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Voir, sentir, goûter le monde: Une globe-trotteuse à l'aventure
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Voir, sentir, goûter le monde: Une globe-trotteuse à l'aventure
Livre électronique315 pages4 heures

Voir, sentir, goûter le monde: Une globe-trotteuse à l'aventure

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À propos de ce livre électronique

Ce livre a été écrit dans le but de voyager sans se déplacer, de sentir les odeurs, de voir les gens, les paysages, la ville qui s’anime et dévoile ses charmes ou ses laideurs.

Pour découvrir les merveilles du monde et goûter des mets inconnus, exotiques, colorés ou épicés grâce à la magie des mots.

Apprendre la vie et la culture de peuples différents. Apprécier l’humanité sous ses diverses formes. Respirer la vie, la liberté. Pousser le rêve à devenir réalité. Comprendre que tout est possible.

Partir seule ? Pourquoi pas ! Je vous invite à m’accompagner et à découvrir l’inconnu. Et si le récit de mes pérégrinations vous incite à partir un jour, alors j’aurai atteint mon but.

Bon voyage…
LangueFrançais
Date de sortie30 juin 2021
ISBN9782925144427
Voir, sentir, goûter le monde: Une globe-trotteuse à l'aventure

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    Aperçu du livre

    Voir, sentir, goûter le monde - Julie Turcotte

    Introduction

    Le voyage habite mon corps et meuble mon esprit depuis mon adolescence. J’ai fait mon premier grand voyage à l’âge de treize ans. Un voyage en famille pour visiter la France. Et ce fut le début d’une histoire d’amour entre le monde et moi. Ce premier regard jeté sur un autre pays, d’autres lieux et d’autres gens éveille en moi un désir d’en connaître davantage. Le rêve de voyager était né. Après avoir vécu quelques événements émotionnels difficiles, j’ai décidé, à dix-neuf ans, d’agir et de vivre plutôt que rêver. Je me suis envolée vers ma destinée pour découvrir l’Europe. J’étais jeune et brave et je suis partie avec pour seul compagnon un guide de voyage dans mon sac à dos.

    Les expériences se sont succédé. L’apprentissage de la vie en accéléré s’est poursuivi. Les souvenirs se sont imprégnés dans mon esprit. Sans le carcan imposé par la société dans laquelle je vivais, sans les attentes des membres de ma famille, sans les responsabilités et les devoirs filiaux, je découvrais qui j’étais vraiment. Je goûtais à une liberté enivrante, attirante. Mais ce n’était qu’une belle parenthèse dans ma vie, car bien sûr l’appel du devoir et de la vie quotidienne se fit sentir au fil des mois. Travailler ? Retourner aux études ? Il fallait se rendre à l’évidence : la vraie vie n’était pas celle que je vivais, mais celle qui m’attendait chez moi. Il fallait décider quoi en faire.

    Entrer dans le moule après avoir ouvert mes horizons n’était pas chose facile, mais je savais que c’était la chose responsable à faire. C’était ce qu’on attendait de moi. N’avais-je pas toujours répondu aux attentes ? Bien sûr que si. Depuis ma tendre enfance, je prenais mon rôle d’aînée très au sérieux et je tentais toujours de donner l’exemple à mes sœurs cadettes et d’agir de façon responsable comme l’exigeaient mes parents. Mon année de globe-trotteuse tirait à sa fin. Il fallait rentrer. Études, travail et rencontre de l’homme qui allait partager ma vie. Après le mariage, il y a eu l’achat de la maison, la venue des enfants, la création de mon entreprise et toutes les obligations qui s’ensuivent. Il y avait peu de place et de fonds pour les voyages. Alors, je me suis mise à lire les revues spécialisées qui me parlaient d’endroits exotiques à visiter, de peuples retirés à découvrir et je rêvais doucement à un avenir où je pourrais une fois de plus mettre les voiles pour explorer moi-même ces terres éloignées.

    Et l’avenir est devenu le présent. Et le rêve, réalité.

    Chapitre 1

    La cité des anges

    Partir seule à plus de quarante ans ce n’est pas comme partir à dix-neuf ans. Je n’avais plus cette insouciance de mes jeunes années. J’étais bien consciente de tous les dangers qui me guettaient. L’inquiétude et la peur faisaient partie de mon bagage, cette fois-ci. Mais, ma témérité ne m’a jamais quittée et munie de mon sac à dos et d’un guide de voyage, tout comme la première fois, j’ai fait le grand saut vers l’Asie. Seule.

    Je suis arrivée, épuisée, à Bangkok. J’avais anticipé les difficultés en passant une semaine en Thaïlande, à la plage, avant de me rendre en Inde.

    Bangkok est vivante et bruyante avec ses dix millions d’habitants. Elle s’étend sur des kilomètres. Le moderne y côtoie le traditionnel. Il y a les grands hôtels pour les touristes plus fortunés ou les gens d’affaires, les centres commerciaux immenses, la rue des boutiques huppées, les auberges modestes dans le ghetto des visiteurs moins fortunés et surtout jeunes, des pagodes dorées ici et là, ces temples pointus qui habitent à tous les coins de rue où les gens vont allumer un cierge et déposer des guirlandes de fleurs aux pieds de leur dieu préféré.

    J’avais réservé ma première nuit d’hôtel depuis le Canada par l’entremise d’un agent de voyage puisque j’arrivais en pleine nuit. Avant de partir, j’avais préparé une liste des mesures de sécurité à respecter. L’une d’elles était de réserver ma première nuit dans un hôtel ou une auberge si j’arrivais dans un nouveau lieu après treize heures. Ainsi, je partais tranquille en sachant qu’un toit m’attendait à destination. Il est important de ne réserver que la première nuit, car parfois la publicité sur internet, principale source d’information, ne reflète pas la réalité. Si l’endroit me plaisait, j’ajoutais quelques nuits sinon, je partais le lendemain à la recherche d’un meilleur endroit. Une autre mesure que j’ai adoptée pour assurer ma sécurité et ma tranquillité est de porter mon anneau de mariage. J’avais lu cela dans un livre et ça me semblait être une bonne idée. Cependant, certains peuples portent l’anneau dans la main gauche et d’autres dans la main droite. Alors est-ce vraiment utile pour se préserver des hommes indésirables ? Je ne sais pas, car après un moment j’ai enlevé tout bijou. Une autre suggestion qui me paraissait sage afin d’éviter d’exciter la convoitise. En effet, le rapport à l’argent est universel et même un anneau en or modeste indiquant mon état matrimonial pouvait attirer les gens les plus démunis.

    Réserver une chambre avant de partir peut avoir ses désavantages. Le lendemain matin après mon arrivée, je suis allée dans la salle à manger pour déjeuner et j’ai réalisé que les tables étaient occupées presque uniquement par des hommes cinquantenaires ou plus avec de jeunes Thaïlandaises dont la plupart n’étaient pas majeures. J’avais en pleine face la preuve que le tourisme sexuel dont les médias parlent tant existe vraiment. J’étais dans la zone d’hôtels réservés aux prostituées et à leurs riches clients occidentaux. J’ai décidé dès ce moment de ne me fier qu’à mon jugement et non à celui d’une quelconque agence. J’ai quitté les lieux le matin même en quête d’une chambre dans la zone des touristes-routards.

    Je ne pouvais être témoin de cette exploitation de jeunes filles par des hommes riches, souvent vieillissants, bedonnants et chauves. J’avais juste envie de leur crier : « Et si vos femmes, vos filles ou vos fils vous voyaient ! Vous devriez avoir honte ! » J’avais honte pour eux, mais je n’ai rien fait, je n’ai rien dit. Je me sentais impuissante devant cette réalité. Que pouvais-je faire ? Changer le monde ? Toute seule ? Il fallait aussi penser que ces filles amélioraient leur qualité de vie et parfois celle de leur famille avec l’argent qu’elles recevaient de ces hommes.

    Étant donné la prolifération d’endroits à petit budget pour dormir à Bangkok, les hôteliers ne prennent pas de réservation. J’en suis venue à faire comme les autres jeunes voyageurs et réserver au jour le jour. Cette façon de voyager s’apprend avec le temps. Nos inquiétudes et notre manie de vivre organisés vont à l’encontre de ce principe. Savoir que je pouvais quitter mon auberge quand je voulais et que jamais on ne me mettrait à la porte si je payais pour la prochaine nuit avant midi la journée même était réconfortant. Une opportunité pouvait se présenter pour le lendemain et rien ne me retenait.

    Ces premières journées dans la première grande métropole asiatique que j’ai connue, je les ai passées à déambuler dans le labyrinthe de rues et de ruelles de la zone touristique des routards. On y trouve des boutiques vendant toutes sortes de marchandises, incluant des imitations d’articles de grandes marques : sacs Gucci, montres Cartier, lunettes de soleil Ray Ban, vêtements Calvin Klein et tout cela à prix dérisoires. Entre les commerces, s’alignent aussi des restaurants, des petits hôtels, des chambres d’hôtes, des salons de massage et de coiffure. La chaleur est accablante, le soleil étouffant. De l’asphalte et des trottoirs monte un air suffocant et la sueur perle mon front. Les rues sont remplies de gens et cette humanité grouillante qui passe à mes côtés me frôle : des Thaïlandais pressés, des touristes nouvellement arrivés et émerveillés qui regardent partout les yeux écarquillés ou des habitués qui avancent blasés et indifférents.

    Je suis seule sans être seule. Les touristes abondent dans Khao San Road et aux alentours. Il y a des jeunes surtout, ceux qui voyagent avec leur sac à dos, mais je rencontre tout de même beaucoup d’ex-hippies et des quadragénaires qui, comme moi, préfèrent sacrifier le luxe pour prolonger l’expérience. Des auberges à petit et très petit budget bordent les ruelles et sont remplies de jeunes et de vieux routards. Pour sympathiser, il suffit de s’asseoir à une terrasse et sourire. La communauté de voyageurs est solidaire. Il y a toujours quelqu’un qui souhaite partager ses expériences et ses connaissances, heureux de te donner un bon tuyau ou te suggérer une visite ou un lieu qu’ils ont apprécié. Ainsi, le véritable routard s’alimente d’anecdotes et d’information et saisit l’occasion quand elle se présente. De bouche à oreille, on roule sa bosse, on explore des lieux connus ou hors des sentiers battus, selon sa témérité et sa curiosité. On forme aussi des amitiés et on fait un petit bout avec l’un ou l’autre rencontré sur sa route. C’est devant un Seven Eleven, une chaîne de petites épiceries où l’on vend de tout et qui sont ouvertes jusqu’à très tard la nuit que j’ai rencontré Eduardo et Giovanni. Le premier est Argentin et le deuxième est Italien. Ils vivent en Thaïlande depuis quelques années et semblent bien connaître le pays. Ils m’ont suggéré d’aller à une plage secrète que les touristes ne connaissent pas et qui est fréquentée seulement par les Thaïlandais. J’adore aller hors des sentiers battus alors je les ai convaincus de m’y emmener et nous y avons passé quelques jours. Nous étions les seuls touristes sur la plage et nous sommes rapidement devenus une curiosité pour les locaux qui venaient nous voir, mais repartaient sans nous adresser la parole. C’était un bel endroit, mais j’ai constaté tristement que les Thaïlandais n’avaient aucun intérêt à se lier d’amitié avec nous. Je retourne à Bangkok avec mes deux amis après cette escapade à la mer.

    Après avoir exploré le quartier touristique de Khao San Road pendant plusieurs jours, je quitte la familiarité de ce coin pour les ruelles moins touristiques. De vieilles Thaïlandaises abîmées par la vie et l’effort sont accroupies devant leur maison et frottent des chaudrons dans une eau trouble provenant sans doute de la rivière. De jeunes enfants s’amusent tout près avec une branche ou une cannette de boisson gazeuse. Des chats émaciés étendus au soleil ouvrent un œil de temps à autre. Des échoppes offrent des repas à emporter ou à manger sur place. J’ai rencontré un Espagnol qui travaille à Bangkok. Il m’a dit que de nombreux Thaïlandais vivant à Bangkok n’ont pas de cuisine à la maison et qu’ils mangent à leur étal préféré ou se font préparer leurs plats qu’ils emportent à la maison. Les cuisiniers ambulants sont installés dans les ruelles et offrent chacun leur spécialité. Il y a celui qui fait le riz avec toutes sortes de viandes et légumes, puis celui qui offre les Tom Yam, ces soupes très épicées qu’il faut découvrir avec prudence et enfin celui qui offre les nouilles. Pas de menu, juste les produits et le cuisinier qui attend les commandes.

    Je me risque en précisant avec mon petit dictionnaire que je ne veux pas de viande. Je m’efforce pour tenter de parler thaï et après avoir répété une quinzaine de fois la même chose, enfin un signe de compréhension : « Ah ! végétarienne ? » « C’est ce que j’essayais de vous dire monsieur ! » On me sert alors une soupe aux mille ingrédients à la texture un peu bizarre, mais si savoureuse... C’est un bon début.

    La nourriture a l’air appétissante, mais souvent l’hygiène fait peur. Nous sommes habitués à un monde aseptisé et craignons les maladies, mais il faut oser, car la cuisine thaïlandaise est savoureuse. Bien sûr, le riz est omniprésent. Le poulet a la faveur des gens, mais il faut faire attention, car toutes les parties de l’oiseau servent, rien n’est gaspillé. Le porc aussi a ses adeptes. Quant à moi, je privilégiais les légumes et parfois le poisson. Les soupes épicées sont légion, mais, attention elles se mangent au déjeuner ! Comme le reste d’ailleurs. Et au dîner et au souper. Les cuisines ambulantes offrent une panoplie de choix. Le pad thaï, ce plat fait de nouilles au riz avec du tofu, du poulet, des crevettes et des fèves germées, le tout couronné de coriandre fraîche, reste un de mes favoris. Il y a aussi la salade de mangues vertes si rafraîchissante puis les fruits exotiques coupés et décorés ; irrésistibles. Certes, après avoir mangé un de ces classiques, impossible d’éviter les dérangements intestinaux. L’estomac et le corps doivent s’adapter aux contraintes culinaires. Aux nouvelles épices et aux mélanges de saveurs inusités. Les papilles se réveillent, les goûts se bousculent dans la bouche, explosent et s’éparpillent. Le sucré côtoie l’épicé, rien n’est jamais fade. Une telle intensité doit être apprivoisée. Une bouchée à la fois, un repas à la fois. Je suis de nature curieuse et j’aime essayer des aliments nouveaux, mais en Thaïlande, il y a des choses à l’apparence bien étrange, gélatineuse, douteuse que je n’ai pas osé goûter, dont les insectes frits, ou des cubes qui ressemblent à de la réglisse noire mouillée, des trucs moelleux trempant dans une sorte de gélatine, des poissons de tout acabit, séchés ou en brochette. Enfin, il y avait une limite à ma capacité d’intégration et à ma curiosité.

    Pour se désaltérer, plusieurs optent pour la bière, douce et peu coûteuse. Je préfère un jus de fruits frais exotiques avec des glaçons broyés. Bien sûr, je fermais les yeux sur la propreté hasardeuse du mélangeur utilisé pour préparer ma boisson. Mieux valait se concentrer sur les saveurs des fruits mûrs, juteux et sucrés. Un vrai délice.

    Déambuler tantôt dans les ruelles où vivent les Thaïlandais tantôt sur les artères principales me donnait une vision différente de la ville. La circulation dans les grandes rues est dense et bruyante. Les voitures et les motos côtoient les tuk-tuks, ces véhicules motorisés à trois roues faisant office de taxi dans plusieurs pays asiatiques, et les taxis aux couleurs vives. La pollution de l’air et du bruit est très présente. Les édifices modernes du quartier des affaires et des ambassades surplombent les temples traditionnels ornés de feuilles d’or. Si on s’éloigne du centre touristique, on trouve le quartier des marchés à ciel ouvert. Certains sont si grands qu’une journée ne suffit pas pour les visiter. On trouve de tout. Des articles de maison, des outils, des livres, des vêtements bon marché, des copies des principales grandes marques de toutes sortes de biens de consommation à des prix ridicules incluant des lunettes de soleil, des vêtements, des bijoux. On peut même y acheter de la nourriture, des oiseaux et des animaux.

    Je continue de tâter le pouls de la ville. Il y a une abondance de temples. Je rentre me recueillir, prier et remercier les dieux, quels qu’ils soient, de ma chance. À la manière bouddhiste (et hindoue) en m’inclinant trois fois devant Bouddha, à genoux. Le moine m’observe. Il attend en voyant que je prie. Je me lève sans tourner le dos à Bouddha et je m’apprête à sortir lorsque le moine d’office vient me voir. Dans son anglais médiocre, il tente de me questionner... « Tu es bouddhiste ? » Je ne sais que répondre, car je suis catholique et le Chemin de Compostelle m’a réconciliée un peu avec ma religion, mais j’aime beaucoup les principes bouddhistes et hindous alors disons que je suis citoyenne du monde et des religions du monde. Pour simplifier la conversation, je lui dis : « Oui. » Il dit : « Je l’ai vu, car tu as honoré Bouddha comme nous l’honorons. Il n’y a pas beaucoup de farangs (expression utilisée en Thaïlande pour désigner les étrangers blancs) qui savent le faire. » Et il m’a invitée à prendre le thé. Nous avons échangé comme nous pouvions et il m’a expliqué certains principes de sa religion. Il m’a aussi parlé de sa vie de moine. Ce fut une rencontre intéressante. Ensuite nous avons mangé ensemble le riz qu’il avait reçu ce matin-là.

    Parmi les plus de trois cents temples dans la cité des anges, celui qu’on appelle le Grand Palace remporte la palme. C’est un endroit merveilleux, où le doré domine et où l’on trouve un art extraordinaire. Le fameux Bouddha d’émeraude qui est en fait en jade est majestueux dans son enceinte, entouré de statues dorées. Sa présence impressionne même s’il s’agit d’un objet inanimé. Je me suis sentie toute drôle en dedans comme si Bouddha était là juste pour moi et qu’il me parlait. Les Thaïlandais vénèrent l’endroit et viennent offrir à Bouddha encens, fleurs et prières. L’odeur des fleurs mêlée à celle de l’encens qui flotte dans l’air crée une atmosphère empreinte de sérénité propice à l’introspection spirituelle. Ici, toute la beauté du monde s’exprime à travers l’art et les statues. L’architecture même est soignée et invite au calme intérieur avec ses structures aux pignons multiples, bordées d’or et décorées de corniches sculptées.

    Ces lieux sont habités par des moines vêtus d’un drap orange cintré à la taille, chaussés de gougounes, les cheveux rasés près du crâne. On dit qu’ils passent chaque matin vers cinq heures dans les rues pour demander l’aumône avec leur bol en étain et qu’ils se nourrissent seulement de ce qu’ils reçoivent ; ils vivent de la générosité des gens. Bien entendu, dans leur religion, une personne qui fait des offrandes à un moine gagne les faveurs de Bouddha.

    Les temples abondent dans ce pays, mais le protocole est le même dans tous les temples : avant d’entrer dans la maison de Bouddha, il faut se déchausser ; tu ne peux lui tourner le dos ; tu ne peux lui montrer la plante de tes pieds ; il n’y a pas de bancs ni de chaises alors on s’assoit par terre en tailleur, en prenant soin de tourner la plante des pieds vers soi ou à genoux, les fesses appuyées sur les talons. Des clochettes entourent souvent la statue de Bouddha qui est différente selon la région du pays. Il a tantôt la tête pointue, le ventre plat et un visage serein avec un regard perçant, ou la tête arrondie, le corps plus en chair et un visage plus souriant. Bref, l’idée que se fait chaque peuple du Bouddha est représentée dans son temple. De plus, pour chaque jour de la semaine, il y a une représentation bien spécifique du Bouddha. Il y a celui qui est assis en position du lotus et qui semble méditer, puis celui qui debout tient un bol d’aumônier, l’autre aussi à la verticale avec les mains sur le cœur et un sourire empreint de sérénité. Je ne connais pas les raisons de ces différentes représentations du Bouddha. Je prends note de m’informer là-dessus quand je pourrai.

    Les gens viennent rendre hommage à leur Bouddha, présentent leur offrande en demandant des faveurs ou en le remerciant pour celles accordées. C’est un peuple très fervent et je me surprends à les envier. Ils sont aussi superstitieux et lorsqu’ils visitent leur temple, ils ne manquent pas de prendre un des petits récipients circulaires contenant une trentaine de bâtons numérotés et de l’agiter dans tous les sens, en le penchant un peu pour faire tomber un seul des bâtons. Le chiffre qui apparaît sur le bâtonnet correspond à une prédiction précise et constitue en quelque sorte un horoscope divin. Dans certains temples, les prédictions viennent aussi en version anglaise et je me suis amusée à tirer des bâtons… jusqu’à ce que le message me plaise.

    Bangkok n’est pas seulement la ville des temples. Outre la zone où j’ai passé ma première nuit, il y a une multitude de bars remplis de travailleuses du sexe souvent très jeunes au service de qui veut bien les payer. Voir ces hommes matures se pavaner avec une jeune fille m’écœurait et m’attristait à la fois. J’avais juste envie de les insulter et de sauver ces filles de leur triste sort. C’est peut-être le fait d’avoir été élevée dans la religion catholique qui me causait tant d’émotions et d’inconforts, je n’en sais rien. J’en ai discuté avec un ami voyageur et il avait un tout autre point de vue. Selon lui, cet intérêt des hommes occidentaux envers ces jeunes filles était, aux yeux des Thaïlandais, presque une bénédiction puisque toute la famille de la jeune fille profitait des bontés de l’homme occidental en question. J’ai aussi

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