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Histoires de scoops en Belgique: Souvenirs d'un journaliste
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Livre électronique252 pages3 heures

Histoires de scoops en Belgique: Souvenirs d'un journaliste

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À propos de ce livre électronique

Journaliste en Belgique depuis plus de 25 ans, l’auteur a accumulé les rencontres et les souvenirs intimes, tantôt surréalistes, tantôt émouvants.

Après avoir rencontré de nombreuses personnalités, comme les membres de notre famille royale ou nos plus grands sportifs (Eddy Merckx, David Goffin ou Justine Henin), après avoir interviewé des « people » issus d’univers différents tels qu’Arthur Ashe, Bill Gates ou encore notre Jean-Claude Van Damme national, Patrick Haumont a dressé de multiples portraits, des plus tendres aux plus surprenants.
L’auteur revient sur son parcours de journaliste et sur les grands événements médiatiques qu’il a couverts au cours de sa carrière : des confidences du Prince Philippe sur son rôle de père aux coulisses du tennis belge, en passant par le récit incroyable de la publication des photos de Dutroux en prison, vous redécouvrirez avec étonnement comment il a défrayé la chronique.

Une plongée inédite dans les coulisses du journalisme belge.

EXTRAIT

« Patrick Haumont », annoncé-je comme je le fais toujours, comme si quelqu’un d’autre allait décrocher mon téléphone portable. Je suis, je dois bien l’avouer, concentré sur tout autre chose que la conversation qui s’amorce. C’est donc dans une sorte de brouillard que j’entends la réponse de mon interlocuteur.
« C’est Jean-Claude Van Damme, ici. »
Moi : « Oui oui, c’est cela, dis, je suis en train de faire une manœuvre, donc, ta blague, tu la gardes et tu me rappelles plus tard. »
Et je raccroche, me gare, et monte chez moi.
Le GSM sonne à nouveau.
« Patrick Haumont » (ben oui).
« Jean-Claude Van Damme, vous m’avez envoyé un fax… »
Mon franc tombe ! Évidemment que je lui ai envoyé un fax, pas plus tard qu’il y a deux jours. Mais je ne pensais pas qu’il me téléphonerait lui-même. Avec tout ce que l’on dit de lui, j’étais persuadé que sa secrétaire, son manager, son porteur d’eau, son entraîneur physique ou n’importe qui d’autre, reprendrait contact avec moi.
Je n’imaginais évidemment pas que Jean-Claude Himself, JCVD en personne, allait composer mon numéro de GSM et me parler, à moi, en direct, comme s’il s’agissait d’une personne normale. D’un quidam, d’un interlocuteur lambda. D’un homme, quoi.
Ben si.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Né en 1961, Patrick Haumont a travaillé pour La Libre Belgique, La Dernière Heure, Vers l’Avenir, Le Soir et Paris Match Belgique. Il est maintenant rédacteur en chef de la télévision locale Antenne Centre Télévision.
LangueFrançais
Date de sortie13 juin 2017
ISBN9782390092674
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    Aperçu du livre

    Histoires de scoops en Belgique - Patrick Haumont

    Belgique

    Remerciements

    À mon père, qui m’a guidé toute sa vie et au-delà,

    À ma mère, toujours là pour ses enfants, Yolande, Pascal et moi,

    À mon épouse Sabine, première lectrice et merveilleuse supportrice,

    À mon fils Bernard, deuxième lecteur, philosophe et toujours de bons conseils,

    À mon fils Édouard, à qui je serai heureux de présenter cet ouvrage,

    À mon amie Vanessa, troisième lectrice et bobette éternelle,

    À mon ami Christofe, qui sait que tout cela n’est pas le plus important,

    À Dominique Monami, avec laquelle je continue de traverser l’histoire du tennis belge avec une complicité amicale d’une rare intensité,

    À Michel Vanderstocken, qui a été le premier à croire en moi,

    À Jean-Paul Duchâteau qui, si différent de moi, a osé,

    À la dream team du sport de La Libre (Renaud, Matthias, David, Bruno, Christophe, Hugues et les autres),

    À la fabuleuse équipe belge de La Libre Match (Élodie, Nicolas, Olivier, Frédéric, Emmanuelle, Roger, Ronald, Michel, Christophe, Jean et tous les autres)

    À Philippe Laloux, qui m’a repêché et soutenu,

    À Christine Hanquet et Yves Simon, deux collègues devenus amis même si l’on se voit peu,

    À Franz Lemaire, ex-secrétaire général de l’AFT, pour les franches conversations,

    À Pierre Delahaye et Cécile Parent, de l’AFT, qui m’ont fait confiance,

    À tous les joueurs de tennis, de Sandra Wasserman à Ysaline Bonaventure, de Bart Wuyts à Kimmer Coppejans, de Filip Dewulf à David Goffin, de Bernard Boileau à Michèle Gurdal, de Patrick Hombergen à Justine Henin, qui ont toujours, je pense, compris que, si j’étais parfois sévère, j’étais surtout passionné,

    Merci à Benoit Amez de m’avoir contacté pour écrire ce livre,

    Merci aux Éditions Jourdan,

    Merci à vous, lecteurs.

    Préface

    Merveilleux métier, étonnant milieu (euphémisme)

    Après 30 ans de journalisme, je pense pouvoir le dire.

    Non, je pense devoir le dire : j’adore ce métier, mais j’ai beaucoup de difficulté à en apprécier le milieu. Et je pense d’ailleurs qu’il me le rend bien.

    J’adore le journalisme d’autant qu’il m’a permis de réaliser tous mes rêves de gosse.

    J’ai rencontré, en tête à tête, en conférence de presse ou en situation, nombre de sportifs qui m’ont captivé, certains que j’ai idolâtrés : Eddy Merckx, Arthur Ashe, Andre Agassi, Mike Powell, Carl Lewis, Merlene Ottey, Boris Becker, John Mc Enroe, Yannick Noah, Justine Henin, Kim Clijsters, David Goffin, Dominique Monami, Eden Hazard, etc.

    J’ai eu le grand bonheur de couvrir deux Jeux olympiques (Atlanta et Sydney), j’ai été dans tous les Grand Chelem tennistiques, j’ai géré l’Euro 2000 pour La Libre Belgique, la Coupe du Monde 2014 et la Coupe d’Europe 2016 pour Antenne Centre télévision et, fin 2015, j’ai eu la chance de vivre de l’intérieur la finale de la Coupe Davis entre la Belgique et la Grande-Bretagne, une finale qui s’est tenue à Gand, la ville de mon père.

    J’ai, je pense, eu la chance de faire tout ce qu’il était possible de faire, du moins dans mes domaines de prédilection.

    Après un début de carrière dans le journalisme sportif, on m’a donné la possibilité d’entrer dans le monde des people et des grands reportages en me confiant la rédaction en chef de La Libre Match, l’édition belge de Paris Match. Je m’en veux d’ailleurs à ce sujet de n’avoir jamais remercié suffisamment feu Jean-Paul Duchâteau, rédacteur en chef de La Libre Belgique, qui avait osé me faire confiance.

    Après Match, je suis retourné à La Libre comme rédacteur en chef adjoint où certains de mes collègues n’ont jamais compris comment un « sportif » non diplômé universitaire pouvait faire partie de la rédaction en chef d’un journal dit sérieux… Le milieu, toujours…

    Depuis que j’ai quitté La Libre, je suis rédac chef de la télévision locale Antenne Centre Télévision où j’ai la preuve de ce dont je ne doutais pas : la locale est bien plus difficile que la nationale ou l’internationale. À l’internationale, quoi qu’en pensent certains, vous ne rencontrez quasiment JAMAIS ceux sur lesquels vous vous répandez.

    À la nationale, cela arrive de temps en temps.

    À la locale, c’est quotidien. Vous critiquez un bourgmestre que vous rencontrez le soir même.

    La locale et la sportive sont d’ailleurs identiques. Et je suis fier d’avoir commencé ma carrière en sports et de la terminer (pas tout de suite, tout de même), en locale. J’en profite d’ailleurs pour crier mon respect à tous les journalistes sportifs ou locaux qui, non seulement, doivent sans cesse marcher sur des œufs fragiles pour exercer leur métier tout en se battant sans cesse avec leurs collègues qui pensent avoir réussi parce qu’ils traitent des sujets dits importants. Ainsi, pour prendre un exemple personnel, il est plus facile de critiquer Serena Williams que Justine Henin. Car Justine lira votre papier, pas Serena.

    Mais passons.

    Ce métier m’a aussi permis de me forger une amitié solide avec Dominique Monami. Une amitié construite sur la pleine confiance, avant sa carrière internationale, pendant celle-ci et plus encore après. On s’étonnera peut-être d’ailleurs du fait que je ne consacre aucun chapitre à la première joueuse belge étant entrée dans le Top 10 mondial, mais notre relation amicale est trop personnelle pour être couchée sur le papier.

    Le journalisme vous offre aussi des opportunités incroyables. Parmi celles-ci, le fait de pouvoir rencontrer des personnages impressionnants. Comme Sœur Emmanuelle ou Arthur Ashe, qui ont réellement influencé ma vie. Ou de croiser des hommes ou femmes que l’on croit irréels : un ancien président des États-Unis, le concepteur de Windows, le recordman mondial du saut en longueur, Jean-Claude Van Damme.

    Le journalisme est un métier merveilleux.

    Et il m’a donné tout ce dont je rêvais.

    Mais, je le redis, le journalisme a généré un milieu dans lequel je ne me suis jamais réellement bien senti. J’y ai des amis sincères, qui se reconnaîtront, mais je reste persuadé que la plupart d’entre nous, dont moi, pensent être intouchables et détenir la vérité. C’est difficilement supportable.

    Les organisations qui sont a priori chargées de nous contrôler sont loin de répondre à mes aspirations et le corporatisme de mon métier me donne parfois (souvent) envie de le déserter.

    Mais l’objet de ce livre n’est pas là.

    En fait, le seul objet de ce livre est de vous confier des souvenirs. Des souvenirs de rencontres. Des souvenirs de moments particuliers (comme celui qui m’a fait « prendre possession » des photos de Marc Dutroux en prison), des souvenirs de surprises divines ou de moments étonnants.

    Mais, comme tous les souvenirs, ils sont ce qu’ils sont. Ils sont ma vérité, ma réalité. Les dates, les propos, les faits sont ce qu’ils sont dans ma mémoire. Il y a sans doute quelques erreurs de calendrier, quelques erreurs factuelles. Mais peu importe. Le fond est réel d’autant que certains des chapitres qui suivent ont été composés avec des parties d’articles publiés tout au long de mes trente ans de carrière.

    Ces souvenirs sont les miens et j’avais envie de les partager. Parce qu’ils m’ont marqué, parce qu’ils m’ont troublé, parce qu’ils m’ont embarrassé, parce qu’ils m’ont, pour certains, permis d’entrer en contact avec des personnalités exceptionnelles.

    Ces souvenirs sont une (petite) partie de ma vie.

    Dans un premier temps, je les ai partagés avec mon épouse Sabine, mon fils aîné Bernard et, pour une partie, mon amie Vanessa. Qu’ils soient ici remerciés pour leurs conseils, leur aide. Qu’ils sachent aussi qu’ils auront droit à une soirée spéciale pour m’avoir supporté.

    Je peux le dire maintenant ; je suis ravi de partager ces souvenirs avec vous.

    Chapitre 1

    JCVD et le 11 septembre 2001

    Juin 2001. Un vendredi, je pense. J’arrive devant chez moi, juste en face de la poste de Binche et, miracle, je trouve une place de parking. Je commence les manœuvres quand mon GSM sonne. À l’époque, je n’ai pas encore de mains libres, ni d’oreillette. Je décroche tant bien que mal, colle l’ustensile à mon oreille, casse mon cou pour qu’il ne tombe pas et tente dans le même temps d’éviter une camionnette dont le chauffeur est manifestement pressé de rejoindre ses pénates.

    « Patrick Haumont », annoncé-je comme je le fais toujours, comme si quelqu’un d’autre allait décrocher mon téléphone portable. Je suis, je dois bien l’avouer, concentré sur tout autre chose que la conversation qui s’amorce. C’est donc dans une sorte de brouillard que j’entends la réponse de mon interlocuteur. 

    « C’est Jean-Claude Van Damme, ici. »

    Moi : « Oui oui, c’est cela, dis, je suis en train de faire une manœuvre, donc, ta blague, tu la gardes et tu me rappelles plus tard. »

    Et je raccroche, me gare, et monte chez moi.

    Le GSM sonne à nouveau.

    « Patrick Haumont » (ben oui).

    « Jean-Claude Van Damme, vous m’avez envoyé un fax… »

    Mon franc tombe ! Évidemment que je lui ai envoyé un fax, pas plus tard qu’il y a deux jours. Mais je ne pensais pas qu’il me téléphonerait lui-même. Avec tout ce que l’on dit de lui, j’étais persuadé que sa secrétaire, son manager, son porteur d’eau, son entraîneur physique ou n’importe qui d’autre, reprendrait contact avec moi.

    Je n’imaginais évidemment pas que Jean-Claude Himself, JCVD en personne, allait composer mon numéro de GSM et me parler, à moi, en direct, comme s’il s’agissait d’une personne normale. D’un quidam, d’un interlocuteur lambda. D’un homme, quoi.

    Ben si.

    Il me parle. En français (et uniquement en français). Et nous convenons d’un rendez-vous, quelques semaines plus tard, à Knokke-le-Zoute.

    Mais je m’emballe, je m’emballe. Il me faut resituer maintenant le contexte. En mai 2001, à ma plus grande surprise et alors que j’étais chef des sports de La Libre Belgique, mon rédacteur en chef de l’époque, le regretté Jean-Paul Duchâteau, me propose de prendre la rédaction en chef de Paris Match Belgique que le Groupe IPM – La Libre, la DH – va éditer en y incorporant un certain nombre de pages belges.

    Pourquoi moi ?

    « Parce que, me dit-il, avec ton caractère, je sais que tu pourras tenir tête aux Français »

    Quinze ans plus tard, je ne sais toujours pas si je dois prendre cette remarque comme un compliment.

    Bref.

    En quelques semaines, je constitue ma minuscule équipe en prévision du premier numéro qui doit sortir le 14 septembre suivant, soit le 14 septembre 2001. Vu de juin 2001, cette date n’a rien de particulier, ni de très sexy. Au contraire, même, puisque l’on sera en pleine rentrée scolaire. Il est donc nécessaire, histoire d’avoir une cover à la hauteur de la réputation de Match, de trouver un people belge dont la renommée internationale est indéniable.

    À l’époque, Jean-Claude Van Damme est encore l’un des plus grands vendeurs de cassettes et DVD au monde. Qui plus est, ses dernières sorties surréalistes sur les plateaux télé ont fait de lui une sorte d’icône improbable de la pop culture. Improbable, mais terriblement attachante.

    Très vite, les responsables belges et français de Match s’accordent pour estimer que le choix de Van Damme est le bon. On me charge donc de réaliser un entretien exclusif avec THE STAR. Qui sera aussi la vedette de la soirée de lancement, programmée le... 12 septembre (2001) dans un hôtel cossu jouxtant les bureaux de La Libre Match (nouveau nom de l’édition belge de Paris Match).

    C’est donc chargé de ces deux nobles missions – un entretien exclusif et une invitation à la soirée – que j’ai envoyé le fax à Jean-Claude Van Damme. Ce fameux fax qui me vaut quelques jours plus tard ce coup de téléphone insolite en face de la poste de Binche.

    Un coup de fil transatlantique entre le très grand JCVD et P. H…

    Une conversation en fait on ne peut plus simple, qui fixe donc un rendez-vous au Zoute. La rencontre a lieu courant juillet. Je l’ai préparée avec son papa, sa maman, au coin d’une terrasse, sur la célèbre Avenue Lippens, non loin de la place M’as-tu vu, bien connue des habitués zoutistes (ou zoutois, c’est selon). L’entretien, me disent monsieur et madame Van Damme, se fera dans l’appartement que le fiston leur a offert, situé à quelques mètres de là.

    Viennent le jour J et l’heure H.

    Je dois bien dire que, sans être tendu, je suis un rien anxieux, car je n’ai pas du tout envie de tomber dans la caricature que les télés belges et, surtout, françaises, nous servent à longueur d’année. Je veux un JCVD simple et francophone, pas ce personnage excentrique, qui joue un peu trop à mon goût avec son nouveau statut.

    Les présentations se passent de manière très simple, dans le salon spacieux de cet appartement non ostentatoire. Il y a juste un peu trop de monde. Un photographe, son assistant, l’épouse, un ou deux enfants, le manager et quelques autres personnes que ma mémoire n’a pas enregistrées. Qu’ils me pardonnent. Après quelques minutes, je me rends compte que si le public reste, Jean-Claude Van Damme risque de jouer son personnage. Je lui propose alors de nous isoler. Il comprend ma demande et congédie poliment les autres personnes. Seul le photographe reste, mais pas pour longtemps.

    Commence alors l’entretien. Une demi-heure. Pas trop de mot d’anglais ou de franglais. Une heure. Toujours principalement en français. Il y a bien de temps en temps un dérapage, un mot bizarre, de son invention, il y a bien quelques termes anglais, mais pas plus que de raison.

    On sent qu’il ne le fait pas par jeu, mais plus parce qu’il pense autant en français qu’en anglais.

    Après une heure et quart, il se lève. Je me dis qu’il estime que c’est bon, qu’il a assez donné de son temps. Ce que je comprendrais parfaitement. Mais pas du tout.

    « Dis, tu n’as pas faim ou soif, toi ? »

    Moi, interloqué, car j’ai déjà réalisé de très nombreuses interviews de gens connus (surtout des sportifs) et il est très rare qu’ils proposent à boire ou à manger.

    « Euh, si, soif, peut-être, un peu. »

    Lui : « mais si, tu as soif, tu parles avec moi depuis une heure et quart. Et il faut que tu manges un fruit, aussi. C’est bon un fruit. »

    Je mangerai donc un fruit (ce que je ne fais que rarement), en sa compagnie. Étrange souvenir que ce moment de silence entre une méga star internationale qui mange son fruit (une pomme, je crois) de la manière la plus simple qui soit et qui, surtout, a pensé à son interlocuteur. Moi, quoi.

    Le fruit et l’eau ingurgités, on se replonge dans l’interview qui se terminera une demi-heure plus tard. Toujours peu de mots d’anglais, de franglais, de son invention. Sauf un petit échange qui se fera en anglais, parce que, je pense, il a oublié que j’étais francophone. Son français est parfait avec, il est vrai, un petit accent américain. Ses propos sont cohérents, aussi, à des années-lumière de ce qu’il s’amuse à proposer à mes collègues de la télé française où on le voyait beaucoup. Apparitions sur lesquelles il a un avis tranché.

    « Cela, c’est du visuel. L’attention et la visualité, cela n’a rien à voir. L’attention, c’est quelque chose que les gens demandent. C’est de l’affection. Il y a des gens qui réussissent dans la vie pour remplir leur ego, pour avoir du mérite et de la reconnaissance. Après quelques années, les choses changent. La visualité, c’est quand tu fais ton travail d’acteur et tu comprends que ce n’est pas l’attention qui compte, mais ton travail d’acteur. »

    Et alors que j’évoque avec lui la disparité entre son naturel et ses dialogues qui, eux, paraissent parfois surnaturels, ses yeux se mouillent et il laisse parler son cœur.

    Morceaux choisis.

    « J’ai quitté la Belgique à l’âge de 19 ans et j’ai fait le tour du monde. J’ai une vieille soul (âme). J’ai vu beaucoup de choses difficiles et quand tu vois des malheurs comme cela, quand tu vois que des gosses qui vont mourir ne rêvent que d’une chose – passer une journée avec moi avant de mourir – tu te dis que, eux aussi, ils ont une conversation surnaturelle, car ils sont proches de la mort. Alors, devant des émissions comme celle d’Ardisson, je n’ai pas envie de rester sur leurs ondes de conneries, car ils ne savent pas ce qu’ils ont comme chance dans la vie. La chance d’avoir une vie tellement belle, généreuse, pulpeuse, adorable. Les gens n’ont pas tous subi ce que j’ai subi dans la vie. Au début, j’ai fort souffert. Alors, parfois, je m’égare. J’ai un ami qui m’a dit, avant ton interview, de m’excuser par rapport à mon expression Be aware. Mais non, pourquoi je m’excuserais ? Je m’excuserais de quoi ? L’erreur est normale. S’il y a une erreur. Elle est où l’erreur ? Respirer, c’est une erreur ? Parfois, les conversations sont difficiles, mais les gens ne savent pas comme c’est compliqué pour moi de parler en français. 

    ….

    L’immortalité existe dans la pensée, dans le souvenir, dans la mémoire, dans la sensibilité, dans l’amour. Si tu es amoureux d’une femme qui t’adore et que tu meurs, cette femme continuera à te faire exister dans ses pensées.

    La création, c’est la chose la plus belle au monde. Créer un amour, une amitié, un business, une nouvelle aventure, un nouveau papier, une nouvelle question. La création suprême, c’est de faire un enfant. Quand j’ai fait mon premier enfant, j’étais trop jeune, je ne me rendais pas compte de la magnificence de cet acte. Maintenant, je comprends ce qu’est la vie.

    Être heureux ce n’est pas toujours positif. On peut être heureux du côté négatif, car si on n’a jamais de peine, on ne peut pas comprendre ce qu’est la joie. Il faut être un peu malheureux pour savoir ce qu’est le bonheur. C’est triste à dire, mais c’est pour cela que je suis très fort.

    Je suis terriblement impulsif. C’est comme si j’étais une lance à incendie. Il y a un jet d’eau qui est terrible et je n’arrive pas à fermer le robinet. Tout part. Donc je dois toucher les bonnes targets (cibles). Mais bon, je ne sais pas changer, je suis né comme cela. Mais va-t’en expliquer à un mec de la rue que Van Damme commence à comprendre ses propres enzymes. Qu’est-ce que tu veux que le mec te dise ? Par contre, tu mets un prof de Harvard en face de moi et il va me comprendre.

    Il va me dire que je suis normal.

    Mais il faut bien te rendre

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