Femmes et tourisme de l'entre-soi

Par Emilie Marcil

Le tourisme a longtemps été abordé sans tenir compte du rôle des sexes dans l’articulation de l’expérience. Or les femmes sont aujourd’hui plus nombreuses que les hommes à faire du tourisme et nous observons une croissance rapide de la demande pour les voyages de groupes exclusivement composés de femmes. Nous assistons à l’émergence de nouvelles tendances touristiques souhaitant les rejoindre précisément, puisqu’elles ne sont plus nécessairement accompagnées par leur famille ou leur partenaire.

Forte de ses expériences à la fois de guide et de conseillère en tourisme d’aventure, Emilie Marcil pose dans cet ouvrage un regard différent sur l’expérience touristique en traçant un historique bref, mais éclairant, sur l’évolution de la place de la femme dans le voyage. Elle présente les témoignages de femmes qui ont choisi cette formule de voyage et propose ainsi d’étudier et de comprendre les contraintes vécues par ces dernières dans leur quête de mobilité.

Cet ouvrage original sur les vacances entre femmes apporte un éclairage nouveau sur le tourisme de l’entre-soi comme lieu de renforcement des relations interpersonnelles, possiblement affranchi des rôles sociaux. Il peut aider à élargir les acquis au sein des études féministes et touristiques, mais aussi à enrichir les connaissances des membres de l’industrie touristique qui exploitent cette forme de tourisme.

• Langue: Français
• Éditeur: Presses de l'Université du Québec
• Date de sortie: 17 mai 2022
• ISBN: 9782760556591

Aperçu du livre

Couverture: Femme et tourisme de l'entre-soi par Emilie Marcil. Préface de Alain A. Grenier. Postface de Sylvie Paré.

Table des matières

Couverture

Collection tourisme

Page de demi-titre

Marque

Page de titre

Page de copyright

Dédicace

Préface

Remerciements

Avant-propos

Liste des figures et tableaux

Introduction

1. Le voyage de groupe entre femmes

2. Les études portant sur le lien qu’entretiennent les femmes avec la notion de loisir

3. La signification du voyage pour les femmes dans un contexte familial

4. Le tourisme et la bienveillance

Chapitre 1 Historique du tourisme au féminin

1. Le grand tour

2. La contribution des femmes à la littérature de voyage

3. L’apparition des premières femmes touristes, une minorité cultivée

3.1. La démocratisation de la bicyclette

3.2. La démocratisation de la voiture

3.3. Des vacances familiales au loisir personnel

4. Un départ tardif

Chapitre 2 Démocratisation du voyage chez les femmes et persistance des inégalités

1. La littérature de voyage comme phénomène culturel

2. Les contraintes émotionnelles

3. Les contraintes socioéconomiques

3.1. La privileged literature

4. La perception de ne pas être suffisamment aventureuse ou le manque de modèles féminins

5. Des contraintes physiques et physiologiques

6. Des contraintes insidieuses

Chapitre 3 Éthique du care à travers le cas des vacances

1. L’éthique du care

2. La structure androcentrique des vacances

3. L’éthique du care, la charge mentale et les vacances

4 Ces femmes qui partent ensemble

4.1. Lorsque la charge mentale ne prend pas de vacances

4.2. La prise en charge des tâches domestiques par la famille durant l’absence de la voyageuse

4.3. Prendre soin des autres

5. Un besoin de bienveillance

Chapitre 4 Expérience du voyage en groupe homogène

1. Qu’est-ce qu’un voyage de groupe ?

2. Le plaisir d’être ensemble

2.1. La bienveillance du groupe

2.2. Un désir de connaissances

2.3. Apprendre à devenir touriste

3. Les réseaux affinitaires et le tourisme de l’entre-soi

4. Les regroupements de femmes

5. Le groupe: une formule de voyage renouvelée

Chapitre 5 Motivations et bénéfices

1. Le soutien émotionnel du groupe homogène

2. Lorsque la sollicitude est dirigée vers soi

3. Le voyage comme lieu de négociation des rôles sexospécifiques

4. La force des liens d’amitié

Conclusion

Postface

Références

Dans la même collection

Points de repère

Couverture

Collection tourisme

Page de demi-titre

Presses de l’Université du Québec

Page de titre

Page de copyright

Dédicace

Préface

Remerciements

Avant-propos

Liste des figures et tableaux

Introduction

1. Le voyage de groupe entre femmes

Conclusion

Postface

Références

La collection Tourisme propose une lecture novatrice du tourisme à travers le prisme des sciences humaines et sociales. S’adressant aux chercheurs et étudiants autant qu’aux gestionnaires et professionnels de l’industrie, cette collection offre un large panorama de livres fondamentaux et de recherches empiriques touchant le développement du tourisme au Québec et dans le monde.

Par la présentation de recherches rigoureuses, de théories et de cas concrets, les ouvrages qui la composent souhaitent alimenter les chercheurs et les décideurs en leur proposant une lecture scientifique des principaux enjeux du tourisme, de manière à nourrir la planification et l’action des gouvernements tout comme celles des entreprises touristiques.

Bruno Sarrasin

C

omité scientifique de la collection

Oliver Dehoorne, Université des Antilles et de la Guyane (Martinique)

Christiane Gagnon, Université du Québec à Chicoutimi

Alain A. Grenier, Université du Québec à Montréal

Mimoun Hillali, Institut supérieur international du tourisme (Maroc)

Katia Iankova, Memorial University of Newfoundland

Louis Jolin, Université du Québec à Montréal

Marie Lequin, Université du Québec à Trois-Rivières

Franck Michel, Université de Corte

Bernard Schéou, Université de Perpignan

Georges Tanguay, Université du Québec à Montréal

Xuan Lan Vo Sang, Université Van Lang (Viêt-Nam)

Femmes et tourisme

de l’entre-soi

Emilie Marcil

Femmes et tourisme

de l’entre-soi

Préface de

Alain A. Grenier

Postface de

Sylvie Paré

Logo: Presses de l'Université du Québec

Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada

Titre : Femmes et tourisme de l’entre-soi / Emilie Marcil.

Nom : Marcil, Emilie, auteur.

Collection : Collection Tourisme (Presses de l’Université du Québec)

Description : Mention de collection : Tourisme | Comprend des références bibliographiques.

Identifiants : Canadiana (livre imprimé) 20210069953 | Canadiana (livre numérique) 20210069961 | ISBN 9782760556577 | ISBN 9782760556584 (PDF) | ISBN 9782760556591 (EPUB)

Vedettes-matière : RVM : Femmes—Voyages. | RVM : Femmes—Réseaux sociaux. | RVM : Femmes—Conditions sociales. | RVM : Tourisme. | RVM : Théorie du care.

Classification : LCC G156.5.W66 M37 2022 | CDD 910.82—dc23

Logos: Financé par le gouvernement du Canada, Funded by the Government of Canada, SODEC Québec.

Révision

Isabelle Renaud

Correction d’épreuves

Anne-Julie Boucher

Conception graphique

Richard Hodgson et Michèle Blondeau

Mise en pages

Lucie Benoit

Images de couverture

iStock

Dépôt légal : 2e trimestre 2022

›  Bibliothèque et Archives nationales du Québec

›  Bibliothèque et Archives Canada

© 2022 – Presses de l’Université du Québec

Tous droits de reproduction, de traduction et d’adaptation réservés

D5657-1 [01]

À mon père, Serge, qui serait bien surpris

de voir jusqu’où le voyage m’a menée.

Préface

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Alain A. Grenier, Ph. D.

Professeur à l’École des sciences de la gestion (Université du Québec à Montréal)

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Le tourisme évoque le voyage à des fins de plaisir pour la revitalisation et le renouvellement de l’être sur les plans physique et psychique. Pour ce faire, l’activité implique un déplacement hors de son environnement domestique, en l’occurrence la maison et le lieu d’emploi – loin de tout ce qui appelle au travail et aux responsabilités, ou encore rappelle, d’une quelconque façon, le milieu de vie. La perte de ses points de repère facilite ainsi le relâchement et la déconnexion et, par le fait même, l’expérience de restauration que procurent le repos et la découverte, loin de chez soi, au contact d’un climat, d’une destination, de savoir-faire et d’autres caractéristiques distinctives de la communauté hôte. Le tourisme s’articule ainsi surtout et avant tout autour du touriste lui-même, un terme, notons-le, toujours employé au masculin.

La grammaire nous apprend dès le plus jeune âge que le masculin « l’emporte » sur le féminin, c’est-à-dire que le genre dominant se fait inclusif ! Cette inclusion a néanmoins le désagrément d’effacer complètement la femme du discours (aussi éliminée pour « alléger le texte », selon une formule encore présente dans les documents, même si elle est ô combien périmée). Les francophones ont d’ailleurs de plus en plus de difficultés à associer à un substantif féminin (p. ex. entreprises) le pronom personnel concordant « elles », lui préférant le pronom masculin « ils », qui réfère dès lors non plus aux entreprises mais aux entrepreneurs, dont le sexe est imposé dans la langue en omettant de nouveau la femme. Les problématiques de la grammaire et de la langue parlée dans le discours ne font que révéler la réticence à tenir compte des réalités souvent distinctes des femmes et des hommes. Déjà, cette formulation est plus difficile que de parler des hommes et des femmes, quand on souhaite considérer d’abord la femme au lieu de seulement l’ajouter par l’emploi de la conjonction « et ».

Ces exemples démontrent à quel point il est encore peu naturel de considérer la femme et ses expériences de vie distinctes malgré les luttes et le travail de sensibilisation qu’elles et leurs mères – et de plus en plus d’hommes, disons-le – ont menés pendant des décennies pour la reconnaissance, l’égalité, mais surtout l’équité entre les sexes. À cet égard, le tourisme n’est pas en reste. Cet ouvrage – l’un des rares à s’intéresser précisément à la femme dans le cadre du voyage touristique – dresse à travers des témoignages de femmes un portrait fascinant de leur situation, décrivant leur rôle, leurs attentes et leurs expériences de voyage avec les hommes d’une part, mais aussi, parfois, sans hommes, à la suite d’un cheminement qui les mène à choisir de partir sans amants ou amis. Son autrice, Emilie Marcil, constate dès l’introduction que le touriste est perçu la plupart du temps comme une personne neutre de genre, c’est-à-dire sans aucune appartenance de sexe. Force est d’admettre que ce constat s’avère véridique à la fois du point de vue de l’industrie et de celui des études en tourisme.

De fait, nos études abordent rarement le tourisme comme un phénomène socioculturel et économique de personnes sexuées et genrées (sauf peut-être pour les cas particuliers du tourisme sexuel et des tourismes « gai » et « lesbien », qui omettent à leur tour d’autres identités). C’est ici que s’invite l’ouvrage d’Emilie Marcil, Femmes et tourisme de l’entre-soi. Forte de ses expériences à la fois de guide et d’entrepreneuse en tourisme, l’autrice offre un regard différent sur l’expérience touristique en traçant un historique bref mais éclairant sur l’évolution de la place de la femme dans le voyage, préparant le lectorat à une réalité contemporaine. Mais surtout, elle octroie un espace aux femmes qui, par leurs témoignages, offrent un regard tout à fait nouveau sur la socialisation, et sur l’implication des uns et des autres en regard de leur sexe, dans l’expérience touristique. Son ouvrage aurait tout aussi bien pu s’intituler – quitte à reprendre le cliché – Les femmes et la face cachée du tourisme. L’éclairage que porte Emilie Marcil sur l’expérience touristique des femmes nous permet de voir comment hommes et femmes vivent l’émancipation que doit normalement procurer le voyage de manières très distinctes : les premiers en maintenant le contrôle sur le déroulement de l’activité ; les secondes en voyant au soutien par la prise en charge continue des relations interpersonnelles, des enfants, des repas, de la bonne tenue de chacun, etc. Se pose alors la question de ce qu’il reste des vacances, du droit au repos et au renouvellement pour qui ne peut pas décrocher.

Voilà l’un des rappels les plus dérangeants de l’ouvrage de Marcil : quoique d’importants jalons aient été franchis en matière de reconnaissance de la contribution des femmes à notre société et du droit à l’équité, le rôle qui leur est assigné, mais aussi celui qu’elles assument « naturellement » comme s’il était inscrit dans leur ADN, n’est pas limité qu’aux situations domestiques sous le toit familial, mais, de manière subtile, intervient dans toutes les dimensions du loisir. Même sans enfants, dès lors qu’elle se retrouve dans un environnement patriarcal, la femme est inévitablement assujettie à des attentes, voire à des risques liés à sa position, à sa tenue, à ses manières et à ses fonctions, exprimées dans le regard des hommes et, pire encore, dans celui d’autres femmes qui, bien qu’aimant se définir comme émancipées, s’efforcent tout de même de répondre aux attentes dictées par des systèmes de valeurs genrés.

Dans cette perspective, l’ouvrage d’Emilie Marcil propose un temps d’arrêt pour réfléchir non seulement à l’expérience des femmes qui font du tourisme, mais aussi, par ricochet, aux nombreux rôles et responsabilités auxquelles elles sont associées au quotidien, et à la difficulté d’y échapper. Loin d’être un ouvrage de doléances, l’étude montre que l’on peut remédier à la situation, notamment par le voyage « entre eux » que les hommes pratiquent depuis la nuit des temps sans jugement, alors qu’il suscite la perplexité, le soupçon, voire le besoin de se justifier lorsqu’il est le fait de femmes.

L’originalité de cet ouvrage va au-delà de la combinaison des études touristiques et féministes. Il