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Une étrange demeure
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Livre électronique151 pages2 heures

Une étrange demeure

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À propos de ce livre électronique

Lorsque Laura est arrivée dans cette étrange maison, elle a tout de suite eu l’impression d’être observée, mais par qui ? Elle était loin d’imaginer que ses vacances ne seraient pas de tout repos. Qui était cette mystérieuse Cannelle ? Quel était son lien avec Enor ? Quel secret cachait cette demeure ? D’où venaient ces étranges bruits ? Pourquoi les gens préféraient-ils se taire ? Tant d’énigmes à résoudre ! Du grenier à la cave, Laura, aidée par sa voisine Zohra, va remonter le fil du passé et découvrir, au péril de sa vie, la vérité.


À PROPOS DE L'AUTEURE


La lecture et l’écriture ont toujours été des moyens d’évasion, de véritables exutoires pour Kelly Hayemmes. Une étrange demeure est la réalisation d’un rêve d’enfance qu’elle décide à présent de partager avec vous tous.
LangueFrançais
Date de sortie28 févr. 2022
ISBN9791037744470
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    Aperçu du livre

    Une étrange demeure - Kelly Hayemmes

    Chapitre 1

    C’était le premier jour des vacances et j’avais décidé de profiter au maximum de ces deux mois et demi de repos. D’habitude, j’avais une certaine tendance à m’isoler. Plutôt de nature solitaire, je me retranchais derrière une pile de livres que j’avais déjà lus une bonne dizaine de fois et qui, pourtant, ne me passionnaient pas réellement, tandis que le reste de ma famille profitait gaiement de la vie. Comme si je trouvais accablant d’être en vacances alors que j’aurais dû en être ravie. Eh oui ! Le temps défilait si vite pour certaines personnes et pourtant, moi, je trouvais qu’il ne passait pas…

    ***

    Ma mère, Roxane, est un peu folle ces derniers jours – à vrai dire, elle l’est depuis toujours. Elle exerce la profession de couturière et vient d’être engagée dans une grande entreprise de production de costumes à plusieurs dizaines de kilomètres d’ici. Il semblerait que ce soit la boîte aux trésors des stylistes de certains acteurs célèbres. Cette nouvelle lui donne le sourire jusqu’aux oreilles car elle s’imagine déjà créer des costumes sur mesure pour son cher et tendre Johnny Depp, dont elle est fan depuis des années. C’est une femme très coquette, elle aime accessoiriser ses vêtements. Pour le moment, elle sélectionne ses plus jolies tenues pour son nouveau job. C’est tellement pathétique ! Redescends sur Terre, maman, tu n’es qu’une simple couturière qui ne fait que du raccommodage en coulisses. Tu n’es pas l’habilleuse personnelle de Johnny Depp !

    Mon père, Antonio, est beaucoup plus réservé. En fait, il est tellement réservé qu’il en est presque devenu inexistant. Il est architecte et ne vit que pour ses dessins et ses maquettes. Il travaille sur ce qu’il appelle un « grand projet » et, comme à chaque fois qu’il a un « grand projet », il prolonge ses journées en costume, enfermé dans son bureau, et n’en sort que quand ma mère hurle « à table, chéri ! ».

    Mais cette fois, c’est différent. Le nouveau « grand projet » de mon père nous vaut un déménagement. Ce qui n’est pas pour déplaire à ma mère puisque ça la rapproche de quelques kilomètres de son nouveau travail. Je sais que je n’ai pas grand-chose à espérer de mes parents ; ma mère est à la limite de l’hystérie et mon père reste enfermé dans son bureau du matin au soir. Je me demande d’ailleurs à quand remonte notre dernière vraie discussion au-delà des classiques « bonjour, bon appétit et bonne nuit ».

    Dans un autre style, Lydia, ma grande sœur. Elle n’est que de quatre ans mon aînée et pourtant, si je devais la décrire, je dirais qu’elle est tout l’opposé de moi. À part nos yeux bleus en amande que nous tenons de notre mère, rien ne nous rassemble. Lydia est mordue de rock et de tennis. Elle est un peu le style de pin-up sexy mais sportive qui attire le regard de tous les garçons, elle n’a d’ailleurs aucun complexe. On peut dire qu’elle est un mélange peu subtil du côté hystérique de notre mère et du côté passionné de notre père. Elle passe la majeure partie de son temps dans sa chambre et utilise le mur donnant sur la mienne pour faire rebondir ses balles de tennis. Ma sœur sait être persuasive quand elle le veut. Il y a trois mois de cela, elle a fait une de ses crises délirantes et tout à fait agaçantes, qui a d’ailleurs duré plusieurs semaines, pour acquérir cette petite pièce de vie qui m’appartient dans l’unique but d’abattre le mur commun à nos deux chambres (celui sur lequel elle frappe ses balles de tennis). Son objectif ? Installer un filet pour s’entraîner ! Au départ, notre père était mitigé, car Madame avait déjà mis en avant d’autres arguments bien plus tôt encore : sa chambre est trop petite, elle n’a pas suffisamment d’espace pour ranger ses vêtements, le fait que je doive passer par sa chambre pour atteindre la mienne ne lui permet pas d’avoir son intimité et j’en passe. Heureusement, cette fois, le nouveau « grand projet » de papa m’a sauvé la vie ! Puisqu’un déménagement est prévu, pas de nouveaux aménagements.

    Le pire dans cette histoire, c’est qu’en dépit du fait que Lydia entame tout un tas de négociations et de discussions pour s’approprier ce petit espace qui est le mien sans même m’en parler, elle avait décidé d’interpréter le « on verra » de papa comme un « oui ». Ma chère sœur n’a, dès lors, rien trouvé de mieux que de fourrer ses vêtements dans ma chambre et de brancher sa sono sur ma prise de courant, ce qui fait qu’au final, elle squatte également ce petit espace qui me sert de dortoir. Sans parler de ses gentillesses habituelles du genre, « T’es chiante, Laura ! Casse-toi ! Tu ne vois pas que je joue là ? ». Oh que si, il serait difficile de ne pas le remarquer…

    Heureusement que j’ai Sydney-Jack Junior, mon chien. Un petit César de cinq ans. C’est à lui que je m’identifie le plus. Comme moi, il est solitaire, ignoré et un tant soit peu dérangeant bien qu’il soit très aimé par ma famille. C’est mamy Lilas qui m’a offert Sydney-Jack pour mon douzième anniversaire et je m’en souviens comme si c’était hier. Il était tout petit, coiffé d’un grand chouchou bleu, sagement assis dans un panier en osier. Mamy Lilas m’avait écrit un mot qui disait :

    « Pour te sentir moins seule, il sera toujours près de toi. Tu pourras tout lui dire, il sera ton meilleur confident.

    Ta mamy qui t’aime »

    Mamy Lilas est un mélange extraordinaire de folie, de tendresse et de maladresse. Elle pense toujours bien faire mais en fait parfois trop. Elle a ce côté attendrissant que mes parents n’auront jamais. Je pense que c’est dû au décès de ma tante Rose, son second enfant, la sœur aînée de maman. Elle a très mal vécu les circonstances de sa mort et a mis longtemps à s’en remettre. Un suicide n’est jamais facile à accepter, encore moins lorsqu’il s’agit de son propre enfant qui fonce volontairement dans un mur à toute vitesse. J’ai à peine eu le temps de connaître ma tante Rose mais je sais que, même si elle n’était pas forcément heureuse dans sa vie, c’était une femme généreuse et sincèrement gentille. Le petit ours blanc en peluche qu’elle m’avait offert lorsque je suis venue au monde se trouve encore dans ma chambre. Même sans la connaître, car je n’en ai que trop peu de souvenirs, je l’ai toujours trouvée touchante au travers des récits de mamy Lilas et des quelques anecdotes contées par maman se remémorant leur enfance. J’aurais vraiment aimé pouvoir passer plus de temps avec elle et il m’arrive parfois de m’imaginer à quoi aurait pu ressembler notre relation. Depuis ce tragique évènement, mamy Lilas s’est raccrochée à nous et nous couvre d’affection comme si nous étions ses propres enfants.

    Et puis il y a moi, Laura, dix-sept ans, qui vis sous le même toit que trois timbrés, un chien et une ribambelle de souvenirs. Ma vie est passionnante et la famille Kaya l’est tout autant !

    ***

    Après deux mois de préparatifs, le jour du grand départ avait sonné ! Lorsque j’ai su que nous partions, je n’ai pas tardé à emballer mes affaires dans des cartons. Il faut reconnaître que j’en ai tellement peu que le rangement a été plutôt rapide. Je ne sais pas exactement où nous allons mais je sais juste que la faculté littéraire n’est pas trop loin et c’est à peu près tout ce qui m’importe. Contrairement à Lydia, je n’étais pas la fille la plus populaire du lycée. J’étais plutôt l’intello du premier rang, celle qui traîne avec un rat de bibliothèque. Grandir dans la solitude, finalement c’est assez chouette. J’ai lu des centaines de romans, j’ai eu des dizaines d’amis imaginaires, plusieurs vies idéales remplies d’aventures abracadabrantes et construites sur des souvenirs… Mais ne croyez pas pour autant que je suis cinglée ! Je me suis découvert une réelle passion pour la littérature et c’est tout naturellement que je me suis dirigée vers une faculté littéraire. Je ne sais pas vraiment ce que je veux faire dans la vie mais je ne m’en soucie pas plus que ça pour le moment.

    ***

    Lydia squatte la salle de bain depuis exactement une heure et vingt-deux minutes. Je ne comprends pas comment elle parvient à consacrer autant de temps à quelque chose d’aussi banal qu’une douche. Alors que papa charge la voiture, maman est à quatre pattes dans la cuisine, à la recherche de deux aiguilles à coudre qui se sont échappées pendant qu’elle faisait ses cartons. Et moi, j’attends avec Sydney-Jack sur les genoux que ma sœur sorte enfin de la salle de bain. J’en profite pour observer ce lieu dans lequel j’ai grandi : la maison est vide, plus de cadres ni de bibelots, comme si la vie quittait chaque pièce. Il ne reste que quelques caisses, le mobilier et cette horrible affiche « À vendre » qui couvre toute la fenêtre côté rue. Dix-sept années dans cette habitation et tellement peu de souvenirs, je me surprends même à être contente de partir.

    — Lydia, ça y est ? Je dois aller aux toilettes, hurlai-je désespérée.

    — Oh, Laura, c’est bon, t’es lourde ! s’écria-t-elle sur un ton des plus arrogants. Je viens à peine d’arriver et tu me cherches déjà. Retiens-toi, ça ne te fera pas de tort !

    Pas moins de treize minutes se sont écoulées à la suite de cette discussion de sourd. Dépassée à la fois par mes émotions, un besoin pressant et l’envie féroce d’étriper ma sœur, je me suis levée d’un pas assuré, bousculant Sydney-Jack dans son sommeil, et j’ai ouvert sèchement la porte de la salle de bain. Madame, habillée, envoyait des textos, assise sur la lunette des toilettes. Avec un sourire en coin et son air innocent, elle me narguait de toute évidence. Elle cherchait à me pousser à bout, jusqu’à ce que je craque et en arrive à dire ou faire des choses regrettables. Elle pourrait alors jouer son rôle de parfaite petite victime auprès des parents qui, vu ses antécédents, auraient plié en me réprimandant. J’en avais les larmes aux yeux tant la situation était insoutenable et injuste à la fois. Ce petit manège est devenu, avec le temps, un véritable rituel. Je suis surprise que, lors de ses nombreuses négociations avec les parents, elle n’ait pas encore émis l’idée d’une salle de bain privative. Lydia a toujours été égoïste et égocentrique. C’est bien simple, elle ne s’intéresse qu’à sa petite personne ! Au départ, nos disputes exaspéraient nos parents mais ces dernières années, elles sont devenues tellement régulières et habituelles que plus personne n’y prête attention. Notre relation n’a vraiment rien d’enviable. Elle est rythmée à la fois par nos nombreux désaccords et nos silences qui en disent long.

    On peut dire que ma sœur ne s’est jamais vraiment réjouie de ma naissance. Elle m’a directement vue comme l’ennemi numéro un, l’obstacle au bon déroulement de sa vie. À vrai dire, je suis venue au monde avec un mois et demi d’avance, les médecins ont donc recommandé de me garder en observation avec d’autres prématurés. Mes parents ont passé plus de temps que prévu à l’hôpital et c’est dès cet instant que Lydia a commencé à être jalouse de moi. Mamy Lilas s’en est beaucoup occupée pendant ce temps mais, dès mon retour à la maison, les hostilités ont commencé. Lydia en a fait de toutes sortes : cacher ma tétine ou mon doudou, renverser « accidentellement » mon biberon, casser des objets pour mieux me faire porter le chapeau… Et j’en passe. Mais voilà, dix-sept ans plus tard, la situation n’a pas changé.

    Chapitre 2

    — Ne t’en fais pas pour elle, assura ma mère, le bruit du déchargement la réveillera.

    La voix affirmée de maman avait résonné en moi comme l’écho dans une église. J’ai ouvert péniblement les yeux, aveuglée par le soleil qui tapait dans la vitre arrière de la voiture. Au bout de quelques instants, j’ai compris que nous

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