L’autre « start-up nation »
Biberonnés au mythe de Scarface, les jeunes tentés par le trafic de cannabis – vendu sous forme de résine (shit) ou sous forme d’herbe (beuh) – consacrent toute leur énergie à la recherche du profit, quitte à monter de véritables business models comme on l’apprend dans les écoles de commerce (qu’ils n’ont pas fréquentées). Si bien que « depuis le milieu des années 2010, ce système de vente ressemble à celui d’une entreprise, avec une division des tâches où chacun remplit sa fonction. Une bascule s’est opérée, avec une organisation inédite, comprenant un chef, des lieutenants, un DRH et des manoeuvres inté rimaires recrutés à la journée. D’ailleurs, les trafiquants se pensent comme des entrepre neurs », obser ve une source policière. Sur l’ensemble du pays, au minimum 150 000 personnes vivraient de ce commerce illicite, d’après le chercheur Nacer Lalam. Dans la grande mare du système surnagent quelques gros poissons. Y barbote surtout un menu fretin pléthorique, à la condition précaire et aux gains très aléatoires.
Qui oeuvre pour l’un des premiers employeurs de France? Du caïd à la petite main, l’écart de revenus se une nouvelle génération de trafiquants liés à la diaspora marocaine a émergé. Et pour cause, 70 % de la résine consommée en Europe vient de ce pays, plus précisément du Rif, où 760 000 personnes en vivent.
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