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As-tu réglé ça ?: S'occuper de ses affaires avant que le trouble commence
As-tu réglé ça ?: S'occuper de ses affaires avant que le trouble commence
As-tu réglé ça ?: S'occuper de ses affaires avant que le trouble commence
Livre électronique486 pages6 heures

As-tu réglé ça ?: S'occuper de ses affaires avant que le trouble commence

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À propos de ce livre électronique

Imagine: un pro des finances personnelles qui t’explique les impacts de l’entente de vie commune en parlant d’un chauffeur de gros truck tatoué accoté avec sa coiffeuse, ou qui jase mandat d’inaptitude en conseillant à la personne qui change tes couches et qui paie ton compte d’Hydro en ligne de bien se laver les mains entre les deux. Inattendu, avoue!

Déterminé à nous faire prendre nos affaires en main, Dany Provost, expert de la planification financière, mise sur l’humour absurde pour nous inciter à accueillir ses conseils de pro. Approche loufoque, explications claires, pistes d’action immédiates: voilà sa recette pour séduire et convaincre d’agir tout de suite, parce que «plus tard», c’est «trop tard». En une cinquantaine de courts chapitres introduits par des mises en situation rocambolesques, il s’attelle à démontrer au lecteur les conséquences financières de ses choix et lui suggère des actions à prendre pour rectifier le tir dès maintenant.

Attache ta tuque: t’auras jamais eu tant de fun à penser à ton testament ou à ta pension alimentaire!
LangueFrançais
Date de sortie13 oct. 2021
ISBN9782897589677
As-tu réglé ça ?: S'occuper de ses affaires avant que le trouble commence
Auteur

Dany Provost

Dany Provost est aussi inqualifiable que son livre. L’une des figures les plus respectées au Québec en matière de planification financière personnelle (actuaire, fiscaliste, CFA, directeur de la planification financière et fiscale d’un centre financier SFL, associé de trois cabinets, formateur à l’Institut québécois de planification financière, chroniqueur au journal Les Affaires, entre autres), ce végétarien marié trois fois et père de quatre enfants est bachelier en beaux-arts, chanteur et imitateur à ses heures, ancien pongiste et entrepreneur en construction, numismate et passionné de sciences. Il fait dans la marge et ne se prend pas au sérieux; d'ailleurs, il le reste rarement plus de 30 secondes. Juste ce qu’il faut pour que le message passe.

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    Aperçu du livre

    As-tu réglé ça ? - Dany Provost

    Ta bible As-tu réglé ça ?

    as-tu réglé ça ?

    L’introduction

    Faits presque vécus

    Il a un surplus de poids, il est imberbe et a une toute petite voix. D’accord. Ça lui donne un air de nounours. Pourtant, derrière cette image d’homme un peu fragile, Monoom fait preuve d’une grande résilience en cette période difficile.

    Tout arrive en même temps, comme si un mauvais sort s’était faufilé entre les deux couches d’extra fromage de sa dernière 14 pouces double cheeseburger au bacon.

    Il est en train de se faire rouler dans la farine depuis cinq mois par Sisanie, son ex-conjointe, qui le démonise auprès de Framboise, leur petite fille de trois ans qu’il n’a pas vue depuis leur séparation et pour qui il paie une généreuse pension alimentaire même s’il vient de perdre son travail.

    Il emprunte sur une carte de crédit pour payer le minimum sur une autre.

    Son assurance vie est venue à échéance sans qu’il l’ait renouvelée.

    Il a accepté, sans trop avoir mesuré la lourdeur de la tâche, d’être le liquidateur de la succession de son oncle Minse. Cela lui a fait prendre conscience qu’il n’avait pas de testament.

    La valeur de son portefeuille vient de dégringoler, et il est très inquiet pour sa retraite.

    Il est passé tout droit à son dernier renouvellement de permis de conduire – question de changement d’adresse – et il s’est fait arrêter. Il prend donc le taxi depuis deux semaines, en attendant de récupérer son auto à la fourrière.

    Si je te racontais le reste, tu ne me croirais pas. Heureusement, ça fait un certain temps…

    Depuis, Monoom est tombé. Tombé sur ce livre… en pleine face dans l’étagère, en voulant se retenir après avoir mis le pied sur un objet tombé du sac à main de Banan à l’entrée de la librairie.

    Il n’a jamais eu aussi honte. Il a déguerpi à toute vitesse. Non, il n’a pas acheté As-tu réglé ça ? cette journée-là… mais il se l’était procuré la veille. Et il l’a simplement dévoré.

    Assis sur le trône, avachi devant la télé entre deux sacs de chips au ketchup et un Pepsi, ou encore à la lueur de sa lampe de chevet en compagnie de son chat Burrito, il est passé à travers ce bouquin, bien résolu à régler ses affaires.

    Aujourd’hui, sa vie a complètement changé. Il voit Framboise presque tous les jours, il s’est acheté un superbe manoir qu’il a payé comptant et sa nouvelle conjointe, Tiguida, une mannequin internationale, trouve son nounours très cool au volant de sa Ferrari.

    Oui, la vie de Monoom a pris un tournant le fameux jour où il est sorti de la librairie pour aller noyer sa honte dans une grosse slush aux framboises bleues et où il en a profité pour s’acheter un Lotto Max qui lui a fait gagner 40 millions de dollars.

    S’il n’avait pas trouvé As-tu réglé ça ? aussi pertinent, ce ne serait pas arrivé. Monoom ne serait pas retourné à la librairie pour s’en procurer un autre exemplaire afin de l’offrir en cadeau.

    D’ailleurs, parlant de cadeau, il serait temps qu’il l’achète. Ça fait quand même plus de trois semaines depuis le jour J !

    ■ ■ ■

    Même si ce livre ne contient rien de magique, il peut t’aider à comprendre et à régler un tas de trucs.

    Quels trucs ? Comment peut-il m’aider concrètement ?

    Ah ! Je suis heureux que tu sois là, toi ! J’aime bien répondre à tes questions.

    En fait, ce livre peut t’aider en mettant l’accent sur certains aspects qui méritent ton attention, en te donnant des conseils qui vont droit au but et en ciblant les choses concrètes que tu dois accomplir dans l’ordre. Tu trouveras même un tableau des priorités en annexe pour pouvoir cocher les choses à faire.

    L’idée maîtresse est d’arrêter ta procastin… pocrasti… voyons… ta pro-cras-ti-na-tion ! Bon !

    Tu te dis : « Il faudrait ben que je… »

    Moi, je te dis : « Fais-le avant que ça change pour j’aurais donc dû…. » Je dois t’« avouer » que je n’« aime » pas particulièrement utiliser les « guillemets », mais « quand il faut, il faut », n’est-ce pas ?

    Ayant commencé ma famille alors que j’étais encore étudiant, j’ai connu une période où ma situation financière était très précaire. J’ai aussi vécu deux divorces. Et puis, je ne suis pas très ordonné de nature et j’ai tendance à faire les choses à la dernière minute.

    Pourquoi tu me dis tout ça ?

    Parce que j’ai construit ce livre en ayant en tête le bouquin que j’aurais aimé avoir à certains moments de ma vie : un livre qui fait rapidement le tour de différents sujets, qui donne les clés pour comprendre le principal, et surtout, qui permet de ne rien échapper. Un guide avec des conseils précis qui vont droit au but.

    Même si j’étais relativement bien équipé pour affronter certaines situations, je l’étais moins pour d’autres. Heureusement, rien n’a tourné à la catastrophe, mais ça aurait pu. Au moment où j’écris ces lignes, mon beau-frère de 59 ans vient de mourir d’un cancer et j’apprends tout juste que mon très bon ami de 55 ans vient de recevoir un diagnostic de SLA (maladie de Lou Gehrig). La vie est vraiment une loterie.

    Lorsqu’on ajoute l’insouciance à la bad luck, le portrait n’est pas jojo. Voici quelques exemples de cas vécus où les choses ont mal tourné :

    Un jeune homme de 25 ans, père de deux petites filles, voulait attendre la fin de sa formation, prévue deux semaines plus tard, afin de s’assurer pour 500 000 $. Malheureusement, il a fait la une du journal la semaine suivante, décédé dans un accident d’automobile.

    Les membres d’un jeune couple entêté ont fait chacun une dépression et une faillite personnelle après avoir « tout essayé » (vendu des biens de valeur, vidé leurs REER, réduit leurs dépenses au maximum) pendant 18 mois pour rembourser leur dette de 70 000 $. Cette situation aurait pu être évitée grâce à un versement mensuel de 100 $ pendant cinq ans.

    Une jeune femme a repoussé, à plusieurs reprises, la souscription d’une assurance invalidité. Son burnout a forcé son couple à s’endetter au point de frôler la faillite. Trois années ont été nécessaires pour « revenir à la normale ».

    Un jeune père de famille, ayant trois enfants, a refusé, afin d’épargner 18 $ par mois, d’assurer sa conjointe pour 500 000 $ parce qu’elle ne travaillait pas. Après le décès de cette dernière atteinte d’un cancer du sein à l’âge de 40 ans, il a dû opter pour un travail de jour avec un salaire deux fois moins élevé pour prendre soin des enfants en plus de s’endetter de 75 000 $ à cause de traitements expérimentaux qui n’ont pas fonctionné.

    Une jeune femme a dû faire une collecte de fonds sur Facebook pour payer les frais funéraires de sa mère, dont la succession était déficitaire.

    Une femme de plus de 70 ans a perdu la moitié du fruit de la vente de sa maison parce qu’elle n’avait pas réglé son divorce, ce qu’elle aurait dû faire 15 ans plus tôt. Ses revenus de retraite ont été fortement affectés par cette négligence.

    Il a fallu deux ans pour régler la succession d’une jeune femme décédée d’un cancer des ovaires parce qu’elle avait notamment modifié verbalement son testament sur son lit d’hôpital quelques heures avant de mourir.

    Un jeune homme a dû payer 2 500 $ au fisc pour une dette de 12 $ qui traînait².

    Des cas comme ça, il y en a à la tonne.

    Si ta vie est un exemple de discipline et si tout est déjà réglé au quart de tour, je suis heureux pour toi. Je ne sais pas si toi, tu es heureuse, mais, à moins que tu aies subi un choc post-traumatique, tu dors probablement mieux que s’il te restait un million de choses à régler.

    Mais…

    « T’sais comment que c’est ? »

    Même si, comme bien des gens, tu n’es pas dans une situation où tu penses avoir beaucoup de choses à régler, tu peux lire l’ensemble des chapitres, « des fois que… ». Il y a peut-être des sujets qui méritent ton attention.

    Par exemple, si je te demandais de signer un document qui déshériterait ton amoureux avec qui tu vis depuis 12 ans, tu m’enverrais probablement paître dans des champs éloignés. Pourtant, en ne signant rien, c’est exactement ce que tu fais, sans le savoir ou par négligence.

    Si je te demandais de réduire ton salaire, je retournerais probablement brouter dans les mêmes pâturages. Pourtant, c’est ce que subissent plusieurs personnes qui comprennent mal leurs avantages sociaux au travail.

    Et si je t’offrais de piger une boule au hasard dans un sac contenant deux boules rouges et une boule blanche alors que les boules rouges te feraient perdre des milliers de dollars et que la boule blanche t’en ferait gagner autant, jouerais-tu à mon jeu ? Ce serait étonnant. Pourtant, c’est ce que la plupart des Québécois font avec le Régime de rentes du Québec et la pension de la Sécurité de la vieillesse.

    Pour ne pas te ramasser dans le trouble, pour voir les coups venir, pour tirer le maximum d’une situation et pour dormir tranquille, lis plus que le présent chapitre. Sur chacun des sujets, je t’explique succinctement les conséquences juridiques et financières de poser ou non tel ou tel geste et je te fournis des pistes d’action concrètes pour agir dès maintenant.

    Dans chaque chapitre, tu trouveras les éléments suivants :

    Une entrée explosive. Longues ou courtes, les mises en contexte exposent, de façon humoristique, différentes situations. Si certaines sont carrément loufoques, les conséquences évoquées sont toujours bien réelles.

    Un plat principal frugal. Tu pourras y lire des explications brèves et les points-clés à connaître pour saisir rapidement l’essence du sujet, ainsi que des conseils pour t’aider à faire les meilleurs choix.

    Un dessert dégoulinant de gras avec un café sucré « eau de vaisselle importée ». La section « Ne t’en occupe pas si tu veux, mais… » résume les risques auxquels tu t’exposes si tu ne règles pas tes affaires. Ça peut aller de chicanes de famille à de graves problèmes financiers, en passant par un stress indu. Une belle variété.

    Un entraînement au gym. Dans la section « Comment régler ça ? », je te fournis une recette facile à suivre, en trois points : « chest, chest, bras », comme dirait l’autre.

    Même si le livre est construit pour que tu puisses régler toi-même tes affaires, n’hésite pas à faire appel à des professionnels au besoin.

    Alors je t’invite à prendre quelques minutes, ici et là quand tu en as le temps, en mangeant tes céréales, en t’essayant en t’asseyant sur le bol, en appliquant ton vernis à ongles, en faisant semblant d’écouter tes collègues de travail dans une réunion virtuelle (ou les quatre à la fois les matins où ça presse), pour feuilleter un chapitre ou trois, faire des prises de conscience (après trois prises, change de chapitre), améliorer tes connaissances (surtout sur Facebook), prendre des notes (les matins où ça ne presse pas… pauvre toi) et passer à l’action (juste ça… passer à l’action)³.

    Pas de stress : c’est mauvais, notamment pour le transit. Fais ça à ton rythme, pas trop vite, pas trop lentement, pas trop modérément. Prends ce qui te plaît et fais-en bon usage.

    C’est tout pour l’instant. Comme je n’ai rien d’intelligent à dire ici (comme à plusieurs endroits de ce livre, diront mes détracteurs), je vais te laisser sur une note un peu bizarre, mais vraiment sharp : si double dièse.

    ■ ■ ■

    Ne t’en occupe pas si tu veux, mais…

    … Tu vas passer ton temps à dire « il faudrait ben que… ».

    … Tu risques de causer, à tes proches et à toi, de graves ennuis financiers et bien des démarches administratives inutiles.

    … Tu vas toujours te demander ce qu’il y a dans ce livre de si extraordinaire.

    … Tu vas manquer plusieurs occasions de rire et de sourire.

    COMMENT RÉGLER ÇA ? ☑

    1 Dépose le livre près de la toilette ou sur ta table de chevet.

    2 Ouvre les pages, lis quelques passages et applique les conseils que tu y trouves en te référant au tableau des priorités en annexe. Recommence jusqu’à ce que tu aies coché toutes les cases du tableau !

    3 Parles-en à tous tes amis pour qu’ils puissent « régler ça » eux aussi.

    2 Stéphanie Grammond, La Presse, 28 avril 2014.

    3 Ne fais pas comme Lumami qui n’avait pas appliqué les conseils de cet ouvrage sucré salé aux passages parfois acides et qui est resté avec ce goût amer de « j’aurais donc dû… ».

    Ton contrat avec ton simili-mari

    as-tu réglé ça ?

    L’entente de vie commune

    Faits presque vécus

    Mamella a rencontré Cunilucy dans une activité de speed dating. La première est coiffeuse et le second exploite une petite entreprise dans le domaine du camionnage. Mamella « capote » sur les chauffeurs de gros trucks tatoués, et Cunilucy, sur les filles rousses de catégorie D et plus. Ils ont réellement eu le coup de foudre pendant leur première conversation, où Cunilucy en a eu plein la vue. Et pour rajouter le crémage sur le sundae, ils ne veulent d’enfants ni l’un ni l’autre.

    Après quelques semaines de fréquentations, le couple décide d’habiter ensemble. Cunilucy vient d’acheter une maison et est impatient de partager son nid d’amour.

    Même si ce n’est pas très fréquent, Mamella et Cunilucy parlent d’argent assez tôt dans leur relation. Comme le camionneur gagne deux fois plus que la coiffeuse, ils s’entendent pour payer les dépenses du couple à raison des deux tiers pour Cunilucy et du tiers pour Mamella.

    Ces dépenses représentent au total un montant mensuel de 3 000 $. Cunilucy rembourse son prêt hypothécaire à raison de 1 000 $ par mois et consacre 1 000 $ à d’autres postes, comme le prêt pour son gros pick-up ; Mamella paie 1 000 $ pour l’épicerie et les dépenses courantes, dont un petit loyer à son conjoint.

    Après trois ans, la casseuse de party vient faire son tour. Je parle de Stat, la fameuse statistique sur le nombre de rousses D et plus. Malgré sa bedaine de bière, Cunilucy ne fait pas le poids devant la force de Stat, qui l’écrase comme un moucheron. Il rencontre ainsi Sein et commence à tromper Mamella.

    Le temps passe et Mamella devient aigrie au point de négliger sa repousse de temps en temps. Elle soupçonne des choses, sans être capable de mettre le doigt dessus. Cunilucy, quant à lui, est heureux comme un pape qui aurait assisté à la Transfiguration.

    Après sept ans, il devient de plus en plus clair que le couple ne durera pas. Cunilucy est pas mal moins heureux, même si ses escapades n’ont pas cessé. Mamella est convaincue de ses frasques, mais Cunilucy a toujours une bonne explication lorsqu’elle le met face aux incohérences de son horaire « chargé ». Leurs discussions tournent souvent au vinaigre, quand ce n’est pas au javellisant. Elle n’est plus capable de l’endurer. Celui qui a plus de testostérone dans le sang, plus de bière dans la bedaine et moins de cheveux que jamais se laisse aller depuis un moment. Pourtant, après chaque engueulade, « il l’aime tant ! ».

    L’année suivante, Mamella quitte enfin Cunilucy, malgré ses menaces de suicide et son torrent de larmes. Snif !

    Sur le plan financier, Cunilucy a vu la valeur de son entreprise tripler au fil des années et a presque fini de rembourser son prêt hypothécaire ; il s’est enrichi d’environ un demi-million de dollars. Mamella, quant à elle, n’a rien mis de côté.

    Mais elle n’est pas folle. Elle sait que la plupart des lois la protègent comme si elle était mariée. Elle consulte donc sa bonne amie Facebook, Tyger, une avocate aux griffes acérées, pour savoir comment récupérer son dû.

    Son dû ? Quel dû ?

    Me Houde lui explique qu’elle n’a droit à rien de la part de Cunilucy puisqu’ils ne sont pas mariés. Si elle veut tenter d’avoir quelque chose, elle devra le poursuivre en justice pour « enrichissement injustifié », mais, d’après l’avocate, ses chances sont pratiquement nulles de gagner quoi que ce soit.

    Mamella est en proie à la colère, à la peur, à la frustration, au désarroi, à l’angoisse, à la détresse (enfin, tu vois le genre d’émotions), mais elle n’y peut rien. Elle doit accepter cette triste réalité.

    Cunilucy garde donc sa dernière rousse F (devenue G depuis le temps), son entreprise, son pick-up et sa maison. Mamella garde… ses souvenirs.

    ■ ■ ■

    Tu trouves que ça n’a pas de bon sens ? C’est ça pareil. C’est la loi.

    Au Québec, le Code civil dicte les règles en cas de séparation de personnes mariées (ou unies civilement). Les conjoints de fait ne sont pas reconnus dans le Code sur ce plan.

    Heureusement, la réforme du droit familial au Québec, qui a fait l’objet d’innombrables discussions et qui n’est pas encore en vigueur au moment où j’écris ces lignes, devrait créer des droits et obligations entre les conjoints de fait dès l’arrivée d’un enfant en commun⁴.

    Une chose demeure : les conjoints de fait doivent s’entendre par écrit afin de déterminer, notamment, comment serait traitée une séparation. Et le meilleur moment pour le faire, c’est quand ça va bien. On appelle ça une entente de vie commune.

    Personne n’aime discuter de séparation, surtout quand l’amour jaillit de chaque orifice du couple. Ça ne va pas ensemble.

    Cependant, on ne se rend pas service si on se dit qu’on n’a pas besoin d’être protégé advenant une séparation. Ça n’arrivera jamais, « on s’aime tant ! ».

    Justement, j’allais te le dire : on ne se séparera jamais, mon conjoint et moi.

    Que ça n’arrive jamais, c’est ce qu’on te souhaite, bien sûr. Mais ôte tes lunettes roses, juste quelques minutes s’il le faut. Et si tu as peur que le fait d’aborder le sujet sérieusement nuise à ton couple… Hmmm. Raison de plus pour clarifier les choses maintenant.

    On s’aime, on se protège : on signe !

    Une entente de vie commune est un document que vous signez, ton conjoint et toi, et qui dicte à l’avance comment vous comptez gérer votre union à certains égards et comment vous traiteriez la situation si jamais vous vous sépariez. Un contrat de mariage, ça vise cet objectif. Une entente de vie commune, c’est justement l’équivalent, avec moins de contraintes : pas besoin, notamment, de respecter les règles relatives au patrimoine familial. Comme c’est un contrat, elle peut être verbale ; toutefois, si tu inclus un régime matrimonial dans une entente verbale, voici la réponse que tu risques de recevoir au moment de ta séparation :

    « F** y**, ma ch** ! Va ch** ma tab** ! Je vais te montrer comment ça marche, ton « régime » de m** ! Tu vas décal** avec ça ! Ça va finir en ost** cette affaire-là, je te jure ! Et tant qu’à y être, ma bi**, fais-toi donc enc** comme il faut par un vrai pro ! »

    Alors, je te suggère de mettre ton entente par écrit. Il est possible de la modifier en tout temps, à la condition que les deux conjoints signent la nouvelle version.

    Tu peux mettre à peu près tout ce que tu veux dans une entente de vie commune. Comme je l’ai dit, c’est un contrat entre vous deux. Dans la mesure où celui-ci n’est pas contraire à l’ordre public, c’est votre imagination qui en détermine le contenu.

    Et moi, de l’imagination, j’en ai beaucoup !

    Tant mieux pour toi. Je ne veux pas de détails.

    Évidemment, certains éléments devraient faire partie du contrat de façon automatique. Par exemple, ton entente doit absolument inclure la liste des biens que vous possédiez avant l’union et traiter des points suivants (lorsque ça s’applique) :

    La contribution de chacun aux charges financières et aux responsabilités du ménage

    Qui paie la maison, les services publics, l’épicerie ? Dans quelles proportions ?

    La gestion de votre séparation éventuelle

    La garde des enfants : appliqueriez-vous une garde partagée ou non ?

    L’occupation et le partage de la maison : qui rachèterait la part de l’autre ?

    Le partage des biens (meubles, immeubles, actifs financiers) acquis pendant l’union : le conjoint qui a le gros fonds de pension offrirait-il un montant à l’autre ?

    La compensation éventuelle d’un conjoint : si l’un de vous deux mettait sa carrière en veilleuse, recevrait-il un montant compensatoire ?

    Comme je l’ai dit plus haut, vous pouvez rédiger vous-mêmes cette entente, mais vous risquez d’oublier des éléments importants ou d’insérer des clauses qui ne seraient pas légales, par exemple une façon de régler un problème qui serait contraire au meilleur intérêt des enfants.

    Pour éviter ces erreurs, il est préférable d’utiliser des modèles que tu peux trouver sur le Web ou, encore mieux, de faire affaire avec un juriste. C’est plus cher – de toute façon, tu as économisé des sous en ne te mariant pas –, mais ça atténue les difficultés.

    En passant, si tu ne signes pas d’entente de vie commune, assure-toi d’être propriétaire des biens dans lesquels tu investis, afin d’éviter de perdre ton argent. En d’autres mots, si tu paies une propriété ou une auto qui n’est pas à ton nom, tu risques de ne pas y avoir droit en cas de séparation si ce n’est pas stipulé dans un contrat de vie commune.

    Bon, il te resterait toujours la possibilité de poursuivre ton ex pour enrichissement injustifié, mais ne te fie pas là-dessus. Ce n’est pas du gâteau et ça coûte plus cher en avocats qu’un guacamole. (Eh oui : « guacamole », c’est masculin, alors que « trampoline » est rendu[e] LGBT. Faut s’y faire.)

    Ouais, LGBT, comme les « gens » straight…

    Ouf ! Reste avec moi, s’il te plaît… et lâche le cannabis.

    Beaucoup de conjoints de fait pensent que, s’ils se séparent, ils auront droit à une pension alimentaire. Ce n’est pas le cas. Au Québec, ce type d’obligation n’existe qu’au bénéfice des enfants. La pension alimentaire, même si elle est payée à l’autre parent, est un droit des enfants. Pas du conjoint. En cas de séparation, ce sont les enfants qui sont protégés par la loi, pas les conjoints de fait, du moins, pas encore.

    Vous pouvez cependant indiquer, dans une entente de vie commune, qu’en cas de séparation l’un des conjoints versera une pension alimentaire à l’autre. C’est vraiment à vous deux de décider ce que vous voulez.

    Sur le plan fiscal, il y a des situations où il peut être avantageux de cotiser au REER du conjoint. Toutefois, si tu n’as pas d’entente de vie commune et si vous vous séparez, tu perdras toutes les cotisations versées à ton conjoint. Dès que l’argent est dans son compte, ça lui appartient. Même chose pour le CELI. L’entente de vie commune pourrait t’aider à te faire rem bourser les cotisations que tu as versées au nom de ton conjoint, d’où son importance.

    ■ ■ ■

    Ne t’en occupe pas si tu veux, mais…

    … Un de vous deux sera probablement lésé, volontairement ou non, si vous vous séparez. Si c’est toi, je compatis… Si c’est ton conjoint, je n’ai pas de félicitations à te faire.

    … La tension va probablement monter solidement si vous vous séparez. Même si tu veux faire ça « à l’amiable », il est très possible que ça dégénère si les choses n’ont pas été clarifiées au moment où vous vous entendiez bien.

    COMMENT RÉGLER ÇA ? ☑

    1 Décidez ensemble des grandes lignes de votre union et de ce qui se passerait en cas de séparation. Fixez le partage des dépenses et faites la liste des biens qui vous appartenaient avant l’union et de ceux acquis par la suite, le cas échéant. Prenez des décisions en ce qui concerne la garde des enfants et la façon dont vous désirez que vos biens soient partagés en cas de rupture. Déterminez si vous voulez faire une exception pour les biens reçus en héritage ou par donation.

    2 Mettez tout ça sur papier. Au minimum, allez chercher un modèle dans Internet et adaptez-le à votre situation. À défaut de faire notarier votre entente moyennant quelques centaines de dollars, ce que je vous conseille, produisez deux exemplaires de votre contrat, signés par vous deux, que vous remettrez à une personne de confiance dans chacune de vos familles. Il est cependant préférable de trouver un notaire ou un avocat et de lui confier la rédaction, en langage juridique, de vos volontés.

    3 Réévaluez périodiquement vos souhaits pour corriger votre entente, au besoin.

    ■ ■ ■

    Voici la version non censurée de ce que tu as lu plus tôt. Ce sont les propos de Keto, qui dit à sa conjointe ce qu’il pense du régime cétogène végétalien.

    « Francesca Ysabelle, ma chérie ! Va chercher ma tablette ! Je vais te montrer comment ça marche, ton régime de minceur ! Tu vas décalcifier avec ça ! Ça va finir en ostéoporose, cette affaire-là, je te jure ! Et tant qu’à y être, ma biche, fais-toi donc encadrer comme il faut par un vrai pro ! »

    Désolé s’il y a eu confusion.

    Franchement ! Grand fou ! Je trouvais aussi que t’étais pas mal heavy.

    4 Voir La réforme proposée du droit de la famille en annexe, pour plus de détails.

    Ton tit papier rose

    as-tu réglé ça ?

    L’assurance auto

    Faits presque vécus

    — J’ai-tu ben entendu tantôt, t’es assuré « juste d’un bord » ? Qu’esse ça veut dire ?

    — Ça veut dire que chu protégé de mon bord, mais que, si on se fait rentrer dedans de ton côté, ça paiera pas.

    — Comment ça ? C’est-tu toé qui as choisi ça ?

    — Ben oui, c’est moins cher. Qu’esse qu’y a ?

    — Comment, qu’esse qu’y a ? T’es donc ben con, Amour ! Tu vas me changer ça, cette assurance-là ! Je le savais qu’y avait quelque chose. T’es toujours en train de surveiller de ton côté, mais tu coupes souvent de mon bord. Là, je comprends !

    — Hé ! Relaxe, Véhémence ! C’est moé qui le paie, ce char-là ! C’est moé qui paie l’assurance itou. Si t’es pas contente, tu peux marcher jusqu’à maison !

    — Tu fais dur en tab** ! Os** de trou de cul d’Amour à marde ! Mets-en, que je vas débarquer !

    — HÉ ! QU’ESSE TU FAIS ? MAUDITE FOLLE ! FERME LA PORTE !

    — TU PENSES QUE CHU PAS GAME DE MARCHER JUSQU’À MAISON ? TU SAURAS, MON AMOUR, QUE C’EST PAS TES PETITES MENACES QUI VONT ME FAIRE PEUR !

    — FERME LA P…

    Bang !

    — Ah !

    — Ta !

    En moins de temps qu’il ne faut pour dire « … orte, crisse de folle ! Arrête tes niaiseries ! Tu vas me faire faire un accident ! » Amour est rentré dans un véhicule immobilisé au feu rouge. Heureusement qu’il n’allait qu’à 15 km/h. Ç’a cependant été suffisant pour détruire le devant de sa Honda Civic 2008. Véhémence, doublement choquée, poings sur les hanches, se dirige d’un pas décidé vers la maison, à plus de 150 mètres à l’ouest.

    Les dommages sont de l’ordre de la moitié de la valeur du véhicule. Amour aurait dû s’assurer des deux bords.

    ■ ■ ■

    L’assurance automobile, ça touche beaucoup de gens. Depuis 1978, au Québec, tout le monde est automatiquement couvert pour les blessures corporelles subies dans un accident de la route en vertu du régime public d’assurance automobile du Québec, administré par la Société d’assurance automobile du Québec, la SAAQ. Pas la SAQ, qui mène trop souvent à l’autre.

    En bon français, on appelle ça le no-fault (qui signifie « sans égard à la responsabilité »). Ça veut dire que, peu importe le responsable d’un accident de la route, on le déresponsabilise et c’est la SAAQ qui paie pour les blessures et les pertes de vie des pauvres victimes.

    Les dommages matériels, par contre, ne sont pas couverts. Il revient à chacun de se protéger en prenant une assurance privée.

    Même si, en raison du régime public, aucun conducteur n’a à payer de sa poche les blessures causées par sa faute, il faut, lorsqu’un accident se produit, en attribuer la responsabilité. Ça, c’est la job des assureurs, pas la tienne ni celle de la police.

    Il est possible que tu sois considérée comme responsable de l’accident à 100 % – même si ce n’est pas de ta faute, par exemple si tu es victime d’un bris mécanique – ou à 0 %, comme quand Twite te rentre dedans en s’appliquant un nouveau blush crème corail sur les pommettes.

    Regardons ça de plus près.

    Le régime public d’assurance automobile du Québec : pour tous, mais pas pour tout

    Comme je le disais, ce régime public couvre tous les résidents du Québec, partout dans le monde, pour les blessures corporelles résultant d’un accident de la route. Cet accident doit être causé par un véhicule à moteur. Le vélo électrique n’entre pas dans cette catégorie.

    Par exemple, si Kerv, au volant de sa Citroën louée, était passé tout droit dans une courbe sur la côte amalfitaine, la SAAQ aurait remboursé les frais de rapatriement de son corps au Québec.

    Heureusement, Kerv a simplement percuté une moto par l’arrière et a été victime d’une radiculopathie cervicale (tu sais, un ** de nerf coincé dans le cou) et d’étourdissements qui ont nécessité une courte hospitalisation et des traitements de physiothérapie. Pour tous ces frais, il est couvert.

    La même couverture s’étend à la passagère de Kerv, Mangerdaline, qui ne conduisait pas, étant occupée à lui donner un petit plaisir. Si la radiculopathie est grave – on verra avec le temps – et si elle cause à Kerv une perte de revenus, des indemnités sont également prévues par le régime.

    S’il n’avait pas essayé d’attraper la petite goutte de gelato tombée du cornet que lui tendait Mangerdaline, rien de tout cela ne serait arrivé.

    Donc, que tu sois responsable ou non d’un accident de la route, tu recevras des indemnités du régime pour tes blessures. En cas de décès, c’est ta famille qui en touchera.

    Si l’accident implique deux Québécois, ici ou ailleurs, aucun conducteur ne peut poursuivre l’autre pour les blessures corporelles.

    Par contre, si ton accident survient hors du Québec, tu peux être poursuivie pour les blessures que tu infliges à des personnes qui ne sont pas québécoises.

    Étonnamment, la moto que Kerv a heurtée ne se pilotait pas toute seule. Mardo la conduisait. Sous l’impact, il a franchi le parapet en bordure de la route. Tu aurais dû voir ça, c’était quelque chose : superbe vol plané et atterrissage dans un magnifique citronnier cinq mètres plus bas, avec ses arômes juste avant la récolte et parfaitement taillé.

    Maintenant, Mardo va probablement poursuivre Kerv pour ses blessures physiques et la perte totale de sa moto. Ça devrait faire un beau « motton », sans doute des centaines de milliers de dollars.

    Quand on n’est pas fort… mais pas mort

    La principale indemnité est celle de remplacement de revenu, qui garantit à la victime 90 % de son revenu de travail après impôt calculé selon une formule prescrite. Le revenu brut maximal assurable est le même que celui utilisé pour les accidents du travail et le régime québécois d’assurance parentale. Comme ce montant augmente chaque année, je te dirai simplement qu’en 2021 il était d’environ 84 000 $.

    Route est une jeune hautboïste de l’OSM célibataire qui gagne 60 000 $ par année. Si elle est victime d’un accident de la route qui lui défait la lèvre supérieure, il se pourrait qu’elle ne

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