FRANÇOISE SAGAN LE DOSSIER Bonjour tristesse
La couverture du livre, blanche avec un liseré vert, ressemble à la robe d’une jeune fille sage. Sur le bandeau ocre néanmoins, le portrait d’une inconnue que l’on devine au volant d’une voiture, la chevelure folle, le regard frondeur. Et cette expression, « le diable au cœur », jeu de mots inspiré par le titre d’un autre roman paru trois décennies plus tôt, écrit par un prodige de la littérature qui, lui non plus, n’avait pas 20 ans quand parut son premier roman. Est-ce en souvenir du scandale soulevé en 1923 par Le Diable de Raymond Radiguet que l’éditeur René Julliard imagine, au début de l’année 1954, la couverture de Ainsi convoqué, le scandale ne tarde pas. En librairie le 15 mars, le roman remporte le 24 mai le prix des Critiques. Tiré à 5000 copies, bientôt épuisées, le roman est réimprimé à 3000,25000 puis 50000 exemplaires. Le 26 mai, l’écrivain Émile Henriot proclame dans les colonnes du tristesse, Le 1er juin, en une du Figaro, l’éditorial de François Mauriac renforce encore la polémique et les ventes d’un livre qui, en un an, atteignent le million d’exemplaires: