Une fin en soie
Par Michel Lapierre
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À propos de ce livre électronique
Il s’avère que ce conseiller financier, au demeurant de bonne réputation professionnelle, séparé de son épouse pharmacienne, bien que vivant de temps à autre dans leur propriété, mène une vie sexuelle très tumultueuse.
L’enquête menée par l’inspecteur divisionnaire Poncet de la PJ de Lyon et son groupe, notamment son jeune adjoint Guillaume Chopin, va connaître bien des rebondissements.
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Aperçu du livre
Une fin en soie - Michel Lapierre
Une fin en soie
Michel Lapierre
Une fin en soie
LES ÉDITIONS DU NET
126, rue du Landy 93400 St Ouen
© Les Éditions du Net, 2020
ISBN : 978-2-411-00080-0
Du même auteur :
Le droit à l’indifférence – Coming out chez les flics.
Témoignage. Editions Michalon 2015.
Coup de gomme.
Roman policier. Editions du Net. 2016
La grenouille
Roman policier. Editions du Net. 2017
Le maudit du canal
Roman policier. Editions du Net. 2018
Le cinquième fils Aymon
Roman policier. Editions du Net. 2020
*
En co-écriture avec Denis Bruyère :
L’Histoire des pompiers du Pays d’Alby-sur-Chéran
Histoire. Editions « Je fais mon livre ». 2017
*
Bonjour papa !
Pièce de théâtre. Comédie. 2017
Toute ressemblance avec des personnes vivantes ou décédées est évidemment fortuite. Si certains lieux sont authentiques, d’autres sont sortis tout droit de mon imagination !
Dédicace
En écrivant ces lignes, je me suis replongé dans ce métier qui m’a tant fait rêver étant enfant. J’ai pu vivre les plus belles heures de ma jeunesse dans ce milieu particulier de la police, et surtout la Police Judiciaire de Lyon.
J’ai pu côtoyer et travailler avec les plus grands noms de ce service, et me nourrir de leur savoir-faire. Ecarté de cette passion professionnelle pour des raisons qui n’en étaient pas, j’en ai quand même conservé des amitiés hors normes, de ces amitiés qui se sont fondées sur une même passion.
Il m’a fallu me replonger au début des années 1990, à une époque pas si lointaine, où les policiers n’avaient pas, pour les aider dans leurs enquêtes, téléphone portable, ordinateur, ADN, ou encore GPS ! Ils parvenaient pourtant à « sortir » de belles affaires. Ah passion ! quand tu nous tiens…
Je dédie ce livre à la mémoire des grands flics que j’ai connu et ceux toujours présents que je côtoie encore.
Lundi 8 octobre 1990. Poncet et ses mauvaises intuitions
Il y a des matins, comme ça, sans que rien ne puisse laisser présager le reste de la journée, Poncet arrive au bureau de mauvaise humeur. Monsieur l’inspecteur divisionnaire a ses humeurs ! En principe, il suffit qu’il ait « le mauvais œil » pour que la semaine soit une avalanche d’affaires merdiques. Poncet sent « la patate » chaude qui se précise. Pourquoi ? Il n’en sait rien, c’est comme ça. Alors ces jours-là il ne faut pas le chatouiller !
Et le gamin qui n’est pas encore là ! 8 h 30 et comme d’habitude il va se pointer à 8 h 45, prétextant qu’il a raté son bus… comme un jour sur deux.
Le « gamin », son coéquipier depuis trois ans, 28 ans, tout frais sorti de l’école des inspecteurs de Cannes-Ecluse, quand il est arrivé. A la PJ le garçon ! Ah, il y en a qui sont gâtés dès le départ. Avant, parce que Poncet aime bien parler « d’avant », il fallait se taper au moins trois ans en commissariat de quartier ou à la Sureté Urbaine, pour pouvoir prétendre à demander à passer au SRPJ. Maintenant, les « p’tits gones » ils sortent de l’école bien placés et hop, les v’là à la PJ.
Enfin, il ne faut pas qu’il se plaigne, il est bien ce petit Guillaume Chopin, et oui, Chopin, comme le musicien et en plus il joue d’un instrument ! Bon d’accord lui, c’est la guitare, et électrique en plus, mais bon ! Il est quand même sérieux, bon procédurier, fouineur, il s’accroche bien sur les affaires, alors Poncet ne se plaint pas. Et puis il est discret le gosse, il mène sa petite vie tranquille, sans vague, il ne sait pas grand-chose de lui, mais ça, Poncet ça l’arrange, il n’aime pas non plus parler de sa vie privée. Il y a de nombreuses années, quand il est arrivé à la PJ, dans les années 70, il était tombé sur un chef de groupe, bavard, curieux comme une pie, voulant tout savoir de ses collègues, et ça, Poncet s’était juré que jamais il n’emmerderait ceux qui bosseraient dans son équipe. Ah ! C’était le temps de la PJ de la rue Vauban, l’emblématique hôtel de police des bords du Rhône, dans le 6ème, près du pont Lafayette. Un sinistre immeuble, aux bureaux trop petits, et à la sinistre réputation auprès de voyous. À cette époque, celui qui était amené dans les murs de la PJ savait qu’il ne devait pas faire le malin, les claques volaient bas… certains diraient « c’était le bon temps », pas Poncet. Lui, il n’a jamais aimé la violence, il a toujours eu les aveux au baratin ! C’est une science, a-t-il toujours appris à ses jeunes collègues. L’une des rares choses qu’il n’aime pas, c’est attendre ; le retard n’existe pas chez lui, alors il ne le supporte pas chez les autres, et avec Chopin… Tiens le v’la !
« Salut Poncet, désolé j’ai…
– Encore raté mon bus ce matin ! C’est bon, c’est presque tous les jours. Eh bien pour ta peine…
– Je vais vous payer le café !
– T’as tout compris mon p’tit camarade.
– Vous avez l’air bizarre ce matin, un de vos pressentiments ?
– Bingo ! En attendant, je rêve d’un bon café ! »
Les deux flics quittent leur bureau et se dirigent vers la cafétéria de l’hôtel de police. Un vrai labyrinthe ce bâtiment de la rue Marius Berliet. Des couloirs qui n’en finissent pas de faire des coudes à gauche, à droite. L’architecte devait être un torturé de la tête, rien de rectiligne, des portes, des escaliers, des ascenseurs toujours occupés et… des bureaux trop petits. Ah, quand ils en ont pris possession, au début des années 80, tous les flics étaient heureux. Enfin du neuf, du beau, mais très rapidement, ils se sont rendu compte que c’était trop petit, et dix ans plus tard, ils manquent de place dans HDP 01 à tel point qu’un autre HDP (02 celui-là) est prévu pas très loin, à Montluc. Bien sûr à cette heure là il y a foule dans la cafétéria, installée dans un bâtiment annexe, dans la cour de la « grande maison ». Poncet, figure légendaire de la PJ lyonnaise, est salué par les femmes et les hommes de tous les services. Le barman court partout, portant avec virtuosité un plateau sur lequel sont posées les tasses fumantes des breuvages matinaux, cafés, thés, chocolats. Poncet et Guillaume en habitués à cette heure-ci, se font tout petits
Au coin du bar, récupérant chacun, pendant qu’il en reste quelques-uns, un croissant tout chaud. Ils viennent à peine de commencer à boire le café quand le téléphone mural placé derrière le comptoir sonne. Après quelques sonneries, le barman pose son plateau et décroche. Après quelques secondes, il se retourne, et montrant le combiné, fait signe à Poncet :
« Pour vous monsieur Poncet ! »
Evidemment il râle. On ne peut même pas lui laisser le temps de prendre la seule et unique pause qu’il s’octroie dans la journée !
Guillaume, rien qu’à voir la tête que fait le « chef », comprend qu’ils ne vont pas traîner longtemps au bar.
Poncet revient vers son jeune collègue.
« Allez, dépêchons-nous, nous partons pour Neuville-sur-Saône, un cadavre nous attend. Je te rassure, il est frais de cette nuit, et il n’était pas dans l’eau ! Je t’expliquerai dans la voiture. »
Triste fin d’un rendez-vous galant
Ils n’ont pas traîné. Le café à peine avalé malgré sa chaleur, ils sont remontés en vitesse dans leur bureau prendre la machine à écrire portative, la sacoche avec les documents utiles, et pour Guillaume, son calibre et ses menottes. Poncet, lui, ne prend que très rarement son arme, uniquement lorsqu’ils partent pour une arrestation. Le reste du temps, il trouve inutile de passer pour un cow-boy. Les jeunes maintenant, ils ne peuvent pas s’en passer. Ils récupèrent les clés de la voiture qui leur est affectée, une 309 Peugeot gris métallisé. Malgré ses nombreux kilomètres, elle en a encore sous le capot. Poncet comme à chaque départ en urgence, à contre cœur, place le gyrophare sur le toit et baisse le pare-soleil passager sur lequel est placé la plaque « POLICE » lumineuse. Guillaume, dès qu’il a quitté le parking de l’hôtel de police, enclenche le deux tons.
« Avant, on n’avait pas tout ce cinéma sur les voitures de service, et on ne s’en portait pas plus mal ! » pense Poncet !
Ils traversent la ville relativement rapidement et après le tunnel de la Croix-Rousse, longent la Saône par sa rive gauche.
Ah ces belles journées d’automne ! Comme c’est agréable, surtout quand, comme aujourd’hui, il fait beau. En cette fin octobre, cette route est magnifique avec ces arbres de toutes les couleurs. En passant à hauteur de l’Ile Barbe, c’est un enchantement. Guillaume, dès qu’il a enfin quitté la ville et ses embouteillages, coupe la sirène et Poncet en profite pour lui expliquer les détails qu’il a obtenus avant de partir.
« Nous partons donc à Neuville, où dans un hôtel, la femme de ménage a découvert ce matin, dans une chambre, un homme nu étranglé avec un bas de soie. Comme il s’agit du suppléant d’un député du Rhône, qui plus est adjoint dans une commune du sud de l’agglomération lyonnaise, l’affaire étant sensible, le substitut, sur place actuellement, a décidé de confier l’affaire à la PJ plutôt qu’aux gendarmes. Je pense que nous allons avoir droit à la gueule de ces messieurs les pandores, mais devant la décision de justice, ils vont s’incliner.
– L’Identité judiciaire est en route ?
– Ils sont déjà sur place, les gendarmes les avaient informés. Comme pour le moment leurs équipes d’identification criminelle ne sont pas très étoffées, ils demandent encore l’IJ, mais dans quelques années ils seront autonomes sur ce plan-là aussi.
– Dans quelques années beaucoup de choses changeront chef, j’ai lu dans une revue scientifique ce mois-ci, que d’énormes progrès sont en cours en ce qui concernent les traces biologiques…
– Tu parles, tu seras en retraite que ce sera encore à l’étude !
– Pensez-vous, d’après ce que j’ai lu ça va très vite. L’ADN, cela va s’appeler, va permettre d’identifier formellement chaque personne, mieux que les empreintes digitales…
– Foutaise, avant que ce soit au point. C’est comme les ordinateurs, il y en a qui disent que dans dix ans on aura des ordinateurs dans tous les bureaux. J’y crois pas un moment, ça va coûter trop cher…
– Ne riez pas chef, ça va allez plus vite que vous pensez, et je suis sûr que, avant cinq ans, c’est-à-dire avant que vous soyez en retraite, on aura tous des petits téléphones portables dans nos poches !
– De la science-fiction mon p’tit Guillaume ! Enfin je veux pas t’enlever tes illusions, mais j’y crois pas du tout. Dans ces conditions ta guitare électrique