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L'armure d'Akmouth - Tome 1: L'enfant vengeur
L'armure d'Akmouth - Tome 1: L'enfant vengeur
L'armure d'Akmouth - Tome 1: L'enfant vengeur
Livre électronique222 pages3 heures

L'armure d'Akmouth - Tome 1: L'enfant vengeur

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À propos de ce livre électronique

Découvrez les aventures de Leonil, un jeune orphelin qui devra affronter des aventures effroyables...

L’Armure d’Akmouth est un cycle littéraire d’Heroïc Fantasy, suivant les aventures de Leonil, qui, de garçonnet innocent dans le Tome I, grandira et deviendra un jeune homme à travers la saga, se familiarisant au passage avec la magie, le combat, mais aussi avec l’amitié et l’amour, en traversant de nombreuses aventures toutes plus dangereuses, dramatiques ou exaltantes les unes que les autres.

Dès le premier chapitre, Leonil voit sa famille massacrée sous ses yeux et n’a d’autre recours que la fuite. Lors de cette fuite éperdue, il va faire preuve de bravoure et témoigner de grandes qualités morales. Lorsque son périple lui permet brièvement de reprendre son souffle, c’est pour l’émerveiller en lui faisant découvrir la magie de l’univers dans lequel il évolue.
Il va croiser sur sa route une galerie de personnages, alliés ou ennemis, qui vont lui permettre de se construire. Le parcours de ces personnages sera également source de rebondissements, occasionnant autant de surprises qui tantôt maintiendront son attention en éveil, tantôt le bouleverseront.
Leonil parviendra au cours de ses mésaventures à se défaire d’ennemis colossaux, grâce à la complicité de ses compagnons de route et à sa propre valeur. Mais, si dans le Tome I, il échappe à des dangers immédiats, son combat n’est pas pour autant gagné, car il a à ses trousses des créatures et armées d’autant plus puissantes.

Ce premier tome de la saga L'Armure d'Akmouth se révèle être une belle surprise, grâce à ses personnages attachants, à son univers original et à ses rebondissements qui vous tiendront en haleine tout au long de l'aventure !

EXTRAIT

Dans l’obscurité, deux monstrueux yeux rouges dont les pupilles elliptiques luisaient d’un halo phosphorescent me fixaient. Je ne pus réprimer un réflexe de peur et glissai en arrière. Tremblotant, je reculai terrifié jusqu’à ce que mon dos rencontre la paroi de cette souricière. J’étais pris au piège ! Le regard lumineux de la chose s’éclipsait de façon intermittente, laissant supposer la fermeture de ses paupières. Ma vue se familiarisant à la pénombre, je commençais à deviner la silhouette de l’immense créature tapie dans le noir. Un grognement sourd, produit par l’entité, acheva de me tétaniser. Lentement, la bête se dressa sur ses pattes de devant, et la faible lumière émanant de la lucarne dessina les contours d’une panthère aux proportions d’un cheval de trait, monumentale, lugubre et terrifiante. Sa fourrure était d’un noir de jais lustrée de miroitements bleu nuit. Sa gueule s’ouvrit béante, dévoilant une mâchoire immense composée de crocs scintillants de la taille d’une rangée d’épées et de couteaux alignés. Aucun son ne me sortit de la gorge pour traduire l’horreur qui me pétrifiait. Submergé par la peur, je tombai inconscient.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Philippe Malempré est un auteur-compositeur Bruxellois né en 1965. Il est à l’initiative et à la réalisation de l’album CD « Thorgal » produit par Dargaud-Lombard & Universal Music France. Passionné de fantasy il a rédigé deux livres pour la jeunesse : Le petit lutin noir, illustré par Grzegorz Rosinski et L’empereur des animaux, paru chez Alice jeunesse.
LangueFrançais
Date de sortie14 nov. 2019
ISBN9791037701084
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    Aperçu du livre

    L'armure d'Akmouth - Tome 1 - Philippe Malempré

    Chapitre I

    Premier souvenir

    — Leonil, descends de là tout de suite ! Tu vas tomber !

    — Comment a-t-il fait pour se retrouver là-haut ?

    — Je n’en sais fichtre rien ! Tu devrais le savoir, toi ! C’est ton fils quand même !

    — Mais enfin ? Comment est-ce possible ? On ne grimpe pas comme ça à la pointe d’un peuplier d’une centaine de pieds… à l’âge de sept ans !

    — Six ans et demi, il n’a que six ans et demi mon amour !

    — Son grand-père nous avait bien dit qu’il ne serait pas comme tout le monde, mais j’étais loin d’imaginer que ça se manifesterait de cette manière.

    — Peu importe, interviens ! S’il glisse, il risque de se tuer !

    — Leonil, vas-tu te décider à descendre de là ?

    C’était un splendide après-midi de fin d’été. Toute notre petite famille était dehors.

    Tandis que ma sœur décorait ses longues nattes de fleurs bleues, mon père sculptait des motifs enfantins le long des barreaux d’un magnifique berceau de bois. Ma mère qui s’appliquait à la confection du voile pour le baldaquin avait du mal à se concentrer sur son ouvrage tant ma situation la préoccupait.

    Au faîte d’un arbre qui ondulait joyeusement au gré du vent, j’appréciais la fine caresse de cette brise tendre qui cajolait mes joues et dansait dans ma chevelure. Ce sont là mes premiers souvenirs de cette journée… du moins les plus précis. La voix chantante de ma mère et celle, plus solennelle et plus basse, de mon père résonnent dans ma mémoire comme un duo harmonieux. Bien que dans ses injonctions, mon père adoptait un ton ferme pour se faire obéir, je sentais dans ses ordres une fierté inavouée : il jubilait de me voir si leste et détendu, perché là-haut. Sa voix se voulait résolue, déterminée, pourtant elle me revient comme une caresse, presque un encouragement à mon intrépidité. Il devait deviner que ma situation, loin d’être critique, était au contraire parfaitement maîtrisée.

    Ce n’était probablement pas la première fois que je folâtrais à la cime d’un arbre. En revanche, ce jour-là, mes parents en étaient pour la première fois témoins. À l’horizon de ma mémoire, je retrouve une quantité d’escapades dans les arbres, mais pour celles-là, mes souvenances s’entremêlent dans le flou des feuillages.

    Depuis ce point de vue imprenable d’où je me balançais, je pouvais voir à mes pieds la petite maison où nous demeurions. Sur la droite, notre jardin fleuri était prolongé dans la vallée par des champs et des prairies. En bas de la colline, on distinguait çà et là les modestes bâtisses qui formaient notre hameau. Y habitaient quelques familles de braves gens qui, comme nous, vivaient des bienfaits de la terre et le lui rendaient en traitant la nature avec respect et dévotion. De l’autre côté de notre logis s’étirait une immense haie d’aubépines qui allait se perdre dans la forêt drue de Sakalava. Les senteurs fruitées de la vallée, portées par le vent, se mêlaient à notre porte aux fragrances corsées des conifères tout proches. La vie et le temps s’écoulaient là-bas avec douceur et délice.

    Mes parents avaient beau m’interpeller, je souhaitais m’attarder encore sur mon perchoir pour apprécier le chant des alouettes. Voltigeant à la même altitude dans le bleu immatériel d’un ciel sans nuages, elles me faisaient l’honneur d’un récital exceptionnel. Je n’étais guère pressé de redescendre car je savais qu’une kyrielle d’exclamations sévères ou paniquées accompagneraient mon parcours. Pour ne pas enflammer davantage mes parents, je décidai de ne pas effectuer cette gymnastique la tête en bas. J’entamai donc la manœuvre de manière moins rapide et moins acrobatique que prévu : sans glissade sur le toit de la maison. Seul, j’aurais sauté jusqu’à la branche du saule pleureur qui, en ployant, m’aurait déposé sur le rebord du puits ; mais je devais tout faire pour rassurer mes parents. Je savais pertinemment qu’une fois m’être rendu en bas, ce ne serait au final plus qu’étreintes qui m’accueilleraient. Mon escapade, aussi téméraire fût-elle, ne me serait sans doute pas trop reprochée, car mes parents m’aimaient par-dessus tout. Pour autant que je m’en souvienne, cet amour leur était mille fois rendu tant j’appréciais me trouver dans les bras de l’un ou de l’autre.

    C’est un bruit sourd, un martèlement venant du sol qui m’immobilisa. D’abord interloqué, j’en cherchai la source du regard. Un nuage de poussière s’élevait grossièrement au-delà de la colline. Sur la crête, quelques instants plus tard, un cavalier apparut en première ligne.

    J’entends encore très clairement cette voix pleine de candeur, cette voix qui fut la mienne, prononcer avec émoi :

    — Chevaux ? Papa, des chevaux ! Beaucoup… !

    Une quantité innombrable de montures bardées d’armures métalliques avançait en rang vers notre hameau ! Leurs cuirasses reprenaient les reliefs de leurs muscles ; de l’oreille aux sabots, le moindre tendon y était exagérément reproduit. Des motifs en saillaient, évoquant des griffes et des crocs acérés. Les sinistres coursiers étaient chevauchés par des silhouettes étranges. L’armure de ces cavaliers paraissait faite des mêmes matériaux. Bien que terni par la poussière, l’éclat noir de cet alliage laissait flamboyer de flous reflets irisés. Leurs carrures démesurément larges se terminaient par des piques aiguisées, hérissées sur leurs épaules. D’imposants heaumes ornés de cornes torsadées recouvraient complètement leurs visages. En guise d’ouverture, on ne distinguait qu’une mince œillère, d’où s’échappait une pâle lueur.

    Je me souviens quand le premier combattant apparut au pinacle de ce tertre, comme je fus impressionné par sa taille. Il dégaina une gigantesque épée d’un geste large. Les barbelures agressives dont elle était ciselée déchiquetaient l’azur immaculé. L’arme balafra l’air en signe d’attaque, imprimant de la strie de son mouvement un augure maléfique. De l’autre main, le colosse fit virevolter sèchement un fouet qui claqua comme un cri d’effroi. Il me revient aussi avec horreur le rugissement, guttural et métallique, qui s’échappa du casque cornu de ce guerrier : j’en fus terrorisé ! Je ne saurais dire combien d’entités diaboliques répondirent à cet appel. Ma mémoire me rapporte le vacarme d’un roulement infernal de hurlements féroces qui me glacèrent tout entier. Dans le tumulte de ces cris, j’entends encore la voix de mon père, d’un ton ne souffrant aucune discussion :

    — Leonil, par tous les Dieux, ne bouge pas de là ! Reste en haut !

    La suite fut noyée dans l’agitation.

    Partout où mon regard se portait, des soldats armés jusqu’aux dents attaquaient le village. Les chaumières prenaient feu et les plaintes des villageois remplissaient la vallée. Moi, je restais là, juché sur mon arbre, tétanisé par la peur et l’incompréhension. Après quelques minutes de léthargie, je repris mes esprits et descendis craintivement le long du tronc. La moitié du village était en feu. J’entendis un tohu-bohu semblable à un enchevêtrement de casseroles qui se fracasseraient les unes contre les autres. Une terrible bagarre faisait rage à mes pieds !

    L’image que j’en garde, le souvenir du petit garçon que j’étais ne peuvent hélas, relater cette situation que d’une manière perturbée. Bien que conscient du drame, je n’assimilais pas réellement ce qui se déroulait sous mes yeux. C’est probablement pour cette raison que ma mémoire a désiré effacer une partie de ces événements… sans doute les plus douloureux.

    Au pied de mon père gisaient cinq cavaliers inertes. Faisant basculer de biais sa hache, il en pourfendait de haut en bas un sixième. Une flèche vint se ficher dans son épaule, déviant la nouvelle attaque qu’il entamait. Son adversaire perdit malgré tout la partie basse de son visage. En complet déséquilibre, mon père en moissonna deux autres encore, fauchant net leurs jambes au niveau des genoux. Ils furent de plus en plus nombreux à le charger. Un des soudards saisit ma grande sœur par les nattes, ce qui mit mon père dans une rage indescriptible. De la main gauche, il fit danser une épée dentelée prise à un ennemi. De l’autre, sa hache écumante d’hémoglobine se mit à toupiller, hachant menu toute armure aux alentours. De toutes ses forces, il se jeta dans la foule de ses assaillants. L’homme qui avait eu le malheur de porter la main sur ma sœur ne put s’en réjouir très longtemps. À peine fut-il décapité que tous les ennemis dans un périmètre proche furent anéantis par le déchaînement enragé de mon père. Les autres reculèrent, l’un perdant un bras, l’autre une jambe ou une main. Il fit alors rempart de son corps pour protéger, ma sœur.

    Mon père était un grand guerrier. Il connaissait une multitude de techniques de combat, élevant ce savoir-faire au niveau d’un art parfaitement maîtrisé. Partout à la fois, le ballet de ses armes tournoyantes fendait l’espace en bourdonnant tel un essaim de frelons furieux. Elles tailladaient ses ennemis comme du fil à couper le beurre. Aucune armure ne parvenait à ralentir l’élan de ses coups.

    Mon père était un très grand guerrier… mais au bout d’un moment, l’amoncellement de ferrailles autour de lui entrava la précision de ses déplacements et altéra sa vigilance.

    Deux flèches surgies de nulle part percutèrent sa poitrine et je le vis chanceler, le regard ébahi. Toute la véhémence inscrite dans ses prunelles n’était que haine pure à l’encontre des lâches qui anéantissaient son village, sa famille, ses enfants. Une autre volée de flèches le faucha… achevant de le mettre à terre. Les agresseurs profitèrent de ce moment de suspens pour s’emparer de ma sœur. Impuissants, nous assistâmes mon père et moi à son exécution.

    La tête de ma sœur, ensanglantée, gisait à quelques mètres de son corps dans une flaque boueuse. Ma maman devait probablement être là, elle aussi, parmi l’amoncellement des corps étendus sur le sol. Je ne voulais pas regarder. Ils avaient exécuté la plus douce des femmes et l’enfant qu’elle portait : mon petit frère ou ma petite sœur. D’épaisses larmes dégoulinaient sur mes joues et brouillaient ma vision. Je me disais déjà alors que je n’entendrais plus jamais chanter ma mère ailleurs que dans les tréfonds de ma mémoire.

    Je fermai les yeux…

    Quand j’eus le courage de les rouvrir, ils avaient attaché mon père à l’arceau du puits. Son regard cherchait visiblement à ne pas rencontrer le mien. Quand malgré lui il se porta vers moi, c’était empreint d’un malheur profond que ses yeux m’adressèrent à la dérobée une supplique intense : « fuis le plus vite possible, mon fils, sauve-toi » !

    Le chef de troupe, le géant à l’épée immense, se tenait devant mon père. Son fouet d’argent étincelant, comme mû par une volonté autonome, paraissait extensible. Le bras qui le manipulait était orné d’un bracelet de force d’un matériau tout aussi brillant. L’homme pointait sa lame dentelée sous la gorge de mon père, puis recula de quelques pas et fit tournoyer son fouet. En prolongeant son geste, celui-ci plongea en sifflant comme un serpent dans les entrailles de mon père. Son extrémité paraissait avoir harponné les chairs et l’ignoble tortionnaire se mit à tirer doucement. Il était évident qu’il ne s’agissait pas d’une arme ordinaire car la résistance indiquait que l’extrémité s’était accrochée dans les boyaux. La vision de cette torture était insoutenable, et le tourmenteur ricanait. Un rire particulier, semblable à celui d’un enfant… mais crissant. Sa voix était aiguë mais curieusement éraillée :

    — Avant qu’on élimine ta fille, elle nous a confié qu’elle n’était pas la seule enfant ici ! Ça tombe bien, on recherche tout ce qui peut ressembler à un petit morveux avec un médaillon comme le tien.

    Mon père se débattait, enragé.

    — Comme c’est singulier, tu n’as pas l’air étonné ? J’imagine que tu ne comptes pas nous dire où l’on pourrait trouver ce genre de morpion ?

    Spontanément, je portai la main à ma poitrine et serrai avec force la pendeloque qui y était suspendue depuis ma naissance. Mon père ne disait rien, mais je sentais qu’il se retenait de hurler.

    — Grand bien t’en fasse, Barbare, reprit l’homme. Garde le silence, tu n’en souffriras que plus !

    Mon père risqua un regard tendre et désolé dans ma direction. Il semblait savoir qu’il allait mourir quoiqu’il arrive… qu’on ne pouvait rien y faire. Il m’implorait silencieusement de partir, de fuir pour rester en vie.

    Tel un écureuil, je dévalai l’arbre en un éclair. Mon père découvrit l’étendue de mon agilité et ses yeux humides en pétillèrent d’estime. D’un bond, je fus sur le toit de la maison pour réapparaître en catimini derrière la cheminée. Depuis ma cachette, j’interrogeai encore du regard mon père. Une larme perlait sur sa joue, mais il me lança un clin d’œil complice… il paraissait soulagé… il savait que je pouvais m’en tirer ! Il m’adressa un sourire plein d’amour et de confiance, puis… ce sourire se figea… son regard aussi. Le bourreau avait tiré d’un coup sec sur le fouet.

    Un désarroi indescriptible m’envahit et de grosses larmes me montèrent aux yeux. J’allais sombrer dans le désespoir quand mes pleurs furent arrêtés net. Notre masure était en proie aux flammes et à côté de moi, une flammèche surgit inopinément du toit de chaume. Je devais déguerpir au plus vite, mais il me fallait franchir le brasier naissant pour atteindre le saule pleureur. Sans trop me poser de questions, je m’exécutai. C’est un peu par chance que je parvins à atteindre la branche qui me sauva d’une chute mortelle. J’étais pourtant loin d’être tiré d’affaire. Bien que j’évoluasse le plus discrètement possible dans le feuillage, une flèche vint se planter à quelques centimètres de ma tête.

    — Là, dans l’arbre, regardez ! Un gosse ! Je crois que je l’ai touché ! hurla un soldat.

    Le colosse à la grande épée fut pris alors d’un soubresaut et secoua la tête en trépignant comme un dément. Il fit claquer son fouet rutilant en criaillant :

    — C’est lui ! Ça ne peut être que lui ! Tuez-le ! C’est notre guide qui vous l’ordonne ! Il doit mourir ! Vorst vous récompensera de mille richesses ! Éliminez-le et rapportez-moi son corps !

    — À vos ordres, Seigneur Rëkn ! répondit d’une seule voix le régiment.

    Une seule solution pour m’en tirer : passer du saule au frêne ; ensuite, courir ventre à terre le long de la branche principale qui descend vers le pommier et de là, me glisser dans la haie d’aubépines. Cette dernière étape m’était familière, mais le plus difficile était d’atteindre le pommier.

    Pour me mettre hors de portée des traits des archers, je grimpai jusqu’à la ramure du saule. Facilement, j’accédai aux branches du frêne. De cette hauteur, il était plus aisé de sauter dans le pommier en contrebas. Cette solution, pour plus rapide qu’elle fût, nécessitait une voltige dangereuse, voire suicidaire. Une nouvelle flèche tirée dans ma direction me décida à dépasser mon appréhension. Je m’élançai dans les airs… À l’apogée de mon saut, une flèche siffla encore à mes oreilles, mais aussitôt le pommier me reçut comme son meilleur ami et me fit rebondir vers l’endroit précis où je comptais atterrir pour m’enfuir : sous le feuillage épais de l’aubépine ! Je connaissais un peu cette aubépine : un couloir de végétation à l’abri des regards qui pouvait m’amener trente pas plus loin à la lisière de la forêt de Sakalava.

    Mes poursuivants n’entendaient pas lâcher prise et les flèches jaillissaient aux alentours, se fichant entre les ramures de la haie. Juste à ma suite, un filin argenté traversa les branches en ligne droite, détruisant tout sur son passage. Le mince câble était prolongé par une sorte de crampon qui alla s’agripper à un tronc. Cette terminaison articulée déchiqueta l’écorce et s’enfonça profondément, trouant quasiment l’arbre de part en part avant de faire chemin inverse. C’était l’arme étrange qui avait éventré mon père. Je me mouvais le plus rapidement possible dans l’épais feuillage. Autour de moi, j’entendais les traits ricocher et se casser dans les branches. Ne pouvant me discerner précisément, les archers tiraient au jugé dans la feuillée, incapables de présupposer la vitesse de mon déplacement. Au fur et à mesure de ma progression, je m’éloignais du bruit des projectiles pour atteindre bientôt la lisière de la forêt. Au loin, j’entendais leurs vociférations.

    Cette forêt était touffue et les

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