Un village à peindre
Robin avait laissé sa voiture et, appareil photo en bandoulière, s’était approché du bord du plateau qui dominait la côte du Yorkshire. On lui avait dit que la meilleure lumière était celle du matin, quand le soleil sort de la brume et caresse les toits de Staithes. Le spectacle était en effet saisissant : le village de pêcheurs avançait sur un promontoire, au fond d’une rade protégée par les falaises. La mer, encore haute, s’engouffrait dans le ravin où débouchait la rivière, bordé par les maisons aux toits de tuiles ou d’ardoises. On n’entendait que le vent et les cris des mouettes.
Robin se dit qu’il avait bien fait de proposer à Photo Plus ce reportage sur la côte du parc national des Moors, dans Yorkshire du Nord. La revue londonienne à laquelle il collaborait avait accepté son projet sur les landes mauves de bruyères et les pittoresques petits ports qui émaillaient la côte sauvage et avaient attiré les peintres depuis plus de deux siècles, à commencer par le célèbre Turner.
Il rangeait son appareil photo quand un cycliste s’arrêta. Fier qu’on apprécie le charme de son pays, il se mit à parler photo et l’assura du beau temps.
– Je ne déteste pas la brume non plus. Elle ajoute du mystère…
– Vous avez raison. Vous allez loger à Staithes ?
– Oui, une chambre d’hôtes, Burnett Cottage.
Le cycliste fit la moue.
– J’ai eu tort ?
– Ma foi, je ne connais pas la patronne, mais on dit qu’elle a un sale caractère.
Le cycliste s’éloigna, laissant Robin dépité. Il avait choisi au hasard, comptant rayonner sur la côte à partir de Staithes.
Il reprit sa voiture et s’arrêta plusieurs fois le long de la petite route qui descendait du plateau vers le rivage. Il se gara à l’entrée de Church Street et s’aventura dans les rues étroites, saisi par le charme des vieilles maisons de pierres, fleuries et soignées, des portes multicolores et des boutiques à l’ancienne.. La réponse tarda, bougonne.
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