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Dragons: Les disparues de Niort
Dragons: Les disparues de Niort
Dragons: Les disparues de Niort
Livre électronique320 pages4 heures

Dragons: Les disparues de Niort

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À propos de ce livre électronique

Des enlèvements et meurtres en série à n'en plus finir lancent le procureur et le commandant sur la piste d'un tueur mystique...

L'année 2013 s'ouvre de façon crépusculaire pour le procureur Lacoste et le commandant Poupeau : deux jeunes filles ont été découvertes mortes, éviscérées, lardées de stries identiques et le visage brûlé. Yankee et Gautier sont appelés à la rescousse. Tous vont s'employer à traquer un tueur extrêmement subtil et machiavélique qui se croit investi d'une mission divine ! 

Un polar passionnant, qui lie actualité réelle et fantasmes ésotériques et nous donne un aperçu de l'esprit froid, méthodique mais égaré d'un psychopathe convaincu.

EXTRAIT

Elle se réveilla doucement, complètement ankylosée et avec un mal de tête persistant.
Elle commença à s’orienter et essaya de bouger lentement.
Ses yeux essayaient de comprendre difficilement dans quel environnement elle reposait mais elle sentit une forte odeur d’antiseptique ou un liquide approchant, de ceux dont on se sert dans les cliniques ou les établissements hospitaliers.
Sa tête heurta rapidement ce qui était un plafond très bas, puis, sa vue s’étant habituée, elle distingua un grillage et cinq autres pans en aluminium.
Elle essaya de changer de position et du se rendre à l’évidence : Elle était dans une cage !
Un espace d’environ soixante sur soixante qui donnait sur un couloir faiblement éclairé par une veilleuse.
Une forte odeur de produit nettoyant envahissait la pièce et irritait le nez.
Ses maux de tête reprirent de plus belle et elle eut envie de vomir.
Elle toucha ses vêtements et constata qu’elle n’était pas blessée.
Tout juste s’était elle fait dessus car son urine avait imprégné son jean.
Elle toucha les endroits ou elle avait senti l’aiguille pénétrer. En haut de l’épaule et dans le creux du bras. Un hématome s’était formé.
Depuis combien de temps était-elle là ?

À PROPOS DE L'AUTEUR

Bruno Bouchière est responsable de projets en Ressources Humaines et Formation au sein de la MAAF. Le Neuvième cercle est son second polar après Pretium doloris – Meurtres au pays des mutuelles paru chez le même éditeur.
LangueFrançais
Date de sortie31 oct. 2019
ISBN9791035305918
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    Aperçu du livre

    Dragons - Bruno Bouchière

    DRAGONSDENIORT.jpg

    Dragons

    Collection dirigée par Thierry Lucas

    © 2019 – – 79260 La Crèche

    Tous droits réservés pour tous pays

    Bruno Bouchière

    Dragons

    « L’enlèvement va bientôt se produire.

    Juste avant l’enlèvement, nous devons nous attendre à un avertissement précis, qui nous montrera que Jésus va bientôt revenir pour enlever son église.

    Il se peut que certains seulement entendent cet avertissement…

    … Alors le royaume des cieux sera semblable à dix vierges qui, ayant pris leurs lampes, allèrent à la rencontre de l’époux… »

    Matthieu

    i.

    Sa pupille elliptique ne lui permettait qu’une position verticale et le renard se figea soudainement.

    Il pressentait quelque chose d’anormal.

    Sa vision était sensible aux mouvements et ici, à ce moment, il ne voyait rien.

    Bientôt, il sentit une odeur plus familière et avec prudence s’approcha de la forme inerte allongée par terre.

    Il la renifla avec méfiance puis commença par la lécher soigneusement.

    Il mordilla quelques morceaux de chair plus secs que le reste du corps puis attaqua les intestins qui sortaient d’un sac poubelle à côté de la forme, sur l’herbe mouillée.

    Il venait de passer une matinée de merde à dénicher de quoi se nourrir et ce qu’il avait devant lui méritait largement les longues heures passées à rechercher, en pataugeant dans les champs inondés, des grenouilles et autres lézards du côté d’Irleau.

    Sans compter la ruse qu’il avait fallu qu’il déploie pour éviter la horde des connards à casquettes, accompagnés de leurs clébards tous aussi tarés qui recherchaient du chevreuil à tuer.

    Le goût du sang, à eux comme à lui, faisait perdre toute raison.

    À tel point qu’il remarqua à peine la forme qui émergea devant lui.

    Un corps couvert de poils et une tête hideuse le regardaient fixement.

    Cette chose ne ressemblait en rien aux animaux de la forêt et encore moins à un humain.

    En fait, ce qu’il venait d’apercevoir dépassait tout ce qu’il était possible d’imaginer.

    Même pour un renard !

    Il glapit de façon hystérique avant de décamper à la vitesse d’un canidé supersonique.

    « Pour ce qui est du jour et de l’heure, nul n’en sait rien, pas même les anges du ciel, mais le Père seul… »

    iI.

    « Ce sont eux qui ont trouvé le corps ? »

    Le procureur Lacoste désignait le groupe de chasseurs, rassemblés sur le parking qui leur était réservé le long de la sèvre, juste avant le cul de sac des « Cabanes de la sèvre » à Irleau : « Oui, répondit le commandant Poupeau, ils étaient sur une battue au chevreuil quand ils sont tombés dessus. »

    Les deux hommes regardaient avec horreur le spectacle qui s’offrait à eux :

    La fille, ou du moins ce qu’il en restait, devait avoir dix sept ou dix huit ans.

    Elle était nue, le visage qui avait du être très beau autrefois, n’était désormais qu’une peau brûlée, craquelée, sauf les yeux.

    « Comme la croûte d’une frangipane ! » pensa Lacoste.

    Après tout, la saison des galettes des rois allait commencer dans quelques jours.

    Ce qui rendait son image très acceptable, malgré un goût douteux qui lui fit honte.

    Les grands yeux verts de la morte fixaient le faîte des peupliers secoués par le vent et la pluie.

    Seules ressortaient la blondeur de ses cheveux ainsi que la pâleur de sa peau diaphane.

    Elle était lacérée de deux stries profondes et régulières en V depuis les épaules jusqu’au milieu de la poitrine.

    Enfin, et comme si ce n’était pas suffisant, elle avait été éventrée verticalement du nombril jusqu’au mont de Vénus puis horizontalement de part et d’autre du pelvis et ses viscères gisaient à côté d’elle dans un sac poubelle noir. Les organes utérins avaient été épargnés par ce traitement et avaient conservé leur place initiale à l’intérieur du corps : « Bordel de merde, gronda le procureur, quel est le putain d’enfoiré qui a pu faire ça ?

    — Ça pourrait bien être le même que l’autre fille Monsieur le procureur, rajouta Poupeau.

    — C’est vrai, c’est la deuxième en peu de temps, murmura Lacoste. Il va nous falloir des renforts Poupeau. Ces deux cadavres ne me disent rien qui vaille… »

    En effet, peu de jours avant, un premier corps avait été découvert à quelques kilomètres de là, de l’autre côté de la rivière, non loin du camping de La Garette.

    Pose identique, comme aurait dit un profiler, mêmes mutilations et brûlures au visage, éviscération puis mise des organes sur le côté dans un sac poubelle noir identique à celui qu’ils avaient sous les yeux.

    Ce premier cadavre avait été Sophie Audurier, une jeune adolescente de dix huit ans.

    Les signalements avaient fait l’objet d’une requête auprès du SRPJ comme il se devait mais il avait vite fallu se rendre à l’évidence : Les archives les plus sordides n’avaient rien donné.

    L’enquête incombait désormais à la gendarmerie.

    Le procureur avait du expliquer la situation lors d’une première conférence de presse devant des médias survoltés.

    « … Non, continua Lacoste, vraiment rien qui vaille.

    — Vous pensez à la même chose que moi Monsieur le procureur ?

    — Dites toujours ?

    — Devant cette pose disons… ésotérique à souhait, je vois deux personnes qui pourraient nous être sacrément utiles.

    — L’américain et sa brigade par exemple ?…

    — … Oui, et Gautier. Mais il me faut votre accord.

    — Vous l’avez. »

    Lacoste marqua une pause avant de répondre : « Vous avez raison, nous allons hélas finir par nous habituer à eux. J’active Yankee et son équipe. Ils ne sont qu’à un vol d’hélico après tout ! Le juge d’instruction est cloué au lit par une satanée grippe et j’ai le sentiment qu’avec un temps pareil ça ne devrait pas tarder non plus à nous tomber dessus. Il faut que je prépare ce que je vais dire aux médias une fois encore. Quand à vous, contactez Gautier. Dites lui qu’il est missionné officiellement et qu’il sera rémunéré au tarif d’un fonctionnaire de justice. Il entre dans la cour des grands. Le juge me suivra.

    — Je ne suis pas certain que l’argument de la rémunération soit nécessaire ! Plaisanta le gendarme, même si le moment n’était guère choisi pour sourire.

    — Exact. Il viendra pour le fun comme on dit de nos jours. En parallèle, vous me gardez ces braves chasseurs au chaud et vous commencez l’enquête de routine en attendant le légiste et la fine équipe. Protégez aussi la scène de crime et couvrez le corps d’une tente en attendant Gautier et l’américain. Ces satanés journalistes ne vont certainement pas tarder à venir fourrer leur nez dans nos affaires. Je ne saurai jamais comment ils font pour arriver aussi vite sur un cadavre ? Je ne veux pas de clichés de cette gamine ni aucune déclaration. C’est clair Poupeau ?

    — Limpide Monsieur le procureur.

    — Et si vous connaissez quelqu’un d’assez fort ou assez influent pour faire cesser cette pluie de merde, que ce soit Dieu ou le diable, ou n’importe qui d’autre, vous le réquisitionnez aussi ! J’en profiterai pour lui demander de m’expliquer l’intérêt d’une telle sauvagerie ! Et de vous à moi, je commence sérieusement à me demander pourquoi j’ai accepté une mutation dans votre pays de tarés ! – il marqua une pause – Et je vous en conjure, ne me répondez pas, comme pourrait le faire Gautier : « Pour la beauté du marais » ! »

    IIi.

    Les notes cristallines de « The czar », extrait de Crack the sky de Mastodon, rappelaient à Gautier le début d’une série sur Canal Plus, comme Les revenants ou quelque chose d’approchant.

    Depuis la fenêtre de son bureau, il regardait le ballet incessant des oiseaux qui faisaient des allers-retours entre chaque mangeoire, chacun défendant sa part de gâteau.

    À ce petit jeu, le rouge gorge était incontestablement le patron, mais les mésanges se comportaient de façon plus subtile pour contourner la garde du volatile autour des graines de tournesol et ripailler copieusement.

    Seuls les étourneaux, une fois encore, faisaient office de gros balourds tant ils étaient incapables de se servir aux distributeurs.

    Il regardait l’extérieur toujours aussi sombre malgré le fait qu’il était à peine deux heures de l’après-midi.

    Certes, nous étions le 27 décembre et la lourdeur du ciel reflétait assez bien ce qu’était un surlendemain de réveillon, mais quand même !

    Le terme « crépusculaire » semblait parfaitement approprié pour décrire l’aspect du ciel.

    Il avait été surpris par l’appel de Poupeau ainsi que par la mission officielle que venait de lui confier la sainte institution nommée « Justice nationale ».

    Surpris mais fier, et heureux aussi de refaire équipe avec Yankee, le jeune gendarme et le procureur Lacoste avec qui il avait sympathisé.

    Lequel procureur mettait en avant « une rémunération officielle ! », identique à celle d’un fonctionnaire de justice, ce qui avait fait sourire Gautier.

    En effet, il suffisait de se pencher sur le barème d’indemnisation de la fonction publique pour provoquer une hilarité non feinte !

    Depuis l’affaire et le démantèlement de la secte des idolâtres, laquelle avait été suivie de l’enquête sur le « Cercle »¹, Gautier commençait à avancer dans sa nouvelle vie de psycho criminologue.

    Il en vivait plus que correctement et surfait sur les succès de ces deux enquêtes.

    Il gardait toujours des séquelles de son ancien métier d’inspecteur corporel pour la MASF ainsi que des contacts furtifs au sein de la mutuelle, donnait quelques conseils ici et là et dispensait des cours de criminologie à Poitiers et Angoulême.

    Il rangea ses bottes et son imperméable molletonné dans le coffre de son véhicule et traversa La Crèche en direction de la rocade pour rejoindre Lacoste et Poupeau.

    Le gendarme l’avait averti : « Je vous préviens, c’est du lourd ! »

    C’est donc avec appréhension que Gautier quitta la rocade pour s’enfoncer dans le marais poitevin.

    Il glissa le CD du groupe Helloween Keeper on the seven Keys - Live in Sao Paulo dont le thème principal évoquait la lutte permanente du bien contre le mal.

    Vaste programme !


    1. Relire Pretium doloris et Le Neuvième Cercle du même auteur.

    iV.

    La pluie tombait sans discontinuer depuis deux semaines au moins.

    6 jours après une fin du monde annoncée, amplifiée, merchandisée et avortée dans l’œuf, les éléments semblaient prendre leur revanche.

    « Prédictions à la con ! » feula Gautier.

    Ce qui n’allait pas arranger les investigations et l’identification du corps.

    Quarante minutes plus tard, il retrouva la scène de crime en suivant la lueur des gyrophares des véhicules de gendarmerie, comme un navigateur se laisse guider par un phare.

    Il les apercevait depuis la sortie d’Irleau, au bout de la petite route cabossée qui menait à la Sèvre.

    De part et d’autre de la route l’eau avait remplacé l’herbe et Gautier dut fouiller longuement dans sa mémoire pour se souvenir quand il avait déjà pu voir autant de flotte.

    Il longea la rivière vers la droite et se gara en face du parking de la chasse, enfila imper et bottes plastiques indispensables, posa un stetson sur son crâne quasi chauve – il ne supportait pas la sensation de la pluie sur la tête – regarda la meute de chasseurs qui attendait sous la pluie et se demanda ce qu’ils pouvaient bien traquer par un temps aussi pourri – Des chevreuils amphibies sans aucun doute ! – puis ce fut le tour des journalistes. Il prit en pleine face les flashs des appareils photos, se fraya un chemin parmi le mur de micros et réussit bien que mal, avec l’aide d’un gendarme, à enjamber le ruban de rubalise qui délimitait la scène de crime puis, enfin, alla saluer le procureur Lacoste et le commandant Poupeau.

    Il félicita le jeune gendarme pour sa promotion : « C’est aussi un peu grâce à vous, se contenta de répondre Poupeau.

    — Vous êtes trop modeste jeune homme, murmura Gautier. Alors, nous avons quoi cette fois ci ?

    — Je suppose que vous ne lisez toujours pas les journaux ? demanda Lacoste.

    — Non, toujours pas. Pourquoi ? J’ai loupé quelque chose ?

    — Nous avons un premier corps, de l’autre côté de la rivière. Il a été trouvé le 21 décembre.

    — Tiens donc ! Le jour de la supposée fin du monde, siffla Gautier.

    — Pour la fille ça l’a été en tout cas. Elle s’appelait Sophie Audurier et elle avait dix huit ans. Elle a été enlevée le 15 décembre selon ses parents. Ils ont prévenu la gendarmerie et la police immédiatement. Sans résultat, hélas… Ou du moins ce qu’il en reste !

    — Sept jours donc ! Ce délai pourrait être un signe, murmura l’ex inspecteur corporel, il faudra creuser de ce côté là. La période de sept jours est importante pour les croyants et les mystiques !

    — Toujours cette belle vivacité d’esprit souligna le procureur. En attendant, mettez vos chaussons de protection et venez voir le corps Gautier. »

    L’ancien inspecteur corporel se pencha sur le cadavre de la jeune fille en réprimant un haut le cœur : « Quelle horreur ! Vous savez qui c’est ?

    — Hélas non ! Pas encore. Mais j’ai comme l’impression que cela ne devrait plus tarder.

    — Est-ce qu’elle a été tuée sur place ?

    — Nous n’en savons rien, comme pour la première, répondit Poupeau, nous attendons le légiste de Yankee. La seule certitude c’est qu’il ne s’embarrasse pas de fioritures. Il pose les viscères à côté de ses victimes, dans un sac poubelle.

    — Ils ne devraient pas tarder à se poser tous les deux, renchérit Lacoste, ils viennent par hélicoptère depuis Bordeaux. Je les ai mandatés en urgent sur ces deux cadavres.

    — Il ou elle fait en sorte qu’on les trouve rapidement, murmura Gautier. Il privilégie l’acte, pas la mise en scène ! Sinon, vous avez des témoignages ?

    — Pour Sophie oui, continua le procureur, des locaux prétendent avoir vu une sorte de yéti, un monstre poilu qui rôdait non loin du coin où on a découvert le premier corps. Mais est-ce fiable ?

    — Vous savez, le marais regorge d’animaux tous plus farfelus les uns que les autres qui alimentent le mystère autour de ces étendues d’eau. Mais la principale espèce remarquable et hélas, protégée, reste nos compatriotes qui y habitent. Il y a même une légende qui aborde le mythe du dragon. Je vous la raconterai à l’occasion. Mais, franchement, les yétis, ça ne court pas les rues dans le coin – Gautier désigna le visage brulé – Et encore moins des bestioles qui manient le chalumeau ! À moins d’avoir affaire à un abominable homme des neiges spécialisé dans la soudure ! Ou à un animal cracheur de feu peut-être !

    — Et pourquoi pas votre dragon ? Renchérit le procureur.

    — Pourquoi pas en effet ! Ricana Gautier, à cause du visage brûlé ?

    — Précisément.

    — Vous allez vite en besogne Monsieur le procureur, mais je vous concède que c’est envisageable. Il faudra creuser également de ce côté-là. »

    Ils furent interrompus par le bruit infernal d’un rotor d’hélicoptère qui descendait vers eux : « Ils arrivent ! Confirma Poupeau. »

    Yankee sauta plutôt que de descendre et atterrit promptement sur l’herbe, très vite suivi du légiste, nettement moins souple que l’américain qui s’exécuta en râlant et failli se vautrer ensuite comme une grosse otarie sur la banquise !

    Trois lieutenants de la criminelle suivirent et sautèrent sur l’herbe grasse.

    Quelques glissades et salutations plus tard, l’américain et le légiste chaussèrent leurs bottes et surbottes de protection avant de rejoindre la tente sous laquelle reposait le corps de la jeune victime.

    À la vue du corps l’américain eut un mauvais rictus l’espace de quelques secondes.

    Gautier n’avait jamais vu le policier réagir de la sorte même devant la série de cadavres inspirés de L’enfer de Dante qui avait constitué le lien de l’enquête précédente.

    « Toi, pensa l’ancien inspecteur corporel, il faudra que tu m’en dises plus ! »

    L’américain et le légiste s’agenouillèrent devant le corps : « La flotte n’a pas arrangé les choses, grogna le légiste, il va vite falloir la mettre au sec.

    — Où est l’autre cadavre ? Demanda Yankee.

    — Elle attend tranquillement à la morgue de Niort, répondit le procureur et elle ne bougera pas, soyez-en surs ! Que pouvez-vous nous dire maintenant toubib ? »

    Le légiste examina la tête grillée :

    « Un chalumeau basique pourrait avoir fait ça.

    — Comme un chalumeau de cuisine ? demanda Gautier. C’est petit, maniable et pratique.

    — Pourquoi pas – il se pencha sur les yeux de la morte – Mydriase bilatérale !

    — C’est-à-dire ? demanda Yankee.

    — La mydriase caractérise une augmentation du diamètre de la pupille, à l’opposé du myosis.

    — Vous m’en direz tant ! Et alors ?

    — Normalement, c’est une réaction logique à la pénombre. C’est aussi le signe annonciateur d’un arrêt cardio-circulatoire. Mais surtout – il marqua une pause – c’est le signe d’une souffrance cérébrale importante !

    — Vous voulez dire qu’elle a souffert avant de mourir. C’est ça ? Appuya Yankee.

    — Possible, il faudra vérifier. »

    Il examina les poignets, le cou et les chevilles : « Elle a été attachée. Regardez les marques bleues aux poignets ? Par contre, et à première vue je ne vois pas d’autres traces de violence, sauf celles-ci, je veux dire.»

    Pour appuyer cette dernière phrase, le légiste suivit ensuite les stries en V puis désigna de son index ganté l’incision profonde : « Vous voyez ici ? Elle a été ouverte en croix juste au dessus du mont de Vénus, en laissant le vagin intact.

    — Et alors ? demanda Lacoste.

    — Ça peut également vouloir dire quelque chose, nota Gautier. Généralement, les tueurs détruisent l’appareil génital depuis le vagin jusqu’au nombril. Pas ici. En plus, la croix reste toujours un classique du genre.

    — Nous avons donc affaire à un tueur empreint de classicisme ? railla Yankee. Vous me voyez rassuré par cette révélation. Quoi d’autre ?

    — J’ai des traces de morsures au bas de l’incision, sans doute faites par un petit animal du coin, un renard ou une loutre par exemple.

    — Ces bestioles ne respectent rien, murmura Yankee. Et cette entaille ?

    — Elle a été faite avec un instrument très tranchant, continua le légiste. Elle est nette et propre. Comme les stries d’ailleurs et le reste du corps.

    — Elle a été nettoyée ? demanda Yankee.

    — Vraisemblablement. J’en reviens à l’entaille. Elle est précise. On aurait pu faire ça avec un scalpel, un rasoir de barbier ou un couteau particulièrement affûté.

    — Ce qui nous ramène à toutes les spécialités médicales, aux professions de la viande et de l’alimentation, entre autres coiffeurs à l’ancienne…

    — Ou aux commandos, ajouta Gautier.

    — Pourquoi ? demanda Lacoste.

    — Parce que les couteaux des forces spéciales, par exemple, sont de véritables rasoirs.

    — Encore possible, confirma le légiste. L’autopsie détaillée nous en dira plus. Vous avez l’air de connaître monsieur Gautier ?

    — J’ai eu le plaisir de sévir deux mois au CNEC de Montlouis, en effet. Simple rappel de ma part en toute modestie Messieurs ! Mais c’était il y a longtemps.

    — … Ouais, vaste programme ! murmura Yankee, les commandos ! J’avais oublié cette catégorie. Mais je suppose que si vous dites ça c’est que vous avez encore une idée derrière la tête mon bon Gautier ?

    — Je repense à l’espèce de yéti que des autochtones auraient aperçu après le premier meurtre, continua l’ex inspecteur corporel…

    — Et alors, quel rapport ?

    — Cette fameuse tête poilue pourrait bien être un ghillie

    — Un quoi ? Fit préciser Lacoste.

    — … Un ghillie, une sorte de costume de camouflage, continua Gautier. Il est conçu pour ressembler à un lourd feuillage, très souvent en osmose avec la végétation du coin ou la saison. Généralement, ce sont les snipers militaires ou les chasseurs qui utilisent ce type d’attirail, mais on peut aussi s’en servir pour approcher des animaux au plus près pour les photographier, par exemple. Ils arrivent à se fondre complètement dans l’environnement même très près de leur cible sans que personne ne remarque rien.

    — Votre hypothèse se tient, avoua Lacoste.

    — Et bien, précisa Poupeau, il ne nous reste plus qu’à interroger la quasi totalité de la population !

    — Où mènent les voies sur berge ? demanda Yankee.

    — Sur la droite la route en terre part vers le pont d’Irleau, répondit Gautier, et à gauche c’est un cul de sac.

    — Vous avez l’air de bien connaître le coin ? appuya Lacoste.

    — Ce qui me place sur la liste des suspects, monsieur le procureur ? Non, je déconne ! Disons que j’ai l’habitude de pêcher le carnassier sur toute cette partie.

    — Et la pêche est encore ouverte ?

    — Jusqu’au 15 janvier, oui.

    — Alors quelqu’un a peut être vu quelque chose d’un côté ou de l’autre, termina le procureur.

    — C’est plus que probable, au moins un véhicule.

    — Ok, je lance un appel à témoins.

    — En attendant vous me ratissez le secteur centimètre par centimètre pour trouver ce véhicule, s’il existe. Enquête de voisinage et tout le toutim ! Toubib, est ce que la victime a été

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