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Trente secondes de célébrité
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Livre électronique328 pages4 heuresPauses publicitaires

Trente secondes de célébrité

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À propos de ce livre électronique

Brittany Rush décroche des contrats de publicité télévisuelle et imprimée depuis que ses petites fesses de bébé ont représenté officiellement des marques de couches. Quand se présente à une audition, les autres filles préfèrent retourner à la maison que de rivaliser avec elle. Cependant, lorsqu’elle déménage avec sa famille à Hong Kong pour une année, Brittany, à son grand désespoir, se voit contrainte d’interrompre sa carrière publicitaire. De retour à New York, elle brûle d’impatience de retrouver son monde publicitaire. Brittany s’attend alors à ce que les lumières des projecteurs brillent de nouveau sur elle, c’est un tout autre scénario qui se profile : la ravissante jeune fille que les autres candidates avaient l’habitude de redouter était maintenant devenue l’une de celles qui attendaient encore leur tour pour décrocher un contrat de publicité. Brittany sera-t-elle en mesure de recouvrer sa notoriété? Ou, encore, découvrira-t-elle qu’il y a d’autres choses dans la vie que d’être célèbre pendant trente secondes?
LangueFrançais
ÉditeurÉditions AdA
Date de sortie5 févr. 2014
ISBN9782897335625
Trente secondes de célébrité
Auteur

P.G. Kain

P.G. Kain lives in New York City, where he is the chair of Contemporary Culture and Creative Production in Global Liberal Studies at New York University.

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    Aperçu du livre

    Trente secondes de célébrité - P.G. Kain

    REMERCIEMENTS

    Tout d’abord, je tiens à remercier tous les réalisateurs qui m’ont fait attendre très longtemps après l’heure prévue de mon audition. Sans vous, je n’aurais jamais pensé à écrire ce livre.

    L’une des grandes joies qui suivent la rédaction d’un livre est l’occasion d’exprimer notre reconnaissance à l’égard de toutes les personnes qui nous ont apporté leur aide tout au long de l’aventure. C’est pourquoi je remercie toutes les personnes suivantes : Rebekah et Meline, merci de m’avoir aidé à savoir quand la nourriture est avariée ; Pam, merci d’avoir été le rayon de soleil du début de chacune de mes journées ; Carley, merci d’avoir été présent à toutes les étapes de ma vie et de m’avoir apporté amour, plaisir et soutien indéfectibles ; Taylor, merci pour notre complicité littéraire de toujours, et merci de m’avoir appelé une centaine de fois par jour et d’avoir rendu l’écriture de ce livre agréable ; Chris, merci de m’avoir aidé à me surpasser ; Loins, merci pour ta façon à toi de célébrer ; Mad, merci d’avoir été un deuxième moi-même ; Sarah, merci pour les conversations que nous avons eues ensemble en pensées ; Shari, de m’avoir rappelé qui j’étais ; Beth, merci de me connaître depuis aussi longtemps que je me connais moi-même ; Julia, merci pour tes précieux conseils ; Kate, Lyn et Greta, merci d’avoir transformé le 17e étage en famille ; Olivia, merci d’avoir réussi à insérer les concepts de « plaisir » et d’« amitié » dans mes séries de livres ; Virgil, pour ton aide avec le chinois ; ma famille, Judi et Matt, merci pour la vie d’humour, de soutien et d’amour que vous me procurez.

    William, merci d’avoir été mon premier lecteur, mon premier critique et celui qui occupe une place de choix dans ma vie.

    Je tiens également à remercier les parents de mon agente, Alyssa Eisner Henkin, de lui avoir permis d’occuper un rang de cadette dans la fratrie. Selon Alyssa, sa nature calme et solidaire est directement liée au fait qu’elle est la cadette de la famille. Toutefois, je sais pertinemment que sa délicieuse personnalité est loin d’être seulement attribuable à son rang dans la fratrie. Merci, Kate Angelella, d’avoir cru en cette série. J’ai vraiment apprécié le temps que nous avons passé ensemble. Merci également, Fiona Simpson, d’avoir pris en main ce projet et d’en avoir fait le tien. J’admire ta patience, ta créativité et tes cheveux.

    En tant qu’auteur de livres à l’intention de jeunes lecteurs, j’ai rencontré de merveilleux libraires, que je tiens à remercier pour le soutien et l’aide qu’ils m’ont apportés en vue de créer un lien avec mes lecteurs. D’une certaine façon, dans l’industrie littéraire, les libraires font office de réalisateurs. J’espère avoir l’occasion de travailler de nouveau avec vous !

    Et, plus que tout, je tiens à TE remercier, toi. Oui, toi qui aimes tellement lire que tu prends même le temps de lire les remerciements. C’est incroyable. Je te remercie de lire ce livre. Je serais ravie de te connaître et de lire tes commentaires. Je t’invite à visiter mon site Web, www.TweenInk.com, ou encore à m’envoyer un message électronique à pg@tweenink.com. J’aurai alors le plaisir de te remercier personnellement.

    Chapitre 1

    Tu me connais.

    Tu ne sais pas pourquoi. Néanmoins, il est certain que tu me connais.

    Tu ne sais pas que j’ai suivi des cours de ballet depuis l’âge de six ans, ni que j’ai échoué au même examen d’orthographe trois fois de suite, mais tu me connais. Tu m’as déjà vue dans un centre commercial en train d’essayer des chaussures de sport et à l’extérieur de l’école alors que je parlais au téléphone cellulaire. Chaque fois que tu m’as vue, tu t’es dit : « Cette fille est-elle venue au même camp de vacances que moi ? », ou « Est-ce cette fille qui sortait avec mon cousin ? »

    Non. Je ne suis ni l’une ni l’autre de ces filles.

    Si tu as déjà mangé une barre de chocolat Superchoco, tu as probablement posé ton petit doigt sur mon nez ou ton pouce sur mon front. Si, l’année dernière, tu t’es déjà assis devant la télévision pour regarder tout un épisode d’une téléréalité, entre deux de tes chansons populaires préférées, tu m’as vue arborer un visage enthousiaste alors que je prenais des photos de mes amis avec mon nouveau téléphone cellulaire Globaltel. Et si, au cours des 10 dernières années, tu as allumé la télévision, feuilleté une seule revue, ou es allé au supermarché — ou même dans un petit marché, mais bien rempli —, tu me connais.

    Jusqu’à l’année dernière, je décrochais plus de contrats de publicités télévisuelles et d’annonces imprimées que les autres filles de mon agence. D’aussi loin que je me souvienne, j’étais la mieux rémunérée de l’agence A-Lister. C’était même Judith Lister, une agente d’artiste de cet endroit, qui m’avait découverte alors que je n’avais que six mois.

    Cette journée-là, ma mère et moi nous rendions en voiture à un atelier du type mère-enfant pour profiter de quelques instants privilégiés ensemble. Ma mère avait laissé ma sœur, Christine, à la maison aux bons soins d’une gardienne d’enfants. Soudainement, la voiture de Judith avait accroché le pare-choc de la voiture de ma mère. C’est lorsque Judith était sortie de sa voiture pour constater les dommages qu’elle m’avait aperçue gazouiller dans mon siège d’auto.

    Il semble que mes balbutiements correspondaient exactement à ceux recherchés à cette époque-là par les boîtes de production publicitaire. Deux semaines plus tard, parmi des dizaines d’autres bébés, c’est moi qui étais devenue LE visage de marques de lait maternisé. Bien que ma mère prétende que j’étais trop jeune pour me souvenir de quoi que ce soit concernant les tournages et les séances de photos, je jure que je me souviens très précisément de ces moments où, dans un studio rempli de personnes dont l’attention était rivée sur moi, j’étais devant des caméras et des projecteurs. Je me souviens également très précisément de la façon dont ces personnes s’y prenaient pour que j’arbore un sourire 10 fois plus adorable qu’il ne l’était en essayant de trouver l’angle parfait avec la caméra ou l’appareil photo.

    Ma vie se résumait à aller à l’école, à passer des auditions et à décrocher des contrats de publicité… jusqu’à l’année dernière. Quelques jours après mon 12e anniversaire, ma mère m’annonça la « bonne nouvelle ».

    Cette « bonne nouvelle » me vola littéralement ma vie, la déchira en petits morceaux. Décomposée jusqu’au plus profond de mon être, je me vis contrainte à vivre à Hong Kong pendant toute une année. À maintes reprises, je tentai de faire valoir mon point de vue à ma mère en lui expliquant ce que je ressentais au moyen de cette image de feuille réduite en morceaux. Cependant, elle se borna à me répondre que je dramatisais la situation. Toutefois, avec du recul, il est manifeste que je ne dramatisais pas du tout, loin de là.

    Le soir où ma mère m’annonça la « bonne nouvelle », elle me dit : « Brittany, ce n’est que pour un an. Nous ne vendons pas la maison. Le journal a besoin d’un correspondant au bureau de Hong Kong pendant 12 mois. Ensuite, nous reviendrons à New York. Quand je l’ai dit à Christine, elle a été ravie à l’idée de passer un an à Hong Kong, elle. »

    Bien sûr que Christine avait été enthousiaste à l’idée de passer un an à Hong Kong. Quand elle tenait un ballon de soccer dans ses mains, elle avait quelque chose à faire et était entourée d’amis. Malgré le fait que nous nous ressemblions comme deux gouttes d’eau et que nous passions pour des jumelles, nous avions 15 mois de différence. Christine était l’aînée, et nous étions aussi différentes que deux sœurs peuvent l’être.

    Christine, elle, avait ce je-ne-sais-quoi qui faisait que tout le monde voulait spontanément se lier d’amitié avec elle. Tout le monde aimait toujours Christine. Même moi, je l’adore, ma sœur. Il m’arrive même de penser qu’elle est la seule personne avec qui je peux être réellement moi-même. Elle est l’une de ces personnes qui ont tellement confiance en elles-mêmes qu’elles arrivent même à rendre les autres bien dans leur peau. Curieusement, le fait que Christine n’accorde aucune importance à la popularité augmentait par le fait même sa propre popularité. Pour elle, Hong Kong représentait un nouveau départ, une autre occasion de se faire de nouveaux amis. Pour moi, par contre, Hong Kong, c’était… la fin de ma vie.

    — Ce sera amusant, tenta de me convaincre ma mère sur un ton un peu trop enthousiaste.

    En état de choc, je la regardai comme si elle était une extraterrestre. Une année à Hong Kong ? Alors que j’étais au sommet de ma carrière publicitaire ? Juste après m’être présentée à mon deuxième rappel pour faire la promotion d’un nouveau savon moussant pour le visage ? Ma mère avait sûrement lu dans mes pensées, parce qu’elle tenta alors de me convaincre d’interrompre mes activités publicitaires.

    — Bri, ne serait-ce pas le moment de faire une pause ? me demanda-t-elle. Tu travailles trop fort.

    — Maman ! Je fais ça depuis que je suis aux couches, rétorquai-je.

    — C’est justement là où je veux en venir. Tu pourrais profiter d’une année entière pour jouer les adolescentes normales.

    Je n’attribue absolument rien de bon au statut d’adolescente normale, et je maintins ce point de vue pendant tout mon séjour à Hong Kong, de la première à la dernière journée. (En effet, tous les jours, sur un calendrier mural accroché à côté de mon lit, je marquais d’un gros X noir la case correspondant à la journée qui venait de se terminer.)

    Au cours de cette année-là, je m’ennuyai de l’excitation qui m’envahissait lorsque je décrochais un contrat pour une publicité qui serait diffusée pendant le Super Bowl et des sensations que je ressentais lorsque j’apercevais mon visage sur l’emballage d’une boîte de biscuits au supermarché.

    Environ une semaine avant notre retour au bercail, aux États-Unis, j’appelai Judith pour lui annoncer que le stupide contrat de travail de mon idiote de mère à Hong Kong prenait fin bientôt et que j’étais prête à reprendre ma vie dans le merveilleux monde de la publicité.

    Christine dormit pendant presque tout le vol de retour, sauf pendant l’heure où nous jouâmes aux cartes et qu’elle m’écoutait déblatérer contre les mets qu’on nous servait pendant le vol. (De la lasagne au thon ? Ce n’est pas sérieux !) J’étais trop excitée pour pouvoir fermer l’œil pendant ne serait-ce qu’une seconde. Chaque seconde qui passait m’éloignait de Hong Kong et me rapprochait du paradis, de tout le tourbillon du monde de la publicité. Au lieu de faire la sieste, j’imaginai les publicités télévisuelles et les revues dans lesquelles je paraîtrais. Je me demandais bien si j’aurais l’occasion de passer une audition dès que je remettrais les pieds aux États-Unis.

    Le lendemain, après une absence du monde de la publicité de toute une année, j’y retournerais… enfin. Judith me demanda s’il m’était possible de passer à son bureau au cours de la matinée suivant mon arrivée à New York. Je pensais qu’elle avait aussi hâte que moi que sa protégée la plus recherchée décroche de nouveau des contrats de publicité. Déjà, le lendemain de mon arrivée à New York, j’étais disposée à me présenter à une audition.

    À l’approche de l’aéroport international JFK, le vol 792 en provenance de Hong Kong amorça sa descente. Par le hublot, je pus admirer tout l’horizon de Manhattan se profiler dans le coucher de soleil de ce début d’été. Je sentis mon cœur presque bondir hors de mon corps, et je me dis que si j’avais eu un parachute en ma possession à ce moment-là, j’aurais sauté sur-le-champ. Je me rappelai alors que je n’étais plus qu’à 48 heures de ma résurrection.

    Comme je regardais plus intensément l’horizon, je pris une profonde respiration pour me calmer. Je présumais que la ville m’accueillerait comme une amie de longue date, mais même si tout semblait être resté comme avant mon départ, certaines parties étaient maintenant méconnaissables. Des gratte-ciel vitrés avaient été construits au cours de la dernière année, dont certains n’étaient toujours pas achevés. C’était étonnant de constater à quel point une ville pouvait changer en seulement 365 jours.

    Pendant un bref moment, je pensai qu’il s’agissait d’un détail dont il fallait que je m’inquiète ; toutefois, je tâchai de ne plus penser à cela et me concentrai plutôt sur l’atterrissage de l’avion, qui se faisait tout en douceur. Le monde pouvait avoir changé, mais moi, j’étais toujours la même. Et l’important, c’était que tu me reconnaisses encore.

    Tu me reconnais encore… N’est-ce pas ?

    Chapitre 2

    Le matin de ma rencontre avec Judith, avant même de descendre au rez-de-chaussée pour prendre mon petit déjeuner, je visitai quatre de mes meilleures amies. Une année complète s’était écoulée depuis la dernière fois que j’avais vu Priscilla, Jean, Margaret et Kate. Je vou-lais m’assurer que rien de fâcheux ne leur était arrivé. Après m’être douchée et coiffée, je décidai d’aller voir comment elles se portaient. Je me dirigeai vers la commode blanche sur laquelle, après avoir été particulièrement inspirée par une émission de télévision, j’avais peint des roses et des jonquilles. J’ouvris le tiroir du haut. Elles étaient là, mes amies de toujours : les quatre hauts qui m’avaient accompagnée à la majorité des auditions auxquelles je m’étais présentée.

    Lorsque Judith m’appelait pour me proposer de me rendre à une audition, elle me décrivait toujours brièvement le « style » recherché. Tous les réalisateurs pensaient être à la recherche d’un style tout à fait unique. Cependant, je m’étais rendu compte que tous les styles se résumaient en fait à seulement quatre principaux styles. J’avais alors trouvé le haut parfait pour chacun de ces quatre principaux styles et leur avait déniché un nom qui leur seyait parfaitement.

    Priscilla est une blouse en mousseline de soie rose, ornée de boutons de nacre à l’avant et plissée aux épaules. Elle représente la jeune fille féminine sur la couverture de revue, ou celle qui incarne l’un des personnages de certaines comédies de situation qui jouent en boucle, encore et encore, sur la chaîne Disney. Elle a des tonnes d’amies, parle constamment au portable, est une meneuse de claques, ou alors participe à l’orga­nisation des soirées dansantes de l’école. J’ai l’habi-tude de porter ce haut pour les auditions de produits de maquillage, de spas ou de tout autre article relatif à la beauté et à la santé.

    Margaret, ma chère amie, juste à côté de Priscilla, est un chandail pratique bleu clair boutonné et aux manches trois-quarts qui peut, à la rigueur, servir d’uniforme scolaire, ce dont nous avons souvent besoin. Elle représente la première de classe, mais la présidente de classe également. Dans toutes les salles de classe, elle s’assied à un bureau de la première rangée. Habituellement, je porte ce chandail pour les auditions de promotion de produits d’articles de bureau et de gadgets technologiques, ainsi que de tout autre article scolaire.

    Jean est un débardeur à larges rayures rouges et blanches et aux larges bretelles. Elle représente la fille qui aime le plein air, une sorte de garçon manqué qui ne craint pas la saleté et qui se rend à la plage pour se baigner ou jouer au volley-ball. Je porte habituellement ce débardeur lorsque je me présente à des auditions qui font la promotion d’articles de sports ou de sports en tant que tels.

    Puis, il y a Kate.

    Kate est un haut tout-aller, un polo à trois boutons et au ton uni sarcelle. Kate est amusante sans être repoussante, jolie sans être intimidante, intelligente sans être ennuyeuse. Dans une foule, elle peut se démarquer ou se fondre, selon ce qui est de mise à ce moment-là. Ce polo convient à tout genre d’auditions.

    Lorsque j’aperçus Kate, je sus qu’elle convenait parfaitement à ma rencontre avec Judith, ainsi qu’à mon retour dans le monde de la publicité. Je sortis Kate du tiroir. Je sentis le piqué sarcelle glisser sur mes bras et, soudainement, se heurter au-dessus de ma tête. Pour un moment, je ne fus pas certaine de ce qui se passait. Alors, brusquement, je tirai sur le bord du chan-dail pour réussir à l’enfiler. Le reste du chandail passa alors par-dessus ma tête. Toutefois, pour une raison que je ne pouvais expliquer, il n’était pas aussi confortable qu’il l’était avant mon départ pour Hong Kong. Je m’avançai devant le miroir de ma chambre à coucher pour voir ce qu’il en était.

    Ça n’allait pas du tout. Habituellement, le devant de Kate tombait sous la boucle de ma ceinture ; toutefois, aujourd’hui, il arrivait plutôt au-dessus de mon jean, et il était très, très serré sous les bras.

    — Bri ! Dépêche-toi ! me lança ma mère, du bas de l’escalier. Nous devons conduire Christine à son camp de soccer avant de prendre le train. Tu ne voudrais certainement pas faire attendre Judith, n’est-ce pas ? Es-tu prête ?

    — J’arrive, lui criai-je.

    Puis, revenant à mon polo, je compris ce qui devait s’être passé. Pendant mon absence, quelqu’un avait dû avoir lavé Kate dans de l’eau très chaude, faisant rétrécir le polo… Je me souvins soudainement qu’à Hong Kong, j’avais acheté en ligne un chandail de la même teinte sarcelle que Kate. Il s’agissait en fait d’une réplique bon marché de Kate ; ce polo acheté en ligne avait davantage l’allure d’une Katie Jo que d’une Kate. Comme ma mère s’inquiétait de manquer le train, je me dis que Katie Jo ferait l’affaire aujourd’hui. Avec détermination, je cherchai la valise dans laquelle Katie Jo se trouvait actuelle-ment prisonnière. Lorsque je la trouvai enfin, je saisis le chandail, l’enfilai et jetai un coup d’œil à mon reflet dans le miroir. Je détestais modifier un tant soit peu mon système préaudition, mais Katie Jo devrait me représenter ce jour-là. Je n’avais malheureusement pas le choix.

    Je me hâtai de me préparer. Une fois prête, je dévalai l’escalier et jetai une barre de céréales dans mon sac avant de rejoindre ma mère et Christine dans la voiture.

    Je posai mon porte-folio et mon curriculum vitæ sur mes genoux, alors que Christine, elle, faisait bondir son ballon sur les siens.

    — Ton audition, c’est pourquoi, au juste ? me demanda-t-elle, en enroulant un élastique autour de sa queue de cheval.

    — Je n’ai pas d’audition, aujourd’hui. Je dois seulement rencontrer Judith, lui répondis-je en l’aidant à se coiffer.

    Christine et moi avons les cheveux de la même couleur et de la même longueur. Si ceux de Christine étaient coupés pour pouvoir survivre à de longues parties de soccer, les miens étaient coupés de sorte que je puisse souvent changer de style. Mes cheveux devaient pouvoir résister à une longue partie de soccer, mais ils devaient également pouvoir être coiffés pour aller à la soirée dansante de l’école, ou alors à la plage. Néanmoins, il était plus facile de trouver une coupe de cheveux pour une personne qui ne pratiquait qu’une seule activité que pour une personne qui devait sembler en pratiquer plusieurs.

    — As-tu hâte de revoir tes amis ? lui demandai-je.

    La seule chose qui ennuyait Christine à Hong Kong, c’était qu’il lui était impossible de sortir avec ses amis de Great Neck. Et maintenant qu’elle était de retour, ce qui l’ennuyait le plus, c’était qu’il lui était maintenant impossible d’être avec ses amis de Hong Kong.

    — Bien sûr, me répondit Christine. Et toi, as-tu hâte de revoir tes amis lorsque tu te présenteras à ta première audition après Hong Kong ?

    — Naturellement, lui répondis-je d’un ton calme et sans enthousiasme.

    J’avais déjà tenté de lui expliquer la réalité du monde de la publicité, mais elle ne semblait pas avoir compris ce que je lui avais dit. Les filles que je voyais aux auditions n’étaient pas vraiment mes amies. Malgré le fait que je connaissais un grand nombre d’entre elles depuis mon enfance et que je passais sans doute autant de temps avec elles que Christine en passait avec ses amies, je ne pouvais pas dire que ces filles étaient mes amies. En fait, comme je décrochais plus de contrats de publicité qu’elles, je ne comptais pas parmi leurs amies parce que, chaque fois, je leur dérobais ce qu’elles désiraient le plus au monde.

    Toutes les filles affectaient une attitude à la fois polie et amicale les unes envers les autres ; toutefois, je suis certaine que la plupart d’entre elles avaient été plus que ravies de me voir partir pendant une année complète. En effet, plus de possibilités s’offraient alors à elles. J’espérais pour ces filles qu’elles pourraient se rabattre sur d’autres activités parce que, maintenant que j’étais de retour, j’avais la ferme intention de reprendre la notoriété que j’avais dû mettre au rencart l’année précédente.

    Après avoir déposé Christine à son camp de soccer, ma mère prit la direction de la gare. Le trajet en train de Great Neck à la station Penn ne prenait que 35 minutes, et ma mère passa tout ce temps au téléphone. Elle ne raccrocha que lorsque nous entrâmes dans le tunnel qui menait sous l’île de Manhattan, qui était le vrai centre de l’univers.

    Comme ma mère n’avait pas réussi à terroriser son assistant au téléphone, elle se tourna alors vers moi pour me lancer un avertissement.

    — Brittany, ce n’est pas parce que ton père et moi avons décidé que tu étais assez vieille maintenant pour te rendre seule à tes auditions que nous ne pouvons pas changer d’idée plus tard. Si nous nous apercevons que tu ne te conformes pas aux règles que nous avons fixées, l’un de nous t’accompagnera de nouveau

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