Et si la modernité avait eu tort de vouloir se débarrasser des rites, trop vite associés aux sociétés traditionnelles ? Professeur à l’université de Bourgogne et conférencier, Pascal Lardellier loue les vertus de ces moments de partage qui font vivre le corps social dans Éloge de ce qui nous lie. L’étonnante modernité des rites (Éditions de l’Aube).
La modernité a voulu évincer les rites. Que leur reprocheton ?
En mai 1968, on a mis la société « cul par-dessus tête », pour reprendre les termes de François Rabelais à propos du carnaval. On a considéré que les rites étaient des instances de contrainte, de violence symbolique, de contrôle social. Par son caractère protocolaire, ils sont présentés comme une entrave àhypocrisie. Ils nous obligent à jouer un rôle. Résultat, pendant des décennies, au tribunal, à l’université comme dans énormément de domaines, les rituels ont été allégés. On a même eu un président français, François Hollande, qui voulait être « normal » ! C’est précisément ce qu’il ne fallait pas faire, parce que même si les gens adorent détester les rites, en même temps ils les adorent.