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Iggy Salvador: Récit
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Livre électronique172 pages1 heure

Iggy Salvador: Récit

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À propos de ce livre électronique

Découverte d'un phénomène musical révolutionnaire : Iggy Salvador et ses Bootlegs !

La première fois que je l'ai vu, il était à poil, perché sur sa table de DJ, torse nu et pantalon baissé, les bras levés en signe de victoire, visiblement ravi d’arborer fièrement sa tige devant 5000 personnes. Mon voisin était hilare. Il le trouvait sûrement ridicule, à juste titre. Moi aussi, j’aurais dû, mais non, au contraire, je lui trouvais même une certaine classe. Oser faire ça sur la grande scène, avant l’arrivée d’Iggy Pop, le roi du déballage de paquet, putain quel cran !»
Iggy Salvador est un DJ rock mélomaniaque et exhibitionniste. Au début des années 2000, il rejoint le Pirate Music Club, une bande de remixeurs sauvages installée sur les forums internet et dans les clubs de Paris, Londres et San Francisco. Ensemble, ils bouleversent les codes de l’industrie de la musique grâce à des mixes improbables : les Bootlegs, des productions de contrebande circulant illégalement.
Mais tout ceci était-il bien réel ?

Entre réalité et fiction, on découvre l'univers des créations musicales, des remixes et de l'ambiance des clubs. Un récit atypique et fascinant !

EXTRAIT

À la fin du concert, je l’ai perdu de vue. Il s’était envolé, l’oiseau. Merde, je voulais lui payer un coup, et… HEY, c’est LUI ! Il était remonté sur scène, toujours aussi goguenard, face au public encore surexcité par la déflagration punk-rock qui venait de s’abattre en plein cœur du 91. Pendant qu’une équipe technique lui réinstallait son kit d’ambianceur, il s’agitait en devant de scène, il haranguait, il faisait tout pour capter l’attention en attendant qu’on lui ouvre le son. Puis il a rejoint ses platines, dans le coin gauche de la scène, et il a envoyé Are you gonna be my girl de Jet. Cette fois, il avait tapé dans le cinq mille. Le public a clamé sa joie, place au rock’n’roll nightclub !
Sa playlist était impeccable : The Strokes, The Clash, The Libertines, Queens Of The Stone Age, et aussi des mixes incroyables entre des chansons complètement différentes.
Des bootlegs.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Antoine Zebra est un auteur et musicien français. En tant que DJ Zebra, il a popularisé le Bootleg (ou Mashup) en France, sur les radios (Zebramix sur Oüi Fm, Virgin Radio, France Inter, ...) et les scènes de nombreux festivals. Également chanteur et comédien, il est actuellement membre du duo Bootleggers United.
LangueFrançais
ÉditeurPublishroom
Date de sortie14 mars 2019
ISBN9791023611694
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    Aperçu du livre

    Iggy Salvador - Antoine Zebra

    Chœur de pirate

    Nous on fouille les poubelles de la musique !

    Vive les pillards, les bandits et les pétards.

    Nous on met les doigts partout !

    Vive les pillards, les bandits et les pétards.

    Nous on fait pipi dans tous les coins !

    Vive les pillards, les bandits et les pétards.

    Nous sommes les gamins en folie !

    Pour l’instant, on se contente des pétards.

    Attention, bientôt, on sort le lance-flammes, attention, bientôt.

    Nous on colle des bites sur tous les murs !

    Vive les pillards, les bandits et les pétards.

    Tu sais, la nuit, les affiches se défigurent.

    Vive les pillards, les bandits et les pétards.

    Plus c’est moche, plus ça nous plaît.

    Plus c’est moche, plus ça nous plaît.

    On ne comprend rien, on ne respecte rien.

    On ne comprend rien, on ne respecte rien.

    On ne comprend rien, on ne respecte rien.

    On ne comprend rien, on ne respecte rien.

    1er avertissement de Billy Ze Kick & Les Gamins en Folie*

    La rencontre

    « Ahahaha, regarde-moi ce guignol ! »

    La première fois que je l’ai vu, il était perché sur sa table de DJ, torse nu et pantalon baissé, les bras levés en signe de victoire, visiblement ravi d’arborer fièrement sa tige devant 5 000 personnes. Mon voisin était hilare. Il le trouvait sûrement ridicule, à juste titre. Moi aussi, j’aurais dû, mais non, au contraire, je lui trouvais même une certaine classe. Oser faire ça sur la grande scène du festival Les Effervessonne, avant l’arrivée d’Iggy Pop, le roi du déballage de paquet, putain quel cran !

    Ça s’est passé très vite, dix secondes de mise à l’air à la fin d’une chanson des Hives - très bon choix -, puis il a bondi par-dessus les platines et est retombé comme un félin, il a remonté son futal, a salué la foule et s’est cassé. Comme ça, aussi sec.

    Pas d’applaudissements, pas de rappel.

    J’ai adoré.

    Les nombreux festivaliers qui attendaient le concert d’Iggy & The Stooges s’en foutaient royalement. Les fans étaient impatients, bouillonnants, ils ne voulaient que lui, LUI, WE WANT IGGY, et pendant ce temps-là, DJ Guignol faisait le mariole ! Un simple pousseur de disques placé dans un coin de la scène pendant les changements de plateaux, une ambiance musicale pour animer le ballet des techniciens allant et venant installer le matos des groupes, des musiciens, des VRAIS !

    Tout le monde l’avait déjà oublié quand Ron Asheton, le guitariste des Stooges, est entré sur scène. Il a allumé son ampli, l’a fait gueuler jusqu’au larsen, puis la batterie a entamé le riff de No fun, l’icône a déboulé comme une avalanche en hurlant « HELLO MOTHERFUCKERS ! », et moi je me demandais encore « mais c’était qui, ce type ? »

    Le groupe cassait la baraque et perçait les tympans. Ça tranchait du hit au kilowatt, 1969, TV Eye, Search and destroy... les trois premiers albums cultes revus et non corrigés, aussi bruts et abrupts.

    C’est pendant Down on the street que je l’ai aperçu dans la foule, à trois mètres de moi. Je ne pouvais pas le rater, il se tortillait frénétiquement en mimant le solo de guitare. Il fallait que je lui parle.

    –Hey, c’est énorme ce que tu as fait, tout à l’heure.

    –Ha ?

    –Le coup de faire ton Iggy à la place d’Iggy.

    –Moi aussi, je m’appelle Iggy.

    –Quoi ?

    –Iggy Salvador.

    –Ah bon ?

    –C’est marrant, non ? Iggy comme Pop et Salvador comme Henri. Mes potes ont trouvé que ça m’allait bien et… non mais t’entends CE SOLO comment il DÉCHIRE !!!

    Je dirais même plus : il lacérait. Ron-le-gratteux-taciturne avait encore monté le volume de son ampli, j’étais obligé de hurler dans l’oreille de mon voisin pour discuter.

    –Je te paye une b…

    –T’entends ? ÉCOUTE comme c’est BON !

    J’ai fermé ma gueule et je l’ai regardé prendre son pied. Scène étrange : Iggy admirait Iggy, et Iggy le lui rendait bien.

    À la fin du concert, je l’ai perdu de vue. Il s’était envolé, l’oiseau. Merde, je voulais lui payer un coup, et… HEY, c’est LUI ! Il était remonté sur scène, toujours aussi goguenard, face au public encore surexcité par la déflagration punk-rock qui venait de s’abattre en plein cœur du 91. Pendant qu’une équipe technique lui réinstallait son kit d’ambianceur, il s’agitait en devant de scène, il haranguait, il faisait tout pour capter l’attention en attendant qu’on lui ouvre le son. Puis il a rejoint ses platines, dans le coin gauche de la scène, et il a envoyé Are you gonna be my girl de Jet. Cette fois, il avait tapé dans le cinq mille. Le public a clamé sa joie, place au rock’n’roll nightclub !

    Sa playlist était impeccable : The Strokes, The Clash, The Libertines, Queens Of The Stone Age, et aussi des mixes incroyables entre des chansons complètement différentes.

    Des bootlegs.

    Je connaissais ce genre de mixes joyeusement décadents, associant des styles complètement différents. Certaines radios en diffusaient, mais je n’avais encore jamais vu de DJ en jouer sur une scène de concert. Lui faisait plus que les jouer, il les incarnait physiquement, en adoptant les gestuelles des musiciens originaux détournés, comme un Air-Band à lui tout seul. De leur musique il faisait sienne. Sa transe était communicative.

    De temps en temps, il fixait la foule puis, sous le coup d’une inspiration soudaine, il fouillait brusquement dans son bac à disques, et en saisissait un, comme un joueur de poker prêt à claquer son meilleur atout. En quelques secondes, il calait sa sélection puis la balançait effrontément, sûr de son coup. Je n’avais jamais vu un « pousseur de disques » aussi impliqué. Ce mec savait JOUER. On ne l’avait pas mis sur cette sacrée scène par hasard.

    Un paquet de danseurs était amassé face à lui. Sans doute les mêmes qui l’avaient ignoré une bonne heure auparavant, mais la donne avait changé, dès la nuit tombée. Le disc-jockey était devenu leur guide, il leur donnait un cours de swing, go Iggy go, Iggy be good. Personne ne faisait plus attention aux allers-retours en pleine bourre des techniciens affairés par la mise en place du concert suivant.

    Une vingtaine de minutes plus tard, il a fini son set avec un mix de Fatboy Slim, Von Bondies et la voix d’une rappeuse qui gémissait « Fuck me on the dancefloor ». Princess Superstar, m’a soufflé une voisine. Le message était explicite, j’ai cru qu’il allait se déboutonner à nouveau. C’était limite... mais non. Point trop n’en faut.

    Fin du show.

    D’en bas, je gueulais :

    –HEY IGGY ! Je t’offre une bière ?

    –Carrément !

    Il a rangé ses disques et son casque dans son sac, puis il a pris son élan, a sauté par-dessus la barrière, et il est retombé droit devant moi.

    –Une pinte ?

    –Et même deux. Je veux savoir... t’es qui, toi ?

    –Oula... Il en faudra au moins quatre, alors.

    Et il a éclaté de rire.

    Un rire sonore, tonitruant.

    SALVADOR ! Mais oui, bien sûr.

    Chez lui

    Une collection de disques en dit beaucoup sur les gens. Encore faut-il en avoir une.

    Il y a ceux qui n’en ont pas, ou qui n’en ont plus, qui ont tout revendu, ou rangé, à la cave, au grenier.

    Il y a ceux qui en ont peu, quelques compilations de bars branchés placées entre des albums insipides de Texas ou Moby, et un vinyle des Doors encadré dans le salon parce que c’est design.

    Et puis il y a ceux QUI EN ONT, les acheteurs compulsifs, les boulimiques insatiables, les drogués. Pas besoin de chercher, on ne voit que ça chez eux : leurs meubles dégueulent de vinyles et de CDs, il y en a partout, près du canapé, contre la table basse, sous le bureau, dans la chambre et jusqu’aux toilettes. Voilà à quoi ressemblait l’appartement d’Iggy Salvador.

    Je ne l’avais plus lâché depuis sa flamboyante dépantalonnade festivalière. Après avoir descendu quelques bières, on était devenu potes. La bière est un désinhibiteur efficace. Il m’avait raconté un tas d’histoires, sans liens apparents mais qui, si on essayait de les assembler, pouvaient définir un parcours, un caractère. Est-ce qu’il avait tout inventé, ça, je n’en savais rien. J’avais gobé ses bonnes paroles, parce qu’elles me plaisaient, et puis je me disais qu’il serait bien temps, un jour, de délier le faux du vrai.

    Puis le service de sécurité nous a poussés vers la sortie. Il m’a demandé si j’étais venu en voiture, oui, alors dans ce cas, est-ce que je pouvais le ramener chez lui ? On était tous les deux un peu bourrés, et quelque chose me disait qu’avec cet énergumène-là dans ma caisse, j’avais des chances de me faire contrôler par les flics. Une belle rencontre contre un retrait de permis... ainsi va la vie. Heureusement, avec son statut de participant au festival, il avait accès à la sortie des artistes, plus tranquille, de l’autre côté du site.

    Ça valait le coup de connaître une star.

    Sur la route du retour, nous écoutions l’album de

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