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Projet (Re)Naissance : de l'économie d'alliance à la (re)découverte de notre Lien commun: Vers les chemins de l’Espérance
Projet (Re)Naissance : de l'économie d'alliance à la (re)découverte de notre Lien commun: Vers les chemins de l’Espérance
Projet (Re)Naissance : de l'économie d'alliance à la (re)découverte de notre Lien commun: Vers les chemins de l’Espérance
Livre électronique471 pages4 heures

Projet (Re)Naissance : de l'économie d'alliance à la (re)découverte de notre Lien commun: Vers les chemins de l’Espérance

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À propos de ce livre électronique

Quinze ans après la création du RAMEAU, laboratoire de recherche empirique sur les alliances d’intérêt général, la question n’est plus « Faut-il faire alliance ? », mais « Comment faire alliance ? ». Pour y répondre, Le RAMEAU vous propose la méthode des 3R : Relire notre histoire collective pour comprendre ce que nous vivons et la Relier à nos défis communs pour en capter « les signaux faibles », afin de pouvoir (Ré)inventer nos modèles d’Action.
Il aura fallu quinze ans de cheminement collectif, d’observation de terrain et d’expérimentations partenariales innovantes pour parvenir à cet ouvrage. Il met en débat le foisonnement des fruits et des solutions nés sur les territoires. Ils sont autant de chemins d’espérance qui nous donnent les clés de la co-construction du bien commun.
Face à l’ampleur des transformations actuelles, ce voyage à la (re)découverte de ce qui fait notre unité dans nos différences a un triple objectif :
- Nous faire accepter les changements nécessaires pour (re)construire un XXIe siècle plus fraternel, équitable et durable, en le fondant sur une économie de l’alliance, gage de notre équilibre collectif ;
- Inviter chacun de nous à se (ré)concilier avec soi, l’espace et le temps ;
- Valoriser les raisons de faire le « pari de la confiance » en notre avenir commun.

Ce voyage n’est pas une sinécure. C’est une invitation à une véritable transformation, voire à une (Re)Naissance si vous acceptez d’aller jusqu’au bout du raisonnement.
LangueFrançais
Date de sortie8 oct. 2021
ISBN9782956522959
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    Aperçu du livre

    Projet (Re)Naissance - Charles-Benoît Heidsieck

    cover.jpg

    Projet (Re)Naissance : de l’économie d’alliance à la (re)découverte

    de notre Lien commun

    Charles-Benoît Heidsieck

    Projet (Re)Naissance : de l’économie d’alliance à la (re)découverte de notre Lien commun

    Vers les chemins de l’Espérance

    Editions Le RAMEAU

    1 allée Charles V – 94300 Vincennes

    © Editions Le RAMEAU, 2021

    ISBN : 978-2-9565229-5-9

    Sommaire

    Sommaire

    Avant-propos : pourquoi s’intéresser au « faire alliance » ?

    Charles-Benoît HEIDSIECK,  président-fondateur du RAMEAU

    De quoi parlons-nous ?

    Quelles sont les dimensions de la notion d’alliance ?

    Quelle est la typologie des alliances d’intérêt général ?

    Comment évoluent les pratiques des acteurs publics et privés ?

    Quelle est la perception du « jouer collectif » en France ?

    Quels sont les impacts de la co-construction du bien commun ?

    Pourquoi le « faire alliance » n’est-il pas plus valorisé aujourd’hui ?

    En guise d’introduction : les modalités du voyage !

    PARTIE I

    Relire notre cheminement collectif

    Le chemin apprenant du RAMEAU

    2006-2012 – Le temps des découvertes

    2013-2019 – Le temps de la modélisation

    2020-2027 – Le temps du déploiement des alliances d’intérêt général

    L’apprentissage d’un changement systémique

    La prise de conscience du « devoir d’alliance » s’accélère

    Les sept forces de changement de la dynamique  de co-construction

    Vers l’acceptation de (se) changer structurellement

    L’activation des leviers structurels pour « Agir ensemble »

    L’équipement du « faire alliance », de la connaissance à la compétence

    De la (re)connaissance institutionnelle à la mise en œuvre opérationnelle

    Les avancées sur les sept leviers d’un déploiement pertinent

    PARTIE II

    Relier nos défis à nos pratiques d’action

    Les enjeux de la fin des arrogances

    Une triple articulation à réussir : tous domaines, tous acteurs et tous territoires

    L’interaction des trois sphères d’un écosystème : institutions, personnes et organisations

    Les trois leviers pour se transformer et contribuer à la dynamique collective

    Les enseignements de l’alchimie du bien commun

    Le continuum d’un cadre commun à l’engagement de chacun

    L’épreuve et les preuves du temps de l’innovation sociétale

    L’urgence de porter un autre regard sur la fragilité

    L’apprentissage de la valorisation du « jouer collectif »

    Faire valoir, l’art de la pédagogie

    La capitalisation, l’art de retracer le chemin

    L’évaluation, l’art de se décentrer

    La modélisation économique, l’art d’allier frugalité et utilité

    PARTIE III

    Réinventer nos modèles d’action

    L’économie d’alliance, la troisième voie

    La portée des mots : Vers « l’équilibre de la maison » !

    Une triple cohérence d’objectifs, de résultats et de bénéficiaires

    Une hybridation raisonnée pour dépasser les impasses apparentes

    L’émergence de l’infrastructure d’alliance d’intérêt général

    La naissance d’une troisième ingénierie à partir des territoires

    Les conditions de co-construction d’une infrastructure adaptée

    Vers une « usine » de la co-construction en France ?

    La (re)découverte du lien commun, source d’espérance

    Se réconcilier avec soi pour retrouver le sens du « nous »

    Se réconcilier avec l’espace pour appréhender la richesse de la diversité

    Se réconcilier avec le temps pour (re)trouver la confiance

    PARTIE IV

    Le projet (Re)Naissance : une réalité en gestation !

    De la (Re)Connaissance à la (Re)Naissance

    La triple symbolique des mots, des chiffres et des actes pour une (Re)Naissance

    Les vingt et une raisons d’espérer dans la force de la co-construction du bien commun

    Et maintenant, que faire ?

    L’urgence de faire converger nos trois Récits

    Le Récit philosophique d’une réconciliation

    Le Récit opérationnel des « Bonnes nouvelles des Territoires »

    Le Récit politique des mutations de l’intérêt général

    Les conditions de résolution de l’équation insoluble

    La multidisciplinarité doit (ré)inclure la valeur du « nous »

    Il faut dépasser la dictature de la sémantique

    Considérer la gouvernance d’intérêt général comme « supra-démocratique »

    En guise de conclusion : Une invitation à prolonger le voyage !

    Annexes

    Annexe 1 – Le glossaire issu du « dictionnaire des praticiens »

    Annexe 2 – L’Observatoire des partenariats

    Annexe 3 – Les outils pour s’informer, se former et agir

    Annexe 4 – La preuve par l’exemple de sept récits inspirants

    Avant-propos : pourquoi s’intéresser au « faire alliance » ?

    Charles-Benoît HEIDSIECK,

    président-fondateur du RAMEAU

    Cher lecteur,

    Il n’est pas usuel dans un livre de s’adresser directement au lecteur, et encore moins dans un livre retraçant des résultats de recherche. Cependant, dans notre cas, il ne saurait en être autrement. C’est en effet une invitation à un voyage personnel que vous adresse cet ouvrage. Un voyage plein de (re)découvertes passionnantes qui touchent autant l’esprit que le cœur et l’intuition. Durant quinze ans, Le RAMEAU a défriché les différents aspects des alliances d’intérêt général pour en percevoir toute la valeur.

    Le mouvement de co-construction du bien commun a commencé en France il y a deux décennies. En 2001, trois « signaux faibles » en fondent l’émergence{1}. Depuis six ans, la signature des Objectifs de Développement durable (ODD) – le 25 septembre 2015 – en a accéléré la dynamique… même si elle reste encore « sous les radars », et très largement non conscientisée. Pourquoi donc s’intéresser à cette tendance structurelle à « jouer collectif » ? Peut-être tout simplement parce que c’est le sens de l’Histoire ! C’est en tout cas la conviction du RAMEAU après quinze ans de cheminement de terrain pour comprendre pourquoi il est pertinent de « faire alliance », mais aussi pourquoi est-ce si difficile de s’y engager. C’est avec passion que Le RAMEAU vous partage les fruits de son expérience dans ce livre.

    Sur le sujet des alliances, plus que tout autre, il n’y a ni certitude ni vérité, mais des intuitions initiales qui se sont progressivement transformées en constats empiriques sur la réalité des faits que nous vivons chaque jour, souvent sans même nous en apercevoir. Ce savoir empirique est par nature subjectif, mais ce qui fonde sa légitimité, c’est de l’avoir vécu, et d’être le témoin de notre propre transformation. Ce livre est une invitation à vous questionner sur vos propres enseignements ; ceux dont vous n’avez pas nécessairement pris conscience… tout simplement parce que vous n’avez peut-être pas encore regardé dans cette direction. Pour creuser notre propre expérience et en tirer tous les enseignements, encore faut-il avoir le réflexe de s’interroger sur ce qu’il y a à découvrir. Notre mode de vie, très ancré dans l’immédiateté, nous invite rarement à prendre du recul et à nous questionner de manière systémique.

    La double difficulté des alliances d’intérêt général est justement qu’elles s’appuient sur ce qui nous manque le plus : le temps et la transversalité. Comment donc nous rendre compte de notre cheminement à la fois passionnant, complexe et inspirant ? Peut-être simplement en partageant les questions que nous nous sommes nous-mêmes posées, et que nous avons progressivement éclairées. Il s’agit de sept questions qui peuvent paraître simples, mais dont la réponse a demandé beaucoup de temps et d’énergie pour arriver à une cohérence d’ensemble. Pour chacune d’elles, nous vous proposerons une clé de lecture. Celles-ci vous permettront non seulement de mieux appréhender ce livre, mais plus structurellement de comprendre les sept principes fondamentaux auxquels invitent les alliances. Ensemble, ils forment la synthèse de ce que Le RAMEAU a appris durant toutes ces années, et qu’il tente modestement de partager au quotidien avec ses partenaires publics et privés. Nous espérons que les pistes de réponses que nous apporterons seront autant de raisons de vous intéresser à nos travaux, et de vous donner envie de nous suivre dans l’aventure que vous propose ce livre.

    Une chose est certaine : il serait contre-productif de vouloir vous faire croire à la simplicité des choses. Il nous faut au contraire nous approprier la complexité du monde dans lequel nous vivons. C’est la condition sine qua non pour pouvoir donner un sens à ce que nous expérimentons, et peut-être plus intimement encore un sens à notre vie. Ce livre sur la co-construction du bien commun n’a pas la prétention de répondre à cette question, mais de vous donner des clés pour définir vos propres réponses. Le regard des autres nous aide à nous construire. C’est peut-être cela, l’alchimie du bien commun : reconnaître dans l’autre ma propre capacité à m’épanouir, car dans la différence de son profil, de son chemin, de ses convictions, de ses choix, j’entraperçois une diversité de chemins qui m’aident à définir le mien. Plus la diversité est grande, plus l’ampleur de mon champ de vision s’élargit. Voilà une première raison objective de nous questionner sur le « faire alliance », sans doute la plus ontologique. Mais bien d’autres raisons peuvent pousser à nous intéresser à ces « alliances d’intérêt général », et vous aurez tout le loisir au cours de ce livre de choisir la vôtre.

    Débutons donc notre voyage avec les sept questions que nous nous sommes progressivement posées durant notre cheminement de recherche empirique. Par définition, elle consiste à découvrir progressivement ce que les pratiques de terrain nous apprennent sans que nous en ayons initialement imaginé les résultats. La démarche apprenante est un chemin exploratoire d’innovation, et non un processus de vérification. Paradoxalement, les questions les plus simples sont parfois les plus difficiles. C’est le cas de la première : « De quoi parlons-nous ? »

    DE QUOI PARLONS-NOUS ?

    Qu’est-ce qu’une alliance d’intérêt général ? La question est simple… la réponse, beaucoup moins ! Il aura fallu une décennie y pour répondre. La raison objective : il est difficile d’avoir une sémantique commune sur une réalité qui se vit plus qu’elle ne se dit. Avant d’être un processus, une alliance est une question de positionnement et d’état d’esprit. C’est une posture d’ouverture à l’autre qui prédétermine la capacité – ou non – à dépasser le stade du « contrat-échange » pour établir un « contrat-alliance ». Quelle en est la différence ? Dans le premier cas, il s’agit d’un « face à face » où chacun retire de la relation un « bien », dont l’objectif est qu’il soit le plus équilibré possible. Dans le second, il s’agit d’un « côte à côte » pour agir ensemble autour d’un objectif commun. D’entrée de jeu, il est donc clair que la notion d’alliance comporte des dimensions plus complexes que le seul mode opératoire qui permet à deux ou plusieurs personnes, morales ou physiques, de réguler leur relation.

    La complexité de l’exercice étant établie, passons à son résultat. À l’issue de quinze ans de cheminement, notre définition est la suivante : les « alliances d’intérêt général » sont la capacité d’acteurs issus de « mondes différents » à agir conjointement au service de défis communs. Les acteurs impliqués sont de différents profils : associations, entreprises, collectivités territoriales, institutions, acteurs académiques… L’objectif est de construire des réponses qui permettent de relever des défis qui dépassent la capacité d’action de chacun. Ces alliances sont très incarnées en proximité, en cohérence avec la diversité des territoires.

    Fort de cette définition, Le RAMEAU a modélisé la Théorie de l’alliance d’intérêt général : la co-construction du bien commun est une alchimie entre les personnes, les organisations et les institutions. Elle marque le passage du simple « contrat-échange » vers un « contrat-alliance ». Celui-ci active un lien commun qui permet de créer, entre acteurs issus de « mondes » différents et donc riches de leurs différences, de nouvelles solutions face aux défis économiques, sociaux, environnementaux et sociétaux. Ces dernières répondent aux besoins de l’écosystème, en articulant réduction des fragilités et émergence de nouveaux moteurs de développement économique durable, en tenant compte des spécificités locales. Fondée sur l’action, l’alliance exige une position qui traduit une capacité d’ouverture à l’autre et une volonté d’agir ensemble, ainsi qu’une prise en compte de la temporalité nécessaire au « faire alliance ». Elle repose sur une confiance réciproque.

    Pour aller plus loin sur la sémantique :

    img1.png Qu’est-ce que l’intérêt général ? L’intérêt général est un concept franco-français fondé sur un principe d’universalité et d’intemporalité. Il doit, pour s’incarner, être contextualisé dans un cadre spatio-temporel. Cet apparent paradoxe de l’universalité et de l’intemporalité avec sa contextualisation spatio-temporelle rend toute définition impossible. Déclinée dans ses dimensions politiques, juridiques, historiques et philosophiques, l’incarnation de l’intérêt général se traduit par trois leviers d’activation : l’action collective transformatrice, la gestion régulatrice et la vision partagée{2}. Le « barycentre » entre ces leviers – Vision – Gestion – Action – est évolutif dans le temps en fonction des priorités collectives pour garantir une capacité à « faire société ».

    img1.png La notion de « bien commun » est-elle un substitut à l’intérêt général ? Né aux XIIe-XIIIe siècles, dans une double dimension matérielle (enclosure en Angleterre) et spirituelle (saint Thomas d’Aquin), le bien commun est un concept de référence sur l’équilibre entre le « nous » et le « je ». Il est doublement réapparu au début du XXIe siècle dans cette même double dimension entre les notions de bien commun (le Lien commun entre tous) et de biens communs (les biens à gérer collectivement, comme l’air, l’eau ou le savoir). Dans les deux cas, il se traduit par l’alchimie entre les personnes, les projets et les territoires{3}. La notion de bien commun qui correspond au « pouvoir d’agir » des acteurs au service du collectif n’est pas à confondre avec celle d’intérêt général qui correspond à la « garantie de cohésion » qui doit être promise à chacun des membres du « contrat social » et que l’autorité légitime se doit de sécuriser pour tous.

    Si vous souhaitez creuser les questions de sémantique, vous trouverez en annexe un glossaire sur les différentes notions qui seront utilisées dans ce livre. Il s’agit d’un « dictionnaire des praticiens », élaboré progressivement avec les partenaires du RAMEAU pour définir une sémantique commune permettant d’assurer une compréhension commune des concepts employés.

    Cela vous paraît d’ores et déjà compliqué… et vous vous questionnez pour savoir s’il faut vraiment poursuivre la lecture de ce livre. Alors, faisons simple ! L’étonnante équation à laquelle se résume l’alliance d’intérêt général est 1+1 = 3 ! Comment la résoudre ? À cette équation apparemment impossible, le mathématicien Cédric Villani propose une formule tout aussi simple que nous partagerons en fin d’ouvrage{4}. Ce livre commence donc par une énigme qui explique pourquoi il aura fallu tout ce temps pour décrypter les « mystères » du mouvement de co-construction du bien commun !

    Que nous a appris le chemin pour répondre à cette question ? La valeur de la confiance qui constitue notre première clé de lecture. Vous découvrirez dans ce livre comment les démarches apprenantes de co-construction aident à s’approprier cette valeur cardinale qu’est la confiance. C’est une véritable leçon de vie qui explique sans doute pourquoi il a fallu une décennie pour répondre à une question qui pouvait pourtant paraître simple : de quoi parlons-nous ?

    Dès lors, cela nous invite à une seconde question : comment appréhender la notion d’alliance pour la rendre lisible et attractive ?

    QUELLES SONT LES DIMENSIONS DE LA NOTION D’ALLIANCE ?

    C’est en chemin que les dimensions opérationnelles, stratégiques et politiques du mouvement de co-construction du bien commun sont apparues. Passons en revue ces trois dimensions complémentaires pour en comprendre l’intérêt.

    Opérationnellement, les alliances d’intérêt général invitent à de nouvelles formes d’actions innovantes : la R&D sociétale

    La question de dépasser le simple échange de moyens pour s’aventurer vers une création de valeur partagée est une évolution majeure. Elle marque une troisième ère des partenariats en France. Après l’ère du mécénat apparue dans les années 1980, puis celle des pratiques responsables issue du développement de la Responsabilité sociétale des entreprises au début des années 2000, l’ère des alliances d’intérêt général émerge à la fin de cette même décennie au regard des fragilités grandissantes. Il devient alors évident qu’il y a un effet ciseaux grandissant entre l’ampleur des besoins sociétaux qui s’accélèrent et la raréfaction des ressources que met en exergue la crise de 2008.

    Face à la fin du mythe de la croissance infinie, la nécessité de réinventer nos modèles s’impose à tous. Pour être rapide et efficace, il convient alors de créer une nouvelle forme de Recherche & Développement (R&D), plus opérationnelle, ancrée sur la réalité de terrain. Loin des théories universelles souvent « hors sol », il est indispensable de repartir d’expérimentations concrètes. L’observation empirique reprend ses lettres de noblesse après une centaine d’années où la théorie pensait pouvoir seule éclairer notre action. C’est la « vengeance » d’Henri Bergson sur Auguste Comte ! Il ne s’agit pas naturellement de les opposer, mais de les articuler… et c’est peut-être là, la principale « découverte » qu’offrent les alliances : celle de passer du « ou » au « et » ; celle d’articuler plutôt que d’opposer. Une chose est certaine, le besoin d’expérimentations et de retour à la réalité de terrain s’est imposé depuis une décennie pour faire face à l’accélération de transformations structurelles qui dépassent ce qu’aucun seul ne peut imaginer.

    C’est dans ce contexte que de nouvelles formes d’alliance se créent. L’expérience de ceux qui les pratiquent montre la complémentarité des positionnements des différents profils d’acteurs. La capacité d’écoute des besoins et d’expérimentation empirique des associations d’intérêt général, alliée à la légitimité institutionnelle des acteurs publics et au savoir-faire de développement des entreprises, devient une force d’innovation où chacun trouve sa juste place. Ces nouvelles alliances constituent une nouvelle forme de R&D. Alliant intérêt général et économie, elles peuvent être qualifiées de R&D sociétale{5}.

    Il est à noter que ces pratiques sont nées empiriquement, souvent sans être réellement conscientisées. Mais alors, pourquoi se sont-elles progressivement développées ? Le besoin de nouvelles approches et la valeur d’innovation qui en découlent ne peuvent pas expliquer à eux seuls cette accélération. Il faut aller plus profondément.

    Stratégiquement, les alliances sont le troisième pilier de tout modèle socio-économique

    Pour comprendre pourquoi il est possible de mobiliser durablement des acteurs de nature différente, il faut rappeler ce qu’est un modèle socio-économique, le rôle qu’il joue pour toute organisation et la place que prennent progressivement les alliances dans son équilibre.

    La notion de « modèle socio-économique » est à la fois polysémique et multifacette. Il est difficile d’en donner une définition universelle, et il est donc préférable de revenir à la racine des mots pour en comprendre la signification réelle : l’économie, au sens premier, c’est « l’équilibre de la maison ». En partant de cette définition simple, il est facile d’en déduire que toute organisation – publique et privée – se doit de veiller à l’équilibre de sa maison. Son modèle socio-économique incarne les moyens nécessaires à la réalisation de ses missions. C’est un outil au service du projet porté par l’organisation.

    Dès lors, il est utile d’identifier les leviers de cet équilibre des moyens. Les travaux de recherche du RAMEAU permettent dès 2010 de qualifier trois leviers complémentaires pour toute organisation, quel que soit son statut{6} : les richesses humaines mobilisées sans lesquelles aucune action n’est possible, les ressources financières qui permettent d’alimenter les moyens nécessaires à l’action… et les alliances stratégiques qui permettent d’optimiser et de démultiplier les effets de levier des activités réalisées.

    Les théories sur les modèles économiques ont déjà très largement investigué les deux premiers leviers, y compris dans les tensions qu’ils génèrent au moment de la répartition des résultats entre le « travail » et le « capital ». L’introduction d’un troisième levier a permis d’éclairer d’un jour nouveau la notion de « modèle socio-économique ». En effet, en pratique, aucune organisation n’est déconnectée de son écosystème. Ce sont bien les interactions qui permettent de créer de la valeur. Il est donc nécessaire de prendre en compte à la fois les leviers endogènes et exogènes ; d’autant plus que ces derniers deviennent de plus en plus structurants dans un monde interconnecté.

    Puisque les alliances ont un effet de levier sur « l’équilibre de la maison », elles contribuent activement à la pérennité des organisations. Dès lors, il n’est pas étonnant que dans un contexte d’évolution rapide et de mutation profonde, les partenariats s’inscrivent progressivement comme un levier stratégique majeur, non seulement pour innover, mais plus encore pour créer durablement de la valeur.

    De plus, comme l’a souligné la crise de la Covid-19, les alliances sont source de résilience. Ensemble, en confiance avec des acteurs de son écosystème, il est plus rapide de faire face à une situation imprévue. L’étude réalisée avec le CJD en juillet 2020 l’illustre parfaitement{7}. C’est donc clairement un levier de performance.

    Mais faut-il s’arrêter là ? N’y a-t-il pas dans la valeur intrinsèque des alliances une dimension complémentaire lorsqu’elles sont au service de l’intérêt général ?

    Politiquement, une nouvelle philosophie fondée sur l’action

    Si « l’équilibre de la maison » de chaque organisation est concerné par cette tendance de fond, plus encore notre « maison commune{8} » ! Pour le comprendre, il convient de rappeler l’importance de l’Agenda 2030 des Objectifs de Développement Durable (ODD). C’est le cadre commun d’objectifs pour répondre aux enjeux de transformation collective au niveau local comme mondial. Signés à l’ONU en 2015, ils se déclinent en 17 Objectifs et 169 cibles d’actions. Certains diront que les ODD ne sont qu’une démarche institutionnelle de plus, mais c’est mal comprendre les changements de paradigme qui sont induits. C’est la première fois dans l’Histoire que l’ensemble des pays se fixe un agenda systémique commun. Alors, certes, chacun ne va pas au même rythme, et les lenteurs de la mise en œuvre peuvent paraître non adaptées face aux urgences actuelles, mais il n’en reste pas moins une avancée structurante.

    Le 17e objectif est celui de la nécessité de « faire l’alliance » (entre États, entre organisations publiques et privées, entre organisations et initiatives citoyennes…). La capacité à « jouer collectif » a alors été reconnue comme un levier stratégique majeur pour inventer des solutions à la hauteur des défis actuels, et pour conduire le changement systémique nécessaire à la réussite des transformations structurelles{9}. Il est intéressant de souligner que ce sont les pays du Sud qui l’ont imposé aux pays du Nord. Cet objectif est en résonnance avec le Prix Nobel de l’économie en 2009. C’est la seconde fois que la valeur de la coopération est institutionnellement posée comme un levier stratégique pour une appréhension systémique qu’aucun acteur seul ne peut porter. Cette nouvelle philosophie politique, fondée sur l’action, est une réelle avancée institutionnelle. Elle oblige chacun à sortir de sa « zone de confort » pour se questionner sur sa responsabilité, mais aussi sur sa propre action face aux mutations à l’œuvre.

    En synthèse, une nouvelle forme d’actions innovantes, une sécurisation de « l’équilibre de la maison » et une réponse concrète à un cadre institutionnel « (r)évolutionnaire » justifient l’intérêt de prendre du recul sur la dynamique à l’œuvre en France et plus largement dans le monde.

    Là se situe notre deuxième clé de lecture. Pour comprendre une évolution structurelle, il est essentiel de l’observer sous ses trois dimensions opérationnelle, stratégique et politique. Cette triple approche sur laquelle nous reviendrons longuement au cours de ce livre est essentielle pour se doter d’une vision systémique des choses sans laquelle il est impossible de les comprendre pleinement.

    La question suivante est alors : concrètement, comment ces alliances se traduisent-elles en pratique ?

    QUELLE EST LA TYPOLOGIE DES ALLIANCES D’INTÉRÊT GÉNÉRAL ?

    En 2010, après cinq ans d’expérimentations et trois ans d’études statistiques des pratiques de terrain, notre laboratoire de recherche déduit des trois cents partenariats étudiés qu’il existe neuf modèles relationnels qui associent économie et intérêt général. La typologie des partenariats est alors modélisée autour de quatre catégories complémentaires. Pour rendre opératoire cet outil, c’est l’exemple des partenariats entre les associations et les entreprises qui l’illustre. Quoi de mieux en effet que de faire la pédagogie de l’alliance d’intérêt général au travers de la relation entre les deux acteurs de l’écosystème qui semblent alors les plus éloignés de l’échiquier ? Le fait de pouvoir qualifier la diversité de leurs relations permet d’en comprendre les enjeux, les objectifs, les modalités et les impacts. C’est par la modélisation de la pratique de terrain que la pédagogie est la plus facile et la plus efficace.

    Les quatre catégories de partenariat alliance intérêt général et économie

    img2.png

    À ce stade, vous souhaitez sans doute des illustrations concrètes (… et nous brûlons d’envie de vous en donner !), mais il nous faut encore un peu patienter pour ne pas perdre le fil de notre cheminement. Nous nous détaillerons de nombreux exemples dans ce livre. Pour ceux qui ne pourraient attendre, je les invite à prendre connaissance de la diversité des guides réalisés{10} et/ou de consulter la base de données IMPACT-Pratiques partenariales innovantes{11}. Cette dernière illustre avec plus de cinq cents études de cas la diversité des partenariats par acteurs, domaines et territoires.

    Le constat premier, au regard de ces travaux, est la diversité des modes de coopération. En fonction des profils d’acteurs, de leurs objectifs, de leurs moyens, mais aussi de leur maturité et de leur envie, une multitude de modes de partenariats sont possibles. C’est en cela que la présentation de la variété des modèles est structurante. Il ne s’agit pas d’enfermer dans une case ou de prioriser des valeurs différentes, mais bien au contraire de valoriser la variété des possibles pour permettre à chacun de se positionner en fonction de son profil, de ses domaines d’action et de son territoire.

    Depuis une décennie, cette typologie des partenariats alliant économie et intérêt général s’est très largement confirmée par la pratique. Alors que chaque jour s’inventent de nouvelles formes du « faire alliance », elles trouvent parfaitement leur place dans cette qualification qui permet d’en appréhender l’ampleur. La solidité de la modélisation (dé)montre l’utilité et la pertinence d’une approche empirique à partir de la pratique des organisations pour comprendre les tendances à l’œuvre et en faire un panorama à 360 degrés, qui offre la possibilité à chacun de se situer concrètement.

    Le développement de ces nouvelles alliances ne doit néanmoins pas faire oublier qu’il peut exister dans certains domaines et/ou sur certains territoires des relations sous tension, notamment en

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