Découvrez des millions d'e-books, de livres audio et bien plus encore avec un essai gratuit

Seulement $11.99/mois après la période d'essai. Annulez à tout moment.

Alternatives: Les contre-récits pour combattre le discours de haine
Alternatives: Les contre-récits pour combattre le discours de haine
Alternatives: Les contre-récits pour combattre le discours de haine
Livre électronique333 pages3 heures

Alternatives: Les contre-récits pour combattre le discours de haine

Évaluation : 0 sur 5 étoiles

()

Lire l'aperçu

À propos de ce livre électronique

Combattre le discours de haine hors ligne et en ligne: un nouvel outil pour aider les jeunes et les éducateurs à affronter, à démonter et à remplacer les récits haineux.

Le discours de haine en ligne est aujourd'hui une forme majeure de violation des droits de l'homme. Ses conséquences sont graves, parfois même tragiques, y compris « dans la vie réelle ». Nous ne pouvons laisser le discours de haine proliférer sans dénoncer sa vraie nature : il relaie des récits fondés sur les préjugés envers certains groupes sociaux, les associe à de fausses informations et alimente ainsi les phobies et les peurs. Ces récits séduisent parce qu'ils jouent sur ce que les gens croient, ou ont envie de croire, et donnent du sens aux informations présentées. Et ils sont si répandus en ligne qu'ils finissent par avoir l'air légitimes.

Cependant, les récits ne disent pas « rien que la vérité », et jamais « toute la vérité ». Lorsqu'ils sont utilisés pour opprimer, comme ceux qui sous-tendent le discours de haine, ils sapent les bases des sociétés pluralistes et démocratiques et mettent en danger la vie et la dignité des personnes.

Pour discréditer et déconstruire les récits sur lesquels se fonde le discours de haine, des contre-récits sont donc nécessaires, ainsi que des récits alternatifs, pour défendre des valeurs et des perspectives positives favorisant les droits de l'homme et la démocratie (solidarité, respect de la diversité, liberté, égalité). Les jeunes citoyens doivent s'emparer de l'espace public virtuel en y diffusant des récits positifs fondés sur l'espoir et sur l'amour.

Ce manuel présente des stratégies et des outils d'éducation et de communication destinés aux défenseurs des droits de l'homme qui souhaitent élaborer leurs propres contre-récits et récits alternatifs au discours de haine. Conçu pour un travail auprès de jeunes à partir de 13 ans, il repose sur les principes de l'éducation aux droits de l'homme et de la participation des jeunes.

Chacun peut agir contre le discours de haine. En apportant des informations sur le discours de haine et les droits de l'homme ainsi qu'une méthode pour élaborer des contre-récits, Alternatives rend cette action plus simple, efficace et positive.

Le Conseil de l'Europe a lancé le Mouvement contre le discours de haine pour mobiliser les jeunes en faveur des droits de l'homme sur internet et pour combattre le discours de haine. L'éducation est au coeur de cette campagne. Le présent manuel complète Connexions – Manuel pour la lutte contre le discours de haine en ligne par l'éducation aux droits de l'homme, également paru aux éditions du Conseil de l'Europe.
LangueFrançais
Date de sortie5 mai 2017
ISBN9789287185440
Alternatives: Les contre-récits pour combattre le discours de haine

Auteurs associés

Lié à Alternatives

Livres électroniques liés

Politique pour vous

Voir plus

Articles associés

Catégories liées

Avis sur Alternatives

Évaluation : 0 sur 5 étoiles
0 évaluation

0 notation0 avis

Qu'avez-vous pensé ?

Appuyer pour évaluer

L'avis doit comporter au moins 10 mots

    Aperçu du livre

    Alternatives - Agata de Latour

    CHAPITRE 1

    PRÉSENTATION DU MANUEL

    Ce manuel vous guidera dans l’élaboration de contre-récits et de récits alternatifs pour lutter contre le discours de haine et promouvoir les droits de l’homme, notamment dans les environnements en ligne. Le manuel propose des outils et approches d’éducation et de communication, en ligne et hors ligne, pour saper les récits qui appuient et légitiment le discours de haine. Il vise à élargir la panoplie des éducateurs, militants et travailleurs de jeunesse qui pratiquent déjà l’éducation aux droits de l’homme ou souhaitent la pratiquer. Il s’inscrit dans le contexte du Mouvement contre le discours de haine, campagne de jeunesse du Conseil de l’Europe pour les droits de l’homme en ligne.

    Ce chapitre introductif explique le pourquoi d’un manuel sur les récits alternatifs comme outils contre le discours de haine, en particulier sous l’angle de l’éducation aux droits de l’homme. Le chapitre précise également les objectifs du manuel, son public cible et sa contribution aux activités du Mouvement contre le discours de haine. Il offre de brèves définitions des principaux termes utilisés : discours de haine, récit, contre-récit et récit alternatif, qui seront plus amplement détaillés dans les chapitres suivants. Ce chapitre présente, enfin, l’organisation du manuel.

    1.1 | PRÉSENTATION DES CONCEPTS ESSENTIELS

    DISCOURS DE HAINE

    Le discours de haine, tel que défini par le Comité des Ministres du Conseil de l’Europe, couvre toutes les formes d’expression qui propagent, incitent à, promeuvent ou justifient la haine raciale, la xénophobie, l’antisémitisme ou d’autres formes de haine fondées sur l’intolérance, y compris l’intolérance qui s’exprime sous forme de nationalisme agressif et d’ethnocentrisme, de discrimination et d’hostilité à l’encontre des minorités, des immigrés et des personnes issues de l’immigration.

    Pour la campagne Mouvement contre le discours de haine, d’autres formes de discrimination et de préjugés comme l’antitsiganisme, la christianophobie, l’islamophobie, la misogynie, le sexisme et la discrimination fondée sur l’orientation sexuelle et l’identité de genre relèvent clairement du discours de haine.

    DISCOURS DE HAINE EN LIGNE

    Le discours de haine en ligne est un phénomène particulièrement préoccupant. Internet a ouvert de nouveaux espaces de communication et d’échanges, mais avec moins de contraintes : les internautes peuvent se cacher derrière la distance et l’anonymat pour exprimer leur haine des autres. En outre, on peut facilement y partager et propager la haine, en commentant et en repostant par exemple. Les messages de haine entament alors une nouvelle vie, au-delà des messages d’origine. Les effets sur la cible du discours de haine peuvent être dévastateurs ; mais c’est aussi toute la société qui est touchée¹.

    RÉCIT / NARRATION

    Pour la version française du présent ouvrage, nous avons choisi de traduire l’anglais narrative par un terme d’usage courant : « récit ». Cependant, dans plusieurs langues influencées par le latin, le mot signifiant « récit » vient du latin narratio, narrationis. C’est le cas de l’anglais, mais aussi de l’espagnol (narrativa) ou du roumain (narativ). À l’image du français « narration », équivalent soutenu de « récit », ces termes sont signalés dans les dictionnaires comme des synonymes assez formels du mot « histoire » ou comme désignant des genres littéraires tels que le roman ou la prose. Raconter, « narrer », c’est dire une histoire, exposer une suite de faits ou d’expériences réels ou imaginaires.

    Les termes de « récit » et d’« histoire » sont interchangeables lorsqu’ils ont la même signification générale : pour élaborer un récit comme pour raconter une histoire, il faut une intrigue et des personnages. Il faut donc imaginer des personnes, les rôles qu’elles vont jouer dans l’histoire et l’enchaînement des événements et des actions. Afin d’être plausibles, d’intéresser et de convaincre, les récits combinent souvent des éléments réels et fictifs. Par exemple, beaucoup d’histoires pour enfants ont deux personnages principaux : un prince et une princesse. Selon l’intrigue typique, la princesse a été enlevée, un prince vient la délivrer, ils se marient, vivent heureux et ont beaucoup d’enfants.

    Les histoires reflètent souvent les idées et conceptions dominantes, au sein d’une société, sur le monde tel qu’il devrait aller et sur ce qu’on juge possible et normal. Par exemple, les histoires de princes et de princesses s’inscrivent dans une « histoire englobante » concernant les rapports de pouvoir et les relations hommes-femmes. L’histoire d’une princesse présentée comme faible et impuissante, sauvée par un prince dépeint comme fort et astucieux, renforce un récit de rapports inégaux entre hommes et femmes, conformément à une certaine attente sociale. Ce n’est pas toujours le cas : d’autres contes traditionnels montrent des personnages féminins forts et présentent le prince différemment. Le même récit sous-jacent peut donner lieu à de nombreuses histoires. À l’inverse, des changements de personnages, d’intrigue et de contexte peuvent modifier le récit.

    CONTE DE FÉES

    Aurore, jeune et belle princesse, vivait dans un château. Une sorcière prédit qu’un jour, elle se piquerait le doigt sur le fuseau d’un rouet et tomberait dans un sommeil de plusieurs années. À 16 ans, Aurore se piqua le doigt sur un fuseau et s’endormit. Au bout de cent ans, un courageux prince la retrouva, tomba amoureux d’elle et l’embrassa, ce qui rompit le charme. Ils se marièrent et eurent beaucoup d’enfants.

    Récits

    Récits autour du genre : les princesses sont sauvées par des princes. Hommes et femmes se marient et se reproduisent.

    Récits autour de l’organisation politique : les pays sont dirigés par de sages et nobles rois et reines, qui héritent le pouvoir de leurs parents (monarchie).

    On peut définir le récit comme un exposé et une interprétation logiques, ayant une cohérence interne, d’événements ou d’informations liés entre eux et ayant un sens pour le lecteur/l’auditeur. Dans l’exemple du prince et de la princesse, il existe deux niveaux d’interprétation. « Le courageux prince a sauvé la princesse » en est un ; mais il ne faut pas négliger la vision des rapports hommes-femmes présente dans cette histoire. Chaque « petit » conte ou récit contient et transmet un système de valeurs, c’est-à-dire une idée de ce qu’est un comportement louable et normal.

    Le problème naît lorsque tous les « petits récits » racontent le même « grand récit », présenté comme le seul possible. Par exemple, dans de nombreux contextes, les femmes non mariées ou les couples homosexuels subissent une discrimination car ils n’entrent pas dans la vision dominante des rôles et des relations de genre. Lorsqu’on présente un récit comme le seul qui vaille ou comme le seul normal, en refusant les alternatives ou, dans les cas extrêmes, en incitant à la violence contre ceux qui le remettent en question, on s’attaque aux fondements d’une société plurielle et diverse, à commencer par la liberté de pensée, la liberté de religion et de conviction, etc. Le problème s’aggrave encore dans le cas de récits violents et extrémistes, dont ce qu’on appelle le discours de haine.

    Quels termes avez-vous entendus autour de vous pour désigner les récits, les histoires, le discours de haine ?

    Que signifient-ils ?

    Sont-ils différents ou proches des définitions de base qui en sont données ici ?

    CONTRE-RÉCIT ET RÉCIT ALTERNATIF

    Parler de contre-récit et de récit alternatif n’a de sens que si on sait contre quoi on lutte ou à quoi on offre une alternative. Ce manuel s’intéresse aux récits qui s’opposent au discours de haine ainsi qu’à la violence et à la discrimination qu’il propage, justifie ou diffuse, ou qui proposent des alternatives à ce discours.

    Les contre-récits et récits alternatifs combattent le discours de haine en discréditant et en déconstruisant les récits sur lesquels il repose. Ils proposent aussi des récits fondés sur les droits de l’homme et les valeurs démocratiques, telles que l’ouverture, le respect de la différence, la liberté et l’égalité. Pour cela, ils peuvent offrir des informations différentes et précises, employer l’humour, faire appel aux émotions sur les thèmes traités, ou adopter des perspectives et points de vue différents. Dans l’image humoristique ci-dessous, par exemple, on voit que la princesse se sent assez forte et confiante pour demander l’égalité d’accès aux chances et aux ressources, offrant un récit alternatif aux récits dominants fondés sur l’inégalité des sexes.

    Inspiré d’un mème de The Social Cinema²

    Le terme le plus bref, « contre-récit », est souvent utilisé notamment dans le travail contre l’extrémisme violent et le terrorisme. Il souligne la nécessité de déconstruire et d’affaiblir les récits violents qui peuvent attirer, en particulier les jeunes. Le recours au terme « récit alternatif » souligne l’importance de mettre en avant des exposés différents, ainsi que des alternatives qui ne soient pas uniquement le négatif des récits qu’elles cherchent à contrer, évitant de les renforcer ou de les accréditer en restant centrées sur eux.

    En pratique, la limite entre les deux termes est souvent floue, puisque tout contre-récit suppose un récit alternatif ou y renvoie implicitement. Ce manuel utilise les deux termes ou l’un des deux, en fonction de ce sur quoi il veut mettre l’accent. Dans tous les cas, il part de l’idée qu’il ne suffit pas de s’opposer aux récits violents, de les dénoncer et de les déconstruire. Il est important de proposer, de développer et de diffuser des récits alternatifs, non excluants et fondés sur les droits de l’homme.

    Ce manuel, comme la campagne Mouvement contre le discours de haine, adopte à dessein une approche fondée sur les droits de l’homme. Tout contre-récit ou récit alternatif repose ainsi sur deux idées centrales :

    les droits de l’homme sont le fondement des récits qui luttent contre le discours de haine.

    les récits fondés sur les droits de l’homme jouent un rôle important pour les stratégies d’émancipation et de transformation des jeunes, et plus encore pour les jeunes qui ont eux-mêmes diffusé un discours de haine ou qui en ont été la cible directe.

    Dans quels cadres avez-vous entendu parler pour la première fois de récits, de contre-récits, de récits alternatifs ?

    Quels sont les principaux récits courants dans votre contexte ?

    Que disent-ils des rapports de pouvoir au sein de votre milieu social ?

    1.2 | POURQUOI CE MANUEL ?

    Ce manuel est né de la convergence de plusieurs tendances : premièrement, les besoins et les expériences de la campagne Mouvement contre le discours de haine ; deuxièmement, les difficultés que traverse actuellement la culture de la démocratie et des droits de l’homme et les efforts visant à les résoudre ; et troisièmement, la nécessité de trouver des outils pour lutter contre l’extrémisme violent et le terrorisme, en particulier en ligne, tout en s’appuyant sur les expériences passées. Tout cela a fortement influencé les objectifs du manuel et les approches qu’il recommande.

    AJUSTER LA CAMPAGNE MOUVEMENT CONTRE LE DISCOURS DE HAINE

    Participants et organisateurs de la campagne contre le discours de haine ont entamé un processus d’évaluation, afin de réfléchir aux méthodes de la campagne 2013-2015 et à son impact. L’une des remarques récurrentes est la suivante : les acteurs de la campagne ont souvent visé les causes et les motivations générales du discours de haine. Par exemple, ils ont mené des projets de sensibilisation et d’éducation aux droits de l’homme. Ils se sont également centrés sur les moyens de diffusion du discours de haine, en prônant par exemple le retrait ou le signalement des messages haineux. Enfin, ils ont visé les auteurs/diffuseurs du discours de haine, par exemple en déposant plainte ou en discréditant l’anonymat.

    Les actions centrées sur la teneur du discours de haine ont été moins nombreuses. Les contre-récits, qui pointent la teneur ou le texte même des messages haineux, semblent donc particulièrement utiles et nécessaires. Un contenu haineux pourrait être neutralisé par la création et le déploiement d’histoires et d’interprétations de la réalité autres que celle présentée.

    Ces réflexions ont été prises en compte dans la planification de la deuxième phase de la campagne. En adoptant sa stratégie de campagne 2015-2017, le Conseil mixte pour la jeunesse a appelé à compléter par des contre-récits les outils de signalement et d’éducation existants. Il a proposé la mise au point d’un outil en ligne, simple à utiliser, pour aider les acteurs de la campagne à recourir aux contre-récits et aux récits alternatifs face au discours de haine.

    En réponse à ces attentes, en février 2016, un groupe d’experts a pesé les atouts et les défis représentés par l’élaboration de ce manuel et par le recours aux contre-récits comme outils stratégiques au service de la campagne. Le groupe, composé d’acteurs des secteurs de la jeunesse et des droits de l’homme, de pédagogues, d’universitaires et de spécialistes des médias, a proposé des paramètres et des lignes directrices et identifié les principaux contenus du manuel. Ce dernier a été rédigé collectivement par des membres du groupe, et enrichi d’exemples de pratiques issues des partenaires et des campagnes menées dans différents pays.

    La réflexion sur l’impact et le suivi de la campagne s’est tenue dans un contexte de grandes difficultés pour l’Europe, soumise entre autres aux répercussions des mesures d’austérité, aux conséquences des attentats terroristes et à la montée de la xénophobie et de l’islamophobie. Pour ceux qui cherchent à les résoudre, qu’ils soient responsables politiques, éducateurs ou jeunes citoyens, la complexité des questions qui se posent aujourd’hui a quelque chose d’intimidant. Les réponses ne sont ni simples ni faciles à appliquer ; mais elles sont indispensables. Il faut voir dans les défis actuels l’occasion de réfléchir et de mener des actions constructives.

    DÉFENDRE LES DROITS DE L’HOMME, MISSION DU CONSEIL DE L’EUROPE

    Au niveau institutionnel, les efforts de promotion et de préservation des valeurs inscrites dans la Convention européenne des droits de l’homme se sont intensifiés. Les nouvelles normes de droits de l’homme, comme celles affirmées dans la Convention d’Istanbul³ (prévention et lutte contre la violence à l’égard des femmes et la violence domestique) et la Convention de Lanzarote⁴ (protection des enfants contre l’exploitation et les abus sexuels), traduisent un consensus entre les 47 États membres en faveur de l’extension et du renforcement des droits de l’homme pour tous.

    Les attentats terroristes perpétrés dans des villes européennes, qui ont fait des milliers de victimes, ont mis à mal ces réalisations. Le Conseil de l’Europe a réagi par un plan d’action qui cherche à préserver les droits de l’homme, la démocratie et l’État de droit dans la lutte contre le terrorisme et les mesures pour l’éviter ; notamment, son Comité des Ministres a adopté en mai 2015 un plan d’action intitulé « Lutte contre l’extrémisme violent et la radicalisation conduisant au terrorisme » (2015-2017)⁵. L’un de ses principaux objectifs est de prévenir et de combattre la radicalisation violente à travers des mesures éducatives et sociales. Le Plan d’action souligne l’importance de l’éducation et des interventions auprès des jeunes pour les mesures de prévention :

    Il est nécessaire de prendre des mesures pour prévenir la radicalisation violente et renforcer la capacité de nos sociétés à rejeter toutes les formes d’extrémisme. L’éducation formelle et l’éducation informelle, les activités de jeunesse et la formation des acteurs clés (y compris dans le secteur des médias, dans les domaines politiques et dans le secteur social) ont un rôle essentiel à cet égard.

    Le Plan d’action cite spécifiquement la nécessité d’opposer des contre-récits au détournement de la religion et l’importance de s’approprier l’espace médiatique en ligne pour l’engagement civique et la citoyenneté démocratique :

    Nous avons besoin de mieux comprendre comment les médias sociaux et internet servent de vecteur de radicalisation. Nous devons aussi nous attacher davantage à empêcher la diffusion d’idées extrémistes et le recrutement de combattants terroristes au moyen des nouveaux réseaux de communication. Il s’agira notamment d’élaborer un contre-discours convaincant, qui s’appuie sur des initiatives locales, et de le diffuser au moyen des mêmes réseaux de communication.

    Ce Plan d’action comprend l’extension et le renforcement du Mouvement contre le discours de haine (2015-2017), notamment en fournissant :

    des outils pratiques aux autorités nationales qui souhaitent former des éducateurs, des travailleurs de jeunesse, des travailleurs sociaux et des membres des services répressifs, ainsi qu’en produisant et en diffusant largement des articles destinés aux enfants, aux jeunes, aux parents et aux autres adultes par l’intermédiaire des établissements scolaires, des universités, des MJC et des organisations de jeunesse.

    L’élaboration du présent manuel est un élément de ce plan d’action. Elle prolonge les travaux engagés de longue date par le secteur jeunesse du Conseil de l’Europe pour fournir des outils pratiques solidement ancrés dans les droits de l’homme contre toutes les formes de discours de haine, d’intolérance et de discrimination. Le manuel s’inscrit dans le sillage des campagnes de jeunesse « Tous différents, tous égaux », contre le racisme, l’antisémitisme, la xénophobie et l’intolérance, et dans celui des réalisations du programme Éducation aux droits de l’homme, dont notamment les manuels Repères et Repères Juniors.

    S’INSPIRER DES EXPÉRIENCES PASSÉES POUR CRÉER DE NOUVEAUX OUTILS

    Bien que le terme de « contre-récit » soit davantage connu dans le contexte des travaux contre la radicalisation et l’extrémisme violent, le recours aux récits pour prévenir la violence et l’oppression est une tradition déjà ancienne dans plusieurs disciplines et domaines professionnels. La méthode des contre-récits a été

    Vous aimez cet aperçu ?
    Page 1 sur 1