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Andropolis: Polar d'anticipation
Andropolis: Polar d'anticipation
Andropolis: Polar d'anticipation
Livre électronique284 pages4 heures

Andropolis: Polar d'anticipation

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À propos de ce livre électronique

La société underground américaine et sa vie urbaine

Ce polar d’anticipation ne renie rien aux plus grands du roman noir, on y croise Craig Hames, ex avocat alcoolique, Shandy Miller, journaliste incorruptible, Bill Monroe , rédacteur en chef du Trail’s, Chandler Mason, parrain de la mafia locale que toutes les polices cherchent désespérément à coincer... Andropolis, ville-monde inspirée des mégalopoles mondiales, est le terrain de jeu préféré des marginaux, déclassés, personnages sulfureux et tragiques.

Andropolis est le lieu de perdition des personnages du récit. A travers eux, c’est toute une société underground que nous fait découvrir l’auteure. Avec ses personnages issus de tous les milieux, Duncan Lee Paule nous dessine une véritable fresque de la vie urbaine et souterraine.

Un polar d’anticipation dans la grande tradition du genre

EXTRAIT

Dans la nuit viennent errer les créatures que le jour renie : alcooliques, drogués, fous et amoureux, avides de distractions, de fêtes, prostituées, hommes et femmes pleins de mystères, criminels, et le reste aussi, la part de ceux qui ont l'espoir d'une autre vie au lever du soleil, la part de ceux qui ont envie de vivre perpétuellement dans l'espace de la nuit, car c'est là que tout arrive, c'est à ce moment que les espoirs se concrétisent
Craig était l'un d'entre eux, un de ceux qui se permettent tout la nuit, pour le jour venu, ne montrer que l'image que l'on attend d’eux. Il marchait sur Bleecker Street, rendu inconscient de ce qu'il vivait ici bas par l'alcool qui courait dans ses veines. Ses poumons le brûlaient. Il avait la fièvre et ses mains étaient glacées. Il entrait en transe, sa rage de la vie venait s'insinuer en lui. Il se mit à courir en descendant le grand boulevard de Elm. Il courut jusqu'à ne plus sentir ses jambes, jusqu'à ne plus avoir chaud, jusqu'à ne plus sentir que le bruit de son sang qui battait contre ses tempes.

A PROPOS DE L’AUTEUR

Passionnée de culture américaine, formatrice et professeure d'anglais, engagée pour l’éducation et la découverte des cultures, Duncan Lee Paule, qui parle quatre langues, a vécu quelques années à l'étranger. Ce premier roman est inspiré de son séjour sur le continent américain.
LangueFrançais
ÉditeurPublishroom
Date de sortie25 janv. 2016
ISBN9791023600100
Andropolis: Polar d'anticipation

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    Aperçu du livre

    Andropolis - Duncan Lee Paule

    couv_andropolis.jpg

    @Ducan Lee Paule, 2014

    ISBN numérique : 979-10-236-0010-0

    contact@publishroom.com

    www.publishroom.com

    Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon, aux termes des articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

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    A PROPOS DE L'AUTEUR

    Passionnée de culture américaine, formatrice et professeure d'anglais, engagée pour l’éducation et la découverte des cultures, Duncan Lee Paule, qui parle quatre langues, a vécu quelques années à l'étranger. Ce premier roman édité est inspiré de son séjour sur le continent américain.

    Sommaire

    Un aller simple pour Andropolis

    Crime, politique et religion

    Instant de nuit

    Les promesses de l'espoir

    Les secrets du passé finissent toujours par nous rattraper

    Un instant de pure luxure dans un monde de pure violence

    Hommes et femmes d'exception

    Compromis

    L'inattendu a comme une odeur de soufre

    Une requête

    Découvertes et révélations

    Une aube nouvelle

    Confessions

    Nuit de vie et de mort

    La revanche de l'innocence

    Révélations

    Nuit dans les draps de la mort

    Des résolutions

    Une nuit en noir et blanc

    Un jour de deuil

    Instants dérobés

    Régler ses comptes

    Un souffle d'art

    Retour aux sources

    Une opération fracassante

    Une affaire à suivre

    Un aller simple pour Andropolis

    Dans la nuit viennent errer les créatures que le jour renie : alcooliques, drogués, fous et amoureux, avides de distractions, de fêtes, prostituées, hommes et femmes pleins de mystères, criminels, et le reste aussi, la part de ceux qui ont l'espoir d'une autre vie au lever du soleil, la part de ceux qui ont envie de vivre perpétuellement dans l'espace de la nuit, car c'est là que tout arrive, c'est à ce moment que les espoirs se concrétisent

    Craig était l'un d'entre eux, un de ceux qui se permettent tout la nuit, pour le jour venu, ne montrer que l'image que l'on attend d’eux. Il marchait sur Bleecker Street, rendu inconscient de ce qu'il vivait ici bas par l'alcool qui courait dans ses veines. Ses poumons le brûlaient. Il avait la fièvre et ses mains étaient glacées. Il entrait en transe, sa rage de la vie venait s'insinuer en lui. Il se mit à courir en descendant le grand boulevard de Elm. Il courut jusqu'à ne plus sentir ses jambes, jusqu'à ne plus avoir chaud, jusqu'à ne plus sentir que le bruit de son sang qui battait contre ses tempes.

    À Andropolis, ville côtière, les nuits étaient fraîches au printemps. Il retira son manteau kaki qui semblait avoir autrefois appartenu à un soldat soviétique. Puis il retira sa chemise en tirant sur les pans de celle-ci, arrachant les boutons. Il se retrouva torse nu, filant droit vers la mer comme un fou. Il arriva enfin sur la plage et c'est là qu'il se laissa tomber sur le sol, épuisé et apaisé par la violence de sa course. C'était à chaque fois la même crise de folie qui s'emparait de lui. Sa peau le grattait terriblement, il se sentait à l’étroit dans son corps et c'est ainsi qu'il entamait une course terrible. À l'intérieur, c'était son âme qui hurlait de toutes ses forces et qui se sentait à l'étroit.

    Il s'endormit le nez tourné vers la voûte des cieux comme un homme qui renierait l'essentiel. Il avait parfois la sensation d'avoir trop vécu pour parvenir à combler le vide de sa vie depuis des années.

    Les lendemains de beuverie, lorsque l'alcool s'évapore, la réalité revient toujours violemment nous saisir à la gueule. C'était l'aube et les vagues venaient s'échouer sur le sable comme si elles portaient en elles des espoirs nouveaux. Lorsque Sonntag arriva sur la plage, tenant son panier pique-nique à la main, il ne fut pas surpris de le trouver ici. Sonntag, c’était un mètre quatre-vingt-dix d’audace et d’élégance, des cheveux blond cendré et un regard bleu pénétrant.

    - C'est encore là que tu te cachais fugitif ! lui asséna-t-il en tentant de l’éveiller.

    Craig, endormi, n'eut aucune réaction.

    - Réveille-toi vieille moule ! poursuivit Sonntag.

    Comme il ne répondait toujours pas, Sonntag déposa le panier sur le sable et se pencha vers son visage. Il déposa un baiser sur les lèvres de Craig. Ce dernier finit par ouvrir les yeux.

    - Allez la belle au bois dormant. Il est déjà 17 heures !

    - Quoi, comment ? Déjà ? J'ai rendez-vous avec Shandy dans moins de deux heures. C'est pas possible qu'il soit déjà si tard, répliqua Craig.

    - En fait, il n’est que 8 heures du matin, lui répondit calmement Sonntag en dépliant une nappe rouge sur le sable. Tu as encore le temps mon beau, mais ne perds pas ton temps ou il te le fera payer du poids des années qui s'écoulent.

    Craig s’assit pour mieux voir Sonntag. Ce dernier avait toujours le même visage pas encore marqué par les années et une sorte d'innocence dans les traits. Il avait des cheveux blond clair comme un soleil de nuit et des yeux bleus d’où transperçait une intelligence infaillible. Il dégageait un calme et une décontraction à toute épreuve, mais Craig savait que derrière son apparente innocence, il cachait un appareil de détection apte à deviner les intentions de n'importe quel être. Sonntag continua de disposer les victuailles du pique-nique sur la nappe devant eux.

    - Tiens, je t'ai apporté ça, dit-il en tendant une chemise à Craig.

    - Merci, grommela ce dernier. Je me suis encore mis dans un état la nuit dernière.

    - Je sais, le regarda Sonntag avec indulgence. Ce dernier se frotta les mains.

    - À table ! Tu veux une galette, mon ami ? demanda-t-il à Craig.

    - Volontiers, répliqua Craig en fermant sa chemise à carreaux blancs et rouges.

    Craig se saisit de la galette que lui tendait Sonntag et la mangea en contemplant les alentours. La plage était vide de monde et l'aube venait à peine de brasser tous les déchets humains et de les reléguer au sommeil où ils fantasmeraient leurs orgies futures. Tout était calme et la mer sereine caressait le sable emportant les souvenirs des nuits passées avec elle. Sonntag mangeait également sa galette garnie de confiture de groseilles. Il avait appris la recette d'une danseuse mexicaine en voyageant autour du monde pour son travail de compositeur. Il en revenait toujours avec de nouvelles recettes, de nouvelles anecdotes, de nouvelles histoires.

    - Alors, comment tu comptes t'y prendre dans les mois à venir ? demanda Sonntag.

    - Je vais reprendre les affaires, répondit tout simplement Craig.

    - Je réitère ma question. Tu comptes t'y prendre comment ? Tu es toujours interdit d'exercice…

    - J'en fais mon affaire, ne t'inquiète pas, je vais regagner mes galons d'avocat. Ils ont essayé de m'abattre, moi, le meilleur avocat du barreau d'Andropolis, mais je vais leur montrer qu'on ne peut pas me tenir trop longtemps comme un chien en laisse. Il y en a qui sont prêts à bouffer leur propre merde, mais je ne suis pas ce genre de gars. J'ai pris une petite retraite moyennant finances aux frais du contribuable, mais désormais, tout est terminé, je vais revenir sur le devant de la scène et ce coup-ci, je vais leur jouer un requiem shakespearien et leur faire un numéro qu'ils ne seront pas prêts d'oublier, ne t'en fais pas.

    - Je ne m'en fais pas pour toi, c'est plutôt pour eux que je m'en fais, répliqua Sonntag.

    Craig esquissa un sourire d'ironie. Il savait bien que Sonntag se faisait également du souci pour lui même s’il ne l’avouait pas. Il gardait toujours en lui les sentiments intimes et personnels. Craig commença à trembler de froid. Sonntag lui tendit une veste qu'il avait ramenée. Ça ne faisait jamais que la troisième fois cette semaine.

    - Quelle heure est-il ? demanda Craig.

    - Il est largement temps de partir, répondit Sonntag en rangeant toutes les affaires dans le panier.

    Craig s'avança vers la mer, laissant Sonntag à son rangement. Il secoua la nappe et la replia avant de la déposer dans le panier. Sonntag avait remarqué que son ami avait perdu du poids et qu'il ne s'était pas rasé depuis au moins trois jours. C'était toujours comme ça qu'il annonçait un changement. Ce coup-ci, Sonntag en était sûr, son ami allait reprendre sa vie en main. Du moins, l'espérait-il. Il prit le panier et rejoignit Craig face à l'océan. Craig glissa sa main dans celle de Sonntag.

    - Merci l'ami, allons-y.

    Ils quittèrent la plage alors que les premiers promeneurs arrivaient. Il était 10 heures du matin.

    Lorsque Shandy poussa la porte du journal, il était déjà 11 heures. Big Ed, le gardien, la salua comme à son habitude.

    - Bonjour ma belle, alors, on a eu une nuit difficile ? demanda-t-il.

    - M'en parle pas Ed, le nouveau credo de la maison flicaille, c'est : rien vu, rien entendu, se plaignit Shandy.

    Elle lui tendit un sachet blanc contenant quelques donuts. Ed plongea son nez dedans.

    - Oh super ! T'as pris ceux à la confiture de myrtilles, mes préférés. Je vais les manger pour toi ma belle !

    - Fais-toi plaisir, lui lança-t-elle dans un sourire.

    Elle appréciait Ed pour sa gentillesse. De plus, avec ses 100 kilos de trop, Big Ed lui faisait de la peine. Elle imaginait souvent ce que pouvait bien être sa vie et elle n'y voyait rien de bien excitant.

    Shandy laissa tomber son sac de cuir marron à côté de son bureau et s'alluma une clope en se laissant choir sur sa chaise. Elle avait à peine dormi trois heures pour tenter de trouver un scoop. Le journalisme était sa vie. Elle mangeait scoop, dormait scoop, vivait scoop, et pensait scoop. Elle avait un flair d’enquêteur et une finesse pour s'infiltrer partout. Dotée d'une intelligence hors norme, elle supplantait souvent ses collègues des autres journaux de la ville.

    - Mademoiselle Miller ! hurla le rédacteur en chef, faisant sursauter Shandy et lui coupant son plaisir à la nicotine. Dans mon bureau immédiatement ! Ça fait deux heures que j't'attends ! Et éteins-moi cette cigarette !

    - Ok chef ! Faut pas vous énerver, dit-elle en écrasant sa cigarette dans le cendrier devant elle.

    Bill Monroe, le rédacteur en chef du Trail’s, commençait toujours la journée en menant sa revue de troupe. Si Shandy n'avait rien dégoté, il savait que les autres n'auraient rien non plus. En l'appelant la première dans son bureau, il savait à quoi s'attendre.

    - Assieds-toi et fais-moi vibrer avec les actualités du jour, lui dit Bill.

    Shandy prit place dans le fauteuil marron en face du bureau de Bill. Celui-ci était toujours jonché de papiers, d'ailleurs Shandy se demandait comment il faisait pour s'y retrouver. Au-dessus du bureau était accrochée une photo de sa femme. Ainsi, elle l'observait comme pour le surveiller.

    - Marlowe vient de me faire mal aux oreilles avec sa rubrique nécrologie. Les morts ont leur place au cimetière et nous on se débat toujours dans cette merde, alors donne-moi un peu d'espoir, poursuivit-il.

    Shandy se gratta la gorge et croisa les jambes.

    - Non ! Non ! Non ! Ne me fais pas ça, ne me dis pas que tu n'as aucun scoop sous la main. Ça me ferait mal tu sais et mon cœur est en mauvaise santé sans parler de ma femme qui me gave de légumes et de soupes depuis mon infarctus. Aide-moi un peu à supporter ma douleur. Donne-moi un scoop, supplia Bill.

    - Quoi ? Mais j'ai encore rien dit, protesta Shandy.

    - Non, mais je sais que quand tu te grattes la gorge, c'est que tu n'as rien trouvé !

    - Bon ok, si tu veux tout savoir, je n'ai rien trouvé cette nuit, avoua Shandy.

    - Je le savais, je le savais ! répéta Bill en tapant du poing sur le bureau. Il commença à faire les cent pas dans la pièce.

    - Mais j'ai comme qui dirait un scoop de remplacement, ajouta-t-elle sur un ton malicieux.

    - Un scoop de remplacement ? demanda Bill incrédule.

    - Oui Monsieur Monroe, la journaliste que je suis ne peut rentrer bredouille, ne serait-ce qu'un soir ; c'est pourquoi j'ai toujours un scoop de remplacement dans mon sac.

    Les yeux de Bill s'allumèrent à cet instant.

    - Ok ça va, je vais briser le suspens. Tiens-toi bien, j'ai interviewé Chandler Mason quelques jours avant sa mort et je suis la dernière journaliste à l'avoir fait.

    Bill s'arrêta un instant sous le choc de ce qu'elle venait de lui annoncer, puis il se mit à hurler.

    - Quoi ! Tu m’as caché que tu avais fait la dernière interview du plus grand mafieux que cette ville ait jamais connu! Tu es complètement folle ! Combien de temps comptais-tu encore attendre avant de m’en parler ? Côtoyer la flicaille de la ville t'a complètement bousillé le système ! Un scoop pareil, on ne le laisse pas pourrir au fond d'un sac ! Il est où d'ailleurs ce scoop ?

    - Dans mon bloc-notes, comme d'hab, répliqua Shandy calmement en regardant la photo de la femme de Bill.

    - Alors tu vas aller me préparer cet article illico presto ! L'actualité est brûlante ! Demain matin, on aura de quoi faire enrager les concurrents, dit-il en décrochant le téléphone. Il peut être prêt pour quelle heure ?

    - Ça dépend si j'ai le droit de fumer ou non, demanda Shandy nonchalamment.

    - Fume tout ce que tu veux, même la moquette du journal, mais ramène-moi cet article le plus vite possible, compris ?

    - Ok patron, c'est vous qui décidez après tout, ajouta-t-elle en sortant du bureau.

    Ses collègues, qui avaient stoppé toute activité le temps de l’entretien, furent soulagés à la vue de son sourire éclatant de victoire. Juste après, ils recommencèrent à taper sur leur clavier et Big Ed continua de s’envoyer des beignets. En somme, c'était une journée banale au Trail's, le journal à plus gros tirage de la ville d'Andropolis.

    Shandy s'assit à son bureau, heureuse une fois de plus d'avoir fait son petit effet. Elle se servit une énorme tasse de café et commença la rédaction de son article sans oublier de s'allumer une cigarette.

    De leur côté, Craig et Sonntag étaient rentrés chez l'ancien avocat. C'était une maison située sur les bords de plage de la ville avec un toit en ardoise. Le quartier d’Ocean Drive était si couru que toutes les maisons étaient collées les unes aux autres. Elles avaient toutes un accès direct à la plus belle plage de la ville et à ses réjouissances.

    Dans la maison planait une vague odeur de cigarette froide. Le décor était sobre et fonctionnel. Des piles de journaux s'entassaient sur la table, et des coupures de presse jonchaient le sol du salon. Sonntag pensa que définitivement, il y avait bien des choses qui ne changeaient pas. De plus, une bouteille de whisky à moitié vide trônait sur la table du salon.

    - Ce sont mes recherches pour une affaire en cours, dit Craig lorsqu'il remarqua que Sonntag gardait les yeux fixés sur les journaux et les coupures.

    - Tu n'as plus d'affaire en cours Craig, tu n'es plus avocat.

    La dure réalité revint violemment cogner dans ses oreilles. Craig baissa les stores du salon.

    - Justement, je travaille à la meilleure affaire de ma vie : la mienne. Pour une fois, je ne travaille plus pour les autres. Je suis mon propre client, répliquatil avec toute la ferveur des derniers croyants.

    Il s'approcha de Sonntag jusqu'à ce que son corps entre en contact avec le sien, puis il se pencha vers son oreille et murmura ces quelques mots avec une voix luxuriante et soyeuse :

    - Soit tu es avec moi, soit tu es contre moi.

    Craig vint lui déposer un baiser dans le creux de son cou. La respiration de Sonntag se fit haletante sous la montée du désir.

    - Avec toi, lui répondit-il difficilement entre deux respirations.

    Craig entraîna Sonntag dans la chambre. Dans la maison s'éleva bientôt un concerto de gémissements, suivi du requiem des jouissances.

    Lorila était assise sur un banc du parc de Lauston, celui qui bordait l'hôpital d'Andropolis. Son visage était empli de tristesse. Les larmes coulaient le long de ses joues. Sa sœur était malade et elle ne pouvait rien faire pour l'aider. Pas de parents pour la soutenir et seulement une petite valise dans laquelle tenait sa vie trop étriquée.

    Cette femme était un puits d'amour dont il fallait combler le vide, mais même le chant et la musique n'y parvenaient pas. Alors, comment quelqu'un pourrait-il le faire ? Il y avait bien quelqu'un dans sa vie, oui, mais cela faisait bien longtemps que cet amour ne suffisait plus. Un gouffre, voilà comment elle se sentait. Un gouffre d’émotions et de sentiments. Peu importait la quantité que l'on y jetait, il n'était pas possible d'en voir le fond. Et la tristesse le creusait.

    Un oiseau vint se poser dans un nid en face de son banc. Cela lui redonna confiance. La vie continuait autour d'elle ; elle poursuivait son cycle éternel. Cela lui rappela que ce soir elle donnerait son tour de chant habituel à la Santa Maria. Au moins, elle vivait de sa passion. Elle resta là jusqu'au soir à observer la vie aller et venir, puis vint l’heure d’aller chanter pour insuffler un peu de beauté et de force à ceux qui n'y croient plus.

    Shandy frappa à la porte du bureau de Bill. Elle avait mis près de deux heures à préparer le papier de la future une du journal. Demain en pleine page trônerait la dernière interview de Chandler Mason, le plus grand malfrat d'Andropolis. Derrière la porte du bureau, personne ne répondit. Elle ouvrit la porte et vint déposer le papier sur le bureau de Bill. Elle fit un clin d'œil à la photo de sa femme. Elle savait que celle-ci était jalouse de la belle journaliste. Si seulement elle savait qu'elle n'avait rien à craindre. Un dernier coup d'œil derrière elle et elle sortit du bureau pour rentrer chez elle et prendre un repos bien mérité avant de repartir à l'assaut du scoop. Pour elle, il fallait être au cœur de l'action pour tâter du scoop. Ce n'était pas en se tenant à distance que l'on devenait journaliste. Elle prit son sac, salua Ed et toute l'équipe de rédacteurs, puis sortit de la rédaction. Il était déjà 15 heures.

    Crime, politique et religion

    Wanda Fresnow observait la ville par la fenêtre de son bureau au 10ème étage de la tour Sandgate. Cette tour surplombait le parc de Lauston et son lac. Devant la mairie s'étendait une large place où étaient plantés des arbres et quelques bancs. Il y était parfois donné libre cours à quelques manifestations festives. Le bureau de la maire était un exemple de bon goût. Son bureau en bois sombre trônait devant une bibliothèque gigantesque où étaient soigneusement classés tous les dossiers qui avaient trait à la ville. Le sol était recouvert de moquette beige afin d'étouffer le bruit des cent pas qu’elle faisait parfois lorsqu'elle tentait de remédier à un problème. Les murs étaient peints dans une couleur vert d'eau et étaient ornés de divers tableaux témoignant d'un certain goût pour les arts. C’était une petite femme blonde d'environ quarante ans avec un petit nez retroussé qui lui donnait un joli minois. Elle avait de grands yeux verts qui semblaient vous pénétrer à peine étaient-ils plantés dans les vôtres. Elle était mince et tonique et paraissait dix ans de moins que son âge véritable.

    - Je veux nettoyer cette ville.

    Sa voix résonna dans la pièce comme une lame coupant un fil. Elle était tranchante et déterminée.

    Antonio Ramirez, le chef de la police qu’elle avait convoqué, l’écoutait avec attention, assis sur un canapé en cuir au milieu du bureau.

    - Le taux de criminalité n'a cessé d'augmenter depuis ces derniers mois. Il ne se passe pas un jour sans que l'on retrouve un cadavre. Cette ville est prise à la gorge par la corruption, le crime et la drogue. Il faut embraser le foyer du crime si l'on veut la sauver. Je sais que tout comme moi vous aimez cette ville et vous êtes l'un des rares en qui j'ai confiance Antonio. C'est pour cela que je vous ai nommé à la tête de la police de la ville. Vos états de service sont la preuve d'une droiture exemplaire et d'une conduite exceptionnelle. Je souhaite que vous puissiez en faire autant pour maintenir cette ville dans le droit chemin. La

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