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La voie du Rinn’dual
La voie du Rinn’dual
La voie du Rinn’dual
Livre électronique347 pages5 heures

La voie du Rinn’dual

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À propos de ce livre électronique

Quand le jeune Dael est capturé par des Dévians puis revendu comme esclave aux Charlogs, son père Pastor se lance à sa recherche dans la galaxie. Ce dernier est aidé par une Vijnienne et son vaisseau. Sur Terre, cent mille ans après les âges sombres, l’Humanité a suivi la voie du Rinn’dual et ainsi abandonné toute technologie, préférant développer des dons tels que la télépathie et la télékinésie.

Pendant ce temps, les derniers Reptiliens sortent de leurs cavernes, l’Empire zénovien tente de se reformer et une menace extrême provient d’une autre galaxie. Les divers protagonistes finissent par interagir d’une manière ou d’une autre, par retrouver Dael, redonner vie à une planète reptilienne en ruine, accueillir quelques milliards d’extragalactiques et se lancer dans une course galactique contre les agents zénoviens.

LangueFrançais
Date de sortie3 avr. 2022
ISBN9781005574567
La voie du Rinn’dual
Auteur

Joseph Stroberg

Après des études en astrophysique, Joseph Stroberg a effectué quatre années d’enseignement en sciences physiques au Gabon, puis en France, avant de devenir informaticien en 1995. Il a travaillé depuis lors pour de nombreuses entreprises de tailles et domaines d’activité variés, en France, en Californie, puis au Québec. Il a depuis 2007 la double citoyenneté française et canadienne. Très éclectique, il a créé des bases de données, des sites Internet, des progiciels et des outils logiciels dans plus d’une dizaine de langages, sur divers systèmes, en recourant à de multiples technologies. Parallèlement, il a rédigé un essai publié en 1991 et une dizaine d’articles de fond dans un magasine ésotérique, créé la couverture de quelques livres, écrit quelques poèmes... avant de se lancer dans l'écriture de romans de science-fiction.

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    Aperçu du livre

    La voie du Rinn’dual - Joseph Stroberg

    Joseph Stroberg

    La voie du Rinn’dual

    Les couloirs du temps

    First published by Editions Dedicaces 2022

    Copyright © 2022 by Joseph Stroberg

    Publié par les Editions Dédicaces.

    Tous les droits sont réservés. Aucune partie de cette publication ne peut être reproduite, stockée ou transmise sous quelque forme ou par quelque moyen que ce soit, électronique, mécanique, photocopie, enregistrement, numérisation ou autre sans l’autorisation écrite de l’éditeur. Il est illégal de copier ce livre, de l’afficher sur un site Web ou de le distribuer par tout autre moyen sans permission.

    Copyright © Joseph Stroberg, 2022

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    Un grand merci à Ginette.

    Ce livre est dédié à Marielle, Michelle, Louise, Florence et Ginette.

    Contents

    1. Enlèvement

    2. En route

    3. Pistage

    4. Putréfaction

    5. Viande crue

    6. Évasion

    7. Chaos

    8. Scission

    9. Écrasement

    10. Escarmouche

    11. Système binaire

    12. Symbiose

    13. Renaissance

    14. Message de détresse

    15. Menu larcin

    16. Adaptation

    17. Super conscience

    18. Technogolems

    19. Autodéfense

    20. Survie

    21. Dialogue

    22. Résurrection

    23. Signal particulier

    24. Changement de programme

    25. Rencontre providentielle

    26. Dilution reptilienne

    27. Rêve ou réalité

    28. Secours spatial spécial

    29. Thalnaïr

    30. Yzphaïe

    31. Téléportation de taille

    32. L’avertissement

    33. Extinction

    34. Combat

    35. Nouvelle recrue

    36. Vaisseau fantôme

    37. Géante rouge

    38. Voie d’action

    39. Observation

    40. Subtilités

    41. Travail de guérison

    42. Appel aux Terriens

    43. Alerte rouge

    44. Les Dévians

    45. Bataille décisive

    46. Rescapés

    47. Négociation

    48. Les huit de Thalnaïr

    49. Ce qui compte

    1

    Enlèvement

    Dael était triste et sur le point de pleurer. Recroquevillé dans un angle de la soute du vaisseau, il songeait à ses parents qu’il ne reverrait peut-être plus jamais. Provenant de la zone planétaire tropicale, il n’était vêtu que d’un court pagne de feuilles sur ses fesses et ses parties génitales. Peu habitué à des températures voisines des quinze degrés, il avait froid. À seulement sept ans et demi, il n’avait pas encore appris comment maintenir son corps au chaud en l’enveloppant d’un voile éthérique isolant. L’éther était une substance plus subtile que l’air, une sorte de matière qui imprégnait les solides, les liquides et les gaz, de manière relativement uniforme, mais que certains yeux humains pouvaient percevoir. Il était le support de la vitalité des espèces minérales, végétales, animales et humanoïdes partout dans l’univers. Il imprégnait même le vide de l’espace intersidéral et intergalactique. Dans les êtres vivants, il s’organisait en un genre de double subtil de l’enveloppe physique ou charnelle, un corps fantomatique dont l’émanation en débordait et que la vision ou d’autres sens perceptifs pouvaient capter. Mais Dael ne savait pour l’instant pas le détecter autrement que par les mains et s’avérait encore incapable de l’utiliser directement et consciemment.

    Les cheveux longs et châtains tombant sur ses épaules, en d’autres temps bien plus anciens, Dael aurait pu passer pour une fille. Cela aurait été le cadet de ses soucis. Comme la plupart des enfants de son époque, il avait un visage d’ange, aux traits gracieux et réguliers. Non, ce qui préoccupait Dael, c’était bien davantage qu’il se trouvait bien loin de la Terre maintenant, et il ne sentait plus la présence chaleureuse de sa famille. Trois Dévians l’avaient enlevé, puis revendu à des Charlogs, des espèces d’étrangers en provenance de la galaxie d’Andromède. On l’avait échangé contre de la technologie. Les Dévians se montraient friands de technologie, trop friands ! Ils avaient renoncé à la voie paisible du Rinn’dual. Voici plusieurs siècles, ils s’étaient construit une grande ville polluante sur Mars et menaient de temps en temps des expéditions contre la Terre pour y capturer des enfants. Ils avaient perdu leurs talents et ne pouvaient compter maintenant que sur la science antique qu’ils cherchaient par tous les moyens à retrouver. Pour eux, les Terriens n’étaient que des sauvages bons à asservir. Les enfants leur servaient de monnaie d’échange avec les Charlogs.

    Dael sentait la moisissure et le salpêtre qui recouvraient les murs de la soute jonchée de débris et de caisses diverses. Il ne percevait le contenu de la pièce trop sombre que grâce à sa vision subtile. Les yeux de son corps de chair ne lui servaient pas ici à grand-chose. Il n’y avait qu’une porte et un moyen qu’il ne connaissait pas la maintenait fermée. Il aurait pu la détruire, mais cela ne l’aurait pas aidé beaucoup. Pour aller où ? Il ignorait même où le vaisseau se trouvait. De plus, il ne tenait pas à ce que ses ravisseurs en connaissent trop sur lui. Il espérait que les autres enfants enlevés avaient raisonné de même. Il valait mieux qu’on les prenne comme lui pour des primitifs, des sauvages tout juste bons à manger des fruits et à chasser. Et cela n’était pas difficile, car sur Terre lui et ses semblables vivaient dans des cases sommaires, de simples abris contre la pluie et ne disposaient d’aucune technologie, contrairement aux Dévians de Mars.

    La Terre était devenue majestueuse et luxuriante. Notamment par le pouvoir mutagène des nombreux déchets nucléaires produits pendant les âges sombres, une nouvelle faune avait remplacé de nombreuses espèces animales aujourd’hui disparues. Certaines étaient mortelles pour l’homme non averti. Elles étaient beaucoup trop dangereuses. Mais Dael avait appris très tôt à les détecter à distance avant de risquer de terminer déchiré par leurs énormes griffes, découpé par leurs dents acérées, broyé par de puissants membres ou atteint par des poisons létaux. Il ne craignait plus les tondrels venimeux, longs serpents aux mille pattes, ni les eslams terrifiants, félins ailés qui se déplaçaient en essaims, et pas davantage les kasbarns féroces, pachydermes massifs qui rappelaient les anciens dinosaures, mélanges d’éléphants et de tyrannosaures.

    La forêt recouvrait la presque totalité des sept continents. Ses nuances colorées ne tournaient pas seulement autour du vert, mais arboraient maintenant des tons plus franchement rouges ou mauves selon les espèces, ceci en toutes saisons. Le climat était devenu plus uniforme, modéré par d’énormes courants aériens et océaniques réguliers, canalisés par la planète depuis ses plans éthériques. La neige ne tombait ainsi plus que sur les hautes montagnes et tout près des pôles. Même l’Antarctique avait fondu pour laisser une bonne moitié de territoire tempéré. La plupart des arbres et pas seulement les conifères gardaient leurs feuilles même en hiver, ceci dans presque toutes les régions du monde.

    Dael s’efforçait de se remémorer les moments agréables passés à respirer l’air de la Terre, à parcourir ses forêts, à voler dans les airs, à absorber l’éther pour se nourrir, à ressentir la conscience planétaire… La planète était devenue sacrée, paisible et protégée. Les incursions des Dévians étaient les seules piqûres qu’elle subissait encore. La grande majorité d’entre elles étaient vaines. Leur chasse aux enfants n’aboutissait qu’une fois sur cent. Mais parfois, bénéficiant de circonstances plus favorables, en moyenne quelques fois par an au maximum, ils repartaient avec un prisonnier. Dael était le dernier d’entre eux, le précédent remontant à plus de six mois. Même s’il captait de temps en temps les pensées rassurantes de son père ou de sa mère, il se sentait seul loin d’eux.

    Personne encore n’avait directement vu les Charlogs, et même Dael n’avait rien pu en déceler, car la porte demeurait obstinément fermée. Deux fois par jour, on lui passait de la nourriture par une trappe en bas de celle-là. Cependant, il ne touchait pas à cette pitance, car il n’en avait pas besoin pour vivre. Il se nourrissait essentiellement d’éther et accessoirement de fruits. Il absorbait ces derniers plus par gourmandise que comme besoin vital. Il adorait en manger, de diverses variétés, mais il pouvait très bien s’en passer. L’éther à lui seul pouvait combler ses besoins vitaux. Il n’avait pas non plus besoin de boire, puisant la faible quantité d’eau nécessaire dans l’humidité ambiante. Mais pour donner le change à ses ravisseurs, et sachant qu’il n’avait détecté aucun moyen de l’observer agir, il désintégrait la nourriture qu’on lui fournissait. Ceux-ci continuaient à croire qu’il mangeait normalement. Pour ne rien laisser au hasard, il devait aussi téléporter ou matérialiser des déjections animales mammifères, car autrement le fait de manger sans avoir besoin de déféquer aurait paru étrange.

    À l’image des autres Terriens, Dael n’aimait pas avoir recours aux cachotteries. Mais dans un cas comme celui-ci, cela pouvait faire la différence entre la vie et la mort. Si ses ravisseurs découvraient le moindre de ses étranges pouvoirs, ils pourraient ne pas être contents du tout et lui mener la vie dure. Surtout, s’il voulait un jour s’échapper, il lui vaudrait mieux mettre toutes les chances de son côté et ne pas révéler prématurément ses aptitudes.

    Cela faisait plus de trois jours que le vaisseau avait quitté le système solaire, mais Dael ne parvenait pas à déterminer sa destination. Il avait l’impression qu’il sortait de la galaxie, la Voie lactée, mais ne parvenait pas pour l’instant à déterminer son orientation. Soudain, il eut un flash : le vaisseau tournoyait sur lui-même dans sa progression ! Il se demandait bien pourquoi. Était-il en perdition ? Avait-il subi une grave avarie ? Une attaque ? Il n’avait rien capté. Ou alors cela avait dû avoir lieu pendant qu’il dormait. À ce moment-là, il ne se trouvait généralement plus sur le plan physique et il aurait parfaitement pu manquer des événements cruciaux.

    Cent mille ans dans le passé, à l’époque connue sous le nom de l’Âge sombre, on aurait considéré Dael comme ayant la maturité d’un individu d’une quarantaine d’années. À la sienne, il était un enfant comme les autres, tout juste un peu plus doué sur certains points, et probablement un peu moins sur d’autres. Cependant, ses aptitudes particulières devaient lui servir pour cette vie qu’il avait consciemment choisie avant de se réincarner. Dael se souvenait de quelques-unes de ses incarnations précédentes, mais son souvenir le plus lointain ne remontait pas au-delà de quelques dizaines de siècles. Avant, c’était le brouillard. Il ignorait s’il avait vécu au cours des périodes noires de l’Histoire dont d’ailleurs seules quelques légendes subsistaient. La voie du Rinn’dual représentait la simplicité volontaire, la fin de la dépendance technologique, la symbiose naturelle… et plus aucun support mémoriel fait de matière n’existait.

    Depuis l’espace, l’Humanité terrestre pouvait paraître très arriérée. Aucun signe de civilisation n’était visible, à part peut-être des cases, des cabanes et des abris faits généralement de bois, de bambou ou de pierres brutes. Aucun véhicule de transport n’existait, car de toute manière les humains apprenaient très tôt à léviter, en même temps qu’ils apprenaient à marcher. Comme ils étaient tous télépathes, ces apprentissages étaient d’autant plus faciles. Pas une seule « machine » n’existait, au point que Dael se demandait même ce que cela pouvait bien être. Même ses parents n’en savaient rien d’autre que leurs traces dans les légendes. Il n’y avait pas non plus la moindre activité agricole. La seule action sur la nature se bornait de temps à autre à s’appuyer sur quelques arbres pour construire un abri, ou à profiter de sols concaves pour y intégrer une case. Les Terriens laissaient les élémentaux et les deva de la nature s’occuper de l’agencement des roches et de la flore, ainsi que du mouvement de la faune migratrice. Eux, comme déjà le faisait Dael, se concentraient avant tout sur leur riche vie intérieure, sur leurs créations émotionnelles et mentales perceptibles par quiconque voulait se donner la peine de les capter ou encore de les visiter lors d’une décorporation. En effet, tout ce qu’ils construisaient sur les plans astral et mental y demeurait proportionnellement à l’énergie placée dans leur création ou à celle de leur attention pour celle-ci une fois réalisée. Il y créait le plus souvent des univers de créatures pour les faire jouer à divers jeux : des courses, des sauts, des cabrioles, des recherches d’objets particuliers, des lancements de projectiles que d’autres devaient ensuite rattraper… Il n’avait pas besoin de martyriser des animaux physiques pour cela. Ceux qu’il créait n’avaient que la vie qu’il leur donnait et celle que les spectateurs éventuels pouvaient y ajouter.

    Dael ne s’ennuyait jamais, même si maintenant il se sentait un peu seul, et triste. Il trouvait toujours quelque chose à faire avec son imagination, toujours quelque chose à créer sur un plan ou un autre, ou toujours quelque chose à y observer. Et sur ce vaisseau, il tentait d’étendre au maximum ses perceptions, ne sachant pas encore sortir consciemment de son corps. Il cherchait à déterminer précisément son environnement, et notamment s’il demeurait des Charlogs vivants à bord. Il ne maîtrisait pas non plus son cercle de vision à distance, ne parvenant que très fortuitement à l’utiliser. Et pour l’instant ici, il n’y était pas encore parvenu.

    Dael captait maintenant de l’activité à bord du vaisseau, et pas simplement cette chose qui de temps en temps lui glissait de la nourriture dégoûtante par la trappe. Il ressentait une présence humanoïde à base carbonée, donc probablement pas trop différente des formes de vie qu’il connaissait sur Terre. Il ignorait cependant s’il devait s’en réjouir, car il ne captait aucune pensée cohérente de leur part, comme dans le cas des quelques Charlogs qu’il avait entraperçus lors de son échange. Ces êtres étrangers semblaient avoir des schémas mentaux différents des Humains, ou alors ils pensaient sur d’autres bandes de fréquences que pour l’instant il ne savait pas capter. Il restait bien sûr l’hypothèse d’une protection quelconque contre les investigations télépathiques, mais Dael ne pensait pas qu’il s’agisse ici de cela. Quoi qu’il en soit, le résultat était là, il ne parvenait pas à lire dans leur esprit ni à en recevoir quoi que ce soit de plus précis que de vagues formes brouillées.

    Le vaisseau avait changé de trajectoire et semblait revenir vers la Voie lactée. Dael avait ressenti le virage, même si les compensateurs gravitationnels dont il ignorait l’existence et la fonction auraient dû l’en empêcher. La science et la technologie lui étaient étrangères. Il n’avait pas besoin d’elles pour être en bonne santé. Il savait d’ailleurs que s’il poursuivait à s’apitoyer sur son sort, il finirait par engendrer des troubles et désordres physiques dans son corps de chair, ce qui ne serait pas du tout agréable. Il gagnait à se concentrer sur ce qui se déroulait à bord ou encore sur un moyen de s’évader lorsqu’ils se poseraient sur une planète viable.

    Dael entendait du bruit de plus en plus notable et intrigant de l’autre côté de la porte. Ah ! Si au moins il parvenait à réaliser le cercle de vision à distance ! Mais il était encore trop maladroit pour le réaliser plus d’une fois sur dix tentatives. Et dans son état actuel, il y parviendrait d’autant moins. Il se sentait encore trop enfant. Il était en phase d’apprentissage. Il ne pouvait donc compter que sur ses sens physiques et sur quelques perceptions plus subtiles, essentiellement éthériques et astrales pour l’instant, plus ou moins embryonnaires. Il était bien meilleur pour la télékinésie et la manipulation de la matière jusqu’au niveau atomique, peut-être parce que pour lui c’était plus tangible. Ou peut-être parce que son père lui-même excellait dans ce domaine ? Son père… Après avoir fait tant bien que mal abstraction des bruits insolites, il dirigea ses pensées vers celui-ci, le visualisant pour entrer en contact avec lui et lui donner des nouvelles.

    Après quelques minutes d’efforts, il parvint à établir le contact et à transmettre l’essentiel de la situation. Son père lui répondit en lui assurant qu’il venait de solliciter l’aide des Vijniens. L’un d’eux, une jeune femme habile au pilotage de leurs vaisseaux et particulièrement douée pour la télédétection, l’accompagnerait bientôt pour partir à la recherche de Dael. Pour avoir choisi une voie exempte de technologie, fût-elle éthérique, les Terriens ne disposaient eux-mêmes d’aucun vaisseau. Les Dévians par contre en avaient, ce qui leur permettait de mener ces raids contre les enfants de la Terre.

    Dael recentra son attention à l’intérieur de la soute. Une simple et minuscule source lumineuse lui évitait de se trouver totalement plongé dans l’obscurité. Elle était insuffisante pour distinguer autre chose que des masses sombres éparpillées pêle-mêle dans la vaste pièce. Certaines étaient empilées de sorte à en atteindre presque le plafond. Des objets disparates jonchaient le sol ou se trouvaient sur certaines caisses. Il ignorait quelle matière les constituait, car il ne connaissait que le bois et les autres éléments naturels directement accessibles. Les vestiges des anciennes civilisations étaient maintenant méconnaissables. Le fer avait rouillé depuis longtemps et les autres métaux se trouvaient enterrés ou dégradés. Même les constructions de pierre s’étaient trouvées érodées ou recouvertes de limons, de mousses, de lichens ou de coraux et de coquillages divers selon leur situation. Des bactéries, des moisissures et des animalcules divers avaient digéré les antiques routes d’asphalte ou de bitume. Il ignorait même ce que pouvait être un marteau, un tournevis, une hache ou un simple couteau. Il soulevait les pierres par la force de sa volonté et pouvait les rendre malléables ou même les désintégrer. Cependant, il n’utilisait ses dons que de manière constructive et à bon escient. En fait, il les utilisait rarement, essentiellement pour les entretenir ou les développer progressivement. Ils nécessitaient une grande concentration et de l’application mentale. À côté de cela, il ignorait la notion même de nombres, ne savait ni lire ni écrire, et ne communiquait que par la pensée, ne sachant émettre autre chose que des cris divers si on voulait le faire parler. Pour ses lointains ancêtres, il aurait fait figure de sauvage, d’homme animal. Cependant, les Vijniens considéraient maintenant les Terriens en haute estime, car à leurs yeux, ils revenaient de loin, d’un long égarement dans la matérialité et la perdition de la conscience. Ils avaient accepté le contact quelques siècles auparavant, à la demande de certains Terriens qui avaient gardé intacte la mémoire de leur existence. Et depuis lors, la coopération entre les deux races s’était accrue et renforcée. Dael ignorait ces faits, car seul le présent l’importait.

    Toujours recroquevillé dans son coin, il ne craignait pas pour sa vie, car il ne se projetait pas dans le futur autrement que pour visualiser sa libération d’une manière ou d’une autre. Il n’avait pas d’appréhension, car il savait que son père finirait par le retrouver. Tout ce qu’il devait faire était de s’ingénier à survivre dans des milieux plus ou moins hostiles s’il s’en présentait de tels sur sa route. Et en matière de survie, il avait un net avantage sur ses lointains ancêtres. Il ne dépendait plus autant des conditions naturelles alors que paradoxalement il était bien davantage intégré à la nature. Il vivait en harmonie avec elle, ne la détruisait plus. Il la renforçait au contraire par sa présence vibratoire, par ses énergies. Au besoin, il pouvait émettre certaines notes du fond de sa gorge pour favoriser telle ou telle vibration et ainsi soigner ou renforcer tel animal ou telle plante.

    Dael cherchait à en connaître davantage sur son environnement, à déterminer l’origine des sons qui ne cessaient de perturber la tranquillité de la soute. Sur Terre, il pouvait rapidement s’élever dans les airs puis voler en direction de la source de tout bruit insolite. Ici, léviter ne lui aurait servi à rien d’autre que d’atteindre le plafond. Sans franchir la porte, il ne pouvait percevoir précisément ce qui se passait de l’autre côté. Il lui semblait entendre un mélange de voix, de bruits de pas et de diverses choses qu’il n’identifiait pas, pas même avec ses perceptions éthériques. Il lui faudrait parvenir à réaliser le cercle. Mais pour l’instant, il ne se sentait pas en état propice pour cela. Il éprouvait trop le besoin de se ressourcer à la nature, de marcher pieds nus sur un sol feuillu, de ressentir la chaleur du soleil, d’entendre le sifflement des oiseaux, de nager dans un lac d’eau claire accompagné de poissons…

    Après ce qui devait correspondre à une poignée de jours, s’il se fiait à la quantité de « repas » reçus et qui continuaient à lui être fournis en dépit du changement d’équipage probable, le vaisseau cessa son mouvement. Dael ne ressentait plus celui-ci alors que du bruit se rapprochait de la porte, comme si plusieurs bipèdes marchaient vers elle. Quelques instants plus tard, elle coulissa vers la gauche et laissa entrer trois êtres revêtus d’une chose qui brillait sous la lumière en provenance de la coursive. Même leur tête en était masquée et il ne pouvait voir leur peau. L’un d’eux s’approcha de lui et le tira sans ménagement par le bras, manquant lui arracher un cri de douleur. Ils semblaient échanger entre eux, mais il ne comprenait rien de leur langage et ne captait que des pensées indéfinissables.

    Dael fut conduit rapidement hors du vaisseau et amené sur une place cosmopolite sous un ciel vert illuminé par deux soleils, un géant rouge et un petit jaune. Le premier occupait le quart de la surface visible sur ce côté de l’horizon. Le second n’avait approximativement que la largeur d’un pouce au bout d’un bras humain tendu et culminait près du zénith. La chaleur de l’endroit paraissait cependant supportable. Dael était dépaysé. Tout lui paraissait différent ici : les habitations se trouvaient plus hautes, avec des fenêtres en matière transparente, superposées sur deux ou trois niveaux en général. Le sol de matière noire était plus ou moins recouvert de poussière selon les endroits. Il envoya de puissantes images du lieu vers son père pour lui faciliter sa poursuite. Il s’efforçait de comprendre l’endroit, mais il ne connaissait pratiquement rien des divers objets et êtres qu’il percevait. Diverses races étaient affairées à des activités variées dont il se demandait la fonction. Il voyait des individus massifs à tête large et trois yeux qui se tenaient assis sur une lourde structure. Derrière chacun d’eux se trouvait un genre de planche posée sur des sortes de pierres et supportant de petits objets d’aspect différent. Certains d’entre ces derniers brillaient sous l’éclat des soleils, mais d’autres demeuraient ternes, pendant que d’autres encore laissaient passer plus ou moins complètement la lumière et se révélaient donc translucides ou transparents selon les cas. Il ignorait totalement à quoi ils pouvaient bien servir, mais son attention se portait bien davantage sur l’atmosphère, sur les énergies ambiantes. Il décelait une forme de tension entre diverses races, des ondes de peur alternant avec des émotions qu’il ne connaissait pas, mais dont plusieurs lui paraissaient intérieurement rouges et d’autres verdâtres. Elles n’étaient pas agréables et le rendaient très mal à l’aise. Il décida d’établir une bulle psychique intense autour de lui pour s’en protéger, espérant que personne ne la détecterait. Toujours tiré sans ménagement par le bras droit, il avait du mal à porter son attention où il le souhaitait, tournant rapidement sa tête de part et d’autre pour compenser. Les brutes prendraient sans doute cela pour de la peur, mais aucune ne l’habitait. Ce qu’il avait en lui ressemblait bien davantage à une immense interrogation. Qu’était ce monde et que venaient y faire ces gens ? Certains échangeaient des objets plats et ronds ou encore des feuilles très plates aux bords nettement découpés et droits contre des objets. D’autres se trouvaient dans des choses posées parfois sur des objets ronds, et d’autres fois en lévitation. Et ces choses (des machines ?) bougeaient, guidées par ceux qui se trouvaient dedans. Ces races ne pouvaient-elles pas léviter ? Les quelques légendes subsistantes racontées par les aînés racontaient que durant les âges sombres les Terriens ne savaient pas non plus et devaient alors utiliser des « véhicules ». Certains volaient et d’autres roulaient, marchaient ou flottaient selon leurs fonctions et leurs capacités. Ces étranges légendes semblaient ainsi prendre maintenant vie sous ses yeux, comme s’il se trouvait plongé dans l’histoire passée de la Terre.

    Dans cet endroit où se trouvaient beaucoup de maisons, il ne distinguait que peu de plantes. Parfois, certaines de ces dernières se trouvaient dans des récipients posés aux fenêtres ou devant les murs des maisons. De grands végétaux, ressemblant à des arbres d’un genre d’intermédiaire entre bambous et sapins, se trouvaient placés dans des cercles posés sur le sol près des maisons. Ils s’élevaient parfois plus haut que le sommet de ces dernières. Et ce sommet était plat. S’il pleuvait sur cette planète, l’eau devait alors s’accumuler sur ceux-ci. Qu’en faisaient-ils alors ?

    Dael fut conduit sur une place où se trouvaient diverses créatures, humanoïdes ou animales, dont certaines dans des cages et d’autres avec des chaînes attachées à un ou plusieurs membres. Il en transmit l’image mentale à son père, puis examina l’apparence de chacune d’elles. Certains des animaux semblaient vraiment dangereux, ayant par exemple des crocs aiguisés ou des griffes particulièrement tranchantes. Pour autant, il se demandait si quelques-uns au moins des humanoïdes n’étaient pas pires. Des émotions indescriptibles, mais intenses en émanaient en effet. Dans certains cas, il voyait des images brutales où ces créatures tuaient ou blessaient sauvagement d’autres êtres. Quelques-unes des victimes étaient semblables à d’autres espèces présentes sur la place, surtout parmi les «marchands». Avant d’avoir le temps de compléter son tour d’horizon, on le plaça à côté d’un humanoïde de petite taille à tête ronde et nez en forme de trompe miniature, du moins, s’il s’agissait bien d’un nez. Puis on lui attacha rapidement un collier relié à un poteau par une chaîne. L’humanoïde qui ne semblait pas plus grand que lui avait une peau de couleur cuivrée, recouverte par le même genre de matière que les autres prisonniers sur la place et qui semblaient d’origine végétale dans certains cas au moins. Son revêtement était de ton terne, similaire à celui des nuages terrestres les plus sombres. À l’image de ses pensées ? Sa peau était surtout visible au niveau de son visage et de ses mains à 6 doigts fins. Elle ressemblait au cuir de certains animaux à poil ras, alors que les humanoïdes les plus violents étaient généralement recouverts d’écailles.

    Dael se demandait ce qu’il faisait ici, mais observer les lieux ne lui apportait aucune réponse. Par contre, ceci éloignait de lui la tristesse qu’il avait ressentie lors de son confinement dans le

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