Ne regardez pas sous les ailes: Autobiographie
Par Fabienne Berthet
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À propos de ce livre électronique
Jacques Berthet, commandant de bord chez Air France, est arrêté en 1985 au retour de Bombay pour détention de dix kilos d’héroïne dans sa sacoche. Lors de son procès, trois ans plus tard, il écopera de vingt ans de réclusion, ramenés à dix-huit ans en appel.
Fabienne Berthet, son épouse, le soutient et le visite en prison durant neuf ans, la durée de sa détention.
Ce récit autobiographique, teinté d'humour et d'autodérision, dépeint le parcours d'une femme trahie, qui a pu se reconstruire mais n'a rien oublié.
EXTRAIT
Ma maison de la Varenne fut saisie par les douanes, j’ai trouvé un appartement dans le 17e arrondissement de Paris. Lors de l’arrestation de Jacques, tous les médias de la capitale m’avaient contactée pour une interview. Finalement, mon choix s’est porté sur Paris Match parce que la journaliste était une amie de mon mari, et en leur réservant l’exclusivité de mes déclarations, le chèque proposé me permettait de voir venir. J’ai eu le droit à 6 pages, photos choisies avec soin, de quoi compenser la générosité de ce journal réputé. Cependant, il fallait que je trouve un travail. En feuilletant une revue trouvée dans ma boite aux lettres, mon regard fut attiré par une annonce : « Camion à pizzas – À vendre ». Je n’avais jamais fait de pizzas dans ma vie, mais huit jours plus tard le camion, acheté à crédit, était devant ma porte. J’ai obtenu du maire de la Varenne l’autorisation de m’installer à la sortie du RER et tous les soirs à partir de 18 heures je confectionnais des pizzas. Vu mon look, les gens étaient surpris de me voir derrière un comptoir. Pétrir de la pâte n’avait rien de glamour. Un jour j’ai même perdu un ongle, mais je n’ai jamais su s’il était devenu la fève d’une pizza au jambon ou au chorizo.
Mes affaires ne se portaient pas si mal. Je n’avais pas une minute à moi.
Un matin au réveil, je découvris que mon camion avait disparu, volé. L’assurance remboursa le crédit mais je n’avais plus de job.
À PROPOS DE L'AUTEUR
Aujourd’hui, trente-quatre ans plus tard, avec beaucoup d’humour et d’autodérision, Fabienne Berthet se raconte dans un livre coup de poing où elle n’épargne personne, même pas elle-même et relate sans fard la débrouille lors des années de détention de Jacques, la trahison de son époux à sa sortie et sa vie depuis.
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Aperçu du livre
Ne regardez pas sous les ailes - Fabienne Berthet
Fabienne BERTHET
NE REGARDEZ PAS SOUS LES AILES
À ma fille, je te lègue ces quelques pages en héritage
« Accepte ce qui est, laisse aller ce qui était, aie Confiance en ce qui sera » Bouddha
PROLOGUE
J’ai épousé Jacques un jour de mars 1973. En sortant de l’église, éblouissante dans ma robe de mariée alors qu’il pleuvait, je ne sais pas pourquoi en une fraction de seconde, j’ai eu le pressentiment que ma vie allait devenir aussi sombre que ces nuages noirs qui nous enveloppaient.
Quelques années plus tard, ce fut une certitude.
L’ARRIVÉE
À mesure que le Boeing se rapprochait de Paris, une certaine agitation gagnait Jacques. Cela faisait maintenant plus de sept heures qu’ils avaient quitté l’aéroport de Bombay, et le vol s’était déroulé normalement. Pas d’alerte à la bombe, pas de pépins mécaniques.
Les seuls incidents étaient le fait des passagers, qui ont provoqué l’hilarité de presque tout l’équipage.
Il y a d’abord eu ce touriste saoudien, visiblement bardé de pétrodollars et extirpé depuis peu de sa tente. Lorsque la ravissante Marilyn a déployé son corps devant lui afin de ranger son sac volumineux dans le porte-bagages, le pauvre homme, qui avait découvert depuis peu que les femmes vénales étaient légion, a peut-être imaginé que les hôtesses étaient comprises dans le prix du billet. Mû par un instinct mâle et viril venu du fond des âges et faute de lui faire subir les derniers outrages, il lui a mis la main aux fesses puisqu’après tout, cette garce avait un corps de salope. Les passagers ont ricané bêtement, et c’est Jacques lui-même, le beau pilote de l’avion, qui a dû intervenir avec l’aide d’un steward. Le Saoudien vertement tancé, voyant l’opprobre général fondre sur lui, avait regagné son siège penaud et magnifiquement incompris.
Jacques riat tout seul aux commandes du Boeing, et se dit qu’il ne manquerait pas de me relater cette histoire. Il partit d’un éclat de rire, tout en se disant qu’il n’avait peut-être pas toutes les raisons du monde de se réjouir. Tout va bien, se disait-il, je n’ai pas à être inquiet, et il continua à faire défiler les images plaisantes ou insolites de son vol.
Quelques minutes plus tard, ils ont traversé une zone de turbulences et l’avion, aussi énorme qu’il soit, a beaucoup bougé. Cinq Indiens, tous mâles et apparemment pères et fils, avaient bien retenu la conduite à tenir en cas d’immersion. Ils étaient probablement les seuls passagers, parmi tous ces globe-trotters blasés à avoir écouté la leçon de l’hôtesse montrant le fonctionnement des gilets de sauvetage. C’était leur baptême de l’air ; dès que l’avion a été pris de soubresauts désordonnés, et après s’être consultés du regard, ils ont lentement retiré les gilets glissés sous leurs sièges, et le plus sérieusement du monde, très dignes, les ont enfilés avant de tirer sur la corde de gonflage. Le steward les apercevant blêmes et engoncés dans leurs gilets orange, a eu toutes les peines du monde à garder son sérieux. Malgré ses explications sur l’absence totale de risques, les malheureux sont restés fatalistes et ont peut-être conclu que c’était leur « karma » de sombrer dans la mer d’Oman. La situation est restée bloquée, et seul l’arrêt des trous d’air a permis un heureux dénouement.
Jacques se reprit à sourire au récit de cet incident, auquel cette fois il n’avait pas voulu se mêler. Le commandant de bord lui jeta un coup d’œil en biais. On l’avait prévenu ; c’est un excellent pilote, un peu marginal, marié à une femme extravagante, trop sophistiquée, maquillée jour et nuit et toujours vêtue de peaux de bêtes, enfin de fourrures.
Le commandant Zipper était également instructeur, il en tirait un orgueil sans bornes, et, en bloc, détestait la nature humaine, les femmes surtout, sauf sa