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Ma vie est un combat: Alain Bonnamie
Ma vie est un combat: Alain Bonnamie
Ma vie est un combat: Alain Bonnamie
Livre électronique195 pages2 heures

Ma vie est un combat: Alain Bonnamie

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À propos de ce livre électronique

Alain Bonnamie occupe une place particulière dans l’histoire sportive canadienne. En 22 ans, il a réussi l’exceptionnel exploit de figurer, sur le plan mondial, parmi les dix meilleurs combattants dans trois différentes disciplines : le karaté, le kick-boxing et la boxe, en plus de détenir plusieurs championnats prestigieux.
Ce livre ne raconte pas l’histoire d’un athlète comme un autre. Il évoque le cheminement d’un homme qui a eu à se battre sans relâche pour atteindre la réussite, à force de courage et de détermination.
Bien connu pour ses qualités humaines, Alain Bonnamie livre présentement le combat le plus important de sa vie, contre la maladie de Parkinson. Une bataille dont il compte bien sortir vainqueur, une fois encore, en s’y investissant avec la même énergie que par le passé.
Voilà pourquoi ce livre se veut aussi bien un message d’espoir qu’une source d’inspiration, ainsi qu’un véritable témoignage de confiance en la vie.
LangueFrançais
Date de sortie13 oct. 2022
ISBN9782924782637
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    Aperçu du livre

    Ma vie est un combat - Alain Bonnamie

    Introduction

    Lorsqu’on m’a approché pour écrire ce livre, j’ai hésité, car je ne suis pas sûr que ma vie et ma carrière méritent pareille attention. Il appartiendra d’ailleurs au lecteur ou à la lectrice d’en juger. Je me suis dit, par contre, qu’il pouvait y avoir dans mon vécu, des valeurs, des événements ou des leçons susceptibles de servir à des gens aux prises avec des difficultés et des épreuves; des personnes en quête de confiance et de détermination pour faire face à ce qui jalonne toute existence.

    C’est pourquoi ce livre ne s’adresse pas uniquement à des amateurs de sports de combat, mais aussi, et peut-être surtout, à toute personne confrontée à un défi ou à des moments exigeants.

    Ce livre fait, bien sûr, référence à ce qui a marqué mon cheminement, aussi bien sur le plan personnel que public. Ma vie n’a jamais été facile et j’ai appris à la dure, sans emprunter de raccourcis. Je n’ai jamais pu réaliser mon rêve, soit de détenir un titre mondial dans l’une ou l’autre des disciplines sportives auxquelles je me suis consacré: le karaté (que je pratique toujours), le kick-boxing et la boxe.

    Chacune d’entre elles m’a pourtant appris des choses sur moi-même et sur la vie en général. Et chacune d’entre elles a contribué à faire de moi l’homme que je suis devenu, avec ses forces et ses faiblesses, ses qualités et ses défauts. La boxe, a dit le chanteur Daniel Bélanger, est une métaphore de la vie.

    En dépit des sacrifices que je me suis imposés, de la souffrance que j’ai souvent endurée et de l’incertitude constante que j’ai éprouvée, je n’ai aucun regret et si tout était à recommencer, je referais sûrement les mêmes choix.

    À travers mon parcours, une valeur demeure constante: le respect. Celui qu’on mérite à travers les obstacles qu’on s’efforce de franchir, puis celui qu’on véhicule auprès des autres. L’éducation que j’ai reçue de ma mère et l’exemple de courage qu’elle m’a fourni ont été son plus bel héritage. Le respect figurait au centre de cet héritage. Les arts martiaux m’ont fait comprendre bientôt, comme me l’a appris ma mère, que le respect, comme la foi, déplace des montagnes.

    Bien que ma carrière de combattant ait pris fin il y a plusieurs années, c’est aujourd’hui que je me trouve confronté à la plus grande bataille de ma vie: vaincre la maladie de Parkinson. Cette victoire, j’y crois du plus profond de mon être. Ce combat, je le vois comme le prolongement de ce qu’a été ma vie et la mise en pratique des leçons que j’en ai tirées.

    Si cet ouvrage devait inspirer une seule personne, en proie à l’angoisse de surmonter un obstacle, je considérerais avoir fait œuvre utile et chaque effort investi dans cette exigeante entreprise en aura valu le coup.

    Bonne lecture!

    Alain Bonnamie

    Montréal

    1

    Du berceau au tatami

    J’ai choisi de mourir debout,

    pas de vivre à genoux

    (D’un auteur inconnu)

    Mes souvenirs d’enfance me ramènent naturellement à ville d’Anjou, où je suis né, le 31 juillet 1964, puis à Rivière-des-Prairies, où j’ai grandi. J’avais deux frères; Sylvain, décédé en 1994, et Patrick, qui vit aujourd’hui à London, en Ontario. Je suis le deuxième enfant de la famille. Mon père était un ancien joueur de hockey professionnel et nous a initiés très tôt à la pratique du sport (avec son coéquipier Jean Fontaine, il a détenu un record offensif de la Ligue de hockey junior majeur du Québec).

    À quatre ans, mon frère Sylvain et moi faisions partie d’une équipe de hockey dans une ligue mineure à ville d’Anjou. Comme j’avais un frère qui n’avait que onze mois de plus vieux que moi, nous grandissions ensemble et j’héritais souvent de ses effets personnels, entre autres, son équipement de sport.

    Nous bougions beaucoup, d’autant plus que nous avions un parc près de la maison. Sylvain et moi aimions grimper dans les arbres et on ne s’en privait pas. Comme le ménage de mes parents n’allait pas très bien, les querelles étaient fréquentes. Ma mère, le roc de la famille, nous envoyait alors jouer dans la cour.

    Ma mère était un ange. Elle s’est occupée seule de ses trois enfants sans presque aucune aide financière. C’était une battante. Elle m’a inculqué une véritable volonté de travail. Mon grand-père maternel a émigré de l’Écosse, il s’est rendu aux États-Unis, puis est monté au Canada. Il a trouvé une Canadienne qui s’appelait Berthe et l’a épousée. Le plus drôle, c’est que ce n’est qu’à son décès qu’ils ont découvert qu’il avait vécu illégalement au pays. (Trop tard: il était mort.)

    Chez nous, quand j’étais jeune, ma mère, qui avait deux emplois, nous faisait comprendre pourquoi il lui arrivait d’être dure avec nous. Nous étions seuls lorsqu’elle travaillait et mon père était absent, il nous arrivait donc de laisser traîner nos choses, de ne pas faire la vaisselle, etc. La méthode que je préconise avec mes fils aujourd’hui est différente de celle de ma mère, mais je suis aussi ferme sur les principes.

    Une valeur, parmi d’autres, que m’a transmise ma mère, c’est de ne pas juger et de chercher des défauts à tout le monde. À mes yeux (et je l’ai vite compris) le directeur de banque et le concierge valent autant l’un que l’autre. L’un n’est pas supérieur à l’autre parce qu’il touche un salaire plus élevé.

    À l’époque où je suis né, Evel Knievel¹, le célèbre acrobate-motocycliste, était très populaire. Peu de choses résistaient à son courage (à sa folie diraient certains) et des prouesses particulièrement difficiles à accomplir l’avaient déjà rendu célèbre. Knievel est vite devenu mon idole et je me suis mis très tôt en tête de l’imiter avec les moyens du bord.

    Je me rappelle, par exemple, d’avoir placé une caisse de Pepsi en bois sur le trottoir et d’y avoir déposé une traîne sauvage à l’envers, histoire d’en faire une espèce de tremplin. Je me suis lancé à toute vitesse vers mon invention avec ma bicyclette à pédales, mais le tout manquait de solidité et je me suis retrouvé la face la première sur le ciment.

    Mais puisque Evel Knievel ne lâchait jamais, j’avais décidé d’en faire autant. Je me suis donc trouvé d’autres moyens de mettre mon caractère intrépide à l’épreuve. Me jeter du haut d’une glissade au parc (non pas en glissant, mais en sautant en bas) était une autre de mes spécialités. La petite clinique au coin de la rue m’accueillait souvent et je suis devenu un bon client pour elle. On me connaissait même par mon prénom.

    Il ne fallait pas me défier. C’est durant cette période de ma vie que j’ai développé un goût pour les sports extrêmes. Il suffisait de me dire que je ne pouvais pas faire quelque chose pour que je le fasse. Bientôt, ma réputation du gars qui n’avait peur de rien, tough et willing, s’est répandue. Mais il y avait un prix à payer. Même très jeune, j’essayais de me démarquer en accomplissant des choses spéciales et qui prenaient un certain cran. Par contre, je n’aurais jamais cru que mon tempérament fougueux m’aurait mené vers les sports de combat. Ma nouvelle idole, Bruce Lee, devait s’en charger.

    Ma mère aimait les plantes et il y en avait beaucoup chez nous. Elle les installait dans un support en macramé et les suspendait. On imagine peut-être le plaisir que ça procurait à l’enfant de neuf ans que j’étais de distribuer coups de pied et coups de poing aux plantes en question. J’avais près de 10 punching bags qui traînaient un peu partout dans la maison. Un vrai circuit de bonheur que je parcourais en m’imaginant abattre un mortel ennemi à la tête de fougère. Tout ce que Bruce Lee faisait dans ses films, il fallait que je le fasse aux plantes de ma mère. La terre revolait partout… Les plantes abattues, il fallait que je développe des réflexes défensifs pour me protéger de ma mère qui était furieuse contre moi et avec raison! Il fallait que je bouge et que ce soit comme Bruce Lee. Si mon idole avait été un golfeur, j’aurais joué au golf, mais probablement en swingant des bâtons.

    J’ai toujours été un clown et aimé faire rire. J’étais aussi cascadeur. Par exemple, à l’époque des westerns présentés à la télé, qui mettaient en vedette des acteurs tels que Gary Cooper et Clint Eastwood, on voyait souvent un homme débouler un escalier. C’est un art (car c’en est bien un!) qui me fascinait déjà, car j’ai tenté l’expérience pour imaginer la sensation éprouvée par un casse-cou dans ces conditions. La technique en moins, je me suis donc lancé dans l’escalier en voyant défiler (en même temps que ma courte vie) une série de marches et de barreaux avant de terminer ma chute brutalement contre un mur. Dans une discipline moins dangereuse et un peu plus subtile, je proposais toujours de faire davantage de push-up que ce qui m’était proposé. (Je suis encore comme ça aujourd’hui.)

    Autre témoignage de mon intrépidité: empiler des chaises sur une table, puis ajouter des chaudières pour avoir le dos au plafond. Souvent, ce que je faisais n’était pas intelligent, pour ne pas dire carrément stupide… J’ai vécu beaucoup d’expériences que je n’aurais jamais dû tenter à cause des risques. Quand j’y pense, je me dis que c’est peut-être une des raisons pour lesquelles j’ai réussi dans les sports de combat: je n’avais pas peur d’avoir mal.

    À l’école, je me débrouillais bien, mais je n’aimais pas ça. J’étais tranquille, mais aussi paresseux, en ce sens que je ne faisais pas mes devoirs et je n’apprenais pas mes leçons. Dès cet âge, je me voyais travailler physiquement, dans le domaine du sport, plutôt que de récolter des connaissances qui ne me serviraient pas. (Un raisonnement stupide, je l’avoue.)

    Il fallait que je trouve un moyen de canaliser mon énergie d’une façon un peu plus constructive. Pour laisser les plantes de ma mère en paix, j’ai commencé à suivre des cours de karaté à 9 ans, à la fréquence d’une fois par semaine à l’école élémentaire Notre-Dame-de-la-Paix, à Rivière-des-Prairies, où j’ai fait mes 4e, 5e et 6e années. (J’avais débuté mon cours primaire à l’école Saint-Conrad, coin Chaumont et Desormeaux, à ville d’Anjou.) Il s’agissait d’une activité parascolaire. Le karaté allait me donner ce que je cherchais.

    J’ai grandi dans un quartier dur et j’ai toujours été un gars qui ne se laissait pas marcher sur les pieds. Je m’étais bien promis dès le début de ne pas me laisser abuser physiquement ou mentalement. J’ai vécu dans l’est, où il y avait des gangs. Je me suis fait casser la gueule une fois par sept ou huit gars. C’était l’époque où les bottines de travail avec caps d’acier étaient à la mode… J’ai reçu un coup qui m’a débarrassé de mes dents d’en avant. (Ce n’est donc pas pour rien que dans les quartiers durs on choisit les sports de combat…) Mais je me suis très rarement battu à l’école. Je n’étais pas le genre à défier qui que ce soit ou à frapper le premier, mais si le trouble me tombait dessus, je savais me défendre. Ce n’était pas mon style de tendre l’autre joue.

    J’étais doué également pour le hockey et on m’a dit plus tard que je faisais une erreur en abandonnant ce sport. J’aurais peut-être pu faire carrière au hockey. Ça aurait été avantageux sur le plan financier. Mais si c’était à refaire, je ferais les mêmes choix. J’aime la personne que je suis devenu aujourd’hui. Si j’avais été une vedette du hockey, je serais sûrement plus riche, mais peut-être plus chiant aussi.

    Il y avait donc un lien entre ma volonté de persévérer dans les sports de combat et le quartier où j’ai vécu, mais j’ai choisi les sports de combat en raison aussi de l’atmosphère qu’il y avait à la maison. Ma mère avait un budget restreint. Nous n’avions pas le câble, ni les liqueurs et les chips… Je devais donc trouver quelque chose pour passer mon temps et le karaté était ce que j’aimais. Je préférais crier au gymnase plutôt qu’entendre crier à la maison. Je me défoulais sur un sac de sable. C’était ma thérapie.

    Je le fais encore de nos jours. Lorsque quelque chose m’agace ou me frustre, je prends une vingtaine de minutes pour jaser avec le punching bag et je me sens mieux après. Très vite, j’ai donc compris ce que les arts martiaux m’apportaient. Je faisais quelque chose que j’aimais et je me changeais les idées. Ça me fournissait un moyen de me surpasser, plutôt que de ressentir les choses négatives qui se passaient à la maison.

    Mon côté «peur de rien» vient de ma mère, mais la pratique des arts martiaux est venue l’accentuer, entre autres, en repoussant les limites de mes capacités. Par exemple, on ne fait pas le grand écart (split) du jour au lendemain. C’est seulement à force de faire travailler ses muscles qu’on y arrive.

    XXX

    Un mot sur la pratique du karaté

    Dans son ouvrage publié en 1981, un maître du karaté, André Gilbert écrit:

    Étudier le karaté [qui signifie «main nue»], c’est gravir une montagne dont le sommet se perd dans les nuages. C’est aussi franchir quelques mètres à la fois, y mettre du sien un peu chaque jour et dormir en paix une fois le travail accompli. C’est penser à «demain», le cœur rempli d’espoir. C’est ne reculer devant rien ni personne et laisser doucement, imperceptiblement, la bravoure s’installer dans son âme².

    Le karaté consiste à faire comprendre que l’humilité passe avant tout. Lorsque quelqu’un dit: je veux être le meilleur, c’est déjà manquer d’humilité. La philosophie des arts martiaux a pour but de développer la confiance, la capacité de se battre, mais en espérant ne pas avoir à y recourir. Ce n’est donc pas violent. C’est le contraire de la violence. C’est comme avoir un pneu d’urgence dans la voiture.

    Pensons à l’arme d’un policier. C’est là, au cas où, quand on n’a pas d’autre choix que de s’en servir. C’est la même chose au karaté. Les coups de poing, les coups de pied sont des armes.

    On apprend à frapper les parties intimes, ou même à crever un œil dans un mode d’autodéfense, mais il s’agit de cas extrêmes; par exemple, dans le cas d’une personne qui risque de se faire violer ou tuer. Il ne faut vraiment pas avoir d’autre choix. Quand doit-on recourir à ces techniques? Entre en ligne de compte la question du jugement. Dans le film Karaté Kid, les petits méchants sont techniquement supérieurs au héros, mais ils sont mal inspirés.

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