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Lostdreams: Rêves Fantastiques
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Lostdreams: Rêves Fantastiques
Livre électronique617 pages9 heures

Lostdreams: Rêves Fantastiques

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À propos de ce livre électronique

Un jeune garçon voit son existence bouleversée par un étrange pouvoir qu'il doit apprendre à maîtriser...

Mattéo Sullivan se considère comme un jeune garçon normal, vivant une existence des plus tranquilles. Bien installé avec sa famille dans la capitale, et les vacances d’été se profilant à l’horizon, Mattéo voit soudain tous ses plans bouleversés à cause d’une terrible nouvelle : ses parents annoncent leur prochain déménagement, qui plus-est dans un patelin paumé situé tout au sud du pays. C’est un coup dur pour l’adolescent qui n’a jamais quitté sa ville natale, et ceci implique qu’il va devoir tout laisser derrière lui : sa maison, son collège, ses copains… Une situation très difficile à concevoir et à accepter !
Au cours de la dernière soirée précédant le départ pour sa nouvelle vie, alors qu’il était sorti avec ses amis parcourir une ultime fois les rues de la ville, Mattéo s’éloigne discrètement du groupe afin d’aller rendre visite à son ami M. Legrand, le propriétaire d’un modeste magasin d’antiquités. Mais, quelle ne fut pas sa surprise lorsque ce dernier lui révéla sa véritable nature et identité : Albéric Wizovsky, magicien tout droit sorti de l’époque médiévale, et ayant découvert le moyen de se rendre immortel. En guise de cadeau d’adieu, le vieil enchanteur offre à Mattéo une fiole de potion aux propriétés particulières, lui conférant le pouvoir de se transporter dans ses rêves la nuit, mais également de donner vie pendant la journée aux personnages fantastiques peuplant ses songes.
Commence alors pour Mattéo une toute nouvelle existence, beaucoup moins tranquille que celle qu’il avait jusqu’à présent. Arrivera-t-il à maîtriser son imagination débordante sans risquer de révéler son secret au grand jour ?

Un roman fantastique qui entraîne les lecteurs dans une aventure palpitante !

EXTRAIT

— Approche sans crainte, Mattéo. Je souhaiterais seulement te faire un petit cadeau d’adieu avant ton départ pour le village d’Araskan.
— Pas « adieu », m’sieur Legrand. C’est seulement un « au revoir » parce que j’essayerai de revenir ici pendant les périodes de vacances scolaires. Et soyez sûr que je passerai vous rendre visite à chaque fois, je vous en donne ma parole... Hé ! comment savez-vous que je déménage à Araskan ? Je ne vous ai pas dit un mot à ce sujet ! Dites-moi comment vous...
— Cela n’a aucune importance désormais, me coupa-t-il. Place-toi donc au centre du pentacle et tends-moi ta main droite… Allons, n’aies pas peur, je ne vais pas te la couper !

À PROPOS DE L'AUTEUR

Mylène Colombero-De Angelis a 22 ans, et est étudiante en première année de Master MEEF Anglais.
Elle a toujours nourri une réelle passion pour la lecture, et plus tard pour l'écriture. Cette passion, décuplée lors des ateliers d'écriture organisés par son professeur de français au lycée, l'encourage à poursuivre la rédaction d'un écrit laissé au fond du tiroir depuis 2011, qu'elle soumet par la suite à plusieurs maisons d'édition. Mais c'est à la suite d'une visite du Mangame Show de Fréjus, en mars 2018, que Mylène découvre, et envoie son manuscrit aux éditions Sudarènes.
LangueFrançais
Date de sortie20 juil. 2018
ISBN9782374642123
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    Aperçu du livre

    Lostdreams - Mylène Colombero-De Angelis

    cover.jpg

    Mattéo Sullivan

    Rêves Fantastiques :

    Lostdreams

    M Y L È N E  C O L O M B E R O - D E  A N G E L I S

    « A ma mère et à mon père, qui m’ont épaulée tout au long de cette aventure,

    A Jean-Marc Pontier, qui a su me (re)donner le goût de l’écriture et m’apporter un précieux soutien. »

    Note de l’auteur

    Le roman dans lequel vous vous apprêtez à plonger – sans scaphandre ni combinaison – se plaît à observer des choses impossibles mais néanmoins bien présentes dans l’esprit humain, des choses telles que l'existence réelle de créatures mythiques, de dimensions entre plusieurs mondes, de la faculté de pouvoir se transporter dans son subconscient, et autres chimères.

    Mais l'impossible, l'est-il vraiment ?

    N’y aurait-il pas une brèche, une faille quelconque dans cette idée d'impossibilité qui tourmente tant l'esprit de l’Homme depuis le commencement ? Est-ce si fou d’avoir pour projet de donner vie à ses rêves les plus improbables, les plus saugrenus, les plus déstabilisants, ceux qui paraissent pourtant si vifs au point que l’on pourrait les toucher, les sentir ?

    C'est ce que vous, chers lecteurs, vous efforcerez de découvrir tout en parcourant ces pages.

    En vous souhaitant une bonne lecture… ou plutôt, une bonne aventure.

    Chapitre 1 : Imprévu

    Province d’Algor. 16h59. Collège Blaze Zarcko. Classe des 4e2.

    L’air est irrespirable, l’atmosphère est tendue, les profs arrivent au terme de leur consommation de café corsé et d’antidépresseurs... car pour tous les élèves algoriens, la fin de cette heure de cours se trouve être le commencement d’un évènement très important et très attendu... un évènement qui n’est ni plus ni moins que les fameuses vacances d’été !

    Plus qu’une insignifiante petite minute et nous serons tous libres comme l'air ! 

    Finis les devoirs interminables, les contrôles truffés de chausse-trappes, les heures de colle distribuées à tout bout de champ, la nourriture visqueuse de la cantine ! Terminé de voir à chaque heure de la journée la trogne malveillante du principal, d’un professeur ou d’un membre du personnel ! Très bientôt, les portes de ce pénitencier allaient s’ouvrir devant nous et nous laisser nous échapper sans prendre la peine d’essayer de nous retenir dans notre élan de désir de liberté.

    Mme Nelly Bletsou – dite « la morue » par les plus polis d'entre nous, et prof d'anglais de son état – jetait un coup d'œil à sa montre tous les deux millièmes de seconde et semblait être au bord de la crise de nerfs.

    Tout le monde pouvait facilement deviner ses pensées rien qu’en fixant ses deux yeux globuleux écarquillés. À vrai dire, ils sortent de leur orbite à chaque fois qu'elle est stressée. Là, elle avait grand’ hâte – comme nous tous d'ailleurs – que la sonnerie marquant la fin des cours retentisse, ce qui lui permettrait de se remettre de émotions de la journée, tout particulièrement de cette heure de cours. Et pour cause, Maxence Boulier, l’élève le plus insupportable de la classe (et même, n’ayons pas peur d’en rajouter, du collège tout entier depuis près de trois ans) n’avait cessé de lui rendre la vie impossible dès le début du cours. Ce type était passé maître dans l’art de tourmenter les profs depuis un sacré bail, et il était clair que Mme Bletsou était son souffre-douleur privilégié.

    Les rots sonores et autres bruits de fond pendant les contrôles ? C’était lui.

    Les imitations de tel ou tel prof quand celui-ci a le dos tourné ? C’était lui.

    Les points rouges d'un stylo-laser qui se baladent sur le tableau (ou carrément sur l'enseignant) pendant la leçon ? C’était lui.

    Les pétards sous les bureaux ? C’était lui.

    Les punaises et les coussins péteurs sur les chaises ? C’était lui.

    Les fusées nucléaires dans les placards ? C’était… Non, j’exagère, c’est pas un terroriste non plus ! Quoique, je me demande des fois si c’est pas lui qui était derrière « l’attaque de la Pieuvre » du mois dernier... En tout cas, la personne en question n’a pas raté son coup : on s’est tous pris quatre heures de colle pendant une semaine, tout ça parce que lorsque le principal est venu dans la cour pendant la récré, suivi de près par ses collègues enseignants, lesquels étaient tous – lui y compris – recouverts d’un liquide bleu foncé du haut du caillou jusqu’aux orteils, et a hurlé que le coupable allait subir un châtiment dont il se souviendrait longtemps, personne n’a eu le cran de se dénoncer. Résultat, on s’est mangé l’équivalent de tout un trimestre en devoirs sup’ que les pions nous distribuaient pendant nos heures de colle, tout en esquissant leurs petits sourires sadiques habituels. Mais rien que pour voir la trogne de tous ces casse-pieds repeinte à l’encre, ça valait quand même le coup. Bref, telle était la routine de Maxence Boulier, très vite surnommé « le Boulet » par ses petits camarades en raison de ses multiples frasques et de la ressemblance phonétique qui coïncidait avec son nom de famille.

    Mais bon, toutes les bêtises que pouvait bien accomplir notre fouteur d’embrouilles attitré ne nous dérangeaient pas des masses, parce que, déjà, on était bien habitués, et puis on se disait qu’après tout c’était un moyen comme un autre de mettre un peu d'animation dans ce cours de langue mollasson qui ressemblait trait pour trait à un champ de bataille, avec, au loin, dans le couchant, des cadavres d’élèves avachis lamentablement sur leur bureau au milieu de leurs cahiers et leurs stylos, les yeux mi-clos, bâillant à s’en décrocher la mâchoire, essayant en vain de capter les inepties que la prof déballait à longueur de temps, dans un anglais niveau 25, soit « plusnazetumeurs » avec un accent aussi minable que celui d’une vache hollandaise qui tenterait de dialoguer avec un raton-laveur japonais (oui je sais, c’est une super comparaison).

    Dans tous les cas, notre cher « Boulet » s’en donnait toujours à cœur joie lorsqu’il s’agissait de faire tourner cette chère morue en bourrique. Que ce soit pendant une interro, un cours, ou même pendant la récré, il lui en avait fait voir de toutes les couleurs ! Depuis le temps, elle s’était retrouvée abonnée aux portes et aux sièges piégés, aux malabars écrasés par terre ou collés au plafond, aux copies barbouillées de ketchup, au tableau couvert de dessins dits « humoristiques », et à bien d’autres sales tours ô combien présents dans le répertoire du Boulet, le roi des emmerdeurs, le cauchemar des enseignants, l'âme damnée du collège Blaze Zarcko ! 

    Quand on y repense, la pauvre femme en avait vraiment bavé cette année ! Elle devait avoir frôlé la dépression ! Ça ne m'étonnerait même pas qu’elle décide de se mettre en arrêt maladie dès la prochaine rentrée s’il s'avérait que Maxence fasse de nouveau partie de ses élèves ! Après tout, pourquoi s’en priver ? Quoi de mieux pour prolonger ses congés qu’un arrêt maladie dû à l’envie irrépressible d’éviter de croiser la route d’un élève franchement trop difficile à prendre en charge ?

    « Dear Lord, devait-elle songer, vivement la sonnerie que je puisse avoir le plaisir de ne plus revoir tous ces maudits garnements pendant deux longs mois ! Et, surtout, si ce n'est pas trop vous demander, faites que ce voyou de Maxence Boulier soit transféré, renvoyé, ou je-ne-sais-quoi d’autre de tout aussi providentiel ! Please, please, pretty please ! »

    Pour ce qui était de la fin des cours, cette prière fut vite exaucée. À 17h00 pétantes (le principal avait enfin fait réparer le système de sonnerie de l’établissement au bout d’un an et demi de perpétuelles suppliques), on entendit un bruit strident marquant la fin des cours et le début des vacances d’été dans un « DRIIING » libérateur. Il n’en fallait pas davantage pour nous motiver à vider les lieux. Dans un mouvement collectif, tous les élèves sortirent en courant de leurs salles, éparpillant dans les couloirs les pages déchirées de leur carnet de correspondance, bousculant les pauvres pions – terrifiés devant toute cette anarchie et cette vague d'élèves – qui se trouvaient sur leur chemin, braillant à pleins poumons leur joie de quitter ce collège de malheur, à jamais pour certains et jusque dans deux mois pour d'autres.

    Les seuls qui ne se pressaient pas pour sortir, qui ne se noyaient pas dans cette foule d'excités, c’était nous quatre.

    Ouvrant la marche, mon meilleur ami, un grand gaillard de quinze ans, répondant au nom d’Alexandre Allen. Peau bronzée et dénuée d’acné (le petit salaud !), cheveux blond cendré soigneusement coiffés, yeux bleu foncé, Alex avait plutôt la dégaine d'un surfeur tournant une pub pour du shampooing – un simple mouvement de la tête et ses cheveux virevoltent gracieusement, revenant à leur état normal sans former d’épis disgracieux contrairement à ceux d’un ado lambda. Athlétique, beau gosse – quoiqu’un chouia narcissique –, meilleur guitariste de tout son conservatoire… Pour faire court, Alexandre Allen était sans conteste LE mec parfait sous toutes les coutures que tout le monde trouvait stylé, cool et sympa.

    Cela dit, son côté dom juan nous agaçait quand même pas mal, puisque toute (j'insiste bien : toute) la gente féminine ne s’intéressait qu'à lui, délaissant ainsi le groupe des types de « seconde zone ». Bah c'est vrai ! Alors que nous autres, pauvres mortels boutonneux, en pleine mue de la voix et victimes des nombreux ravages de cette cruelle période qu'est l'adolescence, devions nous escrimer pour attirer l’attention de la fille « convoitée », cette espèce d’idole pour groupies n’avait qu’à se baisser afin de cueillir la fleur qui lui plaisait le plus dans son jardin d'Eden privatisé, voire même de se composer tranquillement un petit bouquet de-ci, de-là, passant de la marguerite à l’orchidée comme si de rien n’était.

    Vu qu’Alex attirait toutes les filles comme un aimant extrapuissant et qu’il savait pertinemment que nous ne pouvions que trop peu rivaliser avec lui, il prenait un malin plaisir à nous charrier de telle ou telle manière en nous rappelant nos conditions de petits célibataires endurcis. Mais ce qu’il préférait par-dessus tout, c’était nous raconter ses rencards en nous donnant quantité de détails – que je préfère passer sous silence – et carrément nous faire une liste du nombre de nanas qu’il avait séduites, liste qui semblait s’allonger un peu plus chaque année.

    Des fois, on se surprenait à rêver honteusement qu’on était à la place d'Alex, que c’était à cause de nous que les filles se pâmaient, que nos potes étaient envieux et que tout le monde nous trouvait stylés, cools et sympas. C’en était presque humiliant (je dis bien « presque » hein !).

    D’ailleurs, le casanova de service se retourna vers nous en souriant, dévoilant sa dentition parfaite et éblouissante qui pouvait faire concurrence à toute la quincaillerie que portait le roi Soleil : 

    — Ah, le temps béni des vacances d’été est enfin arrivé ! Yes ! Depuis le temps qu’on voulait quitter ce foutu bahut, hein les mecs ?

    Venait à sa suite mon deuxième meilleur ami, un gars de taille moyenne âgé de quatorze piges et demie. Peau à tendance acnéique, tignasse de cheveux bruns en bataille, yeux bleu iceberg, sportif (comme nous tous en fait), doté d’un esprit très inventif – enfin, surtout lorsqu’il s’agissait de faire des blagues –, la langue trop bien pendue, et portant un appareil dentaire dont les bagues en métal se décollaient facilement quand il ouvrait trop grand la bouche – ce qui provoquait d’éternels éclats de rire parmi nous, surtout aux moments des repas lorsqu’il essayait, par exemple, de mordre à pleines dents dans un burger ou d’engouffrer le contenu de son pot de flan d'un seul coup de cuillère (ce qui ratait quasiment à chaque fois). Tel était Émeric Talbot. Ce drôle de type au caractère à la limite de l’hyperactivité dégageait une impression peu commune à laquelle il devait sa ressemblance plus que frappante avec une espèce de lutin farceur ou, mieux, un farfadet. Ouais voilà, un farfadet cherchant à échafauder mille facéties farfelues pour pouvoir donner le tournis à son prochain.

    Perché sur une jambe à la mode flamant rose, relaçant sa basket tout en sautillant pour ne pas s'embêter à prendre le temps de s'arrêter en chemin, il ajouta d’une voix nonchalante, tel un rasta en train de tirer sur un joint : 

    — Ouaip man, c'est le nirvana total ! Sérieux, vous vous rendez compte ? Deux longs mois de détente, tranquilles, relaaax ! Et le meilleur, c’est que pendant tout ce temps, on croisera plus aucune sale trogne de prof ou cette vieille face de morue toute molle ! C’est juste trop coool !

    Inutile bien sûr de préciser qu’Émeric avait une sainte horreur de l’anglais.

    Enfin, venait mon troisième meilleur ami. Un p’tit gars d’à peine treize balais et demi (bien qu’il paraisse tout de même plus vieux), dénommé Nicolas Taggert. Peau blanche, cheveux roux en épis, yeux marron foncé, préférant l’ordinateur au sport, ce qui ne l’empêchait pas de posséder un physique très mince, voire maigre comme un clou, avec de grandes mains aux longs doigts osseux rappelant ceux d’un macchabée fraîchement déterré (cela dit, vu qu’il faisait du piano, ce n’était pas un problème pour lui, bien au contraire).

    Nico est un élève extrêmement brillant, toujours le premier dans chaque matière depuis la maternelle. Mais personne n’est vraiment parfait, car Nico avait pour unique défaut une naïveté prononcée qui lui attirait très souvent des ennuis et toutes sortes de malentendus stupides. Il savait néanmoins qu'il pouvait toujours compter sur ses potes pour le sortir des extraordinaires pétrins dans lesquels il se fourrait aisément.

    Tout en se raclant la gorge, il se contenta de dire à l’attention d'Émeric que l’anglais était une matière exceptionnelle, facile et, surtout, très intéressante. Il ajouta même qu’il fallait vraiment être un imbécile pour ne pas comprendre ça. Autant vous dire qu’Émeric s'est mis à fulminer, mais il avait l’habitude que Nico le rabroue constamment sur ses problèmes de maîtrise de la langue de Shakespeare.

    Et pour terminer cette présentation, voici le quatrième larron du groupe : moi.

    Je m’appelle Mattéo. Mattéo Sullivan. J’ai presque atteint la barre des quinze ans. Je ne suis ni grand ni gros, ni petit ni maigre. J’ai une taille et un poids régulier, tout ce qu’il y a de plus normal pour un garçon de mon âge. Je suis châtain (couleur vaguement éloignée du trio blond-roux-brun). J’ai les yeux vert foncé cerclés de gris qui ont l’étrange particularité d’avoir de petites taches grises baignant dans les prunelles. Je sais que c’est bizarre, mais je suis né comme ça, si bien que mon entourage me surnomme parfois « l’extraterrestre » pour blaguer. Depuis le temps, je me suis accoutumé à ce sobriquet. Je ne fais partie d’aucun mouvement extrémiste ou anarchiste, d’aucune secte, d’aucun groupe terroriste, rien de rien qui pourrait me permettre de me distinguer socialement de la masse. Je ne suis pas délégué de classe ni membre du conseil des collégiens, encore moins athlète « star » d’une de nos équipes de sport co’. Je suis un ado banal de chez banal, un jeune monsieur-tout-le-monde comme on en trouve à chaque coin de rue. Côté cours, je me débrouille pas trop mal… il y a seulement une toutepetiteminusculemicroscopique matière qui ne m’aime pas et que, par conséquent, je ne porte pas non plus dans mon cœur. Cette matière tient en un seul petit mot : maths ! mon pire cauchemar ! mon talon d’Achille ! ma peste ! mon choléra ! Enfin, il était difficile pour moi de ne pas avoir cette matière en horreur, surtout avec la prof que je me suis coltiné pendant mes deux premières années de collège : Mme Drancel (Nathalie de son prénom).

    C’est une horrible bonne femme qui mesure pas moins d’un mètre quatre-vingt-cinq de haut (et sans talonnettes, s'il vous plaît !), qui force juste un p’tit peu trop sur le maquillage (tu parles, on a l’impression qu’elle s’est écrasée une palette de peinture sur la figure !), qui parle comme si elle avait absorbé de l’hélium (soit dans les notes très très aigües) et, lorsqu’elle s’énerve, le timbre de sa voix se transforme d’un coup et devient aussi grave que celui d’un stentor ! C’est hyper impressionnant ! Je me souviens qu’à cause de tous ces petits détails, Alexandre l’avait surnommée « le travelo », et il est vrai que la ressemblance était plus que frappante ! Et, comble de malheur, elle avait la fâcheuse manie de toujours mettre son popotin en arrière lorsqu’elle vérifiait le travail de la personne qui était devant vous ou bien sur les côtés. En clair, quand elle se penche, il ne vaut mieux pas se trouver dans son sillage, sinon... gare à vous, purs et innocents élèves ! D’ailleurs, ça me rappelle que, pendant un cours – j'en pouvais plus qu’elle fasse ça, déjà que les maths et moi ça fait trente-sept alors comment voulez-vous que je me concentre si cette satanée sorcière tortille son énorme postérieur devant mes pauvres yeux –, j’ai fait quelque chose qui a provoqué une crise d’hilarité chez mes camarades pendant un bon quart d'heure, et qui, par la suite, a fait le tour du collège en l'espace de deux minutes grâce à notre réseau de pipelettes assidues.

    Permettez que j’y revienne : lorsque la Drancel, alias madame « j'aime-traumatiser-mes-élèves-avec-mes-fesses » s’est penchée en avant et que son ignoble derrière se trouvait une fois de plus dans mon champ de vision, avec un courage sans bornes, j’ai sorti mon compas de ma trousse et l’ai placé pointe en avant. Comme je m’y attendais, elle a reculé un peu, un tout petit peu, encore et encore, jusqu'à ce que… je vous laisse deviner la suite.

    Résultat : après quelques secondes de silence, tout le monde éclata de rire et se tordit sur sa chaise. Le spectacle valait le détour !

    Bon, je me suis quand même pris un mot incendiaire dans le carnet – à faire signer par les parents, évidemment – mais comme si ça ne suffisait pas, j’ai aussi dû me taper trois heures de colle pendant une semaine. Ceci avait été le prix à payer pour pouvoir être tranquille pendant au moins un cours. J’ai eu de la chance de ne pas avoir été viré du collège pour ce simple tour de gosse.

    De toute façon, depuis la sixième – depuis que ma route a croisé celle de cet ignoble travelo à grosses fesses –, les maths et moi sommes ennemis jurés, donc ça ne m’affectait pas plus que ça d’être puni à cause de cette matière infâme et de cette prof sadique. Mes parents en ont fait tout un scandale, ce qui a impliqué la confiscation immédiate et sans condition de ma collec’ de jeux vidéo, de ma console, de mon ordi, ainsi que de ma chère télé (qui me tenait compagnie depuis toujours dans mes moments de solitude, mais qu’ils jugeaient source de distraction trop importante jouant un rôle majeur dans mon échec scolaire au niveau matheux).

    Enfin. Pour ce dernier jour de cours, j’avais décidé de porter un de mes tee-shirts favoris, celui avec une image du concert du groupe Three Doors Down avec leur nom écrit au-dessus. Ça pétait de classe, et la preuve : la plus jolie fille de ma classe – Nina Fabiano, qui ne m’adressait presque jamais la parole d'habitude – m’avait croisé un matin, en entrant dans la cour, et la première chose qu’elle m’ait dite en me voyant était : « Ouah ! j’adooore ce tee-shirt, il est canon ! T’as trop bon goût ! ». Quelle surprise ! Moi qui pensais que cette fille, idolâtrée par la plupart des mecs du bahut, toujours à la pointe de la mode et appréciée par les profs, ignorait jusqu’à mon existence ! Je me retrouvai déconcerté : elle venait carrément de me sortir un compliment sur mes fringues ! Je croyais rêver. Bon, pour n’importe qui, il est vrai que cette anecdote peut paraître un chouia puérile, mais pour moi, c’était vraiment quelque chose ! Après cette soudaine « déclaration », je m’étais contenté de balancer un vague « merci », avant de la voir s’éloigner d'un pas léger pour aller retrouver ses copines qui papotaient sous le préau.

    Là, je m’en suis voulu. J’aurais pu cent fois essayer de maintenir la conversation, placer un compliment à mon tour, lui demander son numéro de portable, mais non. La timidité me paralysa littéralement, comme à chaque fois que je me retrouvais dans l’une de ces rares situations, et c’était cet embarras affligeant dont j’aurais bien voulu me débarrasser qui m’empêchait de pouvoir aborder les filles qui me plaisaient. C’en devenait gênant.

    Mais revenons au sujet de départ : ce superbe tee-shirt était l’un de mes vêtements fétiches, je le mettais souvent lors de certains contrôles pour qu’il me porte chance. C’était un peu comme mon grigri quoi. Seulement voilà, tee-shirt classe ou pas, porte-bonheur ou pas, ma mère le déteste.

    Pourquoi me demanderez-vous ? Eh bien parce que je le porte très très souvent, et que ça la met carrément hors d'elle. Non mais sérieux les mecs, ça ne vous gonfle pas, vous, d'entendre à chaque fois que vous mettez une de vos fringues favorites : « Quoi ?! encore ce tee-shirt ?! ...encore ce pantalon ?! ...encore ces chaussures ?! ...encore ce caleçon ?! Tu me désespères mon fils, tu mets toujours les mêmes habits alors que ton armoire est bourrée de vêtements que tu n’as jamais mis ! Regarde par exemple, ce joli pull en laine ! Tu sais bien, le bordeaux avec les sapins et les bonhommes de neige que ta tante Germaine a tricoté rien que pour toi et qu'elle t’a offert à Noël. Tu ne l’as toujours pas porté et elle risque d’être fâchée ! Et ce bonnet en poils de yack que ta tante Gertrude t’a confectionné ! et ces moufles ! et ces chaussettes ! Tu ne les as jamais mis, ni même touchés ! Tout ce que tu vas gagner, c’est qu’elles ne te tricoteront plus jamais rien ! Ça te ferait plaisir ? hein ? ».

    Oh que oui ! Tu ne peux pas savoir ! Rien au monde ne me ferait plus plaisir que d’échapper aux traditionnels vêtements de zazous clownesques tricotés exclusivement pour moi par les deux aînées de mon paternel ! Ce serait une véritable délivrance, l’extase même !

    Pour en revenir à ma génitrice, elle me pose toujours des questions stupides telles que : « Tu as utilisé combien de morceaux de papier toilette pour t'essuyer ? tu n’as pas compté ? Oh, mais tu sais pourtant qu’il faut faire très attention à l’environnement avec tous ces changements climatiques et tous ces hectares de forêt que l’on détruit chaque jour dans le monde ! Tu n’es pas très écologique, mon fils ! » ; « Tu as bien fait tous tes devoirs pour demain ? ...Non ? tu n’as pas encore fini tes exercices de maths ? Eh bien, qu’est-ce que tu attends pour les faire ? le déluge ? Tu es certainement le plus feignant de tous les adolescents que je connaisse ! » ; « Est-ce que tu as pensé à mettre la lettre de ton père à la poste ? Je l’avais laissée en évidence sur le buffet et je te l’avais rappelé ce matin avant que tu ne partes au collège... Quoi ? tu as encore oublié ?! Oh là là ! mais c’est pas possible ça ! Quand est-ce que tu vas enfin te mettre un peu de plomb dans la tête ? ».

    Et le pire, c’est que mon père, au lieu de prendre ma défense – de respecter la compréhension et la solidarité père-fils – se paie le malin plaisir d’ajouter : « Tu sais fiston, ta mère a raison. Tu devrais faire la check-list à chaque fois que tu as un truc à faire. Prends donc exemple sur moi, je n’oublie jamais rien ! ». Et gnagnagna et patati et patata, et vas-y que je me la pète grave devant ma femme pour montrer que je suis un père attentif ! Bon, ce n’est pas comme si j’étais mécontent de vivre au sein d'une famille pareille, mais tout de même, y a des limites !

    C’est vrai qu'il y a des fois où je préférerai nettement vivre seul comme un ermite. J’adorerai me retirer dans une grotte ou dans une forêt, loin du tumulte de la ville. Je pourrai alors m’adonner à la méditation, vivre de la chasse et de la pêche, construire mon propre logement dans les arbres, écrire tranquillement des histoires en trouvant l’inspiration dans le paysage qui m’entoure...

    Enfin, trêve de rêveries !

    Pour en revenir à mon groupe de potes, nous étions tous les quatre très différents et, pourtant, cela ne nous empêchait pas de nous entendre à merveille. Nico était le cerveau, Émeric le comique de service, Alex le dragueur en série – il changeait de copine toutes les deux semaines en prétextant que c'était pas le grand amour de sa vie, qu'elle était trop collante, etc.

    Et puis, il y avait moi. En y réfléchissant bien, je n’étais rien. Je ne faisais rien d’extraordinaire qui pouvait me différencier des autres personnes de mon âge. J’étais un adolescent tout ce qu’il y a de plus normal, de plus banal, un peu perdu dans la mêlée. Une des deux seules choses qui me différenciait au moins de mes potes, c’était mon addiction au sport, un peu comme un cocaïnomane.

    Lorsque je me sentais pas bien dans ma peau ou que je me prenais la tête avec mes vieux, il fallait que je me défoule. Alors je sortais courir, faire du vélo ou du skate. Il était vrai que le sport me calmait facilement les nerfs, sans quoi, je risquais de mettre le feu à l’appartement.

    J’adorais aussi aller jouer au basket dans le terrain vague, tout seul ou accompagné de mes amis.

    À propos de basket, il faut préciser que depuis notre entrée dans le collège Blaze Zarcko, nous faisions partie de l'équipe de notre établissement. Nous étions tombés sur le papier indiquant la sélection des joueurs pour cette équipe tout à fait par hasard : durant le mois de septembre, lors de nos premières semaines en tant que collégiens, nous nous baladions dans la cour en discutant tranquillement de nos soucis, de nos horaires, de nos profs, puis, nous nous étions adossés à un poteau près du préau. Lorsque, sans crier gare, Nico reçut en pleine poire une grande affiche de papier coloré apportée par le vent. Je ne l’avais jamais entendu brailler autant d'insultes sous l’effet de la surprise !

    Sur cette affiche, il était inscrit le paragraphe suivant :

    Avis à tous les élèves du collège B. Zarcko :

    La sélection des nouveaux joueurs de l’équipe officielle de basketball aura lieu aujourd'hui. Les élèves de classe de sixième jusqu’à la troisième peuvent se présenter. Pour plus d’informations, rendez-vous au gymnase principal à 17h30 et adressez-vous à M. Durieux, coach de notre future team.

    Venez nombreux !

    En dessous de ces lignes, il y avait une photo de l’équipe précédente, tous si fiers dans leur maillot noir et blanc, portant chacun une médaille d’or autour de leur cou. Ils semblaient tellement heureux et passionnés. Mordus par la curiosité, nous allâmes au rendez-vous proposé, et, après maintes explications sur ce formidable sport par    M. Durieux – professeur d'EPS et Serge pour les intimes –, cela nous donna une grande envie de participer. Nous avons passé les sélections avec succès puisque nous avons été pris tous les quatre (quoique Nico a réussi à passer, mais vraiment au ras des pâquerettes, le pauvre).

    Une fois la nouvelle équipe assemblée, nous disputions de nombreux matchs tout au long de l'année. Nous les remportions presque tous, et avec brio. Notre team, les « Commodores », était une équipe de choc, avec des membres soudés ainsi qu’un coach dynamique et sympa, soit la recette parfaite pour réussir à se motiver et à botter facilement les culs des autres collèges lors des compet’.

    Depuis, le basket était toute notre vie (avec le skate et les jeux vidéo bien sûr). C’était ce qui nous enthousiasmait le plus et nous forçait à nous rendre en cours chaque jour. Nous n’avions jamais loupé ni une seule séance d’entraînement ni une seule rencontre et nous étions toujours partants pour tout ce que l’équipe entreprenait.

    La deuxième chose qui me différenciait de mes potes était celle-ci : J'étais un rêveur.

    Mais quand je dis rêveur, comprenez-moi bien, cet adjectif me décrit complètement. Le plus clair de mon temps (environ 97% je dirais), j’avais la tête dans les nuages. Je restais dans mes songes, j’avais mon propre univers, un univers fantastique peuplé par les personnages de mes jeux vidéo, de mes bandes dessinées et de mes livres favoris, dans lesquels je me plongeais avec exaltation. J’étais totalement captivé par les histoires que mes nombreux auteurs préférés avaient écrites et qui me plongeaient dans un monde magique.

    Je m’imaginais combattre des créatures monstrueuses aux côtés de mes héros et de mes demi-dieux favoris. Je me voyais vaincre l’affreuse Chimère sur le dos de Pégase tout comme l’avait fait Bellérophon ; décapiter l’infâme gorgone Médusa à la place de Persée ; réaliser avec courage les douze travaux d’Héraclès...

    Je m’évoquais, transperçant les nuages sur le dos d’un griffon, défiant un sphinx dans un tournoi d’énigmes, apprivoisant un phénix, ou bien menant de multiples escarmouches et assauts en compagnie de personnages mythiques venant de différentes mythologies, tels que Ulysse, Horus, Siegfried ou encore Lug. Je me sentais prêt à affronter tous les multiples périls que les dieux et les démons placeraient en travers de ma route. C’était ça la vie que je voulais mener !

    Une vie où je ne serais pas un adolescent insignifiant et invisible complètement noyé dans une masse anonyme. Un héros, un aventurier, un fier guerrier toujours à la recherche de nobles quêtes à accomplir et d’aventures trépidantes à vivre. Je rêvais de cette formidable existence chaque fois que j’avais le blues ou que je me sentais trop seul, si bien, qu’autour de moi, on me reprochait souvent d'être dans ma bulle et de ne pas faire suffisamment attention à tout ce qui m’entourait. Ils avaient raison, bien sûr, mais c’était tellement réconfortant pour moi de m’évader dans les coins les plus reculés de mon imagination et de me couper de ce monde où tout semble si simple en apparence, mais qui est, en réalité, si compliqué, tant et si bien qu’on en vient parfois à se demander ce que l’on fait dans tout ce fourbi, quel rôle nous avons, quelle place occupons-nous ou allons-nous occuper dans ce monde tarabiscoté. Faire des études, avoir un petit boulot d’été (si possible), trouver un travail, rencontrer quelqu’un, se marier, avoir une maison, faire des gosses, payer des factures, avoir des beaux-parents chiants, un patron aigri… Puis finir sa vie à l’hospice parmi d’autres vestiges des années passées, engoncé dans un fauteuil à attendre le moment propice pour quitter cette Terre. Dans mon monde, rien de cela n’existait. Je préférais donc m’y cloîtrer un moment et profiter de ces instants privilégiés qu’offrait le pouvoir de l’imagination avant de connaître tous ces évènements un jour ou l’autre, dans cette jungle urbaine qu’est la vraie vie.

    Sur ce point, Alex, Émeric et Nico me comprenaient parfaitement et s’abandonnaient dans leurs rêves de temps à autre avec moi, partageant leurs peurs, leurs angoisses, leurs souhaits et leurs joies. Quand l’envie nous prenait, nous nous rejoignions chez l’un d’entre nous ou bien à notre QG, nous imaginions des histoires et des scénarios que nous écrivions et proposions ensuite au club de théâtre de notre collège. Nos idées étaient assez appréciées et une de nos nouvelles fut d’ailleurs adaptée en pièce lors de notre année de cinquième. Cela nous rendait heureux, de pouvoir apporter une aide certaine aux gens, de prouver qu’on était pas des ados glandeurs, qu’on en avait aussi dans la caboche et pas tout dans le futal, comme on pourrait croire.

    Tous les quatre nous étions vraiment inséparables, unis comme les doigts de la main, et ça, pratiquement depuis notre rentrée à l'école maternelle.

    Un dragueur « pot-de-miel-à-nanas », un farfadet comique, un intello malchanceux au possible et un rêveur « sportifomaniaque ». Voilà qui constituait une sacrée bande de copains !

    Habituellement, tout en marchant vers nos domiciles respectifs, nous discutions de tout et de rien. Mais cette fois-ci, le sujet de conversation principal n’était ni plus ni moins que nos projets de vacances, et on prévoyait sérieusement de s’organiser quelques petites sorties sympas entre potes comme chaque été.

    — Dites les gars, fit Émeric en shootant dans une cannette qui traînait sur le trottoir, pendant le mois de juillet on pourrait aller faire un saut à la piscine municipale ? Y paraît qu’ils l’ont entièrement rénovée, ça pourrait être sympa. En ce qui me concerne, je pars toute une semaine au début du mois d'août à Nartan chez mon parrain.

    — Mouais, pourquoi pas ? De toute façon, moi, fin juillet, je vais passer une dizaine de jours chez mes grands-parents, à Aslak. Qu’est-ce que vous en pensez, les gars ? demanda Alex en se retournant vers Nico et moi.

    — Ouais, ça me va, répondis-je. Je pars début août à Saint Bruce avec ma famille pour environ… douze jours il me semble. Et toi Nico, est-ce que tu pars deux semaines en colo, comme chaque année ?

    — Euh... oui, je pars toujours en colonie pendant deux semaines vers fin juillet, ça n’a pas changé. Ma mère a scrupuleusement rempli le formulaire, tu la connais.

    — Alors, y a de soucis pour personne dans la date proposée ? Super ! s’exclama Émeric, tout sourire. Ah, mais mon idée de sortie te convient-elle, mon cher Nico ? Parce que là, tu tires une drôle de tronche, mec.

    — Ben à vrai dire, je suis pas trop trop emballé... Tu sais, moi, la piscine... ça me dit trop rien. On pourrait pas plutôt s'organiser un après-midi au skate park ? ou sinon, je ne sais pas... on peut aussi se faire un ciné, un bowling, ou…

    — Oh, c'est bon ! le coupa Alex, blasé. Ça suffit de faire toutes ces p’tites manières de grand-mère frileuse ! T’es pas bourré de complexes sur ton corps ou sur ton poids à ce que je sache, alors ras-le-bol que tu veuilles plus te montrer en maillot devant les gens à cause de cette histoire de gamins !

    En effet, je ne l’ai pas précisé mais Nico refusait catégoriquement d’aller à la piscine ou de se mettre en maillot en public depuis quelques temps, et cela pour une raison précise : à cause de ce qui s’était passé au deuxième trimestre de cette année lors de notre évaluation de natation avec la classe au grand complet, pour son plus grand malheur.

    Pour commencer en beauté, dans les vestiaires, alors qu’on était tous en train de se changer, Jefferson, Grégory et Malek – les trois imbéciles de la classe – s’étaient adressés à Nico en le surnommant « fil de fer » lorsqu’il eût dévoilé son anatomie de squelette. Au début, Nico avait pris cette remarque déplacée comme une petite taquinerie parmi tant d'autres, car il est vrai que les garçons, à notre âge, sont très moqueurs et pas toujours cools avec leurs camarades. Tout était prétexte à la raillerie : la taille, le poids, l’acné, la dégaine… jusqu’à nos parties intimes que l’on pouvait retrouver exposées à la vue de tous d’un simple « coup de vent » provoqué par l’arrachage brutal de notre serviette de bain lorsque nous nous changions pudiquement. Il a donc préféré ne rien dire et se concentrer sur le cours de piscine.

    Ensuite, à la sortie des vestiaires, ce fut le tour d’un groupe de filles, le trio « C comme Canons » – le nom de groupe plus narcissique tu peux pas – où Camille, Cassandra et Charline, membres officiels, se sont approchées de Nico en gloussant bêtement comme des pintades. Elles ont maté son torse, ses bras, ses jambes et son ventre dépourvu d’abdos, puis elles sont reparties voir Malek et Grégory. « Vous aviez raison, il est vraiment anorexique ce pauvre garçon ! », avaient-elles braillé à pleins poumons. « C’est à peine croyable qu’il parvienne encore à soulever ne serait-ce qu’un crayon de couleur, vu qu’il n’a aucun muscle nulle part ! ».

    Là, ça a commencé à le titiller un peu parce qu’il n’apprécie pas que l’on parle de son anatomie, mais il conservait un calme légendaire en présence de la prof, Mlle Roseline (surnommée « Queen Kong » car elle était poilue comme un orang-outang et nous faisait penser à une sorte de catcheuse bodybuildée allaitée aux anabolisants), sous peine d’hériter d’une série de malus durant les tests car s’il y avait bien une chose qu’elle avait en horreur c’était les bastons stupides entre prépubères.

    Enfin, lorsqu’il a fallu plonger, faire trois longueurs, revenir en nageant aussi vite que l’on pouvait (pour tout dire, ça comptait coef’ deux dans la moyenne) et que la prof a désigné l'infortuné Nico pour passer en premier, tous les autres crétins se sont mis à rigoler et, bien sûr, Grégory eut la brillante idée de faire cette remarque complètement déplacée :

    — Pauvre petit Nicolas ! Tellement qu’il est maigre, il va flotter à la surface lorsqu’il aura essayé de plonger ! Mais remarquez, il a de la chance, c'est vachement pratique pour faire la planche !

    Presque toute la classe a pouffé de rire, en particulier le trio « C comme Cagoles » – comme nous l’avions si gentiment rebaptisé. Personne n’a pris la défense du malheureux Nico qui luttait pour ne pas perdre son calme. Enfin, il y a bien eu Émeric qui avait sauvé la situation en faisant remarquer à Grégory :

    — Toi, au contraire t’es tellement énorme et lourd, comme un boulet de cent tonnes au bout d’une grue de démolition, que lorsque tu vas plonger ou plutôt te vautrer, tu vas complètement vider la piscine de toute son eau et provoquer une inondation massive ! Et, par-dessus le marché, tu seras cloué tout au fond par ton énorme bedaine dégoulinante de saindoux ! Alors un conseil mon gars : va donc faire un tour dans la pataugeoire, tu causeras moins de dégâts, et, qui sait, t’auras peut-être l’air moins bête que d’habitude !

    Cette remarque bien sortie suscita quelques gloussements dans l'assemblée et Grégory n’y trouva rien à redire. Il se contenta de marmonner : « Vas-y, du saindoux… Pff, c’est pas du saindoux d’abord, c’est rien qu’du muscle pur et dur comme de la pierre ! ».

    En tout cas, Nico nagea comme un véritable dauphin. Il fit d’ailleurs le huitième meilleur temps de la classe sur vingt-neuf élèves ! Il a même battu Malek qui est toujours classé largement avant lui d’habitude et qui, cette fois-ci, s’était retrouvé à la douzième place. Il a d'ailleurs enragé tout l'après-midi en faisant allusion à une éventuelle tricherie de la part de Nico, le supposé « fil de fer rouillé ». Bien sûr, il était tout simplement jaloux comme un pou.

    « C’est bien fait pour sa gueule, à l’autre naze ! » avait dit Alex – qui en avait profité pour lancer une œillade conquérante à un groupe de filles tout en prenant soin d’exhiber fièrement sa musculature.

    Nous félicitâmes tous Nico pour sa remarquable performance et le trio des crétines infantiles cessa de lui chercher des noises pendant un moment.

    Tout semblait se calmer au mieux… du moins le croyions-nous.

    De retour dans les vestiaires, les choses se gâtèrent soudainement : furieux d’avoir été ainsi humilié devant toute la classe, et en particulier devant Charline – sa petite amie de l’époque –, Grégory avait asséné un gros coup de poing dans le ventre d’Émeric ! Tandis que notre pauvre camarade était plié en deux de douleur, ce salopard de Grégory avait ensuite craché : « Prends-toi ça pauv’ tache ! Maint’nant, j’pense qu’t’essayeras plus jamais d’faire le mariole et tout ça rien qu’pour défendre le ridicule sac d’os qui te sert de pote ! Quelle connerie, j’te jure ! ».

    Et c’est ainsi que durant tout le chemin du retour, Grégory, Jefferson et Malek asticotèrent et insultèrent Nico autant qu’ils le pouvaient. Le pauvre était sur le point de craquer, mais il est parvenu à se retenir en demeurant imperturbable mentalement, chose rare chez les victimes de brutes qui préfèrent se terrer chez eux comme des rats ou tout simplement mettre fin à leurs souffrances de manière radicale. On en parlait souvent aux infos et je me souviens même qu’on avait recensé un cas pas loin de chez nous. Les interviews des parents des défunts ex-souffre-douleurs faisaient peine à voir, mais, pourtant, malgré toute cette agitation, personne n’a pu remédier définitivement à ce problème. À croire que l’Éducation nationale a d’autres choses plus importantes à faire qu’aider de futurs citoyens « en pleine construction », si j’ose dire, à se sortir de ce néfaste pétrin.

    Depuis ce jour maudit, le stupide surnom de « fil de fer » fut le quotidien de Nico jusqu’à l’année suivante où nous fûmes définitivement séparés de tout ce petit monde d’emmerdeurs de premier ordre ; lesquels restèrent gentiment à faire du surplace en 4e pendant que nous passions au niveau supérieur, Nico en tête de classe, bien évidemment. Comme le dit si justement ma mère : « Les méchantes personnes ne restent jamais très longtemps impunies, il y aura tôt ou tard une mauvaise chose qui leur arrivera et ils s’en mordront les doigts. »

    Je me demande parfois si elle n’est pas un peu sorcière sur les bords. Au sens positif, cela s’entend ! Ah, Elizabeth Montgomery, quand tu nous tiens…

    Vers 18h30, après avoir parlé de sujets plus appropriés pour nos ô combien désirées vacances d’été, nous raccompagnâmes Alex et Nico chez eux, puis Émeric et moi repartîmes vers nos habitations. Nous étions tous deux des « voisins d’en face » depuis le berceau.

    Émeric habitait au troisième étage de l’immeuble A et moi au troisième étage de l’immeuble B, bâtiments qui appartenaient à la résidence Le Capricorne.

    Cela étant, nous avions une technique pour nous parler à distance et sans portable quand celui-ci était confisqué par nos parents (dure épreuve pour des ados de notre génération, toujours scotchés à toutes sortes d’engins technologiques !). Lorsque l’un de nous deux était puni et enfermé dans sa chambre nous pouvions discuter par l’intermédiaire de nos balcons. Pour se faire entendre l’un de nous tapait trois coups sur la gouttière (au moyen de petites caillasses que nous conservions précieusement) et l’autre rappliquait pour lui remonter le moral et lui faire la conversation. Je saluai mon pote d’une brève poignée de main, puis je rentrai enfin chez moi en grimpant les escaliers quatre à quatre.

    Dès que j’eus franchi le seuil de l’appartement, Vulcain, le chien de notre famille (un berger de Majorque toujours super agité) me bondit dessus en jappant joyeusement avant que je puisse dire « ouf », suivi de mon p’tit frère, Maxime, qui me sauta au cou en criant « À l’assauuut ! » en mode barbare. Après avoir reçu une dizaine de griffures, de morsures, de coups de pieds – de la part de mon p’tit frère – et de coups de langue – de la part de mon chien – je me rendis dans la cuisine, me laissai embrasser par ma mère, je rangeai mes shoes dans le placard à chaussures, puis je montai dans ma chambre pour poser sur mon bureau mon sac de cours dorénavant dépourvu de livres, et m’écroulai fatalement sur mon lit, épuisé, faisant craquer les ressorts. Je restai quelques instants sur le ventre, la joue écrasée sur ma couette fraîche et propre, puis je me retournai sur le dos, observant chaque recoin du plafond avec insistance, plongé dans une espèce de mini catalepsie.

    Lorsque je sortis enfin de mes songes, je tendis la main vers une rangée de livres de ma bibliothèque, et j’attrapai le roman policier que m’avait prêté Alex il y a deux semaines. Il était grand temps que je le finisse !

    Toujours allongé sur le dos, levant le bouquin au ciel, je dévorai littéralement les quatre derniers chapitres qu’il me restait.

    ***

    Aux alentours de vingt heures dix, M’man cria pour la énième fois : « À TABLE, LES GARÇONS ! »

    Pour la petite histoire, ma mère se nomme Elisabeth de Montferrand. Elle a quarante et un an, elle est née à Grennjorn (capitale de notre chère province d’Algor) et est devenue mère au foyer depuis la naissance de mon frère. C'est une génitrice géniale, quoiqu'un peu trop mère poule, ce qui nous agace parfois Max et moi, mais quelle mère n’adopterait pas une attitude protectrice envers sa progéniture ?

    Comme vous l’avez sans doute compris, elle vient d’une famille particulièrement aisée (vous n’avez qu'à voir son nom de famille). Son père, François-Xavier de Montferrand, était, avant de prendre sa retraite, un important homme d’affaires, propriétaire de nombreuses entreprises sur la totalité du continent. Sa mère, Tania Goldenfield, était, jusqu’à la naissance de son enfant, la plus proche descendante du célèbre acteur de cinéma Geoffrey Goldenfield, qui, dans sa jeunesse, avait interprété des rôles principaux dans bon nombre de blockbusters qui lui ont rapporté un paquet de thunes dans le temps, si bien que Tania n’a pas eu besoin de poursuivre ses études car sa famille avait ramassé la totalité de cet extraordinaire magot. Elle a donc passé et décroché son baccalauréat puis a repris le métier de son aïeul. Elle fut une des actrices les plus talentueuses que le monde ait connue. Elle obtint pas mal de récompenses, fit la couverture de quantité de magazines people, connut la gloire et accumula un sacré patrimoine, mais en envoyait une partie à des œuvres de charité et à des hôpitaux car, en dépit de sa richesse et de la vie luxueuse qu’elle menait, c’était une dame de cœur qui se souciait du bien-être de son prochain.

    Un jour, alors qu’elle se reposait dans sa loge, quelqu'un avait frappé à sa porte : c’était mon grand-père. En tant que personne de renom, il avait eu droit à quelques privilèges, dont celui de pouvoir rendre visite à d’autres personnes importantes. Il était donc venu la voir pour la féliciter, car c’était son idole, et qu’il nourrissait à son égard un amour secret depuis plusieurs années. Elle lui avait plu dès sa toute première apparition à l'écran. Il s’avéra que ma grand-mère tomba elle aussi amoureuse de lui. Ils se marièrent quelques temps après leur première rencontre, puis partirent s’installer à Grennjorn dans un somptueux manoir des années trente qu’ils avaient fait construire et ils engendrèrent ma mère trois ans après. Ils chérirent cette enfant unique de toute leur âme, veillèrent à l’instruire parfaitement, à lui donner tout l’amour et l’attention possible. Ils l’inscrivirent dans les meilleures écoles privées de la ville, lui firent participer à toutes sortes d’activités éducatives, mais dès qu’elle eut atteint « l’âge ingrat », ma mère devint une vraie rebelle qui n’appréciait pas tellement d’être née au sein d’une famille de bourges. En guise de protestation, elle accomplissait quantité de conneries pour leur faire regretter de l’avoir conçue ! Elle renversait intentionnellement les précieux vases asiatiques de sa mère, jetait au feu les cravates préférées de son père, restait cloîtrée dans sa chambre pendant des jours, cessait de prendre ses repas en famille, séchait les cours pour se rendre à des manifs, leur adressait la parole de manière désagréable et était toujours de méchante humeur, qu’importe la situation. Ses parents étaient complètement désespérés que leur unique héritière ait un tel comportement, si bien que lorsqu’elle eut atteint ses seize ans, ils décidèrent de sévir et de l’inscrire en internat dans l’établissement catholique Sainte-Geneviève-du-Clos-de-la-Fondrière, une école collège-lycée réputée intraitable envers ses pensionnaires.

    Mais le jour même – futée, ma mère ! – elle s’évada avec un petit groupe d’amies qui étaient dans le même cas. Elles s’inscrivirent dans un lycée public, obtinrent chacune leur baccalauréat puis se perdirent de vue. De son côté, ma mère se rendit à l'université de Grennjorn, fit des études de lettres, décrocha son diplôme et rencontra mon père quelques années plus tard lors de la soirée de fin d’études donnée par l’un de leurs amis communs. Ils se virent, se plurent... et le temps puis l’amour firent leur œuvre.

    Nos grands-parents, qui en voulaient toujours à leur fille pour les multiples troubles qu’elle leur avait causés, furent très surpris lorsque celle-ci se présenta devant leur porte en un chaud après-midi de juillet 1997. Elle venait leur présenter son époux ainsi que leur premier-né : moi. À cette époque, je devais avoir à peu près deux ou trois semaines, je n’étais qu’un petit bout de chair rose en voie de développement, ni plus ni moins.

    Mes grands-parents furent nettement moins rancuniers lorsqu’ils me virent tout recroquevillé et somnolant dans les bras de ma mère. Avec mille précautions, mon grand-père me prit dans ses bras et murmura : « Bonjour, petit bonhomme ». Il avait le sourire aux lèvres.

    « Papa, avait dit ma mère, voici ton petit-fils. Il s’appelle Mattéo Liam Sullivan. Nous lui avons donné les prénoms de ton frère et du père de maman, nous avons pensé que cela vous ferait plaisir. Est-ce le cas ? ».

    À ces mots, mon grand-père fut si ému qu’il se mit à sangloter (en même temps, un évènement pareil n’arrive pas tous les jours !). Quelques gouttes de ses larmes tombèrent sur moi et me réveillèrent. Je me mis à brailler à pleins poumons, tellement fort que ma grand-mère me prit dans ses bras et me susurra une berceuse dont elle avait le secret. Je m’arrêtai de gémir et me rendormis aussi sec, le pouce dans la bouche, bercé par la voix mélodieuse de la femme qui me tenait serrée contre elle. Cinq ans plus tard, lors de la naissance de Max, ce fut le même scénario : mes grands-parents étaient comme des fous et s’extasiaient devant le nouveau-né. Depuis, P’pa, M’man, Max et moi séjournions chez eux tous les mois de décembre lorsque Noël approchait et nous passions pas mal de temps en leur compagnie pendant les vacances scolaires.

    Cette histoire, Max et moi, nous la connaissions par cœur, vu que P’pa, M’man, Papy F-X et Mamie Tan’ nous l’avaient racontée au moins une bonne centaine de fois. M’man allait se remettre à crier qu’il était l’heure de passer à table lorsque P'pa rentra de son travail de galérien. Ça faisait quatre jours qu’on l’avait pas vu car il était en déplacement à Fraybourg pour affaires.

    — Bonsoir mon chéri, fit M’man en allant l’embrasser. Tu as passé une bonne journée ?

    — ‘Soir chérie, grogna-t-il, maussade. Mouais, ça peut aller, toujours beaucoup de boulot bien sûr, mais, là, ce soir, je suis vraiment claqué de chez claqué ! Au fait, qu’est-ce qu’on mange ?

    — Ah, j’aime quand tu me dis que tu as eu beaucoup du travail, ça prouve que tes patrons ont bien besoin de toi ! Pour dîner j’ai préparé de l’osso bucco, accompagné de graines de quinoa et d’haricots plats. J’ai aussi fait une surprise pour le dessert, tu m’en diras des nouvelles.

    — Mouais... ça n’a pas l’air trop mauvais... d’autant plus que, ce midi, j’ai dû manger tout seul comme un chien dans mon bureau, tout ça parce le rendez-vous avec les clients égrossais a été reporté à dans deux semaines. Du coup, le déjeuner au resto a été annulé, ce qui fait que je me suis contenté d’un jambon-beurre taille nain, d’une barre de céréales et d’un café, le tout payé cinq euros soixante à des distributeurs miteux parce qu’à une heure et quart de l’après-midi, comme par enchantement, tous les magasins de la rue ont décidé de fermer ! Faudrait un peu savoir ce qu’ils veulent ces commerçants à deux ronds ! Après

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