Découvrez des millions d'e-books, de livres audio et bien plus encore avec un essai gratuit

Seulement $11.99/mois après la période d'essai. Annulez à tout moment.

Aménager des espaces favorables au loisir, au sport et au tourisme: Perspectives théoriques, pragmatiques et réglementaires
Aménager des espaces favorables au loisir, au sport et au tourisme: Perspectives théoriques, pragmatiques et réglementaires
Aménager des espaces favorables au loisir, au sport et au tourisme: Perspectives théoriques, pragmatiques et réglementaires
Livre électronique646 pages6 heures

Aménager des espaces favorables au loisir, au sport et au tourisme: Perspectives théoriques, pragmatiques et réglementaires

Évaluation : 0 sur 5 étoiles

()

Lire l'aperçu

À propos de ce livre électronique

EN QUOI ET COMMENT l’aménagement des espaces et des équipements de loisir peut-il contribuer au bien-être de la société et de ses populations ? Qu’il s’agisse d’équipements sportifs d’envergure ou de proximité, d’espaces culturels, patrimoniaux, de plein air ou touristiques, situés en milieu urbain, périurbain ou rural, leur aménagement n’est pas une mince affaire. Il faut en effet prendre en compte l’intégration durable et responsable des structures, l’accessibilité et la sécurité des aménagements, la promotion de saines habitudes de vie auprès des populations, bref, il faut être en mesure de concevoir tous les usages possibles d’un aménagement, du plus formel et normé au plus informel et créatif.

Cet ouvrage, l’un des seuls en langue française sur le sujet, pose les bases théoriques, pragmatiques et réglementaires pour envisager, concevoir, analyser et mettre en application l’aménagement du territoire sous l’angle du loisir. Il met à contribution plus d’une quinzaine de chercheurs de plusieurs disciplines (études urbaines, sociologie, tourisme, géographie, études culturelles, etc.) qui se basent sur différents exemples québécois et internationaux pour montrer comment le loisir tire son essence, et tout son sens, des divers milieux de vie où il gravite.
LangueFrançais
Date de sortie24 août 2016
ISBN9782760544864
Aménager des espaces favorables au loisir, au sport et au tourisme: Perspectives théoriques, pragmatiques et réglementaires

Auteurs associés

Lié à Aménager des espaces favorables au loisir, au sport et au tourisme

Livres électroniques liés

Sports et loisirs pour vous

Voir plus

Articles associés

Catégories liées

Avis sur Aménager des espaces favorables au loisir, au sport et au tourisme

Évaluation : 0 sur 5 étoiles
0 évaluation

0 notation0 avis

Qu'avez-vous pensé ?

Appuyer pour évaluer

L'avis doit comporter au moins 10 mots

    Aperçu du livre

    Aménager des espaces favorables au loisir, au sport et au tourisme - Sylvie Miaux

    3-4.

    Introduction générale

    Sylvie Miaux et Romain Roult

    Le choix de cette citation, tirée de l’ouvrage de Michel Bellefleur intitulé L’évolution du loisir au Québec: essai socio-historique (1997), n’est pas anodin. En effet, cela met en perspective l’ampleur de la tâche du récréologue soucieux d’aménager des espaces de loisir qui reflètent au mieux les aspirations de chacun. Aménager un espace de loisir, c’est être capable d’en concevoir tous les usages possibles du plus formel et normé au plus informel et créatif. L’évolution des formes de loisir en ce début de XXIe siècle nous amène à rédiger un nouvel ouvrage relatif à l’aménagement des espaces favorables au loisir. Nous souhaitons, d’une part, répondre aux besoins des futurs récréologues et des responsables de l’aménagement des espaces récréatifs et, d’autre part, mettre en avant la portée de l’aménagement en faveur d’espaces de loisir depuis les équipements sportifs de proximité jusqu’aux espaces d’envergure (comme ceux des Jeux olympiques), en passant par l’aménagement d’espaces patrimoniaux, de plein air, touristiques, etc. C’est en complément d’un nouveau cours d’aménagement dans le programme du baccalauréat en loisir, culture et tourisme que cet ouvrage a été rédigé pour poser les bases théoriques, pragmatiques et réglementaires sur le sujet.

    En effet, nous avons pu constater la rareté des ouvrages francophones qui abordent précisément les enjeux d’aménagement liés aux espaces récréatifs et sportifs, en dehors de celui de Robert Soubrier relatif à la planification des espaces et équipements de loisir, dont la dernière édition date de 2000. Ceci s’explique entre autres par la rareté des équipes francophones travaillant sur le sujet des espaces de loisir, de sport et de tourisme. En effet, si le secteur du tourisme est davantage documenté en termes d’aménagement (Merlin, 2001; Gravari-Barbas, 2013) ainsi que le domaine du sport avec des ouvrages traitant des espaces sportifs (Augustin, 2007; Lefebvre, Roult et Augustin, 2013), la question des aménagements en faveur du loisir n’a jamais été explorée, côté francophone, en dehors de l’ouvrage de Soubrier datant de 2000. C’est pourquoi, dans ce livre, nous nous centrons davantage sur les enjeux actuels en matière d’aménagement des espaces de loisir. Nous aborderons ces enjeux selon différents domaines (sportif, culturel, touristique, relatif à la santé) et selon différents milieux (urbain, rural), tout en nous référant à la fois au contexte québécois, mais également international. Il sera en effet question, dans cet ouvrage, du loisir qui tire son essence et tout son sens de différents milieux de vie. Les équipements, les lieux, les parcs, le cadre bâti et les espaces naturels provoquent et stimulent de nouveaux référents dans lesquels la question de l’aménagement est centrale. La complexité de notre milieu de vie repose sur l’hétérogénéité des populations résidentes qui pose désormais la question de l’intégration durable et responsable de différentes structures, dont celles du loisir. Par ailleurs, la place prépondérante de la pratique récréative libre soulève de nouveaux enjeux d’aménagement où l’espace de loisir doit être à la fois ouvert et accessible, tout en demeurant sécuritaire et convivial. Finalement, le loisir, sous toutes ses facettes, joue un rôle amplement démontré en ce qui a trait à la promotion des saines habitudes de vie, et ce, à travers différents types d’aménagement mis en place pour des clientèles de tous âges. Ainsi par le biais d’une approche pluridisciplinaire alliant les études en loisir, urbanisme, géographie, sociologie et histoire, nous nous proposons de faire l’état des lieux de cette problématique d’aménagement et de renforcer cette réflexion toujours plus prégnante. En fin de compte, l’objectif de cet ouvrage universitaire, destiné à un public d’experts, de chercheurs, d’étudiants et d’acteurs du milieu du loisir et du sport, est d’engager une réflexion globale sur les façons d’envisager, de concevoir, d’analyser et d’appliquer l’aménagement du territoire sous l’angle du loisir.

    Avant d’en venir à la présentation des différentes parties de l’ouvrage, il importe de préciser ce que nous entendons par «aménagement». Parmi les définitions existantes, nous avons retenu celle de Lévy et Lussault (2013), qui définissent l’aménagement comme «l’ensemble des savoirs et des savoir-faire dont la construction et l’application servent à transformer et adapter volontairement des espaces d’échelles (au-delà de celle du bâtiment isolé) et des types variés au bénéfice des sociétés qui les produisent et les occupent» (p. 73). Cette définition vient confirmer le fait que l’aménagement a toujours existé, même si le terme, quant à lui, apparaît plus tardivement en lien avec l’apparition des plans d’aménagement, d’embellissement et d’extension (Loi Cornudet de 1919). Pour définir ce que nous entendons par aménagement, il est nécessaire de préciser que les actions qui sont entreprises pour disposer avec ordre les habitants, les activités, les constructions, les équipements, les moyens de communication sur l’ensemble d’un espace doivent être concertées (Merlin et Choay, 2015). L’intégration de la concertation au sein du processus d’aménagement a nécessité de revoir la définition de l’aménagement et également de la planification comme nous le verrons plus tard¹, ou du moins d’y apporter des précisions. De plus, à travers les exemples présentés dans cet ouvrage, nous verrons que l’aménagement se conçoit à différentes échelles: d’un quartier, d’une ville, d’une région, voire d’un pays.

    Ainsi, au vu des précisions qui viennent d’être apportées concernant le concept d’aménagement et les enjeux actuels en matière d’aménagement des espaces de loisir, de sport et touristiques, nous avons choisi de diviser cet ouvrage en trois parties.

    Dans la première partie de l’ouvrage, intitulée «Le contexte québécois en matière de planification et d’aménagement du territoire: évolution et enjeux», les auteurs impliqués exposent le contexte québécois en matière de planification et d’aménagement du territoire tout en apportant un regard critique sur le sujet. Il s’agit plus spécifiquement, dans cette partie, de positionner la question de l’aménagement des espaces de loisir dans une sphère plus large, celle de la planification et de l’aménagement du territoire dont le loisir correspond à un domaine d’intervention pour s’intéresser ensuite plus spécifiquement, dans les deux autres parties, à l’aménagement de l’espace en faveur du loisir, du sport et du tourisme. Ainsi, pour commencer cette première partie, les auteurs insistent sur l’étendue de la tâche qui consiste à planifier une ville, une région, etc. Le lecteur sera en mesure de saisir l’importance de ne pas se limiter à un seul domaine, mais au contraire de penser le territoire comme un système où tout interagit. C’est pourquoi un retour sur les origines de la planification dans le contexte québécois et son évolution selon les contextes politiques et sociaux est proposé afin que le lecteur soit en mesure de répondre à différentes questions: Comment s’organisaient et s’organisent les choix en matière de planification du territoire? Quelles approches, quels outils sont mobilisés? Quel est le rôle des professionnels de l’aménagement, de l’urbanisme et qu’en est-il à l’heure actuelle? Cette première lecture théorique de la planification sera étoffée par différents exemples d’intervention dans le domaine du loisir, et ce, à différentes échelles: celle du quartier, d’une ville, voire d’une région. De plus, des éléments de critique de la planification seront présentés et revisités à travers des exemples précis (comme les équipements sportifs de proximité) tout au long de l’ouvrage.

    Une fois les bases de la planification territoriale posées, c’est sur l’aménagement du territoire en vigueur au Québec que nous nous attarderons. Cette section est particulièrement importante, car en plus de présenter les principales étapes de la mise en place du cadre normatif québécois en matière d’aménagement du territoire, elle donne accès aux outils et aux documents actuels qui guident l’action des aménagistes. Comprendre un outil tel que le schéma d’aménagement et de développement (SAD) de la municipalité régionale de comté (MRC), ou le plan d’urbanisme et les différents règlements (de zonage, de lotissement, etc.) qui l’accompagnent, est essentiel afin de mieux saisir les règles qui sous-tendent l’organisation d’un territoire et qui vont, par exemple, intervenir sur l’accessibilité aux espaces de loisir. Parmi les sujets développés dans le reste de l’ouvrage, il sera possible de mieux saisir les défis de la mise en oeuvre de ces différents instruments (Montréal physiquement active, les Quartiers verts, actifs et en santé, etc.). Enfin, nous souhaitions également aborder l’aménagement du territoire à la fois en contexte urbain et rural afin de mieux saisir les défis à relever dans chacun d’eux. C’est pourquoi deux exemples sont développés reprenant la mise en application d’un même instrument, le plan particulier d’urbanisme (PPU), en milieu rural et urbain.

    Enfin, lorsqu’on s’intéresse à l’aménagement du territoire, la question des acteurs mobilisés et des formes de mobilisation utilisées se pose. C’est sous l’angle de la concertation citoyenne et de la participation publique que nous avons choisi de l’aborder. Il s’agit d’un défi en soi, dans la mesure où le débat autour de la concertation est de mise tant sur la façon de la définir que sur la manière de la mettre en application. Il n’est pas rare d’entendre des commentaires négatifs sur la mise en œuvre de la concertation, sur la lourdeur de cette dernière, sur les craintes des élus quant au frein que celle-ci peut représenter. C’est pourquoi sont rassemblées et exposées différentes visions, le tout en tenant compte des enjeux actuels.

    À travers cette première partie, le lecteur aura une bonne idée de ce que sont la planification et l’aménagement du territoire, l’évolution des façons de faire, les avantages et les limites de chacune d’elles, le tout en privilégiant l’analyse du contexte québécois. L’intégration d’une section sur la concertation citoyenne et la participation publique permet de couvrir l’ensemble des actions et des acteurs impliqués dans l’aménagement du territoire, tout en repérant notamment les potentialités et les limites de la concertation.

    Dans la deuxième partie de cet ouvrage, intitulée «Penser l’aménagement dans différents contextes de loisir: sportif, culturel et touristique», les différents auteurs invités investissent le loisir comme un marqueur spatial et social mobilisant différents concepts et autres paradigmes interprétatifs. L’idée maîtresse de cette partie n’est pas d’aborder de façon exhaustive tous les contextes aménagistes dans lesquels le loisir prend forme. Il est plutôt question ici de mettre en lumière plusieurs notions théoriques et conceptuelles actuelles qui facilitent la compréhension de certains enjeux relatifs à ce domaine récréatif. Partant de plusieurs objets sportifs, culturels et touristiques, les cinq chapitres qui constituent cette partie rappellent tous à quel point la planification et l’aménagement des espaces de loisir nécessitent de se questionner sur l’accessibilité de ces derniers. Ceci, bien entendu, en prenant en compte les formes d’appropriation et d’animation traditionnelles (sports organisés, festivals et fêtes citoyennes) et inusitées (manifestations spontanées, sports extrêmes, etc.) qui les constituent. Se basant notamment sur la question de l’aménagement de l’environnement bâti, les auteurs invités conduisent le lecteur à s’intéresser à différents équipements de loisir, sportifs, touristiques et patrimoniaux (stades, patinoires, édifices culturels, etc.) et à les considérer comme des symboles, voire des icônes territoriaux. Porteurs d’idéaux politiques et économiques particuliers, ces symboles semblent susceptibles, selon plusieurs auteurs, de donner ou de renouveler l’identité de certains espaces. Par l’entremise entre autres des concepts de marketing territorial, de grands projets urbains, de régénération urbaine et de patrimonialisation, cette deuxième partie suscite une réflexion plus globale sur le rôle, l’utilisation, l’apport et les effets du loisir sur l’aménagement de divers milieux de vie. Partant d’échelles analytiques plus locales pour en aborder certaines davantage internationales, le cheminement réflexif de cette deuxième partie reprend certaines notions plus théoriques et réglementaires abordées dans la première partie pour faire découvrir au lecteur une perspective analytique plus appliquée. À ce titre, ce dernier sera invité à comprendre comment divers objets récréatifs bâtis, mais également naturels, s’intègrent, voire s’ingèrent dans des logiques et des mécanismes urbains, périurbains et ruraux complexes et continuellement tiraillés entre un souci d’efficacité et de rentabilité et des principes d’équité, d’acceptabilité et de conservation. Par ailleurs, plusieurs exemples et autres cas présentés dans cette deuxième partie font écho à des préoccupations soulevées dans la troisième et dernière partie sur le fait que penser l’aménagement dans cette perspective globale du loisir demande à prendre en compte la portée «salutaire» de ces éléments récréatifs pour la santé et le bien-être de différents individus. En outre, les cinq chapitres de cette deuxième partie illustrent clairement le fait que le loisir est source de changement et de développement, tout en étant également utilisé pour mettre en valeur divers héritages garants de certaines formes d’unicité territoriale. Dans cette perspective, l’acte d’aménager prend donc tout son sens, sens qui ne peut être vu en tant que fonction statique, mais plutôt comme une réalité mouvante au gré d’aspirations sociales, politiques, économiques et culturelles, reflets d’identités spatiales particulières.

    Enfin, la troisième et dernière partie de cet ouvrage invite les auteurs à aborder l’aménagement en faveur du loisir sous l’angle de la santé et du bien-être de la population. En effet, les effets d’un environnement urbain aménagé pour favoriser les déplacements automobiles sont particulièrement négatifs pour la santé de la population. Ceci nécessite de revoir les façons de faire en aménagement en intégrant notamment les déterminants d’un mode de vie actif à la conception des espaces urbains, qu’il s’agisse des rues, des parcs ou des places. De plus, la question de l’accessibilité est au cœur des préoccupations des professionnels de l’aménagement, du loisir et de la santé soucieux de veiller à ce que l’ensemble de la population puisse profiter des équipements de loisir. C’est pourquoi il sera question dans cet ouvrage de mieux saisir ce qu’est l’accessibilité universelle, et surtout de la penser en tenant compte de l’expérience de loisir pour laquelle les parcs, équipements sportifs, etc., vont être aménagés. D’ailleurs, les parcs urbains occupent depuis longtemps une place importante dans la trame urbaine ainsi que dans l’offre de loisir en ville. Ils sont l’objet de réflexion tant du point de vue esthétique, environnemental que ludique et s’adaptent aux contextes et tendances du moment. Ils occupent une place importante dans la définition des environnements favorables à un mode de vie actif. De plus, on ne peut aménager ce type d’espace sans avoir en tête des impératifs de sécurité. C’est pourquoi la question de la prévention des traumatismes doit être intégrée tant du point de vue théorique en développant des modèles, mais également d’un point de vue réglementaire, qui va par exemple donner lieu à la mise en place de normes telles que celle développée pour les aires de jeu. La dimension légale occupe une place très importante dans la tâche des professionnels du loisir, de l’aménagement, tâche qu’on ne peut négliger. À travers ces quatre chapitres, certains auteurs soulignent l’urgence de travailler sur des publics particuliers (des individus plus vulnérables comme les aînés ou les personnes victimes d’inégalités sociales), de développer des politiques, des outils pour transformer l’espace urbain en espace favorable au bien-être de la population, mais également pour sécuriser des équipements. Des alternatives, qui s’offrent aux professionnels de l’aménagement, du loisir, de la santé pour résoudre ces problèmes, sont présentées pour chacune des thématiques abordées, ce qui donne également une portée pragmatique à cet ouvrage.

    Bibliographie

    AUGUSTIN, J.-P. (2007). Géographie du sport: spatialités contemporaines et mondialisation, Paris, Armand Colin.

    BELLEFLEUR, M. (1997). L’évolution du loisir au Québec: essai socio-historique, coll. Temps libre et culture, Québec, Presses de l’Université du Québec.

    GRAVARI-BARBAS, M. (2013). Aménager la ville par la culture et le tourisme, Paris, Moniteur.

    LEFEBVRE, S., R. ROULT et J.-P. AUGUSTIN (2013). Les nouvelles territorialités du sport dans la ville, Québec, Presses de l’Université du Québec.

    LÉVY, J. et M. LUSSAULT (2013). Dictionnaire de la géographie et de l’espace des sociétés, Paris, Belin.

    MERLIN, P. (2001). Tourisme et aménagement touristique: des objectifs inconciliables?, Paris, La Documentation française.

    MERLIN, P. et F. CHOAY (2015). Dictionnaire de l’urbanisme et de l’aménagement, Paris, Presses universitaires de France.

    1Lire également à ce titre dans cet ouvrage le chapitre de Cloutier.

    1

    Le contexte québécois en matière de planification et d’aménagement du territoire

    Évolution et enjeux

    Sous la coordination de Sylvie Miaux

    Introduction de la première partie

    Lorsqu’on s’intéresse à l’organisation des loisirs, du sport et du tourisme d’un point de vue spatial, il faut élargir notre champ d’expertise aux domaines de l’urbanisme, de l’aménagement du territoire ainsi que du politique afin de mieux saisir les stratégies sous-jacentes à l’agencement d’un espace de loisir. Pour ce faire, Geneviève Cloutier, dans un premier chapitre, s’attarde sur les théories de la planification du territoire développées au Québec, les différents courants qui se sont développés ainsi que leurs effets afin de mieux saisir la portée de l’action planificatrice depuis l’approche rationaliste en passant par l’approche communicationnelle pour aboutir à la notion de projet urbain. Le tout étant présenté dans la perspective d’initier les futurs professionnels en loisir aux enjeux et défis de la planification.

    Par la suite, Sylvain Lefebvre, dans un deuxième chapitre, développe le processus d’aménagement dans le cas du territoire québécois à travers une présentation synthétique de l’historique de la mise en place du cadre normatif en aménagement et en urbanisme. Plus spécifiquement, il détaille les politiques et les instruments mis en place par l’État pour penser l’organisation de son territoire. Enfin, il aborde l’utilisation des outils mis en place pour aménager le territoire au Québec à partir de deux cas: un premier milieu urbain (le PPU du Quartier des spectacles) et un second en milieu rural (le PPU du noyau villageois de la municipalité Val-des-Lacs).

    Enfin, Julie Fortier et Sylvie Miaux s’attardent dans un troisième chapitre sur la concertation citoyenne et la participation publique qui deviennent des incontournables dans le processus de planification au Québec depuis quelques décennies. La visée de ce texte est d’informer les élus, les professionnels responsables de la mise en place du processus de participation sur les potentialités et les limites de la concertation. La réflexion dans le domaine s’enrichit des expériences passées essayant de déjouer les pièges de la mise en oeuvre de la concertation perçue comme un frein par bon nombre de décideurs. L’exemple de la concertation citoyenne en urbanisme conclut ce chapitre en donnant des pistes de réflexion sur l’avenir de la concertation publique.

    Objectifs du chapitre

    1Présenter les grandes intentions, les méthodes de travail et les mécanismes d’application et de suivi ayant marqué la planification du territoire depuis cent ans, au Québec comme ailleurs.

    2Introduire les grands courants de planification issus des théories de la planification ayant marqué la planification de l’aménagement durant le XXe siècle et alimentant la réflexion contemporaine sur les façons d’organiser l’espace dans un horizon temporel défini.

    3Mettre en perspective les distinctions des théories et de la pratique selon le contexte géographique, culturel et historique.

    4Souligner le caractère évolutif du projet politique et social que constitue l’aménagement, et le caractère tout aussi évolutif du rôle et de la position des professionnels de l’aménagement.

    Mots clès

    planification

    intention

    méthode de travail

    mécanismes d’application

    théories de la planification

    courant rationnel

    advocacy planning

    mouvements sociaux

    courant communicationnel

    1

    La planification du territoire au Québec

    Survol de quelques grandes étapes et transitions, des années 1960 à aujourd’hui

    Geneviève Cloutier

    La planification est un dispositif visant à anticiper et à orienter les actions, publiques et privées, pour assurer leur cohérence, suivant un échéancier. En matière d’aménagement du territoire, les gouvernements, locaux et supérieurs, planifient pour développer les espaces et renouveler les territoires, habituellement dans un souci d’équité sociale, de rentabilité financière et de compétitivité entre les secteurs économiques actifs dans les villes et les villages. La planification d’aujourd’hui est, comme celle d’hier, teintée des valeurs de son époque et par une certaine définition du «bon territoire» ou de la «bonne ville», qui varie en fonction des situations, des contextes, des acteurs responsables de la planification. Pour simplifier, disons que la planification peut être comprise comme le dispositif permettant de réaliser l’aménagement de ce territoire, auquel tous les acteurs de l’aménagement doivent se conformer, quel que soit leur statut et leurs ressources. Les composantes de ce dispositif seront détaillées dans la mise en contexte et serviront de fil directeur à la structure du chapitre.

    Après une brève mise en contexte dans la première section, la deuxième section du chapitre fait un retour sur le courant moderniste ou rationaliste et permet d’éclairer l’intention de contrôle des activités et des populations qui caractérisait le plan d’aménagement durant la première moitié du XXe siècle. Dans la troisième section, l’attention se porte sur la remise en question de ce contrôle par les groupes et les mouvements sociaux au cours des années 1970 et sur ce qu’elle induit comme nouvelles manières d’aborder l’organisation locale et la planification. La quatrième section aborde les théories dites communicationnelles et ce que ces propositions méthodologiques fortes induisent comme transformation du rôle du professionnel et de son lien avec ceux et celles qui occupent et vivent le territoire. La dernière section s’ouvre sur une distinction entre la planification et l’approche par projets, avant de conclure sur la portée et l’utilité de la planification.

    1/Une mise en contexte

    Aborder la planification comme le dispositif permettant de réaliser l’aménagement du territoire amène à constater que ce dispositif prend appui sur trois éléments importants: 1) une intention; 2) une méthode de travail; et 3) des mécanismes d’application et de suivi (figure 1.1).

    FIGURE 1.1 / Les trois fondements traditionnels de la planification de l’aménagement

    L’intention (1) renvoie au sens qu’on veut donner à l’aménagement, à la vision qu’on en a et à la conscience de l’objet à aménager, qui peut être un lieu, un paysage ou le territoire dans son ensemble. Elle répond à la question: quel est le projet politique, social et territorial qui gouverne l’aménagement? Cette intention peut être explicite et nommée. C’est le cas, par exemple, dans l’introduction du schéma d’aménagement et de développement de la municipalité régionale de comté (MRC) des Laurentides: «[À] ce titre, le schéma révisé offre à ses municipalités un cadre de planification du territoire favorisant le maillage des entreprises municipales» (Municipalité régionale de comté des Laurentides, 2000, p. 1-2). Pour cette MRC, le projet qui gouverne l’aménagement du territoire régional est celui de l’arrimage et de la mise en commun des efforts mis en place dans les localités. L’intention peut aussi être plus tacite, non explicite, et trouver forme dans les objectifs poursuivis tout au long du plan. La méthode de travail (2), pour sa part, a trait à la façon de faire qui est appliquée pour réaliser la planification. Comme on le verra dans ce chapitre, depuis les années 1970, les méthodes font une place de plus en plus importante à la participation des représentants de la société civile dans l’élaboration de la planification, à un moment ou à un autre. Les mécanismes d’application et de suivi (3), quant à eux, renvoient aux mesures de contrôle, aux règlements d’urbanisme entre autres, qui permettent aux décideurs (élus, professionnels de l’aménagement) d’établir si les implantations projetées ou faites sur le territoire par les promoteurs, particuliers, organisations, municipalités, etc., sont en conformité avec l’intention. Ces trois éléments clés peuvent varier dans le temps, suivant le contexte politique et social, mais aussi suivant les apprentissages et les remises en question qui peuvent découler de leur mise en oeuvre.

    2/Le plan comme outil de rationalisation sociale et spatiale, du début du XXe siècle aux années 1960

    Au tournant du XXe siècle, les avancées techniques et technologiques transforment le paysage: la ville grandit en hauteur, les zones d’activité sont de plus en plus distinctes dans l’espace. Au fil du siècle, la trame urbaine a été façonnée par l’usage de la voiture (LeGates et Stout, 2011; Mumford, 1945). Inspirés par cette époque de progrès, les professionnels de l’aménagement, qui étaient alors surtout formés en architecture, en travail social, en santé communautaire et en génie, se dévouent à la planification d’une ville fonctionnelle, efficace, tournée vers le futur et qui peut assurer le bien-être de ses résidents (Gold, 1997). Dans un contexte fortement marqué par la promiscuité, les mauvaises conditions d’hygiène des logements et la pollution, on valorise l’idée que la planification urbaine, qui deviendra bientôt «l’urbanisme», est un moyen technique approprié pour aider l’humain à satisfaire ses besoins physiques et psychologiques. Ces professionnels sont influencés par les idées des architectes penseurs que sont Le Corbusier, Daniel Burnham, Frank Lloyd Wright, etc., eux-mêmes souvent inspirés des utopistes¹, et selon lesquels l’habitat, le travail, la récréation et la circulation sont les grandes priorités à satisfaire (Le Corbusier, 1957).

    La méthode de travail valorisée par le courant rationaliste est en adéquation avec l’intention d’ordre et d’efficacité: architectes, ingénieurs et urbanistes s’inspirent des principes économiques, de la mécanique ou de la physiologie pour prendre des décisions «rationnelles» et définir les coûts et les bénéfices de diverses options d’aménagement. La prise en compte de toutes les options offertes, l’évaluation des conséquences éventuelles de la réalisation de ces options et la sélection de l’option associée aux conséquences les plus acceptables en fonction des buts recherchés sont les principes directeurs de cette planification (Banfield, 1955). Cet emprunt de principes à des disciplines reconnues pour leur rigueur est une façon de légitimer et valider le projet de planification. L’objectif, rappelons-le, est d’organiser le territoire – les pratiques et usages sociaux dans l’espace donc – et de le faire de la façon la plus rationnelle et scientifique qui soit (figure 1.2).

    FIGURE 1.2 / Le plan City Beautiful de Burnham pour Chicago

    Les professionnels de la planification cherchent à favoriser le développement cohérent des différentes activités ou fonctions (résidentielle, commerciale, industrielle, récréative, etc.) composant le territoire. Des cibles à atteindre sont fixées à l’aide d’études prospectives menées par les administrations municipales, permettant de «déterminer» la répartition des populations et des activités dans l’espace (Merlin et Choay, 2015).

    Le contexte d’après-guerre fournit, en Europe comme en Amérique du Nord, l’occasion de mettre à profit l’intention et la méthode rationnelle, moderniste, aussi appelée fonctionnaliste pour sa valorisation de la ségrégation des fonctions (Randet, 1981). Le projet rationaliste s’incarne particulièrement à travers la rénovation urbaine ou urban renewal. Cette rénovation prend différents visages selon le contexte, mais elle implique, dans la plupart des cas, de démolir les immeubles existants pour en construire de nouveaux.

    En Europe, la fin des années 1940 et les années 1950 sont marquées par une crise du logement, la présence d’immeubles insalubres et, tout comme en Amérique du Nord, par la démocratisation de l’automobile, qui devient l’élément structurant de l’organisation spatiale. Dans plusieurs villes européennes, des quartiers résidentiels sont aménagés en périphérie des centres, dont les unités sont conçues pour offrir aux ménages qui habitaient jusqu’alors dans les centres des conditions de vie à la fine pointe de la technique. Le projet français de rénovation des quartiers anciens de la fin des années 1950, par exemple, vise à reloger les habitants des taudis dans des logements modernes, suffisamment grands pour les familles avec des enfants, comptant une salle de bain dans le logement et un chauffage central (Guerrand, 1967). Ces logements sont localisés en dehors des quartiers populaires où vivaient jusqu’alors les habitants, mais les décideurs voient en ce «déracinement» le prix à payer pour avoir de meilleures conditions de vie (Coing, 1966).

    En Amérique du Nord, le contexte est sensiblement le même, à la différence que l’écart entre centre-ville et périphérie est plus prononcé et il ne s’exprime pas de la même façon. Dans les villes du Canada et des États-Unis, les années d’après-guerre sont marquées par un phénomène simultané d’amélioration des conditions de logement des ménages qui choisissent la banlieue et de dégradation des conditions de ceux qui sont confinés au centre-ville. Les multiples besoins en assistance de ces derniers exercent une pression importante sur le système public, ce qui pousse les gouvernements à réagir (Comité consultatif pour l’élimination des taudis et pour l’habitation à loyer modique, 1954; Dansereau et L’Écuyer, 1987) par la mise en place de vastes entreprises de rénovation urbaine. Les opérations nord-américaines de rénovation urbaine préconisent, elles aussi, la démolition des taudis et la construction de nouveaux immeubles modernes dans l’espoir de satisfaire à une triple intention: 1) standardiser les conditions de vie; 2) assurer un développement économique global; et 3) mettre de côté la mauvaise réputation des quartiers centraux (Sénécal, 1997; Morin, 1983). Autrement dit, avec les plans de rénovation urbaine des années 1950 et 1960 à Montréal, Toronto ou Chicago, on cherche à améliorer le cadre bâti des quartiers centraux. L’objectif est notamment d’arrêter la fuite des ménages vers la banlieue et de faire face à la vétusté des services et des équipements publics ou aux terrains en friche des quartiers centraux.

    Le programme montréalais de rénovation urbaine soutenu par le gouvernement fédéral durant les années 1960 permet à l’administration municipale de planifier la démolition et la reconstruction d’habitations jugées insalubres, parmi lesquelles celles de l’îlot Saint-Martin dans le quartier Petite-Bourgogne du sud-ouest de Montréal (Blondin, Ouellet et Chagnon, 1967). La mise en oeuvre de cette planification entraîne l’expropriation de plusieurs centaines de ménages, qui ne peuvent pas toujours se reloger dans les unités de logement reconstruites à même l’îlot. Cet épisode est vécu comme une crise par plusieurs Montréalais. Pour certains – notamment les résidents visés par les expropriations –, l’intention d’amélioration des conditions de vie des plus pauvres est subordonnée à l’intention plus tacite d’attirer des résidents des quartiers centraux grâce à la construction d’immeubles de plus grande valeur.

    Au regard des mécanismes d’application, les implantations projetées par les plans de rénovation urbaine ne sont donc pas toujours en conformité avec les objectifs poursuivis. Les grands ensembles d’habitations nouvellement construits sont jugés monotones, froids et anomiques (Jacobs, 1961; Fishman, 1980). Isolées en périphérie en Europe ou mal intégrées dans les centres nord-américains, les habitations construites pour reloger les ménages déplacés ne reflètent pas les ambitions d’émancipation et de bien-être qui ont guidé leur conception. Les ménages déplacés se voient parfois même attribuer des logements moins intéressants que les précédents.

    La mise en pratique des préceptes modernes et rationalistes de l’urbanisme et de l’architecture s’avère ainsi plus fastidieuse qu’escompté. Le modèle rationaliste de prise de décision entraîne des interventions régulièrement en décalage avec leur contexte d’implantation. Les tentatives de concrétisation des visions modernistes de la ville provoquent d’intenses réactions chez certains groupes sociaux, qui se sentent floués et qui réclament une meilleure prise en compte de leurs besoins. La neutralité et la rationalité des méthodes appliquées sont montrées du doigt comme responsables de l’inadéquation des solutions aux problèmes d’aménagement (Teaford, 1990). Commence alors un questionnement sur l’intention de la planification et sur les méthodes de travail pour la réaliser.

    Les opérations planifiées des années 1960 ne sont pas toutes synonymes d’échec. L’opération de rénovation urbaine ayant donné lieu à la construction des Habitations Jeanne-Mance est un exemple intéressant d’une application des grands principes modernistes au service des ménages plus modestes dans le centre de Montréal en 1960 (figure 1.3). Elle a marqué l’histoire d’une façon autrement plus positive (Choko, 1995). Néanmoins, ces grandes opérations marquent aussi une première étape dans l’éveil de la mobilisation des groupes locaux et des mouvements sociaux. En ce sens, les programmes et les plans de rénovation urbaine nord-américains peuvent généralement être vus comme des occasions importantes d’apprentissage, tant pour les professionnels de la planification que pour les résidents.

    FIGURE 1.3 / Les Habitations Jeanne-Mance en deux temps

    En somme, du tournant du XXe siècle aux années 1970, l’intention dominant la planification de l’aménagement est rationaliste, moderniste et fonctionnaliste. Cette planification rationaliste est à la fois portée par des principes procéduraux invitant à évaluer les options et leurs conséquences et par une pratique faisant du planificateur un être analysant la ville d’un oeil quasi scientifique. À partir du moment où il apparaît que la mise en œuvre de cette intention et de cette méthode de travail ne parvient pas à atteindre les objectifs d’organisation et de progrès qu’elle se fixe, soit à partir des années 1960, la validité et la légitimité du projet moderniste ou rationaliste sont remises en question par la population et les groupes sociaux.

    3/La remise en question de la planification rationaliste durant les années 1960 et 1970

    Les contestations citoyennes qui s’organisent et se font entendre dans l’espace public à partir des années 1960 et encore plus durant la décennie 1970 donnent naissance à des «mouvements sociaux», c’est-à-dire des groupes organisés autour d’intérêts communs, qui remettent en question publiquement l’adéquation des façons de gouverner et de planifier la ville (Hamel, 1991; Godbout et Collin, 1977). L’interpellation des administrations publiques par ces mouvements s’inscrit dans un contexte général de remise en question de l’ordre gouvernant les sociétés occidentales. Les théories de la planification n’évitent pas la critique. Le caractère politique et idéologique de la planification urbaine est souligné par les critiques: on remet explicitement en question l’intention de la planification rationaliste.

    En ce sens, les mouvements sociaux urbains participent à la remise en question tant de l’intention de planifier que des méthodes de travail de la planification urbaine. Cette remise en question invite les professionnels de la planification à questionner la mission de la planification ainsi que ses pratiques (Beauregard, 1998). Ces professionnels sont encore souvent formés en architecture, mais ils sont de plus en plus nombreux à être formés spécifiquement en urbanisme dans les universités d’Europe, des États-Unis, du Canada (à l’Université McGill depuis 1947) et même à l’Université de Montréal, qui dispense une formation de maîtrise en urbanisme à partir de la création de l’Institut d’urbanisme en 1961-1962². Cela dit, l’urbanisme qui est enseigné dans les universités demeure très technique, s’appuyant sur l’enseignement donné par des praticiens actifs, valorisant une approche physico-spatiale (Beaudet, 2004). Les professionnels nouvellement diplômés se confrontent au

    Vous aimez cet aperçu ?
    Page 1 sur 1