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DOUBLE JEu
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Livre électronique556 pages8 heures

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À propos de ce livre électronique

Victor Gagnaire, alias Jadoub, est le profil type du quinquagénaire, confortablement assis dans son fauteuil de Commissaire, après avoir déjà reçu quelques lauriers de notoriété et de prestige dans sa profession. Le personnage n’est pas spécialement macho, mais très réfractaire aux contraintes de la vie de couple légalisée auprès de Monsieur le Maire. C’est un homme qui ne se prive pas d’user de ses charmes et de son charisme auprès du sexe opposé avec des atouts faisant abaisser les cartes d’éventuels concurrents. Comme le chasseur se met en quête des plus beaux papillons, il collectionne les conquêtes féminines comme une gourmandise de l’existence pouvant paraître insouciante, sans pour cela les épingler en trophées de chasse. Cette belle pointure de la Police Judiciaire possède également un atout qui lui permet d’arriver au bout de ses enquêtes les plus compliquées. Il s’agit des Échecs, une passion dans laquelle il a atteint un niveau lui permettant de s’affronter à toute catégorie de joueurs, et de préférence les plus chevronnés. Mystérieusement, la puissance de concentration et le travail de stratégie, imposés par cette discipline, l’aident souvent à élucider ses enquêtes. Cependant celle, dans laquelle il vient de s’investir, concernant le meurtre de trois jeunes filles, va l’entraîner dans un imbroglio aux apparences inextinguibles. Un jeu de coïncidences étranges l’amène à s’adonner à de sérieuses introspections par le biais de ses parties d’Echecs, où ses flashs et visions l’invitent peu à peu à constater que le hasard n’a plus sa place, et qu’il est bien investi d’un don de médium. Une intrigue dans laquelle le paranormal occupe une place non négligeable, sur un fonds d’Échecs !
LangueFrançais
Date de sortie8 mars 2013
ISBN9782312008806
DOUBLE JEu

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    Aperçu du livre

    DOUBLE JEu - Julie Tomiris

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    DOUBLE JEu

    Julie Tomiris

    DOUBLE JEu

    LES ÉDITIONS DU NET

    22, rue Edouard Nieuport 92150 Suresnes

    Du même auteur

    Livre 1, Paris, LEN, 2012.Se faire mener en bateau…au sens propre et au sens figuré

    Livre 2, Paris, LEN, 2013. Ne pas être…ou l’ombre de soi-même

    © Les Éditions du Net, 2013

    ISBN : 978-2-312-00880-6

    Introduction

    Ce soir, un homme quelque peu surmené décide d’aller au spectacle. Il vient de clore une affaire criminelle et d’habitude, c’est une partie d’échecs qu’il choisit de jouer pour laver son cerveau de toutes les difficultés rencontrées au cours de ses dernières enquêtes. En outre, la semaine qui suit s’ouvrira sur des vacances bien méritées avec une destination où le soleil ne se montre pas avare de rayons. Dans une région qu’il connaît assez peu et qu’il souhaite explorer davantage à cette occasion. Il s’agit de Canet Plage, la station-balnéaire phare du Pays catalan, se trouvant sur la route du peuple migrateur, où le Mont Canigou flirte avec la mer et l’étang de Canet, refuge privilégié des flamands roses.

    Il est bien sûr facile de deviner que notre homme est un policier. En fait, il est Commissaire qui, après une longue expérience à la Criminelle, peut se prévaloir d’une solide réputation, pouvant faire de l’ombre à un illustre personnage belge du nom d’Hercule Poirot, à Agatha Christie ou à un Commissaire Maigret de Georges Simenon. Sans doute, un digne successeur de ces héros ayant marqué l’imagination collective, avec le succès qui en a découlé.

    Cependant, Victor Gagnaire n’est pas un commissaire faisant la Une des éditeurs, ni débonnaire, fumant la pipe ou se mirant dans la glace pour réajuster sa fine moustache tous les matins. Il vient de fêter ses 50 ans, et par la même occasion se félicite d’être encore célibataire. Il n’a pourtant rien du vieux garçon, ou du puceau à problème, resté dans les jupons de sa mère  pour fuir la vie de couple. Il a même fait quelques tentatives pour avoir un aperçu de la galère à éviter coûte que coûte. Vraiment pas sa tasse de thé le mariage finalement ! Les histoires d’amour ne durent qu’un moment et pour lui, c’est le seul moment dont il se gave avidement comme on avale son gâteau préféré avec gourmandise.

    Pour satisfaire son goût des conquêtes, il sait également qu’il possède un atout le mettant à l’abri des laissés pour compte, qui se réfugient dans les associations de rencontres en vue de donner une note de fantaisie à leur célibat. Et cet atout, c’est son charme désopilant, avec son regard de braise et son sourire en rayon de soleil. Une arme qui peut faire des ravages auprès des proies volontaires. Et oui, c’est un chasseur, mais pas de ceux qui restent des heures, bien planqués dans un affût pour tirer le pauvre canard sur sa route migratoire. Il n’a pas non plus de permis pour sa chasse à lui, mais il s’autorise toutes les infractions ! Sans être macho, il est incapable de se priver de son succès auprès des femmes, mais sans aller jusqu’à s’enferrer dans une vie à deux, qu’il estime si peu compatible avec sa profession réclamant une disponibilité, qui n’a rien à voir avec les horaires planifiés des salariés de chez Renault ou autres !

    Son charme ambulant, il le véhicule du haut de son mètre quatre vingt six, qui naturellement ne le fait jamais passer inaperçu, où qu’il aille. Il est connu comme le loup blanc au rayon de la série noire de la brigade criminelle, avec une solide réputation d’intégrité et de pugnacité, mais aussi de tombeur ayant raflé la palme du meilleur séducteur ! Un titre que bon nombre de ses collègues lui envie, sans toutefois revendiquer le titre, faute d’arguments leur permettant de rivaliser avec lui.

    Par ailleurs, depuis sa plus tendre enfance, une passion ne l’a jamais quitté. Les Échecs ! Une passion que lui a transmise son père, qu’il regardait jouer pendant des heures, alors qu’il était déjà tout gamin. Très vite, il préféra s’endormir sur un jeu d’échecs après deux heures à essayer de comprendre l’évolution des pièces et des pions, les subtilités et la logique de ce jeu passionnant, plutôt que de jouer au foot avec les gosses de son quartier, à Ménilmontant.

    Plus tard, sa passion demeure toujours aussi présente dans ses activités et chose étrange, la partie d’échecs une partenaire mystérieusement efficace pour l’aider à résoudre les énigmes de ses enquêtes policières. Un accessoire quelque peu magique œuvrant par la réflexion, la concentration  et lui permettant de résoudre ses enquêtes lors d’une position échiquéenne. Ce qui lui vaut le surnom de « Jadoub » donné par ses principaux adversaires de jeu et son co-équipier. Un terme universel compris dans toutes les langues signifiant « replacer une pièce sur sa case sans la jouer ». Cet amateur très expérimenté déstabilisant souvent son adversaire par cette manœuvre de « jouer n’est pas jouer » !

    Une expérience à dormir debout

    Ce soir là, Victor Gagnaire fait la queue devant un cabaret de Montmartre, transformé en salle de spectacle accueillant, entre autres, des stars de la magie et de l’illusion. Ce soir et depuis quelques semaines déjà, le clou du spectacle est tenu par un hypnotiseur célèbre, qui sévit dans ses séances de prestidigitation ésotérique comme le meilleur de sa spécialité dans l’hexagone.

    Son nom, Max Lenvouteur. La plupart des volontaires à ses séances d’hypnose tombent en état cataleptique sans résistance, car son regard est aussi troublant que celui d’un loup et aussi perçant que celui du serpent. Vraiment très rares ceux qui ne se laissent pas envoûter par lui ! Les plus sceptiques d’ailleurs se voient manipuler d’une manière différente des volontaires «croyants» lorsqu’ils se retrouvent endormis et à sa merci.

    Ce dernier s’amuse alors à rendre sa prestation des plus divertissantes en leur faisant faire des pitreries particulières, comme par exemple un baiser fougueux donné à une parfaite inconnue, ou l’obligeant à se mettre à quatre pattes en ronflant comme un cochon, ou le faisant grelotter si l’hypnotiseur le promène dans une région polaire, ou à transpirer lorsqu’il se croit dans le désert, etc. Les personnes, une fois plongées dans un profond sommeil, se trouvent dans la situation de l’acceptation totale du mental, un abandon de soi rejoignant un bien-être proche de la jouissance. C’est pourquoi, ils acceptent tous les ordres qui leur sont donnés avec une totale soumission.

    Victor est vivement impressionné par la prestation de ce Max. Sa grande taille est le premier critère de sa domination physique sur les volontaires montés sur la scène, pour y subir la première sélection de ce cousin humain de la mouche Tsé-tsé sans piqûre. Il dépasse le mètre quatre vingt dix et plus grand que Victor d’une bonne dizaine de centimètres. Ce n’est pas tous les jours que ce dernier se retrouve auprès de quelqu’un de supérieur à lui en hauteur. Le plus loin qu’il se souvienne, la plupart du temps, il doit baisser le regard ! Non par timidité ou complexe quelconque. C’est juste qu’il est toujours le plus grand de la bande, lorsqu’il se trouve en société. Pour une fois, il devra orienter son regard vers le haut, comme le croyant dans une église en train de prier devant la statue de la Vierge Marie ou devant Jésus sur sa croix. Amen !

    Max est armé d’un deuxième pouvoir. Il s’agit de ses mains larges aux doigts de pianiste, longs et fins, qui l’aident à capter les énergies positives des volontaires à la soumission mentale nécessaire à sa séance d’hypnose.

    Faisant partie des sceptiques presque convaincus, le civil Victor Gagnaire, alias Jadoub, s’est rangé auprès des six personnes servant de brochette sur le point d’être triée et sélectionnée par le magicien, tout de noir vêtu. Une couleur accentuant le mystère et le suspens, qui se lisent dans le regard écarquillé des spectateurs, attendant avec impatience la suite des événements. Les lumières sont braquées sur les cobayes du soir qui, déjà aveuglés, se retrouvent, l’un après l’autre, face à face avec le regard de loup du maître de céans.

    Victor voit ses mains se promener le long de chaque corps, ondulant, effleurant seulement, inspectant sans toucher la peau, à la manière du magnétiseur visitant la zone malade d’un patient attiré par la médecine parallèle. Elles explorent le dos, les épaules, la nuque, lentement et Victor, comme les autres, peut sentir la chaleur, qui s’en dégage, dénonçant au spécialiste des sciences occultes les personnes les plus sensibles et les plus disposées à se mettre sous sa domination.

    La plus réceptive est sélectionnée pour le spectacle du corps en lévitation, entre deux chaises, la tête posée sur l’une et les pieds sur l’autre. Plus exactement la nuque et les talons. C’est la première jeune femme, venue spontanément se présenter comme volontaire, qui a la primeur de la représentation. Très mince, sa robe décolletée noire moule ses formes sur des hanches étroites, faisant ressortir une jolie paire de fesses bien rondes, découlant d’une chute de reins très sexy sur son dos nu. Elle se tient sur des escarpins, allongeant encore davantage sa silhouette et ses jambes habillées de bas en résille noire. Son sex-appeal n’a pas échappé à notre Commissaire,  qui peut même la reluquer tout à loisir, puisqu’elle est au cœur du spectacle. Ses pensées libidineuses peuvent ainsi s’en donner à cœur joie dans sa sélection de fantasmes érotiques. Mais il ne doit pas être le seul, tous les yeux masculins étant braqués sur la victime volontaire aux attraits de femme fatale.

    Au bout de quinze à vingt secondes, cette beauté se retrouve endormie après avoir entendu les paroles répétitives et impératives prononcées sur un ton de plus en plus péremptoire. Le regard de Max fixe son sujet avec insistance, sans dévier de sa trajectoire pendant ses injonctions de plonger dans un sommeil profond. Ses mains se baladent sur son corps, épousant les formes en les effleurant à peine pour mieux s’emparer de son esprit.

    En état cataleptique, la jeune femme bascule alors en arrière, mais est retenue de justesse par les bras plutôt musclés de l’hypnotiseur avant qu’elle ne tombe. Une perte d’équilibre qui lui permet d’avoir l’assurance totale que la personne est sous son emprise désormais. Bien que légère comme une plume, la jeune fille est transportée par deux volontaires attendant patiemment d’être mis sur la sellette à leur tour. Son corps est raide et lorsqu’ils le posent délicatement sur les chaises prévues à cet effet, il reste à l’horizontal dans un état de rigidité ressemblant à celui de la mort.

    Les spectateurs sont alors bouche bée et les yeux s’écarquillent de plus en plus dans la salle, à l’affût du frisson procuré par l’inexplicable et le spectaculaire.

    Ce corps inerte, devenu raide comme du bois sous les ordres toujours aussi précis et directionnels dans la soumission totale, semble miraculeusement flotter entre les deux chaises, sans que le corps fléchisse par le milieu sous l’effet de l’attraction terrestre. Seuls, ces longs cheveux blonds se sont détachés de ses épaules et tombent en cascade vers le sol. Victor encore sur scène, en rang d’oignons avec les cinq personnes à attendre leur « sort hypothétique », voit alors le corps léviter d’un bon mètre au-dessus du dossier des chaises, sans aucun trucage, sous la seule emprise du pouvoir hypnotique de Max Lenvouteur.

    Il n’y a pas de doute pour lui que la magie est pure lorsque ce dernier fait passer un cerceau de droite à gauche, sous le corps en état d’apesanteur à 1 mètre 50 du sol, sans appui nulle part.

    Afin de démontrer que le corps de la jeune femme est dans l’impossibilité de fléchir et que ses muscles sont devenus aussi solides qu’une épaisse planche de bois prête à supporter n’importe quelle charge, il fait déposer sur son corps gracile, protégé par une couverture légère, une dizaine de briques rouges, qu’il entasse comme un maçon montant un muret.

    La musique d’ambiance est assortie à celle qui règne dans la salle, et particulièrement bien choisie, pour accentuer le phénomène relevant de la magie et du mystère. Le suspens est accroché à tous les yeux ! Comme des lapins éblouis par les phares d’une voiture sur la route, les spectateurs sont à leur tour prisonniers de la volonté de l’hypnotiseur.

    Les applaudissements pleuvent comme une bonne note donnée par le professeur à son élève. Cependant, la question que tout le monde est en droit de se poser en voyant ce spectacle est la suivante : « Comment est-il possible de pouvoir manipuler un individu, rien que par la pensée? ». Mais où est le truc ?

    Pas évident, Docteur Watson ! Toutefois, il est démontré depuis des lustres que cela est possible ! D’accord, le sujet est volontaire, et il va faire n’importe quoi sur scène, obéir au doigt et surtout à l’œil de l’hypnotiseur ? Même si les spectateurs peuvent être perplexes sur ce pouvoir, qui ne s’improvise pas et que des amateurs auraient tôt fait de récolter un flop à se lancer dans l’aventure, il n’en demeure pas moins que le phénomène reste tout de même inexpliqué, comme d’autres phénomènes paranormaux qui défient la science et les incrédules.

    En ce qui concerne Victor, plutôt ouvert sur tout ce qui touche à l’étrange, ces mystères encore inexplicables l’intriguent toujours et il n’est pas le dernier à assister à ce genre de démonstrations, que ce soit dans une salle de spectacle,  que dans un cercle d’amis jouant les apprentis sorciers et «sorciers» tout court. Il n’ignore pas non plus que l’hypnose rencontre désormais du succès auprès de plus en plus de médecins et de dentistes, puisque certains d’entre eux utilisent cette méthode pour soigner, opérer leurs patients et agir contre la douleur.

    Pour l’heure, il se retrouve bien en position de « dominé » et doit se soumettre aux caprices de l’Envoûteur, qui vient de terminer sa première démonstration et réveiller la jeune fille, non pas en lui déposant un baiser sur la bouche comme la Belle au Bois dormant, mais en utilisant des injonctions de réveil avec la même autorité verbale et insistance du regard pour parvenir à ses fins de reprise de conscience. Ses paupières ne sont plus lourdes comme du plomb ! Elle se sent très détendue et quand elle ouvre enfin les yeux, elle croise le regard de celui qui l’a fait plonger dans l’extase. Mais ce n’est pas son Prince charmant !!

    De l’état d’hypnose, la jeune femme est sortie de sa torpeur comme quelqu’un, qui se réveille d’un long sommeil, sans se souvenir du moindre rêve qu’il a fait. Et Victor ne fait pas exception à la règle. Sa mémoire se retrouve formatée comme les autres, après avoir été manipulé mentalement comme un objet suivant les caprices de celui qui a pris le pouvoir de son esprit.

    Lorsqu’il se réveille à son tour, les applaudissements fusent dans la salle comme s’il avait régalé l’assistance d’un exploit très personnel et surtout exceptionnel. Les visages des spectateurs se montrent plutôt enjoués. A croire qu’il a été victime de quelques pitreries démontrant le pouvoir absolu de Max Lenvouteur. Il espère néanmoins ne pas s’être ridiculisé à quatre pattes, rapportant la «baballe» à son maître, transformé provisoirement en chien jappant, aboyant en remuant la queue. Bien entendu, il n’irait pas jusque là ! Et il est utile de le souligner pour éviter toute interprétation outrancière du lecteur, ne manquant pas d’imagination sur une image développée virtuellement. Cependant, nous nous trouvons tout de même dans un spectacle de l’étrange ou des forces paranormales sont à même de surprendre les spectateurs avides de sensations fortes. Alors !

    Néanmoins, il craint le pire après avoir vu ses prédécesseurs rejoindre les bras de Morphée sans avoir eu à compter les moutons pour s’endormir. Pas eu le temps de leur chanter une berceuse du style «dors mon p’tit Quinquin…» ou raconter une histoire de sorcières bien aimées. Le marchand de sable n’a pas fait dans les préliminaires, et est allé droit au but après avoir déjà assommé de paroles ensorcelantes et autoritaires l’amateur de voyage astral, qui s’est porté volontaire comme les poilus en 1914 partant à la Guerre, la fleur au fusil et en chantant ! C’est à dire sans savoir ce qui les attendait au bout du chemin.

    Et si jamais le marchand de sable avait lancé trop de sable dans les yeux et que l’endormi ne puisse plus revenir à l’état, lui permettant de faire un bras de fer  avec Bouddha, pour savoir lequel est le plus éveillé ! Il faut une certaine dose d’inconscience pour se laisser entraîner dans ces expériences, complètement soumis. Toutefois, l’aventure c’est l’aventure et il est finalement très rare, voir quasi exceptionnel, que le voyage se solde par un aller-simple sans possibilité de retour, si l’on en croit les dires des experts dans ce domaine !

    Victor n’a pas été le dernier à rire de bon cœur en voyant le quatrième de la liste se déshabiller jusqu’à découvrir presque complètement son anatomie aux spectateurs réjouis, à l’idée d’assister à un film classé X, sans avoir à subir la censure cryptée de Canal +. Cependant, Max a arrêté l’évolution du strip-tease inopiné, juste avant que l’exhibition ne dégénère sous son ordre, prouvant ainsi que la personne hypnotisée n’a pas de limite et accomplit tous les gestes dictés par la voix de celui qu’il considère être son maître absolu.

    Victor Alias Jadoub

    Finalement, cette soirée aura réussi à lui remettre bien en place ses neurones de parfait limier dans la Criminelle, même s’il se sent un peu frustré de ne pas avoir eu le rapport détaillé de sa prestation personnelle.  Comme un enfant repu devant un spectacle féerique, il rentre tranquillement à pied chez lui, tout en visualisant à nouveau dans sa tête tous les détails du spectacle restés scotchés sur le point d’interrogation de l’Étrange.

    Le printemps frissonne des derniers sursauts de l’hiver depuis quelques jours, et ce début de week-end incite à la flânerie sur les berges de la Seine, le long des quais bordés de quelques péniches amarrées. Sous les lumières blafardes des lampadaires au garde à vous, elles semblent faire le gros dos, assoupies dans le ronronnement des bruits incessants de la ville. La tiédeur du soir accentue les senteurs qui s’échappent des restaurants du quartier, qu’il traverse en promeneur solitaire, nonchalamment en direction de son domicile.

    Les noctambules et les accros de la fièvre du samedi soir commencent à sortir de leur tanière, prêts à s’éclater dans leurs quartiers de prédilection. Des petits groupes, déjà bien allumés par quelque substance hallucinogène de bien-être, déambulent bruyamment dans la rue empruntée par Victor. Cris et rires résonnent dans la nuit comme la corne de brume dans le brouillard, mais avec beaucoup moins de poésie ! 

    Quant à lui, il aurait pu faire un petit détour par son bar favori,  afin de retrouver quelques amis pour un dernier verre avant de mettre la «viande dans le torchon», son expression favorite pour dire se mettre au lit après une rude journée. Mais sa dernière affaire criminelle, une lamentable histoire de famille dans un milieu défavorisé, où les luttes intestines et la vengeance auront abouti à l’assassinat d’un jeune adolescent, retrouvé noyé dans le lit d’une rivière, pieds et poings liés, ne l’avait pas laissé insensible et avait puisé son énergie jusqu’à satiété.

    Comme à chaque enquête finalement, car il prend toujours à cœur ses affaires criminelles, qu’il traite de manière intensive pour trouver les coupables. Une conduite qui se transforme souvent en parcours du combattant. Ce qui réclame une disponibilité et un investissement sans limite. En fait, c’est un super flic, même s’il refuse que lui soit prêtée cette réputation, car à son charme ravageur, s’ajoutent une modestie et une humilité, qui accentuent ce dernier de manière infaillible.

    Toutefois, Victor n’est pas non plus un moine bouddhiste ou une pointure ecclésiastique ayant fait vœu de chasteté au Couvent des Oiseaux dans son milieu professionnel. Il est donc loin de rester insensible aux charmes féminins, qui pullulent dans son environnement de proximité sans même un critère particulier justifiant sa préférence. Parfois, il en est bien à se dire, entre les deux mon cœur balance, mais lorsque la disette se fait ressentir du côté de sa libido, il ne se pose plus la question et saisit les opportunités comme tout joli cœur qui se respecte.

    En outre, une chance inouïe pour lui d’évoluer dans une époque où les candidatures féminines commencent à se multiplier dans le rang des protecteurs de l’ordre public ! Ce qui lui permet de se retrouver devant des Juges des plus séduisantes ou des fonctionnaires œuvrant dans sa localité, aptes à le troubler, tel le papillon ébloui par un faisceau de lumière.

    Entre parenthèses et pour répondre aux redresseurs de tort, prêts à brandir l’un des slogans des chiennes de garde, que le droit de cuissage a été aboli depuis belle lurette à présent et que notre séducteur du nom de Victor pourrait bien se retrouver au banc des accusés, afin d’être jugé pour harcèlement sexuel, il faut préciser que notre policier, quelque peu Don Juan, sévit à une époque, les années soixante dix, où la liberté d’expression avait enfin pris tout son sens, au niveau de la revendication collective. La sexualité et les méthodes de séduction n’étaient pas encore soumises à la répression. En outre, le sida n’avait pas encore frappé le monde !

    Il y avait encore à cette époque une relation homme-femme, qui n’a plus rien à voir avec celle d’aujourd’hui. Un homme pouvait se retourner sur une jolie nana en la dévisageant de haut en bas, ou la siffler à son passage, sans que cette dernière se rende aussitôt au Commissariat de police le plus proche et porter plainte pour harcèlement sexuel. D’autres temps, d’autres mœurs ! A savoir si c’était une époque un peu plus formidable ? Les unes répondront par l’affirmative, les autres par la négative selon l’expérience de chacun, cela va de soi. Mais c’est dans cette ambiance que notre porteur d’insigne de défense de l’ordre public papillonne.

    Victor virevolte donc dans sa brigade, armé de ses tempes grisonnantes et sa tenue vestimentaire toujours très classe, le veston et le pantalon assorti, de velours de préférence, sous lesquels on aperçoit une chemise unie, mais de couleur différente, selon l’humeur du jour du gentleman, mais non-cambrioleur, car de l’autre côté de la barrière. Toutefois, c’est sans compter son regard qui tue ! Des yeux entre le bleu de l’océan et celui du ciel, dans lesquels se reflète une âme bienveillante, chaleureuse, qu’il présente sur un plateau d’argent en croisant le regard de celle, qui attise sa curiosité et le trouble.

    Son charisme naturel est accentué par quelques accessoires supplémentaires comme sa vieille Traction Citroën noire de 1954, rutilante et choyée par son propriétaire comme sa compagne la plus précieuse, parée à faire tomber les libellules éblouies dans sa toile séductrice. En effet, comment passer inaperçu armé d’un tel attirail de séduction ?

    D’autre part, il porte un chapeau en cuir marron à larges bords, légèrement penché sur l’oreille droite, le rendant aussi énigmatique et ténébreux que les imbroglios criminels qu’il doit traiter. Ce qui lui donne une allure encore plus imposante, ajoutée à son horloge biologique ayant franchi le quart de siècle qui, il est bien connu, accentue le charme et la virilité de l’Homme à ce tournant de vie. La fleur de l’âge avec toute la sensibilité qui s’en dégage et qui met une proie en état de soumission et à fleur de peau, si l’occasion se présente !

    Un personnage haut en couleurs ce Victor ! Toutefois, ne pas le confondre avec un acteur du film « Il était une fois dans l’Ouest », pas plus que « Le bon, la brute et le truand ». Ce n’est pas du tout au Cow-boy qu’il faut le comparer, pas plus qu’à Crocodile Dundee, car son style est très personnel et il n’est pas non plus la doublure de Lucky Luke, le cow-boy esseulé parcourant les plaines du Far-Ouest pour offrir ses services de redresseur de torts contre les Dalton.

    Victor est Jadoub, le passionné d’échecs ! A tel point que lorsqu’il a à choisir entre un rendez-vous galant et une partie avec un adversaire de son niveau, il n’hésite pas à sacrifier la séquence plaisirs des sens à celle du jeu. C’est dire que ce n’est tout de même pas un obsédé sexuel, comme certains envieux aimeraient qu’on lui fasse cette réputation en catimini !

    Néanmoins, Il pourrait paraître plutôt ringard par rapport aux différents James Bond, revus et corrigés par la Metro Goldwyn Mayer, aux aventures bourrées d’effets spéciaux et évoluant parmi des créatures de rêve. Mais sa vie n’est pas un film, et sa profession lui rappelle au quotidien que l’humanité est, et sera sans doute toujours capable du pire dans les actes de barbarie et de criminalité.

    Enfin, Victor est pour ses admiratrices le séducteur ressemblant au prince charmant, le héros volant à la recherche de la vérité, un redresseur de tort sans fronde, mais sans peur et sans reproche. Un héros des temps modernes à la tête d’une équipe ayant « juré fidélité » à son chef, et si soudée à lui que la fin justifie souvent les moyens. Les Ripoux ne font pas partie de sa bande et il est en bonne voie de se voir coiffer de la médaille du mérite.

    Mais comme toute médaille a son revers, ce Commissaire émérite et des plus sympathiques a tout de même quelques défauts, qui découlent en quelque sorte de ses qualités. Le pouvoir procure une assurance pouvant agacer quelque peu, et le succès fait tourner les têtes, qu’elles soient vides ou pleines. L’ivresse d’être considéré par les autres comme le meilleur n’est pas sans faire tituber la star élue comme telle.

    Ce que l’on pourrait reprocher à Victor, qui réussit dans tout ce qu’il entreprend, c’est son inconscience de la chance qui l’auréole depuis toujours, sans que le destin ne lui ait un jour fait mordre la poussière. Le chemin qu’il emprunte ne lui fait prendre aucun virage dangereux et les obstacles inopinés ont été préalablement balayés avant son passage. Être né sous une bonne étoile en est sans doute le premier élément des plus favorables !

    Il y a des êtres comme cela, devant lequel le tapis rouge est déployé au quotidien vers un destin privilégié et qui fonce sans regarder sur les bas côtés, un chouia méprisant des moins chanceux, obligés de ramer sur leur chemin de croix : les petits ! Et pourtant, un proverbe dit bien que l’on a toujours besoin de plus petits que soi, n’est ce pas ?

    Mais heureusement, si le Roi des Échecs ne présente aucun symptôme d’être Mat, il ne méprise personne dans sa traversée qui n’est pas un désert. Il donne l’apparence d’être hautain et suffisant, mais une façon aussi de se protéger de ceux qui pourraient penser qu’il est faible. Son poste ne lui laisse pas d’alternative et il doit prouver qu’il est le plus fort ! Il met le masque qui impressionne, et ainsi, il se fait respecter !

    Le calme avant la tempête

    Finalement, il n’a plus envie de rentrer directement après ce spectacle où il s’est montré volontaire pour un « voyage astral ». Il décide donc de se rendre au « Macumba », une boîte de nuit à côté de Dourdan, qu’il connaît bien pour la fréquenter de temps en temps, lorsque son métier lui en laisse le loisir. En général, cela lui permet de décompresser suffisamment et de lui remettre les idées claires dans ses enquêtes. Cependant, pour lui, rien ne vaut, la partie d’échecs, et c’est un complément qu’il ne néglige pas pour son côté salutaire dans les moments de stress.

    Ce soir, il souhaite simplement s’y arrêter une petite heure ou deux pour prendre un pot et discuter le bout de gras avec quelques connaissances. Après tout, il est en vacances ! Ce n’est pourtant pas la porte à côté, non plus, mais la route ne le rebute pas. Il adore conduire !

    En entrant dans les lieux, il a beau faire un tour d’inspection du regard, aucune tête connue ne sort du lot. Aucunement dépité par ce constat, il se dirige vers le bar pour prendre un pot. La piste de danse, quant à elle, fait tout ce qu’elle peut pour informer les amateurs de Jerk que c’est la crise du logement. Ça se trémousse, ça gesticule, ça se bouscule dans la bonne humeur et, visiblement, la promiscuité des corps et des sueurs dégoulinantes des plus acharnés ne dérange visiblement personne.

    Victor et son œil de lynx a remarqué une jeune demoiselle lui faisant penser à une gazelle sous les projecteurs des chasseurs, prêts à fondre sur elle pour s’en délecter. Il a de la chance, elle se dégage de la foule en délire et se retrouve au bar. Notre séducteur n’a plus qu’à la cueillir s’il le désire, puisqu’elle se trouve à présent juste à côté de lui, attendant que le serveur daigne s’apercevoir de sa présence.

    Ce dernier ayant déjà fort à faire avec les piliers de bar et les danseurs déshydratés, Victor saisit sa chance pour tisser un lien avec la jeune fille cherchant désespérément un peu d’air frais pour la rafraîchir un peu. Il utilise alors sa stature et sa voix de stentor pour attirer l’attention du barman et lui signaler qu’une très jolie personne est sur le point de mourir de soif et qu’il ferait bien de ramener sa fraise aussi vite qu’il le peut, afin de ne pas être poursuivi pour non-assistance à personne en danger. Cela dit avec son plus charmant sourire, certain d’avoir mis les atouts de son côté pour tisser sa toile de séducteur ! Ce qui ne manque pas d’aller tout droit vers la cible, sans faire le détour par orgueil et préjugés. L’entrée en matière ne peut qu’amuser la demoiselle, qui feint des remerciements quelque peu exagérés de princesse non offensée, plutôt flattée d’avoir rencontré un chevalier servant, volant à son secours pour étancher sa soif.

    Emballé, c’est pesé ! Ce n’est pas une heure ou deux que Victor passe finalement dans cet endroit, où les noctambules oublient leurs soucis et aiment compter fleurette aux danseuses particulièrement douées pour l’expression corporelle sur piste. Il a trouvé sa cavalière qui a jeté son carnet de bal, afin de consacrer sa soirée et une bonne partie de la nuit à un Victor toujours aussi conquérant.

    Vers deux heures du matin, Victor propose de raccompagner sa compagne éphémère jusque chez elle. Sentant les effets de la fatigue, dus à une longue et rude journée, lui tomber sur les épaules brusquement, il a maintenant hâte de rejoindre les bras de Morphée, qui l’accueille chez lui sans rechigner et encore moins disposé à lui faire passer une nuit blanche.

    Découverte macabre à Dourdan

    Lorsque quelques jours plus tard, une nouvelle affaire se présente à lui au cours d’un simple appel téléphonique, il sortait tout juste d’une partie d’Échecs avec un collègue de la P.J., le dernier jour de sa semaine de congés. Plutôt un luxe, car il y avait plus d’un an qu’il n’avait pas pu se libérer si longtemps, en raison de la complexité de sa dernière affaire.

    Une jeune fille vient d’être retrouvée assassinée au milieu d’une clairière dans la forêt de Dourdan dans l’Essonne, non loin d’un terrain de camping « L’Orée du Bois».

    Son corps a été retrouvé assez rapidement parce que l’endroit est situé près d’une route. C’est un couple en promenade qui a fait la découverte macabre. Beaucoup d’animation déjà présente sur les lieux, lorsque Victor stoppe les roues de sa traction sur le bord de la route, accompagné de l’Inspecteur Robin, surnommé Son Crusoé par les collègues de ce dernier. Un équipier qui ne manque pas de tchatche, ni d’humour, et qui se révèle être un partenaire infaillible pour Victor. Un homme de confiance depuis plus de dix ans, qu’il a modelé dans le métier pour former l’équipe d’aujourd’hui. Onze ans les séparent, mais la complicité les unit comme un couple bien assorti dans l’action.

    Le duo est également surnommé Don Quichotte et Sancho Pansa en raison du physique. Car autant Victor est grand, mince et élancé, autant Pierre Robin est petit, rondouillard et pataud dans sa démarche. Les jambes légèrement arquées lui ont valu, dans sa jeunesse, les moqueries utilisées en leitmotiv, du style : « On dirait que t’as fait du cheval toute ta vie sur un tonneau », par les petits camarades de classe toujours prêts à complexer ceux qu’ils ont choisis comme souffre-douleur.

    Ce n’est pas non plus un scrupuleux au point de vue vestimentaire. Son aspect « frusques chiffonnées » du matin au soir indique que le paraître n’est absolument pas sa priorité. Lorsqu’il sort de son lit, il doit endosser le premier vêtement qui lui tombe sous la main, sans se donner la peine non plus d’assortir les couleurs. Au grand dam de sa moitié, qui lui reproche souvent son négligé, mais pas de soie !

    En outre, il n’est pas rare de le voir arriver à la brigade avec des chaussettes différentes, une étourderie qui ne se dévoile pas au premier coup d’œil, mais au moment où il s’assied quelque part. Immanquablement, les jambes du pantalon trahissent le distrait en découvrant l’une de la foire et l’autre du marché. C’est à ce moment d’ailleurs, qu’il constate lui-même celles qui le montrent du doigt. Un regard circulaire autour de lui permet de constater qu’il a été pris en flagrant délit d’étourderie, mais que les sourires de ses collègues sont emplis de complaisance. Ces derniers ont l’habitude, depuis le temps qu’il sévit dans la décontraction !

    D’autre part, s’il fallait parler de la coiffure du sieur adepte du laisser-aller vestimentaire, il y aurait également fort à dire. Il a de la chance d’avoir des cheveux épais, mais sur le côté seulement, car le sommet de la tête montre de sérieux signes de déforestation, tendant à présager dans l’avenir la possibilité de présenter une piste d’atterrissage pour mouche en détresse. Robin ironise souvent sur son futur crâne en peau de fesse et prend même les devants, lorsqu’il sent que la conversation le vise dans ce domaine. Sa femme lui reproche de s’être laissé pousser des pattes sur le côté des joues, des rouflaquettes comme Alain Colas. Avec un début de calvitie, on ne peut pas dire que cette marque se voulant de coquetterie soit une réussite, lui a-t-elle dit sur un ton fataliste ! Sachant fort bien, de surcroît, que, quoi qu’elle dise, l’animal a décidé de n’en faire qu’à sa tête de cabochard.

    Mais l’habit ne fait pas le moine ! Malgré ses petits travers d’absence de goût pour la peinture, et s’il a souvent du mal à assortir ses chaussettes après la levée du corps aux aurores, il fait vraiment la paire avec Victor, qui est plus que son supérieur hiérarchique, un véritable ami !

    Parfois aussi, on peut entendre dans les couloirs de la Brigade, un Policier questionner un de ses collègues : « as-tu vu  Victor et son Crusoé, ce matin ? ». Unis comme les deux doigts de la main ! Tarzan et Chita ou Robinson et Vendredi, plutôt ! Ils ne sont jamais les derniers non plus à jouer les boute-en-train dans les réunions ou les festivités à l’intérieur de la P.J.. Toutefois pendant le service, aucun écart, la conduite droite comme un I !

    Inutiles de leur demander leur identité lorsque la Traction arrive sur les lieux du crime, où un planton filtre les interventions humaines. Son chapeau vissé sur la tête comme un gentleman-farmer, Victor sort de sa voiture en même temps que son co-équipier et les portes de la voiture claquent en même temps. Aucun contre temps, de quoi faire de l’ombre à une parfaite chorégraphie de Maurice Béjart à l’Opéra de Paris !

    Sauf que les pointes ne sont pas obligatoires dans le ballet d’investigation des deux compères ! D’ailleurs la pointure de leurs calibres, qu’ils tiennent au chaud sous leurs vestons, n’est présentée qu’aux récalcitrants délinquants en flagrant délit, prêts à découdre du policier pour mettre les voiles et s’évanouir dans la nature.

    Toutefois, pour l’heure, les colts des cow-boys reposent tranquillement dans leur étui. Le médecin légiste fait part de ses conclusions après les avoir consignées sur son registre et des policiers s’activent à rechercher des indices aux alentours de la dépouille. Victor se penche sur ce corps sans vie. La victime est âgée d’une vingtaine d’années. Une jeune fille brune, très jolie, dont les vêtements sont à peine souillés de terre. Elle porte une robe plutôt habillée, laissant supposer qu’elle devait se trouver dans un endroit festif assez guindé d’apparence. Elle semble avoir été posée là, délicatement. L’expression de son visage est paisible, comme si elle avait accepté de mourir avec consentement. Les bras sont le long du corps, sur lequel aucune égratignure n’est détectée.

    Victor la regarde longuement, l’air jamais désabusé devant la découverte d’un cadavre. Il pense à cette vie gâchée, trop brève parce qu’un individu détraqué en a décidé l’arrêt brutal. Son métier n’est pas sans lui apporter les preuves que le meurtre gratuit, et donc  sans mobile, n’est pas non plus dans les statistiques en régression. Plus il l’observe, et plus il se sent troublé par le visage à l’aspect porcelaine de la jeune fille. Comme si le destin l’avait déjà mis sur sa route !  Il a beau interroger sa mémoire pour retrouver la trace d’un souvenir la concernant, c’est peine perdue. Peut-être une ressemblance avec quelqu’un de ses nombreuses relations. Et puis, dans ce métier, il est amené à rencontrer tellement de gens qu’il ne peut pas non plus se souvenir de tout le monde, se dit-il pour se rendre à l’évidence que sa mémoire ne parlera pas sous la torture !

    Dans un premier temps, le meurtre est mis en doute, les indices tendant davantage à démontrer qu’il pourrait s’agir d’un suicide. Aucune marque de coups ou de violence n’apparaît sur son corps. Seul un point à peine perceptible, rappelant la marque d’une aiguille ou d’une seringue sur son bras droit. S’agit-il d’une mort par overdose d’une substance toxique comme l’héroïne ou autres ? En l’état actuel de l’enquête, les policiers ne peuvent que faire des suppositions.

    Cependant, un élément majeur ramène notre Victor sur le crime, du fait que la victime n’avait aucun papier sur elle, ni même quelques affaires personnelles permettant de l’identifier. En outre, elle n’est pas venue à pied jusque là, toute seule dans la nuit. Par ailleurs, l’autopsie révèlera quelques jours plus tard, qu’elle a eu des rapports sexuels juste avant sa mort. Ce qui laisse supposer qu’elle a peut-être été violée.

    C’est sa photo parue dans le quotidien le jour suivant qui apportera la réponse à son identité. Étudiante en psychologie, Elsa vivait seule dans un studio d’une Cité Universitaire, et sortait le samedi soir pour aller danser dans une boîte de nuit, « Le Macumba » située près d’un camping  à Dourdan où elle retrouvait des amis.

    En entendant le nom du dancing fréquenté par la victime, il sursaute car il connaît bien cet endroit pour s’y rendre lui-même de temps en temps. D’ailleurs, pas plus tard que la semaine dernière, il y avait passé la soirée, à la veille de ses congés. C’est peut-être également pourquoi, le visage de la jeune fille ne lui paraissait pas étranger. Il l’avait peut-être croisée dans cette boîte, un soir. Un concours de circonstances laissant perplexe notre Commissaire, qui n’est jamais le dernier à s’interroger sur les définitions du hasard et du destin. A savoir si l’un et l’autre sont liés ou non !

    Deux témoins, Sandrine et Marc, étudiants, ne connaissaient pas intimement la victime, mais de vue seulement. Ils pouvaient s’apercevoir à l’amphi de la Fac, mais ne s’étaient jamais retrouvés sur le même banc pendant les cours. Lorsqu’ils se croisaient, ils se disaient bonjour, sans plus, comme tout un chacun.

    Le hasard a voulu que ce dernier samedi, les deux étudiants rencontrent Elsa dans la boîte de nuit où ils avaient décidé d’aller danser. Elsa avait fait la connaissance d’un homme et ils avaient donc été aperçus par Sandrine et Marc.

    Le signalement de l’inconnu se montre plutôt flatteur à son égard. Une personne très courtoise, loin de sortir des faubourgs des bas quartiers en raison de son allure très distinguée. En outre, quelqu’un qui ne cessait de distraire sa partenaire, tant cette dernière éclatait de rire à tout instant. Les témoins se sont même dits qu’en se rapprochant du couple, ils auraient pu profiter eux-aussi de son répertoire d’histoires drôles, qui amusaient tellement leur camarade de Fac.

    Sandrine précise qu’ils semblaient très amoureux et ne cessaient de s’embrasser en dansant sur la piste. La température commençait à monter entre eux et leurs corps se parlaient en se frottant l’un contre l’autre. Ils semblaient avoir oublié qu’ils n’étaient pas seuls et continuaient à faire mousser

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