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De Brazzaville à Singapour: Les tribulations d’un boulanger voyageur
De Brazzaville à Singapour: Les tribulations d’un boulanger voyageur
De Brazzaville à Singapour: Les tribulations d’un boulanger voyageur
Livre électronique166 pages2 heures

De Brazzaville à Singapour: Les tribulations d’un boulanger voyageur

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À propos de ce livre électronique

Pour écrire un livre sur ses mémoires il faut savoir rêver, mais parfois aussi se faire un peu violence pour réussir à tout se remémorer, à remettre dans l’ordre les anecdotes, les moments heureux ou plus difficiles qui constituent une vie entière. On peut alors partager son vécu, et se dire « heureux qui comme Ulysse a fait un long voyage ». Mon livre est un véritable voyage qui ouvre sur le monde. Il fait partie de mon histoire et de mon identité. Comme mon métier m’a permis de véhiculer l’image de la France sur toute la planète, j’aimerais qu’il rayonne auprès de mes lecteurs.
LangueFrançais
Date de sortie15 nov. 2018
ISBN9782411000602
De Brazzaville à Singapour: Les tribulations d’un boulanger voyageur

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    Aperçu du livre

    De Brazzaville à Singapour - Alain Juignet

    cover.jpg

    De Brazzaville

    à Singapour

    Alain Juignet

    De Brazzaville

    à Singapour

    Les tribulations

    d’un boulanger voyageur

    LEN

    126, rue du Landy 93400 St Ouen

    © LEN, 2018

    ISBN : 978-2-411-00060-2

    Prologue

    Travailler au bout du monde

    Dans la vie, il faut se donner les moyens de surmonter les difficultés, d’apprécier les challenges et les voyages. L’auteur relate son parcours professionnel peu ordinaire dans un univers bien particulier, en ayant suivi un long chemin, un passé attachant conté avec tact, tendresse et sensibilité. Que l’on soit explorateur, aventurier ou simple touriste, la magie du voyage opère toujours. L’auteur nous fait partager son aventure dans des pays parfois difficiles, que ce soit sur les plans sécuritaire ou politique du pays, ou sur des îles lointaines, avec des modes de vie souvent particuliers, des religions différentes et des gastronomies variées. Ces aventures laissent en mémoire des années d’enchantement et d’insouciance, qui forment ensuite un certain art de vivre. Elles laissent des souvenirs impérissables et nostalgiques dans la mémoire du voyageur. Dans cet ouvrage libérateur de souvenirs, il relate son vécu et sa vision d’événements, que ce soit sur terre ou en mer, son parcours international, riche d’expériences. Face à des conditions de vie souvent extrêmes, une solide motivation était de rigueur, obligeant les équipes à se mettre en quatre, que ce soit concernant la gestion d’une base vie à terre ou d’une base vie offshore en mer.

    Mes convictions…

    La boulange, ça mène à tout ! J’aurais pu être un héros d’Hergé. Sauf que Tintin n’était pas boulanger comme moi, mais journaliste. Je n’ai pas hésité à élargir mon périmètre professionnel et géographique. J’ai vite fui le cercle familial de ma languide campagne sarthoise de Saint-Pierre-du-Lorouër pour des contrées lointaines : le Congo, l’Algérie, le Nigeria, l’Arabie Saoudite, l’Irak, la Polynésie française, l’Allemagne de l’Est (RDA) ainsi qu’un parcours maritime avec la marine marchande. J’ai suivi une formation de boulanger, une autre formation dans l’école hôtelière de Vichy, avant d’élargir mes horizons affectifs et artistiques avec la photographie, éducatifs avec le vulcanologue Haroun Tazieff et le documentariste Christian Zuber, connu pour ses émissions télévisées caméra au poing et ses conférences à Connaissance du monde, m’initiant à l’écologie balbutiante et m’ouvrant au monde. Lors de mes escapades et missions à tout risque partout sur la planète, dans les points chauds de pays fermés, j’ai vécu dans des bases vie pour assurer la gestion de l’intendance alimentaire et l’hébergement sur des villages temporaires à l’occasion de gros chantiers. Nourrir, loger, servir et assurer le bien-être de milliers de personnes réunies au bout du monde, dans des sites miniers, sur des plateformes pétrolières, dans le BTP, sur des sites gaziers, etc.

    Nommé à Mururoa, je fus amené à côtoyer les artificiers des forces militaires françaises jouant avec des allumettes peu ordinaires. Au cours de mes divers séjours, j’ai assisté à quatorze explosions nucléaires souterraines, onze tirs atomiques, deux tirs de sécurité et au premier essai de la bombe à neutron dont le nom de code était « Pylade ». Des tirs allant de cinq à cent cinquante kilotonnes, tous invariablement parfaits selon les autorités militaires et le commissariat de l’énergie atomique de l’époque. Pourtant, j’avais déjà des raisons d’en douter. D’où aujourd’hui, sans doute, des documents récemment déclassifiés révélant les silences et/ou la désinformation qui entouraient ces nombreux essais, notamment la pollution atmosphérique terrestre et marine ainsi que la déstabilisation des lagons. Mais je n’ai pas d’avis particulier sur les essais nucléaires.

    Dans cet ouvrage, je vous transporte dans des contrées où j’ai vécu agréablement, ou d’autres pays où j’ai couru un certain danger physique et psychologique, par exemple l’Irak, le Nigeria, l’Allemagne de l’Est. Dans chaque pays j’ai analysé la géopolitique. Tout cela se traduit par des aventures très variées En écrivant cet ouvrage, j’ai voulu faire partager un moment de ma vie dans un style simple. Curieux et passionné, je tâche d’étayer mon parcours avec des documents très personnels et des photos, que j’ai gardés depuis 1966, âge où je suis entré dans la vie professionnelle. Et je me suis lancé un défi !

    Comment ai-je pu me rappeler toutes ces anecdotes et l’intégralité de mon histoire, toutes ces années passées à l’extérieur ? Eh bien, chaque jour, j’ai pris des notes dans mon journal de bord et j’ai gardé toutes les lettres et documents, passeports et fascicules maritimes avec les photos. Quand je suis revenu définitivement en France, l’enchantement et le surnaturel m’ont fait ouvrir ma petite valise fondamentale. Je me suis dit que je ressortirais ces mémoires de la petite valise quand l’heure de ma retraite aurait sonné. Que j’écrirais un manuscrit et le présenterais à un éditeur ! Retracer son histoire, avec ses réussites et ses échecs, ces incidents et accidents. Parfois, prendre en compte la colère de ceux et celles qui luttent contre l’oubli. Dans les années 1970, en passe de devenir chaotique, l’art de vivre n’était qu’illusions, et mes ambitions se sont effacées lentement. J’ai donc décidé de me prendre en main et de rebondir.

    Chapitre I

    Il faut commencer par du rêve. Et les choses deviennent réelles à un moment ou à un autre.

    Le rêve d’une vie par les voyages, et la connaissance du monde et de sa culture. Je ne puis que dire cela car, voyez-vous, enfant, ma santé était déficiente. Je n’allais pas me permettre de faire de grandes études. Je ne commençai mes premières années sur les bancs de l’école qu’à l’âge de huit ans. Je n’en fais pas de mystère, mon passage à l’école n’aura été que fugace. Six années sur les bancs de l’école primaire à essayer d’apprendre et de comprendre. Nous étions en 1966 et, pour moi, l’école se termina sans certificat d’études. J’en étais très loin. La maîtresse d’école – comme on les nommait autrefois – me dit : « Mon pauvre Alain, avec ton petit cerveau en plastique, tu ne feras rien dans la vie ! » Effectivement, avec ces paroles, qu’est-ce que la vie professionnelle allait me réserver ? En écoutant ces mots-là, je me disais que jusqu’à l’âge de quatorze ans, je mangeais mon pain blanc, et que le reste de ma vie, j’allais manger du pain noir. Eh bien, aujourd’hui, j’ai soixante-cinq ans, et je pourrais lui démontrer que ma petite cervelle en plastique s’est transformée en un cerveau de fer forgé, mais cette maîtresse-là n’est plus de ce monde – paix à son âme. Le jour où elle m’adressa ces quelques mots, dans ma petite cervelle, cela me fit un électrochoc. Je me dis que, dans la vie, pour m’élever au niveau de la société, il fallait oser, parfois composer, mais jamais renoncer. Eh oui ! cela peut arriver, au grand désespoir de mes chers parents. Tout de même, certaines notions élémentaires m’avaient été données par-ci par-là, de stage en maison de santé. Ce fut donc avec un handicap certain que je débutai ma vie d’adulte, qui aurait pu se dérouler dans ma Sarthe profonde, connue à l’époque pour être moyennement évoluée. Mais il faut ajouter également que, étant le douzième enfant de la fratrie – où chacun normalement doit être solidaire – par manque d’autorité de nos parents, chacun ne pensait qu’à se débrouiller au mieux afin de jouir le plus possible des biens en travaillant le plus possible. Une autorité avec la responsabilité à tous les échelons ; le moins de luxe et de jouissance possibles ; l’esprit de jouissance par l’esprit du devoir ; le respect de l’autorité ; tout en essayant de garder un peu de sa personnalité – un combat permanent, semblait-il. Mon père était le cantonnier du village de Saint-Pierre-du-Lorouër. Il aimait la discipline, mais était toutefois conciliant par sa droiture. Croyant mais peu pratiquant. Ma mère, une femme d’une grande force de caractère, était très persuasive, se prêtait difficilement à la discussion. Elle arborait les stigmates de sa jeunesse, une enfant abandonnée, placée par l’assistance publique dans une famille d’accueil à la mentalité ancestrale. Ma mère aussi croyait peu en Dieu, comme bon nombre de gens du sud de la Sarthe. Je suis né en 1952. Selon ma mère, j’étais un « bébé facile et gentil ». Un de plus. Mon père, lui, me considérait comme un « joli coco ». Mes parents avaient reçu en 1947 la médaille de la famille nombreuse : sept enfants. En cette période, les femmes, très facilement fécondes, n’avaient pas les moyens de contraception que l’on connaît de nos jours, puisqu’il fallut la loi Simone Veil, une personne remarquable, pour autoriser la contraception et l’interruption de grossesse. En 1975, sous la présidence de Valéry Giscard d’Estaing, le préservatif existait, mais il n’était pas en vente libre.

    Par la suite, mes parents reçurent une nouvelle médaille en 1963, reconnaissance de l’État de la difficulté à élever dans la citoyenneté et l’honnêteté de nombreux enfants, sous la présidence du général De Gaulle et du gouvernement Pompidou. Cette vie de groupe nous obligea rapidement à nous « débrouiller », comme on disait. Et si tous ces liens affectifs nous maintenaient souvent complices dans les périodes difficiles, l’autorité comme le devoir restaient de rigueur.

    En cette période d’après-guerre, la tentation était faible. Tout le monde se contentait de ce qu’il avait, les pauvres étaient vraiment pauvres. Habitant un logement étriqué et souvent insalubre, sans chauffage et parfois sans eau potable. Dans l’ensemble, une grande majorité de la population vivait grâce au jardin – bien évidemment, si les familles en possédaient un. Les journées de travail étaient longues, pénibles, et les salaires très bas. Dans nos campagnes, on ne se plaignait pas ! On mangeait à notre faim. Par contre, comme bien des enfants de l’époque dans de nombreuses maisons, nous quittions l’école à quatorze ans. Un métier était indispensable et, bien entendu, je fis partie de ces enfants-là, faute de moyens.

    Ainsi, je quittai l’école et me retrouvai en formation d’apprenti boulanger. J’avais quatorze ans et, en 1966, j’étais un grand maigrichon. Par chance, j’étais proche de ma fratrie, dans ce petit village. Me voici « mitron », un de ces beaux métiers où l’on apprenait à façonner avec dextérité ce qui serait toujours une fête sur une grande table. La miche de pain couleur ambrée, lorsque vous la sortez du four, vous enveloppe de son parfum, envoûte vos oreilles de son chant qui résonne comme une plainte. La mélodie du moulin à farine me semble si proche qu’en regardant les sacs qui retiennent celle-ci en train de se remplir à la goulotte, même le bruissement des tamis me semble encore présent. Le pain, personne ne peut s’en passer. Et petites et grandes tables ne peuvent que lui faire honneur, avec toutes les sortes qui existent. Savoir faire le pain est une chose, mais savoir fabriquer une merveilleuse brioche mousseline en est une autre ! Ce gros chapeau melon avec sa boule ronde dessus ; ou l’autre ronde, moins haute, ou bien l’ovale et combien d’autres formes ! Quelle beauté, à peine sortie du four, embaume l’atmosphère du fournil et du magasin ! Lorsque vous ouvrez cette brioche encore tiède, avec sa texture légère et aérée, son parfum enchanteur, sa couleur de blé d’or, vous ne pouvez résister à la gourmandise. Et si l’on ajoute la délicieuse crème anglaise faite maison avec de bons œufs et lait de ferme, alors là, Rabelais revient parmi nous en se désaltérant d’un excellent vin de Jasnières vinifié dans le sud de la Sarthe. Quant au pain, c’est un véritable trésor partagé dans le monde par des milliards de personnes quelle que soit leur religion.

    L’apprentissage pour un adolescent : les longues journées de travail commencent au petit matin, où il fait encore nuit et que tout le monde dort jusqu’à parfois 11 heures. Pétrir, laisser pousser et diviser, façonner et laisser pousser, et enfin, mettre à cuire. Les cours, une matinée par semaine à Aubigné-Racan, avec un peu de maths, de français et de technologie ; bien sûr, une journée de repos dans la semaine en plus du dimanche. Le travail se terminait souvent après le déjeuner, suivi d’une sieste prolongée indispensable pour récupérer. Pas de quoi tellement traîner ! Pourtant, dans le village, il y avait bien des garçons et des filles de mon âge, et puis le curé avec ses activités, comme le foot, etc. Mais pas de quoi pavoiser ! Souvent, en plus, il fallait ravitailler les activités de brioches distribuées aux ouailles. J’avais bien quelques copines, mais elles

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