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Notre jour viendra: Thriller
Notre jour viendra: Thriller
Notre jour viendra: Thriller
Livre électronique239 pages5 heures

Notre jour viendra: Thriller

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À propos de ce livre électronique

Onze années après avoir fuit l'Angleterre, Deborah et sa famille sont rattrapés par leur passé.

Deborah Burdington habite avec sa fille Juliet dans le quartier de Brooklyn à New York. Après avoir quitté Londres, elle mène une vie équilibrée en compagnie de Robert, son compagnon, entre son job au consulat britannique et les exploits sportifs de Juliet. Sa fille est une championne de natation en herbe. Mais la raison de leur venue aux États-Unis il y a plus de dix ans n’était pas anodine… Et le destin va les rattraper. Onze années plus tard, le processus s’enclenche de manière brutale dans le pays voisin. Deux victimes, tuées de manière atroce, viennent raviver le passé. Les scènes de crime ne laissent pas de place au doute : les bourreaux qui ont poussé Deborah à fuir l’Angleterre sont de retour et semblent bien décidés à se venger.

À New York, deux victimes viennent rappeler à Deborah Burdington de bien sombres souvenirs... Suivez une histoire de vengeance des plus cruelles dans ce thriller glaçant et palpitant !

EXTRAIT

Des sueurs froides lui coulent le long du visage à la vue de cet équipement. Lui qui a connu toutes les horreurs que la brute a commises par le passé devine ce qui l’attend. Cela le pétrifie. Son groupe a passé des années à étudier les méthodes de rétorsions de Falcon. Pour anticiper ses attentats ou ses attaques, ils avaient pris connaissance via des membres du clan fait prisonniers, de son goût pour la cruauté. Sa culture sanguinaire était reconnue dans le milieu des renseignements.
Là, c’est la première fois qu’il la voit de si près.
Et c’est pour lui.
K s’approche de son chef. Il s’avance de son oreille pour lui murmurer quelques mots. Ruddock lui répond de manière excédée. Apparemment, il y a un imprévu dans la situation. K revient de façon plus véhémente près du Falcon. Il lui chuchote de nouveau une saillie virulente. Les deux hommes se dévisagent dorénavant. Ruddock reprend son calme et pose une main sur l’épaule de K. Il annonce de façon claire.
— Lui, il y a droit vivant. Point barre !
Il replonge son bras brûlé dans le sac, en ressort une demi-douzaine de flèches, et une petite arbalète. Qu’il braque immédiatement en direction du prisonnier.
Qui se liquéfie.
Il a compris que Ruddock va signer son crime. Il a déjà vu des victimes du barbare griffées de la sorte.
Il doit tenter de sauver sa peau ; ou, au moins, éviter la torture.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Ludovic Lagnet habite à Orthevielle et travaille comme commercial. Il a pour passion la lecture, notamment les polars, et plus particulièrement les thrillers américains. Il a écrit un premier livre non publié il y a vingt ans. Au fur et à mesure de ses lectures, un scénario a germé dans sa tête, et après une période de préparation mentale et technique, il s’est lancé dans cette magnifique aventure.
LangueFrançais
Date de sortie4 sept. 2019
ISBN9782851137791
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    Notre jour viendra - Ludovic Lagnet

    Ludovic Lagnet

    Notre jour viendra

    Roman

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    © Lys Bleu Éditions – Ludovic Lagnet

    ISBN : 978-2-85113-779-1

    Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

    1

    Cela fait bien deux heures qu’il est là.

    Paul le sait grâce au déplacement du soleil qu’il arrive à discerner à travers la cime des arbres. Il a étudié les mouvements solaires lors de ses classes militaires, et avait eu à de nombreuses reprises, à faire appel à ce repère naturel en situation réelle. Lors des campagnes en Yougoslavie notamment, quand il passait des heures entières en patrouille, où seul le soleil leur indiquait le temps qui s’égrainait. Il avait acquis son bagage guerrier dans cette région alors démembrée d’Europe de l’Est. De Sarajevo à Zadar, en passant par le Kosovo, il avait forgé son expérience dans les Balkans. Il s’était endurci comme jamais à cette période, au cœur de cette décennie revendicative, époque des conflits serbo-croates. Paul Dickson avait certainement vu, en Bosnie et ses alentours, plus d’horreurs qu’il n’en verra pour le restant de sa vie. Même s’il a lui aussi participé à des interventions musclées par le passé et qu’il est loin d’être un ange.... Mais en Yougo il avait été en contact avec la barbarie la plus féroce. Là-bas, il avait appris. Il y était allé pour ça ; apprendre.

    Paul repense à tout ça en cet instant de désarroi.

    Il distingue le soleil malgré sa vue perturbée. Les gouttes de sang qui dégringolent de ses paupières lui tombent dans les yeux dès qu’il lève la tête. Les arcades ont cédé dès les premiers coups de poing ; il a aussitôt senti du plasma couler sur sa face. Sa mâchoire et ses pommettes, elles, ont craqué face à la salve de violence qui suivit. Là, la douleur avait surgi. Les os de son visage sont fracturés à n’en pas douter. Le goût ferreux de l’hémoglobine lui arrive jusqu’à la bouche et se fixe au coin des lèvres.

    Son visage est en sang.

    Mais le mal ne le fera pas flancher. Le froid non plus ne le fera pas craquer. Les liens aux poignets et aux chevilles le font atrocement souffrir mais il ne lâchera pas.

    Il sait qu’il ne dira rien.

    Car c’est cela qu’ils veulent : le faire parler.

    Les coups ne sont que pure intimidation cela se sent dans l’intensité qu’ils y mettent. S’ils voulaient faire mal, ils utiliseraient des poings américains. Et mettraient la dose. Cette situation est juste une mise en scène pour le faire craquer. Là aussi, il avait été de l’autre côté, il sait différencier une mise sous pression d’une réelle agression. Un feu crépite dans son dos, certainement loin, car il ne profite pas de sa chaleur. C’est une journée grise, froide, comme souvent ici. Le soleil est bas, pâle, ses rayons sont faibles. L’hiver a eu beau se terminer, les températures restent négatives. Ses doigts s’engourdissent mais ses vêtements sont suffisamment chauds et secs pour tenir le coup.

    Paul ne s’imaginait pas ce matin, en quittant son appartement, se retrouver quelques heures plus tard agenouillé au milieu d’un bois, ligoté puis passé à tabac. Cela s’était passé très rapidement ; à peine sur le perron de sa résidence, il avait pris un coup sur l’extérieur d’un genou, avait chancelé, puis un deuxième impact sur la nuque l’avait mis à terre. Un coup de matraque au menton avait eu raison de lui. K.O net et précis. Ils étaient postés aux alentours, l’avaient attendu sûrement une bonne partie de la nuit, pour lui tomber dessus à l’aube au bas de son immeuble. Embarqué puis trimballé dans le fourgon garé devant lui, le cirage dans lequel il somnolait ne l’empêcha pas de comprendre qui était venu aujourd’hui… Plus d’une décennie plus tard, ils l’avaient retrouvé, comme Paul l’avait toujours craint dans un coin de sa tête. La réalité l’a rattrapé ce matin.

    Ils sont les quatre, en face de lui, kalachnikov à la main.

    Celui qu’il avait reconnu s’approche. L’homme, plutôt détendu, lui redemande une énième fois.

    Le gars s’agenouille à son niveau.

    C’était lui.

    Il l’avait reconnu dès qu’il avait refait surface. Malgré sa tenue noire de commando et sa casquette militaire, Dickson a remis son visage, immédiatement. Mais que fait-il donc là, avec ce ramassis de truands, assurément payés par « le clan » pour accomplir la sale besogne ? Paul comprend que c’est lui qui l’a démasqué malgré les précautions prises. Il reconnaît son regard clair, son nez aquilin, ainsi que son air affable et intelligent qui le rendait insoupçonnable. Paul ne s’était pas méfié. Pas une seconde. Peut-être que le temps a fait son œuvre, que la vigilance naturelle du guerrier qu’il était l’a quittée petit à petit…

    Le plus grand des trois besogneux s’adresse à l’homme à la casquette avec un fort accent européen.

    Un signe de tête sert d’approbation.

    Ils l’appellent donc « K ». Vieux procédé de terrain qui consiste à s’interpeller, devant l’ennemi, par la première lettre du nom ou du prénom. Signe qu’ils sont de la vieille école. S’ils sont issus des villes les plus au nord, leur formation paramilitaire date du siècle dernier, et des sordides coups montés à la fin des années quatre-vingt-dix. Ils en ont tous les symptômes ; vêtus de treillis, gantés, affublés de gilet pare-balles. Comme une évidence, ils portent des para boots hauts et le béret orné de l’Easter Lily. À part un, manifestement plus jeune, ils sont proches de la quarantaine.

    Le fameux K ne paraît pas être du même bois. Il est vêtu plus sobrement, son élocution n’est pas saccadée, ni mâchée comme celle des autres. Il respire le calme, la sérénité, l’intelligence. Il a une démarche de chef. Une démarche de dominant qui explique le rôle qu’il a joué pour soulever Paul. A-t-il excellemment dissimulé son fanatisme ? Où maîtrise-t-il la double identité à la perfection ? En tous cas, Paul Dickson se sera fait avoir…

    K s’allume une cigarette. Debout face à lui, il dévisage Paul, puis demande.

    Un coup de pied dans les côtes calme les ardeurs de Dickson. K hausse le ton.

    K recule, jette son bout de Camel, et l’écrase.

    Il prend son téléphone et tape un texto. Il ramasse son mégot, retire la carte SIM du Nokia, puis part jeter le tout dans le feu. Il rejoint finalement les trois autres. Les quatre types s’adossent contre leurs véhicules.

    Un lourd silence s’installe.

    Quelques minutes après, un bruit sourd de gros moteur alerte Paul. Un énorme Jeep couleur sable se faufile alors sur le sentier en direction de la clairière. Le Cherokee s’arrête à quelques mètres du Pick-up et du fourgon. En descend un homme avec des cheveux courts aux reflets roux, d’une carrure grande et costaude, vêtu d’une tenue de type camouflage. Il sort un béret noir de la poche latérale de son treillis, le déplie soigneusement, puis le dépose fièrement sur son crâne rasé sur les côtés.

    Paul n’est que peu surpris de le voir. Il est encore vivant… Le temps a passé, après ces dix grosses années, mais il le reconnaîtrait entre mille. Connor Ruddock, dit « Falcon », le chef historique et vieil ennemi notoire, est bien derrière tout ça.

    Le gaillard s’approche de K, lui assène une légère accolade, tous deux se murmurent quelques mots. Les trois autres se tiennent quasiment au garde à vous, et n’ont eu droit par la suite qu’à une ferme poignée de main. Après un tour de tête à droite, puis à gauche, vieux réflexe de parano, Connor Ruddock s’adresse au détenu toujours ligoté et à genoux.

    Dickson serre les dents. Puis arrive à répondre.

    Connor Ruddock déboutonne la veste de son treillis pour montrer à Paul son membre brûlé. La peau du solide bras gauche est totalement constellée de cicatrices. Du poignet jusqu’à l’épaule.

    Paul tourne son regard vers les quatre mercenaires alignés comme des piquets.

    K passablement vexé, l’interrompt, toujours adossé au fourgon.

    Le solide chef finit de reboutonner son treillis, esquisse un sourire, il lui lâche froidement.

    Le gaillard se rapproche. Son regard traverse celui de Paul.

    Dickson crache au sol une salive pleine de sang, signe de son mépris pour le colosse en face de lui. Falcon fronce ses sourcils broussailleux.

    Il jette un œil au matériel fraîchement sorti par ses hommes. Il se penche, lève le menton de Paul avec son index, puis s’approche de son oreille droite pour lui susurrer.

    La planche a été descendue et posée à cheval sur une souche à la gauche du détenu toujours à genoux. Le seau est rempli à ras bord. Une cagoule noire pend au bout de la main du plus jeune de la troupe. Ce juvénile gars scrute son prisonnier en tentant de cacher la frousse que son regard trahit. Sa frange trop longue et son treillis trop neuf le décrédibilisent, il semble presque être là par accident. Mais Paul sait que Ruddock a toujours intégré de jeunes paumés dans ses troupes. Il mesure combien le sordide chef arrive à leur retourner le cerveau mieux que quiconque. Il a dû retranscrire à ce gamin l’épisode qu’il a vécu avec lui, et si ce jeune vient du pays divisé, cela a obligatoirement multiplié sa détestation.

    K avec l’aide du plus grand, relève Paul, puis le traîne jusqu’au peloton de fortune. Il va ensuite récupérer la cagoule dans les mains du gamin, puis finit par la donner à Connor Ruddock. Les deux mercenaires échangent à voix basse. La sentence se prépare.

    Finis les coups, l’intimidation, maintenant c’est du sérieux. Ils vont utiliser la torture la plus cruelle de leur guérilla : le simulacre de noyade. C’est une des plus vieilles méthodes du clan pour faire parler les otages. Une des marques de fabrique. Il est certain que Ruddock ira jusqu’au bout pour savoir où se trouvent les anciens compagnons de son prisonnier.

    Puis, après avoir obtenu ce qu’il veut, Connor tuera Paul.

    Paul le sait.

    Cette fois, c’est terminé ; c’est la fin de la cavale.

    2

    La pluie cogne fort ce matin sur les fenêtres de Manhattan. Il tombe des chats et des chiens comme aiment le signifier les British. Le printemps se fait attendre cette année. Se dessinent souvent de belles journées à la fin mars, mais jusqu’à présent, il n’a cessé de pleuvoir sur NY. Les arbres, qui fleurissent de coutume à pareille période, ne sont couverts que de bourgeons qui souffrent du manque de soleil. Le moral des New-Yorkais n’est pas au beau fixe en cette veille d’avril. Les footings à Central Park ou les ballades sur Broadway ne battent pas leur plein. Loin de là. Cette pluie est déprimante.

    La frénésie de la grosse pomme n’en baisse pas pour autant. Les parapluies sont de sortie, mais près de Times Square, rien ne ralentit dans l’immensité des buildings. L’afflux massif des gens respectables qui se rendent à leur travail alimente le trafic incessant au petit matin. La météo, bien que tirant vers le bas le mental des citadins, n’empêche pas le business de croître et croître encore ; l’esprit de Wall Street imprègne chacune de ces personnes marchant d’un pas pressé. Parapluie dans la main gauche et attaché-case dans la main droite, il est facile de deviner qu’ils n’ont pour but que de faire fructifier leurs dividendes ou chercher des profits supplémentaires. Ah, créer du bénéfice additionnel… Le fric, essence de cette ville. New York la capitale du monde.

    Regardant le déluge de sa fenêtre, le café brûlant serré dans ses mains la réconforte comme jamais. Son téléphone fixe sonne. À la vue du prénom sur l’écran, Milla décroche tout de suite.

    Deborah est en retard, en plus, elle utilise les transports en commun pour rejoindre le bureau. Seul moyen, mais pas idéal… C’est sûr si elle avait choisi de vivre à Manhattan cela apparaîtrait plus simple. Mais Deb et sa fille aiment Brooklyn ; pas pour les mêmes raisons, certes, mais elles apprécient leur borough. Avant son déménagement vers New York, Deborah avait demandé conseil à ses anciens collègues à Washington, pour la guider dans son choix de quartier. Tous lui avaient recommandé de s’installer dans ce secteur face à l’île de Manhattan ; la jeune veuve qu’elle était à l’époque avait écouté ces précieuses recommandations. Et ne le regrette pas. Au sein de ce petit quartier, Park Slope, qu’elle n’a d’ailleurs jamais quitté, elle a fondé sa vie. Du coup, sa fille a grandi là. A aussi bâti son univers au cœur de Downtown Brooklyn. Elle y a créé des amitiés fortes, a dorénavant tous ses repères, ici de l’autre côté de l’Hudson. Depuis un an, elle a intégré ce lycée non loin de leur appartement, notamment pour assouvir sa passion, s’y donner à fond et progresser activement.

    Rejoindre la troisième avenue depuis Brooklyn-Est n’est pas le périple le plus compliqué mais cela reste chaque matin une histoire à part entière. Entre les travaux du métro ou les embouteillages de taxis, chaque arrivée au bureau procure à Deborah, son lot d’anecdotes à raconter aux collègues qui le lui rendent bien. Tous les jours à la machine à café, il est courant d’entendre des critiques sur la mairie de New York qui multiplie les travaux, empêchant les honnêtes travailleurs de se rendre à leur boulot en temps et en heure. Mais si ce matin, Deborah Burdington arrivera en retard, les aléas des transports n’en seront pourtant pas la raison.

    Juliet était rentrée dans sa chambre alors qu’elle s’apprêtait à partir. Pour, bien évidemment, en remettre une couche sur la discussion entamée hier au soir. Et force est de constater que les positions des deux femmes n’avaient que peu évolué dans la nuit.

    La colère se mêlait à la réflexion sur le visage de la jeune fille.

    La belle adolescente plissa son regard.

    Deb décida alors de clamer le jeu, d’axer son discours sur la pédagogie. D’expliquer avec sang-froid et clarté. Elle orienta son message sur ce qui s’est passé de si dur dans leur vie. Que c’est forcément une fierté énorme de devenir une championne. Mais que tout cela n’est pas le plus important à ses yeux… L’équilibre de sa fille, et d’elle même quelque part, ne se résume pas au succès. Sportif ou pas d’ailleurs. Que le plus important dans la vie, ce n’est ni l’argent ni la gloire. Mais elles deux.

    Juliet l’écoutait plus attentivement bien que restant figée devant sa mère. Elle cessa de répondre effrontément puis écouta Deborah avec attention.

    Elles terminèrent cet échange par une bise furtive et Juliet partit se préparer pour le Lycée. Cela dura plus que de raison, près d’une heure, d’où le retard ce matin.

    Deborah Burdington n’aime pas ces conflits mère-fille, qui d’autant plus se multiplient depuis que Juliet arrive au cœur de l’adolescence… et qu’elle prend un malin plaisir à s’opposer à son autorité. Certes cette fois le sujet n’est pas anodin. Là, sa fille n’est pas dans la confrontation aveugle. C’est un virage important à négocier pour son avenir. Il y a un choix de vie, de carrière, à faire.

    Mais au fond d’elle, Deborah sait qu’il y a un peu d’égoïsme de sa part. La voir partir si loin ne la rassure pas, surtout elle craint le manque qui va la gagner, tant Juliet a obnubilé sa vie pour l’instant. Sa fille est ce qui lui reste de la famille qu’elle rêvait de fonder. Après avoir quitté l’Angleterre, son cher pays, dans la précipitation, maintes fois elle a pleuré. Il avait fallu fuir pour rebâtir un cadre de vie malgré la peur. Bien sûr, les autorités l’avaient considérablement aidé au départ… Mais Juliet était encore petite et Deb avait dû recréer un environnement pour se trouver des repères dans ce nouveau pays. Tout cela à tisser des liens très forts entre elles. Et se débrouiller sans un homme pour les rassurer, les protéger, les a uni énormément. Dans les bons comme les mauvais moments.

    Il y a Robert Springfield, Bob, dans leur vie aujourd’hui. Depuis six belles années maintenant. Ce journaliste sportif, intelligent et fin gentleman, comble avec bonheur ce manque de présence masculine. Deborah l’a rencontré grâce à sa championne de fille, au détour d’une compétition de jeunes espoirs de la natation, qui s’était déroulée dans le Queens. Mais il n’intervient en rien dans l’éducation de Juliet malgré la bienveillance dont il fait preuve envers « Ju ». C’est un deal de bon sens avec Deborah. Malgré son silence respectueux, il doit approuver l’envie ambitieuse de son adorée belle-fille. Lui aussi la suit aux quatre coins

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