Découvrez des millions d'e-books, de livres audio et bien plus encore avec un essai gratuit

Seulement $11.99/mois après la période d'essai. Annulez à tout moment.

ScanLine
ScanLine
ScanLine
Livre électronique346 pages5 heures

ScanLine

Évaluation : 0 sur 5 étoiles

()

Lire l'aperçu

À propos de ce livre électronique

Regardez votre main. Ne contient-elle pas un
plan? Les lignes, que signifient-elles?
David Modragne, jeune prodige doté d'un esprit
scientifique hors du commun, tente d'élucider le mystère entourant les lignes de la main. Guidé par sa curiosité, David conçoit ScanLine, une application si parfaite qu'elle est capable de prédire le futur. Mais comment interpréter les secrets que ScanLine révèlent? Connaître le futur donne-t-il le droit d'essayer de changer le destin?
David tentera par tous les moyens de tirer profit de l'information qui se trouve au creux des mains.
Magistrale interrogation sur le sens de la vie, ce roman est un fascinant mariage entre la
philosophie, la science et l'éthique. Aux frontières de la science-fiction et de la réalité, cette découverte sonde l'avenir, pour le meilleur… et pour le pire.
LangueFrançais
Date de sortie18 déc. 2017
ISBN9782924782057
ScanLine
Auteur

François Noël

Persuadé qu'il est impossible d'échapper au destin, François Noël se lance dans l'écriture de son premier roman. Il nous livre ici une histoire des plus vraisemblables puisque la technologie est à notre portée pour décrypter le secret de nos chemins de vie. ScanLine saura vous intriguer. Aucun doute : vous voudrez lire votre propre destin! François Noël est d'une créativité débordante. Agent de développement dans une commission scolaire de Québec, il est l'auteur de plusieurs guides pédagogiques. l'auteur de plusieurs guides pédagogiques.

Auteurs associés

Lié à ScanLine

Livres électroniques liés

Fiction générale pour vous

Voir plus

Articles associés

Catégories liées

Avis sur ScanLine

Évaluation : 0 sur 5 étoiles
0 évaluation

0 notation0 avis

Qu'avez-vous pensé ?

Appuyer pour évaluer

L'avis doit comporter au moins 10 mots

    Aperçu du livre

    ScanLine - François Noël

    soi

    1

    L’étonnement

    La ligne de cœur

    Elle donne des informations sur l’état du cœur,

    en tant qu’organe, ainsi que sur la vie amoureuse.

    Elle est située sous les doigts, perpendiculaire à ceux-ci.

    David vient de franchir une étape. Il a réussi ses cinq premières années d’école. Et l’an prochain, avec des notes semblables, il pourra demander une place dans une école secondaire de son choix où il pourra s’épanouir pleinement.

    – Félicitations, mon gars! Je suis fier de toi! Et tu peux être fier de toi! Maintenant, c’est le temps de célébrer ce passage par…

    Robert sort de sa poche le dépliant publicitaire d’une agence de voyages. Il le remet à David qui le consulte fébrilement. Il a toujours rêvé de faire un voyage, un vrai. Bien sûr, les vacances sur la plage, dans des parcs nationaux pittoresques, et les nombreux séjours dans des parcs aventures l’ont ravi. Mais il a parcouru nombre de fois l’atlas géographique à la recherche de contrées lointaines, pour voir des paysages différents. De longues recherches sur Internet l’ont porté vers différents continents, mais toujours il revenait sur l’Europe.

    – Dix jours en France… Visitez Florence… Toute la Grèce en quinze jours… La Côte d’Azur et Cannes… Westminster et Londres… Mais?… Wow, c’est vrai maman?!

    – Qu’y a-t-il de vrai?

    De toutes les destinations présentées dans le dépliant, une seule était encerclée avec quelques notes en marge. Une seule: une croisière sur le Danube!

    – Papa, c’est vrai?!

    – Oui, mon homme, tu as bien lu. Nous partons pour l’Europe, tu en as tellement parlé. Et quoi de mieux pour visiter plusieurs pays qu’une balade sur le Danube, ce fleuve majestueux qui traverse dix pays? Nous partons dans deux semaines, ce qui nous laisse un peu de temps pour connaître l’itinéraire. Des moments libres de quelques heures sont prévus dans chaque port. Il faudra donc choisir les bonnes activités afin de maximiser notre temps de visite. Bien sûr, il faudra aussi s’accorder des périodes de repos. Regarde le bateau, il est grand, n’est-ce pas? J’ai demandé le plan du bateau à l’agent de voyages. Regarde! Nous aurons notre cabine juste là, avec une grande fenêtre pour voir le plus de paysages possibles. Et voilà le pont, nous pourrons nous étendre pour relaxer durant le trajet.

    Robert sort alors les cartes géographiques pour présenter l’itinéraire à David. Marie et lui ont convenu que David ferait les recherches afin de trouver ce qu’il aimerait visiter à chaque escale.

    – Ce sera toi notre capitaine, notre guide touristique. C’est une excellente idée que ta mère a eue de te confier la préparation des activités à chaque escale. Voici le trajet: départ de Budapest jusqu’à Strasbourg, la fin de la croisière. Amuse-toi! Moi, je dois aller au bureau, mais, à mon retour, je veux que tu me présentes une partie de notre voyage.

    – Moi, je vais en profiter pour aller méditer un peu; il y a déjà quelques jours que je ne me suis pas arrêtée: le tour des agences de voyages m’a un peu étourdie.

    Marie pratique la méditation depuis son tout jeune âge. Elle a découvert cette technique lors du passage d’un moine bouddhiste dans un atelier scolaire alors qu’elle n’avait que dix ans. Elle a été subjuguée par la vibration qui est sorti du corps du moine lorsqu’il a expulsé le son primordial AUM. Une révélation! Depuis, elle a suivi nombre de programmes de formation pour atteindre des niveaux de transcendance très élevés.

    David se met tout de suite au travail: un voyage, ça se prépare.

    D’abord, il dresse une liste des points à vérifier:

    •les pays visités,

    •les capitales des pays,

    •la langue parlée à chaque endroit,

    •les principales formules de civilité à apprendre,

    •les villes où ils feront escale,

    •les cinq principaux attraits touristiques de chaque ville,

    •les règles de conduite à respecter.

    Il est prêt à commencer. On l’entend même faire le trajet à haute voix.

    – Budapest, quatre premiers jours. Arrivée par avion la veille à 10 h le matin. Excellent! Nous aurons dormi un peu dans l’avion. Le temps d’aller à l’hôtel se reposer un peu… hmm! L’après-midi, on pourra faire une excursion à pied. Qu’est-ce que nous pourrions voir?… Tiens, le parc municipal avec le Musée des beaux-arts. Rester au parc ou, si nous ne sommes pas trop fatigués, une visite du musée. Je note…

    Tout l’après-midi, David consulte les nombreux sites Internet qui lui indiquent les attraits touristiques de chaque escale. Il a hâte de présenter le tout à ses parents. Quand il redescend de sa chambre, il va retrouver sa mère à la cuisine.

    Jó estét, maman!

    – Pardon?

    – Ça veut dire bonsoir en hongrois. J’ai sorti quelques mots que nous devrions apprendre pour notre séjour à Budapest. Savais-tu que Budapest est en réalité la fusion de deux villes: Buda et Pest? Comme cela fait près de 150 ans que les deux villes sont fusionnées, personne n’y prête attention, mais les Hongrois, eux, le savent très bien.

    – Bonsoir tout le monde! lance Robert à son retour du bureau.

    Jó estét! répondent en chœur Marie et David.

    – Qu’est-ce que c’est? De l’allemand?

    – Non, c’est du hongrois. C’est moi qui l’ai appris à maman tout à l’heure. Comme nous passerons quelques jours à Budapest, je voulais que nous apprenions quelques mots pour au moins dire bonjour et merci aux gens de la place.

    – Et comment dit-on merci?

    Köszönöm szépen. Merci beaucoup. Ça se prononce comme ça: keuceuneum sépenne.

    – Wow, tu es devenu polyglotte!

    – Polyglotte?

    – Ça veut dire que tu connais plusieurs langues! Alors, cet itinéraire, ça avance?

    – Il y a beaucoup de choses à voir, à apprendre, et il faut choisir parmi des centaines de monuments, des dizaines d’attraits touristiques et des vues imprenables sur le Danube. Et je n’en suis qu’à Budapest. Il me reste Vienne, Francfort, Strasbourg et plusieurs autres villes. Ce sera un voyage fantastique!

    David serre ses deux parents dans ses bras pour les remercier du cadeau qu’ils lui offrent.

    ***

    L’heure du départ a sonné. Toutes les valises sont prêtes, la maison est fébrile. Robert vérifie la présence des documents importants: passeports, billets d’avion et de croisière, réservations d’hôtel, etc. Marie veille à ce que les valises soient bien identifiées, que les bagages à main ne contiennent pas d’objets interdits à l’embarquement; ce serait dommage d’être retardés pour n’avoir pas respecté les règles de l’aéroport.

    – Maman? C’est vrai que nous prenons un Boeing 747?

    – Oui, mon chéri! Tu sais que c’est le deuxième avion au monde par la grosseur?

    – Oui, nous serons plus de 400 personnes à bord. C’est comme si toute mon école embarquait dans un même avion!

    – Tout est prêt? Allons-y! Le taxi nous attend à la porte.

    Marie trouve que c’est une excellente idée d’avoir demandé un taxi. De cette façon, ils n’ont pas besoin de se préoccuper de l’auto et les zones réservées pour le transport en commun accélèrent leur arrivée à l’aéroport.

    Rendus à l’aérogare et après les formalités douanières, les trois voyageurs prennent place dans la zone d’attente de leur vol. Soudain, l’appel retentit, priant les passagers en partance pour Budapest de se diriger vers la porte d’embarquement A2.

    – C’est pour nous! Dis donc, l’enregistrement c’est quelque chose! Heureusement que nous étions arrivés assez tôt!

    – Maman, pourquoi l’agent a-t-il vérifié nos sacs à main?

    – Il voulait s’assurer que nous n’avions pas de liquides, d’objets tranchants ou d’autres objets pouvant représenter un danger pour les autres passagers.

    – Mais qui pourrait en vouloir aux autres passagers?

    – Des gens qui veulent du mal à notre pays ou à des organisations. Ce sont des terroristes. Ils se font un malin plaisir de déjouer les zones de sécurité pour y pénétrer avec des objets dangereux.

    – David, viens voir par la fenêtre, on voit notre avion!

    – Wow! Papa, il est immense!

    «Les passagers des rangées 36 à 26 sont priés de se présenter à l’embarquement.»

    – C’est maintenant à nous d’embarquer!

    – Passeport et carte d’embarquement, je vous prie!… Merci!… David Modragne! C’est ton premier vol?

    – Oui, Madame! J’ai tellement hâte!

    – Je te souhaite un bon voyage!

    – Merci!

    David étant le dernier à présenter sa carte d’embarquement, les trois voyageurs se dirigent vers la passerelle.

    – Bonjour, puis-je voir votre carte d’embarquement?… Merci!… Siège 28A. Prenez la rangée de gauche.

    – Papa, penses-tu qu’on pourrait voir la cabine de pilotage?

    – Non, je ne crois pas. Si tout le monde faisait cette demande, nous ne partirions jamais. Mais tu as vu toutes les photos sur Internet, non?

    – Oui, mais ce n’est pas comme de le voir en vrai!

    – En plus, il y a toujours un encart dans le magazine déposé à notre siège qui donne des détails sur l’avion.

    Le trio se dirige vers ses sièges et range les bagages à main dans le compartiment supérieur, puis chacun prend sa place.

    – Papa! Il y a un minitéléviseur devant chacun de nos sièges! Est-ce qu’on pourra écouter un film?

    – Si tu le veux. L’agent de bord nous donnera des écouteurs tout à l’heure pour que tu puisses le suivre dans la langue que tu veux. Peut-être ont-ils une version hongroise!

    – Papa! Tu sais que je ne parle pas le hongrois!

    – Quand même! Tu connais beaucoup de mots et même un peu d’allemand, d’après ce que maman m’a dit.

    – David et moi avons pratiqué quelques mots. Nicht wahr, David?

    Ja, mutti!

    – Wow! Je suis heureux d’avoir deux interprètes avec moi. Je n’aurai pas de problème pour obtenir de l’information pendant notre voyage!

    Tous se mettent à rire. David est si content d’être enfin dans l’avion. Il lève la tête pour regarder en arrière, se place debout pour voir devant: il y a des gens partout. Déjà, quelques-uns se sont installés pour sommeiller, d’autres parcourent un livre, les autres lisent un magazine. Certains semblent nerveux et ne tiennent pas en place, vérifiant et revérifiant si tous leurs bagages sont vraiment bien rangés.

    – Bonjour, ici l’agent de bord Cindy Paslinger. Notre équipe vous souhaite la bienvenue à bord. Voici maintenant les instructions de sécurité.

    David écoute attentivement les instructions et suit les gestes de l’agent de bord. Il identifie tous les éléments à sa portée, l’emplacement du masque, de la ceinture de sauvetage et des sorties de secours. Bien qu’excité, il est un peu nerveux et prend la main de sa mère. Robert le regarde et lui met la main sur l’épaule pour le rassurer.

    «Bonjour et bienvenue sur le vol 456 de la compagnie American Airlines. Je suis le commandant de bord Peter Kowalski. Nous nous dirigeons vers Budapest, sans escale. Nous volerons à une altitude de 10 000 mètres. La météo nous indique un peu de turbulences à prévoir au-dessus de l’Atlantique; je vous aviserai le temps venu. Nous vous remercions d’avoir choisi American Airlines et nous espérons que vous apprécierez ce vol.»

    – Ça doit être super de piloter un avion de cette grosseur!

    – Il faut des années d’entraînement. Ça va, toi?

    – Oui, maman. J’ai juste hâte de sentir le décollage!

    – Voilà, nous empruntons la voie qui va nous conduire au début de notre piste pour le décollage. Es-tu prêt, David?

    – Oui, oui! fait David, un peu nerveux.

    Les moteurs s’activent, l’avion prend de la vitesse. Par le hublot, David voit défiler les nombreuses lumières en marge de la piste. Il sent que la vitesse le fait caler dans son siège. Tout à coup, plus de friction, et la piste s’éloigne subitement.

    – Huh! C’est ça, un décollage? On ne voit déjà plus qu’un grand champ de petites maisons… Je m’énervais pour rien!

    – Et à l’atterrissage, c’est l’inverse. Les maisons se rapprochent, les édifices grossissent et la piste grandit. C’est une autre sensation que de se retrouver sur le plancher des vaches après quelques heures de vol. Tu verras!

    Après un vol de plusieurs heures, mais sans encombre, Robert voit l’aéroport au loin. C’est à ce moment que la voix de l’agent de bord se fait entendre.

    «Attention! Attention! Nous amorcerons notre descente vers Budapest dans quelques instants. Nous vous prions de regagner vos sièges et de boucler votre ceinture de sécurité jusqu’à ce que l’avion soit arrêté au quai de débarquement.»

    David sommeillait déjà depuis un bon bout de temps. Après avoir écouté un film, il s’était appuyé la tête sur l’épaule de son père.

    – David! David! Réveille-toi! On va atterrir bientôt! Regarde par le hublot, on voit des paysages au loin!

    – Ah oui! Est-ce que j’ai dormi longtemps?

    – Après ton film, tu as commencé à somnoler. C’est normal! Tu sais qu’à notre heure, il est trois heures du matin. C’est pour cela que tu t’es endormi. À Budapest, il est dix heures du matin comme prévu selon le plan de vol.

    – Regarde, plus on approche, plus le paysage se précise. On voit le Danube!

    – Il n’est pas très large, dis donc! s’étonne Marie.

    – Mais il est très long. Tu sais, de la frontière franco-allemande jusqu’à la mer Noire, c’est l’un des plus longs fleuves du monde.

    Après avoir récupéré leurs bagages, ils embarquent dans la navette qui les mène à leur hôtel.

    – Enfin, à l’hôtel! Ce n’est pas trop tôt! Je suis vraiment fatiguée!

    – Est-ce que tu veux te reposer pendant que David et moi allons explorer les alentours?

    – Vous n’êtes pas fatigués, vous deux?

    – Moi maman, j’ai dormi, tu sais.

    – Et moi, les longs parcours m’empêchent de dormir et la fatigue ne vient qu’après quelques heures.

    – Alors, allez-y, je ne peux pas vous suivre! Laissez-moi au moins trois heures et revenez me chercher pour aller manger.

    – D’accord, ma chérie. Viens, David! Allons voir le parc dont tu m’as parlé.

    – Bonne idée, papa!

    Au parc, il règne une ambiance magique: une fête foraine est en cours et David voit pour la première fois des Tsiganes.

    – Qui sont ces gens, papa? Ils sont habillés différemment de nous.

    – Je crois que ce sont des Tsiganes. Ces gens sont des nomades et se promènent de ville en ville. Ils ont toutes sortes de talents. Beaucoup sont acrobates, musiciens et certains peuvent même prédire l’avenir. On dit qu’ils sont capables de jeter des sorts!

    – Comme des sorcières?

    – Oui, mais ce sont des légendes. Viens, allons voir par là, il semble y avoir des jeux d’adresse: tu pourras me montrer ce que tu sais faire!

    American, English, Francèse?

    Une vieille femme interpelle David. Robert, amusé, l’accompagne vers elle.

    – Donne main! Voir futur!

    – Allez David, jouons le jeu et écoutons cette vieille dame nous raconter notre avenir! dit Robert avec un air de dépit, bien qu’intrigué de savoir ce que la vieille dame lui dira.

    – Oh! Jeune homme talent… grande intelligence… découvertes… hmm! malheur dame… maladie, pas bon… Ah! belle jeune fille… grand voyage… beaucoup voyages… musique… chance, un peu… argent, oui…

    – À moi maintenant! dit Robert en tendant sa main à la vieille dame.

    – Hmm! Voyage… toujours voyage… amour, passion… rupture… non, mort…

    – Allez, c’est fini, allons-nous en David, dit Robert en retirant sa main de celle de la vieille dame.

    – Mais papa!

    Robert tend deux pièces à la vieille dame, l’air contrarié.

    – Tu sembles choqué, papa. Qu’y a-t-il?

    – Ce n’est rien! Pourquoi écouter ces balivernes? Allons nous amuser comme nous devions le faire au début.

    Tout l’après-midi, ils circulent librement dans le parc, s’arrêtant de temps à autre pour admirer le paysage, les habitants de la ville et leurs habitudes. Ils reviennent à l’hôtel voir Marie. En les voyant entrer dans la chambre, Marie a un sursaut.

    – C’est vous déjà!? Quelle heure est-il? dit-elle en s’assoyant dans le lit.

    – Il est plus de 4 h de l’après-midi. As-tu bien dormi, mon amour?

    Robert s’assied près d’elle pour la prendre dans ses bras. Il la serre très fort et l’embrasse doucement. David observe la scène et trouve anormal que son père démontre autant de tendresse alors qu’il vient à peine de quitter sa mère quelques heures auparavant. Lors de ses longs séjours à l’extérieur de la maison, il ne paraissait pas aussi tendre et affectueux. C’était sans doute l’effet des vacances.

    – As-tu faim? Veux-tu aller prendre un peu l’air avant d’aller manger? Tu dois avoir soif?

    – Non, non, ça va. Et vous, qu’avez-vous fait pendant tout ce temps? Où êtes-vous allés?

    – Nous sommes allés dans un parc et il y avait des Tsiganes, une fête foraine. Une vieille dame…

    – David, ça va, ça va! Laisse maman se lever doucement, nous lui raconterons notre excursion plus tard.

    David est surpris d’être coupé subitement par son père, alors qu’à l’habitude il lui laisse raconter tout en détail.

    ***

    Le soir venu, après avoir savouré un bon repas dans le restaurant de l’hôtel, les trois remontent à la chambre. Préparation du lit, douche, brossage des dents. Demain, une grande journée de visite les attend: randonnée à pied pour voir les principaux attraits de la ville.

    De son lit, David peut voir la lumière de la lune. Cette nuit est claire et la lune resplendit parfaitement jusqu’à son lit. Il n’a pas sommeil. Il regarde sa main et se remémore ce que la vieille dame lui a dit. Il refait exactement le même parcours que la dame en répétant tout bas chacun des passages. Sur la grande ligne au milieu de la main, elle lui a dit «grande intelligence, beaucoup de talents». En faisant circuler son doigt crochu de haut en bas de la main, «chance, non», la ligne du haut sous les doigts, «belle jeune fille», la ligne en plein centre, «découvertes, voyages». Ensuite, elle a pris la main de son père. David se souvient que la ligne sous les doigts de la main de son père était coupée en deux et que la vieille dame lui a dit «amour, passion, rupture, non, mort». Tout ça l’intrigue au plus haut point, mais la fatigue le gagne et il tombe endormi.

    ***

    Le voyage se déroule comme prévu. Après quatre jours à Budapest, la croisière s’amorce le long du fleuve.

    – Ah! C’est la vraie vie! Il y a longtemps que je rêvais de me faire chauffer au soleil! Pourquoi ne l’avons-nous pas fait avant?

    – Tu as raison, ma chérie, on ne devrait pas se priver de telles douceurs! Est-ce que je t’ai dit aujourd’hui combien je t’aime?

    – Robert! Tu me l’as dit au réveil, au petit-déjeuner et, il n’y a pas une heure, tu m’embrassais comme à nos premiers jours ensemble! Je te retrouve amoureux comme jamais! J’adore le Danube!

    David est sur le pont supérieur et contemple les rivages qui lui montrent de nouveaux paysages. Parfois, il reconnaît certains édifices dont il a vu la photographie sur Internet. Il a le cœur joyeux et pense aux prochaines destinations: Vienne, Melk, Passau, Ratisbonne, et les autres. Des images plein la tête, il se laisse bercer par les reflets du soleil dans l’eau et les moutons blancs que fait le bateau en fendant l’eau.

    Puis, on arrive à Mühlhausen: moins agréable à cause de la pluie. Nuremberg: pleine d’histoire, le célèbre procès sur lequel il a fait beaucoup de recherches avec son père. Bamberg: petite ville, mais quelle splendeur architecturale! Particulièrement l’ancienne mairie construite sur une île. Quelle drôle d’idée, pense-t-il en la voyant. Ensuite, Rothenbourg, Kitzingen. Kitzingen est fort intéressante: la tour au clocheton incliné construite, selon la légende, par des ouvriers qui avaient remplacé l’eau par du vin pour s’abreuver durant la construction. C’est ce qui expliquerait le toit courbé! De plus, le cimetière de la ville abrite, toujours selon une légende, la tombe de Vlad Dracula, le célèbre comte vampire.

    La croisière se poursuit: Wurtzbourg, Wertheim, Miltenberg et Francfort, la Manhattan de l’Europe. David est impressionné par l’image féérique de Francfort en soirée, toute illuminée et se reflétant dans l’eau. On dirait vraiment une reproduction de Manhattan avec ses nombreux gratte-ciel!

    Mayence et, enfin, Strasbourg. La Petite France ébahit David et ses parents. Les canaux, les petits ponts, les maisons typiques, l’horloge et la cathédrale Notre-Dame. Ils s’y attardent pendant des heures pour contempler les centaines de figurines sculptées. Plus de 150 ans pour la construire! Jamais David n’a été aussi impressionné par un édifice. Et il en a vu beaucoup pendant le voyage. À la Grande Braderie, des centaines de marchands de toutes sortes offrent leur marchandise; un immense marché est installé à ciel ouvert. Le soir venu, des feux d’artifice concluent la fête.

    ***

    – Alors David, prêt pour le décollage? Pourrons-nous seulement décoller? Avec tous les souvenirs que tu as en tête, il me semble que l’avion est trop lourd tout à coup!

    – Papa! Arrête tes blagues! J’ai vraiment beaucoup de souvenirs en tête, c’est vrai. Mais j’ai aussi hâte de sentir le décollage de l’avion. J’aime mieux décoller qu’atterrir. On dirait que c’est nous qui sommes l’avion et on se sent plus léger.

    – Maman, tu peux me prêter l’appareil photo pour que je regarde toutes les photos depuis notre départ jusqu’à aujourd’hui?

    – Tu en auras certainement pour tout le vol! Tu as pris tellement de photos que la carte mémoire est presque pleine!

    David regarde une à une les photos: la vieille dame, qu’il avait revue en revisitant Budapest, les nombreuses cathédrales d’une ville à l’autre, les écureuils dans le parc à Francfort et les nombreux rivages: David aurait pu reconstituer toute la longueur du Danube en juxtaposant toutes les photos prises… ou presque.

    2

    Le premier test

    La ligne de chance

    Elle définit l’accomplissement personnel,

    les facultés artistiques et le sens de l’esthétique.

    Elle est au centre de la main et en continuité avec l’annulaire.

    Dès le lendemain de son retour de voyage, David montre à Jonathan de nombreuses photos prises en Europe. Il lui fait remarquer que le Danube n’est pas très large, mais combien il est long! Il lui récite le nom des villes visitées parmi des milliers qui se sont construites tout le long de son cours.

    – Est-ce qu’il vous est arrivé des aventures? demande Jonathan.

    – Tout s’est bien déroulé. Mais la vieille dame dans le parc à Budapest nous a surpris; surtout mon père, qui en était choqué.

    – Qu’est-ce qu’elle lui a fait?

    – Elle a commencé à lire dans les lignes de sa main.

    – Et il était choqué pourquoi?

    – Elle a pris sa main… Tiens, donne-moi la tienne… Tu vois cette ligne sous tes doigts et qui traverse ta main? Elle est différente de la mienne et de celle de mon père. On dirait que nous avons tous des lignes tracées différemment.

    – Et ton père?

    – Bien, la vieille dame parcourait les lignes de sa main et elle a prononcé les mots suivants: rupture, non, mort. Mon père a retiré sa main immédiatement, a refilé deux pièces à la dame et nous nous sommes éloignés d’elle. Il ne m’a jamais dit pourquoi il était choqué.

    – Et à toi, elle a dit quoi?

    – À moi, elle a dit «jeune homme intelligent», dit David en reprenant maladroitement l’accent de la vieille Tsigane.

    Les deux pouffent de rire et David poursuit le récit de ses souvenirs de voyage en montrant des photos à l’aide de son appareil mobile.

    Après l’école, David revient à la maison et s’installe avec son ordinateur portatif pour se connecter à Internet. Il entreprend une recherche sur la signification des lignes de la main. Méthodique, il commence par apprendre le nom des lignes principales.

    ***

    David a toujours été doué pour apprendre rapidement. Lors de son cinquième anniversaire, ses parents lui ont offert un cube de différentes couleurs. Étonné, il a demandé ce que c’était.

    C’est un Cube Rubik! répond sa mère.

    Un cube quoi?

    Rubik! C’est le nom du monsieur qui l’a inventé!

    C’est décoratif! Il n’y a que des petits cubes de couleur semblable d’une face à l’autre du cube!

    Marie mélange les faces de différentes couleurs et lui explique que le jeu consiste à remettre le cube de sorte que toutes les faces n’ont qu’une seule couleur: les petits cubes rouges, tous ensemble sur une face, les bleus, sur une autre face et ainsi de suite.

    Et c’est censé être un jeu?

    Quand tu en auras envie, tu essaieras de le reconstituer comme je te l’ai dit. Tu ne verras pas le temps passer! Si tu désespères de réussir à reconstituer les couleurs, je te donnerai quelques trucs. Maintenant, il faudrait ramasser un peu tout ce fouillis! Dis, Robert, tu veux m’aider?

    Pendant que Marie et Robert rangent l’essentiel dans le salon, d’autres invités s’affairent à préparer en secret le gâteau de fête. Comme David est mordu des histoires de Foni, le gâteau a été tracé à l’image du petit lutin. Les bougies étant déjà disposées, on les allume et le signal est donné pour fermer les lumières afin d’entonner le chant traditionnel soulignant le passage d’une autre année.

    Bonne fête David! Bonne f

    Et c’est quoi la suite qui devrait m’amuser? dit David en présentant à ses parents le Cube Rubik complètement reconstitué.

    Mais David, comment as-tu fait? Tu as remis le cube comme il était en moins de cinq minutes! C’est impossible!

    Au début, j’avais un peu de difficulté, mais c’est facile: il suffit de faire une couche à la fois. Je crois même que grand-père, qui n’a pas toute sa vue, pourrait le réussir lui aussi!

    Robert, j’ai des frissons!

    Robert rappelle à Marie que David les surprendra toujours. Très jeune, il savait déjà lire de courtes histoires et il pouvait écrire plus de mots que des élèves de deux ans plus âgés que lui! Il déclare que, sans lui imposer quoi que ce soit, il faudra qu’ils s’occupent de nourrir son esprit et de l’aider à profiter de son talent.

    Dites, Marie et Robert, n’êtes-vous pas étonnés de la performance du petit? demandent des amis assistant à la fête. Le Cube Rubik, c’est quand même pratiquement impossible pour qui n’utilise pas l’une des techniques développées par les

    Vous aimez cet aperçu ?
    Page 1 sur 1