À propos de ce livre électronique
Je ne sais plus comment j’étais « avant » ... mais j’ai continué à danser ma vie à coups de pas chassés, grands écarts et ces pirouettes que tu aimes tant. J’ai développé une certaine dérision et trouvé cette force que je n’aurais jamais eue sans elle. D'ailleurs au lycée, t'aurais pas parié un dollar que j'étais malade ? Sache juste qu'elle a rendu ma vie EXTRA ordinaire.
Othilie Leblanc, nous dévoile, à travers son personnage principale, comment improviser sa vie, pour mieux la danser aux rythmes des humeurs de son affection. Un roman sans fard et léger, profondément vécu.
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Aperçu du livre
Danser les Maux - Othilie Leblanc
DANSER LES MAUX
Othilie Leblanc
Conception graphique : Agnès M. Photographiste
Photographie de couverture : © Nathalie Nidelet
© Othilie Leblanc, 2017
Tous droits réservés.
ISBN :978-1-973-40062-2
Toute ressemblance avec des personnes
ou des situations existantes,
ou ayant déjà existé, serait purement fortuite.
Pour vous.
« Il suffit d’un mouvement infime pour casser l’assurance
d’une certitude qui paraissait éternelle »
D. Froenkinos
Première partie
DANSER LA VIE
UN PRÉNOM POUR LA VIE
Je suis la surprise, ça, c’est en société… Tout le monde sait que je suis le fameux retour de couches qui de plus se fait attendre.
Nous résidons à Ouagadougou, en Haute-Volta. Tanguy, mon frère, d’un an mon aîné, est la petite merveille de la famille. Il a beaucoup d’allure, porte bien la toilette, très intelligent puisque ses yeux sont très vifs. Tanguy est surtout l’héritier de notre grande famille, nous ne sommes pas n’importe qui : les Saint Laurent de La Broissure, une des plus notoires familles françaises. L’avantage en Haute-Volta, personne ne nous connaît.
Grand-père et Grand-mère ont fait le déplacement pour le « grand évènement » qu’est ma petite venue, mais vu mon retard, leurs billets d’avion arrivent à expiration. Grand-mère le répète avec toute sa délicatesse « On sera venu pour rien ». Awa, notre nounou, est officiellement en congé aujourd’hui, comme maman, elle ne supporte plus Grand-mère. Alors, ce matin, Grand-père et Grand-mère gardent le merveilleux Tanguy. Maman en a profité pour aller au Rolande Garros Club, manger avec ses copines. C’est à la première gorgée de bière que maman perd les eaux : j’arrive enfin ! Je suis une fille, le fameux choix du roi, ainsi tout le monde est heureux ! Dans la chambre de la clinique, on est en famille avec les copains du Rolande Garros Club et un petit cafard qui court le long de mon berceau, ça c’est le petit truc rigolo de ma naissance. Par contre, même si le temps ne manquait pas, je n’ai pas de prénom. Alors, papa et maman font des listes, en faisant plaisir à tout le monde, respecter leur religion, enlever les non grata, etc. Les docteurs et les infirmières y vont de leurs expériences en matière de prénoms de petites blanches. Au bout de trois jours, c’est fait : Euphémie, Philomène, Awa, Anne et Mary (papa a insisté sur son côté « américain » pour Mary et non Marie). Il n’y a plus qu’à trouver le bon ordre et choisir le prénom officiel. Mais quelque chose manque, un prénom qui me correspond, comme s’ils avaient déjà cerné mon caractère.
Cet après-midi, coup de fil de Tantie (la sœur de Grand-mère) qui nous propose un prénom, elle est en Italie avec une amie qui s’appelle « Constantia ». Papa et maman trouvent le prénom « Constantia » doux, élégant, sage, c’est le bon ! Grand-mère nous rappelle discrètement qu’un prénom italien, ça fait « drôle » pour des Français et nous ne sommes pas n’importe qui ! Alors, de « Constantia » je passe à Constance. Maman insiste pour mettre Anne ou Mary devant Anne-Constance.
C’est finalement Tanguy, la petite merveille qui décide de mon prénom d’un simple hochement de tête. Je m’appelle Anne-Constance, Mary-Awa, Philomène, Euphémie Saint Laurent de La Broissure, née en Haute-Volta à Ouagadougou, il y a trois jours, entre midi et deux heures.
Suite à un coup d’État, le président non élu décrète que le pays s’appellera désormais, le Burkina Faso et plus Haute-Volta. Le Burkina Faso plonge dans la guerre civile, nous décidons dès lors de quitter le pays. Problème, il faut refaire tous mes papiers administratifs pour que je sorte du pays aussi. Les parents s’arment de patience : ma clinique a brûlé, un tiret a disparu dans mon prénom « Mary-Awa » entre mon passeport et ma carte de séjour, ça freine le protocole, certainement la mise en bouche de mon chemin de vie.
LA MAISON OÙ J’AI GRANDI
À vrai dire, nous n’avons pas LA maison où nous avons grandi avec Tanguy, nous sommes communément appelés « enfants d’expatriés », nous vivons à l’étranger et changeons de pays et donc de maison au gré des mutations du travail des parents. Nous faisons partie de ces personnes qui, à la question « D’où venez-vous ? », répondent par « Heu… ». La France est le pays où nous passons nos grandes vacances.
Aujourd’hui, la nouvelle mutation de papa est tombée : la Côte d’Ivoire. Avec Tanguy, on n’est pas vraiment emballé, on se faisait bien à Damas. Les seuls avantages, Awa qui était au Burkina Faso nous rejoint à Abidjan et nous retrouvons l’Afrique de l’Ouest !
Nous arrivons à Abidjan, deux semaines avant la rentrée scolaire, pour nous faire à notre nouveau chez nous et visiter notre nouveau lycée. Étonnant, Abidjan est une capitale bien plus petite que Damas, mais compte deux lycées français, ce qui est rare à l’étranger.
Vu que nous changeons souvent de maison, maman tient absolument à ce que notre déco ne change pas elle, histoire de se sentir toujours « chez nous », pour que nous ne soyons pas traumatisés par tous ces déménagements. Alors, même si l’on est de grands ados, nous avons toujours nos draps, rideaux Laura Ashly… D’ailleurs Awa a fait des commentaires sur notre éternelle déco, à 16 et 17 ans, les petites fleurs roses et les avions, ça ne fait pas vraiment « ado ». Notre nouveau chez nous est immense autant la maison que le jardin sans oublier la piscine, tout cela nous promet de grandes soirées avec nos futurs copains.
Au lycée français d’Abidjan, je suis inscrite en seconde, Tanguy est en première scientifique, je l’appelle « la Science », il sait tout sur tout, avec son air arrogant. Je suis loin d’être une science, je fais partie de ceux qui ont pour éternel commentaire sur leur bulletin scolaire « peut mieux faire/se repose sur ses lauriers ».
La sonnerie retentit et officialise la rentrée des classes, c’est parti pour une nouvelle aventure ! Je trouve facilement ma salle de classe et me précipite au fond de la classe, pas parce que cette élève inconnue me fait de grands signes, mais parce que c’est MA place dans toutes les écoles. Alors, je m’assieds à côté d’elle, sa tête me dit quelque chose :
— On était ensemble au lycée français de Hanoï, je m’appelle Agnès, tu te rappelles ?
— Ah oui, tu disais que j’étais le sosie de la petite fille dans « Les triplés » avec un nom de bourge. Enchantée tout de même, tu me laisses ta place à la fenêtre ?
— Pas de problème, la petite bourge bon chic bon genre.
On rit, mon look bon chic bon genre n’a pas changé en dix ans. Agnès, elle est très à la mode et connaît tout le monde au lycée, elle est cool.
Au lycée, on s’adapte très vite, Tanguy est LE beau gosse du lycée : grand blond, le teint doré à souhait et des yeux « couleur océan » comme le disent mes copines. Même si nous faisons partie de la même fratrie, je suis « la petite mignonne de la seconde C ». Agnès devient très vite mon amie. On passe notre temps à papoter, rire et sortir, on apprend grâce à de bonnes fréquentations à faire le mur. Vu que mon visage promet la sagesse, les parents ne se doutent pas que leure petite sort en semaine sans son grand frère.
En Côte d’Ivoire, nous n’échappons pas à la messe dominicale imposée, peu importe le pays, la langue et notre âge… Alors, tous les dimanches je prie Dieu pour que les parents ne me surprennent dans mes sorties nocturnes clandestines.
Noël arrive vite, j’ai une chaîne Hi-Fi dernier cri, Tanguy a une console de jeux. Je prête souvent ma chaîne Hi-Fi quand Tanguy reçoit sa bande de copains, mais le partage est aux abonnés absents de son caractère : je n’ai pas le droit de jouer à sa console, puisque « trop jeune ». Étonnamment, aujourd’hui Tanguy m’offre cinq minutes (montre en main) pour jouer à son nouveau jeu vidéo : Sonic. Mais Sonic va trop vite, son nom ne fait que se répéter dans ma tête : Sonic, Sonic, Sonic, So, So, So... Je tente de l’expulser de mon cerveau, à défaut, sans savoir comment, ni pourquoi, je l’éjecte contre le mur. Je m’excuse auprès de Tanguy, même si je ne comprends pas d’où me vient une telle force, moi qui suis incapable de lancer une balle au tennis. Je tente de lui expliquer : « Tanguy, je ne comprends pas, je te jure, je ne l’ai pas fait exprès ». Stupéfaction, Tanguy me demande si je vais bien et essaie de trouver une idée pour que je ne sois pas trop punie : « MAMAN ! Anne-Constance a cassé ma console soi-disant sans faire exprès ! » : je suis punie légèrement, puisqu’à la question de maman « Enfin, Anne-Constance ! Pourquoi tu as fait ça ? », ni Tanguy « la Science », ni moi ne pouvons répondre quelque chose de crédible.
Après deux semaines d’interdiction de sorties, on a l’autorisation d’aller dormir tous les deux chez des copains de bonne fréquentation. Bien évidemment, leurs parents seront là pour nous surveiller. Ça, c’est la version officielle, on leur a surtout fait un concert de pipeau. Ce soir est notre grand soir ! Papa et maman nous déposent devant le portail de nos copains « bonne fréquentation ». Heureusement, les parents ne s’attardent pas, ils sont en retard à un cocktail et n’ont pas le temps de discuter avec les parents de notre hôte. Tanguy, de son côté, prend un taxi pour aller à sa soirée « cool ». Après son départ, j’entre dans la maison de mes copains que Tanguy appelle « la bande des ringards », où nous sommes une dizaine à faire la fête et dormir sur place sans aucun adulte. Je retrouve Agnès et c’est parti pour la soirée du siècle ! C’est la fête, on danse, on chante, on fume, on boit un peu. Quand le « DJ » autoproclamé lance de la techno, avec Agnès, on abandonne la piste et l’on s’incruste en cachette dans la salle de bain de la mère de notre hôte. Nous sommes émerveillées par tous ces produits de beauté, alors, on se maquille pour faire nos « grandes ». Dans le reflet du miroir, nous avons l’air de péripatéticiennes débutantes. Une idée de génie me passe par la tête en voyant le parfum Coco Chanel, Coco Chanel ne peut que me rendre distinguée !
COCO CHANEL
Coco Chanel, c’est la dernière image dont je me souviens. Le sol est dur, j’ai mal, mon entre-jambe est mouillé, la notion de temps m’échappe, on me parle trop fort, je ne comprends rien, je suis perdue… Où je suis, je ne sais pas, excepté par terre, il y a du bruit, je distingue des ombres qui bougent, je suis confuse… Enfin, je remonte à la surface de ma vie, ce sont des gens autour de moi qui me demandent combien j’ai de doigts, je commence à me souvenir : cinq, mais je n’ai pas la force de leur dire, les questions s’enchaînent trop vite pour m’y focaliser. À la question « quel est ton prénom ? » là, je me souviens ! Seul un « Annnn » sort de ma bouche, ma langue s’est coupée, il y a du sang dans ma bouche, pourquoi ? Face à la douleur, je déclare forfait à leurs questions. Je réalise que ces gens sont mes amis, il fait jour, je ne me suis tout de même pas endormie par terre ?!
Je devine Tanguy et les parents, comment se fait-il qu’ils soient là ? Je n’arrive même pas à rassembler mes idées, j’ai mal. Je me force à être éveillée, comme en cours, mes paupières luttent pour manifester ma présence, mais je suis vidée. Papa et Tanguy m’aident à me relever pour marcher jusqu’à la voiture… Je me demande pourquoi maman n’est pas avec papa à l’avant, ils se sont fâchés ? Je suis troublée, fait rarissime : personne ne parle. Quelqu’un a dû mourir dans la famille, alors je ne dis rien.
Mais personne n’est mort, notre pédiatre nous apprend que je suis alcoolique, si ça, ce n’est pas la classe à seize ans surtout pour une Saint Laurent de La Broissure et summum, devant les parents ! Elle nous conseille tout de même d’aller à l’hôpital, où mon « alcoolisme » est écarté. Nous voilà en famille dans le cabinet d’un docteur, il parle de tumeur au cerveau, d’accident vasculaire cérébral, rupture d’anévrisme, hémorragie cérébrale et autres noms que je ne comprends pas mis à part tumeur, c’est assez connu, à vrai dire je ne sais même pas ce que c’est. Je ne pose pas de questions, le docteur me prie de faire quelques pas, de le regarder dans les yeux, suivre ses doigts, etc. Il s’appelle « Neurologue », c’est original comme nom, c’est bien la seule chose qui m’interpelle.
Un infirmier m’emmène dans une salle, on m’aide à enlever mon T-shirt, on me patche le cœur avec des fils reliés à une machine. Je suis à moitié nue dans cette salle devant quatre personnes, pourquoi ? Monsieur Neurologue entre, hors de lui : « j’ai dit électroencéphalogramme, PAS électrocardiogramme ! » encore des mots que je ne connais pas. Il faut que je change de pièce, on m’aide à me rhabiller (je n’ai plus de force) et l’on m’emmène dans une autre salle. Là, on étale une sorte de pâte à sel sur mon crâne, on y accroche des fils connectés à une machine. On me dit de me concentrer, de bien suivre ce que dit Monsieur Neurologue : « Fermez, ouvrez les yeux, respirez, non pas comme ça ! », on m’envoie des clignotements de lumière et deuxième mot de la journée : « STOP ! », mais il faut continuer. Je n’ai pas le choix « c’est pour votre bien », pourquoi me fait-il mal, je souffre déjà ? Il examine les résultats de cet électro... quelque chose, Monsieur Neurologue parle sérieusement, dans un vocabulaire que je ne saisis pas. Monsieur Neurologue prend une grosse voix « Il faut faire une IRM et il n’y en a pas à Abidjan ». Voilà, ce que j’entends, mais son langage m’est totalement étranger.
Je me réveille, on est déjà lundi ! Je ne suis pas au lycée, c’est pas génial, je vais louper le devoir de français. Awa est dans ma chambre, elle me garde comme quand j’étais petite. Tanguy, lui est au lycée. Je me lève et retombe sur le lit, ça tourne… Punaise, j’ai vraiment trop bu ? Je préfère rester au lit, ma tête me fait encore mal. Je demande à Awa ce qu’il se passe :
— C’est ta tête, ma chérie, elle est peut-être malade, tu pars demain avec madame au pays.
— Ma tête est malade ?
— Ils ne savent pas ce que tu as, ils ne parlent même plus, sauf au téléphone.
Tanguy rentre du lycée avec un air que je ne lui connais pas : bienveillant !
— Awa m’a dit que je partais demain à Clermont parce qu’il y a un truc qui ne va pas dans ma tête ?
— On ne sait pas Anne-Constance.
Il m’explique qu’il a fait une enquête auprès de mes copains qui étaient à la soirée, pour comprendre ce qu’il s’est passé pour être dans cet état. Je le remercie, puisque tout le lycée sait, désormais, que j’ai pris une cuite et que j’ai menti aux parents. Étonnement, il m’apprend que je n’ai pas pris une cuite, j’ai bu deux bières… Papa et maman arrivent, on est en famille dans ma chambre, on improvise une « réunion au sommet les enfants ! » (c’est notre grand truc, quand il y a de grandes annonces), Tanguy nous développe ses informations recueillies au lycée, papa
