Emmanuel Macron, mon futur antérieur: Témoignage
Par Laurence Biava
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À propos de ce livre électronique
Pas un Journal de Campagne, mais plutôt une succession d'impressions livrées par petites touches, agrémentées quelquefois d’analyses. Là, le propos est axé sur l'identité, la réconciliation des mémoires, l'Histoire et quelques figures tutélaires politiques et littéraires (Mauriac, Mitterrand, de Gaulle) pour faire ressortir le caractère fort et la trempe impressionnante d'Emmanuel Macron très ancré dans un symbolisme historique assez prégnant.
Il suffit de suivre l’actualité émaillée depuis le 7 mai pour comprendre combien il est tourné vers l’avenir tout en restant considérablement marqué par la tradition littéraire classique qui l’a fait. Dans ses discours, ces sensibilités sont clairement avérées, et allons plus loin, ce mimétisme en est, éloquent et troublant.
Entre avenir et tradition littéraire classique, l'auteure livre son analyse personnelle des discours d'Emmanuel Macron.
EXTRAIT
Toutes ces problématiques de la véracité ou facticité de la mémoire dans notre rapport à l'histoire des subjectivités, dans notre rapport à l'histoire d'un sujet aux prises avec ses traces intimes, ses fantasmes et ses apories de souvenirs... Tout cela est essentiel, Emmanuel Macron le sait mieux que quiconque. Oui, comment se souvenir vraiment, avec quel fondement, critère et image psychique fiable et vérace ? C'est toute la trajectoire aussi de la psychanalyse. Emmanuel Macron a forcément analysé – en lien avec le devoir de mémoire – les choses plus à l'aune des communautés et des citoyens. Il y a réellement matière à entretien, à dissertation, à réflexion collective, sur les pourparlers infinis de la mémoire avec soi-même, dans notre façon d'aborder notre fidélité ou notre trahison à nos propres « destins ».
À PROPOS DE L'AUTEUR
Laurence Biava est née en 1964 à Niort. Elle est ponctuellement chroniqueuse littéraire sur Putsch et Actualitté depuis 12 ans, elle a collaboré avec plusieurs Webzines. En mai 2016, elle devient Agent littéraire indépendant, puis collaboratrice parlementaire depuis les Législatives de juillet 2017 jusque fin 2018 car en octobre, elle ajoute une corde supplémentaire à son arc en créant sa propre entreprise – LB–CLC
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Avis sur Emmanuel Macron, mon futur antérieur
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Aperçu du livre
Emmanuel Macron, mon futur antérieur - Laurence Biava
Laurence Biava
Emmanuel Macron, mon futur antérieur
Journal littéraire d'une militante
ycRfQ7XCWLAnHKAUKxt--ZgA2Tk9nR5ITn66GuqoFd_3JKqp5G702Iw2GnZDhayPX8VaxIzTUfw7T8N2cM0E-uuVpP-H6n77mQdOvpH8GM70YSMgax3FqA4SEYHI6UDg_tU85i1ASbalg068-g© Lys Bleu Éditions – Laurence Biava
ISBN : 978-2-37877-865-1
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
La langue de l’Europe, c’est la traduction
Umberto Eco
La vie possède un secret, celui du constant étonnement. Gilbert Keith Chesterton
L'amour est la première hypothèse scientifique pour la reproduction objective du feu. Prométhée est un amant vigoureux plutôt qu'un philosophe intelligent et la vengeance des dieux est une vengeance de jaloux. (...) L'amour n'est qu'un feu à transmettre. Le feu n'est qu'un amour à surprendre.
Gaston Bachelard.
Nous sommes en septembre 2014 et je suis avec un intérêt croissant l’avenir politique d’Emmanuel Macron, ce jeune trublion, iconoclaste, à la part d’imaginaire particulièrement fécond. Je me souviens de cette flambée médiatique totalement disproportionnée – pour ne pas dire inepte – après l’utilisation du terme Illettré par le Ministre de l’Économie pour qualifier, sur les ondes d’Europe 1, certaines salariées des abattoirs de Gad. Encore un procès d’intention bien dégueulasse et injuste mené contre un membre du gouvernement Hollande. Un procès d’intention qui à l’époque, me mit hors de moi et contre lequel je prenais position dans les colonnes d’un webzine qui m’emploie
Dans ces colonnes, je voulais expliquer qu’une personne illettrée est celle qui, bien qu’ayant été scolarisée, éprouve de grandes difficultés à lire, à écrire, et à calculer. Au-delà de tous les dommages que ce type de pénurie(s) voire d’handicaps entraîne, j’exprimais ma stupéfaction devant le fait que nommer l’illettrisme puisse être en soi une insulte, une injure. Il m’apparaît toujours que le terme illettré ne met nullement en défaut l’intelligence de celui qui a dû supporter des carences en lecture, en écriture et en calcul mais pointe plutôt le manque d’enseignements qui a empêché l’individu concerné d’être porté au maximum de ses compétences. La défaillance, en effet, si elle est encombrante, n’est nullement insultante.
Les jours qui ont suivi, on eut l’impression, en cette fin septembre 2014, qu’il fallait bannir l’illettrisme de toute discussion, de crainte de réveiller des peurs (à peine) ancestrales. La menace du Quart-Monde sans doute ? (Oui, le Quart-monde, en France, il existe.) Or, le Ministre Macron avait pourtant eu raison de briser ce tabou en disant les choses naturellement, telles qu’elles se présentent à nous. Je l’entendais déjà évoquer les handicaps sociaux, nommer les problèmes sans faux-semblants, murmurer à l’oreille de chacun une vérité difficile à admettre... Il était déjà étonnant qu’en 2014, dans un contexte de conjecture économico-politique particulièrement laborieux où on reproche tout à tous sans discernement, il soit si houleux pour un ministre de faire entendre sa voix sans se faire systématiquement rabrouer, interpeller sur sa capacité à gérer les problèmes, ou rappeler à l’ordre par une certaine bien-pensance qui ne supporte pas ses élites institutionnelles quand elles n’appartiennent pas à la caste vieillissante..
Ainsi, non seulement Emmanuel Macron n’avait insulté personne mais il avait pris soin de rappeler cette vérité élémentaire en nommant « l’illettrisme ». J’étais et suis plus que jamais convaincue qu’il n’a pas voulu « stigmatiser » – ce mot affreux – une partie de la population mais rappeler une situation qui ne s’améliore pas. Je me suis demandée à quelle sauce il allait être mangé les jours suivants… Allait-on le pendre sur la place publique comme au Moyen-âge pour avoir osé employer un terme qualifié de « maladroit » par les plus nuancés des observateurs ? Au point où on en était des railleries et déjà des attitudes malveillantes, n’allait-on pas surveiller de près son orthographe et se gausser de la sémantique de l’élitiste bardé de diplômes ? Heureusement, il n’en fut presque rien...
Ceux qui critiquent encore aujourd’hui le propos employé à l’époque par Emmanuel Macron ont vraisemblablement oublié que l’illettrisme était la grande cause nationale française en 2013. La première insulte fut d’abord celle-ci : avoir la mémoire courte.
Car avoir la mémoire courte permet d’anesthésier tout le reste. Qui se soucie aujourd’hui encore des tranches de populations analphabètes qui résident dans les milieux carcéraux ?
La seconde insulte réside dans le fait de médire le plus petit que soi.
La troisième insulte, c’est d’ignorer la différence. De taire les déficits. D’éloigner la vérité le plus possible en empruntant des contorsions remarquablement erronées sur ce qu’il aurait fallu dire ou pas. Faire ou pas. D’user de strates de raisonnements absolument moribonds pour discréditer la parole de ce jeune ministre.
La quatrième insulte, en conséquence, c’est de ne pas appeler un chat un chat. De reprocher tout et son contraire à celui qui possède depuis toujours une rhétorique suffisamment élaborée pour précisément avoir su choisir ce mot significatif, clair, éloquent. Ceux qui cherchent midi à quatorze heures n’avaient, après tout, qu’à se munir d’un dictionnaire…
L’insulte suprême, c’est l’exclusion sociétale de tous ces adultes illettrés alors que l’école est obligatoire depuis plus de 80 ans.
À mon sens, le seul tort d’Emmanuel Macron, s’il en est un, était d’avoir présenté des excuses pour une faute qu’il n’avait nullement commise. Il ne fallait ni s’excuser ni se justifier. Juste expliquer l’usage du mot. Peut-on encore ignorer qu’une personne illettrée souhaite qu’on lui parle de son illettrisme, pas qu’on contourne son handicap en y injectant, comme la plupart le font, de la pitié ou une misérable commisération (tout comme une personne handicapée moteur n’aura de cesse de penser qu’on lui jette un discrédit si on ne considère pas sa différence à l’œil nu).
Les personnes concernées de Gad se sont dites blessées parce que personne n’est venu leur expliquer l’empathie légendaire d’Emmanuel Macron mais justement le contraire. À tort. Et voilà comment une machine médiatique s’est encore emballée à mauvais escient, avec pour seul alibi, la volonté de ternir l’honneur d’un homme.
Cher Emmanuel Macron,
Je vous écris aujourd’hui, jour de votre anniversaire. Je le sais, votre année 2017 sera glorieuse. Plus vive encore et plus transcendée que celle qui s'achève. Je pense à cette puissance, ces ardeurs et impétuosités que vous dégagez. De notre côté, en toute cohérence et parce que le mécanisme de l'engagement fonctionne ainsi, nous Marcheurs des premiers jours, des premières heures, nous continuerons de fédérer, de nous répandre, d'investir énergie, vaillance et rigueur afin de vous faire élire à la tête du pays. Nous sommes désormais en parfaite maîtrise de ce que nous voulons, nous avons dépassé le stade de l'attention, de l'intuition, de l'énonciation. Nous savons nous saisir des événements, des situations, nous tissons avec vous une nouvelle histoire avec nos propres perceptions.
Vous savez l'esprit littéraire qui me sied. Je souhaite accorder une visibilité particulière à vos textes publiés dans la revue Esprit. Au fil des jours, je vais faire en sorte que l’espace confiné que je vous consacre sur les réseaux sociaux contienne toutes références littéraires et philosophiques – y compris portraits d'écrivains, et couvertures de romans –, références que vous nommez dans vos interventions quelles qu'elles soient et d'où qu'elles viennent, ainsi que les entretiens et/rencontres littéraires que vous ferez à l'occasion de la parution de votre livre « Révolution ».
Vos quelques propositions qui ont jailli dans la presse depuis la rentrée littéraire de septembre 2016 sont intéressantes et saillantes, cassant avec les réflexes verbeux et sédentaires des autres porte-voix. Je pense que ces propositions aident à comprendre les vrais enjeux et les changements en cours. Votre grille de lecture du monde, qui fait la part belle à la volonté, est une vision unique en son genre, en ce qu'elle transgresse les dogmes habituels auxquels les partis classiques nous ont habitués. Je ne partage pas forcément toutes vos premières idées phares – notamment la fin des Contrats Aidés dans le secteur public : pourquoi ? – mais elles ont le mérite de n'être pas édulcorées et permettent à ceux qui ne doutent plus avec vous d'une refondation politique admirable, de tracer un cap, une perspective et des priorités novatrices, pour un engagement définitivement progressiste.
C’est peu de dire que j'attends le meeting du 10 décembre 2016 avec impatience... 10 décembre : jour Anniversaire de la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen. Cette date ne peut naturellement pas avoir été choisie par hasard...
Et, en ces temps de forte cohésion nationale et républicaine où nous rendons hommage aux victimes du terrorisme, dans ces moments difficiles où notre éminente réflexion sensible, approfondie, j'allais dire : viscérale autour « du devoir de mémoire » apparaît plus que jamais nécessaire et justifiée, je me demandais, s'il n’était pas opportun de lire précisément en ce 10 décembre un extrait de cette thèse sur Paul Ricœur : « La lumière blanche du passé. — Lecture de la Mémoire, l'histoire, l'oubli »
Je sais que ma suggestion est osée. Pourtant, à la lueur des questions centrales abordées dans ce texte, « qu'est-ce que la représentation d'une chose passée ? De l'ambition de fidélité de la mémoire à la visée véritative de l'histoire en passant par l'attestation du témoignage, l'énigme de la représentation.... et de ce qui est écrit. « Quelles relations se tissent entre mémoire et histoire, entre ces rapports au passé au cœur desquels émerge en filigrane l'oubli...