Rutabaga la sorcière: Le sortilège d'Amédée

Par Fanny Le Rouhet

Que faire quand un poil de renard vous empoisonne la vie en restant collé sur votre langue, et vous fait rater les sortilèges les plus simples parce que vous zozotez ? Rutabaga est bien décidée à régler le problème une fois pour toutes ! Son cousin Achillius, quant à lui, voudrait se débarrasser de la grosse oreille rose plantée sur son crâne. Les deux sorciers devront se lancer dans une aventure aussi folle que dangereuse pour atteindre leur but.
Mais y parviendront-ils ?

• Langue: Français
• Éditeur: Books on Demand
• Date de sortie: 24 janv. 2020
• ISBN: 9782322175949

Fanny Le Rouhet

Fanny Le Rouhet a décidé de poser ses valises à Marseille, sa ville natale, après vingt-cinq ans passés au nord de la Loire. Elle écrit des mini-romans humoristiques pour les grands de 7 à 777 ans. Ses univers sont peuplés de personnages insolites : une sorcière qui zozote ou une voiture née en 1912 qui raconte ses mémoires. Elle illustre également des albums à partir de 3 ans en mélangeant différentes techniques comme l'acrylique, le collage ou les crayons de couleur. Auteure-illustratrice, artiste-plasticienne, elle anime régulièrement des ateliers artistiques autour du livre.

Aperçu du livre

zozoter…

CHAPITRE 1

— Ze n’y arrive pas ! Ze n’y arrive pas ! Laissez-moi entrer !

— Ce n’est pourtant pas compliqué. Il suffit juste de dire Jujuba Otetoidla, et la porte s’ouvre. Fais un effort !

— Zuzuba Otetoidla ! Zuzuba…

— Dommage. Une autre fois peut-être. Tu comprends bien que je ne peux pas te laisser passer si tu es incapable de prononcer le sortilège correctement. Il y a des règles à respecter quand même ! Va vite te trouver un autre abri, j’ai l’impression que l’orage redouble. Ah ! Oui ! J’oubliais. La nuit va bientôt tomber et il paraît qu’il y a des requins-dragons dans les parages. Fais attention à toi ! Au revoir Rutabaga !

Amédée le Chauve referme la petite ouverture grillagée aménagée au milieu de l’énorme porte en bois du château. Rutabaga a beau tambouriner, crier, hurler ; il ne revient pas, englouti dans les profondeurs du manoir. Elle est toute seule au milieu de la tempête qui se déchaîne. Soudain, un froissement d’ailes immenses la fait se retourner. À travers le rideau de pluie, deux yeux rouges la regardent fixement.

— Ahhhh !

Son cri se perd dans les bourrasques de vent tandis qu’elle descend à une vitesse vertigineuse en piqué sur son balai. Mais où trouver refuge ? Soudain un éclair illumine la nuit. Une ouverture apparaît au milieu des rochers, juste un peu plus bas.

— Sauvée !

Rutabaga s’engouffre dans cette cachette miraculeuse en espérant que ce ne soit pas la grotte d’un dragon, d’un crapaud géant ou d’une autre créature terrifiante. Elle atterrit brutalement sur le sol et se cogne la tête sur un rocher mis là exprès pour lui faire du mal.

— Aïe !

La sorcière frotte son crâne endolori, regarde autour d’elle, stupéfaite. Ce n’est pas la caverne d’un dragon mais sa chambre ! Personne ne la poursuit, son oncle Amédée n’est pas là. Tout ça n’était qu’un cauchemar.

— Quel horrible rêve ! Tout avait l’air si réel. Mais les requins-dragons, ça n’existe pas ! Et ce château non plus.

Se remémorer à voix haute ses aventures la rassure.

— Ze suis tombée de mon lit et z’ai drôlement mal à la tête, nom d’une salamandre !

Le réveil-citrouille sur la table de nuit indique quatre heures et demie. Bien trop tôt pour se lever ! Rutabaga grimpe dans son lit mais ne se rendort qu’au petit matin hantée par les visions de son oncle Amédée chevauchant un dragon-requin aux yeux de feu.

CHAPITRE 2

Un roulement de tonnerre la réveille en sursaut. Quelques secondes lui suffisent pour réaliser qu’elle se trouve en sécurité, bien au sec dans sa chambre. Après une vérification rapide, aucun requin-dragon (même si cet animal n’existe pas) ne se cache sous son lit. On ne sait jamais dans le monde des sorciers ! À part de gros flocons de poussière, tout paraît normal.

— Nom d’un crapaud baveux ! Il pleut encore !

La pluie résonne sur le toit de la maison-citrouille.

— Plic ! Ploc ! PLOC !

Une énorme goutte d’eau s’écrase sur le bout de son nez.

— Super la zournée ! Il va falloir que ze monte sur le toit pour réparer la fuite.

Alors qu’elle commence à se préparer, Rutabaga s’arrête net. Quel sortilège utiliser pour boucher le trou ? Son cauchemar lui revient soudain en mémoire. Le sort ne doit en aucun cas contenir la syllabe je ou ge, impossible à prononcer. Sinon cela ne fonctionnera pas ! Un regard par la fenêtre lui suffit pour constater que l’averse s’est transformée en déluge. Bientôt sa maison va disparaître sous ces cataractes d’eau, et pourrait même être détruite. Où habiter ? À Marseille chez sa cousine Léonida ? Sûrement pas ! C’est une bien trop grande ville. Alors que son esprit imagine des scénarios de plus en plus invraisemblables (obligée de vivre sous terre car sa maison est engloutie dans un gigantesque cratère creusé par la pluie) :

— PLOC ! PLOC ! PLOC !

Le rythme s’accélère, comme les battements de son cœur. Vite ! Vite ! Il faut trouver quelque chose. Tous les sortilèges qui lui viennent en tête contiennent la syllabe maudite !

- Parapluie géant !

- Protègedepluie !

- Jeudepluiefini !

— Zut à la fin !