Enceinte de son cinquième enfant, une petite fille, la navigatrice vogue habilement entre sa vie de famille et sa croisade pour sauver les océans
À Saint-Jean-Cap-Ferrat, près de son port d’attache, l’aventurière est maman à plein temps
Avec déjà deux records à son palmarès, elle a tourné la page des expériences extrêmes. Mais son regard est toujours porté vers le large. À la barre de la Maud Fontenoy Foundation, elle se consacre depuis 2008 à son double objectif : préserver les mers et éduquer les jeunes générations à la défense de l’environnement. Son message tient en une formule : « Sauver l’océan, c’est sauver l’homme. » Le deuxième volet de son documentaire, consacré à la Grande Barrière de corail, sera diffusé le 14 mars sur Canal+.
Pendant le tournage de son documentaire en Australie, elle a plongé en apnée : « J’ai eu l’impression de présenter l’océan à mon futur bébé »
Elle parle tour à tour de l’importance des relations vraies, de son rejet rugissants, se cache non pas un marin buriné, roc en béton armé, mais une femme de 46 ans, amoureuse des océans. Animée par ce qu’elle appelle « son amour pour la vie », quitte à l’envisager comme une course contre la montre, Maud Fontenoy fait les choses passionnément. « Cette vie peut nous échapper si rapidement, tout cela est si fragile… » dit-elle, avant de peser à nouveau ses mots. La navigatrice se reprend, réfléchit, reste attentive à ce qu’elle devrait dire ou ne pas dire, tant les critiques ont pu la fragiliser. Puis elle se lance dans un tourbillon de mots d’une sincérité désarmante. Celle qui a pris racine dans ce monde en septembre 1977 allait passer les quinze années suivantes sur la goélette « Gwenn Bleiz » de ses parents, avec ses frères Yann et Roch. Une enfance en autarcie, décrit-elle, préservée de la complexité de ce monde. Cette timide maladive sera flanquée d’un nombre de records inconvenant dans un milieu plein de marins jaloux… Première femme à réussir à 26 ans la traversée à la rame de l’océan Atlantique Nord en 2003, puis, moins de deux ans plus tard, celle du Pacifique Sud. À nouveau, tour du monde à la voile en solitaire, à contre-courant cette fois, en 2006. C’était déjà beaucoup pour certains commentateurs, mais pas assez pour cette battante. Maud Fontenoy a très tôt décidé de consacrer sa vie à un combat : sensibiliser à la préservation des océans. Faut-il parler de ses conférences sur l’environnement qui rameutent des foules, de sa vingtaine de livres qui cartonnent, de ses documentaires pour lesquels elle n’hésite pas à parcourir des milliers de kilomètres, alors même qu’elle est enceinte de six mois ? Ou évoquer les quatre premiers enfants nés de pères différents et ce cinquième à venir, le second avec celui qu’elle décrit comme l’homme de sa vie, celui qui a su voir en elle la femme qu’elle est vraiment ? Avec Maud, on peut tout raconter, ou presque, à condition d’être sincère. Quand on lui reproche d’être « trop tout », elle qui a surmonté tant d’épreuves répond qu’il ne peut en être autrement : « J’ai vécu le cancer dans ma chair, ensuite à travers mon fils aîné qui va heureusement bien aujourd’hui, puis avec ma mère, disparue en 2016. La vague est parfois plus haute que le bateau. J’ai conscience de la finitude de la vie depuis toute petite. Alors, lorsqu’on a la santé pour vivre des choses, pour transmettre, il faut y aller à fond, quitte à être “trop tout”. » Y aller sans peur du regard des autres, en saisissant les mains tendues des personnes croisées à travers sa fondation, créée en 2008, qui lui a permis de sensibiliser dans les écoles plus d’un million d’enfants à l’écologie. Et tant d’autres avec sa série documentaire consacrée à l’environnement.
