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Meurtre sur Rance: Les enquêtes de Victor Tarin
Meurtre sur Rance: Les enquêtes de Victor Tarin
Meurtre sur Rance: Les enquêtes de Victor Tarin
Livre électronique163 pages2 heures

Meurtre sur Rance: Les enquêtes de Victor Tarin

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À propos de ce livre électronique

Les secrets de famille sont très peu souvent anodins...

Quand un ancien député malouin refuse de vendre son terrain à un promoteur dinardais, on ne tarde pas à entendre parler de mort accidentelle qui semble arranger du monde. Victor Tarin nous fait découvrir ici les secrets d’une puissante famille malouine aux intérêts totalement opposés à ceux de ses ennemis.

Retrouvez Victor Tarin dans cette nouvelle aventure !

À PROPOS DE L'AUTEUR

Né en 1961 à Languédias, fils et petit-fils de boulanger, Eric Rondel est l'auteur de nombreux ouvrages historiques sur la Seconde Guerre Mondiale. Amoureux de sa région et de son histoire, il a créé le personnage décapant de Victor Tarin pour pouvoir en parler différemment à travers des romans policiers qui la mettent en valeur. Dès la sortie de la première aventure de Victor Tarin en 1998, le personnage a trouvé son public.
LangueFrançais
Date de sortie3 juin 2020
ISBN9782374690599
Meurtre sur Rance: Les enquêtes de Victor Tarin

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    Aperçu du livre

    Meurtre sur Rance - Eric Rondel

    hasard.

    Soirée du jeudi 19 mai

    Laissant un long sillage d’écume blanche en arrière de l’île de Cézembre, le Conchée II, un des nouveaux hydroglisseurs de la compagnie Aleth Maritime, s’engagea à grande vitesse dans le chenal de la Petite Porte. C’était sa dernière navette de la journée entre l’île de Jersey et le port de Saint-Malo. Sur tribord, la houle s’écrasait sur le tragique rocher où, une nuit neigeuse de novembre 1905 cent vingt-sept personnes périrent dans le naufrage du vapeur Le Hilda¹.

    Solidement ancrée dans son puissant rocher de granit, la célèbre silhouette de la cité corsaire, éclairée par le rosé du soleil couchant et dominée par la pointe de la cathédrale Saint-Vincent, découpait ses fières murailles sur un ciel clairsemé de petits nuages orangés. Sur l’autre rive de la Rance, la belle Dinard, la Nice du Nord comme on l’appelait dans les années vingt, surveillait sa concurrente du coin de l’œil.

    À bord du puissant catamaran Conchée II, la petite famille costarmoricaine Tarin admirait le grand spectacle de la nature.

    – Alors Marie-Rose, es-tu heureuse de ta mini croisière ? demanda Victor en rajustant sa casquette de touriste à longue visière.

    – Oh ! oui papa ! répondit la petite fille qui peignait sa poupée machinalement, mais j’ai un peu mal au cœur…

    – Vois-tu cette grande tour grise là-bas Marie-Rose ? C’est le phare du Grand Jardin.

    – Pourquoi, s’étonna la petite fille, il y avait un jardin ici avant ?

    – On dit, qu’il y a bien longtemps, entre l’île de Cézembre et Saint-Malo, il y avait de grandes prairies qui furent recouvertes en une nuit par un énorme raz-de-marée, confia Victor.

    – Et où sont partis les gens et les animaux qui vivaient là ? s’inquiéta la gamine.

    – Ce n’est sûrement qu’une légende Marie-Rose, reprit sa mère plus réaliste, il ne faut pas toujours croire ce qu’elles racontent. Pas plus que les histoires abracadabrantes que ton père invente pour son plaisir… Sa folle imagination de journaliste romancier est intarissable, tu sais…

    Le Conchée II décéléra rapidement ses puissantes turbines et se reposa sur l’eau couleur émeraude de l’estuaire de la Rance, quelques mètres avant de passer à l’extrémité du môle des Noires, où quelques pêcheurs optimistes tentaient leur chance. Caméras vissées à l’œil pour ne rien perdre, quelques flâneurs attardés abandonnèrent les joueurs de boules tirant et pointant à l’abri du bastion Saint-Louis, pour venir observer la manœuvre d’accostage du catamaran depuis la cale de Dinan.

    – Elles sont grandes les cheminées des maisons là-bas papa ! dit Marie-Rose en montrant du doigt le quartier de la Californie.

    – Oui Marie-Rose, se sont les anciennes maisons des riches armateurs d’autrefois. Mais ces grandes cheminées posent de sérieux problèmes de solidité aux riverains… Je me souviens parfaitement en avoir vu une brisée, tombée la fameuse nuit de l’ouragan qui balaya la Bretagne le 15 octobre 1987…

    Quelques heures auparavant, de l’autre côté du port, non loin de la porte Saint-Vincent dans un luxueux bureau décoré de nombreuses maquettes de bateaux, une rixe éclatait entre deux personnes.

    – Jamais, hurlait l’une, c’est une trop vieille histoire qui ne m’intéresse plus… Et puis j’ai déjà payé, il me semble…

    – Alors, il faudra en assumer les graves conséquences…, monsieur le député, répondait calmement l’autre, si vous refusez, je vais tout révéler…

    – Il est tard… Je n’ai plus de temps à perdre avec de telles futilités… Il faut partir… Dehors ! commanda énergiquement le propriétaire des lieux avec un ton qui ne laissait pas de place à la négociation, immédiatement, ou bien c’est avec un coup de pied au cul que je vais le faire… Et il empoigna son visiteur pour joindre le geste à la parole.

    L’autre se rebiffa immédiatement et repoussa son interlocuteur qui, surpris, tomba en arrière. Dans un réflexe de survie, il tenta de se rattraper à quelque chose qu’il ne trouvât pas. Sa tête heurta violemment le coin du bureau et il chuta lourdement sur le sol d’où il ne bougea plus… Un flot de sang épais s’épanchait de son occiput.

    Le visiteur paniqua et entreprit de masquer sa visite en bousculant l’ordre du bureau, avant de ressortir.

    Les formalités douanières rapidement franchies, suivant un flot de touristes pressés en shorts les bras chargés de bouteilles d’alcool bon marché et de cartouches de cigarettes détaxées, mais surtout ravis de revoir le plancher des vaches, la famille Tarin reprit son véhicule laissé le matin même sur le parking de la gare maritime de la Bourse.

    Virant autour de la statue de Mahé de la Bourdonnais trônant au milieu du rond-point de l’île Maurice, le cabriolet s’engagea vers l’écluse, en direction de Saint-Servan. Bassin Vauban, le remorqueur Grand-Bé s’apprêtait à larguer les amarres pour aller tirer un vieux cargo rouillé, arborant le pavillon estonien, venu débarquer sa cargaison de blocs de granit africain sur le quai des Corsaires. Le Davier était déjà à pied d’œuvre.

    Victor Tarin, le célèbre correspondant du journal breton la Chronique de l’Ouest, un des plus grands quotidiens régionaux de France comme disait la publicité, allait passer le long week-end de l’Ascension chez Édouard Surtier, le parrain de Blanche, sa compagne.

    Créateur des célèbres chantiers maritimes Solidor, l’ancien député Édouard Surtier qui portait beau la soixantaine largement passée avait hérité de la Beauplaye. C’était une de ces gracieuses malouinières bâties sur les bords de Rance par des armateurs fortunés, se trouvant un peu à l’étroit dans l’intra-muros à l’époque glorieuse et rayonnante de la Compagnie des Indes. Devenir propriétaire d’une des célèbres gentilhommières du Clos-Poulet avait été pour Édouard, l’accomplissement d’un joli rêve d’enfant.

    Si la malouinière de la Beauplaye était sur le territoire du Grand Saint-Malo, jusqu’en 1967, année de la fusion des trois villes, elle faisait partie de Saint-Servan, qui était, comme Paramé, une ville indépendante.

    Au volant du cabriolet, Blanche franchit le lourd portail en fer forgé de la Beauplaye, estampillé des initiales entrelacées d’Édouard Surtier, et s’engagea dans l’avenue gravillonnée de la riche demeure historique de son parrain.

    Dominant la Rance entre la pointe de la Briantais et l’anse des Fours à Chaux, la malouinière de la Beauplaye avait un accès presque direct sur la plage du Rosais. Encadrée d’un puissant mur de granit et d’un reposant jardin à la française, jadis dessiné par un des célèbres ingénieurs du roi, c’était une splendide résidence à la façade crépie de blanc, élançant très haut ses imposantes cheminées armoriées. Huit grandes fenêtres aux volets de bois peints illuminaient ce splendide logis, qui pouvait paraître austère au visiteur d’un jour.

    Très impressionné par le sentiment de puissance qui suintait de la bâtisse Surtier, qu’il n’avait encore jamais vue, Victor Tarin tira subitement Blanche de sa rêverie :

    – Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il n’est pas fauché le tonton, clama le journaliste en sifflant d’admiration.

    – On dirait une maison de roi maman, renchérit la petite Marie-Rose admirative qui était campée entre les deux sièges avant du cabriolet. Ils doivent être drôlement heureux là-dedans…

    – C’est une belle demeure, c’est vrai ma chérie, mais le bonheur ce n’est pas seulement d’avoir une jolie maison… Depuis que mon parrain a perdu son fils et sa femme, la Beauplaye a un peu perdu de son âme… Et puis tu sais, elle est beaucoup trop grande pour lui maintenant…

    – Tu oublies sa nouvelle épouse, reprit Victor, une charmante femme de caractère d’ailleurs, d’après les photos et les vidéos que tu m’as fait voir.

    – Bien sûr qu’elle est jolie ! mais j’ai bien peur qu’Audrey ne soit qu’une opportuniste. Je ne la connais que très peu, c’est vrai, mais j’ai l’impression qu’elle ne s’est mariée avec Édouard que pour profiter de sa fortune et vivre dans l’oisiveté. Et puis elle est beaucoup plus jeune que lui.

    – Il est si riche que cela le tonton malouin ?

    – Énormément et il n’a plus d’héritiers directs.

    – Mais alors, si je comprends bien, comme ton père est le frère de ton parrain, et qu’il est décédé, cela fait de toi la seule héritière de la fortune Surtier, s’exclama Tarin en se frottant les mains.

    – Du calme Victor… Et puis, continua Blanche en souriant, comme tu ne veux pas épouser la mère de ta fille, ne compte pas sur sa fortune potentielle pour te la couler douce ! … Si tu vois ce que je veux dire…

    – Vu sous cet angle, reprit Tarin en l’embrassant, je vais sérieusement étudier la question du passage devant monsieur le maire…

    – Au lieu de tirer des plans sur la comète mon petit Victor, prends la valise du coffre et recoiffe-toi correctement, dit Blanche en passant la main dans les cheveux de son compagnon d’un air amusé, je vais te présenter à mon parrain… Ne trouves-tu pas que ton papa ressemble à un hérisson avec ses cheveux longs ?

    – Si, mais c’est mon hérisson adoré et je l’aime très fort, dit Marie-Rose en entourant affectueusement le cou de Victor Tarin.

    À la première sollicitation de la cloche d’entrée, dernier vestige d’un cotre corsaire qui avait ramené fièrement de nombreux vaisseaux anglais à Saint-Malo le drapeau du vaincu traînant honteusement dans l’eau, un vieux majordome en livrée, qui avait connu Blanche toute petite, vint ouvrir la grande porte vitrée.

    – Vous êtes encore là, mon brave Joseph ! s’étonna Blanche.

    – Bien sûr mademoiselle Blanche ! On ne quitte pas monsieur Surtier comme cela. Votre oncle est quelqu’un de si bon, que le servir reste un plaisir dont je ne pourrais plus me passer. Il y a trop longtemps que je suis à son service pour songer à trouver une nouvelle maison.

    – Et Lucie, est-elle encore derrière ses fourneaux ?

    – Ma femme vous prépare un bon far breton pour tout à l’heure… Sans pruneaux et dans le plat en terre cuite bleu, comme quand vous étiez petite, confia en chuchotant le brave homme tout en posant la main sur la poignée de la porte de la bibliothèque.

    – Elle se souvient encore de mes caprices de petite fille… La pauvre Lucie, je lui en ai pourtant fait voir… J’irai la saluer tout à l’heure…

    Délicatement poussé par le majordome, le lourd battant en chêne massif s’ouvrit sur une immense pièce d’allure reposante, meublée avec goût. Du sol au plafond, couvert de boiseries précieuses, les murs étaient tapissés de rayonnages remplis à craquer de plusieurs centaines d’ouvrages, richement reliés. Un brave matou gris qui dormait paisiblement sur le piano placé devant une immense cheminée, fut éveillé un instant par le gong d’une horloge murale centenaire, martelant tous les quarts d’heures.

    Une grande femme rousse, debout sous le lustre de cristal, s’empressa de souhaiter la bienvenue à la famille Tarin :

    – Blanche, Blanche, comme je suis heureuse de vous accueillir à la Beauplaye ce soir. Nous nous faisons une joie de vous recevoir… Il y a si longtemps que nous n’avions pas eu le bonheur de vous héberger chez nous.

    Ancienne hôtesse de l’air, la très élégante Audrey Surtier était toujours tirée à quatre épingles, en harmonie avec la mode. Maquillée avec goût et sans excès, elle savait prendre soin de son corps de mannequin aux mensurations parfaites. Beaucoup plus jeune qu’Édouard, elle l’avait rencontré dans un club de vacances pour gens riches sur une île du Pacifique. Les mauvaises langues affirmaient que le hasard avait été forcé par l’entremise d’un club de rencontres officieux, mais bien organisé, qui sévissait sur l’Internet, où les vieux messieurs riches et célibataires – veufs et sans enfant de préférence – étaient répertoriés sans leur consentement. Quand la proie était repérée, grâce notamment aux avis d’obsèques imprimés sur les journaux locaux, un détective privé peu scrupuleux espionnait ses habitudes. Les informations ainsi obtenues étaient grassement revendues sur le Web à des jeunes femmes abonnées au serveur. Les séductrices sélectives n’avaient plus alors qu’à jouer de leurs charmes,

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