C’est un temps âpre à la violence incontrôlable. Des antivax, des anti-passe, des antitout et, pourquoi pas, pendant qu’on y est, des anti-antitout s’en prennent aux domiciles des députés, voire les lapident devant leur domicile avec des galets après les avoir assaisonnés de varech. Le parti des gens qui ne sont pas sûrs d’avoir raison peut se faire du souci. Doit-on en conclure qu’on a les électeurs ou, au contraire, les politiques qu’on mérite ? Voire les deux ? Chloé Morin a sûrement son idée sur la question. Justement, la voici qui apparaît, masquée, bien sûr, ombre discrète dont je ne distingue au premier abord que le regard intense, deux billes sombres d’où jaillissent des petites flammes, alors que nous prenons place dans un bureau des éditions Fayard, son éditeur.
Chloé Morin est une personnalité médiatique qui monte, même si elle n’aimerait sans doute pas ce terme. Venue de la politique où elle servit en qualité de conseillère de Jean-Marc Ayrault puis, beaucoup plus longuement, de Manuel Valls, cette jeune femme blonde de 34 ansChloé Morin s’est fait une spécialité de lanceuse d’alerte sur tout ce qui touche au périmètre hautement inflammable du politique, un domaine qui, constate-t-elle avec une acuité tranchante tournant le dos au lénifiant discours consensuel, est désormais l’objet non seulement de dédain mais aussi d’accès de fièvre brûlante. Cette terrifiante montée d’une colère désormais sans limite, que la crise de la Covid a encore accentuée, est l’un des thèmes de son nouveau livre dont le titre, annonce la couleur.