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Le tribunal des insoumis: Saint-Malo - Cancale
Le tribunal des insoumis: Saint-Malo - Cancale
Le tribunal des insoumis: Saint-Malo - Cancale
Livre électronique161 pages2 heures

Le tribunal des insoumis: Saint-Malo - Cancale

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À propos de ce livre électronique

Un notable est assassiné après avoir été enlevé. De quoi ses ravisseurs veulent-ils se venger ?

Le juge cancalais Corentin Tromeur, président de la cour d’Appel de Rennes, enlevé par un mystérieux groupe de vengeurs, est retrouvé sans vie un matin de Toussaint, dans le chenal de Saint-Malo par un ferry de retour d’Angleterre. Mais la série noire ne s’arrêtera pas là : quatre autres cadavres seront bientôt découverts entre Cancale et Saint-Malo, faisant ressurgir de sombres histoires, que la population s’évertuait pourtant à oublier. Pour sa première enquête en Bretagne, le commissaire la Chouette va devoir lutter contre des bandes de voyous sans pitié et de puissantes familles malouines et cancalaises, qui cachent un énorme secret.

Découvrez la première enquête du commissaire la Chouette en Bretagne !

À PROPOS DE L'AUTEUR

Né en 1961 à Languédias, fils et petit-fils de boulanger, Eric Rondel est l'auteur de nombreux ouvrages historiques sur la Seconde Guerre Mondiale. Amoureux de sa région et de son histoire, il a créé le personnage décapant de Victor Tarin pour pouvoir en parler différemment à travers des romans policiers qui la mettent en valeur. Dès la sortie de la première aventure de Victor Tarin en 1998, le personnage a trouvé son public.
LangueFrançais
Date de sortie3 juin 2020
ISBN9782374690483
Le tribunal des insoumis: Saint-Malo - Cancale

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    Aperçu du livre

    Le tribunal des insoumis - Eric Rondel

    pénale

    Baie de Saint-Malo,

    une nuit de Toussaint.

    Être à la frontière de la mort sans l’être encore tout à fait à ses avantages !

    C’est probablement ce que devait penser Corentin Tromeur en cette froide nuit de novembre, pendant que des goélands braillards venus exprès de l’île de Cézembre, toute proche malgré la nuit, se disputaient ses viscères fumants qui pendaient lamentablement de son abdomen éventré.

    Ces charognards à plumes, véritables éboueurs des océans qui engloutissent tout ce qu’ils trouvent, avaient été dérangés dans leur sommeil par les hurlements d’un être humain défenestré contre son gré depuis le dernier étage d’une grande tourelle grise à tête rouge. Malgré la nuit, les oiseaux étaient venus à tire d’ailes en braillant, dans la lumière glacée d’un clair de lune de novembre, attirés par la curiosité, l’odeur du sang et le goût de la chair fraîche.

    Mais il s’en fichait pas mal Corentin de ces poubelles à becs qui lui déchiquetaient les chairs, son corps désarticulé ne ressentait plus rien, à part, peut-être, un froid intense qui l’envahissait à mesure que les derniers soubresauts de sa vie terrestre s’échappaient par ses multiples blessures. La chute avait été violente, les stigmates étaient nombreux : il avait un œil crevé et il lui manquait la moitié du cuir chevelu.

    Heureusement pour lui, la nature avait pleinement joué son rôle de modérateur : la plupart des nerfs qui transportaient en temps normal les informations à son cerveau avaient été anesthésiés par les puissantes décharges d’adrénaline sécrétée par son système nerveux central, pour masquer à sa conscience la terrible dégringolade de plus de vingt mètres de hauteur qu’il venait de faire depuis la salle panoramique du Grand Jardin, le monumental phare en béton qui marque l’entrée du dangereux chenal conduisant ferrys, cargos, chalutiers et autres plaisanciers au port de Saint-Malo, avec ses deux éclats rouges groupés toutes les dix secondes.

    Seules quelques synapses instinctives de son encéphale fonctionnaient encore par saccades, afin de faciliter le passage de Corentin dans la mort et accordaient un illusoire sursis à ce corps disloqué. Mais qui pourrait survivre à un tel vol plané, avec un tapis de rochers couverts d’arêtes et de coquillages comme matelas de réception ?

    Ces dernières micros connections électriques de son cerveau qui le relayait toujours au monde des vivants par flashs décousus, lui faisaient voir ou plutôt revoir les dernières secondes de sa vie terrestre, les plus pénibles et les plus étranges qu’il ait jamais vécues, comme les plans courts, saccadés et mal éclairés d’un film d’horreur. Au seuil de la mort, Corentin Tromeur essayait de comprendre ce qui lui était arrivé.

    * * *

    Quelques minutes avant sa chute, Corentin se revoyait dans une salle circulaire, non chauffée, timidement éclairée par une double rangée de plusieurs dizaines de fenêtres carrées, qui renvoyaient la lueur bleuâtre de la pleine lune vers l’intérieur. Mais, entre lumière et ténèbres, Corentin avait beau fouiller les restes de sa mémoire en fuite, il ne savait plus les raisons qui l’avaient entraîné dans cette drôle de pièce carrelée sans angle et étrangement décorée avec tous les signes du zodiaque…

    Ce dont il se souvenait Corentin Tromeur, allongé et presque mort sur des rochers battus par les flots comme un jouet abandonné en attendant la mort, c’est la sensation de peur qui l’habitait alors qu’il était encore bien vivant dans cette pièce ronde à l’ambiance glacée… Il savait qu’il y avait vécu une pression psychologique énorme. Il y avait eu la trouille, une trouille viscérale qui lui faisait redouter l’avenir… mais de quoi avait-il peur à ce moment précis ? Plus aucun souvenir.

    Une vague de la marée montante déferla sur les rochers où il était allongé et le contact violent avec l’eau glacée donna une impulsion nouvelle à son encéphale en route vers le néant. Une vision furtive s’imprima dans une partie de son cerveau encore irriguée et lui apporta de nouveaux éléments pour comprendre ce qu’il s’était passé dans cette pièce.

    Dans cette scène, Corentin était debout, adossé à une échelle à côté d’une table placée au centre de la pièce, avec des gens autour de lui qui semblaient être des relations, mais, bizarrement, il ne reconnaissait personne.

    Il avait surtout peur d’eux.

    Ces inconnus étaient deux : un homme rondouillard aux allures efféminées auquel on ne pouvait pas donner d’âge qui avait des yeux de porcelet entrant à l’abattoir, et une belle femme encore jeune, à la longue chevelure rousse, sensuelle et autoritaire.

    Un silence monacal régnait.

    Corentin ne faisait rien… il regardait… il observait… il attendait…

    L’homme et la femme, qui formaient un couple impossible, semblaient en attente.

    Tout en étant exclu du cercle de ces deux personnes, Corentin avait quand même la sensation d’être au centre de leurs intérêts communs et l’anxiété lui tordait les intestins. Il avait les mains liées dans le dos et deux armes hors de sa portée traînaient sur la table : c’est sûr, il était leur prisonnier. Il était en danger…

    Ses deux gardiens, sortis d’un film d’espionnage des années 50, semblaient attendre quelque chose ou quelqu’un…

    Un ordinateur portable de la dernière génération posé sur la table, montrait l’image grand écran d’une échelle provenant d’une webcam Wifi à infrarouge que regardait la femme, tout en parcourant négligemment les feuillets volants d’un dossier papier.

    De cette superbe rouquine au corps et au visage attirants, habillée à la garçonne, émanait une aura puissante et une impression d’autorité perçait au travers de ses yeux bleu vert. Il semblait à Corentin l’avoir déjà vue quelque part. Il la connaissait. Mais rien de plus ne s’imprimait dans sa mémoire défaillante. Où l’avait-il déjà vue ? Comment s’appelait-elle ? Impossible de se souvenir.

    Alors que la mort continuait son travail, lentement, mais inéluctablement dans le cerveau de Corentin, des voix, qu’il percevait dans le lointain comme s’il appuyait son oreille sur un tuyau de canalisation, vinrent bientôt se mêler à ses visions et lui apporter de nouveaux indices sur ce qui lui était arrivé :

    – Quand cela va-t-il se terminer Laura ? s’inquiétait le gros qui martelait nerveusement la table avec ses doigts et qui semblait n’être qu’un exécutant à la solde de la rousse.

    – Calme-toi Rodolphe, dès qu’Ahmed sera revenu du port des Bas-Sablons, nous saurons à quoi nous en tenir et si les nouvelles qu’il nous apporte sont conformes à nos espérances, ce dont je ne doute pas, alors nous relâcherons ce pourri (elle fixait Corentin) et tout sera terminé pour nous… notre mission s’arrêtera là.

    – C’est quand même long, gémissait Rodolphe en essuyant des gouttelettes de sueur qui fardaient ses lunettes en cul de bouteille.

    – Laisse-lui le temps de faire l’aller et retour en voiture jusque Cancale et de revenir jusqu’ici en bateau. Même avec un puissant moteur hors-bord, il faut un peu de temps, et puis la négociation avec le fils de ce pourri a peut-être été un peu plus longue que prévu…

    – Quel bateau a-t-il pris ?

    – Le pneumatique, c’est le plus rapide. Je lui ai demandé de laisser la coque alu à notre disposition en cas de besoin.

    Ainsi, il était en pleine mer au large de Saint-Malo enfermé dans un phare. Mais que faisait-il dans un endroit pareil à cette heure-ci ? Pourquoi l’avait-on amené ici ? Que lui voulaient cette mystérieuse Laura, ce ridicule Rodolphe et cet invisible Ahmed ? Du mal ! C’est la seule réponse dont Corentin pouvait être sûr.

    – Tu n’aurais jamais dû laisser Ahmed retourner à terre tout seul, ça aurait pu se faire par téléphone d’ici. Si ça se trouve c’est un piège et…

    – Arrête de te torturer l’esprit pour rien Rodolphe, fit Laura avec une voix presque maternelle qui se voulait rassurante. Laisse les choses venir dans l’ordre… Tu sais bien que tu perds tes moyens quand tu imagines l’avenir, tu es un pessimiste chronique…

    – Je n’y peux rien Laura, c’est ma nature.

    – Alors, relativise la situation. Nous avons cette pourriture de Corentin Tromeur entre les mains, nous sommes à deux doigts de réussir ce que nous avons entrepris et le fils est suffisamment intelligent pour ne pas risquer un coup fourré pour risquer la vie du père.

    – Si tu le dis… mais je n’aime pas la tournure que prend cette affaire Laura, souffla Rodolphe en essuyant ses lunettes avec sa manche. Je commence à regretter de vous avoir suivi les yeux fermés dans cette histoire. J’ai un mauvais pressentiment.

    – Ne dis pas ça Rodolphe, tu n’en penses pas un mot. Tout sera bientôt terminé et on va gagner, je t’en fais la promesse. D’ailleurs, regarde, on aperçoit un bateau qui approche ! reprit la rousse en se tournant une fenêtre. Tu t’es encore fait du mouron pour rien.

    – Tu es sûre que c’est lui ?

    – Qui veux-tu que ce soit d’autre qui vienne au phare à 3h00 du matin ?

    Corentin ne comprenait pas pourquoi on parlait de lui comme d’un pourri.

    Qu’avait-il donc fait de si grave pour mériter un tel mépris ? Et puis, qu’étaient ces négociations dont parlaient ces gens et surtout que venait faire son fils là-dedans.

    Le plus drôle, c’est qu’il ne se souvenait même pas avoir un enfant.

    La mémoire en pointillé de Corentin lui fit défaut quelques secondes, et quand un nouveau flash le projeta de nouveau dans le passé proche, il vit que l’image de l’ordinateur posé sur la table n’était plus stable. Elle se dodelinait de droite à gauche, comme si la caméra s’était décrochée de son socle. Elle laissait voir un mouvement de va-et-vient incontrôlé dans le paysage étrangement éclairé qu’elle émettait, comme le balancier d’une vieille horloge. Il avait dû se passer quelque chose.

    – Zut ! fit la rousse en tripotant le clavier, j’ai plus la vision de l’entrée du phare.

    – De quoi ça vient Laura ?

    – Soit elle s’est décrochée seule, ou alors…

    Elle n’eut pas le temps de continuer ses suppositions que, venu des entrailles du bâtiment ou plutôt de l’extérieur, un claquement qui ressemblait à un coup de feu retentit. Un deuxième, comme une réponse au premier, se fit entendre, suivi d’un troisième puis d’un quatrième coup sur coup.

    Puis le silence revint.

    Puis, sur l’ordinateur, l’image bougea, fila, puis se stabilisa de nouveau en laissant découvrir une figure de couleur verte à cause du traitement infrarouge, qui remplissait tout l’écran.

    C’était celui d’un homme.

    Encore un inconnu pour Corentin.

    À la vue du faciès, Laura la rousse fut rassurée.

    Ce devait être un complice… un autre ravisseur.

    Auprès du visage apparut bientôt un pouce levé, signe que tout allait bien pour lui. La même main fit ensuite signe qu’il allait montrer quelque chose plus bas à ses uniques spectateurs.

    L’image tressauta de nouveau, montra un défilement de murs et d’eau sans contours précis, puis s’immobilisa sur ce qui ressemblait à une

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