Jamais deux sans trois !

Par Michèle Hénen

Est-ce normal d’avoir des parents follement amoureux ? Depuis que papa et maman se sont réconciliés, ils n’arrêtent pas de s’embrasser. Beurk ! Et, pendant ce temps, Arnaud mène mon amie Josie par le bout du nez. Re-beurk ! Même mon gros chien Mouffe n’est plus lui-même. Au secours !!!

C’est bientôt le party d’Halloween, la soirée préférée de Galli et de sa best. Tout est parfait… jusqu’à ce qu’un conflit vienne compromettre leur amitié, qu’elles croyaient pourtant indestructible. Pas facile, la vie d’ado ! Mais Galli passe du désespoir à la surprise quand elle découvre une petite chienne en détresse. Elle risque alors le tout pour le tout pour la sauver !

Comme si ce n’était pas assez, les inscriptions au fameux concours pour les jeunes auteurs-compositeurs-interprètes ont débuté, et l’adolescente est convaincue que son copain Yannick aurait des chances de gagner et… de devenir une vedette. Malheureusement, Mégane semble le penser aussi, car elle ne le lâche plus !

Avec l’aide de sa pierre magique, Galli pourra-t-elle résoudre ses problèmes et, du même coup, influencer le destin ?

• Langue: Français
• Éditeur: De Mortagne
• Date de sortie: 27 févr. 2019
• ISBN: 9782896629343

Michèle Hénen

Native de la région de Montréal, Michèle Hénen grandit en écoutant son père lui raconter des histoires fascinantes, qu’il invente de toutes pièces. Bédéiste et artiste aux multiples talents, il lui transmet le goût des livres et des belles images. Sa mère, férue de français, lui inculque l’importance du vocabulaire et de l’orthographe. Michèle, qui adore écrire et dessiner, suit finalement les traces de son père et embrasse une carrière en communications graphiques. Elle est conceptrice visuelle, puis directrice artistique en agence, où elle cogite des idées pour des campagnes de publicité. En travaillant en équipe avec des rédacteurs, sa passion pour les mots bien choisis se développe. Un jour, elle ressent le besoin de parler aux adolescents, afin de leur rappeler que la vie est magique. Elle laisse alors libre cours à son imaginaire et se lance dans la rédaction de son premier roman jeunesse, À deux, c’est mieux ! L’expérience est passionnante, et le succès qui en découle lui confirme qu’elle a choisi la bonne voie.

Aperçu du livre

aimer.

1

Wouhouhou ! J’adore ma nouvelle vie !

Pour ceux qui ne me connaissent pas (c’est presque incroyable, mais ça se peut ! Hi ! Hi ! Hi !), je m’appelle Galli Martin et j’ai quatorze ans et demi. Je sais, mon prénom est poche, mais il a au moins le mérite d’être original.

J’ai un chien que j’adore (Mouffe) ; un chum super chouette (Yannick) ; une meilleure amie géniale (Josie) et… une pierre magique (Bleue). Oui ! Oui ! Sans blague ! Je possède un talisman aux pouvoirs surnaturels – enfin, c’est ce que je crois, même si je n’en ai jamais eu la preuve irréfutable. N’empêche, quand je formule un souhait, Bleue (ma pierre) semble le réaliser… mais pas toujours comme je le voudrais. Disons que j’ai eu quelques mauvaises expériences, c’est pourquoi je l’utilise avec beaucoup de prudence.

Côté famille, une grande sœur « parfaite », entendez par là : athlétique, intelligente et belle ! Des parents un peu compliqués – ils ont vécu séparés pendant plus de cinq mois et ç’a été l’enfer ! Heureusement, grâce à mes conseils (oui, je suis trop hot !), ils se sont réconciliés. C’est certain que j’ai aussi demandé à Bleue de les aider… alors le mérite ne me revient pas entièrement… ben, je pense.

J’allais presque oublier Valérie ! Comment dire… Val est la bonne amie de mon chum et nouvellement la mienne. On apprend à se connaître, et même si ça frôlait souvent la catastrophe au début, c’est cent mille fois mieux qu’il y a quelques mois, quand nous étions des ennemies jurées ! Qui aurait cru nous voir rigoler ensemble un jour ?

2

— C’est bientôt l’Halloween !!!

— Ouiiiiii ! répond Josie en déposant son sac à lunch dans sa case. As-tu pensé à ton costume ?

— Non, pas encore. J’ai cherché, mais je ne trouve rien d’assez original.

— Moi, je crois que je vais me déguiser en bac de recyclage.

Je pouffe de rire. Avouez que ma best est vraiment trop drôle !

— Wow ! Ça, c’est… différent ! Mais ce n’est pas un peu bizarre ?

— C’est pour sensibiliser les gens à l’importance de faire leur part pour l’environnement.

Sacrée Josie ! Toujours prête à militer pour une cause.

— Tant qu’à revêtir un costume, continue-t-elle, aussi bien faire réfléchir… Galli, tu pourrais te déguiser en ours polaire ? À cause du réchauffement climatique.

— Pourquoi pas en iceberg, tant qu’à me couvrir de ridicule ?

— Salut, miss Galli ! Salut, Jo ! nous interrompt Yannick, mon amoureux.

Il m’embrasse dans le cou avant de me prendre par la taille pour me serrer contre lui.

— Viens-tu me voir jouer au football, ce soir ? me demande-t-il.

— Bien sûr, quelle question !

— Arnaud et moi aussi, ajoute Josie.

Arnaud est le petit copain de ma meilleure amie. Ils sortent ensemble depuis la fin du mois de juin. C’est un gars sympathique qui adore faire des blagues, mais je trouve qu’il est un peu possessif vis-à-vis de Josie. Pour vous donner un exemple : il n’aime pas nos sorties entre filles. Il me semble que ce n’est pas normal… Yan n’a aucun problème quand je vois Josie ou Val et que je ne l’invite pas. Si vous voulez mon avis, Arnaud est jaloux. D’ailleurs, j’ai lu dernièrement dans mon magazine de filles qu’un garçon possessif, ça peut devenir… pas reposant, si vous voyez ce que je veux dire. La jalousie qu’éprouve une personne peut, à la longue, la rendre agressive ! Je sais, c’est épeurant ! C’est pour cette raison que je garde Arnaud à l’œil. Je tiens à ma best, moi !

— Super ! On se voit à midi, lance Yan avant de se diriger vers sa case.

Je le regarde s’éloigner en me disant que je suis la fille la plus chanceuse de la terre entière, car mon chum me fait confiance, lui !

Arnaud, qui arrive peu après, interroge Josie en faisant une drôle de face :

— T’as un nouveau t-shirt ?

— Oui, tu l’aimes ?

— Non, il est trop moulant.

Ben là !!!

— Euh ! répond mon amie, qui semble interloquée. Ben, le tissu est élastique, mais… je ne trouvais pas que…

— Viens, Jo, on va être en retard !

Je me suis exclamée afin d’éviter la honte à ma best. Tu parles d’un truc à dire ! Il se prend pour qui, sa mère ?!? Je suis fâchée et Josie est rouge comme une tomate ! Ce n’est pas cool de la part d’Arnaud de critiquer la tenue de sa blonde, surtout que son chandail est loin d’être serré. Ce n’est pas comme si elle était en maillot de bain, franchement !

— Tu le trouves osé, mon chandail, Galli ? m’interroge-t-elle quand nous sommes plus loin.

— Pas du tout ! Je ne comprends pas ton chum. IL EXAGÈRE !

Josie ne m’a pas répondu, mais elle a gardé ses cahiers serrés contre sa poitrine tout l’avant-midi.

On s’est retrouvés à l’heure du lunch avec le reste de la bande : Valérie, Yannick, Maude, Mike et – hélas ! – Arnaud.

On a toujours beaucoup de plaisir ensemble, sauf quand Valérie pique une crise. Et ça lui arrive encore quelques fois. Mais, comme je sais bien qu’elle a vécu un traumatisme (quand sa mère est décédée), je suis plus compréhensive. Enfin, j’essaie.

Nous mangeons dehors, il fait super beau et assez doux pour un 9 octobre. On rigole en parlant de tout et de rien lorsque Valérie s’adresse à moi :

— On cherche de nouvelles recrues pour être cheerleader. Ça te tente ?

— Pouahaha ! Elle est bonne, celle-là. Tu me vois avec des pompons ? Non, merci. De toute façon, j’aurais l’air du vilain petit canard à côté de vous.

— T’exagères, intervient Josie, pourquoi dis-tu ça ?

— Parce que je suis trop gaffeuse et que je me retrouverais par terre à la moindre steppette.

— C’est sûr ! renchérit Maude avant de croquer dans sa pomme. Jo, tu te rappelles quand on a essayé le hip-hop et que Galli est tombée sur le derrière ? Ha ! Ha ! Ha ! Et aussi quand…

Je lui coupe la parole. Personne n’a besoin d’en savoir plus.

— OK, on a compris !

— T’es trop cute, miss la gaffe, rigole Yan en me donnant un bisou.

Ouin… bien cute, que je pense, sarcastique.

— Et vous deux ? continue Val en s’adressant à Josie et à Maude.

— Ce n’est vraiment pas le genre de Jo, réplique Arnaud avant que ma best ait le temps d’ouvrir la bouche.

Wouah ! Mais que se passe-t-il avec lui, aujourd’hui ? Il est pire que d’habitude. Je lance un regard à Josie, qui semble aussi surprise que moi, mais elle ne dit pas un mot.

Sans se rendre compte de l’embarras de mon amie, Maude ajoute :

— Cheerleader ? Pour se dandiner devant tout le monde ? Non, merci ! C’est bien trop superficiel…

Elle arrête de parler net en voyant l’expression mécontente de Valérie.

— Euh ! Excuse-moi, Val… je parle… euh ! Pour moi, je veux dire… ce n’est pas…, bafouille-t-elle en tentant de se rattraper.

— Ça va, la coupe la principale intéressée, j’ai compris !

Oups ! Valérie n’a pas apprécié le commentaire de notre amie, et ça paraît. Maude me jette un regard désemparé et je lui fais un sourire que j’espère rassurant.

Personne n’aime quand Val est fâchée !

Après l’école, je me rends chez Josie. Nous avons un travail d’équipe à finir. C’est super chouette parce qu’on a plein de cours ensemble, cette année ! Je n’en ai plus avec Yan, par contre, et ça, c’est plate ! Mais comme ma sœur Karine me l’a fait remarquer, puisqu’on sort ensemble, ce n’est pas la fin du monde ! Et ça me permet de mieux me concentrer pendant mes cours.

Après avoir terminé notre devoir, on s’installe sur le tapis de sa chambre pour jouer avec son chat. Je profite de ce moment pour lui parler de l’attitude d’Arnaud.

— Ton chum a été… genre… un peu poche aujourd’hui, non ?

— Pourquoi dis-tu ça ? répond mon amie, sur la défensive.

Hum… Comment lui expliquer que je trouve son chum pas… normal ?

— Ben je ne sais pas, mais il avait l’air un peu… hum… contrôlant.

— Il n’est PAS contrôlant, tu sauras. Il tient à moi, c’est tout.

Je regarde Josie, estomaquée. Elle qui, d’ordinaire, est si indépendante… C’est très étrange qu’elle accepte un tel comportement. Même s’il est son copain, ça ne lui donne pas le droit d’être comme ça, il me semble.

Je décide de ne pas pousser plus loin la discussion. Je ne veux surtout pas la brusquer.

En souhaitant que son chum change d’attitude !!!

Je reviens chez moi deux heures plus tard. Mes parents sont dans la cuisine en train de préparer le souper. Depuis qu’ils se sont réconciliés, ils font plein de choses ensemble. Ils sont souvent pris de fous rires, ils se bécotent et sont collés l’un sur l’autre. Je trouve ça chouette (sauf de les voir s’embrasser, beurk !), mais bizarre en même temps. Ils agissent comme des ados !

Après le repas, je rejoins ma best et son chum pour aller au terrain de football. Arnaud est un vrai maniaque de ce sport, même s’il n’y joue pas. En chemin, il fait des blagues. Normalement, je le trouve vraiment drôle, mais ce soir, ce n’est pas pareil. Je le vois différemment. J’ignore pourquoi, mais j’ai un mauvais pressentiment…

Une fois là-bas, je les laisse s’installer et me dirige vers les joueurs. Je donne toujours un baiser à mon amoureux avant ses matchs, pour lui porter chance. C’est une tradition !

Valérie vient vers moi, resplendissante dans son costume vert et or.

— Salut, Gallili !

Elle m’appelle comme ça, maintenant. Je trouve que ce qualificatif sonne un peu bébé, mais je le préfère nettement à Goulue – le surnom super poche qu’elle utilisait pour m’humilier devant tout le monde quand nous étions ennemies !

— Salut, Val.

— Es-tu certaine que tu ne veux pas réfléchir à ma proposition ? Être cheerleader, c’est vraiment cool.

— Cer-tai-ne ! Mais c’est gentil de penser à moi.

Je lui fais un sourire avant de monter dans les gradins pour rejoindre Josie.

La partie commence. L’équipe adverse est forte, mais Yan est en feu ! C’est le meilleur, et je ne dis pas ça parce que c’est mon copain ; il est vraiment doué. Après un match enlevant, nos Dragons remportent la victoire. Wouhouhou !

Pour fêter ça, nous allons manger une frite tous ensemble. Malheureusement, Arnaud ne veut pas se joindre au groupe et il entraîne Jo avec lui. Zut ! Ma best ne finira pas la soirée avec nous. Arnaud a le don de tout gâcher, ces temps-ci !

Dans le noir total, j’entends Josie qui m’appelle. Impossible de la localiser. Ça me stresse, car je sens la peur dans sa voix.

— Jo, t’es où ? que je crie.

— Je suis ici !

Je cherche à tâtons quand je vois deux billes bleues briller dans le noir. Le gnome de mes rêves – celui qui m’a donné mon talisman – est là.

— Baco ! Aide-moi, je n’y vois rien.

— Tu ne vois pas, mais bientôt, tout s’éclairera. Prends soin de ton amie, elle a besoin de toi.

Le jappement de Mouffe me tire brusquement de mon sommeil. Quel rêve étrange ! Un regard vers mon réveille-matin m’indique qu’il est presque l’heure de me lever. Je soupire en déposant les orteils sur le plancher. J’aurais aimé dormir davantage !

Après m’être douchée et habillée, je descends les marches, suivie de mon gros Mouffe que je sors dans la cour arrière. Depuis que mon père a installé une clôture, je n’ai plus besoin d’attacher mon chien. C’est vraiment super ! En plus du gazon, il a maintenant un beau patio en bois pour se prélasser.

Dans la cuisine, papa est en train de verser une tasse de café à maman.

— Bonjour, ma belle, me dit-il.

— Tu as bien dormi ? me demande ma mère, tout sourire, avant de se pencher vers papa pour l’embrasser tendrement.

Beurk ! Pourquoi font-ils ça devant moi ? Je veux bien qu’ils s’aiiiiment, mais ils pourraient réserver ça pour l’intimité. Ce sont MES parents, quand même !!!

— Salut, tout le monde !

Karine met les pieds dans la cuisine alors que je continue de me questionner sur la normalité d’avoir des parents follement amoureux.

Elle est resplendissante, comme toujours. Ma sœur a hérité des meilleurs atouts physiques de maman, en plus du côté athlétique de papa. Elle a tout pour elle, sauf… un merveilleux chum comme mon Yan ! Je me demande si elle sortira un jour avec Nathan, qui joue, lui aussi, dans l’équipe des Dragons, et qui a un gros kick sur elle…

En mangeant mes céréales, je réalise que Mouffe est encore dehors. Avant, quand je l’attachais à la corde, il jappait toujours pour rentrer, mais depuis qu’il peut se promener à sa guise, il semble moins pressé de mettre les pattes dans la maison.

J’ouvre la porte en le cherchant du regard. Pas de Mouffe en vue ! Après plusieurs appels, il apparaît – enfin – à gauche du patio.

— Tu faisais quoi ? Tu n’as pas faim, mon gros ? que je lance, un peu inquiète, en le laissant passer.

Heureusement, il n’hésite pas une seconde avant de sauter sur sa gamelle. Fiouuu ! Il n’est pas malade, au moins !

Après avoir terminé mon déjeuner, je salue mes parents et me