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Je ne sais rien... mais je dirai tout!: Mémoires d'un relationniste
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Je ne sais rien... mais je dirai tout!: Mémoires d'un relationniste
Livre électronique299 pages5 heures

Je ne sais rien... mais je dirai tout!: Mémoires d'un relationniste

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À propos de ce livre électronique

Il est passé 20 h et je suis encore au bureau. Je fignole les derniers détails administratifs de l’allocution du ministre et du communiqué de presse en vue de l’annonce du prolongement du métro à Laval demain matin. À quelques heures de l’événement, il ne doit y avoir qu’une seule station. Mon directeur me demande alors d’en ajouter une dans l’bout du Cégep Montmorency.

Relationniste-médias et conseiller en communication gouvernemental pendant plusieurs décennies, Yvan Paquette fut un témoin privilégié d’événements marquants tels que les crises du verglas et d’Oka, la tragédie routière des Éboulements, la chute de viaducs à Laval, mais aussi du passage à l’an 2000, de cérémonies protocolaires de mises en chantier et d’inaugurations de projets routiers et de transport collectif d’envergure. Libéré de son devoir de réserve il accomplit un devoir de mémoire en levant le rideau sur ce qu’il ne devait pas révéler.
LangueFrançais
Date de sortie26 août 2021
ISBN9782897755188
Je ne sais rien... mais je dirai tout!: Mémoires d'un relationniste
Auteur

Yvan Paquette

Relationniste-médias et conseiller en communication gouvernemental pendant plusieurs décennies, Yvan Paquette fut un témoin privilégié d’événements marquants tels que les crises du verglas et d’Oka, la tragédie routière des Éboulements, la chute de viaducs à Laval, mais aussi du passage à l’an 2000, de cérémonies protocolaires de mises en chantier et d’inaugurations de projets routiers et de transport collectif d’envergure.

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    Aperçu du livre

    Je ne sais rien... mais je dirai tout! - Yvan Paquette

    PRÉFACE

    Un partenariat donnant/donnant et gagnant/gagnant

    On dit du quatrième pouvoir, celui des médias, qu’il doit être indépendant des trois autres pouvoirs que sont le législatif, l’exécutif et le judiciaire. C’est faux ! J’ai toujours cru que le pouvoir des médias pouvait plutôt être complémentaire des autres instances sans pour autant miner son indépendance et sa crédibilité.

    Durant mes dix-huit ans à titre de chroniqueur à la circulation aux antennes française et anglaise de Radio-Canada/CBC, j’ai pu bien servir les auditoires, grâce notamment à une étroite relation avec le ministère des Transports, nous avions en quelque sorte les mêmes clients.

    Yvan Paquette fut non seulement un agent d’information au MTQ, mais aussi un agent de liaison avec les chroniqueurs à la circulation. Il acheminait à qui de droit au ministère les remarques/suggestions des chroniqueurs quant aux mesures potentielles pouvant améliorer le réseau routier et sa gestion. Inversement, il utilisait le même canal pour aider les automobilistes à mieux gérer, et même comprendre certaines situations qui pouvaient être contraignantes.

    Avec la prolifération des diverses plateformes de communication de tout genre, il est regrettable de voir aujourd’hui les médias, les instances publiques, voire même les individus eux-mêmes qui pourfendent sans nuance sur les réseaux sociaux, travailler tous en silo sans interrelation comme autrefois. Ce clivage ne sert pas mieux la population.

    Puisse cet ouvrage constituer un rappel que « pour savoir où on va, il faut savoir d’où on vient » et que « le passé est garant de l’avenir ». Voilà des clichés oubliés qui pourtant ont toujours leur raison d’être que la mémoire vivante d’Yvan Paquette saura rappeler.

    Roger Laroche

    Chroniqueur de circulation

    Radio-Canada/CBC

    INTRODUCTION

    Le ciel nous a donné deux oreilles pour écouter et une bouche pour parler. Nous devrions donc écouter deux fois plus que parler.

    – Proverbe chinois.

    Au terme d’une carrière de quarante-cinq ans au service public, j’ai fouillé dans mon disque dur crânien afin de partager avec le public qui a pu me voir, m’entendre et me lire dans les médias lors d’événements marquants dans l’actualité québécoise les confidences d’un relationniste qui ne pouvait pas tout révéler. En fait, je devais tout dire sans toujours savoir ou ne rien dire quand j’en savais plus. Étant libéré de mes attaches professionnelles, je peux larguer les amarres et révéler tout ce qui n’a pas été dit… ou presque.

    Tantôt relationniste et porte-parole, j’ai été mis à l’avant des projecteurs lors de crises, d’événements qui ont secoué le Québec et de tragiques accidents. Tantôt conseiller en communication, j’ai rédigé des allocutions et des communiqués de presse, organisé des cérémonies de mise en chantier et d’inauguration. Les mots-clics crises d’Oka et du verglas, chute des viaducs du Souvenir et Concorde, prolongement du métro à Laval et autres font jaillir dans ma tête des centaines de mégapixels de souvenirs.

    Parcourir le Québec et particulièrement la région de Montréal en automobile est pour moi une expérience qui n’est pas à la portée de tous. Je conduis dans un mode de réalité augmentée. Je vois apparaître des personnes décédées, des collègues heurtés à mort, un jeune bambin sans vie à la suite d’un plongeon au bas de la Métropolitaine, des dignitaires inaugurant une autoroute ou une nouvelle ligne de train de banlieue, une ancienne guérite de péage, un ministre à vélo, des cars de reportage…

    J’ai eu le privilège de ne pas faire carrière devant un poste informatique. D’ailleurs, l’ordinateur, le téléphone intelligent et les réseaux sociaux ne faisaient pas partie de nos outils de communication dans les années 1970. Je me déplaçais pour une entrevue sur les chantiers, sur les lieux d’une tragédie, ou tout simplement pour prendre un café avec des professionnels, des contremaîtres et des ouvriers de voirie, pour lier des amitiés, écouter, parfaire mes connaissances et approfondir un dossier. À ma manière, j’appliquais la « méthode Claude Poirier » qui affirme encore que le vrai journalisme se fait sur le terrain.

    C’est une visite sur le terrain à laquelle je vous convie à travers ces pages. Elle alimentera peut-être quelques réflexions, fera tomber certains préjugés et provoquera d’autres questionnements, mais ne vous laissera certainement pas indifférent. Montez à bord, c’est parti.

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    Œuvre du graphiste Raymond Pominville remis à l’auteur lors

    de son départ du MTQ à la Sécurité civile du Québec en 1999

    ÉVOLUTION – RÉVOLUTION

    Une société en évolution

    La Seconde Guerre mondiale a démontré l’importance des routes pour déplacer les troupes, acheminer du matériel. Quand un pont était détruit, on ne pouvait plus ravitailler les soldats en nourriture ni en armement. Ceux et celles qui n’étaient pas sur la ligne de front construisaient et entretenaient des navires, des avions, des chars d’assaut, fabriquaient des armes et des munitions, acheminaient des vêtements et de la nourriture à nos défenseurs de la liberté, prodiguaient des soins aux soldats blessés. On vivait le plein emploi et la civilisation réalisait enfin que les femmes pouvaient être utiles ailleurs qu’à la maison…

    Lorsque le dernier obus fut tiré et que la paix fut conclue, ce fut le retour au bercail et à une dure réalité qui frappait tout le monde. Que faire de ces vétérans encore dans la jeunesse, de toute cette main-d’œuvre qui se retrouvait soudainement sans emploi ? Comment profiter de ces technologies qui avaient fait des progrès remarquables ? On va donc construire des routes, reconstruire les bâtiments qui ont été détruits, mettre au service des citoyens les avancées technologiques qui avaient été développées pour les détruire… Un ingénieur allemand qui avait conçu un missile balistique se retrouva à la NASA afin de permettre aux Américains de dominer l’espace. Des ingénieurs qui avaient construit des bunkers appliqueront ces procédés pour construire des routes en béton. Un reporter-rédacteur et correspondant de guerre deviendra premier ministre du Québec en 1976.

    Dans les années 1950, le foyer type se composait d’un homme, d’une femme et d’enfants occupant un même domicile. Pour compléter le portrait, la famille possédait une automobile conduite généralement par l’époux qui se rendait à son boulot à une distance raisonnable de son domicile. Tous prenaient place à bord de l’unique voiture pour des visites familiales. L’enfant devenu élève marchait jusqu’à l’école de son quartier et on faisait son épicerie au marché du coin.

    Sur le plan démographique, la population était en croissance surtout dans les grands centres urbains même si les familles y étaient moins nombreuses. Les petits villages se désertaient lentement mais sûrement au profit des agglomérations urbaines. Fort de ces constats et en ayant à l’esprit la mentalité d’époque, les ingénieurs vont concevoir un réseau routier qui répondra aux besoins anticipés de la population pour de nombreuses décennies.

    Qui aurait pu prédire alors l’arrivée massive sur le marché du travail des femmes et, par surcroit, dans des emplois occupés traditionnellement par des hommes ? Qui aurait pu imaginer l’éclatement de la famille qui fait en sorte qu’un même nombre d’individus se retrouve en deux endroits différents avec deux automobiles ? Quel parent aurait pu songer que son enfant soit transporté à la garderie ou à l’école par autobus, ou qu’il doive l’y déposer avant d’aller travailler ? Que l’enfant devenu ado ou jeune adulte possèderait une automobile pour se rendre au cégep ou à l’université ? Qui aurait pu penser que les marchandises ne soient plus transportées par train, mais par des camions convertis en entrepôts roulants ? Et il n’est plus rare de parcourir de très longues distances entre le dodo et le boulot…

    Par conséquent, le nombre et la durée des déplacements se sont accrus de façon effrénée, faisant en sorte que la capacité théorique du réseau routier fut atteinte beaucoup plus rapidement que prévu avec les problèmes de congestion récurrente que l’on subit depuis des décennies. Et cette tendance sera difficile à renverser.

    Sur le plan médiatique, l’apparition de la télévision au début des années 1950 devait sonner le glas pour la radio. Il n’en fut rien. Ce sont maintenant les réseaux sociaux qui menacent les médias traditionnels, qu’ils soient écrits ou électroniques.

    Révolution technologique

    Comme passe-temps, je suis radio amateur ; un hobby permettant de communiquer et d’expérimenter. Au début des années 1970, je fus invité à assister à une expérience particulière à l’aéroport de Saint-Hubert sur la Rive-Sud de Montréal. Quelques amis techniciens de Radio-Canada avec des radios amateurs effectuaient des tests en préparation des Jeux olympiques de 1976 à Montréal.

    Un technicien était assis à l’arrière d’un véhicule automobile étrange dépouillé de sa carrosserie. Il réglait une caméra de télévision dirigée vers l’arrière. Une antenne parabolique était fixée à la verticale en droite ligne avec un hélicoptère en vol stationnaire au-dessus du véhicule. L’hélicoptère devait servir de relai pour acheminer le signal vers l’antenne de Radio-Canada sur le Mont-Royal et de là, à la régie centrale. Le véhicule et son escorte aérienne se mirent en mouvement sur la piste de l’aéroport. La synchronisation devait être parfaite pour éviter la perte de signal. L’expérience fut concluante. L’autocaméra était née et servira à filmer et à diffuser en direct les compétitions de cyclisme aux Olympiques de 1976. 

    Durant la visite du pape en 1985, et prêtée pour l’occasion par le ministère des Transports, je fus affecté à la salle de presse au Stade olympique pour aider les journalistes à couvrir cet événement unique. Nous leur avions aménagé des postes de travail avec un téléphone et une machine à écrire Selectric II pour écrire leur topo. Les journalistes s’installèrent, les photographes de presse arpentèrent le terrain en attente du Pape Jean-Paul II qui était en route depuis le parc Jarry. Céline Dion était en place avec de jeunes filles toutes vêtues de blanc et pieds nus dans l’eau sur un terrain recouvert d’un plastique. Sa prestation Une Colombe  attendait son envol.

    Pour l’instant, l’attention à la salle de presse s’était détournée sur deux journalistes qui avaient réclamé le retrait de leur machine à écrire. Ils sortirent un appareil étrange de leur valise : un ordinateur personnel portable Tandy de Radio Shack. Introduit dernièrement sur le marché, il comprenait un clavier avec écran à cristaux liquides et un modem qu’ils raccordèrent prestement à une ligne téléphonique. Ainsi équipés, les deux journalistes purent rédiger leur papier plus rapidement et firent parvenir leur article au journal par voie téléphonique. La Rédaction dut attendre cependant le retour du photographe afin de développer le film et joindre les photos à l’article. Le numérique était encore loin.

    Dans les années 1980, les reportages réalisés à l’extérieur des studios mobilisaient une équipe composée d’un journaliste, d’un caméraman portant un lourd magnétoscope en bandoulière et d’un preneur de son. L’acquisition de la caméra Betacam par les réseaux de télévision durant cette décennie permettra de réduire l’équipe et d’alléger le poids transporté par le caméraman. Néanmoins, il fallait encore retourner aux studios afin d’effectuer le montage du reportage pour diffusion au bulletin de nouvelles en soirée. Les années 1990 virent apparaître des camions-satellites facilitant la diffusion instantanée de reportages. Je me souviens que TVA avait vu son camion-satellite fabriqué chez nos voisins américains retenu aux douanes, car il n’était pas conforme à la réglementation pour la circulation sur nos routes en raison de son poids ou de ses dimensions. La situation fut régularisée par la suite. Ces équipements ajoutèrent de la mobilité aux équipes et permirent de diffuser des reportages en direct. Pas étonnant donc de voir naître des chaînes de nouvelles en continu durant cette décennie (RDI en 1995 et LCN en 1997). La compétition était – et demeure – féroce et la mise en ondes doit se faire avant le réseau concurrent. Les journalistes ont de moins en moins de temps pour préparer et réaliser les reportages et doivent alimenter la machine plusieurs fois durant la journée, ajouter quelques éléments d’information en cours de route plutôt que d’attendre la livraison d’un produit complet et final. Anecdote.

    Au beau milieu d’une tempête, je fus appelé à l’entrée du pont Jacques-Cartier afin de répondre aux interrogations des journalistes sur les conditions routières et sur les opérations de déneigement et de déglaçage sur les routes. Toutes les chaînes de télévision francophones et anglophones étaient sur place, y compris RDI et LCN. Je passai d’une caméra à une autre pour livrer mon baratin habituel : « Les routes principales sont enneigées et la visibilité varie de passable à nulle. Il y a de la poudrerie et la chaussée est glissante par endroit. Toutes nos équipes sont à l’œuvre. Soyez prudents. » Après cette tournée des médias, la journaliste d’une chaîne télé en continu me prit à distance et me demanda de faire un topo pour le bulletin de nouvelles du midi et un autre pour diffusion en soirée… On changea l’angle de prise de vue et on me mit à l’abri de la tempête qui faisait toujours rage. J’enlevai la neige qui recouvrait mon paletot puis je dressai le tableau des opérations qui « s’étaient déroulées durant la journée ». Bien sûr, je remerciai les usagers de la route pour leur collaboration et leur patience. Dans le confort de mon foyer en fin de journée, je m’amuserai avec ma petite famille à me voir « en direct » à la télévision… 

    Les années passèrent et on assista de plus en plus à un cirque médiatique où une nouvelle qui aurait passé jadis sous le radar faisait maintenant l’objet d’une diffusion sur plusieurs plateformes. L’arrivée des réseaux sociaux avec les blogues, Facebook, Twitter et Instagram de ce monde fait en sorte qu’un citoyen peut livrer une information, diffuser une image et passer un commentaire, et ce, sans aucun filtre ou éthique journalistique. Ces messages sont ensuite retransmis à l’infini sans aucune forme de vérification ni d’identification de leur source dans la plupart des cas. Les médias récupèrent ces images prises sur le vif lors de séismes, de conflits et de tragédies diverses en incluant les commentaires d’un journaliste. La qualité de ces images est discutable, mais elle compte peu d’autant plus qu’elles meublent du temps d’antenne à très peu de frais pour les diffuseurs. Cette pratique tend à devenir la norme et n’est pas sans conséquence d’autant plus que la génération montante est branchée sur son téléphone portable et sur les réseaux sociaux plutôt qu’aux médias écrits et électroniques.

    À la lumière de ces constats, les revenus publicitaires désertent les médias traditionnels et occupent de plus en plus de place sur les réseaux sociaux. Des imprimés disparaissent et d’autres ne subsistent qu’en version numérique.

    Le phénomène grandissant de l’instantanéité de la nouvelle fondée ou non et transmise par quelque moyen de communication que ce soit, a obligé les organisations à réviser leur modèle de relations avec les médias. La traditionnelle revue de presse quotidienne qu’il faut encore acheminer aux élus et gestionnaires très tôt le matin s’est enrichie d’une veille des réseaux sociaux. Et puisqu’il n’y a pas d’heure de tombée sur Facebook et Twitter, la surveillance s’exerce en continu dans plusieurs ministères et organismes gouvernementaux. L’inquiétude de nos dirigeants pour ce qui se dit est telle que le Conseil des ministres a confié le 1er avril 2006 au Secrétariat à la communication gouvernementale du ministère du Conseil exécutif – le ministère du premier ministre – la responsabilité de la plupart des activités de communication des ministères. Était-ce en réponse à la publication depuis deux ans du Dossier noir des communications gouvernementales par la Fédération professionnelle des journalistes du Québec ?

    Pas surprenant alors que rien ne transpire à l’extérieur d’un ministère sans que le message n’ait été approuvé à tous les échelons. C’est LA fameuse ligne de presse. Pas de réponse immédiate à un journaliste sauf pour des informations générales ou préalablement approuvées. Les questions sont notées, des projets de réponse sont élaborés après consultation des personnes-ressources. Un processus de validation s’ensuit tant du côté administratif que politique selon la nature et la complexité de la demande. Après avoir reçu la « sanction royale », le porte-parole désigné peut enfin livrer le message. Il peut s’agir d’un professionnel, d’un gestionnaire ou d’un élu. De la même façon, un porte-parole ne se déplace que très rarement sur les lieux d’une tragédie ou d’un événement pour éviter de réagir à froid. La réaction viendra plus tard ou durant la période de questions à l’Assemblée nationale.   

    Durant ma carrière active de relationniste-médias, je n’ai pas eu à appliquer une telle politique et j’ai eu toute la corde pour me tirer d’affaire ou me pendre. Je répondais toujours présent aux recherchistes et à des journalistes ou animateurs ayant la cote comme Paul Arcand, Jean-Luc Mongrain, et même André Arthur alors qu’il était boudé à Québec. J’avais l’appui moral des hautes autorités du ministère à Montréal et le soutien indéfectible des collègues avec qui on partageait nos disponibilités afin d’être au service des journalistes en tout temps. J’ai établi ainsi ma crédibilité au fil des ans à l’interne du Ministère et dans les médias. Je ne suis pas nostalgique de cette période révolue et je sympathise grandement avec ces hommes et ces femmes qui portent encore le flambeau de leur organisation dans les médias, et ce, de façon très professionnelle en cette ère nouvelle où il n’y a plus de place à l’improvisation ni de droit à l’erreur. Je vous en conjure, ne tirez pas sur ces messagers. 

    À la fine pointe de la technologie

    Quand j’ai débuté ma carrière, il n’y avait ni téléphone cellulaire ni ordinateur. Le seul réseau que je connaissais, c’était le… réseau routier. Les échanges de documents s’effectuaient soit par la poste (courrier interne ou régulier) ou par bélinographe, l’ancêtre du télécopieur (fax). Un employé était même affecté à plein temps à cette tâche l’hiver, car il fallait d’abord convenir avec notre correspondant par téléphone du format de papier thermique que l’on insérait feuille par feuille dans l’appareil et que l’on attendait page après page avec des intervalles d’au moins une minute entre chacune. En mettant le bélinographe en marche, le cylindre tournait et le texte ou l’image (en noir et blanc avec des teintes de gris) apparaissait graduellement avec une odeur caractéristique en raison du procédé d’impression. Le télécopieur prendra la relève et est encore d’usage en tant que fonction intégrée d’imprimantes multifonctions.

    Il faudra attendre un certain temps avant d’obtenir un téléphone portable. Tel Superman, je devrai me rendre dans une cabine téléphonique non pas pour me changer, mais pour déposer ma monnaie afin de rejoindre mon bureau ou un journaliste qui avait laissé son numéro de téléphone sur ma pagette. Un jour, un haut dirigeant de l’entreprise de télécommunication Rogers et ancien homme politique fédéral, Francis Fox, devait négocier l’installation d’un câble radiant au plafond du tunnel Ville-Marie afin d’éviter la perte de signal de la téléphonie sans fil. Je suggérai d’ajouter la commandite de plusieurs téléphones cellulaires dans la négociation, ce qui fut convenu. Plusieurs contremaitres en profitèrent et nous aussi au sein des communications. 

    Nous devions encore nous déplacer avec nos véhicules personnels. Pas évident et plutôt gênant de se faufiler dans le trafic pour se rendre sur les lieux d’un accident grave en circulant sur l’accotement avec un Chevrolet Malibu 1978, sans aucune identification ni gyrophare… Lors d’une visite à la Direction régionale de Montréal sur le boulevard Henri-Bourassa, je remarquai de vieux véhicules gouvernementaux remisés dans la cour arrière en attente d’une vente à l’encan. Mon attention se porta vers un petit véhicule jaune avec un gros gyrophare de même couleur. Qui plus est, il était identifié à Transports Québec. J’en glissai un mot au directeur qui le fit inspecter et réparer avant de lui donner une seconde vie en nous le prêtant. Nous décidâmes de le baptiser Nancy, du nom d’une secrétaire au bureau du ministre Marc-Yvan Côté. Ce véhicule contribuera grandement à notre mobilisation sur les lieux d’un événement et pour les entrevues et ne fut récupéré que plusieurs années plus tard afin de le retirer de l’inventaire. Au revoir, Nancy.

    De nos jours, les déplacements de relationnistes sur les lieux d’un accident grave ou d’un événement qui attire les médias ne se font que rarement à moins qu’il y ait présence politique. Les moyens de communication sont plus rapides et performants, mais, à mon avis, la communication n’y est pas meilleure qu’autrefois. À ce propos, un novice en communication me demandera comment on faisait à l’époque sans téléphone portable ni réseaux sociaux. Je lui répondis simplement : on se parlait.

    UN MINISTÈRE EN MOUVEMENT

    Il n’y a rien de négatif dans le changement,

    si c’est dans la bonne direction

    — Winston Churchill

    Quoi de plus naturel pour un ministère comme celui des Transports que d’être en mouvement, d’autant plus qu’il a pour vision « d’être un leader de la mobilité durable et de l’électrification des transports dont l’expertise, la rigueur et la transparence sont au service de la population. »¹

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