L'Origine du monde : Intégrale – Trois nouvelles érotiques

Par Louise Manook

Cette histoire est inspirée de « L'Origine du monde », célèbre tableau de Gustave Courbet exposé au musée d'Orsay à Paris et qui fit couler beaucoup d'encre quant à l'identité de son modèle. Ce n'est qu'en 2018 que cette énigme vieille de 152 ans est résolue : cet « intérieur » appartenait à Constance Quéniaux, courtisane et ex-danseuse à l'Opéra de Paris.Cette intégrale est composée des nouvelles suivantes : L'Origine du monde vol. 1 : KhalilL'Origine du monde vol. 2 : ConstanceL'Origine du monde vol. 3 : Gustave-

• Langue: Français
• Éditeur: LUST
• Date de sortie: 12 févr. 2021
• ISBN: 9788726430523

Aperçu du livre

L'Origine du monde : Intégrale – Trois nouvelles érotiques

Copyright © 2021 Louise Manook and LUST, an imprint of SAGA, Copenhagen

All rights reserved

ISBN: 9788726430523

E-book edition, 2021

Format: EPUB 3.0

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L’Origine du monde vol. 1

Khalil

Égypte, 1860.

Je me réveille en sursaut, éjectée de mon sommeil par des cris d’oiseaux rauques et menaçants. Il fait une chaleur suffocante. Je suis moite, dégoulinante de sueur. Je m’assieds dans le lit et tente de reprendre mes esprits. Ma gorge est déshydratée. J’attrape le verre d’eau posé sur la table basse et me désaltère. Le contact de l’eau qui coule dans ma gorge m’apporte un sentiment de plénitude. Je fais tomber un peu d’eau dans le creux de ma main et m’humecte le visage. Le front, les tempes.

J’ai perdu la notion du temps, je ne sais pas quelle heure il est. J’ai dû m’endormir un long moment. Au soleil qui rase l’horizon, je devine que c’est sûrement déjà la fin de l’après-midi.

Je me dégage de la moustiquaire qui tombe comme un drapé et me dirige vers le hublot. La cabine de la goélette est plongée dans une douce obscurité. Les voilages se soulèvent et retombent, agités par une brise abrasive venant du sud qui dessèche l’atmosphère malgré les brumes humides s’évaporant du fleuve.

Je me penche à l’extérieur au travers du hublot et observe les vautours qui désossent le cadavre d’une antilope en décomposition sur la berge. C’est un spectacle fascinant. Ils sont une vingtaine à se partager le festin. Le soleil rouge tombe derrière les dunes du désert. Bientôt, la fraîcheur de la nuit viendra nous envelopper comme un manteau de bien-être. L’air redeviendra léger, chargé d’embruns et de promesses.

Je me retourne vers le lit. Khalil dort, allongé sur le dos. Les bras en croix. Ses longs cheveux noirs de jais s’étalent sur ses épaules. Il est nu. Colosse au corps noueux brillant de transpiration. Il sent le mâle qui récupère après un ballet érotique éreintant. Sa puissance physique est un élixir de tentation. Ses muscles saillants. Sa peau ambrée.

Je le regarde dormir et cette intimité me chavire d’émotion. Son abandon est complet. Sa respiration profonde et régulière engendre un calme absolu. Les traits de son visage sont détendus. Sans faux-semblants. C’est dans le secret de son sommeil que réside la vérité d’un homme, j’en suis convaincue.

Dans ses bras, je me sens un fétu de paille qui se consume sous les assauts de ses baisers. Quand il plonge sa langue brûlante dans ma bouche et m’embrasse, lorsque ses mains effleurent les contours de mon visage, mes yeux se ferment et je mesure la force des sentiments qu’il fait résonner au plus profond de moi.

Nous sommes amants depuis l’hiver dernier. Une passion autant amoureuse que sexuelle est née de nos nuits enflammées. Des hommes, j’en ai consommé beaucoup, mais Khalil est le seul qui ait su accompagner mes désirs au-delà du lendemain.

Je l’ai rencontré dans un dîner chez des amis communs. Discret, il se tenait dans un coin de la pièce, accoudé à la cheminée où brûlait un grand feu. Il observait les convives de son œil noir en buvant son verre, écoutait les conversations sans s’y mêler. Écouter