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Mortelles Hébrides - Le pendu de St Andrews: Les enquêtes de l'inspecteur Sweeney - Tomes 11 et 12
Mortelles Hébrides - Le pendu de St Andrews: Les enquêtes de l'inspecteur Sweeney - Tomes 11 et 12
Mortelles Hébrides - Le pendu de St Andrews: Les enquêtes de l'inspecteur Sweeney - Tomes 11 et 12
Livre électronique427 pages5 heures

Mortelles Hébrides - Le pendu de St Andrews: Les enquêtes de l'inspecteur Sweeney - Tomes 11 et 12

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À propos de ce livre électronique

Retrouvez dans cet ouvrage deux enquêtes de l'inspecteur Sweeney !

Mortelles Hébrides
L’inspecteur Sweeney s’apprête à démissionner… Afin de mûrir sa décision, le jeune homme a choisi de passer une semaine sur l’île de Barra, un morceau de granit oublié à la pointe sud des Hébrides. Mi-décembre, le jour y dure moins de quatre heures…
Mais l’isolement de l’Atlantique nord ne saurait tenir le destin à distance. Ed Robertson, un conteur en gaélique, disparaît mystérieusement. Puis Sweeney découvre bientôt le cadavre d’un homme, abandonné dans une tourbière. Comment cet inconnu, qui n’a pris ni l’avion ni le bateau, est-il arrivé là ? Deux trous à la base de son cou sont censés faire croire à la manifestation d’une Baobhan Sith, le vampire des Highlands…

Le pendu de St Andrews
La « pierre du Destin » sur laquelle les rois d’Écosse ont toujours dû se hisser pour être couronnés, vient d’être volée au château d’Édimbourg.
Retrouvé à Londres, le symbole de la souveraineté du pays a été amputé d’un morceau qui a disparu. Sacrilège ! S’agirait-il d’une provocation anglaise ?
« De mon côté, j’ai bien d’autres chats à fouetter : ce matin en effet, un étudiant de St Andrews vient d’être découvert pendu dans la chapelle de la célèbre université, un tatouage sur la poitrine découpé au couteau, un mystérieux texte en latin dans la poche, ainsi que les initiales « PH » gravées sous la semelle de l’une de ses chaussures. Le suicide n’est déjà plus une hypothèse ! Voilà qui va vite me faire oublier l’agitation qui règne autour de cette satanée pierre… »
Inspecteur Sweeney - Criminal Investigation Department

Les polars de John-Erich Nielsen conjuguent suspense et humour, pour le plus grand plaisir des lecteurs !

EXTRAIT DE MORTELLES HÉBRIDES

La dizaine de passagers applaudit vivement le « Mesdames, Messieurs : Barra, bon séjour » du pilote puis, après avoir foulé un sable encore humide et résisté au froid mordant, tous rejoignirent le hall d’accueil.
Tandis que le jour déclinait déjà, Sweeney et quelques autres embarquèrent à bord d’un petit bus blanc à destination de Castlebay, le principal village de l’île. Après avoir suivi la mer vers le sud, sur l’unique route circulaire étroite et sinueuse, puis frôlé de rares maisons perdues, contraintes par les monts de granit vissés dans leur dos à garder le regard fixé sur l’océan, le véhicule atteignit l’entrée du village à la nuit tombée. L’autocar ne pénétra pas dans le centre mais bifurqua sur la droite. Dans une rue montante qui semblait conduire vers l’église, le chauffeur stoppa ; il se retourna aussitôt vers Sweeney et lui lança : « Craigard Hotel, là, sur la gauche. Vous êtes arrivé ! ».

CE QU'EN PENSE LA CRITIQUE

Les aventures de cet excellent inspecteur, qui ne ressemble à personne, sont passionnantes ! - Keltia

À PROPOS DE L'AUTEUR

John-Erich Nielsen est né le 21 juin 1966 en France. Professeur d'allemand dans un premier temps, il devient ensuite officier (capitaine) pendant douze ans, dans des unités de combat et de renseignement. Conseiller Principal d'Education de 2001 à 2012, il est désormais éditeur et auteur à Carnac, en Bretagne.
Les enquêtes de l'inspecteur Archibald Sweeney - jeune Ecossais dégingandé muni d'un club de golf improbable, mal rasé, pas toujours très motivé, mais ô combien attachant - s'inscrivent dans la tradition du polar britannique : sont privilégiés la qualité de l'intrigue, le rythme, l'humour et le suspense.
A la recherche du coupable, le lecteur évoluera dans les plus beaux paysages d'Ecosse (Highlands, île de Skye, Edimbourg, îles Hébrides) mais aussi, parfois, dans des cadres plus "exotiques" (Australie, Canaries, Nouvelle-Zélande, Irlande).
LangueFrançais
Date de sortie2 oct. 2017
ISBN9791090915855
Mortelles Hébrides - Le pendu de St Andrews: Les enquêtes de l'inspecteur Sweeney - Tomes 11 et 12

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    Aperçu du livre

    Mortelles Hébrides - Le pendu de St Andrews - John-Erich Nielsen

    Demain matin…

    Le moteur du Broom 37¹ émit deux grognements successifs, sourds et brefs, puis le pilote cessa d’accélérer. Tous feux éteints, le bateau poursuivit alors sa glissade silencieuse sur une onde lisse.

    – Laisse filer… chuchota Lewis depuis la proue, les mains accrochées au bastingage. On y est presque. Laisse filer… répéta-t-il calmement.

    Éclairé par une lune aux trois quarts pleine, l’homme pouvait apercevoir les collines dénudées qui enserraient l’étroit goulet du loch. Figés dans le froid de décembre, les monts de pierre semblaient observer d’un œil bienveillant la progression de l’embarcation.

    – Alors, on y est ? parut s’agacer la voix du pilote dans son dos.

    Lewis se reconcentra aussitôt, cherchant à discerner la berge dorénavant proche. Mais avant qu’il n’ait eu le temps de répondre, le moteur vrombit de nouveau.

    – Jimmy, arrête ! protesta le guetteur, tout en s’efforçant d’étouffer sa voix. Puis, le visage tourné vers le poste de pilotage extérieur, il ajouta :

    – Je t’ai dit de laisser filer… On est sur le point d’arriver. Le bout du loch doit être tout proche maintenant.

    – Tu es sûr ? s’inquiéta son compagnon. Moi, je ne vois rien… Est-ce que tu as ta lampe, au moins, pour le signal ?

    – Mais oui… murmura Lewis. Poursuis comme ça, tout droit.

    L’homme de proue se retourna et il continua de scruter de son mieux les rives du loch. Soudain, trois éclats lumineux se succédèrent à moins de cinquante mètres devant lui.

    – C’est lui, c’est le signal ! le devança le pilote. Vas-y Lewis, à toi !

    Immédiatement, ce dernier empoigna sa torche électrique et il émit à son tour trois signaux brefs.

    – Est-ce que tu l’as repéré ? s’inquiéta encore Jimmy. Est-ce que je suis toujours dans la bonne direction ?

    – Oui oui, pas de problème… chuchota l’autre. Comme ça, oui. Continue, pas plus vite…

    Quelques secondes plus tard, la coque du Broom 37 vint frotter contre le fond, avant de s’immobiliser en douceur. Presque au même instant, Lewis distingua enfin une silhouette sur la berge. Celle-ci lui fit un signe de la main, tout en lui désignant un piquet sur la gauche. Lewis comprit et jeta depuis le pont un bout dans sa direction. L’homme sur la rive s’avança dans l’eau glacée du loch, fit encore quelques pas, récupéra le cordage, puis il partit l’arrimer solidement au piquet.

    Après s’être assuré qu’il avait coupé les cent-quarante-cinq chevaux de son moteur, Jimmy s’empressa de rejoindre Lewis à la proue.

    – C’est lui, c’est bien lui… murmura ce dernier. On est arrivés.

    L’inconnu sur la berge revenait déjà vers eux. Ses bottes plongées dans l’eau noire, il leur lança :

    – Alors, qu’est-ce que vous faites ? Sautez !

    Les deux marins enjambèrent avec précaution le filin du bastingage puis, encouragés par l’homme, ils bondirent sur le morceau de plage sur lequel venait de s’échouer le Broom 37.

    – Ouf, elle est froide ! s’exclama Jimmy, éclaboussé jusqu’aux épaules.

    – Brrr, tu l’as dit ! confirma Lewis à son tour.

    – Pour un bain de minuit, décembre n’a jamais été la meilleure des saisons ! répliqua le troisième homme, la voix moqueuse.

    Les deux arrivants se hâtèrent de le rejoindre sur les rochers.

    Sans un mot, leur guide les serra aussitôt dans ses bras. En dépit d’un froid vif, et de manteaux épais, les trois individus prirent plaisir à rester enlacés un long moment.

    C’est l’homme de la rive qui rompit le silence en premier :

    – La traversée s’est bien passée ? leur demanda-t-il en chuchotant.

    – Une mer d’huile, le renseigna Jimmy en observant la même discrétion. Pour un peu, je me serais cru chez moi, dans les Antilles. Et puis, ajouta-t-il, ces bateaux, ça se pilote les yeux fermés.

    – On est arrivés en vue des côtes de l’île dès le milieu de l’après-midi, précisa Lewis. On a commencé par repérer l’entrée du loch aux jumelles, et…

    – Tu avais raison, le coupa Jimmy en s’adressant au nouveau venu. Le début du goulet, plein nord, est très étroit.

    – …et on a attendu la nuit pour approcher et pénétrer en silence, finit Lewis. Je suis persuadé que personne ne nous a vus accoster.

    – Avec le GPS, reprit le pilote, aucun souci. J’ai toujours su où je me trouvais, assura-t-il. En plus, avec la lune et ce ciel dégagé, c’était vraiment du gâteau.

    – N’empêche que je ne t’ai aperçu qu’au dernier moment, indiqua Lewis au troisième homme. Avant de lui avouer :

    – Tu n’as pas changé, Dan.

    – Si, il a changé, intervint Jimmy. Il s’est laissé pousser la barbe, comme moi.

    – Et quelques cheveux blancs aussi, plaisanta leur ami.

    – Où est Vince ? demanda Lewis. Il nous attend ?

    – Non, le détrompa Dan. Si tout va bien, il devrait arriver par avion demain matin.

    – Ah ? fit entendre le pilote. Et le chargement ? Qu’est-ce que tu as prévu ?

    – Tout se trouve dans la maison, de l’autre côté de la route. Vous la voyez ? leur désigna-t-il une forme sombre dans son dos. Puis il enchaîna :

    – Nous aurons besoin de deux nuits pour tout embarquer. Nous allons commencer dès maintenant et nous finirons demain soir, avec l’aide de Vince.

    – Mmm… Il y a près de cent mètres, apprécia Lewis. Effectivement, ça va nous prendre un peu de temps… Est-ce que le coin est tranquille ? demanda-t-il encore.

    – Nous ne serons pas dérangés, lui assura Dan. Le plus proche voisin habite à trois cents mètres – là-haut sur la colline, leur montra-t-il une bicoque dans le prolongement de la route ; c’est un vieux bonhomme qui dort à poings fermés – et l’autre maison au nord, à près d’un quart de mile, est inoccupée en cette saison. Pas de chien dans le coin non plus.

    – Mais… la route ? s’inquiéta Jimmy.

    – À la mi-décembre, en pleine nuit, argumenta Dan, je crois que nous aurons tout le temps de voir arriver les voitures. S’il en passe seulement une… sourit l’homme. Non, conclut-il, il faut juste veiller à ne pas faire de bruit, et surtout, à ne rien allumer.

    – OK, admit Lewis. Ça ira.

    – Bon, on s’y met ? insista Jimmy, toujours aussi nerveux, et il tapa dans ses gants pour s’encourager. Je ne vou…

    – Les nuits sont longues à cette période de l’année, le coupa Dan ; elles durent près de vingt heures. Nous avons tout le temps… Que diriez-vous de commencer par boire un verre ? Pour fêter nos retrouvailles ? leur suggéra-t-il.

    – Si tu veux, concéda son ami. Mais vite fait, hein ?

    – Ne me dis pas que tu refuserais un doigt de tourbé ? s’étonna Dan. Ton séjour aux Bahamas ne t’a quand même pas changé à ce point ? le taquina-t-il.

    – Pour un whisky, moi, je suis toujours partant, intervint Lewis. Ça nous réchauffera… Et puis si jamais tu as une paire de bottes dans ta maison, je ne suis pas contre non plus. Je suis trempé jusqu’aux mollets, se plaignit-il.

    – Je dois avoir ce qu’il faut pour vous deux, répondit Dan. On y va ?

    – C’est bon, on te suit, finit par céder Jimmy. Mais ne traînons pas, OK ? Demain matin arrivera bien assez vite…

    *

    Dimanche 14 décembre

    Le nez penché au-dessus de son café, l’inspecteur Sweeney n’en finissait plus de tourner, et de tourner encore, sa cuillère au fond de sa tasse. La manche de son pull-over posée imprudemment le long d’un toast couvert de confiture d’abricot, le jeune homme semblait ne pas réussir à émerger d’un pesant demi-sommeil. De sa main libre, il se mit alors à passer ses doigts à travers les poils enchevêtrés de sa barbe rousse, ce qui lui permit de commencer à réfléchir…

    …Une heure dix depuis Glasgow, après avoir survolé le Firth of Lorn, l’île de Mull, puis la mer des Hébrides, pour voir enfin apparaître les contours de Barra. Tout au sud de l’archipel des Hébrides extérieures, à près de vingt-sept milles marins² des côtes écossaises, l’île donnait l’impression depuis le ciel de n’être qu’un cœur de pierre rehaussé de teintes vert sombre, abandonné au milieu d’une mer hostile. Mais soudain, en abordant le flanc est, surgissait alors, alanguie le long d’une eau turquoise, une interminable plage de sable d’or, étincelante et totalement inattendue dans cette nature désolée. La dizaine de passagers du Twin Otter n’eut pas l’occasion de s’extasier plus longtemps sur ce superbe lagon. L’aile gauche s’inclina brusquement, et l’avion de la Flybe entama son approche. Après une courte boucle descendante, les visiteurs retrouvèrent cette fois la plage à l’avant de leur champ de vision, dans le prolongement du poste de pilotage. Indifférent aux légers soubresauts de l’appareil, Sweeney observa la mer, étonnamment proche sur sa gauche, qui, dès la prochaine marée, ne tarderait pas à recouvrir cette « plage d’atterrissage » unique au monde ; puis, sur sa droite, il découvrit les collines grisâtres de Barra, défilant à toute allure à travers le hublot, ainsi que quelques maisons blanches au toit d’ardoise ou de chaume ; puis, pour finir, une rangée de camping-cars qui venaient probablement se délecter du spectacle fascinant des posers acrobatiques sur Traigh Mhor³.

    Lorsque les roues du bimoteur touchèrent le sable, l’inspecteur fut heureux de constater la douceur avec laquelle le Twin Otter avait dominé la piste. Il en vint même à se demander pour quelle raison on ne recouvrait pas de sable tous les aéroports du monde… Le petit monoplan ralentit rapidement, tourna sur la droite, puis il alla s’immobiliser face au bâtiment solitaire d’un aérodrome aussi minuscule que désuet. La dizaine de passagers applaudit vivement le « Mesdames, Messieurs : Barra, bon séjour » du pilote puis, après avoir foulé un sable encore humide et résisté au froid mordant, tous rejoignirent le hall d’accueil.

    Tandis que le jour déclinait déjà, Sweeney et quelques autres embarquèrent à bord d’un petit bus blanc à destination de Castlebay, le principal village de l’île. Après avoir suivi la mer vers le sud, sur l’unique route circulaire étroite et sinueuse, puis frôlé de rares maisons perdues, contraintes par les monts de granit vissés dans leur dos à garder le regard fixé sur l’océan, le véhicule atteignit l’entrée du village à la nuit tombée. L’autocar ne pénétra pas dans le centre mais bifurqua sur la droite. Dans une rue montante qui semblait conduire vers l’église, le chauffeur stoppa ; il se retourna aussitôt vers Sweeney et lui lança : « Craigard Hotel, là, sur la gauche. Vous êtes arrivé ! ».

    Le jeune inspecteur épaula son épais sac à dos, récupéra son club de golf, puis il grimpa vers l’entrée de l’hôtel. Le froid et l’obscurité ayant envahi Castlebay, il se contenta de prendre possession de sa chambre et dîna rapidement ; enfin, fatigué par sa journée de voyage, il s’empressa d’aller se coucher…

    …Tout à coup, Sweeney émergea de cet état de semi-conscience. Il cessa d’agiter sa cuillère, constata qu’il était bientôt dix heures, puis il remarqua que le jour commençait à poindre. Il se souvint alors qu’au milieu de la baie, le pittoresque château de Kisimul n’allait plus tarder à se dévoiler.

    En arrivant la veille, il avait d’ailleurs regretté que la nuit dissimulât cette petite merveille. En effet, le chauffeur du bus, ravi de jouer les guides de fortune sur les derniers miles du trajet, leur avait parfaitement présenté la véritable attraction de Castlebay : bâti en 1039 en plein cœur de la baie, à une centaine de mètres du rivage, la forteresse du clan MacNeil n’était jamais tombée aux mains de l’ennemi au cours de ces dix derniers siècles. Toutefois, en 2000, l’héritier du clan avait dû se résoudre à louer cette coûteuse résidence – pour un bail de mille ans – à l’agence gouvernementale Historic Scotland. Le montant de la cession s’était élevé à une livre symbolique et… à une bouteille de Talisker⁴ ! L’anecdote avait fait sourire le jeune policier. Pour finir, le conducteur n’avait pas oublié de préciser qu’au lever du jour, les visiteurs pourraient aisément constater que Kisimul avait probablement inspiré le dessinateur Hergé pour la couverture de son célèbre album « L’île noire ».

    En levant de nouveau les yeux, Sweeney put enfin apercevoir les contours du prestigieux édifice. Massif, gris, robuste et rugueux, le fier château de Kisimul manifestait à l’évidence un fort caractère. Protégé par les flots, environné par les collines âpres de Barra, la demeure, juchée sur un éperon rocheux, semblait défier aussi bien le temps que les hommes. Indiscutablement, Kisimul avait une réelle force d’âme… Après un long moment de contemplation, l’inspecteur réussit à détourner le regard, mais il songea qu’avant son départ le mardi suivant, il lui faudrait absolument aller visiter cette tour de garde dans la baie. Il eut même la sensation, sans comprendre ce qui la provoquait, qu’il s’agirait là d’un acte d’importance durant son séjour.

    Sweeney avala une nouvelle gorgée d’un café déjà tiède, puis il mordit dans son toast. En portant cette fois les yeux vers l’horizon, il finit par observer que de lourds et sombres nuages, chassés de la gauche vers la droite par un mauvais vent de sud-est, n’annonçaient rien de bon.

    Mince, se désola le jeune Écossais, moi qui voulais partir randonner dans le nord de l’île, je crois que pour aujourd’hui, le mieux sera de me contenter du port et des collines alentour. Si le vent n’est pas trop fort… estima-t-il encore. Avant de réfléchir : Mais bon, ne te plains pas, Archie… Si tu as choisi de passer quatre jours à Barra en plein mois de décembre, c’est aussi parce qu’en cette saison l’île est la plus isolée d’Europe. Il paraît même que les journaux n’arrivent que l’après-midi, avec le ferry d’Oban. Avoue que c’est ce qui a motivé ton choix, reconnut-il. C’est vrai, je crois que j’avais besoin d’être seul, s’avoua-t-il enfin. Mais j’avais également besoin de temps, prolongea-t-il sa réflexion. Car sur Barra, j’ai déjà l’étrange sensation que les jours s’écoulent plus lentement. Ici, quatre jours doivent bien en valoir le double. Oui, comme si le temps était retenu au large ; comme si l’agitation des grandes villes l’y maintenait prisonnier, l’y consommait, le dévorait, et ne laissait plus aux îles que les dernières miettes de ce temps qui passe…

    Sweeney vida sa tasse ; il finit d’ingurgiter sa tartine, puis il laissa traîner son regard à travers la salle du petit déjeuner.

    Je suis apparemment le seul client de l’hôtel, remarqua-t-il pour la première fois. C’est peut-être aussi ce que je souhaitais… Pendant ces quatre jours, je me suis promis de répondre à une question capitale : dois-je demeurer inspecteur ? En effet, ces six derniers mois, je ne suis plus parvenu à élucider le moindre cas. Plus rien depuis ma reprise et la résolution du meurtre de mes parents. Plus rien depuis qu’Ilona est en prison⁵ … soupira-t-il. Oui, six mois. Déjà six mois… se répéta-t-il.

    Puis soudain : Quatre jours ! se ressaisit le jeune homme. Il insista : Je me suis donné quatre jours. Loin de tout, confronté à ces doutes qui m’assaillent, je me suis promis d’apporter une réponse définitive à mes interrogations. Mardi, lorsque je reprendrai l’avion, j’aurai pris ma décision : je saurai si je démissionne ou non !

    Tara Watters remonta la salle du petit déjeuner avec lenteur, une cafetière pleine à la main. Sweeney sourit en la voyant s’approcher. Dévouée au service de son unique client, la propriétaire du Craigard Hotel avait certainement déjà remarqué que celui-ci ne disposait plus de café chaud.

    Par réflexe, l’inspecteur l’observa : la cinquantaine, les cheveux bruns et courts comme soufflés en boule, vêtue d’une robe longue qui laissait apparaître une paire de souliers à boucle, ainsi que d’une veste traditionnelle agrémentée d’une broche qui encadrait un chemisier à jabot, l’hôtelière arborait un sourire avenant sur un visage aux traits pourtant fatigués. Parvenue devant la table, Tara inclina sa robuste ligne d’épaules et elle servit au jeune homme un café fumant.

    – Merci Mrs Watters, lui dit-il simplement.

    – Appelez-moi Tara, le pria-t-elle, avant de s’asseoir en face de lui.

    Surpris, Sweeney laissa la propriétaire s’installer et, détournant le visage vers la baie, il attendit que celle-ci reprenne la parole.

    – Vous avez tout ce qu’il vous faut ? lui demanda-t-elle. Si vous voulez, je peux…

    – Non, je vous remercie Tara, la coupa son client. Je crois qu’une dernière tasse de café suffira… La confiture d’abricot est excellente, ajouta-t-il.

    – Est-ce que je peux vous tenir compagnie ? le sollicita Mrs Watters. Je vous rassure, je viens rarement à la table de mes clients. Mais ce matin, comme vous êtes seul, je pen…

    – Pas de souci, la devança le jeune Écossais… Vous n’aurez personne d’autre cette semaine ? la questionna-t-il.

    – Si si, affirma l’hôtelière, et elle se redressa d’un coup. Deux autres clients arrivent demain, par avion je crois.

    – Ah ? Très bien, dit Sweeney, poursuivant leur échange de banalités avant de goûter au café frais… Mmm, il est parfait, apprécia-t-il.

    – Vous verrez, reprit Mrs Watters, l’hôtel sera beaucoup plus animé demain.

    – Avec deux clients de plus ? ironisa l’insolent barbu.

    – Non. Demain soir, j’organise un cèilidh⁶. Tous les jeunes, et les moins jeunes, de Castlebay seront là. J’en propose un chaque semaine… Vous savez, insista Tara, sur Barra ces soirées sont indispensables. Surtout en décembre… En ce moment, avec des nuits de près de vingt heures, l’île n’est plus qu’un tas de pierres désolé, un cœur presque mort au milieu de l’océan. Ce n’est que grâce à la joie de vivre du cèilidh qu’il continue de battre ; ce sont ces fêtes qui nous permettent de tenir ici, nous autres, les îliens… À Barra, le cèilidh c’est la vie, conclut l’hôtelière.

    – Je comprends, lui assura Sweeney… Vous m’avez convaincu ; je viendrai, sourit-il enfin.

    L’inspecteur avala encore un peu de café, tout en observant d’un œil inquiet les nuages qui s’amoncelaient au-dessus de la baie.

    – Vous aviez prévu de randonner ? se souvint la quinquagénaire. Où souhaitez-vous aller ?

    Son client réfléchit brièvement, puis il déclara :

    – Eh bien, le Heaval⁷. Ce serait bien pour commencer, non ? Qu’en pensez-vous ?… De là-haut, j’imagine que l’on doit avoir une vue imprenable sur Barra, ainsi que sur les îles les plus proches. N’est-ce pas ?

    – Oui. Bien sûr, lui confirma Mrs Watters. Le Heaval n’est qu’à un demi-mile de l’hôtel, mais méfiez-vous tout de même. Si le vent forcit encore, les bourrasques pourraient atteindre jusqu’à cent cinquante kilomètres-heure au sommet. Dans ces cas-là, on ne tient plus debout, et comme la crête est étroite, on a vite fait de perdre l’équilibre. La pente est raide, on a déjà vu des gens se blesser sérieusement, le prévint-elle, la mine soucieuse. Et puis, finit-elle, même le chemin d’accès n’est pas très bon. Avec tous ces cailloux qui dépassent, même un bon marcheur peut facilement s’occasionner une entorse.

    – Je serai vigilant, lui promit le policier, tout en continuant de vider sa tasse.

    Cependant, Mrs Watters ne put s’empêcher de jeter un regard soupçonneux sur les brodequins – trop rudimentaires à son goût – dont son client était équipé, ainsi que sur l’étonnante canne de golf déposée à ses pieds. Mais, constatant que son œil inquisiteur embarrassait le jeune homme, elle tenta de faire diversion :

    – Hem… Ce sera mieux demain.

    – Pardon ?

    – Je voulais dire, le temps sera meilleur demain. En tout cas, c’est ce qui est prévu.

    – Tant mieux, se réjouit Sweeney. Alors je profiterai de la journée de lundi pour effectuer ma grande randonnée, dans le nord de l’île… OK, va pour demain matin, répéta-t-il.

    – Mañana por la mañana… lui sourit Mrs Watters, et elle dévoila une rangée de dents parfaites.

    – Quoi ? sursauta l’inspecteur. Qu’est-ce que vous dites ?

    – Ça signifie « demain matin » en espagnol, je crois. Vous connaissez la blague ? lui demanda-t-elle.

    – Euh… Non, laquelle ?

    – Elle est drôle, sourit-elle à nouveau : on raconte qu’un jour, un touriste espagnol demanda à un vieil habitant de Barra comment on traduisait mañana por la mañana en gaélique. L’ancien réfléchit un long moment puis, l’air désolé, il lui répondit : « Je crains que sur nos îles, il n’existe aucun mot pour désigner une telle urgence ! », et Mrs Watters partit d’un rire franc.

    – Je vois, sourit le jeune Écossais. Je comprends plutôt : c’est bien ce qu’il me semblait, le temps n’a pas la même valeur ici.

    – C’est exactement cela, acquiesça Tara. Au début, raconta-t-elle, lorsque je suis arrivée de Glasgow il y a vingt ans – mon hôtel en ville ne marchait plus ; une annonce disait que le Craigard était à vendre, alors j’ai tenté ma chance – je vous avoue que j’ai eu bien du mal à m’adapter. Moi qui n’avais connu que les grands centres, je trouvais que les gens vivaient au ralenti, ici… Les trois premières années, j’ai cru que je ne tiendrais jamais, confessa-t-elle. Surtout les mois d’hiver… Et puis, vous voyez, on finit par s’habituer. À présent, en revanche, je ne serais plus capable de faire la démarche inverse. Les citadins me taperaient sur les nerfs, ils sont trop différents de nous… À Barra, j’ai appris à me passer du superflu. Ici, comme sur l’ensemble de nos îles, tout ce qui compte, ce sont les gens… Vous comprenez ? À Castlebay, en décembre, si vous n’aimez pas votre voisin, vous ne pouvez pas rester. Vous ne tenez pas… Voilà ce que j’ai appris en venant à Barra.

    Les paroles de Tara firent écho en Sweeney. Pensif, il eut la sensation que l’hôtelière venait de lui délivrer un message essentiel. L’un de ceux qui vous marquent pour une vie.

    Toutefois, Mrs Watters revint rapidement à des considérations plus prosaïques :

    – Pour demain, ne vous aventurez pas trop loin tout de même. La météo prévoit un méchant coup de tabac avant la fin de la journée. Sur nos îles, on connaît ça : le ciel bleu est trompeur, il annonce souvent le calme avant la tempête. Et celle qui nous arrive promet d’être mauvaise… Elle pourrait même durer ; je ne suis pas certaine que vous pourrez reprendre l’avion mardi.

    – Il restera toujours le bateau pour Oban, non ? suggéra le policier.

    – Normalement, oui. Mais en décembre, il n’est pas rare que les ferries…

    – Non, la coupa Sweeney. Je ne partirai pas plus tôt. Je suis bien décidé à profiter de mes quatre jours, j’ai besoin de ce délai… Et tant pis si je dois me faire secouer dans la cale d’un navire, mardi. Je ne suis pas sujet au mal de mer.

    – Très bien, lui sourit la quinquagénaire. Alors, enchaîna-t-elle : le Heaval pour aujourd’hui ?

    – Oui, confirma l’inspecteur. Ensuite, je crois que j’irai faire un tour dans le village.

    – Ce sera vite fait ! plaisanta l’hôtelière.

    – Oui, je m’en doute, s’amusa le jeune barbu.

    Mais, sentant que son client était sur le point de regagner sa chambre, Tara Watters changea brusquement de conversation :

    – Mister Sweeney, est-ce que je peux vous demander un conseil ?

    Étonné, le jeune homme hésita :

    – Euh… Oui, à quel propos ?

    – Voilà, poursuivit la dame tout en déposant ses avant-bras sur la table : cela concerne mon voisin, Ed Robertson. Il habite derrière l’hôtel, la maison juste à côté de l’église.

    – Hem… Et alors ? s’étonna son client.

    – Ed est arrivé sur l’île il y a vingt ans lui aussi. C’est notre conteur, un spécialiste du gaélique. Il intervient au profit des enfants de l’école primaire de Barra… Ed est également célibataire – Nous y voilà, crut deviner le policier –, il me donne souvent un coup de main à l’hôtel : les petits problèmes de plomberie, les moquettes à changer, les meubles à déplacer… Vous savez ce que c’est, les hommes sont plus doués que nous pour ces choses-là.

    Où veut-elle en venir ? s’interrogea Sweeney. Si c’est pour me demander un conseil matrimonial, avec moi Tara est mal tombée !

    Mais l’hôtelière poursuivait déjà :

    – En réalité, je suis inquiète pour lui. Avant-hier, vendredi matin, j’ai vu Ed descendre la rue au volant de sa voiture, un 4x4 Volkswagen ; il m’a fait un signe de la main, et j’ai pensé qu’il partait faire ses courses à la Co-op, notre petit supermarché. Mais voilà, il n’est toujours pas revenu.

    – Depuis deux jours ?

    – Oui. Son portable est coupé – j’ai essayé de l’appeler dans l’après-midi de vendredi, mais en vain. Sa maison est fermée, tandis qu’il ne m’a… s’interrompit-elle soudain, visiblement émue.

    – Il a dû quitter l’île, proposa aussitôt l’inspecteur.

    – Non ! répliqua sèchement Mrs Watters. Hier midi, après avoir attendu plus de vingt-quatre heures, je me suis décidée à aller en parler aux agents du poste de police… Là en bas, désigna-t-elle à travers la vitre un groupe de maisons sur la droite du port… Les gars ne sont que deux cette semaine, les autres sont en congé avant Noël, précisa-t-elle encore.

    – Et alors ? s’impatienta son client.

    – Je leur ai signalé qu’Ed avait disparu, qu’il n’était pas rentré chez lui depuis la veille, et qu’il n’était plus joignable. Ils nous connaissent bien, ils savent qu’Ed n’aurait pas quitté l’île sans me prévenir… Alors ils se sont renseignés, puis ils sont repassés me voir hier après-midi, un peu avant que vous n’arriviez avec le bus : Ed n’a pas pris l’avion et il n’a embarqué à bord d’aucun des deux ferries, ni celui d’Oban ici à Castlebay, ni celui pour Eriskay plus au nord. La patrouille en a profité pour faire le tour de la circulaire avant la nuit, la trois-huit⁸ comme on dit chez nous ; ils ont même poussé jusque sur Vatersay, l’île au sud, en passant par la route de la digue, mais ils n’ont rien vu. Aucune trace du 4x4 d’Ed.

    – Il ne s’est quand même pas volatilisé, ironisa le jeune homme.

    – Vous avez raison Mister Sweeney, répliqua l’hôtelière, le visage grave. On ne disparaît pas de Barra. C’est impossible, c’est une petite île. Tout le monde se connaît. Il n’y a pas de cachette non plus, surtout pour une grosse voiture comme la sienne… Non, je ne comprends pas.

    L’inspecteur sentit que Tara était au bord des larmes. Cependant, au même instant, il saisit aussi ce qui la poussait à lui faire part de cette étrange disparition : Mrs Watters, en consultant les informations qu’il avait lui-même inscrites dans le registre de l’hôtel, avait certainement compris à qui elle avait affaire. Car il était probable que la renommée du jeune enquêteur s’était propagée jusque sur une île reculée comme Barra. Ce que la dame lui confirma sans tarder :

    – Hier soir, en lisant votre nom, et puis en vous voyant avec votre barbe et votre canne de golf, je me suis dit que vous deviez être l’inspecteur dont la télé parle de temps en temps. Alors j’ai pensé que vous pourriez peut-être me…

    – Non madame ! intervint brutalement Sweeney. Je suis en vacances, ma juridiction se limite à la région d’Édimbourg et, si j’ai bien compris, mes deux collègues de Castlebay s’occupent déjà de vous et de votre ami. Ne vous inquiétez pas, ils vous donneront rapidement des nouvelles de… de Mister Robertson, c’est bien ça ?

    Dépitée, Mrs Watters murmura :

    – Oui, c’est ça…

    – D’ailleurs, ajouta-t-il, sans vous faire de confidences, la dernière fois qu’une gérante d’hôtel m’a alerté au sujet d’une affaire de disparitions, trois jours plus tard, l’histoire s’est terminée par un véritable carnage⁹ ! Alors, non merci : j’ai déjà donné.

    La quinquagénaire recula contre le dossier de sa chaise ; elle émit un profond soupir, et ses épaules s’affaissèrent d’un coup.

    Ignorant volontairement sa déception, Sweeney commença par ramasser son club de golf, puis il se leva en reculant d’un pas. Avant de déclarer :

    – Vous savez, votre ami est peut-être simplement allé visiter sa famille pour les fêtes. Ou il a juste décidé d’aller faire un tour… Un coup de blues passager ? suggéra-t-il. En décembre, ça peut arriver.

    – Vous pensez à… à un… bredouilla-t-elle.

    À un suicide ? la devança le policier. Mince, je te félicite Archie : pour ce qui est de l’apaiser, tu as mis dans le mille ! Corrigeons le tir, et vite.

    – Hem… Euh, je voulais dire… hésita-t-il. Je pense… Non, je crois que vous aurez très vite de ses nouvelles. Sûrement d’ici demain matin… D’ailleurs, vous me tiendrez au courant Tara, n’est-ce pas ? chercha-t-il à rattraper sa maladresse.

    – Oui… Oui bien sûr, répondit-elle enfin.

    – Merci… Je suis désolé pour votre ami, lui dit-il encore, mais je suis persuadé que tout ira bien… Bon, je vais aller marcher maintenant, annonça-t-il, tout en se dirigeant vers la porte. Il faut que je me change avant de partir.

    – Évidemment, Mister Sweeney… À plus tard, lui lança l’hôtelière, d’une voix qu’elle voulait assurée. Cependant, ses yeux n’en finissaient plus de trahir son inquiétude.

    L’inspecteur s’empressa de lui tourner le dos, puis il regagna sa chambre.

    *

    Sa canne de golf sur l’épaule, affublé d’un coupe-vent trop large que les rafales soufflées depuis la mer secouaient en tous sens, Sweeney remontait l’A888 du côté droit, face à la circulation. Dans moins de dix minutes, il atteindrait les entrées est de Castlebay…

    …Gravir le mont Heaval n’avait pas été une partie de plaisir. Dès que l’inspecteur s’était éloigné de la route circulaire, il s’était aussitôt retrouvé sur de pauvres chemins que l’on peinait à distinguer des sentes tracées par le passage des animaux. Lassé d’hésiter sans cesse entre des alignements de cailloux plus ou moins bien délimités, il avait fini par s’affranchir de ces maigres repères et décidé que, sans doute, le mieux consistait à s’inventer son propre cheminement vers le sommet du mont.

    Serpentant entre les amas de roches, glissant parfois sur l’herbe humide de la lande, l’inspecteur était tout de même parvenu, peu après midi, à rejoindre le Heaval par son flanc est. Une fois sur la crête, la force terrifiante du vent l’avait surpris et, immédiatement, les mises en garde de Mrs Watters lui étaient revenues en mémoire ; en effet, les blocs de granit formant la ligne dorsale du mont étaient fort étroits, et le moindre faux pas pouvait s’y avérer fatal. Pour s’efforcer d’oublier son appréhension, Sweeney résolut de ne plus fixer que la pyramide tronquée du point trigonométrique qui matérialisait le sommet. Tout en cheminant vers elle, et afin de tromper son appréhension, le jeune Écossais

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