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Revue Compendium: Semestriel Janvier 2018, #1
Revue Compendium: Semestriel Janvier 2018, #1
Revue Compendium: Semestriel Janvier 2018, #1
Livre électronique272 pages3 heures

Revue Compendium: Semestriel Janvier 2018, #1

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À propos de ce livre électronique

Compendium signifie un abrégé ou un condensé, sous la forme d'une compilation, d'un corpus de connaissances dans un domaine déterminé. Si certaines femmes  ont été de grands écrivains et ont poussé jusqu’au génie l’éloquence du cœur, la finesse de l’esprit, la sagacité du jugement, l’art de grouper tout un monde autour d’elles,  l’histoire littéraire ne leur a souvent réservé qu'une portion congrue.  Nous avions, Corinne Tisserand -Simon et moi-même après ce constat,  la volonté  de donner à lire des extraits  qui témoignent du fait que la littérature ne se construit pas uniquement  à partir du point de vue masculin. Il est temps d'affirmer que l’écriture des femmes n'est pas  un épiphénomène dans l’histoire littéraire pour  ouvrir le chemin d'une lecture qui prendrait en compte les entraves, les compromis, le poids des formes et des normes avec lesquels des femmes se sont battues, écorchées, censurées pour faire passer comme elles l'ont pu alors, sous un discours parfois trop convenu, trop convenable, sous les masques, la dénégation ou l'interdit, un écrire de femme.

LangueFrançais
Date de sortie16 mars 2018
ISBN9781386924005
Revue Compendium: Semestriel Janvier 2018, #1

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    Aperçu du livre

    Revue Compendium - Corinne Tisserand-Simon

    L'écriture faite femme

    Extraits de textes choisis et contributions

    lune-orbite-autour-de-la-terre_318-56800 (1).png

    Le Satellite Editions

    Le Satellite Edition

    6 rue Coussin 33000 Bordeaux

    Lesatellitte33@gmail.com

    Revue Compendium ©

    Semestriel : n°1

    Directeur de Publication :

    Stanislas Kazal

    Rédactrice en chef

    Corinne Tisserand-Simon

    Rédactrices contributrices

    avec leurs autorisations

    Corinne Tisserand-Simon ©

    Martine Macre© Monique Marta©

    Marie Delvigne© Mary Myriam©

    Mathilde de Beaune©

    Publication :Janvier 2018

    Sommaire

    EDITORIAL

    Introduction

    Espace d'émancipation,  Espace féminin

    La Duchesse d'Abbrantes

    Introduction de l'Histoire des Salons de Paris

    Le Salon de Madame Roland

    Olympe de Gouges

    Le Cri du Sage; par une Femme

    Le Couvent ou Les Vœux Forcés

    Madame de Stael

    Corinne ou l'Italie

    Georges Sand

    Indiana

    La  petite fadette

    Revendication, Contestation, Engagement

    Hubertine Auclerct

    Égalité sociale et politique de la femme et

    De l'homme discours prononcé

    au Congrès socialiste de Marseilleen 1879

    La femme arabe en Algérie

    Pour faire une musulmane médecin

    Cervelle de jeune fille

    LOUISE MICHEL

    Extraits féministes des Mémoires de Louise Michel

    (œuvresposthumes )

    Poèmes

    Maria Deraismes

    Préface d'Ève dans l'humanité

    La Femme et le Droit

    Ecrire  son corps,  Ecrire son Etre, contributions

    Corinne Tisserand-Simon

    Extrait de Moïra ou Les Enfants du Désert

    Poèmes

    Martine Macre

    D’orages et de Silences

    Femme de l’intérieur

    Monique Marta

    PIERRES

    Marie Delvigne

    Mon corps

    Mary Myriam

    Louise-Michel, du Paris des barricades aux contes de Kanaky,

    une poésie du réel et du quotidien

    Mathilde de Beaune

    Femmes et littératures : la double méprise

    Éditorial :

    L'Ecrire- Femme

    PAR STANISLAS KAZAL

    Compendium signifie un abrégé ou un condensé, sous la forme d'une compilation, d'un corpus de connaissances dans un domaine déterminé. Si certaines femmes  ont été de grands écrivains et ont poussé jusqu’au génie l’éloquence du cœur, la finesse de l’esprit, la sagacité du jugement, l’art de grouper tout un monde autour d’elles,  l’histoire littéraire ne leur a souvent réservé qu'une portion congrue.  Nous avions, Corinne Tisserand -Simon et moi-même après ce constat,  la volonté  de donner à lire des extraits  qui témoignent du fait que la littérature ne se construit pas uniquement  à partir du point de vue masculin. Il est temps d'affirmer que l’écriture des femmes n'est pas  un épiphénomène dans l’histoire littéraire pour  ouvrir le chemin d'une lecture qui prendrait en compte les entraves, les compromis, le poids des formes et des normes avec lesquels des femmes se sont battues, écorchées, censurées pour faire passer comme elles l'ont pu alors, sous un discours parfois trop convenu, trop convenable, sous les masques, la dénégation ou l'interdit, un écrire de femme.

    La compilation a revêtu les habits d'un alibi en ce qui me concerne, car j'ose avouer que j'appréhendais la rencontre avec le continent noir  de l'écriture. Il est toujours délicat d'accepter en tant qu'homme de concevoir sans refoulement et déni que notre inconscient serait pour une part le féminin censuré de l'histoire .

    En effet, bien que les écritures de femmes aient toujours existé, elles sont sans cesse le lieu d’un conflit entre le désir d’écrire et de publier et une société qui manifeste à l’égard de ce désir soit une hostilité systématique soit une forme atténuée, mais plus perfide, qu’est l’ironie et la dépréciation.

    Après avoir était cantonné  et s'être  illustrer dans les salons littéraires comme le relate la Duchesse d'Abbrantès , il a bien fallu leur concéder des territoires dans ce domaine  : la lettre-conversation et le roman féminin, la plainte de la mal mariée et la chronique du quotidien, les délicatesses du cœur et les déchirures de la passion.

    La société a voulu y voir des  ouvrages de dames mais c'était sans compter sur le talent et l'intelligence de celles qui se sont approprié la littérature comme un espace d'émancipation pour en faire une affaire de femme.

    Quand des femmes sortirent  de ces territoires,  la société a cherché la  paternité  de leurs œuvres : l'amant, l'ami, le conseiller bref pendant qu'on était femmes par le cœur, hommes par le cerveau ! Tout ça pour conjurer  une  simple interrogation.

    Comment être femme et être écrivain? Et bien c'est juste que  les femmes écrivent.

    Loin de toutes  présomptions théoriques, de partis pris idéologiques ou de postures identitaires, nous attirons dans ce premier numéro de compendium  l'attention sur cette naïve réalité tronquée de façon multi-séculaire et qui se révèle sous la forme d'une lapalissade : les femmes écrivent !

    Et pourquoi pas car comme le relevait Olympe de  Gouges, elles montent bien à l'échafaud, autant à l'échafaud de la vie que celui de l'histoire.  L'institution tente de l'ignorer, de  neutraliser ou de récupérer. Les femmes sont prises entre le désir d'être acceptées et le besoin d'affirmer leur transgression.  Femmes d'esprits comme Germaine de Staël déstabilisant  Napoléon  ou femme voulant vivre de sa plume entrées par la petite porte du journalisme dans la littérature à la façon d'une Georges Sand , elles obligent l'institution obsolète  à  tenter de capter la crue dans  une dialectique subtile de légitimations ou de condamnations spécieuses.

    Les femmes écrivains  ont le sentiment à raison qu'il y a quelque chose de révolutionnaire  dans la recherche d'une expression autonome. Ce qui se joue va bien au-delà de l'interrogation sur une spécificité littéraire. La  question des femmes  donc de leur écriture et indissociable de celle  de l'évolution sociale. Il faut donc renoncer à une dépendance présentée comme  une protection.  Ecoutons donc cet appel à la liberté qui  sonne comme une âpre fanfare de revendications, de contestations et surtout d'engagements chez Hubertine Auclerct, Louise Michel et Maria Deraismes.

    Il est nécessaire pour la libération certes de chercher un  salut dans la littérature  mais pour se faire, la femme qui écrit doit  se dépouiller de la femme convenue  qu'elle est  devenue. Les femmes doivent surmonter  la spécification millénaire et arbitraire qui les cantonne dans une vision androcentrée de la  féminité

    Il ne s'agit pas pour la femme de revendiquer uniquement  le droit d'être un homme comme les autres  mais aussi celui d'être une femme comme soi-même.  Non plus d'affirmer les mots du père  dans le corps de la mère mais d'écrire  son corps,  d'écrire son être.

    Interrogation d'une expérience individuelle dans l'écoute d'un  inconscient féminin singulier nos contributrices : Corinne Tisserand-Simon, Martine Macre,  Monique Marta, Marie Delvigne, Mary Myriam et Mathilde de Beaune conjuguent  la féminine condition au féminin pluriel.

    Elles nous emportent  ainsi de surcroit vers un  immense domaine jamais totalement défriché qui n'appartient pas plus aux hommes qu'il n'appartiendrait aux femmes.

    II a fallu ce long chemin vers l'instruction, la contraception, le travail, les responsabilités extérieures, les droits juridiques et politiques, il a fallu que des femmes s'engagent dans ces batailles vers l'égalité, il a fallu que des femmes se battent pour la libre disposition de leur corps, Il a fallu que soit dit : la femme est le prolétaire de l'homme , il a fallu la déception des luttes traditionnelles

    pour que cette  spécificité féminine instituée par les hommes  pour marginaliser les femmes dans la littérature, devienne aujourd'hui un étendard. Cette spécificité, des femmes la reconnaissent. Elles s'y retrouvent et s'y transforment. Des hommes aussi : ils la rejettent ou l'ignorent, y découvrent l'altérité et s'y découvrent. N'est-ce pas cela la  littérature, l'ouverture à un univers singulier, différent qui aurait été, sans l'écriture, fermé à l'autre à jamais? Ce premier numéro de Compendium consacré à l'écriture faite femme  se veut une chambre à soi qui ne soit ni une tour d'ivoire ni une cellule de nonnes, mais une chambre des dames inondée de lumière, grande ouverte au dialogue entres les hommes et les femmes.

    S.K

    Retour sommaire

    Introduction

    FEMMES DE L’ANCIEN Régime, reines des salons et, plus tôt, des ruelles qui inspiraient les écrivains, les régentaient parfois (...) Je suis tentée de m’effacer pour laisser passer leur ombre . Marguerite Yourcenar

    Première femme reçue

    à l'Académie Française

    jeudi 22 janvier 1981

    La femme écrivain bouscule l'ordre social

    Par Corinne Tisserand-Simon

    Écriture : évasion, distance, émancipation

    Toute écriture est engagée car elle est médium d’individuation. Il faut distinguer le processus d’écriture en lui-même de l’écriture inféodée à une cause. On n’écrit pas pour prouver quelque chose à quelqu’un, mais pour se prouver quelque chose. 

    L’écriture est écart. Elle pose l’individu écrivant en rupture avec son milieu. Les femmes qui tenaient des salons littéraires, devaient assumer un triple rôle, c'est-à-dire : 

    - En premier lieu être dans la sphère domestique, qui consistait à organiser l’événement, faire les invitations et surtout ne pas commettre d’impair - s’inquiéter de l’intendance, même si, la plupart d’entre elles étaient secondées par du personnel de maison. 

    - En second lieu: être dans la sphère sociale c’est-à-dire recevoir, veiller au confort des invités, faire les conversations, en étant bien sûr au courant des dernières tendances du moment. Éventuellement jouer de ses charmes pour apaiser des tensions naissantes... 

    Bref, rien que de très naturel pour une femme... 

    Et la femme dit, se dit : 

    - En troisième lieu : Je suis moi cet après-midi, j’ai écris ceci ; et ce soir, je vais le lire !

    Et c’est à ce moment-là, et à ce moment-là seulement, que la femme sait si son Salon est littéraire... ou pas !

    Des applaudissements, des éclats de rires cristallins suivent la lecture de la maîtresse de maison. 

    Et si d’autres textes sont lus, d’hommes ou de femmes alors vive le Salon, le Salon vivra !

    Espace d'Emancipation, Espace Féminin

    "Le dévouement a cela d'affreux

    dans ses suites, qu'il ne sert ordinairement ni à celui qui l'a offert,

    Ni à celui qui l’a reçu."

    Laure Junot d'Abrantès

    La duchesse d'Abbrantès

    Laure Junot, duchesse d’Abrantès,

    née Laure Adelaïde Constance Perlon

    le 6 novembre 1784 à Montpellier

    et morte le 7 juin 1838 à Paris,

    est une mémorialiste française.

    LES FEMMES SONT L’ÂME de toutes les intrigues, on devrait les reléguer dans leur ménage, les salons du gouvernement devraient leur être fermés.

    Napoléon BONAPARTE (1769-1821), Lettre de celui qui n’est encore que jeune général à son frère Joseph,

    8 septembre 1795

    Introduction de l'Histoire des Salons de Paris

    C'est une matière grave à traiter dans les annales d'un pays comme la France, que l'Histoire des salons de Paris. Depuis une certaine époque, cette histoire se trouve étroitement liée à celle du pays, et surtout aux intrigues toujours attachées aux plans politiques qui si longtemps bouleversèrent le royaume. L'époque de la naissance de la société en France, dans l'acception positive de ce mot, remonte au règne du cardinal de Richelieu. En rappelant la noblesse autour du trône, en lui assignant des fonctions, créant pour elle des charges et des places, dont son orgueil devait jouir, Richelieu donna de la sécurité à la Couronne, sans cesse exposée par les caprices d'un grand seigneur, comme le Duc de Bouillon, le Duc de Longueville, le Duc de Montbazon, et une foule d'autres qui, plus libres dans leurs châteaux, étaient conspirateurs par état et par goût.

    La réunion de tous ces grands noms autour du trône lui donna plus que de la sécurité, il en doubla la majesté ; mais aussi le premier coup fut porté à la noblesse :

    Elle n'eut plus dès lors de ces grandes entreprises à conduire, qui mettaient en péril à la fois la tête des conspirateurs et le sort de l'État.

    Richelieu, avec cette justesse de coup d'œil qui lui fit voir le mal sous toutes ses faces, le conjura en appelant la noblesse au Louvre ; mais il ne put l'empêcher de conserver ce qui était inhérent à sa nature, toujours portée à l'intrigue et au mouvement. C'est ainsi que, même sous le ministère de Richelieu, on conspirait dans Paris chez les femmes de haute importance, telles que la Princesse Palatine, Madame de Chevreuse, Madame de Longueville, et une foule de femmes toutes-puissantes par leur position dans le monde, leur esprit ou leur beauté. Avides de pouvoir, ces mêmes femmes saisirent, aussitôt qu'elles le comprirent, le moyen que le cardinal lui-même leur avait laissé. Elles régnaient avant dans une ville éloignée, un château-fort habité par des hommes dont le meilleur et le plus agréable n'était souvent qu'un malappris ; maintenant elles étaient au milieu de Paris, de ce lieu qui, même à cette époque, où il n'était pas embelli par tout le prestige de la Société Parisienne, de cette société qui si longtemps donna partout, en Europe, le modèle du goût et des façons parfaitement nobles et élégantes, formait déjà le parfait gentilhomme. Ce fut alors dans chaque maison particulière qu'il fallut chercher une reine donnant ses lois et dirigeant une opinion. C'est dans les Mémoires du cardinal de Retz, dans ce livre-modèle, qu'on peut reconnaître cette vérité, dans ceux de madame de Motteville.

    Voyez l'abbé de Gondy lui-même arrivant chez Madame de Chevreuse. Suivez-le dans les détours qu'on lui fait parcourir une nuit, pour parvenir jusqu'à la Duchesse, lorsqu'il est cependant l'ami de sa fille. Vous le rencontrez ensuite dans les salons à peine organisés, avec M. de Beaufort, M. le Duc de Nemours, M. de La Rochefoucauld, et vous êtes admis aux secrets importants de l'époque. Le salon de Madame de Longueville, celui de Mademoiselle, de Madame de Lafayette, deviennent comme des clubs à une époque révolutionnaire. Gaston, mannequin de l'abbé de Larivière, dirige tout du Palais-Royal, et la Cour elle-même n'est plus qu'un instrument.

    Richelieu ne vécut pas assez pour voir l'effet de ce qu'il avait amené ; mais Mazarin en comprit à la fois l'utilité et le danger, et devint plus surveillant que sévère : c'était ce qu'il fallait...

    Plus tard l'intrigue changea de forme et se réfugia dans des coteries littéraires et de société, lorsqu'après la Fronde, la France respira sous le règne de Louis XIV. Les bouquets de paille et les nœuds de ruban bleu ne se firent plus dans les salons les plus à la mode de Paris. Louis XIV devenait lui-même élégant et homme du monde. En même temps qu'il était le Roi le plus somptueux de l'Europe ; la politique régnante fut l'amour et les intrigues de cour. Le roi, uniquement occupé de ses favorites, donnait ainsi le premier l'exemple de ce qu'il fallait faire, et les salons de Paris devinrent alors le théâtre de ce qui occupait le plus la génération de cette époque.

    Mais comme l'intrigue était essentiellement attachée à la haute société de Paris, on vit les salons ne s'occuper que des horreurs de la Brinvilliers et de la Voisin. La sorcellerie elle-même s'introduisit dans les sociétés intimes, et lorsque la Chambre des poisons fut instituée, on vit comparaître à la barre d'une chambre ardente les premiers noms de France.

    Plus tard, cette société toujours plus puissante prit une force que le temps lui avait préparée et qui parfois se trouva être à l'unisson du pouvoir royal. Louis XIV vit souvent, malgré son absolutisme, dominer sa volonté par celle d'une femme, comme Madame des Ursins, la Princesse Palatine, ou par toute autre unie par le cœur ou par l'intrigue à la force contre l'autorité royale. Et plus près de lui, Madame de Lafayette, Madame de la Suze, Madame Scarron, Madame de Sévigné, exerçaient un pouvoir souverain qui balançait le sien. 

    À mesure que le temps s'écoulait, cette société élargissait sa base, et prenait une attitude plus imposante et plus formidable. L'hôtel de Rambouillet rendait des arrêts, et le salon de Madame de Sévigné était redouté de ceux qu'on y jugeait.

    La fin du règne de Louis XIV fut une autre époque où la société de Paris prit un nouvel accroissement. Les femmes, vraiment souveraines, par de nouveaux arrangements, maintinrent le plus longtemps possible ce pouvoir qui leur était donné par cette réunion d'individus autour d'une même personne. Le Régent vint ensuite. Ce fut alors que ce qu'on nommait la Société, et ce dont on a complètement perdu le souvenir, se forma sous de nouvelles formes. L'amour occupait toutes les têtes et remplissait d'ailleurs la vie de chaque personne ayant quelque importance.

    L'amour était tout alors. Les grands seigneurs, les grandes dames, les princes du sang, le Roi lui-même, tous ne songeaient qu'à l'amour, et s'il se trouvait quelque noble pensée au travers de ce code amoureux, elle était étouffée sous le poids de tout le reste ; l'esprit était lui-même subordonné à cette manie amoureuse.

    Si un peintre faisait un tableau d'histoire, c'était Diane de Poitiers et Henri III, Henri IV et Gabrielle; c'était Hercule aux pieds d'Omphale, et à tout cela la figure de Louis XV.

    Si on faisait un poème, c'était l'art d'aimer ! Et d'autres platitudes semblables ; mais insensiblement on arriva à une époque de transition, et cette époque était le triomphe philosophique. Mais encore dans cette nouvelle régénération, bien que les travaux de plusieurs siècles eussent préparé l'esprit humain à recevoir ce baptême de lumière, il dut subir l'influence de l'esprit du moment. L'institution des Académies avait été un autre bienfait de Richelieu, car avant lui, l'instruction publique se composait d'études scolastiques. L'établissement des Académies fut une époque lumineuse dans l'histoire de l'esprit humain, et devint sensible à ce code des beaux-arts.

    Le dix-septième siècle fut même l'âge héroïque de la monarchie française ; et ce fut dans les sociétés intimes, les salons les plus

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