Miss populaire, c'est moi!

Par Duchesne Stéphanie

Bienvenue dans mon univers ! Je m'appelle Anne-Sophie Poirier et j'ai douze ans. Nous sommes le 14 décembre et, il y a exactement six mois de ça, ma vie était totalement différente...

Avant, j'étais une fille populaire, avec un groupe d'amies qui l'admirait et un chum (le plus beau gars de l'école, bien entendu !). Ma vie, c'était de faire des sorties ultra cool, d'acheter LE dernier vêtement à la mode, d'être de tous les comités importants et d'avoir des idées plein la tête pour rire des autres et les ridiculiser. Ah oui ! J'oubliais la qualité obligatoire pour être aussi populaire que je l'étais : la maîtrise parfaite de la technique de la manipulation.

Mais tout ça, c'est du passé.

Si vous choisissez de lire mon histoire, accrochez-vous ! Vous risquez d'apprendre comment perdre votre titre de miss populaire en moins de deux... Genre vraiment !

• Langue: Français
• Éditeur: De Mortagne
• Date de sortie: 11 févr. 2015
• ISBN: 9782896624225

Duchesne Stéphanie

Stéphanie Duchesne est une auteure de la région de Gatineau. Elle enseigne à l’école primaire et son premier roman, Miss populaire, c’est moi ! a connu un très beau succès.

Aperçu du livre

épanouissement.

Chapitre 1

Katy Perry ? Pour de vrai ?

Lundi 19 août, 16 h 28

I got the eye of the tiger, a fighter, dancing through the fire

‘Cause I am a champion and you’re gonna hear me ROAR

Louder, louder than a lion

‘Cause I am a champion and you’re gonna hear me ROAR

Oh oh oh oh oh oh ! ! !

— Pincez-moi, je rêve ! Non mais… ce n’est tout simplement pas possible ! La chanteuse la plus cool de la planète sera devant nous dans exactement vingt-sept heures, trente-deux minutes et sept secondes ! Sandrine ! Aide-moi à revenir sur terre ! Le cœur va me sortir de la poitrine ! Katy Perry !

— Je sais ! Merci à ta mère qui participe à tous les concours imaginables sur Internet ! s’exclame Sandrine.

Ma mère est totalement trop intense quand vient le temps de participer à n’importe quoi. Elle a dû se faire refaire le visage au moins cent fois avec toutes les visites au spa qu’elle a gagnées au fil des années. En plus, avec Simon, le chum de ma mère, et son fils Julien, nous sommes allés à Walt Disney et avons mangé gratuitement au resto cent vingt-deux millions de fois. C’est sans compter les fameuses escapades familiales obligatoires dans les Laurentides qu’elle remporte régulièrement, qui finissent par m’énerver à la longue, car je dois endurer Julien, « mon petit frère qui est loin d’être mon petit frère » de huit ans. Il est dans ma vie depuis l’arrivée du super Simon, il y a de ça exactement quatre ans.

Même si elle me tape royalement sur les nerfs, je dois avouer que, cette fois, ma mère a visé dans le mille avec cette surprise. Je lui attribue cinquante points Aérocool ! Qu’est-ce que c’est, au juste ? Eh bien, c’est un genre de système de points que j’alloue aux gens qui m’ont fait plaisir ou qui m’ont apporté quelque chose de bon. Je suis alors plus disposée à leur rendre service en retour.

Bon ! Pour en revenir aux billets de spectacle, je dois avouer qu’ils sont devenus super pratiques pour elle : elle menace de me priver de cette sortie si je n’ai pas un « bon comportement », comme elle dit toujours !

— Arrête de te plaindre, Anne-Sophie, tu es super gâtée et, même si elle est un peu sévère, ta mère te donne plein de trucs tout le temps ! Tu as justement reçu le nouveau tome de la série Ouate de phoque ! hier. Je trouve que tu chiales pour rien, me dit Sandrine.

— Hé, tu arrêtes ou tu ne m’accompagnes pas au concert !

Sandrine est tête folle, un peu naïve et facilement impressionnable. J’adore l’avoir à mes côtés, ça rend ma vie plus agréable. Par contre, je n’ai pas besoin de ses commentaires inutiles en ce moment.

Il ne faudrait surtout pas que le reste de notre gang apprenne que c’est Sandrine qui vient avec moi demain. J’aurais sur le dos trois amies frustrées qui ne cesseraient de me reprocher mon manque de solidarité féminine. Les voici :

Johanie, c’est miss Parfaite. Madame est à la fine pointe de la mode, cherche constamment à charmer les plus beaux gars de l’école et donne son opinion sur tout sans savoir de quoi elle parle. En plus, elle veut tout le temps me prendre en défaut, par n’importe quel moyen.

C’est d’ailleurs à cause d’elle que j’ai été suspendue en juin passé, pour avoir été sur le dos de Véronique Lamarche. Elle s’est échappée devant le meilleur ami de son frère, qui est allé raconter les petites plaisanteries amusantes que j’ai fait subir à cette minable de Véro. En moins de deux, la rumeur s’est répandue et est arrivée à l’oreille d’un prof. Véronique a dû profiter de l’occasion pour vider son sac à la direction. Je me suis donc fait prendre officiellement. On m’a collé toute une conséquence. À cause de Jo (c’est le surnom de Johanie), qui a ouvert sa grande trappe, et de Véronique, qui en a beurré épais pour que je sois déclarée coupable, je n’ai pas pu participer à la compétition de cheerleaders de juin. Ma première suspension ! Cette année, je serai certainement plus discrète et personne ne pourra dire quoi que ce soit contre moi !

Ça peut paraître un peu bizarre, après tout ce que je viens de dire à son sujet, que Johanie reste une amie importante pour moi. Je sais, les filles sont un peu compliquées. Il y a toujours un niveau de bitchage à entretenir dans une gang. C’est difficile de comprendre l’amitié féminine, mais je pense que la nature est ainsi faite. Même si parfois nous parlons dans le dos les unes des autres, nos liens ne s’effritent pas. Nous restons unies malgré nos caractères différents ou nos gestes maladroits.

Il y a aussi Cassandra, qui est douce, gentille et qui ne veut jamais déplaire à personne. C’est souvent grâce à elle que nos chicanes de filles se règlent. J’ai parfois de la misère à l’envoyer promener parce qu’elle est trop fine et généreuse. Même son look rappelle son côté super aimable. Ses cheveux longs et frisés font l’envie de toutes les filles. Cass ne cherche jamais à épater les gens avec son style – jeans, t-shirts, chandails très simples –, quoique ses vêtements soient toujours de marques réputées : ses parents ont pas mal d’argent.

Je me sens un peu coupable de ne pas l’avoir choisie pour m’accompagner au spectacle de Katy Perry, mais disons que j’en devais une à Sandrine. Elle m’a tirée d’un mauvais pas, récemment. J’avais menti à ma mère à propos d’une sortie. Je devais étudier avec Sandrine quand les frères de Jo m’ont invitée à aller au parc avec eux. Même une folle n’aurait pas manqué cette occasion en or d’être vue avec des plus vieux.

J’ai donc fait semblant que je partais étudier chez Sandrine, comme c’était prévu. Évidemment, ma merveilleuse mère a décidé d’appeler chez elle. Sandrine (qui étudiait vraiment) a répondu. Tout de suite, elle a compris que ma policière de mère menait son enquête. Ma copine a prétexté que je me trouvais aux toilettes et a rassuré ma mère en lui disant que nos neurones étaient en pleine ébullition : on travaillait méga fort sur le travail d’histoire à remettre le lendemain.

Ça, c’était exactement le 18 mai de l’an passé. La semaine d’après, j’apprenais que ma mère avait gagné des billets pour le spectacle de Katy Perry qui aurait lieu le 20 août. J’ai donc décidé d’inviter Sandrine pour la remercier et je lui ai fait promettre de ne pas en parler aux autres filles de notre gang. Nous sommes aujourd’hui le 19 août et le temps semble s’être arrêté tellement j’ai hâte d’être au concert ! Complètement trop cool !

Bon ! Maintenant, Juliane. Ju est exactement à mon image. Pas physiquement mais sur le plan de sa personnalité. Compétitive, bonne à l’école, avec un super style et une attitude un peu arrogante avec ceux qui l’énervent. Je pense que c’est avec elle que j’ai la connexion la plus, genre, intime. Disons-le comme ça. Connexion intime. Je me croise les doigts pour qu’elle et moi, on se retrouve dans la même classe cette année. On est capables de faire des travaux d’équipe qui sortent de l’ordinaire, surtout pour les exposés oraux, qu’on adore.

Sandrine, je l’ai déjà dit, c’est mon amie naïve, innocente, qui fait tout pour nous plaire – surtout à moi. Elle est comme une espèce de mouton, toujours prête à rendre service. Malgré ça, c’est une jolie fille, avec ses longs cheveux foncés, son toupet bien droit et ses beaux yeux verts. Elle ne manque pas de charme. C’est drôle parce qu’elle est toute petite, mince, et son linge est mini. On la taquine un peu avec ça.

Et puis, il reste moi ! Il est évident que je n’aurai plus rien à cacher très bientôt. Ce sera facile de découvrir qui je suis. Alors, je n’en dis pas plus !

— Que prévois-tu mettre demain ? Ta robe bleue Roxy ?

Cette question est, selon moi, primordiale dans la phase de préparation d’une telle sortie.

— Je ne sais pas trop encore. J’ai pensé emprunter la jupe en jean de ma sœur. C’est une bonne idée ?

— C’est exactement ce que tu dois mettre ! Très bon choix !

La sœur de Sandrine est super cool ! Elle a du style et nous aide à choisir nos vêtements, nos coupes de cheveux et nous fait parfois des masques de beauté quand elle n’est pas avec son chum. Elle a maintenant dix-sept ans et rêve de devenir vétérinaire. J’avoue que j’aurais aimé avoir une sœur comme elle. Je suis plutôt prise avec Julien, un fatigant qui m’empêche d’utiliser l’ordinateur. Aussitôt que je veux aller sur Facebook, il se plaint que je monopolise Internet, et ma mère m’oblige à lui céder ma place. Ma vie serait sans doute plus intéressante avec une grande sœur de dix-sept ans qui connaît tout de la mode !

Après avoir reconduit Sandrine à la porte, je vais faire le tour de ma garde-robe et choisir le kit parfait pour demain. Ensuite, un peu de Facebook avec mes amies (si ma policière de mère me le permet), afin de connaître leurs plans pour les derniers jours de vacances. Je ne peux pas croire que je quitte le primaire en juin prochain seulement ! Je suis totalement tannée de me faire traiter comme un bébé. En plus, ça fait des années que je vois les mêmes visages, le même monde tout le temps. Encore quelques mois à fréquenter cette école, et le secondaire m’appartiendra.

Il est évident que je devrai dorénavant être très prudente si je veux me payer la tête de cette chère Véronique Lamarche. Ma mère ne me pardonnerait pas une autre suspension. De plus, si je me comporte correctement, j’aurai un cellulaire pour ma fête, le 10 novembre. Eh oui, j’ai le même signe astrologique que Katy Perry ! Scorpion ! Je dois avouer que j’ai moi-même une tête de star ! On me dit toujours que mes cheveux longs et ondulés sont d’une couleur à faire rêver n’importe quelle fille sur cette planète. Chaque fois que je vais au salon de coiffure, on me complimente à propos de ma tignasse rousse parsemée de mèches brunes, et tout ça, c’est totalement naturel ! J’aime aussi mes yeux qui, selon ce que je porte, varient du vert à la couleur pers. Un ton, disons-le, plutôt rare. Lorsque je m’amuse à mettre le mascara de maman, mon regard est aussi grand et intense que celui de Katy Perry !

Mais bon ! Pour en revenir à Véro, ce sera difficile de ne pas me moquer d’elle ! Elle est pathétique, cette fille. Tout le monde trouve ça drôle quand je m’en mêle. Grâce à elle, je suis devenue populaire ! Les autres aiment ça quand je ris d’elle ! Le but, par contre, c’est d’agir de façon stratégique. D’avoir des alliées secrètes, qui savent être discrètes. C’est tellement le fun de la voir perdre la face ! Ma suspension de juin en valait la peine, dans un sens.

Mercredi 21 août, 18 h 32

Le spectacle était hallucinant ! Katy Perry ? Totalement géniale ! J’ai pu voir toutes les robes et costumes de près : Sandrine et moi, on avait des places en avant. Wow ! Cette soirée sera gravée dans ma mémoire toute ma vie ! Il y avait beaucoup de monde, la musique était super forte, et les effets spéciaux en mettaient plein la vue ! Nous avions les chaperons les plus cool du monde : la sœur de Sandrine et son chum. Il était hors de question que ma mère nous laisse y aller seules. Par contre, j’avais son cellulaire. Je me sentais foule importante !

La seule chose dont je suis moins contente est que Sandrine, la tête de sardine, est allée mettre notre photo (elle et moi à côté de l’affiche de Katy) sur Facebook et a commenté : MERCI À ANNE-SO QUI A FAIT MA JOURNÉE, MA SEMAINE ET MA VIE ! ! ! UNE SOIRÉE EN COMPAGNIE DE KATY PERRY ! ! ! ! !

Je lui avais bien dit que ça devait rester secret, mais ça n’a pris que quelques heures et le monde entier était déjà informé de ce que nous avions fait.

Notre conversation Facebook :

Moi : Allo, la tête ! ! ! À quoi tu penses, de mettre ça sur ton mur ! ! ! ? ? ? ?

Sandrine : Oups ! J’avais complètement oublié que tu ne voulais pas que les filles le sachent !

Moi : Sandrine, merde ! Tu fais toujours le contraire de ce que je te dis ! T’es complètement pas là ! Sais-tu ce qui nous attend ? Mille reproches des filles de la gang !

Sandrine : N’importe quoi ! Elles seront contentes pour nous ! Va voir les commentaires qu’elles ont mis sous la photo et tu comprendras ! Elles pensent toutes qu’on est super chanceuses. C’est tout ! Ne capote pas avec des riens, So !

Moi : Je suis vraiment déçue de toi, mais je vais passer l’éponge. Tu auras le devoir de recoller les morceaux s’il y a de la chicane. C’est garanti !

Sandrine : Oui, oui ! Promis ! Relaxe avec ça !

Chapitre 2

Derniers moments de délices

Samedi 24 août, 13 h 20

Je commence à m’impatienter. Sandrine devrait se trouver ici depuis vingt minutes. Ce n’est pas dans ses habitudes, pourtant ! Elle n’arrive jamais en retard.

Notre plan pour la journée est assez intéressant ! Bikinis, serviettes et boissons fraîches pour le reste de l’après-midi. Il me faut un teint rayonnant pour la rentrée ! Tout devrait être parfait pour qu’on passe du bon temps. Maman est partie faire des courses et ne reviendra que pour le souper, Julien est chez un ami et Simon, parti au golf. Il