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Portraits de La Havane: La Havane par ceux qui y vivent !
Portraits de La Havane: La Havane par ceux qui y vivent !
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Livre électronique425 pages4 heures

Portraits de La Havane: La Havane par ceux qui y vivent !

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À propos de ce livre électronique

Découvrez La Havane à travers les yeux de ses habitants

Tel Hemingway, parcourez les rues de La Havane à travers les pages de ce livre qui vous transporte depuis le Malecón jusqu’aux forteresses à l’entrée de la baie. Port anachronique, où l’architecture coloniale côtoie les cinémas des années 50 et les vieilles voitures américaines, La Havane étonne et séduit. Vous y ferez, en tournant ces pages, des rencontres extraordinaires. Celle de Manuel, par exemple, un médecin qui croit en la gratuité des soins pour tous ; celle de Maria, pratiquante de la santería, la religion la plus répandue à Cuba ; celle, encore, d’artistes, comme Yunier ou Idania, qui osent lancer des messages forts dans leurs œuvres. Dans Portraits de La Havane, vous visiterez la ville aux côtés de ses habitants qui partageront leurs adresses préférées et leurs bons plans (plus de 250 adresses commentées par leurs habitués).
Entre les lignes de leurs histoires, vous découvrirez une capitale contrastée, mélange de couleurs, de cultures et d’époques. Vivre ma ville est une collection qui vous embarque à la découverte d’une ville à travers l’histoire de ceux qui y habitent. Avec Portraits de La Havane, emparez-vous des clés de la capitale cubaine.

Un guide à plusieurs voix rempli d'adresses utiles !

À PROPOS DE LA COLLECTION « VIVRE MA VILLE »

Vivre ma ville, ce sont des livres de voyage avec supplément d'âme. Ils donnent les clés, les conseils, les bonnes adresses, grâce à l'expérience de ceux qui vivent sur place, là où les autres guides se contentent d'auteurs professionnels de passage. Ils offrent aussi des histoires, une chair littéraire par les interviews-portraits d'une dizaine de personnes qui présentent leur lieu de vie. Chaque portrait est un roman. Chaque portrait a un enjeu : comprendre le choix de cette vie-là. Chaque portrait permet aussi au lecteur de s'identifier, et donc de choisir ses destinations en fonction de ses affinités, en fonction du personnage qui résonne le plus en lui.

LES ÉDITIONS HIKARI

Hikari Éditions est un éditeur indépendant, dédié à la découverte du monde. Il a été fondé par des journalistes et des auteurs vivant à l'étranger, de l'Asie à l'Amérique du Sud, souhaitant partager leur expérience et leurs histoires au-delà des médias traditionnels.
LangueFrançais
Date de sortie21 août 2017
ISBN9782367741161
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    Aperçu du livre

    Portraits de La Havane - Valérie Collet

    subjectivité.

    « Je suis arrivé à La Havane pour travailler comme biologiste, en 1989. J’avais une trentaine d’années, mes diplômes en poche et, derrière moi, une enfance à Camagüey – où je suis né –, des études en ex-Union soviétique et quelques années d’expérience professionnelle.

    J’ai toujours aimé la biologie, depuis le collège. À l’époque, on pouvait aller faire ses études à l’étranger et l’idée me fascinait. Il fallait avoir de bonnes notes et être une « bonne » personne, bien sous tous rapports – on le vérifiait car, en tant que représentant de ton pays, il ne s’agissait pas de donner une mauvaise image ! On examinait aussi ta famille. Ma mère travaillait à la gare routière, mon père dans un dépôt de pièces de rechange pour autobus. Ils ont été considérés comme de bons révolutionnaires. J’ai donc suivi une année préparatoire où on étudiait le russe et toutes les matières en russe. Et je suis parti. J’avais 18 ans.

    Quand je suis arrivé en URSS, j’ai eu tout de suite une très bonne impression, je me suis senti très bien ; à y repenser, ce sont les meilleures années de ma vie. Nous étions tout un petit groupe dont ma future fiancée qui n’était alors qu’une copine et qui, par la suite, est devenue ma femme et la mère de mon fils. Dire que le climat nous a surpris ? En fait, nous nous y sommes vite habitués. Les Russes, eux, nous prenaient pour des fous, parce qu’on ne s’habillait pas comme eux : ils étaient bien couverts, bien au chaud, tandis que nous, les Cubains, nous nous promenions habillés léger. Mais on n’est jamais tombés malades.

    Pourtant, nous avons vécu le vrai froid, à Lipetsk comme à Kiev. Un jour, on m’a invité à une expédition à 25 kilomètres du pôle Nord, au mois de février. Parfois, il faisait -40 ou -50 °C la journée, de -60 à -65 °C la nuit. Ouille !! Mais j’aime bien le froid, j’aime bien la neige, c’est joli ! L’époque était différente. On nous payait tout pour faire des études. On avait un petit salaire qui était plus que suffisant pour manger, pour rigoler aussi un peu et acheter de petites choses. Au début, c’était un peu difficile de suivre les cours. Mais au bout de cinq ans, je parlais couramment le russe. Et les Russes et nous, on s’aimait bien et on se comprenait bien.

    À l’université de Kiev qui est très ancienne, j’ai pu suivre de très bonnes études. Nous avons eu d’excellents professeurs – les auteurs en personne de mes livres de biologie. Comme ma femme (à l’époque) et moi avions eu d’excellentes notes, nous nous sommes posé la question de faire notre doctorat là-bas. Mais mon fils étant né, c’était un peu compliqué. En 1983, nous sommes donc rentrés et avons commencé à travailler. Sans regret. Car comme le dit le dicton grec : « Peu importe où tu es, chez toi, c’est toujours mieux ! »

    À mon retour, dans le cadre du programme national de génétique, j’ai été chargé par le gouvernement de diriger l’équipe de Camagüey, c’est-à-dire le programme de diagnostic prénatal, de diagnostic des maladies génétiques les plus fréquentes, etc. Puis pour des raisons en partie familiales, j’ai déménagé à La Havane en 1989. Mes parents voulaient venir y vivre et faire une permuta, c’est-à-dire échanger leur logement contre un autre. Celle-ci était déjà très engagée, on avait trouvé une maison pour faire le changement. Donc, j’ai cherché un travail et le professeur Pelaez m’a pris dans son équipe en tant que généticien et chef de laboratoire.

    Il avait démarré des recherches autour de la rétinite pigmentaire, cette maladie dégénérative de la rétine qui touche 1 personne sur 3 à 7000 sur la Terre et pour laquelle il a trouvé un traitement qui n’existe qu’à Cuba. Comme il est difficile de se cacher du reste du monde, cela s’est rapidement su à l’étranger. Donc, de nombreux patients ont commencé à demander à se faire soigner à La Havane. Ils ont fini par occuper tous les lits disponibles pour ce type de soins. En plus du centre national, l’État a donc dû créer un centre international pour s’occuper de ces nouveaux patients. C’est là que je travaille.

    Ce traitement est un traitement multifactoriel qui inclut opération, électrostimulation, ozonothérapie et médicaments. Nous avons organisé un congrès à Cuba pour montrer comment le pratiquer, congrès auquel ont assisté des professeurs ophtalmologistes venus de différentes parties du monde. Nous avons des statistiques montrant le nombre de personnes que nous avons traitées ou pour lesquelles nous avons pu, au moins, arrêter le développement de la maladie. Mais finalement, ce traitement ne se pratique qu’à Cuba car nous souffrons d’un problème de crédibilité par rapport au monde développé. Il y a aussi une part de jalousie, ce qui est absurde car, au bout du compte, c’est l’être humain qui souffre. Toutefois, l’électrostimulation est aujourd’hui pratiquée en Allemagne dans l’université même qui l’avait critiquée auparavant. C’est intéressant.

    Six à huit ophtalmologistes travaillent en permanence dans ce centre et nous recevons environ 500 patients par an d’une centaine de pays, notamment des Québécois, des Italiens, des Allemands, des Français, des Argentins, des Mexicains ; et des Brésiliens du temps où l’État leur payait le traitement. De nombreux Vénézuéliens sont aussi venus, tous frais payés, dans le cadre de l’accord de santé passé avec ce pays. Mais depuis pas mal de mois, du fait des problèmes économiques, ce dernier s’est arrêté et nous en voyons moins. Actuellement, nous ressentons les effets de la crise mondiale. Les patients qui peuvent dépenser près de 8 000 CUC (8 000 euros) cash pour ce traitement (avec un accompagnant) se font plus rares, sachant qu’ils doivent rester trois semaines en tout, payer les billets d’avion et que, en France comme ailleurs, ils n’auront aucun remboursement par leur système de santé.

    La médecine cubaine a une bonne réputation mondiale et le tourisme de santé à Cuba ne se limite pas à cela. De nombreuses personnes du premier monde préfèrent venir se faire opérer chez nous, même s’ils paient, pour éviter les listes d’attente et en finir avec leur problème. L’opération de la hanche, par exemple, a beaucoup de succès. Mais aussi tout ce qui concerne la beauté. La chirurgie esthétique et les liftings coûtent beaucoup moins cher ici. De nombreuses Canadiennes viennent pour ce type de soin, amenées par une agence de tourisme de santé qui a passé des accords avec Cuba.

    Sur le plan dentaire, nous avons moins de succès car il nous manque trop de matériel. En revanche, il y a des choses qui ne se pratiquent qu’ici. J’ai rencontré, récemment, un couple d’Américains dont la femme est venue se faire soigner d’un cancer du poumon. Nous avons, à Cuba, un vaccin contre cette maladie lorsqu’elle est à un stade avancé (3-4). S’il ne guérit pas, il permet au moins de prolonger un peu la vie et dans de bonnes conditions. D’autres cancers ont été traités, ici, avec un médicament à base de venin de scorpion. Quant au vitiligo, à l’eczéma, au psoriasis et à l’alopécie, ils se traitent dans un centre d’histothérapie placentaire, à partir d’extraits de placenta humain. Je connais des Français et des Guadeloupéens qui sont venus et ont eu de très bons résultats.

    Notre école de médecine est très exigeante et très pratique. Les étudiants sont dans les hôpitaux dès qu’ils commencent ; tous nos hôpitaux sont universitaires. Les deux premières années se font dans les écoles de province ou à La Havane, où on apprend les fondamentaux (histologie, anatomie, biochimie, etc.). La troisième année, l’enseignement de médecine commence véritablement, dans les hôpitaux, les polycliniques, etc. Dès le début, il y a une relation étudiant-patient qui est très belle et très utile. L’étudiant commence à voir les malades et à sentir ce que l’on ressent dans les hôpitaux, ce que l’on sent quand on soigne une personne malade. Car le métier de médecin est difficile, il faut étudier tous les jours et avoir la vocation. Si tu ne l’as pas, à la fin, tu ne finis pas tes études !

    Une diplomatie médicale

    Comme l’éducation, la médecine est un des fers de lance de la Révolution. Aujourd’hui, environ un tiers du PNB à Cuba est apporté par ses services, notamment par les quelque 50 000 médecins, techniciens ou infirmiers cubains qui travaillent dans le monde entier (66 pays d’Asie, d’Afrique ou d’Amérique latine) et dont les salaires enrichissent le ministère de la Santé publique. En 2000, après la fin du soutien de l’URSS à Cuba, un accord d’État a été passé entre Chávez et Castro. 32 000 médecins, infirmiers, techniciens de santé dans toutes les spécialités (un tiers des médecins cubains) sont partis travailler au Venezuela. Des centres de santé avec du personnel cubain ont été créés dans toutes les régions du pays, notamment les plus pauvres. En échange, le Venezuela a vendu son pétrole à des prix très bas (30 euros le baril au lieu de 100). Un accord aujourd’hui gravement remis en question du fait de l’importante crise politique et économique traversée par ce pays.

    De la troisième à la cinquième année, on passe par toutes les spécialités (médecine interne, pédiatrie, etc.). Suit un an d’internat pour la médecine interne, la pédiatrie, l’obstétrique et la gynécologie. Au bout de six ans, les étudiants deviennent médecins. Et 90 % d’entre eux – peut-être moins aujourd’hui – choisissent la « médecine de famille », presque par obligation, et étudient à nouveau pendant trois ans.

    Pas mal d’étrangers viennent faire leur médecine chez nous, par exemple dans l’école de médecine latino-américaine où les étudiants ne paient pas plus que les Cubains. Elle accueille notamment des étudiants venant des États-Unis.

    Que penser de notre système de santé ? Il se divise entre les maisons médicales de quartier, les « polycliniques » où consultent tous les spécialistes (sans hospitalisation), les hôpitaux et les instituts (pour les cas difficiles). Une personne peut être hospitalisée un an en soins intensifs à l’occasion d’une transplantation du cœur ou du poumon, elle ne paiera rien. L’argent ne compte pas. Si on parle parfois d’argent aujourd’hui sur les comptes rendus des bilans de santé, c’est plutôt pour que les gens comprennent ce qu’on dépense pour les soigner. Car à Cuba, tout le monde pense être médecin. Tous les Cubains sont médecins ! N’importe qui, ici, te dira : « Écoute, pour ton problème, tu dois faire un scanner ou tel autre examen. » Il existe une culture médicale incroyable, dans toute la population, notamment à cause des programmes éducatifs de la télévision. Alors n’importe qui peut arriver à l’hôpital et demander qu’on lui fasse un scanner sans savoir que cela coûte 300 CUC (300 euros). Et c’est l’État qui paie pour cela.

    Côté médicaments, nous fabriquons environ 70 % de ce qu’il nous faut. Le reste vient d’Amérique latine, de France, d’Angleterre, d’Italie, d’Espagne, etc. Mais nous en manquons parfois comme de ressources, par exemple, pour mener à bien un diagnostic approfondi. Parfois aussi, à cause de l’embargo américain, il faut aller en Chine pour acheter des produits, notamment du matériel médical, qu’on trouverait facilement à 180 kilomètres.

    Même si on n’aime pas parler d’argent, c’est vrai qu’ici il manque un peu à tout le monde et que les salaires ne permettent pas d’acheter tout ce qui est nécessaire pour vivre correctement. Beaucoup de personnes ont un deuxième travail mais, pour un médecin, à part les week-ends ou le soir, c’est un peu difficile. Certains travaillent comme chauffeurs de taxi. D’autres peuvent aussi faire des traductions, travailler comme guide touristique ou même comme clown ! Cela arrive. L’équilibre financier se fait souvent avec le couple. Presque toutes les femmes travaillent, tout le monde travaille, sinon, ce ne serait pas facile.

    On dit parfois que la pyramide, à Cuba, est inversée. Que les gens qui ne font pas d’études gagnent trois fois plus que ceux qui font des études longues, comme les ingénieurs ou les médecins. Un guide touristique, ici, gagnera, entre son salaire et les pourboires, 1 000 CUC par mois. Alors qu’un médecin travaillera un an pour les gagner. Mais il a le prestige. Il n’empêche, beaucoup sont partis à l’étranger, notamment en Équateur, où ils peuvent gagner jusqu’à 2 000 dollars par mois, sans avoir à repasser leur diplôme, ce qui n’est pas le cas pour la France.

    La biotechnologie, nouvel or cubain

    La biotechnologie est née dans l’île dans les années 1980, avec la création du CIGB (Centre d’ingénierie génétique et de biotechnologie). Autour de lui s’est peu à peu constitué un « pôle scientifique » de haut niveau où se côtoient instituts de recherche et usines de fabrication, dans un quartier résidentiel de l’ouest de La Havane. Actuellement, Cuba fournit environ 180 médicaments génériques et vaccins thérapeutiques à une quarantaine de pays dans le monde, notamment le seul vaccin disponible contre la méningite B. C’est une de ses principales ressources après le tourisme, le nickel et l’argent envoyé par les familles exilées. Un cas unique pour un pays du tiers monde.

    Cuba doit-il aller vers une forme de privatisation, avoir des médecins cuentapropistas (qui travaillent à leur compte) ? C’est un peu difficile de répondre parce que, depuis cinquante et quelques années, on pense à l’être humain, on fait tout pour lui. Personnellement, la privatisation ne m’intéresse pas. Mais pourquoi pas pour d’autres ? Plutôt que de privatiser la médecine, je dirais que certaines choses pourraient être payantes. Il y a des différences dans la population et on ne peut pas les cacher. Certaines personnes se permettent d’aller deux ou trois fois au restaurant dans la semaine alors que d’autres n’ont pas la possibilité de le faire. Pour les uns comme pour les autres, la médecine ne coûte rien, ce qui n’est pas très logique, absurde même. Il y aura toujours des différences. Si on faisait payer quelques services de notre médecine, cet argent pourrait être utilisé pour continuer à donner à tout le monde, en particulier à ceux qui n’ont pas les moyens !

    Un bilan complet de santé revient à près de 250 CUC (250 euros). Certaines personnes qui ont de l’argent pourraient payer pour le faire. Et avec cela, nous, les médecins, pourrions acheter les choses qui nous manquent. Tout cela me vient à l’esprit maintenant. Il faudrait y réfléchir davantage. Car à Cuba, la médecine, c’est un droit, c’est quelque chose de sacré. Et on a peur que, si on commence à privatiser certaines choses, tout le système s’écroule !

    Que faire, plus globalement, pour améliorer la situation chez nous ? La première chose est qu’il faut travailler. Notre problème dépend beaucoup de nousmêmes. On parle toujours de l’embargo américain, de la crise mondiale. Notre peuple doit prendre conscience qu’il doit travailler, produire. Chacun doit faire du mieux qu’il peut là où il est. Cette petite révolution, qui a consisté à laisser les gens travailler à leur propre compte, a fait du bien. Il faudra sans doute ouvrir ce système à d’autres domaines, l’embargo américain demeurant l’obstacle principal pour notre économie aujourd’hui. Le rétablissement des relations avec les États-Unis pourra améliorer la situation générale. On est ouverts. Peut-être qu’on réfléchit trop mais je crois que l’État a raison de ne pas accepter les premiers investisseurs qui arrivent car, par le passé, on a déjà eu de mauvaises expériences.

    Je crois que, petit à petit, la situation économique du pays peut évoluer. Nous avons d’énormes ressources (notre climat, nos plages…) et il faut continuer à les développer pour le tourisme, même si ce n’est pas assez pour payer ce qu’il faut payer. Les services que nous exportons ne sont pas non plus suffisants. Avec mes confrères, on se dit parfois : « On ne peut pas penser vivre comme en Suisse – ou en France ! » Mais un peu mieux, si, je crois qu’on peut y arriver. Pour cela, il faut rester au pays.

    J’ai beaucoup voyagé à l’étranger, pour participer à des congrès en France, en Allemagne, en Espagne, en Italie, au Brésil, aux États-Unis, au Costa Rica. Des pays où on a tout. La première fois que je suis allé aux États-Unis, en 1999, on m’a proposé de travailler à Miami. J’ai refusé, car je suis attaché à Cuba et à La Havane. La Havane est une ville merveilleuse, belle, intéressante, le cœur battant du pays. Je la connais bien puisque je l’arpente quotidiennement avec ma moto de fonction, parfois pour livrer des médicaments d’un hôpital à l’autre. Comme il y a beaucoup d’hôpitaux, je la connais jusque dans ses moindres recoins. Je connais aussi son histoire, elle m’a toujours intéressée et, à l’occasion, moi aussi je fais le guide et je la raconte aux touristes…

    À La Havane, j’aime également mon quartier. J’habite dans la municipalité du Cerro, un coin un peu résidentiel, plein de petites maisons qui ont été construites dans le but de les louer à des gens qui avaient de l’argent mais qui n’appartenaient pas, pour autant, à la grande bourgeoisie. Je l’apprécie pour sa tranquillité et je ne crois pas que je vais la quitter de sitôt !

    Et puis, il y a les Cubains. Nous, les Cubains, nous sommes un peu spéciaux. À peine on se rencontre qu’on est déjà amis et qu’on s’appelle frères. J’aime cette façon d’être, de se lier d’amitié… c’est beau ! Les choses n’ont pas été et ne sont pas toujours faciles pour nous. Parfois, d’ailleurs, je me demande comment on a pu supporter certains moments du passé.

    Nous avons vécu une période spéciale dans les années 90 où nous n’avions que trois ou quatre heures d’électricité par jour. On ne voudrait pas revivre cette époque. Mais ces années ont fortifié notre esprit. Je ne pourrais pas imaginer Paris trois heures sans électricité. Les gens deviendraient fous ! Pour nous, ce n’est rien, rien du tout. On s’en fout, on est capable de rigoler avec n’importe quoi. Vous savez comment on appelait les frigos pendant la période spéciale ? Les cocos (NDA : les noix de coco) parce qu’on n’avait que de l’eau dedans. « T’as quelque chose dans ton coco. Moi, j’ai rien dans mon coco… » Ça nous a fait beaucoup rire. Pourtant, on manquait de beaucoup de choses. On a appris à résister. Rien ne nous rendra jamais fous ni ne nous mènera jamais à l’hôpital psychiatrique ; la dépression, ici, ça n’existe pas. Nous les Cubains, nous sommes forts, très forts. Parce qu’on s’en fout ! »

    MAGIC FLUTE

    Piano-bar

    J’y suis allé deux fois et je suis tombé amoureux de ce restaurant situé au dernier étage d’un immeuble en face de l’ambassade des États-Unis. Son patron, le fils d’un chef d’orchestre, parle parfaitement le français après avoir vécu à Paris. La décoration est très jolie avec une piscine (dans laquelle on ne se baigne pas), une vue sur la mer et sur la ville. On y mange, on peut y boire un verre, danser et y écouter, le soir, du jazz, des chanteurs ou une musique « cultivée », autre que le reggaetón.

    101, Calzada, entre la calle L et la calle M, 10e étage, Vedado

    Tél. : +53 (0)78 323 195

    www.facebook.com/magicflute.restaurantclub

    Ouvert de 12 h à 4 h.

    EL CHEVERONGO

    Cuisine cubaine

    C’est un petit restaurant à l’ambiance et à la cuisine très familiale. Le patron est un ami. Chez lui, on a fêté le dernier anniversaire de ma femme. Nous étions une quinzaine de personnes en tout et, comme on remplissait toute la salle, on a fermé la porte et on est resté entre nous ! On a bien mangé : de la langouste avec du vin blanc. Mais il propose aussi des crevettes à l’ail, du poulet grillé, des brochettes de porc, etc. Ma femme a même eu son petit gâteau avec ses bougies !

    86, calle Cuba, entre la calle Cuarteles et la calle Chacon, Vieille Havane

    Tél. : +53 (0)78 643 678

    Facebook : El Cheverongo

    Ouvert de 11 h à 23 h 30.

    CASA HOSTAL MARIO

    Chambres à louer

    Cette maison est située dans un quartier calme. Elle est comme un petit hôtel et propose sept chambres à louer avec tout le confort et la propreté attendus. Mario, le propriétaire, est italien et fait ce métier depuis très longtemps. Comme il a un four derrière, il propose les repas. Le service est au top. Je le connais et il a toute ma confiance. Comptez 60 CUC la nuit.

    355, calle J, entre la calle 17 et la calle 19, Vedado

    Tél. : +53 (0)78 313 637

    +53 (0)52 646 600

    romano@enet.cu

    EL CARMELO DE 23

    Cuisine cubaine et italienne

    C’est un restaurant d’État pas très connu. Le décor est assez chic avec une belle lumière et des photos de Charlie Chaplin au point que tu te dis : « Ça va me coûter cher, ici ! » Eh bien, non ! Si tu choisis les menus, pour 4 à 5 CUC (4 à 5 euros), tu auras un plat à base de poulet, porc, bœuf ou poisson, avec un dessert, une boisson et un café. Le tout servi en quantité modérée mais propre et bien préparé.

    Calle 23, entre la calle G et la calle H, Vedado

    Tél. : +53 (0)78 633 220

    Facebook : El Carmelo de 23 y H

    Ouvert tous les jours de midi à minuit.

    LA ROCA

    Cuisine cubaine

    Ce restaurant d’État fonctionne un peu comme El Carmelo, c’est-à-dire que si tu cherches bien dans les menus, tu pourras manger très correctement pour 3,50 CUC, bière comprise, avec une garniture classique (riz et haricots noirs) pour accompagner ton plat principal. En général, je prends de la viande. Souvent, à partir de 23 h, il y a des animations : de la musique ou un comique. On peut donc s’attarder pour danser ou rigoler un peu.

    Calle 21, à l’angle de la calle M, Vedado

    Tél. : +53 (0)78 344 501

    Ouvert de midi à minuit.

    LA CATEDRAL

    Cuisine cubaine

    C’est un restaurant privé où on mange bien, beaucoup, et qui ne revient pas cher. Le service en plus est rapide et l’atmosphère, jeune, avec une jolie lumière. La dernière fois, j’y ai dégusté un très bon poisson avec des crevettes dessus. Même si je ne suis pas très gourmand, j’y prends parfois la glace au chocolat.

    Calle 8, entre la calle Calzada et la Quinta Avenida, Vedado

    Tél. : +53 (0)78 300 793

    www.facebook.com/mirestaurantencuba

    Ouvert de 12 h à 23 h.

    LOS NARDOS ET EL ASTURIANITO

    Cuisine cubaine

    Ces deux restaurants qui sont dans le même immeuble sont très appréciés des Cubains. Une de leurs particularités est qu’on y voit les cuisiniers préparer les plats derrière une vitre. À Los Nardos, il faut toujours faire la queue. J’y vais quand j’ai vraiment faim car il est presque impossible de terminer son assiette. Une fois, j’y ai amené un ami guadeloupéen à qui on a servi deux énormes poissons frits. Ça lui a carrément coupé l’appétit. Quant à mon fils qui avait commandé du mouton, on lui a servi un gigot entier ! Les plats coûtent 7-8 CUC.

    563, Paseo del Prado, entre la calle Dragones et la calle Teniente Rey, Vieille Havane

    Tél. : +53 (0)78 632 985

    Ouvert non-stop.

    CABARET TROPICANA

    Restaurant, spectacle

    C’est le Moulin Rouge cubain, le cabaret historique (il existe depuis plus

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