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Résurrection en Terre Étrangère
Résurrection en Terre Étrangère
Résurrection en Terre Étrangère
Livre électronique334 pages4 heures

Résurrection en Terre Étrangère

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À propos de ce livre électronique

Baldirr, un Vijnien, participe à l’expédition de 51 délégués de races galactiques diverses en direction de Solix, une planète à l’humanité peu avancée. Leur destination est une place forte locale pour tenter d’y nouer des relations commerciales. Sans aucun avertissement perceptible d’aucune sorte, les barbares locaux les y massacrent. Baldirr ressuscite grâce au cristal spécial qu’il avait près du cœur. Les autres délégués ne disposaient pas d’une telle technologie. Il se retrouve donc seul et abandonné sur cette planète étrangère, le vaisseau ayant été mystérieusement détruit. Sans ressources et à bout de forces, il survit malgré tout, grâce à une prêtresse autochtone, Lucida.

Il doit tout réapprendre sur cette nouvelle planète et y découvrir une expression émotionnelle et passionnelle qu’il avait négligée dans son monde originel plus mental. Parallèlement, une civilisation galactique puissante menace Vijnia qui ne dispose d’aucun armement. Sur Solix, Baldirr découvre la tentative d’infiltration d’une race reptilienne prédatrice et cherche comment s’opposer à elle avec ses faibles moyens. Le fils de Baldirr, très jeune Vijnien surdoué et génial participe à sa façon aux événements. (...)

LangueFrançais
Date de sortie27 oct. 2020
ISBN9781005317645
Résurrection en Terre Étrangère
Auteur

Joseph Stroberg

Après des études en astrophysique, Joseph Stroberg a effectué quatre années d’enseignement en sciences physiques au Gabon, puis en France, avant de devenir informaticien en 1995. Il a travaillé depuis lors pour de nombreuses entreprises de tailles et domaines d’activité variés, en France, en Californie, puis au Québec. Il a depuis 2007 la double citoyenneté française et canadienne. Très éclectique, il a créé des bases de données, des sites Internet, des progiciels et des outils logiciels dans plus d’une dizaine de langages, sur divers systèmes, en recourant à de multiples technologies. Parallèlement, il a rédigé un essai publié en 1991 et une dizaine d’articles de fond dans un magasine ésotérique, créé la couverture de quelques livres, écrit quelques poèmes... avant de se lancer dans l'écriture de romans de science-fiction.

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    Aperçu du livre

    Résurrection en Terre Étrangère - Joseph Stroberg

    Joseph Stroberg

    Résurrection en terre étrangère

    Les couloirs du temps

    First published by Editions Dedicaces 2020

    Copyright © 2020 by Joseph Stroberg

    Publié par les Editions Dédicaces.

    Tous les droits sont réservés. Aucune partie de cette publication ne peut être reproduite, stockée ou transmise sous quelque forme ou par quelque moyen que ce soit, électronique, mécanique, photocopie, enregistrement, numérisation ou autre sans l’autorisation écrite de l’éditeur. Il est illégal de copier ce livre, de l’afficher sur un site Web ou de le distribuer par tout autre moyen sans permission.

    First edition

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    Publisher Logo

    Un grand merci à Ginette.

    Ce livre est dédié à Marielle, Michelle, Louise, Florence et Ginette.

    Contents

    Prologue

    1. La délégation

    2. Égrégores

    3. Résurrection

    4. Voyage astral

    5. En terre étrangère

    6. L’expédition

    7. Les Reptiliens

    8. La huitième flotte

    9. L’élève

    10. L’enfant

    11. Anomalies

    12. Extase

    13. Contamination

    14. Perspective militaire

    15. Questions

    16. Mon Dieu !

    17. Solitude

    18. La banque

    19. Décollage

    20. Les adieux

    21. Le projet

    22. Télépathie

    23. L’attentat

    24. Manipulation

    25. L’attaque

    26. L’amour

    27. Déprogrammation

    28. Épisode

    29. La machine

    30. Expériences

    31. Éclairs de génie

    32. Les cristaux

    33. Contrôle

    34. La porte

    35. Programmation cristalline

    36. Le cinquième règne

    37. La trouée de Rotinglen

    38. Exclusivité religieuse

    39. Cheminement

    40. Infiltration

    41. Faire pencher la balance

    42. Partie de chasse

    43. Gestation

    44. Parallèles

    45. Perspectives

    46. Trajectoire

    47. Revirement

    48. L’effondrement

    Prologue

    En cette époque reculée, la vie s’écoulait sans heurts majeurs dans les mondes du système vijnien. Les ajusteurs du temps n’étaient pas encore intervenus pour renouer les fils de destins brisés. Les êtres évoluaient à leur rythme naturel, calqué sur celui des planètes qui les hébergeaient. Les guerres et conflits y demeuraient mineurs lorsque sporadiquement ils éclataient ici ou là sous l’influence de quelques sursauts énergétiques cosmiques. Les pestes étaient rares, faute de grands déséquilibres sur les divers plans de l’existence. C’était une ère de bénédictions, guidée par de grands sages. Mais bientôt, cela allait changer.

    Une menace en provenance d’une région galactique oubliée s’approchait. Elle était sur le point d’affecter durement le plus jeune des mondes, non d’après sa forme et sa constitution, mais d’après sa conscience. Elle allait ensuite s’y installer durablement, pendant des millénaires d’années ! Ayant parcouru les couloirs du temps depuis lors jusqu’à un lointain avenir, nous allons présenter trois phases cruciales de l’évolution planétaire de ce monde en interaction avec quelques autres, ici et ailleurs dans la galaxie.

    La première raconte l’arrivée puis l’installation de la menace, et la vie des quelques individus qui l’ont combattue, dont l’un qui y est ressuscité.¹ La seconde, située plusieurs milliers d’années plus tard, après les âges sombres, présente l’émergence d’une nouvelle civilisation après l’éradication temporaire d’un ennemi majeur. Et la troisième décrit ce que sera la vie sur cette petite planète périphérique, dans environ cent mille ans, une époque durant laquelle ses habitants humanoïdes transcenderont leurs limitations physiques par leur conscience et leur esprit.

    ¹ Notons que celui-ci n’est pas celui que les habitants de ce monde connaîtront sous le nom de Jésus le Christ et que sa résurrection n’aura, n’a ou n’a eu* rien de naturel.

    *Pour les narrateurs de ces trois récits, le temps est illusoire. Ils en parcourent les couloirs au gré de leur fantaisie ou de leur volonté.

    1

    La délégation

    Sous les feux du Soleil Sath’Ann, le ciel pourpre de Vijnia tremblait. Une puissante éruption solaire percutait l’aura planétaire. Une brèche venait d’apparaître à l’est. Les nuages s’y métamorphosaient rapidement, déchirés par des flammes écarlates et des éclairs dorés. Une tempête de seconde magnitude se préparait. L’atmosphère se chargeait d’une énergie dense et implacable. Elle surchauffait dangereusement, atteignant plusieurs milliers de degrés. Couvrant le parfum du magma, une odeur de métal se répandait partout. Les blocs rocheux généralement carmin émettaient maintenant une lueur jaune vif. Sous la furie des éléments, ils oscillaient de manière de plus en plus chaotique. L’énorme masse sur laquelle se trouvait l’astroport commençait à tanguer…

    Protégé par le bouclier d’énergie, Baldirr observait la nature se déchaîner. Sur l’océan de lave, les rochers coulissaient. Ils se heurtaient aléatoirement, de façon parfois violente et dramatique. Dans leur lent mouvement sur la fournaise, ils pouvaient s’enfoncer presque totalement. Ils se trouvaient ensuite repoussés au sommet des vagues de magma. Lors des tempêtes, l’amplitude des déplacements et des chocs donnait sa pleine mesure. La relative inertie des rochers était trompeuse. Rien ne demeurait longtemps stable sur Vijnia et la force des éléments accomplissait son inexorable travail destructeur.

    Baldirr porta son regard sur une légère tache qui apparaissait dans le ciel. Celle-ci, grossissant, se colora et se métamorphosa rapidement en discoïde irisé ressemblant à du métal translucide. L’engin semblait tourner sur lui-même et sa nuance dominante passa du violet au rouge. Le transport de la délégation arrivait. Il venait de franchir le bouclier. À cette fin, on y avait ménagé une ouverture momentanée après réception du signal adéquat.

    À quelques coudées de l’atterrissage, le vaisseau ralentit soudainement et sortit quatre tripodes amortisseurs. Des filins d’arrimage triple (mécanique, électromagnétique et éthérique) se déployèrent automatiquement depuis le sol. La probabilité de perdre les véhicules spatiaux ainsi posés sur l’astroport était quasi nulle. Cependant, cela était déjà arrivé une fois, il y avait à peine 2500 révolutions de Vijnia. L’une des rares tempêtes de première magnitude s’était déroulée ce jour-là. Des mouvements tellement violents avaient alors secoué les rochers que même le bloc de l’astroport s’était immergé en plusieurs occasions. La partie matérielle des filins d’arrimage avait fini par fondre. Les liaisons électromagnétiques et éthériques avaient lâché à leur tour. Seuls les vaisseaux avec un pilote encore à bord en réchappèrent. Les neuf dixièmes restants furent momentanément perdus. Les plus résistants d’entre eux — ceux qui pouvaient supporter la chaleur de la lave et les chocs des rochers — furent repêchés après la tempête. Au total, près de la moitié des vaisseaux initiaux furent malgré tout sauvés. Baldirr était alors un enfant, mais il se rappelait cet événement marquant, d’autant mieux que ce jour-là, ses parents étaient venus voir un ami dont le village était proche de l’astroport.

    Sur Vijnia, en raison de la nature hostile et de la relativement faible taille des rochers flottant sur la lave, aucune agglomération importante n’existait. La plus grosse bourgade ne comportait qu’environ 5000 Vijniens. Les autres, en moyenne, regroupaient 500 à 1000 d’entre eux. Baldirr émergea de ses pensées au moment où la porte du vaisseau s’ouvrit : une partie de la coque se déboîta et glissa sans bruit perceptible pour laisser passer les membres de la délégation. Vijnia était l’avant-dernière étape de leur voyage et Baldirr devait les accompagner pour l’ultime. Ensemble, ils devaient partir pour Solix, la quatrième planète du système. Baldirr était le représentant vijnien et cinquante autres civilisations stellaires étaient représentées. Il était spécialisé dans l’étude des sociétés primitives et sa présence était donc doublement utile.

    Baldirr salua un à un chacun des délégués, puis les invita à rejoindre le salon d’accueil dans le bâtiment principal de l’astroport. La salle était modeste, tant par la taille que par les commodités offertes, mais il permettait quand même à un millier de personnes de s’y réunir, d’y manger, d’y boire, de s’y nettoyer au besoin, et même de dormir. Chacun pouvait se retirer à l’intérieur d’une bulle morphodynamique opaque à tous rayonnements. Il suffisait de penser au besoin d’isolement et une coque sortait alors du sol pour envelopper largement la personne, pourvu que celle-ci soit dans la section appropriée et suffisamment loin des autres (quelques coudées). Justement, un des délégués, celui de la planète Gorhnnz, venait de déclencher le mécanisme. Une paroi circulaire lisse et noire s’élevait doucement autour de lui, adoptant une courbure croissante qui lui permettait de se refermer au-dessus. Le matériau était semi-rigide et malléable, d’un éclat vitreux. L’intérieur, cependant, était mat. Une fois la coque complétée et scellée, il y régnait une obscurité impénétrable. Néanmoins, une source lumineuse d’intensité variable pouvait également s’y manifester selon le même procédé télépathique. En fait, l’éclairage semblait alors provenir de la paroi elle-même qui pour l’occasion remplaçait sa noirceur par la couleur choisie par le visiteur. À l’intérieur, ce dernier pouvait y dormir, s’y nourrir ou encore avoir recours à diverses méthodes de soin et de nettoyage. Tout ceci était rendu possible à l’aide de l’éther et des champs hyperdimensionnels. En d’autres termes, les objets et aliments étaient matérialisés à la demande à partir du point de stockage hyperspatial, selon une préprogrammation évolutive tenant compte des races visiteuses, de leur physiologie, de leur anatomie, de leur génétique et de leur structure psychique essentielle.

    Les Vijniens étaient l’une des ethnies les plus avancées de ce secteur de la galaxie, mais ils ne se contentaient pas de ce que d’autres auraient considéré comme étant de la technologie. Si leur plus grande maîtrise concernait les substances physico-éthériques et la coopération avec le règne minéral, ils exploraient aussi les domaines intangibles et parvenaient en général à établir une bonne harmonie entre les plans matériels et les plus subtils.

    — Baldirr ! interpella une des déléguées.

    — Oui ? répondit celui-ci en se tournant vers l’arrivante, la représentante du système zénovien.

    — Comment allez-vous ?

    — Bien, comme d’habitude. Il n’y a d’ailleurs pas vraiment de raisons pour que cela n’aille pas. Et vous ?

    — Je vais bien. Pas de raisons, non plus, pour le contraire. Il n’existe plus aucun facteur de tension depuis 300 cycles dans ce secteur de la galaxie.

    — Il est vrai que nous sommes plutôt à l’écart des grandes routes commerciales. De plus, nos planètes n’ont pas de ressources extraordinaires et attirent peu la convoitise. Même Solix, la plus prometteuse, n’est pour l’instant que très peu visitée.

    — En effet. À ce propos, où en sont vos recherches concernant Solix ? Avez-vous fait de nouvelles découvertes intéressantes ?

    — Personnellement, pas grand-chose depuis notre dernière rencontre. Cependant, Jéolarn a trouvé un artefact non solixien plutôt incongru dans une des cavités de cette planète. Il date d’environ 10 000 cycles et laisse supposer l’existence d’une race pour l’instant inconnue. Au moins un de ses vaisseaux a dû s’aventurer dans le coin à cette époque et s’est posé sur la planète. Si l’on en croit nos ingénieurs, il a abandonné un sublimateur temporel. Celui-ci fonctionne encore. Et l’on se demande pourquoi.

    — Pourquoi marche-t-il ? Ou pourquoi l’ont-ils laissé ?

    — Nous n’avons de réponse à aucune de ces questions. La race solixienne (ou devrait-on dire « les races » ?) est trop arriérée pour pouvoir utiliser le sublimateur. Cela semble alors indiquer la présence de quelques aliénigènes qui pour l’instant veulent demeurer cachés. Cela ne présage rien de bon. Contrebandiers ? Prédateurs ? Exploiteurs d’une sorte ou d’une autre ? Nous en aurons peut-être une meilleure idée lors de notre proche voyage. Il est également possible toutefois que l’appareil ait été oublié, peut-être comme suite à un départ précipité.

    — Oui. D’ailleurs, concernant ce voyage, j’ai un ennui avec mon transmuteur respiratoire. Un indicateur mentionne une déficience système assez grave et ne lui donne plus que quelques heures standard de durée de vie. Est-il possible de le réparer ou d’en obtenir un autre ?

    — Bien sûr. Je vais demander à l’atelier de l’astroport. En principe, ils ont tout ce qu’il faut pour faire face à ce type de situation.

    Baldirr appela télépathiquement le chef ingénieur de l’atelier, Mulnim Esoticub, et lui fit part du problème. Celui-ci l’avertit qu’il envoyait tout de suite un des techniciens pour prendre en charge le transmuteur défectueux et fournir un exemplaire totalement opérationnel. Des amplificateurs psychiques facilitaient ici grandement la télépathie.

    — C’est bon ! Un technicien arrive avec un nouvel appareil.

    — Merci !

    — À votre service ! Tout le plaisir est pour moi ! Il n’y a pas de quoi ! C’est gratuit !

    — Ha ! Ha ! Ha ! Vous ne croyez pas que vous en faites un peu trop ?

    — Pour vous ? Jamais de la vie !

    Les pommettes de la déléguée, Nilomia, bleuirent sensiblement, ce qui pour les Zénoviens était le signe d’un léger embarras ou d’un trouble agréable.

    — Et que me vaut une telle faveur ?

    — Vous le savez bien ! Vous êtes suffisamment télépathe pour connaître mes sentiments envers vous, comme je perçois bien les vôtres.

    — C’est vrai. Dommage que l’espace nous sépare !

    — Il ne nous sépare pas. Nous sommes toujours reliés, subtilement. Vous le savez également. Malgré la distance spatiale, nous sommes aussi proches et semblables ou complémentaires que les deux moitiés d’une même natagria (un des rares fruits de Vijnia).

    — Oui, j’oubliais votre conception des âmes jumelles. Les Zénoviens ne voient là qu’un mythe.

    — Bien sûr ! Sans vouloir les amoindrir, leur science actuelle ne peut suffire à montrer autre chose qu’un mythe. Je ne vous inclus pas parmi eux. Vous n’êtes pas vraiment semblables aux autres Zénoviens, et c’est sans doute une des choses qui initialement m’ont attiré chez vous. Vous ne vous fiez pas uniquement à vos perceptions concrètes, ni seulement à ce que disent vos scientifiques. La science vijnienne et le développement du troisième œil, de nature subtile, chez la majorité des Vijniens ont contribué à prouver pour nous le principe et l’existence des âmes jumelles issues d’un esprit donné. Cependant, sans ouverture suffisante du troisième œil, une autre race, même la plus scientifique qui soit, manque d’un instrument capital dans l’établissement d’une telle preuve.

    — Je sais. Vous avez encore une fois raison !

    — Non, je n’ai pas « raison ». Il suffit de dire que ma perception est probablement plus juste, plus proche du « réel » ou de ce que nos philosophes scientifiques définissent comme tel. Le troisième œil décuple les possibilités de la « vision ».

    — N’en parlez surtout pas aux Zénoviens ! Le troisième œil reste pour eux une fabulation. Pourtant, pour ma part, je n’ai pas trouvé de théorie de rechange suffisamment crédible pour expliquer vos perceptions extraordinaires. Alors, je veux bien le croire !

    — Non ! Vous allez penser que j’ai l’esprit de contradiction, mais surtout, il ne s’agit pas de me croire sur parole.

    — Non, bien sûr ! C’était une manière de préciser que je restais largement ouverte à la possibilité.

    — J’aime mieux ça ! répondit Baldirr en souriant.

    — Dites-moi, Baldirr, comment se fait-il que les Vijniens aient pu ainsi développer un troisième œil ? Ne vous avais-je pas déjà posé la question d’ailleurs ?

    — Si, seulement les circonstances ne m’avaient alors pas permis d’y répondre. En fait, les Vijniens ont pour théorie que toutes les races du quatrième règne de la nature, le règne « humain », quelle que soit leur planète d’origine ou d’adoption, ont le potentiel d’un troisième œil. En effet, celui-ci doit avant tout son existence à un principe subtil qui dépend directement de la structure de l’âme et, au-delà, de l’Esprit. Or, toutes les races (si l’on fait abstraction de certaines ethnies dégénérées hypermentales ou hyperformalistes coupées de leur âme) peuvent bénéficier du potentiel de leur conscience.

    — Je comprends bien. Cependant, pourquoi les Vijniens semblent-ils avoir de l’avance dans ce domaine ?

    — Nous pensons que nous le devons à une plus grande polarisation naturelle sur le plan mental, en affinité avec certains aspects de notre règne minéral. Il existe une profonde symbiose entre le mental collectif vijnien et les minéraux de notre planète. Comprenez que les règnes végétal et animal sont relativement déficients et que ceci nous a d’ailleurs spontanément éloignés du plan astral de nature essentiellement émotionnelle. Ce dernier n’est pour nous que très accessoire et présente peu d’impact dans nos vies. Beaucoup de races démonstratives nous trouvent froids, en dépit de notre existence sur une des planètes habitées les plus chaudes de la galaxie. Nous sommes capables d’émotions et d’effusions affectives, mais nous les avons assez vite canalisées au cours du temps, du fait de la faible attention envers l’astral. Certains d’entre nous — y compris probablement moi-même — sont cependant trop peu démonstratifs sur le plan affectif. Il leur faudra sans doute un jour y travailler, pallier cette relative déficience.

    Baldirr fit une pause pour regarder l’heure sur le cyclomètre de l’astroport. Ils disposaient encore d’une heure standard avant de devoir se diriger vers le vaisseau.

    — Par ailleurs, la faible polarisation astrale vijnienne explique aussi pourquoi les conflits guerriers ont disparu très tôt dans notre histoire et pourquoi, par conséquent, il n’existe aucune arme sur la planète. Les confrontations éventuelles demeurent sur le plan des idées et ne se concrétisent jamais dans la matière. Nous sommes vulnérables face à des agresseurs et ne comptons alors que sur nos capacités mentales, intellectuelles, psychologiques et intuitives. Cela fonctionne généralement bien.

    — Je vous envie ! Zénovia connaît encore des guerres, même si nous nous efforçons de bannir les armes les plus destructrices, et nous armons toujours lourdement nos vaisseaux. Il le vaut mieux, d’ailleurs, face aux nombreuses agressions que nous subissons.

    — Ne vous êtes-vous jamais demandé l’influence que pouvait avoir votre tendance guerrière sur le fait que vous vous fassiez agresser ? Nous avons découvert il y a longtemps une forte corrélation entre ces deux éléments. De manière plus générale, nos préoccupations mentales et émotionnelles dominantes conditionnent largement ce que nous vivons.

    — Non, nous ne l’avons jamais envisagé. C’est presque impossible de le faire, étant donné notre côté formaliste marqué. Même si je ne vous vois pas souvent, vos réflexions et ce que vous faites ici sur Vijnia m’ont amenée à reconsidérer un grand nombre de ce que nous pensions être des vérités scientifiques ou bien établies. Vous avez l’art de mettre le doigt sur les points sensibles, sur ce qui ne fonctionne pas, sur nos contradictions… Nos beaux édifices mentaux se sont pour moi écroulés. J’avoue que j’ai passé plusieurs cycles relativement déstabilisée. Cependant, à la longue, je crois comprendre un peu mieux votre logique implacable.

    — Oui, les gens nous perçoivent comme étant éminemment logiques. Seulement, ce que nous trouvons n’est généralement pas issu d’un raisonnement logique ou de démonstrations mathématiques. Notre polarisation mentale forte a aussi facilité l’apprentissage du vide de pensées. Et cette condition est la meilleure pour laisser passer les sensations plus subtiles, les intuitions pures. En fait, nous ne sommes pas logiques. Nous sentons et savons intuitivement les choses.

    Vous connaissez les rouleaux d’écriture de certaines jeunes civilisations ? Une intuition pure, c’est un peu comme la réception intérieure d’une telle source d’information. Nous captons celle-ci presque instantanément, en bloc. Ensuite, notre mental sert essentiellement et pratiquement à la lire, à la décoder, à la comprendre, à la formuler. Il est comme l’instrument qui déroule le contenu et le parcourt ligne après ligne, à relativement grande vitesse. La logique est présente de fait, au départ, dans le rouleau, car l’univers repose sur une structure ou une mathématique éminemment cohérente. Nous ne faisons que dérouler mentalement la logique initiale et inhérente à l’information captée ainsi psychiquement. Nous ne réalisons et ne suivons aucun raisonnement intellectuel, aucune analyse rationnelle ou méthodique.

    — Mais d’où vient ce « rouleau », cette information ? Qui l’a écrit ? Ou quoi ?

    — C’est une bonne question. Intuitivement, nous pouvons obtenir une réponse cohérente. Cependant, étant donné sa nature, elle est pratiquement invérifiable. D’autres races sont arrivées à des conclusions très voisines. Où que l’on aille dans la galaxie, chaque fois que nous trouvons une civilisation qui a pu travailler plus consciemment sur le plan mental et se brancher un minimum sur les canaux sensoriels intuitifs, nous constatons qu’elle a deviné approximativement les mêmes choses. Peut-on parler de simples coïncidences ? Mathématiquement, c’est très peu probable, compte tenu du nombre de civilisations concernées.

    — Et ? Quel est le centre de telles découvertes ?

    — Cela peut se résumer par la formulation : « zéro = un = infini » qui serait à l’origine de la création du cosmos tel que nous le connaissons. Ou, plus exactement, ce serait la traduction en formule mathématique de la cause de l’univers, de ce qui l’a engendré.

    — ?… Là, je ne comprends pas du tout !

    — Abordons plutôt la question sous une approche philosophique. Hors de l’espace et du temps, il n’y a rien que nous connaissions. Pourtant, si quelque chose est la cause fondamentale de notre espace-temps et de notre univers, cette chose ou cette entité est elle-même hors du temps apparent et de l’espace. Et elle existe, elle « Est », elle est unique, elle est seule. Sans espace, elle n’a aucune dimension, elle est « néant ». En même temps, elle est tout ce qui se trouve hors de l’espace-temps, et la cause originelle de ce dernier. Étant singulière, non dimensionnelle, et simultanément la totalité de ce qui est, elle est Un-Néant-Tout. Cet être solitaire est à la fois vide (ou rien) et plein (ou tout), absence de lumière, d’obscurité, d’espace et de temps, absence de vibrations, de mouvement, d’énergie, de limites, infini potentiel… Il « Est », mais ne le sait pas, car il n’existe rien, en dehors de lui-même, auquel se confronter ou dans lequel s’observer pour réaliser qu’il existe. Il n’a pas de miroir. Il s’en crée donc un pour se regarder et prendre conscience de lui-même : il engendre l’espace-temps et l’univers dans lequel nous nous trouvons, cette Matrice qui fait croître et naître la Conscience. Chaque forme dans son sein est un point du miroir qui permet à l’Entité de se réaliser elle-même, de se rendre compte de sa réalité et de son potentiel créateur.

    — Ouf ! J’ai du mal à suivre !

    — Résumons cela en disant que l’univers tel que nous le connaissons existe depuis toujours, que son début a eu lieu dans un temps passé infiniment reculé et que sa fin se déroulera dans un avenir infiniment lointain. Simultanément, il a été, est et sera créé à partir de rien, puisque sa source est située hors de notre espace-temps. Et pour couronner le tout, l’aboutissement et le commencement se rejoignent, comme un animal qui se mord la queue.

    — Cela ne m’aide guère davantage, s’esclaffa Nilomia ! Et cela ne m’avance pas beaucoup par rapport à ma question de ce qui a fait le rouleau.

    — Ce qui a fait ou qui continue à faire le « rouleau » de l’information intuitive qui nous parvient ne se situe pas dans notre espace-temps. La formule initiale « zéro = un = infini » permet aussi de montrer qu’« un » égale « deux », égale « trois ». Elle sert de fondement à toutes les autres équations algébriques et géométriques décrivant l’univers et ses formes. En utilisant une approche simultanément mathématique, philosophique et métaphysique, on parvient de fil en aiguille à démontrer toutes les lois cosmiques connues, y compris celles de la psychologie, celles de la nature et celles du monde des âmes. L’intuition pure guide tout ce processus. Nous pourrions toujours nous dire que ceci n’est qu’une énorme illusion. Cependant, les résultats concrets découlant de cette approche sont visibles tout autour de vous dans cet astroport.

    — Je mesure les progrès que nous devons réaliser sur Zénovia, avant de parvenir à de tels résultats. Je comprends d’ailleurs mieux le niveau de votre technologie.

    — Vous savez qu’il existe des races nous dépassant assez nettement sur ce seul plan. Elles ont acquis une connaissance plus poussée et plus pointue des dimensions purement formelles. Certaines d’entre elles ont cependant de sérieuses lacunes concernant les aspects plus subtils tels que les lois de l’âme. Les plus matérialistes sont d’ailleurs pratiquement coupées des plans correspondants et si elles peuvent asservir de nombreuses races inférieures, elles sont impuissantes face aux êtres qui ont appris à se connecter consciemment à la sphère psychique.

    — C’est un fait. Je ne comprends par contre pas pourquoi.

    — Le monde de la conscience et des âmes se trouve hors des dimensions matérielles et formelles, au-delà même des émotions et des pensées. Si une race trop matérialiste finit par se couper du domaine spirituel, elle n’a aucune emprise sur ce qui est directement

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