Dans un très bel entretien au Monde, Delphine Horvilleur, évoquant l’attaque du Hamas contre Israël, dénonce la « faille empathique majeure qui risquerait de nous enfermer un peu plus dans un entre-soi d’empathies sélectives ». Que peut le politique pour lutter contre cela?
Raphaël Glucksmann Nous assistons à la constitution de bulles cognitives, informationnelles et émotionnelles qui annihilent toute possibilité d’émotion commune à tous, la condition d’un débat politique commun. C’est la défaite de l’universalisme et de l’idée même de République qui se joue en ce moment. Qu’il s’agisse d’Israël, du Hamas, du pogrom du 7 octobre ou du calvaire des civils palestiniens à Gaza, nous voyons des mondes qui ne se touchent plus. Certains pleurent exclusivement les civils israéliens qui se sont fait massacrer par les terroristes du Hamas, tandis que d’autres n’ont accès qu’aux images des bombardements de Gaza et des victimes palestiniennes.
Entre les deux, il devient extrêmement compliqué de préserver une capacité d’empathie collective, par-delà les