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La Mort aux Trois Mares
La Mort aux Trois Mares
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Livre électronique239 pages3 heures

La Mort aux Trois Mares

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À propos de ce livre électronique

En plein milieu d’un séminaire réunissant une cinquantaine d’inspecteurs de police judiciaire, on découvre le cadavre du chef de salle de l’hôtel qui les héberge, gisant sur le bord d’une mare, sous les éléments déchaînés. Patrick Derval se retrouve chargé de l’enquête, face à une population de collègues de la victime et de policiers qui se partagent allègrement les rôles de témoins et de suspects. Le détective devra faire appel à ses coéquipiers et à toutes ses facultés d’observation et de déduction pour relever le défi qui lui est proposé.
LangueFrançais
Date de sortie24 sept. 2019
ISBN9791029010002
La Mort aux Trois Mares

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    La Mort aux Trois Mares - Yves Gillet

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    La Mort

    aux Trois Mares

    Yves Gillet

    La Mort

    aux Trois Mares

    Les Éditions Chapitre.com

    123, boulevard de Grenelle 75015 Paris

    Du même auteur :

    Meurtre au Faubourg-Raines aux éditions Sydney Laurent 2014

    Un joli panier de crabes aux éditions Edilivre 2015

    Te souviens-tu de Ludo ? aux éditions Sydney Laurent 2015

    Troisième larron aux éditions Ecrits Noirs 2016

    Kir royal au cyanure aux éditions Sydney Laurent 2017

    Mortelle Saint-Didier aux éditions Sydney Laurent. 2018

    L’Alcazaba aux éditions Sydney Laurent 2019

    © Les Éditions Chapitre.com, 2019

    ISBN : 979-10-290-1000-2

    En mémoire de longues promenades

    Dans le bois de Verrières,

    A mon fidèle compagnon,

    Et un clin d’œil à Anne et à Jean-Claude,

    Qui nous ont quittés trop tôt.

    Chapitre 1

    « Au rond-point, prenez la deuxième sortie ». Suivant fidèlement les consignes de son GPS, le conducteur contourna le plot en plastique blanc à qui on avait un peu généreusement attribué le nom de rond-point et engagea sa 207 vers le but ultime de son voyage. Ce qui fut très vite confirmé par la même voix impersonnelle « À 800 mètres, vous êtes arrivé ! ». La route s’élevait régulièrement à un rythme qui avait dû casser les jambes à plus d’un cycliste, avant de déboucher sur le centre de séminaires des Glycines. De construction manifestement récente, la bâtisse était largement éclairée par un bel ensemble de lampadaires alors que, de l’autre côté de la route, on devinait la présence d’une forêt. Mais à cette heure tardive et en cette fin de mois d’octobre, il n’était possible d’entrevoir vaguement, au-delà de cette lisière, qu’une masse bien sombre, le bois de Verrières.

    Ayant franchi la porte d’entrée, le voyageur se retrouva face à une jeune et élégante hôtesse d’accueil, installée derrière une table encombrée de feuilles et d’objets divers. Affichant un large sourire engageant, elle s’adressa au nouveau venu :

    « Bonsoir monsieur. Vous venez pour le séminaire ?

    – On ne peut rien vous cacher, madame.

    – Oh ! Appelez-moi Marianne. Et vous êtes… ?

    – Capitaine Patrick Derval. »

    Aussitôt, l’hôtesse, dont le revers de la veste s’ornait d’un badge confirmant son prénom, partit à la recherche du nom avancé par son interlocuteur sur un listing, le cocha puis lui tendit un badge à son nom. Derval contempla le rectangle orange sur lequel était gravées son identité et son appartenance à la police judiciaire de Dijon. Enfin, elle lui tendit la carte magnétique de sa chambre en lui précisant qu’il s’agissait de la chambre 229, située sans surprise au deuxième étage.

    « Vous avez fait bonne route, capitaine ?

    – Excellente, Marianne, mais, vous savez, Dijon n’est qu’à 300 kilomètres d’autoroute. Pas d’embouteillages, pas de pluie, alors c’était presque du tourisme.

    – Tant mieux pour vous, car j’ai cru comprendre que le temps ne restera pas sec très longtemps. Tenez, vous avez l’ascenseur juste derrière vous, et l’escalier est un peu plus loin sur votre droite. En attendant, je vous souhaite un bon séminaire et un excellent séjour au centre des Glycines. Et permettez-moi de vous rappeler la séance inaugurale à 20 heures précises dans la salle Mozart. »

    Derval saisit sa valise et, fidèle à ses bonnes vieilles habitudes, négligea l’ascenseur pour grimper par l’escalier. Aussitôt entré dans sa chambre, il en fit une inspection rapide, vida sa valise et décida d’étrenner les lieux avec une bonne petite douche.

    Un mois plus tôt, le commissaire Arsène Portes l’avait appelé dans son bureau avec des airs de conspirateur. C’était à la fin d’une longue journée de septembre, plutôt fastidieuse, et le commissariat subissait les assauts d’une tempête de pluie et de vent. Derval s’attendait à une demande concernant une enquête mais le commissaire lui avait alors annoncé son inscription à ce séminaire. Il n’avait pas été surpris par la mine plutôt dubitative de son adjoint.

    « Tu verras, Patrick, ce séminaire est vraiment très intéressant…

    – Et comment tu peux savoir ça, chef ? s’était immédiatement récrié Derval, tout sauf convaincu.

    – Tout simplement parce que j’y ai participé, il y a cinq ou six ans. C’est bon de sortir de temps à autre du train-train quotidien, de rencontrer, d’écouter d’autres gens, de débattre avec des collègues qui ont vécu d’autres expériences. Et puis, n’oublie pas que tu vas approcher des spécialistes qui ont obligatoirement des choses à t’apprendre.

    – Sur quoi ? avait-il riposté, sur un ton toujours aussi sceptique. Oui, sur quoi ? »

    Le commissaire avait dû faire preuve de pédagogie et de persuasion pour décider son adjoint à participer à ce séminaire organisé par la Direction de la Formation de la Police Nationale. Petit à petit, sachant qu’il n’avait pas vraiment le choix, Derval avait rendu les armes et fini par accepter les arguments de son patron. Dans un grand élan de bonne volonté, il avait même fini par promettre d’y participer de manière constructive. Au fond de lui-même, le capitaine avait du mal à admettre que quiconque vienne lui apprendre à mener un interrogatoire ou à juxtaposer les différentes pièces du puzzle d’une enquête. En revanche, il était prêt à profiter de la science de certains experts qu’il observait, ébloui ou même bluffé, un peu comme les gamins devant un tour de magie. Et aux yeux de Derval, les prestidigitateurs, c’étaient les spécialistes de la PTS, la police technique et scientifique et, bien sûr, les médecins légistes.

    « Tu sais, ceux qui t’énervent à chaque nouvelle enquête parce qu’ils ne sont jamais assez rapides ni assez précis ! n’avait pas manqué d’ironiser Arsène Portes.

    – Ben oui, c’est normal, avait-il aussitôt consenti. Ce sont eux dont j’ai le plus besoin, en début d’enquête, pour pouvoir attaquer mon boulot ! Je ne peux rien faire tant qu’ils n’ont pas rendu leur verdict qui nous parvient toujours au compte-gouttes et avec des tonnes de réserves !

    – Et comme tu es patient comme un chat qui aurait la queue prise dans la porte, tu t’irrites et tu les traites de tous les noms d’oiseaux.

    – Oh, ça va ! Tu ne crois pas que tu exagères un peu ?

    – C’est vrai, tu as raison. Car il y a une exception à cette règle, une certaine légiste que je ne nommerai pas et qui, pour couronner le tout, exerce ses talents à 500 kilomètres d’ici. »

    Sur cette dernière allusion perfide à peine voilée à Laurence Villanueva, la compagne de Patrick, la conversation avait pris un tour plus léger et cédé le terrain aux plaisanteries que ne manquaient jamais d’échanger les deux amis.

    C’est ainsi que le capitaine Derval avait pris sa voiture au milieu de l’après-midi et effectué le court trajet de Dijon à Verrières-le-Buisson. Parcours essentiellement autoroutier achevé par un court transfert entre l’autoroute du Sud et la petite commune de l’Essonne.

    Derval ressortit la lettre d’invitation au séminaire et vérifia ce qu’il avait bien en tête et que lui avait gentiment rappelé la sémillante Marianne. Cocktail inaugural à 20 heures précises, dans une salle portant le glorieux nom de Mozart. Il n’eut qu’à se laisser guider par le sourd brouhaha de la foule des participants avant de déboucher sur une grande salle dans laquelle une cinquantaine de personnes devisaient par petits groupes.

    Derval se retrouva, quelques années en arrière, débarquant de son Saint-Jean-de-Losne natal, le jour de sa première rentrée des classes au lycée Carnot de Dijon, découvrant une cour immense où tous les autres élèves semblaient être de vieilles connaissances. Il s’avança timidement au milieu de cette assemblée déjà bien agitée, à la recherche d’une figure connue. Après un slalom silencieux de cinq ou six minutes entre ces petits attroupements bruyants et souvent hilares, il dut se rendre à l’évidence, il ne connaissait personne. Portes l’avait bien prévenu qu’il serait le seul représentant de la police judiciaire de Dijon, mais il espérait quand même retrouver un inspecteur rencontré dans un autre stage ou lors de son détachement à Marseille. En revanche, cette recherche aiguisa sa curiosité sur un point que les autres n’avaient sans doute pas remarqué. Les badges accrochés au revers de la veste portaient bien le nom, le grade et l’origine des participants mais ils étaient imprimés sur des fonds de couleurs différentes. Des bleus, des jaunes, des rouges, alors que le sien était orange. Au hasard de ses tribulations, il dénicha deux autres badges orange, mais il ne put établir aucun lien, aucune règle qui aurait pu expliquer cette similitude. Pas de proximité alphabétique, des origines et grades aléatoires, enfin rien d’évident. Un mystère qui devrait trouver une explication pertinente. Subitement, une voix se fit entendre, par-dessus le bourdonnement général, demandant l’attention de tous et le silence.

    Immédiatement, toutes les conversations s’arrêtèrent et tous les regards se dirigèrent vers un même point, comme attirés par un champ magnétique. L’attention générale convergea alors vers l’homme qui se tenait debout, immobile, derrière le micro installé sur une petite estrade. Plutôt grand, au moins 1,80 mètre, la cinquantaine, svelte, des cheveux grisonnants coupés court, le commissaire Xavier Fontaine se présenta rapidement et souhaita la bienvenue à l’assemblée. Sans grande originalité, il exposa succinctement les finalités du séminaire et développa un peu plus longuement le programme, le déroulement et les règles de fonctionnement auxquelles les participants devraient se conformer. Puis il se tourna pour bien mettre en lumière une rangée de cinq individus qui se tenaient au garde à vous derrière lui et que personne n’avait encore remarqués, les concepteurs des différents modules du séminaire. Le capitaine Karl Hittermann, un allemand spécialiste des armes et de la balistique. Le commandant Yann Le Mévédec, expert en identité judiciaire, qui retint l’attention de la salle à la seule évocation des analyses ADN. Puis le docteur Vijay Kahn, l’homme des technologies modernes, celui qui faisait parler les ordinateurs et les portables. Le professeur James Button, responsable de laboratoires d’analyses physiques et chimiques. Enfin, le docteur Myriam Bois, en charge des formations spécifiques en médecine légale.

    « Voilà, je pense avoir fait le tour de notre comité de pilotage qui aura par ailleurs la charge d’animer les séances plénières. Parallèlement, et dans un souci d’efficacité, vous aurez l’occasion de vous retrouver par petits groupes, pour des séances de travaux pratiques. Pour faciliter la compréhension et l’organisation, chacun de ces groupes de travail a reçu le nom d’une couleur, celle qui a été reportée sur votre badge. Et ne cherchez aucune autre explication car votre appartenance à tel ou tel groupe n’est que le pur fruit du hasard. Je m’en tiendrai donc là pour aujourd’hui. Dans l’immédiat, je vous invite à partager ce verre de bienvenue puis à passer dans la grande salle de restaurant. Alors, bon courage pour ces journées qui vous attendent et bon séjour dans ce magnifique environnement ! »

    Comme il se doit en de pareilles circonstances, la fin du discours du commissaire fut saluée d’une salve d’applaudissements. Après un cocktail plutôt joyeux, le signal du transfert vers la salle de restaurant déclencha une transhumance aussi désordonnée que bruyante.

    Chapitre 2

    Lorsque Derval émergea d’un sommeil profond et sans faille, ce mercredi, un silence absolu et les ténèbres régnaient autour de lui. Son premier réflexe fut de tendre le bras et de saisir son portable. À peine 6 heures ! L’absence de bruit n’avait donc rien d’anormal et la nuit occupait encore tout l’espace. Après la douche rituelle, il se retrouva vite prêt à attaquer sa journée mais prit très vite conscience de l’obstacle qui se présentait à lui. Loin de ses bases et à bonne distance d’un bar très hypothétique à cette heure, il ne pouvait satisfaire au deuxième rite du matin, la tasse de café noir. Désemparé, il se laissa tomber dans le fauteuil et découvrit la liasse de feuillets posée sur la table basse, devant lui. Très studieusement, il décida de faire tourner la montre en relisant ses notes prises la veille. En réalité, le seul point digne d’intérêt concernait les membres de l’équipe orange, découverte à la faveur du premier travail en sous-groupe.

    Le petit jeune de la bande se présentait sous les apparences d’un gaillard aux allures de deuxième ligne de rugby. Le lieutenant Enzo Van Snijder s’exprimait avec l’accent caractéristique des gens d’origine flamande, mais, devant les allusions de ses partenaires, il s’était véhémentement récrié, affirmant haut et fort qu’il était français. Même s’il dut avouer que son père était né en pays néerlandais. Âgé de 32 ans, marié à une secrétaire et père de deux petites filles, Van Snijder était affecté à la PJ de Lille.

    Le capitaine Fortuné César avait fièrement annoncé ses origines martiniquaises. À 43 ans, il était rattaché à la PJ de Strasbourg, ce qui ne manqua pas de déclencher l’hilarité autour de lui. Petite boule de muscles, ses copains l’avaient d’abord surnommé Tyson, avant de revenir à un Mike plus banal.

    Mélissa Madera, petit bout de femme brune et fluette, agitait en permanence sa chevelure nouée en queue de cheval. La voix douce, elle arborait le grade de capitaine à la PJ de Bordeaux, ville où elle avait rencontré puis épousé un dentiste d’origine espagnole. Elle aussi avait deux filles et craignait par-dessus tout une éventuelle mutation loin de ses bases actuelles.

    Enfin, le commandant Louis Sandon, 49 ans, faisait un peu figure d’ancêtre, à la fois par son état civil et par son grade qu’il mettait volontiers en avant. Petit, manifestement en surcharge pondérale, d’un naturel plutôt grincheux, il venait d’Orléans.

    La lecture de ses notes n’avait pas véritablement fait oublier à Derval la toujours présente envie de son expresso du matin. Plein d’espoir, il descendit au niveau des cuisines, mais il ne put que constater un vaste espace désespérément silencieux et plongé dans les ténèbres. Découragé, il entreprit de faire quelques pas à l’extérieur. La porte d’accès n’était pas verrouillée et il observa avec satisfaction que la pluie tant annoncée n’était pas encore au rendez-vous.

    Au bout de quelques pas, son attention fut attirée par le déplacement vertical de quelques volutes de fumée mises en évidence par l’un des lampadaires du parking. Guidé par la curiosité, Derval obliqua dans la direction de ce signal digne des meilleurs westerns et finit par découvrir une silhouette, tapie dans l’ombre et assise sur un banc, présence soulignée par le bout incandescent d’une cigarette.

    « Approchez, capitaine Derval, vous ne craignez rien. Je ne suis qu’un flic, et même pas en service ! »

    Déconcerté par cette interpellation qui prouvait que l’homme le connaissait, Derval fit quelques pas supplémentaires et finit par reconnaître le visage du commissaire Fontaine, le maître de cérémonie du séminaire.

    « Vous me connaissez, commissaire ? s’étonna le capitaine, à la fois incrédule et hésitant.

    – Il est vrai que nous n’avons pas eu le privilège d’une présentation en bonne et due forme mais je dois vous avouer que je bénéficie d’un léger avantage sur vous. Il se trouve que je compte, parmi mes plus proches et véritables amis, un certain Arsène Portes. Ça remonte d’ailleurs à pas mal de temps, presque une vie antérieure déjà. Et ce brave Arsène m’a parlé de vous, depuis fort longtemps déjà. Sachant que vous faisiez partie de l’aventure, je me suis mis en tête, et j’y suis parvenu, de mettre enfin un visage sur votre nom. Visage qui m’est apparu en pleine lumière de ce lampadaire, il y a une minute. »

    Derval alla s’asseoir sur le banc pour une conversation qui tourna d’abord autour des nouvelles du cher ami commun. Au bout d’une demi-heure, les deux policiers discutaient comme s’ils s’étaient toujours connus, se tutoyaient et s’appelaient par leurs prénoms.

    « Patrick, je suis certain que tu n’arrivais pas à fermer l’œil et que tu guettais les premiers signes avant-coureurs d’un petit déjeuner salvateur.

    – En fait, mes ambitions n’allaient pas jusque-là. Une seule tasse de café noir bien serré aurait suffi à mon bonheur. Mais, excuse-moi, ici c’est un trou et je ne sais même pas s’il y a un bar à portée de voiture. Et, pour ne rien arranger, les cuisines du centre sont vides de toute activité. Alors, en désespoir de cause, j’avais entrepris de prendre l’air en attendant que la première odeur de caféine vienne me chatouiller les narines.

    – Alors, bienvenue au club ! Mais je pense que nous approchons de l’heure où cette belle machine bien huilée va se mettre en marche. Viens, rentrons et nous trouverons sûrement une bonne âme prête à sauver deux pauvres individus intoxiqués en manque de leur drogue du petit matin. »

    Au moment où ils allaient pousser la grande porte vitrée, ils virent surgir de nulle part un individu, ou plutôt une silhouette, qui se précipitait, dans le sens inverse, et qui faillit les télescoper. Le temps qu’ils se retournent pour savoir qui avait été à deux doigts de les bousculer sauvagement, ils ne purent discerner qu’une ombre, vêtue d’une veste et d’une casquette noires, qui disparaissait dans la pénombre.

    « Eh bien, il a l’air pressé, le monsieur ! ne put s’empêcher de commenter Fontaine. Ça doit être un des employés du centre, pour partir aussi précipitamment.

    – Tu as sans doute raison. Il avait bien l’allure du chef de salle, mais je n’en jurerais pas. Ou alors c’est un stagiaire qui a volé ou tué un collègue ! continua Derval sur le ton de la plaisanterie.

    – Un crime en plein milieu d’un séminaire de flics ? Voilà une idée qui ne manque pas de piquant ! commenta le commissaire sur le même ton. Je n’y aurais jamais pensé. »

    Les deux policiers continuèrent leur chemin jusqu’à la grande salle où l’éclairage avait enfin été allumé. Mais pour le reste, rien de nouveau. Pas la moindre activité visible, pas de serveuses. Seul signe encourageant, la manifestation de bruits caractéristiques, des chocs de vaisselle ou d’ustensiles divers et des bribes de conversation venant de la cuisine.

    « Ça ouvre à 8 heures et il n’est que 7 h 30, constata Derval en consultant sa montre.

    – Ouais, tu as raison, mais on doit pouvoir améliorer ça, s’obstina Fontaine. Tiens, prends une table et attends-moi ! »

    Cinq minutes plus tard, Fontaine réapparaissait, la mine satisfaite, et même hilare. Et, quelques instants plus tard, un jeune cuisinier, tout de blanc vêtu, se présenta à leur table avec un plateau, une cafetière et deux tasses.

    « Messieurs, à cette heure, c’est tout ce que je peux faire pour vous. Pour le reste, il faudra encore patienter une vingtaine de minutes.

    – C’est parfait, le rassura Fontaine. Ainsi ravitaillés, nous pourrons tenir le siège jusqu’à 8 heures. »

    Les policiers reprirent leur discussion en échangeant quelques anecdotes de leur vie de policiers. La conversation allait bon train lorsqu’ils finirent par remarquer la présence immobile

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