et les mots de Simone de Beauvoir se poseront sur sa colère : on ne naît pas discrète, on le devient. Être une minorité modèle n’est pas un destin. Une préférence sexuelle non plus, n’en déplaise à tous les Yann Moix. Celle qui a grandi dans un restaurant décroche son diplôme d’avocate pour faire plaisir à ses parents, des réfugiés rescapés du régime khmer rouge, avant de bifurquer et de se lancer dans la lutte contre la stigmatisation des Asiatiques. Via son blog de cuisine, où parler food la reconnecte à ses racines, germe très vite l’idée de créer la web-série Les premier·ères concerné·es y démontent, autour d’une table, les clichés tenaces sur leur communauté dite silencieuse et défrichent les tabous qui minent la confiance en soi. Un travail de pionnière qu’elle poursuit grâce au podcast et qu’elle importe désormais en milieu scolaire où, dans les cours de récré, ses trois enfants entendent les mêmes mots qu’elle il y a trente ans. Un racisme régénéré par l’apparition d’un virus associé au « péril jaune », fantasme d’idéologues du xix siècle. Mais Grace Ly ne lâche rien dans cette France qui lui ressemble.
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