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La républ’île des mômes heureux: Roman jeunesse
La républ’île des mômes heureux: Roman jeunesse
La républ’île des mômes heureux: Roman jeunesse
Livre électronique204 pages4 heures

La républ’île des mômes heureux: Roman jeunesse

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À propos de ce livre électronique

Un enfant du continent chamboule la paisible vie de la tribu Bobo.

Rockfort, petite île non loin du continent. Ses habitants y coulent des jours heureux. Tout semble réussir aux descendants de la tribu BOBO qui colonisa l’île quelques siècles auparavant. On s’amuse, on rit, on adule le Rock, la musique phare qu’on célèbre chaque année en été. Mais un jour, un enfant du continent fait son apparition. Un môme bien différent de ceux de ce petit bout d’insularité. Une demi-portion rebelle, avide de changement. Un bambin qui provoque l’admiration et l’effroi. Sera-t-il capable de faire bouger les lignes de Rockfort, micro-société parfaite ?
Le jeu est un point central du roman. On joue pour se divertir, pour apprendre, pour atténuer ses souffrances, pour défier les frontières de l’enfance et de l’âge adulte. Mais le jeu est parfois dangereux, imprévisible. En vaut-il vraiment la chandelle ? Ce roman s’adresse aux jeunes plus tout à fait innocents et aux adultes en mal d’enfance. Au final, n’y a-t-il pas des sujets qui nous rapprochent, nous tous, petits comme grands ?

Plongez dans un récit pour petits et grands, dont le point central est le jeu : le jeu pour se divertir, pour atténuer ses souffrances, et pour défier les frontières de l'enfance et de l'âge adulte.

EXTRAIT

– Bonjour à tous. Me voici devant la sortie de l’école de Parfaiteville. Mes chers téléspectappeurés, soyez enfin rassurés ! Tous les enseignants sont sains et saufs. Toutefois, quelle humiliation ! Tous sont bardés de peinture rouge, c’est monstrueux ! On a l’impression d’avoir affaire à une horde de zombies buveurs de sang ! Cher Président 100 %, que comptez-vous faire désormais ?
– Eh bien ! Nous allons voir. Lavons déjà ces pauvres gens.
– Oui, mais après ? Vous ne pouvez pas intervenir tant qu’il n’y a que des enfants, n’est-ce pas ?
– C’est vrai, hélas ! Mais la nature va nous aider, soyons patients !
– C’est-à-dire ? Je ne comprends pas !
– Regardez cet arbrisseau, planté là depuis peu. Croyez-vous qu’il va rester ainsi éternellement ?
– Euh, non, je ne pense pas.
– Alors vous avez tout compris. Soyons patients. Tout évolue avec le temps. Laissons ces mômes perdre leurs dents de lait tranquillement. La jeune fleur finit toujours pas éclore.
– Magnifique, quelle poésie ! Mes chers auditeurs, ayez confiance en 100 %. Un jour, tout rentrera dans l’ordre.
Une fois débarrassés des derniers adultes, les 99 mômes restants purent reprendre une vie normale. Concernant l’enquête au sujet de l’affaire du mur, les choses avancèrent à grands pas. Un réseau de contrebande de bonbons fut mis au grand jour. Il impliqua une dizaine d’élèves qui, de la sorte, s’octroyèrent des revenus importants. Ils avaient découvert une brèche dans l’ouvrage de pierre qui leur permettait de sortir la nuit afin de ramener des sucreries en tout genre. Une peine en un simple exemplaire leur fut attribuée : écrire dans un cahier de format 21x29,7 la phrase je ne recommencerai plus jamais cela, trois mille fois. Quant aux produits, ils furent saisis et au passage, une campagne de sensibilisation au sujet des problèmes dentaires causés par ces derniers fut proposée.

A PROPOS DE L'AUTEUR

Yanick Gonzalez - J’ai 36 ans, j’habite en Gironde. Je travaille dans le monde éducatif. Je suis passionné par l’Histoire que j’ai étudiée à l’université, et par la littérature. J’ai commencé à écrire après avoir découvert les oeuvres de Paulo Coelho et son concept de légende personnelle qui m’a permis de réveiller ma libido créatrice. Issu d’une famille aux origines multiples, roumanophone, je me passionne pour les voyages et la rencontre des autres.
LangueFrançais
Date de sortie29 juin 2018
ISBN9782956504009
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    Aperçu du livre

    La républ’île des mômes heureux - Yannick Gonzalez

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    Yannick Gonzalez

    LA RÉPUBL’ÎLE

    DES MÔMES HEUREUX

    I) LA TERRE STÉRILE

    1) Jean de la lune

    La vérité sort toujours de la bouche des enfants. Telle était la devise de Jean de la lune. Petit bonhomme haut comme trois pommes reine-claude – Claude était le prénom de sa mère, de son père et de son parrain – Jean de la lune n’aimait pas beaucoup le monde des girafes. Et dans sa vie, il y en avait ! À l’école, la plus terrible, c’était Madame Gireaud-Phare, sa maîtresse. Gireaud était le nom de son mari et Phare son nom de jeune fille. Elle avait une tête qui bougeait en permanence sur elle-même, à 360°. Impossible de bavarder, de pianoter sur sa tablette sans être vu. Même le dos d’âne tourné – au fond cette drôle de dame était plutôt bête – elle était capable de savoir qui faisait quoi. Un jour, Madame Gireaud-Phare semblait tellement en colère que sa tête s’était mise à rougir et à clignoter. Ainsi c’était pratique : elle pouvait rentrer plus facilement à la maison car sur la route, tout le monde la laissait passer. Dans la classe, Jean de la lune constituait sa proie favorite. D’ailleurs, elle-même décida de le surnommer de la sorte. Elle disait sans cesse que Jean n’était pas là, qu’il rêvassait et qu’il habitait donc sur la lune.

    – Alors Jean, quel temps fait-il là-haut ? As-tu vu des astronautes aujourd’hui ?

    – J’en ai vu plein M’dame Gireaud-Phare. En fait, j’crois bien ks’étaient des girafes cosmonautes.

    – Tu te fiches de moi, n’est-ce pas ? Et combien de fois t’ai-je dit de ne pas mâcher tes mots comme du chewing-gum ? Ce n’est pas normal de parler comme ça à ton âge. Vas-tu toujours chez l’interphoniste ?

    – Bah j’peux pas M’dame, mon père a perdu son job ya un mois et comme ma mère travaille pas on a plus d’oseille pour nourrir les chevaux. Et eux, comme ils ont trop la dalle, alors y veulent plus tirer notre brouette quatre roues motrices. Alors on peut plus aller à l’autre bout de l’île, chez l’interphoniste.

    – Combien de fois t’ai-je dit de ne plus employer les mots oseille et dalle ? Il va falloir que je parle à tes parents et vite ! En attendant, as-tu fait ton exposé sur l’histoire de notre île ?

    – Bah on nous a coupé internet M’dame, alors j’ai pas pu.

    – TU TE FICHES DE MOI ENCORE ???

    – Non M’dame, j’oserais pas. J’dis juste la vérité.

    – Tu resteras sous le préau à la récréation ! Je vais te donner une pile de livres d’Histoire pour que tu le fasses, ce satané exposé !

    Comme d’habitude, Jean de la lune savait que la maîtresse ne serait pas tendre avec lui. Elle ne lui avait jamais envoyé des fleurs mais plutôt des stylos, des gommes… jusqu’à épuisement du matériel de bureau. Madame Gireaud-Phare était très cultivée. Elle prétendait souvent que grâce à tous ses titres, elle avait pu entièrement décorer sa maison : sa chambre avec ses diplômes de sciences, son salon avec ses diplômes de droit… Vous vous demandez certainement combien de temps ça lui a pris n’est-ce pas ? Eh bien, une éternité ! Ceci explique pourquoi cette maîtresse en est devenue une excellente (enfin deux mais ça, c’est une autre histoire). Elle s’était mise à travailler à partir de l’âge de 50 ans, une fois tous ses diplômes obtenus. Grandie par tant de connaissances, elle se sentait apte à enseigner. Elle aimait bien les enfants, Madame Gireaud-Phare, surtout ceux qui étaient dociles, qui comprenaient tout instantanément. Dans la classe de Jean, il y en avait beaucoup : Bary Centre, roi de la géométrie, Jeanne d’Arc électrique, la reine de la physique, mais aussi Lucie Fer, championne d’Histoire des religions, Anna Phore, numéro une en français… et tant d’autres encore ! Il n’y avait guère que Jean qui était en marge de cette académie de champions. C’est pourquoi la maîtresse avait un dentier entier contre lui. S’il avait été un peu plus intelligent, peut-être n’aurait-il été question que d’une dent ou deux mais là, vu l’animal, il était bien question de tout le dentier !

    Jean vivait avec ses parents à la pointe sud-ouest de l’île, dans la zone la plus pauvre de cette dernière. Il résidait dans le lieu dit en passant

    RENE GARS

    . Ce nom provenait d’un paysan de l’île qui avait mené une révolte contre le pouvoir en place, cent ans auparavant. Malheureusement, il fut tué au combat et les autorités de l’époque avaient repris la main de fer sur les paysans. Depuis, on surnommait ces derniers les RENE GARS. Sur l’île, on s’en méfiait. Tous les gens de Parfaiteville, où se situait d’ailleurs la seule école du coin, détestaient les RENE GARS. Incultes, sales, pauvres, ils n’étaient pas d’un grand intérêt. Dans cette microsociété rockfortienne, on les mettait à l’écart. C’était mieux ainsi, disait-on. Sur l’île Rockfort, on affectionnait particulièrement l’ordre, la propreté, les gens intelligents qui aimaient le travail et les plaisirs de la vie. Un des plus importants restait les concerts de Rock. C’est d’ailleurs pour cela que cette île s’appelle encore Rockfort. Cinq cents ans auparavant, des Indiens de la tribu BOBO étaient venus coloniser ce bout d’insularité. On dit d’eux qu’ils seraient les vrais ancêtres du Rock. Avec le temps, leurs descendants développèrent l’île et construisirent un immense fort pour se protéger des pirates et des envahisseurs de toutes sortes. Jamais l’île ne fut envahie, même pendant les deux guerres mondiales ! C’est pourquoi on la surnommait Rockfort microsociété parfaite, un lieu idyllique fait de paix, de prospérité et de joie. Cette joie était exacerbée chaque année, le 23 août, lors de la fête du Rock. Au cours de cette journée, tous les citadins de Parfaiteville, la capitale, se réunissaient entre autres sur l’esplanade

    PIERRE TE

    , nom du premier chef BOBO à avoir dirigé l’île. D’aucuns disaient que chaque habitant de Parfaiteville avait un peu de PIERRE TE en lui.

    Jean de la lune aurait bien voulu participer à cet événement mais, en tant que RENE GARS, il ne pouvait y prétendre. Jean était un enfant jovial, qui aimait s’amuser, aller pêcher avec son père, faire la cuisine avec sa mère. Il avait aussi beaucoup d’amis, même parmi les enfants des Parfaitevilliens. Jean savait qu’il n’avait pas les mêmes origines. Bien qu’issu lui aussi de la tribu BOBO, il faisait partie de la frange qui avait toujours refusé de vivre en ville, de s’émanciper. Avec le temps, on avait fini par les appeler les RENE GARS, après la grande jacquerie. Toutefois, malgré toutes ces différences, Jean de la lune essayait d’être comme tous ses autres amis de la ville. Parmi eux, il y en avait un, ou plutôt une, qu’il appréciait plus particulièrement. On la prénommait Anna Phore. Comme je vous l’ai dit précédemment, Anna Phore était la reine du français. Ses écrits étaient impeccables, sans aucune faute de langue. Elle se permettait même le luxe de corriger la correction de la maîtresse qui ne pouvait qu’apprécier le geste, résignée. Anna Phore passait son temps libre à écumer la bibliothèque municipale. Pas un livre nouveau ne lui échappait ! Et que dire de l’écriture ! Ses parents avaient accepté de laisser tous les murs de la maison en blanc afin de lui offrir autant de pages d’écriture. Munie de son escabeau, elle commençait son texte à deux mètres de hauteur pour le finir couchée au sol.

    Non, décidément Anna Phore n’était pas une fillette comme les autres. Toutefois, sous son air de première de la classe, elle laissait fleurir une grande gentillesse et une incroyable simplicité.

    C’est pour cette raison que Jean de la lune l’adorait autant. D’ailleurs, le soir, pendant l’étude, c’est elle qui lui donnait des cours particuliers.

    – Alors Jean, es-tu prêt à aborder la syntaxe de la phrase ? Il faut coûte que coûte que je t’aide. Je n’aurais pas l’outrecuidance de dire que je maîtrise entièrement le sujet mais je pense être en mesure de t’aider.

    – Merci Anna. Mais j’ai pas tout pigé. Y a toujours des mots pasdechezmoi qui sortent de ta bouche. Ça veut dire quoi outrecuissance ?

    – Non, c’est outrecuidance. C’est un synonyme de prétention.

    – Ah d’accord !

    – Crois-moi, tu peux toi aussi enrichir ton vocabulaire et ta syntaxe.

    – Et ça, ça veut dire quoi ?

    – Cela veut dire que tu dois apprendre à mieux construire tes phrases. Te rappelles-tu des colliers de couleurs que nous devions faire en maternelle, en respectant un certain ordre pour la mise en place des perles ? Eh bien, c’est pareil. Tu dois apprendre à construire tes phrases en mettant tes mots dans le bon ordre.

    – Super ! J’ai envie d’apprendre ! J’préfère quand c’est avec toi. Avec Madame Giraud-Phare, c’est impossible. Elle fait que me gueuler dessus toute la journée.

    – Tu es un RENE GARS, voilà le problème ! Sur cette fichue île, un déterminisme ravageur perdure. Tu en es une victime. Pourquoi ne pas faire fi de cette vision archaïque ? Parfois j’en parle avec mes parents. J’évoque notre amitié, le fait que nous nous entendions à merveille. Je veux juste leur montrer que vous êtes au fond comme nous. Mais impossible de leur faire changer de point de vue. Pour mes géniteurs, comme pour tous les habitants de Parfaiteville, un RENE GARS est un RENE GARS, un point c’est tout !

    – J’ai pas tout capté mais j’suis d’accord avec toi !

    – J’ai parfois l’impression que cette île serait mieux sans ces girafes, comme tu dis.

    – Ouais, ça c’est sûr. Moi, j’aime pas les girafes. Elles font leur vie sans regarder ski y a sous leurs pattes. Elles nous écrasent comme des bouses de vaches.

    – Je ne comprends rien à leur logique. Les girafes nous mélangent étant petits puis nous séparent une fois grands.

    – C’est la loi de Rockfort. Ma mère dit qui faut bien des RENE GARS pour faire le sale boulot. Elle dit que sinon les gens de Parfaiteville pourraient pas profiter de la vie.

    – Si seulement il était possible de choisir sa destinée ! Crois-tu que tes parents ont choisi la vie qu’ils mènent ? C’est là que réside le problème.

    – Mon père dit que ça sert à rien de manifester parce qu’ailleurs c’est pire. Alors vaut mieux se dire que ce qu’on a c’est déjà bien. Mon père regarde toujours Bêh Bêh FM TV. Ils disent tous les jours que sur le continent y a que des poèmes quatre strophes, avec du chômage, de la pauvreté, de la violence et de la pollution.

    – Tes parents ne regardent-ils que Bêh Bêh FM TV ? Et ont-ils des moutons ?

    – Euh, oui, ils regardent que ça comme c’est la seule chaîne qu’on a. Mais pourquoi tu parles de moutons ?

    – Ah, oui, désolée. C’est juste un pléonasme.

    Bien évidemment, Jean de la lune ne pouvait comprendre tous les propos de sa tendre amie. Celle-ci, à son tour, évitait de tout lui expliquer de peur de le blesser davantage. Anna Phore souffrait de voir son meilleur compagnon de jeu vivre selon d’obsolètes tradipunitions. En nourrissant Jean de mots savants et de grammaire, tel un nourrisson famélique, elle rêvait ainsi d’une émancipation future, passeport pour un avenir radieux.

    Jean rentrait souvent tard chez lui. Après l’étude, il lui fallait marcher une bonne heure à pied avant d’arriver dans la cabane en tôle de ses parents. Une fois chez lui, il passait directement à table.

    – Alors Jeannot, lui dit sa mère, qu’est-ce que t’a donc appris à l’école aujourd’hui ?

    – Comme d’hab, pas grand-chose, à part avec Anna.

    – Tu fricotes encore avec la petite bourgeoise, morveux ? J’t’ai déjà dit ksé pas le même monde que le nôtre ! lui lança violemment son père.

    – D’abord pa, j’fricote pas avec elle. C’est mon amie et elle m’aide.

    – Laisse donc le p’tiot, s’exclama la mère, auréolée de vapeurs d’alcool, il a pas envie de finir comme nous !

    – Tu sais pas skeu tu dis la mère, t’es plus imbibée qu’un serpent dans l’formol !

    – Arrête d’être méchant avec man ! répliqua Jean.

    – J’suis pas méchant fiston, j’dis juste la vérité. La ptite bourgeoise, un jour, elle va t’lâcher et en retombant tu vas casser ton cœur. L’eau et l’huile ça s’mélange pas fiston. Tout à l’heure, j’ai regardé Bêh Bêh FM TV et il parlait des problèmes de racisme sur le continent. Là-bas, it frappe même dans la rue si t’as pas la même couleur de peau. C’est dingue ! Regarde-moi, j’suis plutôt bronzé comme j’travaille dehors toute la journée et pourtant, quand je vais à Parfaiteville voir mon albinos de banquier, i me frappe pas dessus. On a d’la chance d’être ici, gamin !

    Comme souvent, Jean de la lune préférait ne pas insister. Plus il se faisait tard et plus son père était ivre de bonheur. Il se disait qu’il était dangereux de déranger quelqu’un ivre de bonheur. Dans un surplus d’euphorie, tout pouvait arriver… comme ce fameux soir où Jean était rentré un peu plus tard que d’habitude et que son père l’avait confondu avec le contrôleur du FISC. Jean avait alors eu droit à quelques tatouages improvisés. Oh, rien de grave. Quelques jours après tout était parti. Mais sur le coup, comme tout tatouage, ce fut douloureux ! Il faut dire que son père éprouvait une haine viscérale pour le FISC, le Fonds Interne de Sécurité Côtière. Il devait en effet s’acquitter tous les mois, auprès de ce dernier, d’une taxe réservée à l’ensemble des habitants situés sur la zone côtière de l’île (donc tous les RENE GARS) afin de les protéger d’une éventuelle attaque perpétrée par des pirates. Cet impôt était assez élevé et beaucoup de RENE GARS peinaient à le payer. Toutefois, malgré sa colère, le père de Jean admettait au fond qu’un tel impôt était essentiel, surtout avec l’arrivée d’une nouvelle espèce de pirates, les pirates informatiques, pouvant venir du monde entier ! Tel était le slogan du gouvernement rockfortien : RENE GARS, préservez-vous des pirates informatiques, payez vos impôts !

    Pendant les vacances, Jean de la lune semblait plutôt triste. Être loin d’Anna Phore l’accablait et il n’avait qu’une envie : que l’école recommençât ! Toutefois, il fallait bien tuer le temps, parfois à l’aide de son canif avec lequel il gravait des mots d’amour sur le tronc des arbres. Des mots, il en avait peu dans sa besace, seulement les essentiels : amour, bonheur, joie, Anna… en général, il ne composait pas de phrases. Il écrivait un mot puis un autre… parfois, il gravait un trait entre deux termes. Disons que c’était sa syntaxe, primitive mais intelligible, du moins pour lui.

    Quand il faisait chaud, Jean partait avec sa bande de copains grillés afin de s’amuser sur la plage.

    Là-bas, tous se contentaient de plaisirs simples comme faire des courses de crabes ou bien du dressage de requins bouledogues. Cependant, cette dernière activité était considérée comme dangereuse. Si la police requine passait, elle exigeait que chaque requin bouledogue eût sa muselière. Or, celle-ci étant hors de prix sur l’île, il était impossible pour Jean et ses amis d’en acquérir une. Il fallait donc être vigilant.

    Les jours de mauvais temps, la horde de bambins passait son temps au cinéma du coin. Jean aurait préféré aller à la bibliothèque de Parfaiteville mais les enfants de RENE GARS ne pouvaient pas s’y rendre seuls. Accompagnés de leurs parents, cela était

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