Romantique Il n’est jamais trop tard…
Iuliette.
La maison croule sous les décorations et les stupides banderoles où il est inscrit : « Joyeux anniversaire de mariage ! »
Je n’ai pas eu le courage de dire à ma fille Ninon que je n’avais aucun désir de faire la fête et de célébrer ces trente ans d’une union dans laquelle je m’ennuie chaque jour un peu plus.
Oh, Antoine n’est pas un mauvais bougre, c’est même un mari en or. Il est gentil, serviable, mais le train-train du quotidien a effiloché les sentiments. J’ai de la tendresse pour lui, peut-être même que je l’aime encore mais, alors que j’ai des envies d’ailleurs, de voyager au bout du monde, Antoine ne pense qu’à son jardin, à sa maison et déclare que l’on n’est jamais mieux que chez soi. Son côté pantouflard m’exaspère. Il m’irrite à ne pas comprendre que la vieillesse qui se profile m’angoisse. Je ressens un besoin impérieux de sortir de la routine, de me sentir vivre. Le temps a passé depuis ce jour où nous avons lié nos destinées. Je n’ai pas été malheureuse. Je serais malhonnête d’affirmer cela. J’ai toujours eu ce que je voulais, Antoine est très généreux. Pourtant j’ai l’impression que des deux, je suis la seule à avoir changé, à avoir évolué. Lui est resté fidèle à lui-même et, inexorablement, nos caractères se sont éloignés. Je ne suis plus la femme qu’il a épousée par une belle journée de juillet. L’été, cette année-là, était magnifique et j’étais une jeune mariée très amoureuse, infiniment heureuse d’épouser son prince charmant. J’étais naïve et bien trop romantique. La faute à mes lectures de romans à l’eau de rose dans lesquels, jamais, on n’évoquait l’usure de la passion.
Antoine.
Ninon s’échine à faire de notre anniversaire de mariage une fête inoubliable. Je suis ravi, c’est une occasion de revoir tous nos amis et la famille au grand complet. Il faut profiter des moments que la vie nous offre parce que, parfois, il arrive que tout bascule en un instant et il est alors trop tard pour les regrets. C’est ce que j’ai essayé
